Figure de l’engagement au croisement du sport et de la vie publique, Amélie Oudéa-Castéra revient sur les grandes étapes de son parcours et sur les responsabilités qu’elle a exercées au plus haut niveau. Ancienne ministre, ex-directrice générale de la Fédération Française de Tennis, elle incarne une nouvelle génération de femmes aux fonctions stratégiques.
Son intervention s’inscrit dans la session "Femmes et Gouvernance : Plus de femmes à la tête des organisations", organisée le 25 mars dans les locaux du MEDEF par le Think & Do Tank Marie Claire – Agir pour l’Égalité.
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00:00Un quart d'heure ensemble, Amélie, pour évoquer sans tabou les moments qui ont marqué votre carrière au sein des entreprises privées dans lesquelles vous avez travaillé,
00:12mais aussi lorsque vous avez été ministre. Je rappelle que vous avez été joueuse de tennis de haut niveau entre 14 et 18 ans, puis magistrate à la Cour des comptes.
00:21Vous avez aussi travaillé dans des entreprises privées, AXA par exemple, Carrefour également, et plus récemment, vous avez été ministre des sports et ministre de l'éducation nationale.
00:31Aujourd'hui, on va rentrer directement dans le vif du sujet. Vous êtes quoi ? Vous êtes maman au foyer, ex-femme politique, futur salarié du privé, du public ? Où est-ce que vous en êtes ?
00:42J'allais dire rien, mais en fait, femme. Je suis une femme libre et en chemin. Je n'ai pas complètement encore réatterri.
00:50J'ai quitté mes fonctions de ministre il y a un tout petit peu plus de six mois maintenant. Le temps a filé. J'en ai pris un peu pour moi du temps.
00:59J'en avais besoin. J'avais envie aussi de cette période. Et je pense que d'ici deux, trois semaines, je devrais être en capacité d'annoncer un petit peu ce que je vais faire.
01:12Mais je ne suis pas encore complètement au bout de ces choix, avec d'abord une hésitation un peu fondamentale entre le public qui continue de me passionner
01:20et le privé. Et au sein du privé, deux options entre lesquelles je vais devoir trancher bientôt.
01:26Alors Amélie, il y a deux choses très intéressantes dans ce que vous venez de nous dire.
01:29D'abord, que vous avez pris le temps. Est-ce que c'est très féminin de réussir à prendre le temps, selon vous ?
01:36Et ensuite, prendre le temps, ça veut dire qu'il fallait cicatriser des plaies, peut-être ?
01:41Est-ce que c'est féminin ? Peut-être. Je ne me suis pas posé la question. Peut-être. Peut-être parce qu'aussi, moi, j'ai trois garçons.
01:49Donc j'ai eu cette habitude, avec les trois congés maternités, de sentir que ces périodes sont fécondes, au sens propre, puis au sens humain, vraiment,
02:00qui suit de cheminement après, où c'est à chaque fois, ça a correspondu pour moi à des périodes où j'ai pu me réinventer.
02:09Et avec des entreprises, AXA et Carrefour, on l'a dit, qui ont bien joué le jeu.
02:14C'est-à-dire que moi, j'ai plutôt eu des carrières qui se sont accélérées au retour de congés maternités.
02:19Et j'ai toujours considéré que dans ces vies qui vont très, très vite, où j'ai envie de dire à fortiori, nous, les femmes,
02:25parce que c'est quand même une réalité. Aujourd'hui, on a mille choses à concilier en même temps.
02:30D'avoir ces moments où on peut relâcher un petit peu la pression, aller récupérer en profondeur,
02:37réaligner un certain nombre de choses en nous. Et oui, prendre le temps, prendre le temps de visiter ces émotions.
02:46Je pense que vous avez prononcé, dans mon cas, un mot qui est important, qui est celle de cicatrisation.
02:50Je pense que c'est plutôt un bon mot. J'ai eu, après cet épisode extrêmement intense des Jeux olympiques et paralympiques,
02:57besoin d'abord de récupérer physiquement. Je pense qu'ensuite, dans cette période de calme,
03:02où j'ai coupé beaucoup de choses, y compris ma présence sur les réseaux sociaux,
03:06j'ai vraiment voulu me créer les conditions d'une forme d'introspection.
03:13J'ai beaucoup écrit pour moi-même, pas pour publier.
03:16Et j'ai eu un moment où les choses sont remontées, et notamment des épisodes plus difficiles
03:26que j'avais connus en début d'année 2024, quand j'ai pris mes fonctions en effet de ministre de l'Éducation nationale.
03:32On va en reparler.
03:32De laisser ces émotions remonter, de faire un peu le tri dans tout ça,
03:37et de sentir, à partir, j'ai envie de dire, de la mi-janvier,
03:41que j'étais capable de me reprojeter sur autre chose, et avec une énergie renouvelée.
03:46Donc vous avez eu besoin de faire un peu le deuil de ces moments d'émotions très forts ?
03:51En tout cas, de les accueillir.
03:55C'était des émotions pas faciles, pas simples,
03:57qui avaient en plus, pour ma famille, ma cellule familiale,
04:02représentait quelque chose, un épisode douloureux.
04:06Et je voulais pas embrayer, et pas quelque part aller au bout,
04:13avec eux, avec mes enfants, avec mon mari, avec ceux de mes amis,
04:17avec qui j'avais envie de parler de tout ça,
04:20pour essayer de comprendre les erreurs que j'ai pu commettre, ce que j'ai vécu.
04:24Et en même temps, avec ce sentiment très positif,
04:28et quasiment de fierté d'avoir été suffisamment forte
04:32pour remonter sur mon cheval au mois de février,
04:37et mettre tout ce qu'il me restait d'énergie
04:39dans la réussite de la préparation des Jeux olympiques et paralympiques.
04:43Et donc il y a eu un temps pour serrer les dents,
04:45il y a eu un temps pour pas s'écouter,
04:47il y a eu un temps pour être dur et être capable,
04:52encore une fois, de tenir en dépit de la difficulté des circonstances.
04:58Et puis, il y a un moment où il y a au contraire, je pense,
05:00un temps pour ouvrir, pour revisiter, pour réfléchir,
05:06pour se replonger sur tout ça.
05:08Et je suis très heureuse d'être passée par cette phase-là,
05:12de m'en être donné le temps, en effet.
05:14Alors c'est intéressant, parce que c'est vous qui revenez
05:16sur cet épisode au ministère de l'Éducation nationale,
05:19avant même que je ne vous pose la question.
05:20Je rappelle qu'on garde en tête ce succès des JO
05:25pour lesquels vous avez largement oeuvré en tant que ministre des Sports
05:28et que vous êtes donc resté, pour ceux qui auraient oublié,
05:31seulement 28 jours en tant que ministre de l'Éducation.
05:35Comment est-ce qu'aujourd'hui vous analysez ?
05:38Quel regard est-ce que vous portez sur cette période de votre carrière ?
05:41Est-ce qu'on a parlé précédemment de cet effet falaise de verre ?
05:46Je rappelais Agnès Buzyn qui avait été parachutée pour la mairie de Paris.
05:49Est-ce que vous, vous avez eu le sentiment d'être prise au piège
05:52ou tout au moins d'avoir subi des pressions politiques
05:54à ce moment-là de votre carrière ?
05:56Et comment est-ce que vous l'analysez aujourd'hui ?
05:59Non, je ne pense pas du tout avoir subi de pression politique,
06:05parce que quand on vous donne l'opportunité d'un job de cette envergure,
06:11vous êtes toujours libre de le refuser.
06:12Moi, j'ai choisi d'y aller parce que je pensais qu'à l'éducation nationale,
06:18forte de mon expérience, de mon goût pour la performance
06:22et en même temps du soin que j'ai toujours mis à essayer de travailler
06:24avec beaucoup d'humanité, je pensais que je pouvais apporter quelque chose.
06:29Et on le sait, nous, peut-être particulièrement,
06:33qu'est-ce qu'il y a de plus important que l'éducation ?
06:37Donc, pas du tout de pression et je continue de penser
06:41qu'en dépit de la dureté de cette expérience pour moi,
06:45c'est un grand honneur d'avoir pu servir,
06:48ne serait-ce qu'un petit mois, ce ministère
06:50et puis d'y comprendre beaucoup de choses,
06:51d'y vivre une pluralité d'expériences que j'emmène avec moi.
06:56Après, non, je pense qu'incontestablement,
07:00il y a eu un contexte difficile par sa vitesse.
07:04Moi, j'étais complètement dans ma trajectoire au sport,
07:07aux Jeux olympiques et paralympiques.
07:09Je travaillais comme une dingue depuis quasiment deux ans
07:12pour les préparer avec Tony Estanguet et les équipes.
07:16Et à la faveur de ce changement de gouvernement,
07:19Elisabeth Borne qui cède la place à Gabriel Attal,
07:22tout va soudainement extrêmement vite.
07:25Et je pense qu'il m'a manqué de temps pour me préparer
07:29et prendre un peu la mesure de ces circonstances.
07:32Et je pense aussi que j'ai senti un petit peu les choses.
07:39C'est-à-dire que ce déplacement où je commets,
07:42on y reviendra peut-être, ce moment un peu de maladresse,
07:45même ce moment clairement de maladresse dans ce que j'exprime,
07:49je n'ai pas eu le temps de me préparer.
07:51Je n'ai pas eu le temps.
07:52Je ne voulais pas y aller dans ce collège.
07:54Je ne voulais pas y aller.
07:55Je l'avais dit.
07:56Je voulais qu'on me laisse le week-end pour digérer.
07:59– Oui, absolument, cette forme d'intuition peut-être un peu féminine
08:03de se dire, je ne suis pas encore prête là.
08:05Tout ça est très neuf.
08:06J'ai besoin d'un week-end pour réfléchir,
08:09bien mettre mes idées en place et avancer.
08:11Et je pense que la vie gouvernementale va très vite.
08:15Il y a les urgences qui commandent la vie d'un gouvernement.
08:18Donc voilà, tout ça, j'ai envie de dire,
08:21ne retire rien au fait que j'aurais pu et dû me débrouiller autrement
08:24dans ce moment-là.
08:26Et ce dont je me remémore, c'est d'avoir tenu des propos
08:31qui étaient au fond beaucoup plus ceux d'une mère
08:36un peu piquée au vif de sa douleur de mère
08:39qui était attaquée dans ses choix,
08:41que me tenir, comme j'aurais dû le faire,
08:44comme une ministre de la République dans ce moment-là.
08:46Et ça, je pense que c'est cette forme un peu de petit moment
08:50d'immaturité que j'ai malheureusement payée ensuite extrêmement cher,
08:55alors que mes intentions, je pense, étaient très bonnes.
08:57– Trop chères ?
08:59– En tout cas, très chères, très chères, c'est clair.
09:03Mais la vie a continué.
09:04Encore une fois, on retombe sur ses pattes,
09:06on remonte sur son cheval.
09:08Moi, j'ai vécu ensuite des émotions absolument fantastiques
09:11et eu la chance de pouvoir poursuivre mon action
09:13au service de ces Jeux qui ont été un moment, je pense,
09:16inouï de concorde nationale.
09:18et pour projeter une image de notre pays à l'étranger, phénoménal.
09:22Donc, voilà, de toute façon, c'est fait, c'est derrière nous.
09:25Ce qui est plus important pour moi,
09:27c'est finalement de tirer parti de cette expérience,
09:31de ne pas se laisser imposer trop un timing, une cadence,
09:36et surtout de bien faire la part des choses.
09:38Parce qu'on est beaucoup de choses, chacune, chacun d'entre nous,
09:41et je pense que c'est assez important,
09:44quand on est ici et là,
09:45de savoir à quel titre on s'exprime.
09:49Et quand ce journaliste de Mediapart arrive dans ce moment
09:53aux côtés de Gabriel Attal et me presse de questions,
09:56mais comment osez-vous mettre vos enfants
09:59dans un établissement violent, homophobe, sexiste,
10:04pour les thérapies de conversion ?
10:05Il me décrit un truc qui est viscéralement tellement incompatible
10:09avec mes valeurs de mère, de femme,
10:12avec tout ce pour quoi je me suis battue,
10:14y compris au ministère des Sports,
10:16que l'attaque me semble trop vive pour ne pas y réagir.
10:20Alors que j'aurais dû m'en foutre,
10:21prendre un pas de recul et dire,
10:23écoutez, voilà, ce sont des choix qui concernent
10:25ma vie privée.
10:27Je suis aujourd'hui comme ministre de l'Éducation nationale
10:30pour répondre à vos questions,
10:31et tout le monde l'aurait compris,
10:32puisque bien d'autres ministres que moi
10:33avaient fait le choix de placer leurs enfants dans le privé.
10:38La violence de ce que vous avez vécu a été décuplée
10:40parce que vous êtes une femme, c'est incontestable.
10:42Pourquoi ?
10:45Je ne l'ai jamais positionnée de cette façon
10:49et je ne m'en suis jamais plainte,
10:51probablement parce que j'ai quelque chose en moi
10:53de très sportif.
10:54C'est-à-dire que moi, je pense que quand on fait une connerie,
10:59quand on commet une maladresse,
11:02ce qui a été incontestablement mon cas,
11:04même si j'ai été profondément sincère,
11:05ce n'était pas le bon ton, pas le bon endroit,
11:07pas au bon moment,
11:09quelque part, d'assumer ces erreurs
11:13et entre guillemets de payer,
11:15ça fait un peu partie de mon logiciel.
11:19À l'inverse, et je trouve que ça n'a pas toujours été assez le cas,
11:24quand vous faites des choses bien,
11:25quand vous faites des choses même formidables,
11:28il serait juste que la société les reconnaisse.
11:31C'est ce qui a été le cas pour les JO, d'ailleurs, pour vous.
11:35Oui, oui.
11:36Pas suffisamment.
11:38Pas suffisamment.
11:39Si.
11:40Non.
11:41Vous avez le sentiment que vous avez trop payé avant
11:43par rapport à ce que vous avez donné pour les JO ?
11:45Non, j'ai le sentiment,
11:47et je pense que c'est une des difficultés de la vie,
11:50de manière générale,
11:51mais qui est probablement particulièrement exacerbée en politique.
11:54je pense que le regard des gens change sur vous
12:00en fonction d'une scène,
12:05en fonction d'un moment,
12:06alors que ce moment peut dire des choses
12:08qui sont très erronées sur vous.
12:11Et au fond,
12:12moi, j'ai arrêté le sport de haut niveau à 18 ans
12:15parce que j'avais, d'abord,
12:17je ne pensais pas que je deviendrais une immense championne,
12:19j'avais un peu tendance à penser
12:22que c'était à cette condition que ça valait le coup,
12:24mais aussi parce que j'étais frappée
12:26dans ce monde d'ultra-performance
12:28par le fait que,
12:30selon vous gagnez ou vous perdez,
12:33vous n'êtes plus aux yeux des gens la même personne.
12:36Et quand vous vivez ça à 13 ans, 14 ans, 15 ans,
12:39c'est compliqué, en fait.
12:41Moi, j'avais été très, très précoce,
12:43carrière qui décolle hyper vite,
12:45puis à un moment,
12:45qui se ralentit un petit peu,
12:47et je me disais,
12:48mais j'ai toujours les mêmes talents,
12:51les mêmes envies,
12:52la même capacité à me dépasser,
12:55et pourtant, le regard des gens a changé.
12:58Et j'en ai beaucoup souffert à l'époque.
12:59Et je me suis dit,
12:59je vais aller dans des sphères
13:01où, finalement, les choses se construisent plus au long cours,
13:03où votre compétence est reconnue,
13:05vos valeurs le sont,
13:07vous avez la capacité à ancrer une action des résultats dans la durée.
13:11Et là, ce qui m'a beaucoup frappée dans ce moment politique,
13:14c'est que, d'une personne perçue comme très bosseuse,
13:20on s'est mis à dire que j'étais scolaire,
13:23que d'une personne qui était perçue comme très bienveillante,
13:26très authentique, très sincère,
13:28je suis devenue naïve.
13:31Toutes ces séries de changements dans le regard des gens
13:34et dans la manière dont vous êtes considérés,
13:36dans les médias, sur les réseaux sociaux,
13:39qui est difficile à vivre
13:40et qui prend, je pense, ensuite du temps à réparer,
13:45à déconstruire,
13:47pour montrer ce que vous avez véritablement dans le ventre.
13:50Après ce moment politique,
13:51et pour reprendre vos mots que vous avez vécu,
13:53qui a été extrêmement violent,
13:54est-ce que vous pensez sincèrement
13:57que le monde politique est fait pour les femmes ?
14:02Oui, il n'y a aucune raison qu'il ne le soit pas.
14:05Et moi, je veux être à l'unisson de nos parlementaires
14:09ou ex-parlementaires présentes
14:11et garder absolument cette notion d'espoir,
14:13y compris en politique.
14:15Je pense que dans le monde des affaires,
14:17maintenant, énormément de parcours exceptionnels
14:20ont montré que les femmes avaient quelque chose
14:22de fantastique à apporter.
14:25Et je continue de penser qu'en politique,
14:28tout ça est possible.
14:29Après, il y a probablement un chemin,
14:34besoin de plus de rôles modèles
14:36et de se forger une carapace encore plus forte
14:39que celle qu'ont probablement,
14:42un peu plus spontanément,
14:43un peu plus intuitivement les hommes.
14:48Et puis je pense qu'il y a des formes de violence
14:52auxquelles moi j'ai été exposée.
14:56Je pense que peut-être pour une femme,
14:58encore plus que pour un homme,
14:59quand il s'agit des enfants,
15:01c'est des choses qui sont très dures.
15:02Et donc, il y a un apprentissage spécifique
15:05pour protéger, je pense, sa vie privée,
15:09auquel moi, je n'étais pas du tout préparée
15:11et qui me semble être un élément hyper important
15:15pour celles des femmes,
15:16peut-être même dans cet amphithéâtre,
15:19qui ont envie de s'engager un jour.
15:21Et j'ai vraiment envie de les y encourager.
15:23Je pense que s'il y a peut-être une marque...
15:29Alors, j'ai en même temps des contre-exemples,
15:32ce qui montre que les stéréotypes genrés,
15:34ça ne marche jamais.
15:36Mais j'allais quand même dire que je pense
15:38que la manière dont moi,
15:39j'ai en tout cas essayé d'accompagner
15:41le succès des Jeux olympiques et paralympiques,
15:44c'est en étant fondamentalement une joueuse d'équipe,
15:47en ayant constamment à cœur l'intérêt du collectif
15:51et pas du tout de tirer la couverture à moi.
15:55En même temps, quand je faisais ce petit raisonnement
15:57avant de prononcer ces mots,
15:58je me disais, mais il y a en même temps certaines femmes
16:00qui n'ont pas été dans cette forme-là d'élégance,
16:04j'ai envie de dire.
16:05Donc, je pense qu'il ne faut pas faire de catégorie.
16:08Il y a à l'inverse des hommes
16:09qui ont été d'extraordinaires joueurs d'équipe
16:11et d'autres qui ont plutôt essayé de...
16:14Donc, les stéréotypes ne marchent jamais.
16:19Il y a toujours des exceptions pour nous démontrer
16:21l'inverse un peu du principe auquel on croit le plus.
16:26Mais je pense que dans ce monde violent,
16:31fracturé, difficile,
16:33où on semble donner une espèce de prime
16:36aux rapports de force,
16:37parfois extraordinairement brutale,
16:40souvent très primaire,
16:42où il y a énormément de mauvaise foi,
16:45où il y a même presque maintenant,
16:47et c'est quelqu'un qui a été victime...
16:49Moi, je veux dire,
16:50j'ai commis une maladresse
16:53et payé au centuple,
16:56là où aujourd'hui,
16:57il y a une espèce presque de prime
16:59aux grandes déclarations à l'emporte-pièce,
17:03et même une prime
17:04au comportement consistant
17:06à se foutre de la vérité,
17:07simplement vouloir imposer la sienne.
17:09Et ce delta-là
17:11et cette dégradation
17:13de notre vie démocratique,
17:14moi, me perturbe beaucoup
17:15et m'incite à vouloir
17:17que plus de femmes s'engagent,
17:20qu'elles apportent leur authenticité,
17:21qu'elles apportent leur envie
17:24de plus d'harmonie
17:25et moins de rapport de force.
17:27Tout en ayant la capacité...
17:30Applaudissements
17:31Tout en ayant la capacité
17:35à le jouer,
17:35ce rapport de force,
17:36quand il le faut.
17:38Et moi, je m'en souviens,
17:41dans mon rôle de ministre des Sports,
17:43finalement, presque,
17:45les choses dont se souviennent le plus
17:46les Français,
17:47quand je vais sur le terrain,
17:48c'est le combat
17:49contre les excès du foot,
17:53des personnalités
17:54à côté de la plaque
17:55en termes d'éthique
17:56dans le monde du rugby.
17:57Et là, j'ai dû tenir
17:59ce rapport de force.
18:00Donc, on a en nous,
18:02les femmes,
18:02quelque chose
18:03d'extraordinairement puissant
18:04quand nos valeurs sont chahutées,
18:06quand nos valeurs sont dérangées.
18:08Et je pense qu'on aura besoin
18:10infiniment de ce leadership
18:12au féminin.
18:13Merci beaucoup
18:14pour l'exigence
18:16et la sincérité
18:17de ce que vous nous avez dit
18:19aujourd'hui.
18:19C'était aussi passionnant
18:20de vous avoir sur scène
18:21que de préparer cet entretien
18:22avec vous.
18:23Merci vraiment.
18:24Et on a vraiment compris
18:25pourquoi vous étiez là ce matin.
18:26Vous avez fait passer
18:27les bons messages.
18:28Merci beaucoup Amélie Oudé.
18:29à l'éthique.
18:30Merci à vous.