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Après la guerre commerciale, la guerre monétaire ?

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00:00Générique
00:00...
00:00Bienvenue dans les informés de l'écho, votre émission de débat de décryptage de l'actualité économique et sociale de la semaine avec vous Emmanuel Cuny, bonjour.
00:16Bonjour à tous.
00:17Et avec nos deux informés, bonjour Catherine Luboschinsky.
00:20Bonjour.
00:21Vous êtes membre du cercle des économistes, professeur à l'université Paris, Panthéon, Assas et bonjour Anne-Sophie Alsif.
00:26Bonjour.
00:26Vous êtes enseignante en économie à la Sorbonne, chef économiste de la société BDO France après les droits de douane.
00:34Nous allons nous interroger sur l'autre guerre de Donald Trump, autre guerre envisageable, celle des monnaies, une guerre monétaire qui pourrait s'en prendre notamment à l'euro.
00:45Ça va être notre débat du jour.
00:47Mais avant cela, revenons sur l'actualité économique de ces toutes dernières heures.
00:51Je commence avec vous Anne-Sophie Alsif.
00:52Nous avons eu l'annonce de l'agence Moody's de non pas dégrader, non pas augmenter, évidemment pas la note souveraine de la dette française,
01:03mais de ne rien faire, de ne pas décider. Comment vous expliquez cette non-décision ?
01:09Oui, c'est assez étonnant parce que normalement le calendrier des publications est connu des mois à l'avance.
01:14Dégradation ou pas, les États sont prévenus, c'était le cas depuis la crise de 2008.
01:19Et là, c'est vrai qu'on n'a juste pas de publication, donc c'est vrai que c'est assez étonnant.
01:23Alors bien évidemment, vu le stress qu'on connaît et l'idée de Moody's et de dire on va commencer les discussions,
01:29notamment pour le vote du budget de l'année prochaine, qui sont quand même difficiles vu la situation politique,
01:33il ne faut pas qu'on ait un stress sur la dette supplémentaire et donc qu'on soit dans une spirale qui pourrait être assez négative pour la France,
01:40vu le contexte général et vu le contexte en zone euro. Mais c'est vrai que normalement, ils sont quand même là pour donner un avis aux investisseurs
01:48et de dire on ne publie pas, alors que c'est vrai que dans ce contexte-là, on attend d'avoir les avis et l'opinion notamment sur la dette publique,
01:55les finances publiques, puisque là on voit le gouvernement a revu sa prévision de croissance à la baisse,
01:59donc il y aura un problème de déficit qui sera sûrement plus important que prévu. C'est vrai que c'est assez étonnant.
02:03Mais donc Catherine Lubochinsky, ça veut dire que les agences de notation, quelque part, elles prennent en compte,
02:09elles ne veulent pas mettre forcément d'huile sur le feu.
02:12Oui, on leur a beaucoup reproché, surtout avant de la crise financière, de la crise des dettes souveraines,
02:16d'avoir des conséquences pro-cycliques. Donc si elles annoncent une dégradation de la note, ça empire la situation.
02:26Je crois que là, Moody's a pris acte du fait qu'on est dans une grande période d'incertitude,
02:31ce qui est très différent du risque. Parce qu'il y a un risque, on évalue les probabilités, on a un scénario moyen.
02:36Bon, voilà. Là, on ne sait vraiment pas bien où on va et je pense qu'ils ont considéré
02:42que ce n'est pas le moment de rajouter un petit peu plus de risque à cette incertitude.
02:46Alors venons-en à notre débat du jour, comme promis Emmanuel Cuny.
02:51Il y a eu donc les droits de douane, mais Donald Trump n'en a sans doute pas fini
02:55avec sa guerre économique menée au monde, cette fois-ci peut-être avec le dollar.
03:00Ben oui, la question est légitime car Washington, on le sait, est lancé dans une guerre effrénée,
03:05une bataille effrénée pour rééquilibrer sa balance commerciale avec l'étranger.
03:09Tout cela, ça veut dire exporter plus.
03:12Et pour ce faire, les États-Unis vont avoir besoin d'un dollar un peu plus faible que les autres devises
03:17pour pouvoir rendre leurs exportations plus compétitives, pour vendre moins cher à l'étranger.
03:22Donc là, c'est une autre bataille qui se prépare.
03:24Le dollar d'ailleurs est déjà en baisse depuis plusieurs semaines, lentement mais sûrement.
03:28Et cette nuit, Donald Trump a déclaré clairement « je pense que le dollar est génial ».
03:33Voilà, fin de citation.
03:34Alors cette guerre monétaire aura bien lieu.
03:36Écoutez ce qu'en pense l'ancien ministre de l'Industrie,
03:39aujourd'hui vice-président de l'Assemblée nationale, Roland Lescure.
03:43Le dollar est la devise de réserve internationale depuis des décennies.
03:47En 71, le secrétaire d'État au Trésor américain a dit au G7
03:52« Le dollar, c'est ma monnaie, c'est votre problème ».
03:56Et aujourd'hui, le président américain est en train de faire baisser massivement le dollar.
04:01Il a baissé depuis 10% depuis le début de l'année.
04:03Là aussi, c'est une opportunité pour l'Europe.
04:04On a une devise, l'euro, heureusement qu'on l'a faite en passant.
04:07Certains étaient contre.
04:08Il faut que cette devise devienne la nouvelle devise de réserve internationale.
04:12Parce que c'est la devise d'une zone dans laquelle la liberté, c'est une valeur qui existe.
04:17Le nouveau dollar.
04:18Le nouveau dollar, l'euro.
04:19Voilà, Roland Lescure, des propos très clairs.
04:22Le vice-président de l'Assemblée nationale, ancien ministre de l'Industrie.
04:25Donc, il sait de quoi il parle en termes de commerce mondial.
04:27Il était l'invité de France Info au micro de Dagat Ambray jeudi soir.
04:31Alors, Anne-Sophie Alcif, ça peut être quoi, ou ça va être quoi, d'ailleurs,
04:34le rôle du dollar dans cette guerre commerciale ?
04:37On disait Donald Trump, il le fait baisser.
04:39Il peut le faire.
04:40C'est possible de le faire baisser comme ça ?
04:42Non, c'est compliqué.
04:43Ce qui est assez intéressant, c'est qu'il le fait baisser
04:45pour, justement, accroître la compétitivité des exportations américaines.
04:49Mais il faut regarder, justement, quelles sont ces exportations.
04:52On l'a dit, c'est pour ça qu'il y a cette guerre commerciale,
04:54les États-Unis sont très désindustrialisés.
04:56Et là où ils sont forts, c'est sur les services financiers et bancaires,
04:59où il y a beaucoup de valeurs qui sont créées,
05:01et donc où, on va dire, l'aspect compétitivité est moins important
05:04que si vous exportiez des t-shirts avec très peu de valeurs ajoutées.
05:08Donc, c'est vrai que d'avoir cette analyse, vu le profil de ce qui est exporté par les États-Unis,
05:12est assez étonnant, parce qu'en effet, ils ne sont pas comme la Chine
05:16ou d'autres pays qui exportent massivement des biens manufacturés bas et milieu de gamme.
05:20Alors, ça sert à quoi ?
05:21Voilà, déjà.
05:22Et l'autre élément, moi, je pense que c'est plutôt une arme géostratégique,
05:25puisque par rapport à ce qui a été très bien dit,
05:27l'idée, c'est ce qu'on voit, le dollar ne progresse plus
05:30dans les réserves de change et détenues par le monde entier.
05:34Il y a d'autres monnaies qui apparaissent.
05:36Malheureusement, ce n'est pas l'euro qui domine,
05:38mais vous avez une diversification avec de plus en plus de monnaies,
05:40dont la monnaie chinoise.
05:42Et il sait très bien que la Chine veut justement lutter
05:44contre cette prédominance du dollar.
05:46La Chine réunit beaucoup de pays en Afrique, en Amérique du Sud,
05:50pour essayer d'avoir des échanges en dollars.
05:52On se souvient lors de la guerre avec la Russie,
05:54Vladimir Poutine avait dit « je veux commercer et je vais acheter des devises
05:57et ne pas passer par le dollar ».
05:58La Chine l'a soutenue.
05:59Donc, on voit qu'il y a une guerre des monnaies qui est bien au-delà du commerce,
06:02qui met vraiment sur l'hégémonie internationale
06:05et la puissance que l'on a.
06:06Les États-Unis le savent, le dollar, c'est la monnaie de réserve internationale
06:10et surtout, c'est la monnaie des échanges commerciaux.
06:13Et ça, la Chine est très dépendante par rapport à ça
06:14en étant une puissance exportatrice.
06:16Donc, à mon sens, c'est beaucoup plus géopolitique
06:17que seulement une guerre des monnaies.
06:19Pour bien comprendre, Catherine Luboschinsky,
06:21pourquoi des pays disent effectivement
06:23« nous, le dollar, on n'en veut plus,
06:25enfin, essayons de commercer autrement ».
06:30Parce qu'à chaque fois qu'on utilise le dollar,
06:32quelque part, in fine,
06:33on va avoir un besoin de refinancement de dollars.
06:35C'est-à-dire, on crée une dépendance vis-à-vis des États-Unis.
06:38Et c'est ce qui leur donne le pouvoir d'extraterritorialité
06:40et d'imposer des sanctions
06:41à ceux qui ne respectent pas,
06:43par exemple,
06:44les contraintes sur certains pays
06:47ou certains comportements.
06:49Donc, alors,
06:51essayer de
06:52s'affranchir du dollar,
06:54ça veut dire créer une autre monnaie
06:56dans le système monétaire international,
06:58une autre monnaie internationale.
06:59Et pour ça, il faut être une puissance économique.
07:02Mais il faut aussi avoir une confiance
07:03dans la zone.
07:04Et on voit bien que la progression de l'euro
07:06était très forte
07:07après sa création
07:09jusqu'à la crise des déts souveraines
07:11où là, on s'est interrogé
07:12sur la pérennité de l'euro à une époque.
07:14Et ça a cassé un petit peu la confiance
07:16parce que sinon, l'euro
07:17aurait pu devenir
07:20une monnaie de réserve internationale
07:23aussi importante que le dollar.
07:25Aujourd'hui, on se situe comment
07:26par rapport au dollar ?
07:27Le dollar, c'est 60%
07:29des réserves mondiales.
07:31L'euro,
07:32je n'ai pas les statistiques.
07:34Je ne sais plus.
07:34C'est de toute évidence,
07:35si on compte le yuan
07:36plus l'euro,
07:37ça va faire beaucoup moins que ça.
07:38C'est entre 20 et 30.
07:39Je ne sais plus exactement combien.
07:41Le yuan,
07:41on en parle beaucoup,
07:42mais ce n'est pas
07:43une monnaie internationale
07:44et ça ne peut pas encore le devenir
07:45parce qu'il n'y a pas
07:46la libéralisation totale
07:48des flux de capitaux.
07:49On parle de la monnaie chinoise.
07:50Le yuan, oui.
07:52J'espère que j'ai dit le yuan.
07:54Vous avez dit le yuan.
07:54Il n'y a pas la libéralisation totale
07:58des flux de capitaux.
07:59On ne peut pas emprunter
08:00comme on veut,
08:00on ne peut pas prêter
08:01comme on veut.
08:01Ça ne concurrence pas du tout l'euro.
08:05Justement,
08:06quand on entend tout ça,
08:06Emmanuel Cuny,
08:07on se dit que dédollariser
08:09l'économie mondiale,
08:10ce n'est peut-être pas pour demain.
08:11C'est le grand principe
08:13défendu par ce qu'on appelle
08:14le sud global,
08:15c'est-à-dire des pays
08:16du sud généralement
08:17qui n'ont pas d'intérêt commun
08:19mais qui voudraient bien
08:20s'émanciper du billet vert.
08:22C'est ce qui a été dit
08:23par Anne-Sophie Alsif
08:23et Catherine Luboschinsky.
08:26Mais ça présente quand même
08:26des risques.
08:27On a parlé du yuan.
08:28Là, c'est à observer
08:29de très très près.
08:31Il faut voir quand même
08:32que le dollar est stabilisant
08:33dans la mesure où
08:34quand on regarde
08:35la baisse des prix du dollar,
08:36pour nous,
08:37c'est un avantage.
08:38C'est la baisse des prix d'énergie,
08:39notamment la baisse
08:39du prix du pétrole.
08:41Donc ça,
08:41ça peut renforcer peut-être
08:42la compétitivité
08:43de nos entreprises
08:44mais ça reste quand même
08:45un gros point d'interrogation.
08:47De là à dédollariser
08:48l'économie mondiale,
08:49ce n'est pas demain la veille.
08:50Ce n'est pas pour demain.
08:51Juste un tout petit mot
08:52à vous deux,
08:53Anne-Sophie Alsif
08:54et Catherine Luboschinsky.
08:56Si ce n'était pas le dollar,
08:57ce serait quelle monnaie du coup ?
08:59Ce n'est pas le rouble ?
08:59Ce n'est pas le yuan visiblement ?
09:01L'euro.
09:01L'euro.
09:02Ça pourrait être que l'euro.
09:03Que l'euro.
09:03Ça pourrait être que l'euro.
09:04Mais comme on l'a dit,
09:06on voit que ce n'est pas pour demain
09:07et que le problème de l'euro aussi,
09:08c'est qu'on a un marché
09:09qui n'est pas unifié,
09:10notamment au niveau
09:11du marché de capitaux.
09:12Mais peut-être que ça va changer
09:12avec la crise.
09:13On entre dans quelque chose
09:13de technique,
09:14mais effectivement,
09:15ça a son importance également.
09:16Vous restez avec nous.
09:17On continue ce débat
09:18sur la guerre des monnaies
09:20juste après le fil info
09:22de 9h50.
09:23Magali Homo.
09:24Les recherches se poursuivent
09:26aujourd'hui dans la Vienne
09:27pour retrouver Agathe,
09:28la joggeuse de 28 ans
09:30portée disparue
09:31depuis jeudi matin.
09:32Une centaine de forces
09:33de l'ordre sont mobilisées.
09:34Un appel à témoins
09:35a été lancé.
09:37Des manifestations aujourd'hui
09:38un peu partout en France.
09:39Une trentaine d'organisations
09:40de la société civile
09:41appelle à se mobiliser
09:43pour dénoncer les attaques
09:44menées contre la justice
09:45après la condamnation
09:46de Marine Le Pen
09:47pour détournement
09:47de fonds publics.
09:49A Paris,
09:49le rendez-vous est fixé
09:50à 17h,
09:51place de la République.
09:52Les députés approuvent
09:53la création d'un droit
09:54à l'aide à mourir.
09:56Ils ont commencé hier
09:57en commission
09:57l'examen de la proposition
09:58de loi sur la fin de vie.
10:00Ce droit permettra
10:01aux patients de choisir
10:02entre s'administrer
10:03soi-même le produit létal
10:05ou avoir recours
10:06à un médecin ou un infirmier.
10:08Les coureurs cyclistes
10:09du Paris-Roubaix
10:10vont affronter
10:10des pavés,
10:11de la poussière,
10:12du vent et de la boue.
10:13L'enfer du Nord
10:14portera bien son nom
10:16ce week-end.
10:16Avant les hommes,
10:17demain,
10:17ce sont les femmes
10:18qui prennent le départ
10:19de Denain à 13h10,
10:21148 kilomètres au total.
10:23Et c'est à suivre
10:23sur France Info.
10:26France Info.
10:29Les informés de l'écho,
10:31Emmanuel Cuny,
10:33Adrien Beck.
10:34Toujours avec Anne-Sophie
10:36Alsif,
10:37enseignante en économie
10:38à la Sorbonne,
10:38chef économiste
10:39de la Société d'études
10:39BDO France
10:41et Catherine Luboschinski,
10:42membre du Cercle des économistes
10:43et professeur
10:44à Paris-Panthéon-Assas.
10:46Nous parlions donc,
10:48Emmanuel,
10:48de cette guerre
10:49des monnaies.
10:50Nous allons continuer
10:51à en parler
10:52puisqu'elle pourrait
10:53donc s'ajouter
10:54aux taxes douanières
10:55de l'administration Trump.
10:56Eh oui,
10:56qui dit guerre monétaire,
10:57dit confrontation.
10:59Très clair d'ailleurs,
11:00maintenant,
11:00il n'y a plus secret.
11:00On y est,
11:01on est rentré
11:01dans le dur du sujet,
11:02confrontation entre le dollar,
11:04l'euro et le yuan chinois.
11:07Mais en fait,
11:08l'orgueil d'une monnaie forte
11:10aujourd'hui
11:10n'a plus aucun sens.
11:11Un pays ou une zone
11:12qui dit,
11:12moi, ma monnaie est forte,
11:14c'est un non-sens
11:14par rapport aux exportations,
11:16justement.
11:16Encore une fois,
11:16même quand l'euro
11:17est plus fort que le dollar,
11:18on exporte plus cher,
11:19donc on n'a pas intérêt
11:20à avoir un euro
11:21plus fort que le dollar.
11:22Le vrai enjeu,
11:23c'est si le dollar
11:24dévise littéralement,
11:25quelle réaction va-t-on avoir
11:26côté européen ?
11:27Comment on va mettre
11:30la Banque Centrale Européenne ?
11:32La question,
11:33quelles sont les marges
11:33de manœuvre de la BCE
11:34pour lutter face
11:35à une baisse du dollar ?
11:36On va parler
11:37de la Banque Centrale Européenne.
11:38D'abord,
11:38j'avais juste une question
11:39à Anne-Sophie Alsif
11:40sur les Etats-Unis encore,
11:41puisqu'on a dit
11:42que la baisse du dollar,
11:44c'est donc
11:44les exportations moins chères,
11:46mais les Etats-Unis
11:47importent beaucoup par ailleurs.
11:48Oui,
11:49c'est ce que j'ai expliqué.
11:49C'est pour ça que je me disais
11:50ce qui est important,
11:51c'est quel profil
11:52et comment vous êtes situés
11:53sur le commerce international.
11:54Ce que je veux dire,
11:54c'est que du point de vue
11:55de la politique de Donald Trump
11:56vis-à-vis des Américains,
11:58c'est quelque chose
11:59qui peut être risqué, non ?
11:59Ça peut être encore
12:00une fois inflationniste,
12:01mais bon,
12:02avec les droits de douane
12:02et énormément de mesures
12:04qu'il a mises en œuvre
12:04pour justement taxer
12:05tout ce qui rentrait
12:06aux Etats-Unis,
12:07on voit que ce n'est pas
12:07juste ça qui va rajouter.
12:09C'est plutôt les droits de douane.
12:10Mais en effet,
12:11vous avez raison,
12:12ça ne va pas améliorer.
12:14Alors,
12:14comme le disait Emmanuel,
12:15donc parlons de la réaction
12:16possible,
12:18la possible réaction européenne,
12:19Catherine Luboschinski,
12:20comment vous la verriez
12:22si l'euro devait être attaqué ?
12:25Est-ce que c'est la BCE
12:26qui peut réagir,
12:27la Banque Centrale Européenne
12:28qui gère donc l'euro ?
12:29Comment ça fonctionne ?
12:31Alors,
12:32je suis un peu mal à l'aise
12:33parce que l'euro attaqué
12:34à la hausse,
12:35vous semblez dire,
12:37en fait,
12:37c'est le taux de change
12:38principal sur le marché
12:40d'échange,
12:41c'est l'euro-dollar.
12:42Donc,
12:42s'il y a une monnaie
12:42qui baisse mécaniquement,
12:43l'autre augmente.
12:45Et la grande question,
12:46c'est quels sont
12:46les déterminants des taux de change
12:47en change flexible.
12:49Et ça,
12:49c'est très compliqué.
12:50Il y a l'équilibre court terme,
12:52il y a l'équilibre long terme,
12:53il y a plein de choses.
12:53Déjà,
12:54vous avez peut-être perdu
12:54un certain nombre de minutes.
12:56Ah bon,
12:56pardon.
12:57Alors,
12:57en particulier,
12:58il y a les taux d'intérêt
12:59qui vont être très importants
13:00parce que les banques centrales,
13:01elles n'ont pas assez de réserve.
13:03Il faut savoir
13:03que sur le marché des changes,
13:04vous avez 7500 milliards.
13:05Donc,
13:06les taux d'intérêt,
13:06de quels taux parle-t-on ?
13:07Les taux d'intervention
13:08de la banque centrale.
13:10Donc,
13:10si la banque centrale,
13:11normalement,
13:12européenne,
13:13baisse son taux,
13:13en théorie,
13:14ça veut dire que l'euro
13:15est moins attractif
13:16par comparaison
13:18avec les taux américains.
13:20Parce qu'il rapporte moins
13:21aux investisseurs.
13:22Il rapporte moins aux investisseurs,
13:23les taux sont plus faibles.
13:24Et ça,
13:24c'est une arme
13:25qu'on a commencé à voir.
13:26On se demande
13:27qui est-ce qui a vendu
13:28beaucoup de titres américains
13:29parce que les taux
13:30à long terme américains
13:32ont commencé à augmenter.
13:34Et donc,
13:34s'ils augmentent...
13:35Parce qu'un certain nombre,
13:36pour être précis,
13:36un certain nombre,
13:37enfin,
13:37beaucoup d'ailleurs
13:37de titres de dettes américaines
13:39sont détenus à l'étranger
13:40et notamment
13:41par le Japon et la Chine.
13:42Et la Chine
13:43est des investisseurs privés aussi.
13:46Ils en détiennent beaucoup.
13:47Donc,
13:48voyons un peu
13:49l'incertitude grandir
13:50sur les États-Unis.
13:51Ils ont vendu leurs titres.
13:53Alors,
13:53on ne sait pas
13:53si la Chine
13:54a été un acteur massif ou pas.
13:56Mais toujours est-il
13:56que les taux longs américains
13:58ont augmenté.
14:00Et ça,
14:00ça contrebalance
14:02les tentatives
14:03de faire baisser le dollar
14:05quelque part.
14:06Parce qu'en réaction,
14:08ça peut attirer
14:08de nouveaux investisseurs.
14:10Et ce n'est pas bon
14:10pour la dette américaine,
14:11par ailleurs ?
14:12Alors,
14:12si les investisseurs reviennent,
14:14ça va.
14:14Mais quand les taux remontent
14:16et qu'il y a des ventes massives,
14:17ce n'est pas bon
14:18pour la dette américaine.
14:19Et c'est peut-être
14:19ce qui a fait réfléchir
14:20un peu Trump
14:22ces derniers jours.
14:23Ça a contribué.
14:24Anne-Sophie Assif,
14:25est-ce qu'on peut faire
14:25quelque chose
14:26donc en cas de
14:27si Donald Trump
14:28fait tout
14:28pour que le dollar baisse ?
14:30Alors,
14:31c'est assez intéressant
14:31quand on est le fameux
14:32lundi noir.
14:33On s'est dit,
14:34oh là là,
14:34les bourses s'effondrent
14:35justement.
14:36Et qu'est-ce qu'on va faire
14:37notamment des personnes,
14:38des capitaux
14:38qui ont de l'épargne ?
14:39Est-ce que vraiment
14:40ils vont perdre
14:40énormément d'argent ?
14:41Là,
14:42c'est vrai que je pense
14:42que c'est l'occasion
14:43de se dire
14:43peut-être qu'on peut
14:44réinvestir toute une grande
14:46partie de l'épargne
14:47parce qu'on investit
14:47beaucoup aux Etats-Unis,
14:48également en Europe
14:49et également pour financer
14:50nos entreprises
14:51en France et aux Etats-Unis.
14:53En France,
14:54pardon,
14:54et en Europe.
14:55On le voit par rapport
14:55au Japon.
14:56Vous voyez que beaucoup
14:57des épargnants
14:58utilisent cet argent
14:59pour financer la dette
15:00japonaise,
15:01mais également leur économie.
15:02Ce qui fait que le Japon
15:02a un taux de dette
15:03qui est extrêmement élevé
15:04mais qui n'est pas du tout risqué
15:06parce qu'il est devenu
15:07par les résidents.
15:07Nous, on pourrait faire
15:08et c'est peut-être l'occasion
15:09quand il y a une crise
15:10et de trouver une opportunité
15:11de faire pareil en Europe.
15:12On a énormément d'épargne.
15:13On l'a dit,
15:14800 milliards qui dorment
15:15sur les comptes courants
15:16qui ne sont pas du tout utilisés.
15:19Eh bien, cet épargne
15:19on pourrait être
15:20de plus en plus l'orienter
15:21pour justement,
15:21si on unit le marché européen,
15:24faire que cet argent
15:25finance l'économie réelle,
15:26les entreprises françaises
15:27et européennes peut-être
15:28pour avoir après
15:29des géants européens
15:31et s'affranchir
15:32de la domination américaine.
15:33C'est une option.
15:34Disons un mot,
15:35Emmanuel Cuny,
15:35également de ces autres monnaies
15:37qu'on connaît
15:38dont on parle beaucoup aussi
15:39qui ne seront peut-être pas
15:41victimes de la guerre
15:44puisque Donald Trump
15:45les aime beaucoup.
15:45Je parle des crypto-monnaies.
15:46Oui, elles en font peut-être partie.
15:47Alors, monnaie,
15:48c'est tout le terme
15:48je ne dirais pas péjoratif
15:50mais problématique.
15:52On parle plutôt
15:52d'actifs hyper spéculatifs.
15:56On a vu le bitcoin là.
15:57Le bitcoin est redescendu
15:58à moins de 75 000 dollars l'unité.
16:02Il est au plus bas.
16:03Il était presque à 100 000 l'unité.
16:04Oui, et il est au plus bas
16:05depuis l'élection de Trump.
16:06Donc là, on voit
16:07que cet actif hyper spéculatif,
16:08là, on y a perdu
16:09beaucoup, beaucoup de plumes.
16:11Trump est un grand promoteur
16:11des monnaies.
16:12Ça veut dire que ça coince.
16:13Ça veut dire que ces monnaies
16:14ont un problème.
16:15Enfin, ces crypto-actifs
16:16hyper spéculatifs
16:17ont un problème.
16:18Et Trump a essayé lui-même
16:19d'ailleurs de créer
16:20sa propre monnaie.
16:21Il en a fait.
16:22En un week-end,
16:22ça a pris 800%.
16:23Est-ce qu'il a une ambition aussi
16:25de contourner le dollar
16:26avec sa propre monnaie ?
16:28Ça devient dangereux.
16:29Le mystic-gris,
16:30on n'arrive plus à le maîtriser.
16:31Qu'est-ce que vous en pensez
16:32là-dessus, Catherine Luboschinsky ?
16:35C'est qu'un des arguments
16:37qui étaient avancés
16:38par les défenseurs
16:39des actifs numériques
16:41ces derniers temps,
16:42c'était de dire
16:42que c'était une valeur refuge
16:43comme l'or.
16:44Pas de chance.
16:45L'or, il a bien monté,
16:46mais le bitcoin en particulier
16:48a bien dégringolé.
16:51Voilà, ce ne sont pas des monnaies.
16:53Et sur l'attitude de Donald Trump,
16:54en deux mots,
16:55Anne-Sophie Elsif,
16:55vis-à-il des cryptos ?
16:56C'est vrai que c'est assez étonnant
16:58d'avoir un président
16:59qui crée sa propre monnaie
17:00pour concurrencer peut-être
17:02la monnaie de la Banque Centrale.
17:03C'est assez inédit.
17:03Mais les banques centrales
17:04dont la Banque Centrale Européenne
17:06ont des projets
17:06de crypto-monnaie, justement.
17:09Oui, tout à fait.
17:09Mais ce n'est pas la même chose.
17:10On aura sans doute l'occasion
17:10d'en reparler, Emmanuel Gouigny.
17:12Merci à vous.
17:13Merci Catherine Luboschinsky.
17:14Vous êtes membre
17:15du Cercle des économistes,
17:16professeur à l'Université Paris,
17:17Panthéon, Assas.
17:19Et merci Anne-Sophie Elsif,
17:20enseignante à la Sorbonne,
17:22chef économiste
17:22de la Société d'études BDO France.
17:25Merci d'avoir suivi
17:26les informés de l'écho.
17:27Sous-titrage Société Radio-Canada