Comment convaincre des jeunes et moins jeunes de s’engager comme recruteurs de donateurs pour des ONG et causes associatives ? Sélection sans CV, ouverture aux profils éloignés de l’emploi et apprentissage de soft skills… Un professionnel du secteur nous explique ce qui peut rendre son métier attractif.
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00:00BISMART
00:00Avec moi Julien Bosch, bonjour Julien, fondateur de CausaEffet.
00:15Alors j'ai peut-être mal expliqué dans mon lancement mais vous êtes recruteur de donateurs.
00:22Alors mon travail, moi je suis donc président et fondateur de la société CausaEffet.
00:26Nous sommes une société prestataire de services des ONG.
00:28Nous mettons en place des programmes de collecte de fonds en face à face pour pouvoir collecter des fonds.
00:33Donc à la fois trouver des donateurs, des gens qui vont donner tous les mois par prélèvement.
00:38Et pour faire cela nous recrutons à travers toute la France des recruteurs de donateurs.
00:42Donc c'est des personnes qui vont à votre rencontre dans les rues ou dans les sites privés, sites type centres commerciaux.
00:47Identifiés souvent par la marque de l'ONG.
00:50Tout à fait. Et donc nous recrutons à peu près 1200 personnes à travers toute la France, toute l'année, pour pouvoir mettre en place des programmes de collecte de fonds.
00:56Ce que vous nous dites et de ce que nous on voit en tant que citoyens ou consommateurs dans les rues, c'est qu'on pense que c'est l'ONG Amnesty, que c'est l'ONG qui recrute en direct.
01:04Non.
01:05Absolument pas.
01:05C'est vous qui menez ces campagnes de recrutement et qui dispatchez ces jeunes, c'est la plupart du temps des jeunes, qui vont être évidemment au contact du public. C'est bien ça.
01:14Exactement. C'est un vrai métier. Donc les associations humanitaires, leur travail, c'est de sauver des gens ou de mettre en place des programmes.
01:21Ils ne savent pas collecter. Enfin, ce n'est pas leur métier de collecter des fonds. Donc c'est là où nous rentrons en jeu. Nous sommes vraiment spécialisés dans ce domaine-là.
01:28Notre travail, c'est de recruter, former et manager des personnes qui vont aller à la rencontre du grand public, leur faire une rencontre qualitative.
01:35C'est-à-dire bien leur présenter le travail de l'association et pas utiliser des ressorts type misérabilisme ou culpabilisation.
01:41Non, pédagogie, beaucoup, explication de la structure.
01:44Exactement. Et accompagner les personnes à trouver des solutions pour qu'ils deviennent donateurs ou donatrices à l'association.
01:48Quatre bureaux Montpellier, Paris, Lyon, Cannes avec 30 salariés. Donc c'est une belle entreprise.
01:55Ça veut dire que la mission que vous avez, c'est quoi ? Vous allez sur les job boards, vous envoyez des messages sur les réseaux sociaux en disant
02:00nous recherchons des jeunes de 18 à 55 ans, comme ça je me sens un petit peu jeune, pour pouvoir aller à la rencontre du public, pour aller chercher de l'argent pour les ONG, c'est ça ?
02:09Exactement. On est une trentaine de permanents. En revanche, sur l'ensemble de la société, on est 250 en moyenne.
02:16Et donc nous recrutons, comme je l'ai dit, 1200 personnes. Et pour recruter, c'est des contrats de 5 à 6 semaines.
02:21Et pour pouvoir recruter ces 1200 personnes, nous traitons 65 000 candidatures.
02:25L'année dernière, on a traité 65 000 candidatures pour pouvoir mettre en place nos équipes de collecte.
02:32J'imagine que c'est des emplois qui viennent compléter des études, une formation. C'est des emplois de complément, j'imagine ?
02:38Eh bien non. C'est un vrai métier. Alors des personnes qui vont faire une mission 5 à 6 semaines, et qui vont repartir, qui vont faire des choses, qui sont dans des transitions.
02:46On a souvent des personnes qui sont en fin d'études, donc des personnes qui ont fini leurs études, qui ne savent pas trop de ce qu'ils vont faire.
02:50Ils rentrent dans ce travail-là. Et le petit truc sympa dans ce boulot-là, c'est qu'en général, on y rentre.
02:56Moi, j'en ai fait les frais. C'est que je suis rentré dans ce travail-là parce que j'avais besoin, en tout cas, de faire un petit contrat de 5 semaines.
03:03Et ça fait 20 ans maintenant que j'y suis parce que, tout simplement, on tombe vraiment amoureux de ce job.
03:07Et il y a plein de gens qui se sont révélés à travers ce travail et qui, aujourd'hui, en font leur métier.
03:12Donc, 30 collaborateurs, 250 qui, au moment où on se parle, sont sur le terrain, que vous avez recrutés.
03:18C'est quoi ? C'est des CDD, c'est des CDI ? Comment ça marche ?
03:20On a les deux. On propose donc des CDD et des CDI.
03:23Donc, après, c'est libre aux personnes en fonction de leur disponibilité de pouvoir postuler, en tout cas, soit sur un contrat à durée déterminée ou indéterminée.
03:32Julien a donc un volume colossal de data et de CV pour arriver à quoi ? Sélectionner la perle rare.
03:39Quels sont les critères, puisque vous sélectionnez, qui vont faire que vous allez choisir une personne plutôt qu'une autre ?
03:44Alors, c'est très bon. Nous basons vraiment notre recrutement, évidemment, sur des soft skills.
03:48Donc, on n'a pas de hard skills. Donc, même, on recrute chez nous sans CV.
03:51Ça fait des années qu'on a mis en place le recrutement sans CV.
03:53Donc, les gens postulent. Nous les avons directement par téléphone pour pouvoir préqualifier leur candidature,
04:01même depuis janvier 2025, nous avons fait rentrer l'intelligence artificielle dans ces préqualifications.
04:07Donc, la préqualif passe par l'IA ?
04:09En partie. Oui, tout à fait. Mais c'est un outil. On n'a pas qu'à faire un lien.
04:12Et ensuite, il y a de l'humain.
04:14Et après, derrière, nous menons sur les 65 000 candidatures que nous appelons au téléphone.
04:20Nous rencontrons 7 000 personnes en entretien physique et on recrute à peu près 1 200 personnes pour pouvoir faire ce travail.
04:27Les qualités qu'il faut, parce que je n'ai pas fait ce métier, mais je vois de quoi il est question.
04:31Puisque j'ai souvent été interpellé, comme tout le monde dans la rue.
04:34Il faut avoir un peu d'audace. Il faut avoir une élocution convenable.
04:37Il faut bien connaître la structure. C'est ça, les qualités ?
04:40Alors, on a des qualités intrinsèques, c'est-à-dire être dynamiques et souriants.
04:43De la répartie, quand même. Je pense que c'est important de pouvoir en avoir.
04:46Après, sur le...
04:47C'est très formateur, en fait.
04:48C'est une école formidable.
04:51Et derrière, nous avons mis en place tout un système de formation à la fois initiale et continue pour former nos salariés à acquérir de nouvelles compétences de présentation, de synthétisation, de vulgarisation, en tout cas du travail des associations.
05:04Et donc, ils ont des formations tout au long de leur carrière de recruteur, de donateur pour pouvoir s'améliorer et même évoluer.
05:11Parce qu'on peut aussi encadrer, devenir responsable d'équipe ou même responsable de mission.
05:16On peut devenir formateur.
05:17Oui, il y a les superviseurs, j'imagine.
05:18Parce que tous ces groupes disséminés dans une ville, parmi les villes que vous avez citées, il y a quand même des gens qui surveillent.
05:24Parce qu'il y a même des mises en danger.
05:25Parfois, c'est jamais simple.
05:26On peut se faire agresser.
05:27Ça se passe bien.
05:28C'est assez rare à vrai dire.
05:30Alors déjà, on est soit en site privé.
05:31En site privé, il n'y a pas de problème.
05:32Il y a le service d'ordre qui est là.
05:33Voilà, je parle de la rue.
05:35En rue, on est en groupe.
05:37On est une dizaine de personnes.
05:38Donc souvent, ça fait un effet de masse.
05:43Et c'est extrêmement rare qu'on peut avoir des problèmes de sécurité.
05:45Maintenant, on a mis en place tout un tas de protocoles à la fois pour éviter ces problèmes.
05:50Et si d'aventure il y en a, c'est de pouvoir traiter et d'accompagner notre salarié suite à ce problème.
05:55Mais c'est quelque chose qui est quand même relativement très rare.
05:58Juste avant de nous quitter, d'un mot, combien d'ONG vous adressez ?
06:01Est-ce que toutes les ONG utilisent cette méthode ou certaines décident de passer en direct ?
06:04Alors, il n'y en a qu'aujourd'hui, il n'y en a que deux qui le font en direct.
06:09C'est quoi ? C'est la Croix-Rouge, par exemple ?
06:10Non, la Croix-Rouge travaille avec OSAF.
06:12On a Greenpeace et Médecins Sans Frontières.
06:14Greenpeace le fait entièrement en interne.
06:17Médecins Sans Frontières, partiellement.
06:18Après, toutes les autres ONG passent par des sociétés comme la mienne.
06:21Nous travaillons pour une trentaine d'ONG aujourd'hui.
06:23Et il y en a à peu près 45 qui mettent dans ces programmes.
06:27C'est passionnant parce que d'autant on connaît les marques des ONG qui sont des marques mondialement connues,
06:32autant on ne connaît pas CausaEffet.
06:34Et c'est pourtant vous qui pilotez ces jeunes qui vont aller évidemment chercher des dons en privé ou dans la rue.
06:40Merci Julien Boche.
06:41Merci beaucoup de m'avoir reçu.
06:42C'est un vrai plaisir.
06:43Fondateur de CausaEffet.
06:44Rappelons que vous avez été vous-même un jeune CDD qui est allé à la rencontre du public
06:50et vous avez monté votre entreprise 30 salariés dans 4 bureaux en France.
06:54Merci de nous avoir rendu visite.
06:56Le Cercle RH, les Jeux Olympiques et nos sportifs et pas seulement nos coachs, nos entraîneurs.
07:00Que deviennent-ils ?
07:01Notamment pour ceux qui doivent trouver un emploi et quitter la carrière sportive de haut niveau.
07:06On en parle avec mes invités.
07:07C'est le thème du débat et c'est le Cercle RH.