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Quand on parle d'économies, on parle souvent de réductions de niches fiscales, c'est à dire en fait d'augmentations d'impôts :
supercherie sémantique !
Regardez L'édito d'Etienne Gernelle du 21 avril 2025.

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Transcription
00:00RTL Matin
00:027h19, l'édito d'RTL Matin avec vous, Étienne Gernelle.
00:07Alors le gouvernement l'assure, il a encore martelé tout le week-end,
00:10il ne veut pas augmenter les impôts, et pourtant d'après vous, on y va tout droit.
00:14Oui, oui, tout droit, et en klaxonnant, on est pour ou contre, vous savez,
00:18la suppression de l'abattement fiscal de 10% sur les retraites,
00:21mais au moins, il faut l'appeler par son nom, ce serait une augmentation d'impôts.
00:27Ceci est d'ailleurs vrai pour toutes les niches fiscales.
00:30Supprimer une niche, c'est supprimer une diminution de l'impôt,
00:33donc c'est une augmentation d'impôts, il faut appeler un chat un chat,
00:36et une hausse d'impôts, une hausse d'impôts.
00:38Or, le gouvernement annonce qu'il va s'attaquer aux niches fiscales,
00:42il va donc augmenter les impôts.
00:43Le problème, c'est qu'il prétend le contraire.
00:45Et dans ce registre de l'hypocrisie sémantique,
00:48notre ministre des Comptes Publics, Amélie de Montchalin, fait très fort.
00:51Alors justement, que dit-elle, Amélie de Montchalin ?
00:53Hier, dans Le Parisien, elle parle de supprimer au moins 50 niches fiscales.
00:58Pourquoi pas ?
00:59Mais elle ajoute, et c'est à peine croyable,
01:01qu'elle compte généreusement consacrer un tiers de l'argent récupéré à,
01:05je la cite, baisser les impôts.
01:06En clair, elle augmente les impôts de 100,
01:09et en redonne 33.
01:11Merci, madame.
01:12Alors, évidemment, il y aura au passage des gagnants, des perdants,
01:15mais ce qui est sûr, c'est qu'au global,
01:16son opération consiste aux deux tiers en une augmentation d'impôts,
01:20tout en expliquant quelques lignes plus hauts,
01:22qu'il ne faut surtout pas augmenter les impôts,
01:24un enfumage de niveau olympique.
01:27Bon, mais en quoi cette confusion sémantique est-elle si grave ?
01:30Ce n'est pas neutre du tout.
01:30D'abord, parce que nous sommes les champions d'Europe
01:32en matière de prélèvement obligatoire,
01:345 points au-dessus de la moyenne européenne selon Eurostat,
01:37et que ça n'est pas, c'est le moins qu'on puisse dire,
01:39un avantage compétitif.
01:40Ensuite, parce que cette confusion favorise toujours
01:43la solution de l'impôt, c'est-à-dire la solution de facilité
01:46quand on n'ose pas baisser la dépense.
01:49Ces acrobaties sémantiques sont finalement très révélatrices
01:52d'une névrose très française.
01:54Ouh là là, névrose française, vous n'y allez pas un peu fort ?
01:56Non, écoutez, au ministère des Finances à Bercy,
01:59on utilise une expression qui dit tout.
02:01La dépense fiscale.
02:02En clair, c'est l'argent que nous pourrions vous ponctionner,
02:05mais que généreusement, nous ne ponctionnons pas,
02:08ou en tout cas, pas encore.
02:09Par exemple, si vous gagnez 100,
02:11et que je vous prends 50,
02:13si cet impôt est réduit à 40,
02:16ils appellent cela une dépense fiscale.
02:19C'est comme si je vous faisais un cadeau.
02:21Et là, après, on s'étonne que nous ayons
02:23les prélèvements les plus élevés d'Europe.
02:25Vous savez, on cite souvent cette phrase d'Albert Camus,
02:27on la rabâche même, mal nommé les choses,
02:29c'est ajouté au malheur du monde.
02:31C'est aussi ajouté aux impôts des Français.
02:33Merci beaucoup, Étienne Jernel, directeur du Pôle.

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