Dans son accord « de Pâques », l’Arizona a annoncé des mesures visant à réduire le nombre de personnes en incapacité de travail longue durée. En Belgique, près de 500.000 personnes sont malades longue durée et sont donc visées par cette volonté de « retour au travail » pour atteindre un taux d’emploi de 80% d’ici dix ans. Des mesures appréhendées par les malades longue durée mais aussi par les médecins qui regrettent parfois un ton trop « dur » et « culpabilisant » et un manque de réalisme par rapport à la durée de rétablissement nécessaire pour certaines personnes malades.
Nous sommes allés visiter un centre dédié à la prise en charge des personnes en état de burn-out, une maladie intimement liée au monde professionnel moderne.
Nous sommes allés visiter un centre dédié à la prise en charge des personnes en état de burn-out, une maladie intimement liée au monde professionnel moderne.
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00:00Alors il y a des abus, mais il y a aussi une réelle souffrance
00:03et si on ne l'entend pas et si on ne la prend pas en charge,
00:05le retour va juste fragiliser à la fois l'entreprise, cette personne, mais toute la société.
00:12Je m'appelle Aline Durand, je suis psychologue du travail à la base
00:15et puis j'ai travaillé pendant 20 ans dans le monde de l'entreprise.
00:17Je voyais que partout, quel que soit l'environnement de travail, les conditions,
00:21il y avait des personnes qui tombaient en burn-out ou en épuisement sévère.
00:26Et pour ces personnes qui étaient dans des états sévères d'épuisement,
00:29il n'y avait aucune structure qui existait.
00:32Ici on est aux racines, c'est la première maison ressources
00:35qui est inspirée de ces maisons de ressourcement pour les personnes qui souffrent de cancer.
00:39Mais ici c'est transposé à la santé mentale.
00:41J'avais envie de créer un centre qui reconnaissait cette souffrance.
00:45Le fait que ce soit un centre dédié aux burn-out, ce qui n'existe pas,
00:48aux personnes qui sont en burn-out sévère, c'est déjà leur dire en fait
00:50ce que vous vivez, ça existe et il y a un endroit qui va être adapté à vos besoins spécifiques.
00:57Je pense que ça n'est bénéfique pour personne d'être en incapacité de longue durée.
01:01Et donc nous au centre, on contribue aussi à réduire les durées d'incapacité
01:06parce que ça veut dire que c'est de l'isolement prolongé
01:09qui provoque soit des états de plus en plus précaires au niveau financier,
01:15de plus en plus précaires au niveau social.
01:17Parfois ce sont des personnes qui arrivent ici qui ont encore un peu de ressources
01:20et donc qui vont pouvoir en quelques mois se rétablir durablement.
01:24Mais parfois la personne, ça fait des années qu'elle est en souffrance,
01:26elle n'a plus aucune réserve et il va lui falloir un temps d'arrêt qui sera plus long.
01:33Et en fait, il faut respecter ça parce que de toute façon,
01:36la remettre au travail dans ce cas-là, ça ne servira à rien.
01:39Donc nous, ce qu'on essaye de faire, c'est de revaloriser auprès des politiques
01:42et auprès aussi de l'entreprise ce temps de rétablissement.
01:44C'est assez violent quand même de ne pas parler de ce rétablissement,
01:48c'est comme si on niait la souffrance de la personne.
01:50Nous, on a le sentiment quand on parle à des médecins, à nos médecins, nos thérapeutes,
01:55à nos patients, que c'est un peu comme si on devait prouver qu'on n'était pas coupable.
01:59Et c'est là où, pour moi, ça ne va pas.
02:01Parce qu'il y a des abus, et on est tous d'accord de les traquer.
02:03Moi, personnellement, les abus font aussi que mes patients sont plus stigmatisés
02:08et donc je suis tout à fait contre.
02:09Mais par contre, que dans le ton, dans la communication,
02:12on doit se défendre tous de ça, ça me va moyennement.
02:15Et donc, j'ai envie de travailler avec les politiques
02:18pour qu'on puisse adapter ce ton-là pour ne pas surculpabiliser les personnes
02:23parce qu'elles vont être encore plus mal et elles seront encore moins capables de retourner au travail.
02:26Et donc, c'est plutôt qu'est-ce qu'on peut mettre en place ensemble
02:28pour que, quand il y a une vulnérabilité, quand il y a une crise,
02:33on puisse ensemble la prendre en charge et qu'elle dure le moins longtemps possible
02:37et que, de manière durable, la personne puisse retourner dans une activité
02:40qui participe à la société et qui participe de son bien-être et de son épanouissement aussi.
02:43Le fait qu'il y ait autant d'incapacités de travail, c'est le reflet d'une société qui a un mal-être.
02:47Ça se cristallise sur du chômage longue durée ou sur des incapacités longue durée.
02:51Mais nous, on aspire à une société où il y a un taux d'emploi qui est à 80%
02:55et on veut y contribuer également.
02:57On ne victimise pas les personnes.
03:00On a juste envie que chacun, avec ses ressources,
03:02que ce soit le système, l'entreprise ou l'individu ou le politique,
03:06chacun puisse mettre ses ressources au centre, en commun,
03:08pour qu'ensemble, on reconstruise quelque chose de durable à la société.