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00:00L'invité éco, Camille Revelle.
00:04Bonsoir à toutes et à tous. Nous allons parler ce soir de ce Conseil des entreprises qui s'est tenu ce matin au ministère de l'économie.
00:10Nouvel outil de co-construction avec les entreprises sur les sujets qui les concernent, dit le ministre Eric Lombard.
00:17Autour de la table, les représentants des organisations patronales dont notre invité.
00:21Bonsoir Michel Picot.
00:22Bonsoir.
00:23Président de l'UDEP, l'Union des entreprises de proximité, concrètement artisans, commerçants, professions libérales.
00:29Bref, les deux tiers des entreprises françaises.
00:32Comment ça s'est passé cette réunion ?
00:34Écoutez, ça s'est passé bien sur la forme, sur le fond avec beaucoup d'inquiétude.
00:39Mais le pire n'étant jamais certain, les sujets que nous avons évoqués ont probablement tous une solution.
00:46Alors allons-y, qu'est-ce qui était à l'ordre du jour ?
00:47Alors à l'ordre du jour, bien évidemment, ce sont les droits de douane mis en place par le président Trump qui perturbent un petit peu.
00:54Bon, nous avons réaffirmé, nous, organisation patronale, notre souhait d'avoir une réponse mesurée, graduée aussi,
01:01et en tout état de cause européenne, ce à quoi le gouvernement travaille sous l'impulsion du ministre de l'Économie et des Finances,
01:08que moi j'ai trouvé à sa tâche.
01:10Et tout à fait calme, à hauteur de la situation.
01:14On ne répond pas à la folie par la folie.
01:16Et je pense que c'est une bonne chose la façon dont on approche les sujets.
01:20Alors il y aura plein de mesures dans les trois semaines qui seront annoncées.
01:24Ils vous ont donné quelque chose ?
01:26Non, bien évidemment, il y a les sujets de GAFA, il y a le risque aussi de pénétration plus forte des Chinois
01:32qui vont voir leur marché aux Etats-Unis fermés.
01:36On a évoqué tous ces sujets, mais rien n'est arbitré.
01:40Et en tout état de cause, ça ne pourrait être arbitré que de manière européenne.
01:43Petite précision, les GAFAM, ce sont les géants du numérique américain.
01:47Google, Microsoft, Amazon, Apple, Facebook.
01:51La question d'une éventuelle imposition européenne de ces entreprises-là, vous, qu'en pensez-vous ?
01:56Je pense qu'elle n'est pas exclue, mais il faut la faire de manière mesurée.
02:00Il faut mesurer le retour que cela aura, une augmentation des prix pour nos concitoyens, bien évidemment.
02:06Et aussi les rétorsions qu'il pourrait y avoir à des mesures de rétorsion.
02:10Je pense à l'industrie touristique et particulièrement à nos hôteliers
02:14qui sont dépendants pour certains à plus de 30% de leur chiffre d'affaires
02:18par une société qui s'appelle Booking, citons-la.
02:21Et donc, bien sûr, tout cela demande beaucoup de pondération et beaucoup de réflexion avant d'agir.
02:26Qui sont des plateformes de réservation de lieux, de vacances en ligne.
02:30Pour revenir sur ces droits de douane,
02:32Donald Trump a suspendu notamment ceux qui visaient ou viseraient l'Union européenne pour 90 jours, 3 mois.
02:39Ça, ça ne vous rassure pas ?
02:41Non, ce n'est pas rassurant parce qu'il reste 10% tout de même de droits de douane.
02:44Dans sa grande générosité, il est passé de 20 à 10.
02:47Bon, merci, mais il en reste tout de même 10.
02:5010 pour l'ensemble des produits qui vont sur son sol,
02:53mais également 25 pour l'acier, l'aluminium et d'autres dispositions.
02:59Non, je pense que les 3 mois, il faut les utiliser à négocier.
03:03Mais pour négocier, il faut être armé.
03:04Parce qu'avec la façon dont le président Trump traite les sujets,
03:09il ne respectera que ceux qui sont forts.
03:11Donc il faut qu'on prenne des forces, qu'on prenne des armes pour y aller.
03:15Et c'est ce à quoi, aujourd'hui, le ministère de l'économie et des finances s'emploie avec ses partenaires européens.
03:21Michel Bicom, vous avez parlé de droits de douane ce matin, vous avez parlé budget aussi.
03:25Vous avez forcément parlé d'un chiffre, 40 milliards.
03:27Ce sont les efforts qu'il faut trouver, dit le ministre de l'économie, pour le budget 2026.
03:33Donc celui qui va être construit là maintenant.
03:35Si on veut arriver à réduire le déficit, ça, il a abordé ce sujet.
03:39Bien sûr, on a passé une bonne partie de ce premier conseil des entreprises
03:44sur la construction du projet de loi de finances 2026
03:48et du projet de loi de finances de la sécurité sociale aussi.
03:51Oui, 40 milliards, ce n'est pas facile à trouver, surtout que ça vient après un budget 2025
03:55qui était déjà difficile à rééquilibrer.
03:59Ça nécessitera, il faut le dire, l'effort de tous et de l'État.
04:03Et notamment des petites entreprises que vous représentez.
04:05Et aussi des petites entreprises, parce que lorsqu'on va demander aux collectivités locales
04:09de réduire la voilure d'une partie, je ne sais pas combien se chiffreront les arbitrages
04:14entre l'État, les collectivités locales, les contribuables les plus aisés, les entreprises, dit-on.
04:21Mais les entreprises, il faut y aller avec beaucoup de précaution,
04:23parce que derrière l'entreprise, il y a de l'emploi.
04:25Et si on déséquilibre autour de l'entreprise, c'est l'emploi que l'on touche.
04:28Donc il y aura ce travail à faire.
04:30Nous, nous avons exprimé deux sujets qui ont déjà été affectés,
04:35sur lesquels je pense qu'il ne faut pas aller plus loin.
04:37Le premier, c'est la formation, et notamment la formation des plus jeunes,
04:41les contrats d'apprentissage.
04:42Vous ne voulez pas qu'on touche aux aides à l'apprentissage ?
04:44Il ne faut plus toucher, parce que ça a déjà été fait.
04:48Il ne faut plus toucher à l'apprentissage.
04:50C'est une chance pour nos gamins qui rentrent en apprentissage.
04:5280% de ceux qui rentrent pour préparer un CAP, un BEP ou un BAC pro,
05:00en apprentissage, retrouvent un travail à la sortie.
05:03On a besoin de plus en plus de Français qui travaillent dans notre pays.
05:08Et puis le deuxième sujet, c'est celui de l'abaissement.
05:12des exonérations de cotisations sociales sur les basses salaires.
05:16S'il y a des exonérations de cotisations sociales, c'est bien parce que dans notre pays,
05:21le coût du travail est trop élevé.
05:23Je l'ai déjà dit à votre antenne, il faut vraiment s'attaquer à ce sujet,
05:27du financement de la protection sociale de notre pays.
05:30Demain matin, François Bayrou réunit une conférence des finances publiques.
05:33Vous êtes convié ? Vous y allez ?
05:35Oui, bien sûr. Bien sûr. Cette conférence, elle a pour but de faire partager la situation,
05:42que chacun prenne bien compte de la situation.
05:45On ne peut plus continuer à vivre à crédit comme nous le faisons depuis 40 ans.
05:50C'est plus possible de remettre aux générations futures le poids de la dette que nous consommons aujourd'hui.
05:56Franchement, ce n'est pas raisonnable. Il y a longtemps qu'on aurait dû le faire.
05:59C'est un travail de tous. Il va falloir privilégier les achats français.
06:03Il va falloir que chacun, sur la sécurité sociale, fasse un peu d'efforts.
06:08Si chacun apporte sa pierre à l'édifice, ça sera douloureux pour personne.
06:13Mais vous, très petites entreprises, artisans, commerçants, indépendants, ça peut être quoi votre pierre ?
06:18La pierre, ça va déjà être de réorganiser nos entreprises en fonction de marchés qui vont baisser.
06:23La consommation n'a jamais été aussi basse qu'en ce moment.
06:26Les défaillances des entreprises, vous savez, 66 000 entreprises qui sont parties au tapis,
06:31c'est déjà une pierre importante que l'on apporte.
06:35Les contrats des collectivités locales seront certainement plus faibles si on leur demande d'être à contribution.
06:43Les petites entreprises, elles vont avoir des difficultés.
06:46Mais moi, j'ai confiance dans leur capacité, dans leur résilience.
06:49Elles vont s'adapter.
06:50On doit tous imaginer que les subventions d'aujourd'hui, c'est les impôts de demain.
06:56Michel Bicon, l'Association des maires de France, elle n'ira pas demain matin.
06:59Elle dénonce une séquence de communication, aucun ordre du jour détaillé,
07:02où document de travail n'a été fourni aux organismes convoqués, écrit-elle dans un communiqué.
07:07Est-ce que vous comprenez, vous, cet avis-là ?
07:09Est-ce que vous le partagez ? Est-ce que ça manque de précision ?
07:12Non, franchement, je pense que ce sont des postures politiques qui sont menées.
07:17La politique et les postures politiques, elles nous ont menées dans la situation que nous connaissons aujourd'hui.
07:21Donc, il faut en sortir.
07:23La situation, l'Association des maires de France, comme des régions de France, comme des départements,
07:28tout le monde la connaît, la situation.
07:30Et s'exonérer de participer à un constat collectif et d'en tirer ensemble des conclusions,
07:37non, je ne crois pas que ça soit une bonne chose.
07:39Je regrette, moi d'ailleurs, parce qu'on est souvent mis à contribution par les collectivités locales.
07:45Et notamment, il y a une taxe sur la mobilité de 0,15 qui pèse encore.
07:49Et moi, j'appelle les collectivités locales à la modération fiscale sur les entreprises.
07:55On entend votre appel sur France Info.
07:56Michel Picon, président de l'UDEP, merci d'avoir répondu à notre invitation.
08:00Merci à vous.