Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise et député des Bouches-du-Rhône, était l'invité du Face à Face sur RMC et BFMTV ce lundi 14 avril. Il est revenu sur plusieurs sujets tels que les relations entre la France et l'Algérie, la guerre commerciale menée par Donald Trump ou encore le potentiel dépôt d'une motion de censure contre le gouvernement.
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00:00Merci d'être avec nous ce matin. Le gouvernement sonne l'état d'alerte budgétaire et vous me direz dans quelques instants, si vous êtes d'accord sur ce constat, l'alerte budgétaire, vous me direz aussi où est-ce qu'il faut faire des économies, ce que vous proposez en la matière.
00:14Mais d'abord un mot peut-être sur ce nouvel épisode des relations tumultueuses entre Paris et Alger. L'Algérie veut expulser ce matin 12 agents de l'ambassade de France à Alger en réponse à l'arrestation en région parisienne d'un agent consulaire algérien.
00:30Ce dernier est soupçonné d'avoir participé à une tentative d'enlèvement d'un opposant. Le ministre des Affaires étrangères ce matin dit si la décision de renvoyer nos agents était maintenue, nous n'aurons d'autre choix que d'y répondre immédiatement.
00:43Manuel Bompard, est-ce que vous demandez vous aussi à Alger ce matin de renoncer à son projet ?
00:47Écoutez, moi je souhaite qu'on mette un terme à cette logique de surenchère et d'escalade réciproque des uns qui répondent aux autres.
00:55Je ne connais pas évidemment l'ensemble des détails qui ont présidé d'abord à la mise en détention provisoire de cet agent consulaire, ensuite la réponse de l'Algérie.
01:04Je crois que M. Retailleau, qui a l'initiative de cette surenchère et de cette escalade, doit sortir du jeu, ce n'est pas son rôle.
01:11Vous soupçonnez le ministre de l'Intérieur d'avoir activé sur l'arrestation de l'agent consulaire algérien ?
01:17Je pense que tout le monde a vu que depuis plusieurs mois maintenant, M. Retailleau instrumentalise la relation entre la France et l'Algérie à des vocations de politique intérieure.
01:28Et à chaque fois qu'il salit cette relation...
01:29Il n'a rien dit pour M. Retailleau, Manuel Bompard.
01:31Il a dit, il a repris la parole encore hier sur ce sujet.
01:34Et à chaque fois qu'il a sali cette relation, ensuite c'est le président de la République ou le ministre des Affaires étrangères qui sont obligés de passer derrière.
01:41Donc moi je ne connais pas la nature exacte de ce que l'Algérie reproche à la France et de ce que la France reproche à l'Algérie dans cette histoire.
01:47Ce que je souhaite et ce que je demande, c'est que ces discussions-là, elles ne se fassent pas par provocation publique permanente, par surenchère publique permanente.
01:56Je pense que le peuple français et le peuple algérien, ils ont envie de vivre en paix, en coopération et pas à se vivre comme des adversaires.
02:03Mais pour bien comprendre ce que vous dites, Manuel Bompard, et on ne va pas s'étendre sur le sujet, puisque évidemment l'histoire est extrêmement complexe,
02:09vous demandez à la France de ne pas répliquer, par exemple, si Alger décidait d'expulser ces deux agents ?
02:14Non, je demande à ce qu'il puisse y avoir une discussion entre la France et entre l'Algérie,
02:19pour faire en sorte que ces personnes ne soient pas, les personnes françaises à l'ambassade de France en Algérie ne soient pas expulsées,
02:29et que la situation qui a produit cette escalade due à la démise en détention provisoire de cet agent consulaire algérien soit aussi examinée.
02:37Enfin, écoutez, il y a souvent, il y a parfois des désaccords entre la France et l'Algérie, comme entre la France et d'autres pays.
02:43Ça ne donne pas lieu à chaque fois à la mise sur la place publique et à une logique de surenchère permanente à laquelle on assiste depuis plusieurs mois.
02:50Il est temps que cette surenchère s'arrête et que les problèmes, quand il y en a, soient réglés par la discussion, par la diplomatie, comme on l'a toujours fait, tout simplement.
02:58Et sur la place publique, également, ce matin, c'est 40 à 50 milliards.
03:01Je reviens sur le sujet budgétaire à trouver pour l'année prochaine, pour 2026,
03:06pour retrouver un déficit non pas raisonnable, mais moins déraisonnable que les années précédentes.
03:13On va évidemment parler de ce que vous allez proposer à François Bayrou demain, puisqu'il vous réunit au cours d'une conférence des finances publiques.
03:19Mais sur le constat, d'abord, Manuel Bompard, est-ce que vous êtes d'accord avec ce que dit le Premier ministre, le ministre de l'Économie ?
03:24Il faut faire des économies.
03:26Il faut faire en sorte que le déficit ne soit pas un déficit de 5,4% encore l'année prochaine.
03:32Ça, évidemment.
03:33Objectif de 4,6% l'année prochaine, pour être précis.
03:36Mais la faute à qui, madame ?
03:38Enfin, écoutez, est-ce que vous savez que le niveau de recettes, si on le prend en proportion du PIB, n'a jamais été aussi bas dans ce pays depuis 2010 ?
03:47Les recettes, c'est la somme des impôts.
03:48Est-ce que vous savez ? Mais pas seulement.
03:49Les impôts, les taxes, les TDA, les dividendes.
03:52Les recettes de l'État.
03:53Est-ce que vous savez que si les recettes de la France étaient restées au même niveau qu'en 2017, quand Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir, aujourd'hui, le déficit sera inférieur à 3% du PIB ?
04:02C'est la faute d'Emmanuel Macron ?
04:03Mais évidemment, c'est la faute d'une...
04:05Et des cadeaux faits...
04:05Évidemment.
04:06Je vois venir.
04:07Des cadeaux faits au plurif.
04:08Ce que vous allez me dire, Manuel Bompard.
04:09Écoutez, pardon, mais c'est factuel.
04:11Ce n'est pas un point de vue idéologique.
04:12Depuis qu'Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir, l'État s'est privé de 60 à 80 milliards d'euros de recettes par an.
04:20Donc ça, c'est factuel.
04:21Vous pouvez le vérifier, le chiffre que je viens de vous indiquer.
04:23Donc aujourd'hui, on nous dit qu'il faut aller trouver 40 milliards d'euros d'économie.
04:26Et en face, l'Élysée vous dit que ça a produit de la croissance, ça a produit de la réduction de chômage, du nombre de chômeurs.
04:33Ça a produit ces effets.
04:34Est-ce que Emmanuel Macron appelle cette politique de l'offre ?
04:36Est-ce que vous contestez ?
04:37Mais attendez, regardez les chiffres de croissance ce premier trimestre de l'année 2025.
04:43On est presque à zéro.
04:46Enfin, c'est ridicule.
04:46Le chômage est reparti à la hausse.
04:48Donc évidemment, cette politique n'a pas produit de résultats.
04:51Et elle a très largement contribué à appauvrir l'État, à créer du déficit, à créer de la dette publique,
04:58parce qu'Emmanuel Macron a fait le choix d'avoir une politique de multiplication des cadeaux aux plus riches et aux grandes entreprises, aux grandes multinationales.
05:06Et que l'argent qui a été donné aux plus riches et aux multinationales manque aujourd'hui pour équilibrer le budget de l'État.
05:11C'est assez simple comme logique.
05:12Et que si vous voulez un budget à l'équilibre, il faut que les recettes correspondent aux dépenses.
05:15Donc Manuel Bompard, si je comprends bien ce que vous dites, vous dites, la réponse est simple, les 40 à 50 milliards, il faut aller les chercher chez les plus riches, chez les entreprises qui font des bénéfices.
05:2340 milliards, c'est ça que veut M. Éric Lombard ?
05:25Je vous mets deux mesures sur la table, ça fait précisément 40 milliards d'euros de recettes supplémentaires pour l'État.
05:30Premièrement, ce qu'on appelle la taxe Zuckman sur le patrimoine des milliardaires.
05:34Ça concerne 147 personnes en France, si vous taxez leur patrimoine à hauteur de 2%, vous rentrez à peu près 14 milliards d'euros par an.
05:41Si elles restent en France ?
05:42Évidemment. Mais ça, après, on pourra en discuter si vous voulez.
05:45Mais la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune, qui avait été justifiée à l'époque comme étant une mesure qui allait permettre que les gens qui, soi-disant, étaient partis pour faire de l'exil fiscal reviennent finalement,
05:57il y a eu la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune, ça n'a eu aucune conséquence de ce point de vue-là.
06:01Première mesure, la taxe Zuckman, l'impôt de 2% sur le patrimoine des milliardaires, 14 milliards d'euros.
06:07Deuxième mesure, ce qu'on appelle l'impôt universel, c'est-à-dire le fait que les multinationales, qui aujourd'hui ne payent pas l'impôt,
06:14qui correspond pourtant au chiffre d'affaires qu'ils réalisent en France, parce qu'ils ont des mécanismes d'optimisation fiscale,
06:20qui fait qu'ils ont un chiffre d'affaires très important en France, mais finalement le bénéfice qui est déclaré en France n'est sans aucun rapport avec le chiffre d'affaires.
06:28Si vous décidez de taxer les multinationales au regard du chiffre d'affaires qu'elles produisent en France,
06:32c'est ce qu'on appelle l'impôt universel Zuckman, là aussi, du nom de l'économiste Gabriel Zuckman,
06:37alors vous rentrez 25 à 26 milliards d'euros par an dans les caisses de l'État.
06:4114 plus 26, si mes calculs sont bons, ça fait 40, non ?
06:44Donc M. Lombard, il a ses recettes, sauf que ce que je vois, c'est qu'il nous dit précisément que ce n'est pas ce qu'il va faire.
06:49C'est une augmentation d'impôt. Pour l'instant, la ligne fixée par le gouvernement, c'est qu'on ne revoit pas à la hausse les prélèvements obligatoires,
06:57sauf sur les hauts revenus, les personnes qui gagnent beaucoup d'argent et qui jusqu'ici avaient des effets d'optimisation.
07:06Enfin, ces 2 milliards, aujourd'hui, avec un taux d'imposition minimal à 20%.
07:1120% de ce que gagnent ces personnes, ça doit être, elles ne peuvent pas payer en dessous en termes d'impôts.
07:16Je ne sais pas comment le dire autrement, elles ne peuvent pas suroptimiser ou faire des montages fiscaux.
07:22Il y a une autre piste, M. Lombard. Est-ce que vous souhaitez, par exemple, que ce taux de 20% de taxation minimale soit revu à la hausse ?
07:28Est-ce qu'il faut aller au-delà, par exemple ?
07:29Attendez, je vais répondre à votre question, mais d'abord, je vais quand même préciser une chose,
07:32parce que je vois bien le langage qu'utilise le gouvernement.
07:37En gros, si vous proposez d'augmenter les recettes de l'État, on vous dit que vous voulez augmenter les impôts
07:40pour faire croire aux gens qui nous écoutent que c'est leurs impôts qui vont augmenter.
07:43Alors qu'en vérité, quand je vous propose une taxe sur le patrimoine des 147 milliardaires
07:48ou un dispositif pour que les multinationales payent effectivement leurs impôts en France,
07:52pardon, mais aucun Français, aucune Française aujourd'hui qui nous écoute,
07:56à part s'il est dans les 147 milliardaires, va avoir ses impôts augmentés.
08:00Je veux quand même préciser ce point-là, parce que je vois bien comment la malhonnêteté du débat public
08:04peut conduire à ce que, quand nous disons qu'il faut augmenter les recettes,
08:06on fait croire aux gens qu'à la fin, c'est eux qui vont devoir payer davantage.
08:09Ça, c'est la première chose que je veux vous dire.
08:11Deuxièmement, le dispositif dont on est en train de parler,
08:13qui a été introduit à titre normalement exceptionnel cette année.
08:16Il sera pérennisé vraisemblablement l'année prochaine.
08:18Alors manifestement, il y a des accords entre ce que dit M. Lombard et ce que dit Mme Monchalin.
08:21Mais bon, prenons...
08:22Ministre de l'économie, ministre des comptes publics.
08:24Partons du principe qu'il va être effectivement pérennisé.
08:26Je vous l'ai dit tout à l'heure.
08:28Pourquoi pas ? Je ne suis pas évidemment opposé à ce qu'il puisse être pérennisé.
08:31D'ailleurs, on avait fait nous-mêmes des amendements pour qu'il puisse l'être pérennisé.
08:34Ces amendements avaient d'ailleurs été adoptés à l'Assemblée nationale quand on a pu débattre.
08:37Ensuite, il y a eu un 49.3. Ils se sont assis sur ces amendements.
08:40Mais on parle d'une recette de 2 milliards d'euros.
08:42Donc c'est une recette qui est évidemment très faible.
08:44Et on parle quand même d'un dispositif qui vise à faire en sorte que les gens payent
08:50même pas l'impôt qu'ils doivent normalement.
08:52Parce que normalement, en France, vous savez, l'impôt est progressif.
08:55Et si vous avez des recettes très importantes, vous payez davantage d'impôt.
08:58C'est un dispositif qui est mis en place pour dire, quelle que soit l'optimisation fiscale qui est mise en place,
09:02il faut qu'il y ait au moins 20% de taux d'impôt effectif.
09:04D'accord ? Mais la dernière tranche de l'impôt, par exemple, sur le revenu, elle n'est pas à 20%.
09:08Elle est à 40, 45 et on pourrait d'ailleurs la monter plus haut.
09:11Et c'est ce que dit le gouvernement.
09:12Il dit, à l'inverse, ou en tout cas en parallèle ou en miroir à cette mesure,
09:16on peut aussi toucher aux niches fiscales.
09:18Les niches fiscales qui permettent précisément d'optimiser ce que vous payez.
09:21Vous savez, moi j'ai participé au débat à l'Assemblée nationale sur le budget de M. Barnier à l'époque.
09:26Parce qu'avec M. Bayreau, on n'a pas eu de débat.
09:28Ils disent ça dans la presse.
09:29Mais à chaque fois qu'on arrive très concrètement sur les niches fiscales,
09:32Vous vous en identifiez, Manuel Bompard, des niches fiscales, là, immédiatement accoupées,
09:37qui permettraient de faire rentrer plus de 2, 3, 4 milliards d'euros.
09:40Il y a des milliards d'euros de niches fiscales.
09:42Il y a des niches fiscales pour l'aide à la personne, par exemple, qui ne sont pas du tout bien calibrées.
09:46Il y a le crédit impôt recherche, dont tout le monde sait aujourd'hui que les entreprises bénéficient du crédit impôt recherche.
09:51Alors qu'en vérité, parfois, ça ne vient pas du tout financer un effort de recherche.
09:57Normalement, le crédit impôt recherche, c'est pour financer un effort de recherche.
10:00Quand vous voyez l'entreprise Sanofi qui a touché du crédit impôt recherche,
10:04alors qu'elle a supprimé quasiment l'ensemble des postes de chercheurs en France,
10:07vous voyez bien qu'il y a un problème avec le crédit impôt recherche.
10:09Donc oui, je veux dire, moi je suis favorable à ce qu'il y ait des nouvelles recettes.
10:12Mais évidemment qu'on peut faire des efforts sur la dépense.
10:15Par exemple, on distribue des centaines de milliards d'euros par an d'aide aux entreprises
10:20sans aucune conditionnalité, sans aucune réflexion sur à quoi ça sert.
10:24Est-ce que c'est bien utilisé ?
10:25Est-ce que ça se traduit par de la conservation de l'emploi ou par de la destruction de l'emploi ?
10:28Donc là aussi, on peut faire des efforts, évidemment.
10:31Mais cette logique qui consiste à dire, bon, augmenter les impôts, on ne peut pas.
10:35Venir remettre en cause les aides aux entreprises, on ne peut pas.
10:38Ou les niches fiscales qui profitent aux plus riches, on ne peut pas.
10:41Et à la fin, la seule solution, c'est d'aller voir tout le monde et de vous dire,
10:43il va falloir travailler plus longtemps.
10:45Ça, pardon, mais c'est une logique dans laquelle je ne me retrouverai évidemment pas.
10:49Pour l'instant, sur les niches fiscales, il y a uniquement celle sur les gardes d'enfants
10:52qui est écartée par le gouvernement.
10:54Ce que vous évoquiez dans les aides à la personne, c'est un des aspects.
10:57Un des aspects, mais il y en a d'autres.
10:58Un des aspects de...
10:59J'ai pris cet exemple, mais vous voyez qu'il y a des choses qui correspondent à des dépenses beaucoup plus importantes.
11:04Et enfin, je voudrais dire une dernière chose, Naïla Latrousse, quand même.
11:07Parce que la logique politique et économique qui consiste à faire croire
11:11qu'en réduisant la dépense publique, en quelque sorte, on va relancer l'économie.
11:15Tout le monde sait que ce n'est pas vrai.
11:17Et toutes les études, toute l'expérience, y compris économique,
11:20c'est ce qu'on a appliqué à la Grèce.
11:22Des plans d'austérité successifs, à la fin, ça s'est réduit.
11:25Ça s'est traduit par une baisse du PIB de 25%.
11:28Je rappelle ce que dit Eric Lombard, ministre de l'économie,
11:30ce que dit la porte-parole du gouvernement.
11:31C'est regarder du côté de la dépense publique,
11:34mais aussi permettre d'autres recettes, soit à travers les niches fiscales,
11:37soit je l'évoquais, à travers cette piste d'augmenter...
11:40Mais Naïla Latrousse, à un moment, on peut quand même regarder
11:42les recettes qui sont mises en place dans ce pays
11:44et savoir si elles fonctionnent ou si elles ne fonctionnent pas.
11:46Enfin, pardon, le budget de M. Bayrou,
11:50l'OFCE, qui n'est pas la France insoumise,
11:53l'Observatoire français des conjectures économiques,
11:55dit que c'est une réduction de la croissance de 0,4 points.
11:59Donc il y a une logique que tout le monde doit comprendre.
12:01Si vous contractez la dépense publique,
12:03si vous contractez l'activité économique,
12:04à la fin, ça se traduit avec moins de recettes fiscales.
12:06Et donc c'est un cercle vicieux.
12:08Et à l'inverse de ça, il faut produire un cercle vertueux.
12:11Et un cercle vertueux, ça passe par des investissements
12:13qui permettent de relancer la machine économique.
12:14Et on en a bien besoin, par exemple, dans la transition écologique,
12:17pour donner cet exemple.
12:18Juste, comme vous avez évoqué à l'instant, Manuel Bompard,
12:21cette idée de travailler davantage,
12:23vous êtes contre, évidemment, toute nouvelle réforme des retraites
12:26qui serait mise sur la table par le gouvernement.
12:28Parce qu'on entend cette petite musique montée
12:30de « il faut travailler plus, les Français ne travaillent pas assez ».
12:33Non, mais d'abord, je suis évidemment contre une nouvelle réforme
12:37qui consisterait à reporter encore l'âge de départ à la retraite
12:40ou à allonger encore la durée de cotisation.
12:42Mais je ne suis pas seulement pour ça.
12:44Je suis pour revenir sur la réforme des retraites,
12:47dont je rappelle quand même qu'elle a été passée en force par 49-3,
12:50que 90% des actifs étaient opposés
12:52au report de l'âge de départ à la retraite à 64 ans.
12:55Et qu'aujourd'hui, quand même,
12:57que tout le monde réalise,
12:59ce qui est quand même formidable d'un point de vue démocratique,
13:01vous avez aujourd'hui une majorité de députés à l'Assemblée nationale
13:03qui est pour l'abrogation de la réforme des retraites.
13:05On n'a jamais eu l'opportunité de voter.
13:07Sophie Binet vous lance un appel ce matin dans Libération.
13:09Elle vous dit que vous avez la possibilité de vous saisir de la question.
13:12C'est vrai que vous avez le référendum d'initiative partagée.
13:15Il suffit de 185 parlementaires pour l'initier.
13:17Vous avez le compte.
13:18Pourquoi pas ?
13:19Pourquoi vous ne le faites pas ?
13:20Parce qu'on a déjà essayé de le faire.
13:21Après, moi, je veux bien qu'on réexamine les conditions juridiques de le faire.
13:24Mais vous savez qu'à la fin de la mobilisation
13:27contre la réforme des retraites,
13:28quand le gouvernement est passé en force par 49-3,
13:30il y a déjà eu deux tentatives de référendum d'initiative partagée sur le sujet.
13:34Et à l'époque, le Conseil constitutionnel a considéré
13:36que les rédactions qui avaient été proposées
13:37ne rentraient pas dans le champ d'application
13:40du référendum d'initiative partagée.
13:42Mais évidemment...
13:42Donc la seule issue, c'est le référendum ?
13:43Comme le demande aussi Sophie Binet ?
13:45Mais non, mais il y a quand même une issue un peu plus simple.
13:47Mais juste le référendum.
13:48Vous le souhaitez ou pas ?
13:50Mais oui, évidemment.
13:52Moi, je suis tout à fait favorable à un référendum.
13:54Et je suis sûr que s'il y avait un référendum,
13:55les Françaises et les Français voteraient pour l'abrogation de la réforme des retraites.
13:58Mais quand même, il y a une majorité de députés à l'Assemblée nationale
14:03aujourd'hui qui sont favorables à l'abrogation de la réforme des retraites.
14:05Peut-être, je me permets de formuler une hypothèse,
14:09peut-être qu'en démocratie, un jour, on peut laisser les députés voter.
14:12C'est peut-être bien dans une démocratie de laisser les députés voter.
14:14Je décrypte le sous-titre de ce que vous dites, Manuel Bompard,
14:16c'est que la dernière fois que vous l'avez proposé,
14:18au cours d'une journée où vous aviez l'initiative des débats,
14:20il y avait eu de l'obstruction parlementaire
14:22et le texte n'avait pas pu être examiné dans les délais impartis.
14:26Oui, mais c'est quand même formidable.
14:27Je poursuis sur la retraite.
14:29Est-ce qu'il faut faire contribuer les retraités les plus riches ?
14:32Ceux qui défendent cette hypothèse,
14:34soit de revenir sur un abattement fiscal dont disposent les retraités,
14:39soit de désindexer les pensions de retraite pour les retraités les plus riches,
14:42mettent en avant comme argument qu'aujourd'hui,
14:44quand vous travaillez, quand vous êtes un actif,
14:45vous vivez moins bien que certains retraités.
14:47Moi, dans le statut quo actuel, je ne suis pas pour reporter l'indexation des retraites
14:53ou annuler l'indexation des retraites sur l'inflation pour une catégorie de la population.
14:57Par contre, dans le financement d'un retour à l'âge de départ à la retraite à 62 ans
15:01et ensuite d'un retour à l'âge de départ à la retraite à 60 ans,
15:06je pense qu'une mesure qui consiste à produire une forme de surcotisation
15:10pendant toute la vie pour les plus hauts revenus
15:12devrait faire partie du panel des mesures qui permettent de garantir l'équilibre
15:17d'un système de retraite avec un âge de départ à 60 ans.
15:22Mais impacter aujourd'hui les retraités,
15:25ça ne me paraît pas être une mesure nécessaire.
15:27Enfin, écoutez, on a les revenus, on a les ressources aujourd'hui
15:30pour pouvoir financer le retour de l'âge de départ à la retraite
15:33dans un premier temps à 62 ans et ensuite même à 60 ans.
15:36On a ces ressources, on a ces recettes.
15:38Il suffit d'avoir la volonté politique de le faire.
15:40Donc maintenant, il y a des députés qui ont la volonté politique de le faire
15:44et c'est complètement incroyable que le gouvernement refuse
15:47que ces députés puissent tout simplement voter sur le sujet.
15:50Enfin quand même, on nous a inventé un conclave
15:52en nous disant on va faire le conclave
15:54et puis à la fin du conclave peut-être que les députés pourraient voter.
15:57Bon, le conclave, tout le monde a compris maintenant que ça a échoué.
16:00Eh bien peut-être que c'est le temps que les députés puissent voter sur ce sujet.
16:02Ils ont réorienté leur débat sur le financement de la protection sociale
16:06pour être parfaitement exact.
16:08Vous avez la société et force ouvrière qui sont sortis.
16:10Quand j'écoute ce que vous dites ce matin,
16:12je n'ai aucun doute sur le fait que vous n'arriviez pas à trouver de convergence
16:14avec le gouvernement à l'issue de la conférence des finances publiques.
16:18Est-ce que ça veut dire que si vos solutions ne sont pas conservées,
16:23il y aura forcément une censure ?
16:25Et qu'est-ce que vous demandez au Parti Socialiste ?
16:27J'ai vu que Jean-Luc Mélenchon les tenait pour responsables
16:30du régime ou de la cure de minceur annoncée par Éric Lombard.
16:34À un moment, il faut dire les choses franchement.
16:36Si le gouvernement de M. Bayrou peut aujourd'hui dérouler sa politique,
16:40c'est-à-dire un budget, parce que là on parle du budget 2026,
16:43mais un budget 2025 qui fait des coupes historiques
16:45dans le budget de l'écologie, dans le budget de l'éducation nationale,
16:49dans le budget de l'enseignement supérieur, de la recherche, de la culture,
16:51tout ça c'est cette année.
16:52Bon, si ça c'est possible, si les provocations de M. Retailleau
16:55dont on parlait en introduction sont possibles,
16:57si on est dans une situation dans laquelle le gouvernement peut geler comme ça
17:00encore 9 milliards d'euros de crédit,
17:01c'est ce qu'ils ont fait il y a quelques semaines.
17:03C'est bien parce que ce gouvernement a été laissé en place.
17:05Et si ce gouvernement a été laissé en place,
17:07c'est parce que les censures n'ont pas été votées.
17:09Et si elles n'ont pas été votées, c'est la responsabilité
17:11du Parti Socialiste d'un côté qui ne l'a pas voté,
17:13et du Rassemblement National de l'autre qui ne l'a pas voté non plus.
17:16Donc évidemment, ces gens qui se prétendent des opposants
17:19sont responsables aujourd'hui de la politique qui est mise en place.
17:22Est-ce qu'il faut dire que le Parti Socialiste de revenir à vos côtés
17:25et de voter la censure ?
17:25Je crois qu'il faut qu'il réalise que les options économiques,
17:29pour prendre cet exemple-là,
17:31mais c'est vrai sur tous les aspects de la politique de ce gouvernement
17:33qui sont mis en place aujourd'hui, cette année,
17:35et qui sont envisagés pour l'année prochaine,
17:37nous amènent dans le mur.
17:38Et n'ont strictement rien à voir avec les engagements politiques
17:41que nous avons pris devant les électrices et les électeurs
17:43au moment des élections législatives.
17:46Donc nous, évidemment, nous sommes favorables à la censure de ce gouvernement.
17:49Nous avons déjà essayé à cinq reprises.
17:51À cinq reprises, nous avons déposé une motion de censure.
17:53Et nous sommes prêts, là, dans les prochains jours,
17:55à déposer une nouvelle motion de censure.
17:57Mais comme on n'a pas des motions de censure de manière illimitée,
18:00nous sommes prêts à déposer cette motion de censure
18:01si on a une garantie qu'au moins tous les députés de gauche la votent.
18:05Manuel Bompard, un dernier mot de la guerre commerciale
18:08entamée par Donald Trump qui a encore répété cette nuit
18:11qu'aucun pays n'est à l'abri,
18:14qu'aucun pays n'est protégé à l'avenir
18:16face à l'augmentation des taxes
18:19que les Etats-Unis pourraient remettre en place.
18:21Le ministre de l'Économie réunit tout à l'heure un conseil des entreprises
18:23pour discuter des effets de cette guerre commerciale
18:25et de la hausse des droits de douane.
18:27Que fait-on des 28 000 entreprises françaises
18:29qui exportent aux Etats-Unis ?
18:31Est-ce qu'on les aide ? Est-ce qu'on les taxe ?
18:32Évidemment qu'il faut les aider.
18:34Et il y a différentes mesures à mettre en place pour les aider.
18:39Évidemment, mais de toute façon, il faut aider.
18:41Moi, je n'ai pas de problème à dire qu'il faut aider évidemment
18:43les entreprises françaises qui vont être confrontées à une difficulté
18:46due à l'augmentation de ces droits de douane.
18:48On verra quelle est l'ampleur exacte puisque Trump avait fait des annonces
18:51très importantes.
18:52Finalement, il a annoncé pour l'instant une augmentation de 10%
18:55des droits de douane relatifs à la France.
18:57Non, mais c'est très important évidemment.
18:59Donc il y a certains secteurs en France qui sont impactés par cette mesure.
19:02Et par exemple, une manière de les aider, c'est de faire en sorte
19:05de ramener le prix de l'électricité, de remettre en place un blocage
19:09du prix de l'électricité, un tarif réglementé de l'électricité
19:12parce qu'on sait que c'est aujourd'hui une très grande difficulté
19:14pour la compétitivité de nos entreprises.
19:16Et ensuite, il faut des mesures de réponse aux annonces de Donald Trump.
19:20Bon, la France ne fait rien, l'Union européenne ne fait rien,
19:23le gouvernement français dit qu'on n'a qu'à en profiter
19:25pour faire une super zone de libre-échange avec les États-Unis.
19:27Tout ça n'est pas sérieux.
19:28Et je pense que notamment une mesure de réponse,
19:31c'est de se concentrer sur la taxation des grandes entreprises du numérique
19:34qui constitue l'essentiel de la balance commerciale américaine aujourd'hui.
19:36Vous l'évoquiez il y a quelques instants, Manuel Bompard.
19:38Merci d'avoir été l'invité de RMC et de BFM TV.
19:42Il est 8h52.
19:43Merci à vous.