Avec Gabriel Le Bomin
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
---
———————————————————————
▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
———————————————————————
🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
##SUD_RADIO_MEDIA-2025-04-15##
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
---
———————————————————————
▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
———————————————————————
🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
##SUD_RADIO_MEDIA-2025-04-15##
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Le 10h midi, Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Gansman.
00:05Bonjour à toutes et à tous, bonjour Gilles.
00:07Bonjour Valérie.
00:08Alors ce matin, on va recevoir Gabriel Lebaumin, c'est le réalisateur de deux documents que vous pouvez voir sur la plateforme de France Télévisions.
00:20Demain soir, ce sera le procès Papon.
00:22La semaine dernière, c'était le procès de Klaus Barbie.
00:26C'est une immersion dans le tribunal, parce que j'en parlais à quelqu'un à qui je disais, il faut absolument regarder,
00:31qui me disait, ouais, mais il y en a eu 50 des documentaires.
00:33Ce n'est pas un documentaire, c'est vraiment, on va en parler avec lui,
00:37c'est 160 heures qui ont été filmées pendant ces différents procès auxquels on a accès aujourd'hui,
00:44auxquels ce réalisateur et la boîte de production Dana Production ont eu accès.
00:52et c'est un montage d'orfèvres qui est fait pour vous mettre en immersion totale.
00:59Et vous allez voir ce soir, demain soir, pardon, sur France 3, le procès Papon à 21h05,
01:04avec à la différence de Klaus Barbie, vous le disiez.
01:07Papon parle, moi c'est ce qui m'a beaucoup surpris.
01:10Et ce qui est étonnant, c'est qu'on voit Papon se défendre, parler et découvrir un personnage.
01:17Je vous verrai, moi je lui en parlerai en fait, de la différence entre Klaus Barbie et Papon,
01:22je parle de la différence dans le déroulé du procès, bien évidemment.
01:25Oui, parce qu'il y a trois, donc il y aura aussi Paul Touvier,
01:27donc il y a Klaus Barbie le nazi, Paul Touvier le militien,
01:30et Maurice Papon le haut fonctionnaire, celui qui se défend en disant
01:33« je n'ai fait qu'à poser ma signature ».
01:35Il signe l'envoi de bus et de train vers les camps de la mort.
01:43Mais à la demande des Allemands.
01:45Absolument. On commence avec le zapping.
01:52Valérie, je suis sûr que vous avez suivi ça hier.
01:55Cathy Péry s'est retrouvée au plus près des étoiles, à l'abri des colères et du vent.
02:01Elle était plus libre qu'avant.
02:03C'est Gold.
02:04Au-delà des étoiles, c'est ça ?
02:06Au plus près des étoiles, à l'abri des colères et du vent.
02:11Bravo. Vous allez faire The Voice.
02:12The Voice, oui, exactement.
02:14Ça va faire un voice senior.
02:15Ça existe.
02:16Ah oui ?
02:17Ça existe dans plein de pays, sauf en France.
02:20Hier, la chanteuse Cathy Péry s'est envoyée dans l'espace.
02:24L'espace de quelques instants.
02:26Et la chanteuse de Kiss The Girl était entourée justement de girls.
02:30Les bras levés vers l'espace, une petite fleur à la main.
02:34Cathy Péry embrasse le sol après un voyage de 11 minutes dans l'espace.
02:38La star faisait partie d'un équipage entièrement féminin qui a été propulsé à 100 kilomètres de la Terre grâce à la fusée Blue Origin.
02:46La chanteuse ici, en apesanteur, était accompagnée de cinq autres femmes.
02:51Occupons l'espace !
02:53Une journaliste, une réalisatrice, une scientifique de la NASA, la représentante d'une ONG,
02:59et Lauren Sanchez, la fiancée du milliardaire Jeff Bezos, propriétaire de l'entreprise Blue Origin.
03:04Il s'agit d'ouvrir la voie pour d'autres femmes, de prendre l'espace et de montrer qu'on a notre place ici.
03:11Il s'agit aussi d'apprécier le monde incroyable que l'on a.
03:16Voilà, on parlait des Etats-Unis, c'est absolument dément.
03:22Je ne sais pas si elles ont payé, parce que ça coûte 500 000 dollars.
03:25C'est un énorme coût de com' de Jeff Bezos.
03:28Après, ça coûte très cher.
03:29J'ai dit 500 000 dollars, ce n'est pas 500 000 dollars.
03:32C'est beaucoup plus que ça.
03:33C'est beaucoup plus...
03:35Peut-être, quand on voit François Bayrou qui va essayer de gagner un peu d'argent ce l'après-midi,
03:41on voit ce qui est utile ou pas utile de partir 15 minutes dans l'espace.
03:46On pourrait se poser la question.
03:48C'est vrai qu'on s'en fout, quoi, sur le fond.
03:50Après, Katy Perry ne va pas donner son argent au budget de France.
03:55C'est un énorme coup de com', évidemment, la rivalité Musk-Bezos qui est en jeu.
04:01Le carême a démarré pour les chrétiens.
04:05Et le carême, vous allez voir, c'est un retour en grâce chez les jeunes.
04:12De plus en plus de jeunes suivent le carême de jeunes chrétiens.
04:17Et de plus en plus, on trouve sur les réseaux des influenceurs qui partagent leur faveur catholique,
04:22mais aussi donnent des conseils sur TikTok.
04:27C'est un reportage de TFA assez étonnant de la ferveur des jeunes sur le carême.
04:33Nous ne sommes pas au concert d'une pop star, mais en pleine messe, à Lourdes.
04:37Plus de 13 000 lycéens réunis ce week-end.
04:40Un record de fréquentation.
04:42Des jeunes de plus en plus nombreux à respecter le carême.
04:45Un temps de prière et de privation de 40 jours que chacun mène à sa façon.
04:50Même si on est jeune, il y en a beaucoup, par exemple, qui vont faire la fête, qui vont sortir, etc.
04:55Nous, on n'est pas du tout dans ça.
04:56Du coup, on veut plus se rapprocher de Dieu le plus tôt possible.
04:59Comment vivre le carême ?
05:01La question inonde les réseaux sociaux.
05:03Faut-il pratiquer la finance sexuelle pendant le carême ?
05:06Difficile de passer à côté de cette tendance.
05:09Est-ce que c'est comme le ramadan ?
05:11Non, parce qu'on peut manger et on peut boire.
05:13Juste pas comme d'habitude.
05:14Et le carême qui se termine cette semaine, après 40 jours, avec Pâques, évidemment.
05:20Qui dit carême, donc, dit Pâques.
05:21Qui dit Pâques, dit ?
05:22Chocolat.
05:23Voilà, madame.
05:24On pourrait jouer...
05:25On va aller faire mon promo sur France 2.
05:28Pyramide.
05:28Oui, pyramide.
05:29On va aller faire pyramide.
05:30En deux briques, carême.
05:32Chocolat.
05:33Les magasins débordent de lapins, de cloches, de...
05:37Alors voilà, la pénurie de cacao a fait envoler les prix.
05:40Résultat, certains seront chocolats cette année pour avoir leur petit oeuf.
05:44Reportage dans le 20h de France 2.
05:46En rayon, c'est la chasse aux promotions.
05:49Cette consommatrice a une commande bien précise.
05:52Les lapins au chocolat noir.
05:54Je veux pas de chocolat au lait.
05:56Donc là, j'en trouve qu'ils ont 50% sur le deuxième.
05:59Ça m'intéresse.
06:00Avec six petits enfants à gâter, ce couple de retraités est lui aussi venu faire le plein de chocolat.
06:06Même en scrutant les promotions, cette année, ils en achèteront moins.
06:09On va limiter un chocolat par petit enfant.
06:13Mais bon, on va plus acheter pour les grands, pour les moins grands.
06:17On va acheter pour les petits.
06:18Des chocolats devenus précieux, car ils sont de plus en plus chers.
06:22Plus 14% en moyenne sur un an.
06:24Principale explication, l'envolée du prix du cacao ces deux dernières années.
06:30Alors hier, je suis passée devant chez un chocolatier.
06:32J'ai pris la photo.
06:33Vous savez, ils vendaient une boîte d'oeufs en chocolat.
06:37Des oeufs à l'apparence, comme une boîte d'oeufs, avec des oeufs avec du chocolat praliné à l'intérieur.
06:42Six oeufs, 66 euros.
06:44Vous plaisantez ?
06:45Non, j'ai eu la photo.
06:46Un chocolatier parisien, même pas un grand nom.
06:49C'est un très bon chocolatier, mais c'est pas les Hermès et autres.
06:55J'ai pris la photo.
06:5566 oeufs, boîte de six oeufs durs, pralinés, amandes, noisettes.
06:58Je suis tombée de l'armoire, c'est le cas de le dire.
07:02Incroyable.
07:04Du coup, vous allez acheter au moins d'oeufs ?
07:07Vous allez faire gaffe ?
07:08Il n'y a personne à Pâques chez moi, donc je vais faire des économies.
07:12Vos petits-fils, ils ne vont pas chercher des cocos dans le jardin ?
07:16Non, je vous dis tout.
07:18Donc, la une de voici de la semaine prochaine.
07:20Valérie Expert n'offre pas de coco à ses petits-enfants.
07:23Seul à Pâques.
07:25Voilà, bravo, je vous ai fait la une de voici.
07:29Hier, Valérie Lemercier a été l'invité de C'est à vous.
07:32L'actrice éconoclaste a révélé, vous allez voir, une des clauses dans tous ses contrats.
07:38C'est plutôt amusant.
07:40Il y a une chose que vous vous interdisez au cinéma, c'est la nudité et les scènes de sexe.
07:44J'ai une clause sans poil, sans gémissement.
07:47C'est vrai ?
07:48Regardez mes contrats, si vous voulez, c'est mon agent.
07:50Et donc, vous saviez, Jean-Pierre.
07:51Oui, pourtant, il y avait plein de scènes.
07:53Et on s'est dans le film que j'ai coupé.
07:55Vous les avez tournés, quand même.
07:57Non, je plaisante.
07:59Non, non, non, je ne peux pas.
08:01Moi, je suis trop pudique aussi.
08:02C'est comme c'était Lino Ventura qui refusait d'embrasser.
08:05Mais là, je ne refuse pas d'embrasser.
08:08J'ai embrassé.
08:10Nous nous embrassâmes avec Gérard Darmon.
08:13Mais je...
08:14Non, pas de...
08:15Non, pas de poils, pas de gémissement à jamais.
08:18Et alors, ça ne va pas s'arranger avec le temps.
08:21C'est génial.
08:22C'est génial, Valérie Lemercier.
08:23Qui était hier, donc, dans C'est à vous, sur France 5.
08:26Voilà, aujourd'hui, je me suis fait un petit plaisir.
08:28Pourquoi pas.
08:30Fan de David Bowie que je suis,
08:32je me suis dit que le voyage de Katy Perry dans les passe-passe
08:35était la bonne occasion de réécouter Space Auditif.
08:37C'est bien.
08:53C'est culte, ça.
08:55Vous vous souvenez de quoi s'est inspiré ?
08:58De ?
08:58Vous ne vous souvenez pas du débat qu'on a eu ?
09:01Non.
09:01De la fameuse chanson « Je me lève, je te bouscule ».
09:06Parce que c'était la traduction de My Way.
09:10Voilà, absolument.
09:10C'est ce que nous avait raconté, je ne sais plus,
09:14Lisa Azuelos.
09:16Lisa Azuelos, absolument.
09:17Qui avait fait la traduction et qu'on lui avait dit non.
09:19Et du coup, il avait créé Space Auditif dans la même mélodie, presque.
09:22Oui, oui, il y avait des ponts qui étaient identiques à My Way.
09:27Non, très bon score hier pour La Rebelle.
09:30La jeune Georges Sand, ça est arrivé en tête des audiences
09:32avec 3 285 000 téléspectateurs devant Astérix et les Jeux Olympiques.
09:40En off, on lui avait dit qu'Astérix n'avait pas marché la dernière fois.
09:44Ça n'a pas mal marché, mais c'est sûr que c'est formidable
09:48de voir qu'une fiction comme ça attire autant de monde.
09:53Sachant qu'il y avait déjà eu plus de 700 000 téléspectateurs déjà.
09:57Ils auriez pu nous passer une des chansons les plus écoutées au monde,
10:00Luis Fonsi.
10:01Vous savez qui c'est Luis Fonsi ?
10:03J'ai entendu ça ce matin.
10:06Et comme j'avais dans la tête, j'ai demandé à notre réalisateur de me la mettre.
10:10Il a 47 ans aujourd'hui, figurez-vous.
10:12Luis Fonsi, c'est l'une des chansons qui a été évoquée.
10:14Vous m'agouillez avec le réel derrière Mondeau sur la rubrique 5.
10:17Absolument.
10:18Merci, on se retrouve dans un instant avec notre invité Gabriel Lebeaumain
10:24pour parler du procès Touvier, du procès Papon, pardon.
10:28Vous allez voir, je n'arrête pas de me tromper, du procès Papon.
10:30Le procès Touvier, ce sera le dimanche 27 avril.
10:34Et on se retrouve, nous, dans un instant.
10:36Le 10h midi, Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Gansman.
10:45Sud Radio Média, l'invité du jour.
10:48L'invité du jour, c'est Gabriel Lebeaumain.
10:50Bonjour, vous êtes réalisateur.
10:52Ça fait une semaine que je parle de vous, pratiquement tous les jours,
10:55que ce soit dans l'émission Média ou dans l'émission de débat,
10:58parce que vous avez réalisé des documents absolument fascinants,
11:05intéressants autour de ces crimes contre l'humanité.
11:09C'est la collection Crimes contre l'humanité.
11:11François revient sur le procès Papon demain soir.
11:14La semaine dernière, on a pu voir le procès Barbie.
11:17Je conseille vraiment à tout le monde de regarder vos documents,
11:20parce que ce sont des moments qui nous permettent de comprendre l'histoire.
11:25Peut-être qu'on peut parler déjà de ce qu'on a vu la semaine dernière,
11:28de la manière dont vous avez travaillé,
11:30parce que ces procès, en fait, procès Touvier, procès Papon, procès Barbie,
11:35ont été filmés à la demande à l'époque de Robert Badinter.
11:39Ce sont des heures de rush, combien à peu près ?
11:45Ce sont effectivement des centaines d'heures qui nous arrivent aujourd'hui.
11:48Elles nous arrivent pourquoi ?
11:49Parce qu'effectivement, Robert Badinter, ministre de la Justice,
11:53en 1985, alors que Barbie vient d'arriver en France,
11:57comprend la portée historique de ces procès
11:59et autorise l'introduction dans le prétoire de caméras et de micros,
12:03ce qui est interdit.
12:05La seule image que l'on a des audiences, en général, c'est le dessin de presse.
12:10Et donc, les procès sont considérés suffisamment puissants et historiques
12:13pour être filmés, mais pas diffusés.
12:15Il y a une interdiction de diffuser les images pendant un certain nombre d'années.
12:1950 ans.
12:20Voilà, je n'ai pas le chiffre exact.
12:22Il y a eu quelques autorisations quand même qui ont été données de temps en temps.
12:25Mais nous arrivons aujourd'hui à ce que le ministère de la Justice
12:27nous autorise de plonger dans ces centaines d'heures des trois procès
12:31et de récolter finalement l'ensemble de ces images pour les re-raconter.
12:37Donc, c'est 140 heures d'audience pour le procès Barbie.
12:40C'est 360 heures pour le procès Papon et 110 heures pour le procès Touvier.
12:45Donc, une forêt, une jungle d'images, de paroles, de témoignages et d'émotions.
12:49Dans le documentaire sur Klaus Barbie, évidemment, ce qui est fort pour les gens
12:57qui ne l'ont pas vu, il faut absolument aller sur le replay, c'est le témoignage
13:01des personnes qui ont subi les violences de Klaus Barbie et même la torture de Klaus Barbie
13:07et évidemment ce qu'ils ont vécu dans les camps.
13:10Comment ça se passe pour avoir le droit à l'image ?
13:14Est-ce que vous vous êtes dit que ces personnes sont peut-être mortes ?
13:18Peut-être les petits-enfants n'ont pas vu ces images-là.
13:23Est-ce que vous vous êtes posé une question de conscience de diffuser ces images ?
13:27Oui, cette conscience, on a tout le temps parce qu'effectivement,
13:29l'ensemble des témoins viennent livrer dans l'espace public du tribunal
13:32un récit intime, un récit de calvaire qui parfois n'a jamais d'ailleurs été raconté
13:37dans la famille ou dans l'espace privé. Et donc, la parole devient publique.
13:42C'est pour ça que c'est très fort en fait. Et on est dans cet espace de neutralité
13:45qui est le tribunal. On n'est pas du tout dans la vengeance, on n'est pas du tout
13:48dans la revendication. Les gens viennent dire ce qu'ils ont subi et ce qu'ils ont vécu.
13:52Évidemment, tout ça a été encadré juridiquement. On a travaillé avec le ministère de la Justice,
13:56le tribunal de grande instance de Paris qui a autorisé l'utilisation et la diffusion
14:02de ces images. Donc, il n'y a pas un droit à l'image comme on l'entend aujourd'hui.
14:06Mais effectivement, ça a été quand même bien encadré par l'institution du tutel.
14:09Oui, parce que je me suis dit que la traductrice de Klaus Barbie n'avait peut-être pas envie
14:14de se voir à l'image, de traduire les propos de Klaus Barbie et qu'elle a peut-être
14:19une autre vie maintenant.
14:22Certainement, mais je pense que tout le monde à l'époque était conscient qu'il était filmé.
14:26D'ailleurs, il y a eu des résistances à la captation des procès.
14:29Robert Baninter, dont nous avons fait l'interview pour ce film-là, nous dit que les magistrats
14:35étaient totalement hostiles à l'idée d'être filmés parce qu'ils pensaient que la neutralité
14:38de la justice allait être bousculée par ce rapport à l'image.
14:41Et il nous précise que les avocats, peut-être plus narcissiques, étaient plutôt favorables.
14:45Oui.
14:45Donc, il y a ces trois personnages, Klaus Barbie, Maurice Papon et Paul Touvier, ils ont
14:51chacun joué un rôle dans cette affaire, dans cet événement, dans cette époque-là.
15:00Il y avait Barbie, il y avait le fonctionnaire, il y avait ces trois personnages qui ont joué
15:04des rôles très très différents.
15:06C'est ce qui a fait ce choix pour vous ?
15:09Alors oui, ce qui est intéressant, c'est qu'en fait, en 87, avec le procès de Klaus Barbie,
15:13s'ouvre une décennie de justice.
15:1694, le procès de Touvier, 97, le procès de Papon.
15:20Et donc, on voit bien, à travers ces trois personnages clés, à des niveaux de responsabilité
15:23différentes, mais pour un même chef d'inculpation, c'est le crime contre l'humanité, qui est
15:27juridiquement défini.
15:29On a effectivement le nazi, qui est un idéologue, qui s'engage là-dedans par idéologie,
15:35et par conviction, et par antisémitisme profond et structurel.
15:38Le militien, qui est un personnage un peu gris, un peu médiocre, qui va trouver dans
15:44ces circonstances de la collaboration, le moyen d'exister et de devenir quelqu'un.
15:50Et le haut fonctionnaire, qui est évidemment Maurice Papon, qui s'engage dans la fonction
15:55publique, non pas pour servir une cause criminelle, il s'engage pour servir la République, sous
15:59la Troisième République.
16:00Il se retrouve, avec l'État français et ses lois iniques, à devoir appliquer
16:04ou pas. Certains ont fait un autre choix.
16:06Et donc, c'est pour ça que le procès Papon est encore plus abyssal dans les questionnements
16:10qu'il pose sur la responsabilité individuelle.
16:12Oui, et surtout son parcours, parce qu'on voit comment il a progressé, Maurice Papon.
16:18Il est adoubé, entre guillemets, par le général de Gaulle.
16:21Enfin, lui, se sent adoubé par le général de Gaulle.
16:25Il va devenir ministre dans le gouvernement de Giscard.
16:30Il va devenir préfet.
16:33Donc, après ses exactions, il va avoir une vraie carrière politique.
16:38Alors, il a une progression dans la haute administration, puis dans la carrière politique qui est absolument
16:43exemplaire, jusqu'à sa chute vertigineuse quand il est ministre de Budget.
16:46D'ailleurs, l'affaire sort autour de l'élection présidentielle de 81.
16:50Alors, le canard enchaîné.
16:51Voilà, ce qui n'est certainement pas un hasard.
16:53Et Maurice Papon, c'est un bon fonctionnaire.
16:56Voilà, donc il fait fonctionner.
16:57Quand il sera préfet de police de Paris durant la guerre d'Algérie, il fera fonctionner la
17:01machine répressive.
17:03On lui doit le métro Charonne.
17:05On lui doit les exactions contre les manifestations et les rassemblements algériens de 1961.
17:09Donc, c'est quelqu'un qui n'a pas une idéologie.
17:12Il n'est pas au service d'une idéologie.
17:13C'est pour ça que la question est fondamentale.
17:15C'est-à-dire, que sert-il ?
17:17Il obéit aux ordres.
17:18Et il est vraisemblablement carriériste.
17:21C'est-à-dire, en obéissant aux ordres et en faisant bien son travail.
17:24D'ailleurs, il le dit dans son procès.
17:26Il ne voit pas où est le problème.
17:27Il a fait son travail.
17:28Mais c'est Javert des Misérables.
17:29Voilà.
17:30Comment est-ce que vous avez travaillé sur ce matériau ?
17:34Comment se sont faits les choix dits éditoriaux ?
17:37Comment on ne tombe pas dans le piège, entre guillemets, d'un montage peut-être
17:40trop rapide pour être trop moderne ?
17:42Vous avez décidé de laisser les témoignages sur la longueur, de laisser des silences.
17:46Comment on choisit au milieu de, vous l'avez dit, 150, 300 heures de procès ?
17:52On vit dans un océan de regrets.
17:55Parce qu'effectivement, on sait ce qu'on perd.
17:57Parce qu'il y a énormément de témoignages qui étaient précieux.
17:59Mais on sait aussi que la contrainte de la durée, on a 3 heures ou 3 fois 52 minutes
18:04pour raconter ces procès-là.
18:05Donc, il faut trouver les fils narratifs.
18:07C'est-à-dire qu'est-ce que l'on va pouvoir raconter et comment on va structurer un récit
18:11cohérent avec une dramaturgie propre à un programme, à un documentaire, qui est
18:16un film malgré tout, où l'on doit raconter une histoire, une histoire vraie.
18:20C'est-à-dire comment dans ces 300 ou 400 heures de procès, on arrive à tisser la narration
18:24et à circonscrire un petit peu les témoignages.
18:28Donc, c'est un travail...
18:29Je ne suis pas seul.
18:30J'ai été très bien entouré.
18:31J'avais une co-autrice, Valérie Rançois-Anguial, qui a fait tout un travail de préparation
18:35de ces audiences, qui les a expertisées, qui nous a livré des synthèses.
18:39J'avais des monteurs, Laure Mathais pour Papon et Barthé-Demis Vieillot pour Barbie.
18:46Donc, c'est des gens qui ont une grande expertise de l'archive et qui m'ont aidé à cheminer.
18:50Est-ce qu'il y a eu des règles pendant le tournage ? Est-ce que ça, vous avez un petit
18:55peu la façon dont se sont passés ces tournages ? Parce que c'était tout à fait nouveau
18:58d'autoriser dans le prétoire.
18:59C'est passionnant comme exercice de réalisation, parce qu'en fait, la loi Badinter, elle
19:04est très stricte.
19:06Elle autorise la captation qui n'est pas la réalisation.
19:08C'est-à-dire qu'en fait, ce sont des caméras quasiment de surveillance.
19:12Il y a quatre plans, il y a quatre caméras.
19:14Il n'y a pas de commutation ?
19:15Non.
19:15Ça veut dire commutation pour nos éditeurs, ça veut dire quelqu'un qui a un petit
19:20clavier et qui choisit les images.
19:22Alors ça, oui.
19:23Il y a un réalisateur.
19:24Ah, il y a un réalisateur.
19:24Qui était d'ailleurs encadré par un magistrat, nous raconte-t-il, qui est derrière son
19:28épaule et qui surveille ce qu'il fait, mais le réalisateur n'a pas le droit de montrer
19:32un contre-champ, c'est-à-dire de montrer quand quelqu'un parle, comme dans un débat
19:36de présidentiel.
19:38Donc c'est une réalisation extrêmement sèche.
19:41Et donc nous, on a dû, même si le réalisateur s'est autorisé à des endroits, il a contourné
19:47en fait, en ouvrant des petites vignettes, des petites fenêtres à l'intérieur de l'image
19:49qui nous arrivent aujourd'hui comme telles.
19:51Donc c'est une esthétique un peu des années 80.
19:53Mais on a dû faire avec et on s'est dit que ça racontait aussi l'époque.
19:57Et donc il a fallu, nous, pour construire un récit avec de la dramaturgie et des personnages,
20:03faire pendant 15 jours ou 3 semaines un travail.
20:06On a dû aligner tous les contre-champs, tous les plans d'écoute qui traînaient à gauche
20:10à droite.
20:11Alors ça veut dire que quand on voit un avocat faire l'amour, c'est pas la réalité.
20:16Alors c'est pour ça que...
20:17C'est ça, un petit souci quand même.
20:18Ça veut dire que vous avez été chercher un plan de coupe en disant, là, je sais,
20:23en off parce que j'ai entendu le son qui râle ou qui fait l'amour par rapport à ce
20:27que dit l'avocat de la Défense.
20:29Et là, vous avez rajouté ce plan-là ?
20:31Alors, on a fait effectivement un travail qui n'est pas un travail de distorsion du réel
20:36puisque c'était vraiment la ligne de crête.
20:38Mais un travail, effectivement, où on a dû travailler sur ce matériau et utiliser
20:43certains plans de coupe.
20:44Et parfois, on ne se l'autorisait pas parce que la réaction...
20:46Ne correspondait pas.
20:47Ne correspondait pas.
20:47Ou alors donner une lecture extrêmement excessive.
20:49C'est en fait un exercice de réalisation.
20:51Je ne sais pas si vous connaissez dans l'histoire du cinéma, ce théoricien du cinéma russe
20:55qui s'appelle Kouleschov, qui dans les années 20 théorise le montage en disant
20:58un plan A n'existe que parce qu'il y a un plan B.
21:02Le sens est en fait l'association dans A et du plan B et le sens est dans la coupe.
21:06Et donc, il faisait faire à ses étudiants à Moscou un exercice très simple.
21:10Vous filmez un visage de personne neutre.
21:11Vous y associez à un plan qui ne l'est pas et vous demandez ce que les gens ressentent.
21:15Donc, vous avez un visage neutre qui regarde.
21:17Le plan subjectif, vous mettez un enfant qui pleure.
21:19Que ressent la personne de la compassion ?
21:21Même exercice avec, vous mettez à la place du plan de l'enfant
21:24le plan d'un plan très appétissant.
21:27Que ressent la personne qui a pourtant un visage neutre ?
21:29Il ressent de l'appétit et il a envie de...
21:31Vous voyez ce que je veux dire ?
21:32Donc, c'est un exercice de montage qui demande beaucoup de rigueur
21:35et de respect du matériau.
21:37Ça a été notre démarche pendant tous ces procès.
21:40C'est de ne pas appuyer le réel.
21:43C'est-à-dire de ne pas faire de pathos, mais de se dire, voilà, on a une matière d'une très grande puissance.
21:48C'est ça, c'est ce que j'allais dire.
21:49Ça suffisait des témoignages sur la longueur, la plaidoirie de Vergès.
21:55Je ne sais pas si vous vous êtes interrogé aussi.
21:57Est-ce que vous, vous avez été aussi pris de vertige parfois ?
22:00Enfin, quand je dis de vertige ou de dégoût, même en entendant certains propos
22:05ou en entendant même la plaidoirie de Vergès qui est particulièrement insupportable.
22:09Alors, on passe comme le spectateur, le téléspectateur qui regarde le film
22:12par tout un stade d'émotion, la sidération, la compassion, les larmes.
22:18Il nous est arrivé avec le monteur de ne plus parler pendant une demi-heure
22:21parce qu'on prenait le témoignage dans ce qu'il a de plus fort.
22:26Et puis, effectivement, oui, le dégoût à certaines parties du procès,
22:32effectivement, d'abord dans les exactions qui sont racontées et qui sont commises par Barbie,
22:35mais aussi par la façon dont son avocat va se servir de certains témoignages
22:42pour essayer de les retourner ou de les affaiblir.
22:45Et effectivement, les arguments de la défense sont aujourd'hui sidérants
22:49parce que Vergès fait feu de tout bois.
22:52Il instrumentalise tout et en fait, il est dans la démonstration,
22:56il n'est pas dans la défense de son client,
22:59il est dans une démonstration presque théorique, très politique.
23:02Très politique. On va marquer une pause
23:04et on continue avec vous de parler de ces documents exceptionnels
23:10qui devraient être montrés, me semble-t-il, dans toutes les écoles,
23:14dans la collection Crimes contre l'Humanité.
23:16Donc, trois volets.
23:17Klaus Barbie, qui a été diffusé la semaine dernière,
23:20Maurice Papon, demain soir, et Paul Touvier, la semaine suivante.
23:24A tout de suite.
23:25Sud Radio, le supplément média.
23:28Le supplément média, toujours avec Gabriel Lebaumin, réalisateur.
23:32Demain soir, le procès Papon, dans le cadre de cette collection Crimes contre l'Humanité.
23:39Allez regarder le procès Klaus Barbie, qui a été diffusé la semaine dernière.
23:43Demain soir, donc, Maurice Papon, et ensuite, Paul Touvier.
23:46Puis également, sur Canal+, vous avez réalisé un documentaire qui s'intitule
23:52Truance ou l'Occupation.
23:53Ce sera le 1er mai, à 20h55, sur Planète Plus,
23:57et disponible sur l'application MyCanal.
24:01Donc là, vous êtes vraiment dans cette période et vous n'en sentez pas.
24:05On va peut-être écouter la bande-annonce
24:07de ce qu'on va pouvoir découvrir demain soir sur France 2.
24:11Vous en faites ?
24:11Inédit.
24:12Ce qu'on reproche à Maurice Papon, c'est un crime de bureau.
24:16La haute administration française, sur le banc des accusés.
24:19Papon, ça, vous l'avez signé, par contre.
24:20Si vous aviez été à ma place, j'aurais aimé voir ce que vous auriez fait.
24:24Je ne peux pas pardonner parce que le crime est trop grand.
24:27Oubliez, ça n'existe pas dans mon vocabulaire.
24:30Leur seul crime, c'était d'être né dans un berceau juif.
24:33Eh bien oui, risque qu'il y avait, Maurice Papon.
24:35Je vous ai répondu tout à l'heure.
24:37L'accusé d'esprit manque un remord.
24:39Souvenez-vous, si c'était à refaire, je le referais.
24:44Inédit.
24:45Crime contre l'humanité.
24:46Le procès Maurice Papon.
24:48Mercredi soir, à 21h05, sur France 3.
24:50est déjà en intégralité sur la plateforme France.tv.
24:53C'est bien sur France 3.
24:54C'est sur France 3.
24:55Mais c'était bien sur France 2, Klaus Barbie, vous aviez raison.
24:59Ce qui est assez fou, c'est que là, pour le coup,
25:02on a un intervenant qui parle, qui est présent et qui joue la carte.
25:07Je ne comprends pas ce qu'on me reproche.
25:09J'étais un bon soldat.
25:11Vous auriez fait comme moi, on l'entend dans la bande-annonce.
25:13J'étais un bon administrateur.
25:14Par exemple, il y a un moment très fort où il va signer un papier pour lequel,
25:20puisque ça part de Bordeaux, il va envoyer des Juifs au camp de Drancy.
25:25Et il va affrêter des trains.
25:27Et là, il va avoir pour défense en disant,
25:30mais vous vous rendez compte, si je n'avais pas affrété des trains,
25:32ils auraient été dans des trains à bestiaux.
25:36Merci, monsieur.
25:37Incroyable de répondre à ça.
25:38Il précise, est-ce que vous considérez que ça, c'est un crime contre l'humanité ?
25:41Parce qu'il est persuadé d'avoir bien fait.
25:43Et c'est la force de ce documentaire.
25:45C'est de l'entendre.
25:47C'est toutes les excuses qu'il donne en disant,
25:51j'ai signé ces papiers-là,
25:53alors que le gouvernement de Vichy lui donne d'autres ordres, en plus.
25:57Il est dans la position, d'ailleurs, que Vichy a maintenu,
26:01enfin, avec tous les défenseurs de Vichy,
26:02c'est-à-dire qu'en gros, ça aurait pu être pire.
26:04Voilà, on avait un pistolet sur la tempe,
26:07un couteau dans le dos et une mitraillette sous la gorge.
26:09On a fait comme on pouvait.
26:10Et si on n'avait pas fait, d'autres l'auraient fait,
26:12avec plus de zèle, peut-être.
26:14Donc, il est dans ce discours-là, dans cette position-là,
26:17en disant, on est resté en place pour essayer de temporiser.
26:20Mais en temporisant, il fallait faire quand même un peu.
26:22Alors, est-ce que c'est...
26:24On n'est pas là pour le juger.
26:25On est là, dans un film documentaire,
26:27pour ouvrir le réel et essayer de le comprendre.
26:30Oui, mais est-ce que, indirectement,
26:33il y a un parti pris quand on est réalisateur de ce genre de documentaire ?
26:37Parce qu'à un moment, et c'est dans l'épisode 2,
26:40on va découvrir que plein de gens pensent que c'est un infiltré
26:45et que Maurice Mappon est un résistant,
26:48comme jamais on en a eu,
26:49parce qu'il était au cœur du système
26:51et qu'il combattait ce système.
26:53Mais il fallait bien que, de temps en temps,
26:55il donne un peu du grain à moudre aux Allemands.
26:59C'est totalement fou.
27:00Comment on fait pour que ça soit équilibré
27:02sans biais éditorial ?
27:07Effectivement, quand on a découvert dans les rushs,
27:10ça avait été chroniqué par la presse,
27:13les résistants qui viennent au procès Mappon
27:15et des résistants indiscutables.
27:18Oui, des grands noms de la résistance.
27:20Qui viennent dire,
27:20mais écoutez, on ne comprend pas
27:22pourquoi vous faites ce procès à Maurice Mappon
27:23qui était l'un des nôtres.
27:24Alors, quand on entend ces gens-là le dire,
27:26on est, nous, dans la salle de montage,
27:28absolument interloqués
27:30et on a envie d'aller plus loin.
27:31Donc, on a sorti les témoignages
27:32les plus percutants.
27:34Mais simplement, cette position,
27:35elle est très intéressante
27:36parce qu'elle montre bien
27:37que Maurice Mappon a habilement,
27:39en fait, berné un peu son monde.
27:41C'est-à-dire qu'à la toute fin de l'occupation,
27:44à partir de 1943-1944,
27:46il comprend bien que le vent est en train de tourner
27:48et qu'il va donner des gages,
27:49comme beaucoup, à la résistance
27:50et qu'il va finalement, ensuite,
27:52s'appuyer sur ces gages
27:53en disant, mais j'ai fait ça aussi.
27:55Et au moment de la libération,
27:56on a besoin de gens compétents.
27:59Et il a montré qu'il était compétent.
28:01Et la résistance va totalement l'intégrer
28:03à son système
28:03puisqu'il sera le représentant de Cusin,
28:06qui est l'émissaire du général de Gaulle.
28:07Et de Gaulle va l'adouber
28:09et va lui donner une légion d'honneur
28:10et ainsi de suite.
28:12Donc, c'est assez...
28:13Vous vous souvenez de ce film
28:14qui était un roman de Jean-François Doniau
28:16et ce film qui s'appelait
28:17Un héros très discret,
28:19un film de Jacques Audiard,
28:19qui racontait aussi ça.
28:21La façon dont quelqu'un
28:22qui avait été très banal et ambigu
28:25avait finalement réussi à se faire...
28:27à construire un récit.
28:28Et voilà, il le fait habilement, brillamment.
28:31Il le fait tellement habilement
28:33que la famille Klarsfeld a très peur
28:37qu'il soit innocenté
28:39et qu'il s'en sorte de ce procès.
28:41Ce qui est totalement fou.
28:43Oui, parce que tout au long du procès,
28:44c'est tangent.
28:45C'est-à-dire qu'à la différence de Barbie,
28:48où on sait qu'il ne s'en sortira pas,
28:52Papon, il y a un doute,
28:53il y a une ambiguïté.
28:54Est-ce que le jury ira d'un côté ?
28:55Est-ce que le jury ira de l'autre ?
28:56Et d'ailleurs, on n'a pas le détail.
28:58Non.
28:58Mais de ce qui nous a été dit,
29:01c'est que la condamnation
29:03n'a pas été non plus massive et majoritaire.
29:06Il est condamné, il y avait une majorité.
29:08Mais il a été condamné
29:09pour complicité de crime
29:10et non pas pour crime.
29:11Et il a été condamné à 10 ans
29:13et non pas à perpétuité.
29:14Oui, donc c'était...
29:15Et puis il ne va faire que 3 ans.
29:17Voilà.
29:17Il avait 87 ans.
29:1987 ans, donc effectivement.
29:21Et d'ailleurs, c'est très étonnant
29:23parce que justement,
29:24même Robert Badinter
29:24plaide pour sa libération
29:25en disant que le crime contre l'humanité
29:27ne doit pas impliquer
29:28l'inhumanité de la justice.
29:30Oui, parce que le procès
29:31a été instruit pendant 16 ans,
29:33c'est ça ?
29:33C'est une instruction interminable.
29:36Je crois que c'est la plus longue
29:37de l'histoire de la justice française
29:38parce qu'il s'est battu.
29:39Il s'est battu.
29:40Il se bat avant,
29:40il se bat pendant le procès,
29:42il se bat après.
29:43Ce qui est fascinant,
29:44encore une fois,
29:44dans ces deux volets
29:45qu'on a pu voir,
29:47que ce soit Barbie ou Papon,
29:49c'est vraiment l'impression
29:50d'être dans la salle d'audience.
29:53On est au cœur.
29:54Et c'est ce qui est saisissant
29:55et qui fait que vous disiez
29:56que vous étiez resté parfois sans parler.
29:58moi, j'étais vraiment bouche bée
30:00en regardant ces images.
30:03C'est-à-dire qu'on a vraiment,
30:04on se tait,
30:05on regarde
30:06et on est spectateur
30:08au cœur de l'histoire.
30:09On a vraiment l'impression
30:10d'être dans l'histoire,
30:12de comprendre les ressorts.
30:14C'est ce qui est la puissance
30:15et la force du doc,
30:16de ces deux docs.
30:18En fait, il y a une dimension
30:20très immersive,
30:21comme on dit aujourd'hui.
30:22C'est-à-dire qu'on rentre
30:22à l'intérieur de ces audiences
30:23et on n'en sort pas.
30:25Il y a une double lecture.
30:26Il y a à la fois l'histoire
30:27telle qu'elle s'est déroulée
30:28entre 1942 et 1944
30:29et il y a l'histoire
30:30de ce moment
30:31de la République française
30:32qui juge.
30:33C'est-à-dire cette décennie
30:34de justice.
30:35Donc c'est à la fois un film
30:36sur l'histoire de la justice
30:38également,
30:39comment elle fonctionne,
30:40comment la période contemporaine
30:42va juger le passé
30:43et qu'est-ce que c'était
30:45que ce passé.
30:45Donc il y a plein de niveaux
30:46de lecture
30:47et on a pris conscience
30:48en faisant ces films
30:50de notre responsabilité
30:53de passeurs.
30:54C'est-à-dire que Robert Badinter
30:55avait autorisé la captation
30:57et bien ça nous arrive
30:59à nous
30:59de devoir maintenant
31:01la passer.
31:01Vous voyez ce que je veux dire ?
31:02C'est-à-dire qu'on était
31:02très investis
31:03de cette responsabilité-là.
31:05Mais au-delà de ça,
31:05il y a l'âme humaine
31:06parce que chez Papon,
31:08il y a aussi le témoignage.
31:10Alors il y avait un bureau
31:10des Juifs
31:12à la préfecture de police
31:14de Bordeaux
31:15et à un moment,
31:17dans ce bureau-là,
31:18il y a,
31:18puisqu'il faut les fournir
31:20aux Allemands
31:20qui les demandent,
31:22la liste des Juifs
31:23et il y a deux secrétaires.
31:25Et ces deux secrétaires,
31:26au moment du procès,
31:27sont vivantes
31:28et elles viennent témoigner.
31:30Et à un moment,
31:31ce moment fort,
31:32c'est,
31:32on dit à une des secrétaires,
31:34mais à un moment,
31:35vous avez autorisé
31:36des bus
31:37à partir
31:38avec les Juifs.
31:40Alors elle a dit,
31:40oh oui, peut-être,
31:41je ne m'en souviens pas.
31:42Mais j'ai ce document-là
31:43et il y a votre signature,
31:45madame,
31:45en tant que secrétaire.
31:47Et elle,
31:47elle fait,
31:48oh si c'est signé,
31:49c'est moi.
31:49est-ce qu'elles ont été,
31:51ces personnes-là,
31:53ont été inquiétées
31:55par la justice
31:55ou on considère
31:57qu'elles ont fait
31:57le travail
31:58qu'on leur demandait,
31:59c'est-à-dire de faire
31:59un peu comme Papon,
32:01c'est-à-dire
32:01elles ont fait
32:03une liste des Juifs.
32:03Alors cette séquence,
32:06elle est absolument,
32:07moi quand je suis tombé dessus,
32:08elle n'a pas été,
32:09c'est marrant,
32:09elle n'a pas été chroniquée
32:11au moment du procès,
32:11les audiences ou ses secrétaires
32:12et moi je trouvais
32:13qu'il y avait là
32:13toute la vérité.
32:14C'est-à-dire que,
32:15et en plus comme je suis
32:16réalisateur de fiction,
32:18j'adore passer par le détail,
32:20c'est-à-dire que c'est le détail
32:21qui me donne la lecture
32:22et la compréhension
32:23de l'ensemble.
32:24Et on voit que ces dames
32:25qui sont aujourd'hui
32:26au procès des dames âgées
32:27ont été des jeunes filles
32:28de 20 ans
32:29dont c'était le premier boulot.
32:30Il se trouve que c'était
32:31à ce moment-là,
32:32à la préfecture.
32:33Elles nous disent toutes
32:33qu'on n'avait pas
32:34de conscience politique,
32:35on sentait bien
32:35que ce n'était pas bien
32:37ce qu'on faisait
32:37mais on ne savait pas exactement.
32:39Et elles posent vraiment
32:40cette question-là,
32:41c'est-à-dire de la petite main,
32:42de la banalité du mal.
32:43Quand elles disent,
32:44voilà, le fichier juif,
32:46demande l'avocat général,
32:47mais qu'est-ce que c'est ?
32:48Elle dit,
32:48ah le fichier juif,
32:49c'est un...
32:50En fait, ce sont deux boîtiers
32:51en bois
32:51dans lesquels il y a
32:52des fiches vertes.
32:53Qu'est-ce qu'il y a
32:54sur ces fiches vertes ?
32:55Ah ben, il y a des noms
32:55et des adresses.
32:56Et qu'est-ce que vous en faites ?
32:57Ah ben, on dresse d'autres listes
32:58qu'on va donner aux gendarmes.
32:59Et vous savez
32:59ce que les gendarmes vont faire ?
33:01Oh, on s'imagine,
33:01mais on ne sait pas vraiment.
33:02Et c'est ainsi de suite.
33:04C'est la banalisation du mal.
33:07Exactement.
33:08On ne pense pas...
33:08Ces dames ne sont pas méchantes,
33:11ne sont pas mauvaises.
33:12Ce ne sont pas des barbies.
33:13Si vous avez des close barbies.
33:15Elles sont juste là
33:16au service d'une administration
33:18qui fait fonctionner.
33:20Et quand, effectivement,
33:21elle commande des bus
33:22pour transporter
33:22ces malheureux juifs
33:24jusqu'à la gare,
33:25elles ne pensent pas faire le mal.
33:27Non.
33:27Les images de Touvier sont...
33:29Ce que disait Gilles,
33:30c'est très différent
33:31du procès Barbie.
33:32Parce que Barbie
33:32ne vient que deux fois
33:33à l'audience.
33:35Deux...
33:36Enfin, c'est absolument glaçant.
33:38Là, Touvier est là...
33:39Un pompier, un pompier.
33:40Pourquoi j'ai dit Touvier ?
33:41Parce que c'est après Touvier.
33:42Papon est là,
33:43il parle
33:44et on voit aussi quand même
33:45le caractère de cet homme
33:47redoutable.
33:48qui est colérique
33:51et qui est autoritaire.
33:54On voit bien comment il...
33:55En fait, tout le monde nous dit
33:56c'est un ministre
33:57qui arrive dans le prétoire.
33:59C'est un ministre
33:59qui arrive avec ses dossiers,
34:01sa cravate,
34:02sa légion d'honneur
34:03et qui veut en découdre
34:04et qui, on le sent bien
34:05dans le ton,
34:07cherche à prendre la main
34:08sur l'organisation même
34:10du procès.
34:11Et qui n'accepte pas
34:11qu'on ne soit pas d'accord
34:12avec lui.
34:12Absolument, il ne comprend pas ça.
34:14Il ne comprend pas.
34:14Par exemple, dans un procès,
34:15c'est très protocolaire,
34:16on ne parle pas quand on veut.
34:17C'est le président
34:18qui distribue la parole
34:19et puis on n'interrompt pas
34:20une plaidoirie,
34:20et ainsi de suite.
34:21Et on voit bien
34:21qu'à plein de moments,
34:23le président le reprend
34:24en lui disant
34:24« Maurice Papon,
34:24vous n'avez pas le droit
34:25de parler à ce moment-là. »
34:26Et je trouve que le président
34:29Castagnède,
34:29Jory Castagnède,
34:30est magnifique
34:31de neutralité,
34:33d'intelligence,
34:35d'interrogation.
34:36Il cherche à comprendre
34:37et nous avec lui.
34:38Pour moi,
34:39il était le vecteur
34:40de l'histoire.
34:41C'est-à-dire que c'est par lui
34:42avec lequel on est en empathie.
34:44C'est-à-dire qu'il cherche
34:45en permanence.
34:46Et quand il a des doutes,
34:47il le dit.
34:47Et quand il a des certitudes,
34:49il le dit.
34:49Quand il a des surprises,
34:50il le dit également.
34:51Les magistrats sont exceptionnels.
34:52C'est des personnages
34:54de films.
34:56Oui.
34:56C'est cinématographique.
34:59J'espère que ce sera montré
35:00dans les écoles.
35:00Je ne sais pas si c'est prévu
35:01ou pas.
35:02Je le souhaite également.
35:03Je crois qu'il y a
35:04un rapprochement
35:05entre France Télévisions
35:06et l'Éducation nationale
35:07pour que ces procès
35:08continuent à vivre
35:09et à être diffusés.
35:10C'est tout cas l'objectif.
35:11Il y a cette idée
35:11de passer cette mémoire,
35:14de transmettre cette mémoire
35:16et ces grands procès.
35:17Et juste un petit dernier mot.
35:18Qu'est-ce qu'on va voir
35:19le 1er mai sur Canal+.
35:20C'est quoi ces truons ?
35:21Truons sous l'occupation.
35:22C'est quoi ?
35:23Alors,
35:24ça n'a rien à voir,
35:25évidemment.
35:25Enfin,
35:25ça va voir un peu quand même.
35:27C'est une série
35:28qui raconte
35:29la façon
35:30dont les occupants nazis
35:32ont instrumentalisé
35:33en France
35:33les pires crapules,
35:35le grand banditisme,
35:36en gros,
35:36pour commettre
35:38les exactions
35:39qu'ils voulaient commettre
35:40en échange
35:40d'une impunité totale
35:41et la façon
35:42dont ces petites frappes
35:43vont devenir
35:45les bras armés
35:47des nazis.
35:47Les bras armés
35:48des nazis
35:48et qui nous racontent,
35:49ça c'est factuel,
35:49mais ça nous raconte
35:50en creux
35:50ce qu'est le nazisme.
35:52Cette période.
35:52C'est-à-dire,
35:53en fait,
35:53c'est la foi
35:54dans le crime,
35:55la foi dans la violence
35:56pour appliquer
35:57une idéologie
35:58forcément barbare
35:59et criminelle.
36:00Merci d'avoir été
36:01avec nous,
36:02Gabriel Lebaumin,
36:03ce matin.
36:03Bravo,
36:04vraiment,
36:05bravo pour ces
36:06pour cette réalisation
36:08à partir de ces
36:09centaines d'heures
36:10d'archives
36:11à regarder absolument
36:13demain soir
36:15sur France 3
36:16le procès
36:17de Paul Touvier.
36:18Regardez le procès Barbie
36:19si vous ne l'avez pas vu
36:20et puis il y aura
36:21Le papon,
36:21je ne sais pas pourquoi.
36:22Pourquoi j'ai Touvier
36:22à chaque fois ?
36:23Je ne sais pas.
36:23Le procès papon,
36:24je fais un blocage,
36:25le procès papon
36:26et il y aura
36:26le procès Touvier après
36:27et puis trouvant
36:28sous l'occupation,
36:30ce sera le 1er mai
36:31sur Planète Plus.
36:32Et c'est déjà disponible
36:33sur France TV.
36:34Alors c'est un peu caché,
36:35vous faites comme moi,
36:36vous tapez sur la loupe,
36:37vous tapez papon
36:38et vous allez avoir
36:40vos documentaires.
36:40Merci à vous,
36:41on se retrouve dans un instant
36:42pour les débats.
36:43Merci.
36:43Merci.