"On veut un Premier ministre le plus rapidement possible, avant la fin de la semaine si c'est possible, et un gouvernement formé" lance, jeudi, Michel Picon, président de l'U2P, alors que le gouvernement de Michel Barnier vient de tomber.
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00:00L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04Bonsoir à toutes et à tous et bonsoir à vous Michel Picon.
00:07Bonsoir.
00:08Vous êtes le président de l'UDEP, Union des entreprises de proximité.
00:11En début de semaine, l'UDEP publiait un communiqué appelant les députés à prendre leurs responsabilités.
00:18Ils n'ont pas été responsables selon vous en votant la censure et en faisant tomber le gouvernement Barnier ?
00:23Non, ils n'ont pas été responsables parce qu'on ne fait pas tomber un gouvernement lorsqu'on n'a pas de solution alternative.
00:29Je vois aujourd'hui que malheureusement, il n'y a pas de solution alternative et que les premiers échanges et les premiers débats qu'il y a
00:39me font craindre de revivre un film un peu cauchemardesque que nous avons vécu au mois de août et de septembre.
00:50C'est-à-dire la dissolution, c'est une période où vous ne voulez pas revivre ?
00:53Elle a une capacité de trouver un premier ministre qui convient à tout le monde.
00:58Les entreprises n'ont pas besoin de cette attente.
01:01Nous, on veut un premier ministre le plus rapidement possible, avant la fin de la semaine si c'est possible.
01:06Et un gouvernement formé, on a des tas de dossiers qui sont sur la table.
01:10Mais sauf que Michel Picon, ce projet de texte budgétaire, il contenait des efforts budgétaires considérables, de l'ordre de 60 milliards d'euros,
01:19des économies demandées aux collectivités locales.
01:22Vous faisiez partie de ceux qui dénonçaient certaines mesures en particulier.
01:26Oui, mais nous avons travaillé avec le gouvernement pour essayer d'améliorer ce texte,
01:31notamment sur les AG, les allégements de charges sur lesquels on a été entendu,
01:35sur les bas salaires pour ne pas mettre en difficulté des petites entreprises.
01:39Ce budget n'était pas parfait, il avait plein de défauts.
01:42Mais entre un budget qui a des défauts que l'on peut encore peut-être améliorer et pas de budget du tout, ça bloque tout.
01:50Ça bloque tout, c'est-à-dire, expliquez-nous vous, l'UDP c'est plutôt essentiellement des artisans, des commerçants concrètement ?
01:57De quoi ont-ils peur aujourd'hui ? Je crois que vous avez parlé avec un certain nombre d'entre eux toute la journée.
02:02Oui, toute la journée on a eu nos équipes, elles ont peur d'avoir un carnet de commandes qui se vide.
02:08Aujourd'hui, ils ne sont pas vides.
02:10Aujourd'hui, quelqu'un qui souhaitait changer sa chaudière était dans l'attente de la prolongation de la prime rénov.
02:15Ça fait partie du budget du projet de loi de finances du PLF.
02:19Bon, il n'y a plus de budget, qu'en est-il des aides aux Français ?
02:23Quelles vont être les conséquences de cette instabilité politique face au marché ?
02:29Alors pour l'instant, on n'a pas trop de soubresauts, mais il ne faut pas retarder.
02:32Vous avez remarqué que la bourse de Paris n'a pas réagi ?
02:34Oui, elle n'a pas réagi parce que nos institutions sont solides, même si beaucoup voudraient les atteindre.
02:39Et que les marchés se disent, bon, un gouvernement va être nommé.
02:42Il ne faut pas qu'il soit renversé une deuxième fois, parce que là je pense qu'il peut y avoir des sanctions.
02:47Et des sanctions, elles vont se traduire par des augmentations de taux d'intérêt de crédit.
02:51Le prêt à taux zéro qui était élargi, qui allait permettre à des jeunes couples...
02:55Le PTZ.
02:56Le PTZ, il faisait partie du projet de loi de finances.
02:59Eh bien, il y a des tas d'entreprises qui attendaient ça pour pouvoir relancer la construction de bâtiments,
03:05permettre à des jeunes couples de trouver un logement, enfin du moins avoir un dossier de crédit
03:10qui passe parce que le prêt à taux zéro permet de se lancer dans un achat.
03:15Vous avez peur que l'argent coûte plus cher pour l'État français quand il va sur les marchés,
03:20quand il va emprunter sur les marchés, et donc vous avez peur que par répercussion,
03:24les taux d'intérêt augmentent pour les français, pour vous, pour moi, quand on veut faire un achat immobilier.
03:29Oui, bien sûr, parce que la situation de notre pays, l'endettement de notre pays, d'ailleurs je ne sais pas si vous avez remarqué,
03:35il y a un mois et demi, on parlait de 3200 milliards de dettes.
03:39Depuis hier, on parle de 3300 milliards de dettes.
03:43Oui, mais ce sont des dettes qu'il faut rembourser.
03:45Et ensuite après, c'est la perception qu'ont les prêteurs sur notre capacité de remboursement.
03:52Donc la question, c'est comment vont réagir les investisseurs, comment vont réagir les ménages également,
03:58les commerçants que vous représentez, c'est quand même une période extrêmement faste pour eux aujourd'hui,
04:03ce sont les achats de Noël, c'est une période où les français vont dans les magasins,
04:06ils vont acheter pour se faire plaisir, ils vont continuer à le faire ?
04:09Oui, j'espère, c'est l'appel que je lance, je dis dans ce climat anxiogène, je le comprends,
04:16parce qu'il y a des plans sociaux, il y a 1500 licenciements dans les petites entreprises de moins de 11 salariés,
04:23je voudrais dire aux français, même si la période est anxiogène, faites les fêtes, ne différez pas vos projets,
04:29allez dans les commerces de proximité, allez au restaurant, ne bloquez pas tout parce que sinon on va rajouter de la crise à la crise.
04:37Mais je suis confiant parce que je sais que l'ensemble des français et l'ensemble des entreprises sont beaucoup plus responsables
04:44que notre classe politique aujourd'hui qui n'est que dans des boussoles d'échéances électorales les uns et les autres.
04:52Donc ce que je comprends c'est que vous appelez les français à consommer, à se faire plaisir en cette fin d'année,
04:57pour les périodes de fin d'année, et qu'est-ce que vous dites aux artisans, aux petits chefs d'entreprise que vous représentez,
05:03vous leur dites, n'arrêtez pas tout, n'arrêtez pas d'embaucher, n'arrêtez pas d'investir, qu'est-ce que vous leur dites ?
05:08C'est ce que je leur ai dit après-midi à tous les représentants qui étaient présents, on se relève les manches, nous sommes résilients,
05:15on est combatifs, et toutes les boîtes ce matin, tous les artisans, tous les commerçants, tout le monde était au travail,
05:21et il faut qu'on aille au-delà. Ne bloquons pas, n'annulons pas des commandes, avançons.
05:29Et je suis très confiant sur leur capacité, sur leur résilience à ne pas se laisser abattre.
05:36On va sortir de cette situation, je l'espère, mais je pense qu'on a des tas de moyens pour le faire.
05:44Oui, on parle aujourd'hui du départ du Président de la République.
05:47Alors justement, le Président de la République, Emmanuel Macron, va s'adresser aux français à 20h.
05:52Qu'est-ce que vous attendez de lui en termes de message ?
05:55Moi, qu'il nomme un Premier Ministre le plus rapidement possible.
05:58Et si la classe politique est incapable de se supporter, de vivre ensemble, il faut qu'on aille chercher quelqu'un dans la société civile,
06:05un grand patron, quelqu'un qui a la capacité d'apaiser le pays, de le gérer.
06:10Et puis, quand la classe politique aura décidé de pouvoir travailler ensemble, et puis il y a une solution qui est avancée après-midi.
06:17Moi, je la regarde, qui est celle où les 577 députés, constatant leur désaccord et leur incapacité à trouver des voies de passage et d'accord,
06:27il faut qu'ils démissionnent tous.
06:29C'est ça que vous préconisez ce soir.
06:31Mais oui, j'entends tous les jours des gens qui disent qu'il faut s'en remettre au peuple.
06:35Aujourd'hui, le sujet, il est à l'Assemblée Nationale.
06:38Eh bien, remettons-nous-en au peuple, en prononçant, chaque député démissionne.
06:43Ces 577 députés qui démissionnent, c'est 577 élections partielles.
06:48Et on va voir quelle majorité, si les Français envoient le même message, de trois tiers,
06:55eh bien, il faudra que chacun prenne conscience que les Français, ils leur disent travailler ensemble.
06:59Travailler à l'intérêt du pays.
07:02On a l'impression que vous en avez ras-le-bol de cette crise politique.
07:04Oh, mais si vous saviez, Madame, ce que j'ai entendu toute l'après-midi,
07:07de la part de tous les représentants des entreprises de tous les territoires français,
07:12oui, ils en ont ras-le-bol. Vraiment.
07:14De la crise politique.
07:15Et pas de bosser. Parce qu'on est heureux, nous, quand on travaille.
07:18On veut créer du développement, on veut créer de l'emploi, on veut créer de la richesse.
07:22On a envie de ça, on aime nos métiers.
07:25Vous savez, dans l'artisanat, dans le commerce, dans les professions libérales,
07:28les gens ont la passion de leur métier vissé au corps.
07:32Mais on avait des sujets importants.
07:34La simplification, on coule sous les charges administratives.
07:37C'est un projet de loi qui était sur le point d'aboutir, qui sortait du Sénat.
07:42Tout ça part en pertes et profits.
07:44On a des sujets de coûts du travail.
07:46Le travail coûte trop cher.
07:48La différence entre le net et le brut du bulletin de salaire est un problème pour toutes les entreprises.
07:54On travaillait là-dessus.
07:55Tout ça passe en pertes et profits.
07:57Et quand j'entends le Nouveau Front Populaire qui dit
08:00« On va faire une grande conférence des salaires, mais c'est quoi ?
08:03C'est pour demander aux entreprises de payer ce qu'elles n'ont pas ? »
08:06Il faut arrêter, il faut vraiment arrêter ce cirque.
08:09Et puis que tout le monde se mette au travail.
08:11Nous, nous y sommes, nous y sommes prêts.
08:13Nos collaborateurs, nos salariés aussi.
08:15On demande à toute la classe politique, elle aussi, de se mettre au travail.
08:19Merci. Message passé ce soir sur France Info.
08:21Michel Picon, président de l'UDP, Union des entreprises de proximité.
08:26Invité Echo de France Info ce soir.