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Droits de douane : l’UE pourrait-elle sortir gagnante ?

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00:00Générique
00:00...
00:00Bienvenue dans les informés de l'Europe, votre émission de décryptage de l'actualité européenne comme chaque semaine à 9h40.
00:15Bonjour François Baudonnet.
00:16Bonjour Adrien, bonjour à tous.
00:17On est évidemment avec vous comme chaque dimanche.
00:20On vous retrouve également toute la semaine sur France Info Télé pour votre chronique internationale dans la matinale.
00:27Un sujet qu'on a déjà abordé sur ce plateau avec vous mais qui va être au cœur de nos échanges aujourd'hui, c'est bien sûr les droits de douane de Donald Trump.
00:36Alors autant on pouvait s'inquiéter il y a quelques jours, autant on peut se poser une question ce matin.
00:41L'Europe peut-elle dire ouf ? Peut-elle souffler un peu ?
00:45L'Europe a en tout cas été très intelligente, dit Donald Trump, qui a suspendu, fait une pause en tout cas sur les droits de douane européens.
00:52On va en parler avec nos deux invités, François.
00:54Et nos deux informés de l'Europe sont Louise Baudet, chef du pôle Europe de la rédaction internationale de Radio France et Richard Verly, correspondant pour la France et pour l'Europe du quotidien suisse Blic.
01:06Donc si on se compare, on peut effectivement se consoler, François Baudonnet, parce que la Chine, autant la Chine est dans une guerre commerciale avec les Etats-Unis, autant l'Europe à côté, ça semble être une forme de lune de miel.
01:17Oui, alors une lune de miel provisoire, on va dire. En tout cas, l'attitude de grande prudence de la part de l'Union européenne dans sa riposte aux droits de douanes américains a été validée, on va dire, par la pause de 90 jours annoncée par Donald Trump.
01:31L'Union européenne a elle-même mis sa riposte en pause, comme l'a rappelé Valdis Dombrovski, qui est le commissaire européen à l'économie.
01:39Je voudrais réitérer le message que j'ai adressé plus tôt cet après-midi, à savoir que nous sommes prêts à négocier et que nous nous félicitons donc de la pause de 90 jours sur les droits de douane réciproques supérieurs à 10% qui créent un espace de négociations.
01:57L'UE a donc suspendu les contre-mesures pendant 90 jours pour donner une chance à ces négociations.
02:03Toutefois, il est important de noter que les droits de douane réciproques de 10% restent en vigueur pour presque tous les pays et qu'ils représentent toujours un coup dur pour l'économie mondiale.
02:15Bon alors, pour y voir clair, parce que c'est un peu compliqué cette affaire, ça change tous les jours.
02:19Aujourd'hui, les produits européens sont taxés par les Etats-Unis à hauteur de 10% et non pas à hauteur de 20%, comme l'avait annoncé dans un premier temps Donald Trump.
02:28Sauf les voitures, l'aluminium et l'acier qui sont toujours taxés à 25%.
02:31Aujourd'hui dimanche, un autre commissaire européen, le commissaire européen au commerce, Maros Sefcovic, se rend à Washington où il espère, nous dit-on en Bruxelles, je mets des guillemets, signer des accords.
02:42Et il va proposer à nouveau la suppression de tous les tarifs douaniers sur les produits industriels entre l'Union Européenne et les Etats-Unis.
02:49Problème, Donald Trump a déjà dit que ce n'était pas suffisant.
02:53Cette espèce de zone sans droit de douane, Richard Verly, est-ce que Donald Trump aurait intérêt à l'accepter ?
03:01Écoutez, si son objectif est, comme il le dit, d'empêcher la Chine d'accéder au rang de première puissance mondiale et finalement d'obliger la Chine à transformer son économie,
03:11oui, la zone de libre-échange transatlantique, elle a du sens.
03:14Je rappelle que c'est une proposition européenne depuis 2016, c'est-à-dire depuis le premier mandat de Donald Trump,
03:19et elle permettrait effectivement que les biens circulent librement des deux côtés de l'Atlantique.
03:26Ça permettrait aux Américains d'exporter davantage, en théorie, et ça permettrait aux Européens de poursuivre leur commerce.
03:32Donc oui, c'est une bonne idée.
03:34La difficulté, c'est bien évidemment, ça ne répond pas à un objectif de Donald Trump,
03:38qui est de ramener de l'argent dans les caisses de l'Amérique.
03:41Il en a besoin, les Etats-Unis ont besoin d'argent,
03:43et on oublie que les tarifs qu'il est en train de mettre en place sont aussi là pour ça.
03:48Ce n'est pas seulement pour modifier la donne commerciale,
03:51c'est aussi pour permettre aux Etats-Unis de se refaire, si je puis dire,
03:54car vous savez que leur dette est abyssale,
03:56et la preuve, c'est qu'ils sont extrêmement vulnérables sur ce terrain-là.
03:59Donc, Louise Baudet, pour cette raison-là, peu probable que Donald Trump accepte.
04:02Il imagine tirer du cash, j'allais dire, de ses droits de douane.
04:06On ne va pas trop essayer de deviner ce que Donald Trump souhaite ou pas.
04:10Je pense que ce serait assez risqué vu l'imprévisibilité du bonhomme,
04:12mais ce qui est vrai, c'est qu'on vient de le dire,
04:16son objectif de remplir les caisses pour rembourser la dette et pour réduire les impôts,
04:23ce qui est quand même sa grande promesse de campagne,
04:26enfin l'une de ses nombreuses grandes promesses de campagne.
04:28Ça, la zone de libre-échange ne répondrait pas à cet impératif.
04:32Puis un second impératif que Donald Trump s'est donné,
04:36un second objectif, c'était de ramener, de rapatrier les investissements
04:40et de relocaliser l'emploi, les emplois industriels aux Etats-Unis.
04:44Cette promesse finalement d'America first, mais qui recommencerait à produire
04:48et qui ne ferait plus que consommer, ce qui est quand même un peu le cas aujourd'hui des Américains.
04:52Ils consomment beaucoup plus qu'ils ne produisent, en tout cas sur le point industriel.
04:54Cette promesse hyper protectionniste, un peu presque d'autarcie, en fait, dans l'esprit,
05:02c'est l'antithèse de la zone de libre-échange proposée,
05:04enfin qui fait partie du panel de propositions que Sefcovic emmène aux Etats-Unis.
05:11Sachant que cette idée, c'est Elon Musk qui l'a aussi défendu le week-end dernier,
05:15ça c'est intéressant à noter.
05:17Elon Musk qui participait à un rassemblement de la Ligue,
05:21le parti d'extrême droite italien de Matteo Salvini, en visio,
05:24et qui le week-end dernier a dit que cette zone de libre-échange,
05:27eh bien il la souhaitait.
05:31Ce qu'il faut quand même rappeler, c'est qu'Elon Musk, selon Bloomberg,
05:33sa fortune a fondu de 130 milliards de dollars depuis le 1er janvier.
05:37Ça fait peut-être réfléchir aussi.
05:38Voilà. Mais ce n'est pas du tout sûr que Donald Trump soit sur la même ligne,
05:41vraiment sur le plan proprement idéologique.
05:42En tout cas, il est possible qu'il y ait un deal, François Baudonnet,
05:46entre l'Europe et les Etats-Unis.
05:48Ça pourrait ressembler à quoi ?
05:50Alors Donald Trump voulait taxer l'Europe à 20%.
05:52Pour l'instant, on l'a dit, la taxe provisoirement à 10%.
05:56Alors peut-être que le deal, l'accord, pourrait se trouver par exemple au milieu,
06:00je ne sais pas, aux alentours de 15% par exemple.
06:03En fait, il y a aussi un autre aspect, c'est qu'il considère que la TVA européenne,
06:07la taxe sur la valeur européenne, donc qui est de 20%,
06:09il considère que c'est une forme de droit de douane.
06:12Alors c'est faux, ce n'est pas un droit de douane,
06:14mais c'est vrai que ça renchérit les exportations des entreprises américaines.
06:20Donc là aussi, peut-être que sur la TVA, les Européens pourraient peut-être faire un effort
06:25et dire par exemple que pour les entreprises américaines, spécialement,
06:30peut-être que ce taux de TVA serait réduit.
06:32Mais c'est vrai que ce serait les favoriser par rapport à...
06:35Voilà, exactement.
06:35Donc ça poserait effectivement un problème d'inégalité entre les entreprises des différents pays.
06:41Donc là, il faudrait trouver une solution.
06:42Et puis il y a aussi deux questions qui restent,
06:45c'est est-ce que l'Europe, elle, en retour,
06:48admettons qu'il y a une taxation de 15% d'un côté,
06:52est-ce que l'Europe va faire la même chose dans l'autre sens ?
06:54Et puis quid de l'acier, de l'aluminium et des voitures toujours taxées à 25% ?
06:59Donc on disait lune de miel, si on reste dans cette parabole-là,
07:04dans cette comparaison, je dirais qu'actuellement,
07:07on est en train de signer le contrat de mariage, mais que ce n'est pas encore fait.
07:11Sauf, Richard Verlick, si on n'est plus dans une lune de miel,
07:14mais plutôt dans un divorce, c'est-à-dire que s'il n'y a pas d'accord,
07:16si on se sépare en se disant ça ne fonctionne pas,
07:19qu'est-ce qui se passe côté européen ?
07:21D'abord, pour le commissaire européen Sefcovic, qui s'occupe du commerce,
07:24il y a un premier défi, c'est que son rendez-vous soit maintenu.
07:27Puisque la dernière fois qu'il est allé à Washington,
07:29il a repris l'avion sans rendez-vous.
07:31C'était il n'y a pas si longtemps.
07:32Donc déjà, s'il peut rencontrer les responsables américains,
07:35ce sera un premier succès.
07:36Ensuite, effectivement, il va falloir agender d'autres réunions.
07:40Je pense qu'en parlant du contrat de mariage,
07:42on est au tout début de l'ébauche du contrat,
07:44on est loin du dernier paragraphe.
07:46Et puis l'autre chose pour l'Union européenne,
07:48c'est la politique qu'elle va avoir vis-à-vis de la Chine.
07:50Parce que c'est ça l'obsession de Donald Trump.
07:52Donc il va à coup sûr, via son secrétaire d'État au commerce Lutnik,
07:57rappeler aux Européens que pour lui,
07:59il est hors de question qu'il y ait un rapprochement Union européenne-Chine.
08:03Or en ce moment, c'est ce qui se passe,
08:04y compris Mme von der Leyen.
08:06Elle a dit qu'une option, et c'est naturel,
08:09c'est de conclure des accords commerciaux avec la Chine
08:11pour contrebalancer ce que l'Europe va perdre avec les États-Unis.
08:14Donc au-delà du commerce,
08:16c'est bel et bien un défi stratégique
08:18qui est posé en ce moment à l'Union européenne.
08:20Et je rappelle que Donald Trump, pour l'instant,
08:22ne veut pas voir Mme von der Leyen dans son bureau,
08:25alors qu'elle aimerait sans doute y aller.
08:26Ni la prendre au téléphone d'ailleurs.
08:27Ni la prendre au téléphone.
08:28C'est quand même un...
08:29Il y a aussi un autre...
08:30C'est toujours l'idée de Donald Trump de dire
08:32que ces organisations supranationales ne sont pas légitimes.
08:36Elles n'existent pas, elles sont faibles, ça ne m'intéresse pas.
08:39Lui, il veut des discussions bilatérales.
08:42Et ce que pourrait quand même faire éventuellement l'Europe,
08:44c'est mettre en route ce qu'on appelle le dispositif anticoercition.
08:49Donc on en a déjà parlé plusieurs fois ici.
08:51Dispositif anticoercition, ça consiste à dire,
08:53puisqu'on a un État tiers, autre qu'européen, qui ne joue pas le jeu,
08:58alors on déploie une forte artillerie contre lui.
09:02Droits de douane, bien sûr, mais pas uniquement.
09:03Ça pourrait par exemple lui interdire d'accéder au marché public européen.
09:08Et ça pourrait être tapé là où ça fait mal,
09:11c'est-à-dire sur les grandes plateformes américaines du numérique.
09:14Ça, c'est une possibilité.
09:16Le problème, c'est que c'est un truc dissuasif.
09:17Et que, par définition, la dissuasion, elle est faite pour ne pas être appliquée.
09:21Est-ce que, voilà, est-ce que Louis Baudet, Donald Trump,
09:24il peut avoir peur de cette arme, entre guillemets,
09:27on dit que c'est une arme nucléaire, en quelque sorte, cette arme anticoercition ?
09:31C'est pareil, savoir exactement ce qui fait peur ou pas à Trump,
09:34c'est pas très facile.
09:36Mais ce qui est vrai, c'est que...
09:38Rationnellement, en tout cas, il pourrait avoir peur ?
09:40En tout cas, c'est bien la question de la crédibilité de la riposte européenne qui est en jeu.
09:44Ça, c'est vrai.
09:46Sachant que, c'est un peu tarte à la crème,
09:48mais la question de l'unité des Européens,
09:50elle doit aussi être interrogée.
09:54Avec l'Italie, etc.
09:55Voilà, on n'a pas tous les mêmes engagements
09:59et pas tous les mêmes intérêts à sortir cette arme nucléaire,
10:03parce qu'il y a l'effet boomerang de l'arme nucléaire.
10:05Donc, l'Allemagne aussi pouvait peut-être être...
10:08Déjà, juste pour redonner quelques chiffres,
10:11les exportations vers les Etats-Unis,
10:12c'est 1,5% du PIB français,
10:143% du PIB italien,
10:164% du PIB allemand,
10:1710% du PIB irlandais.
10:19Donc, on ne part pas tous, évidemment, d'une même réalité.
10:22Et puis, voilà, l'effet boomerang,
10:24il serait quand même majeur pour tout le monde
10:25si on touchait les services numériques,
10:27comme vous le disiez,
10:29parce qu'on est les premiers clients des GAFAM
10:31et on dépend en même temps complètement d'eux.
10:33Donc, évidemment, l'utilisation de ce bazooka
10:35serait très mal des deux côtés de l'Atlantique.
10:38Alors, vous évoquiez, Richard Verli,
10:40la question et la possibilité de se tourner vers la Chine.
10:43On va en reparler juste après le Filinfo.
10:46L'Europe peut-elle donc se tourner vers la Chine,
10:47vers d'autres partenaires, pourquoi pas ?
10:49Juste après le Filinfo, 9h51, Magali Homo.
10:53Ils sont dans les tout derniers kilomètres,
10:55les coureurs les plus aguerris du marathon de Paris,
10:58mais il n'y a plus de Français en tête.
10:59Ils sont partis à 8h ce matin dans la catégorie Andisport.
11:03C'est le para-athlète tricolore Julien Cazoli
11:05qui s'est imposé en un peu plus d'une heure et demie.
11:08Les opérations de ratissage n'ont rien donné dans la Vienne
11:10où Agathe, une joggeuse de 28 ans, a disparu il y a 72 heures.
11:14Des recherches plus ciblées commencent dès aujourd'hui.
11:17L'Algérie s'insurge contre la détention en France
11:20d'un agent consulaire après la mise en examen de trois hommes
11:23dans l'affaire de l'enlèvement de l'influenceur
11:25et opposant algérien Amir DZ.
11:27Ce nouveau développement causera un grand dommage
11:30aux relations algéro-françaises,
11:32prévient le ministère algérien des Affaires étrangères.
11:35Après le triomphe hier de la cycliste française
11:37Pauline Ferrand-Prévost sur Paris-Roubaix,
11:40place aux hommes.
11:41Parmi les favoris, le sloven Tadej Pogacar,
11:44triple vainqueur du Tour de France
11:46qui participe pour la toute première fois à l'épreuve.
11:49Face à lui notamment, Mathieu Van Der Poel,
11:51double tenant du titre.
11:52259 kilomètres, départ de Compiègne à 11h10.
11:56France Info
12:00Les informés de l'Europe
12:03François Baudonnet, Adrien Beck
12:06Toujours avec Louise Baudet,
12:08chef du Pôle Europe de la rédaction internationale de Radio France
12:11et Richard Verly, correspondant pour la France et l'Europe
12:14du journal suisse Blic.
12:17François Baudonnet, on l'évoquait un petit peu avant le fil info,
12:21l'Europe peut aussi être tentée face aux Etats-Unis
12:24de se chercher d'autres partenaires.
12:26D'un point de vue stratégique, on pourrait dire que c'est même assez logique.
12:30Est-ce qu'il s'agirait d'aller voir jusqu'en Chine ?
12:34Richard l'évoquait.
12:35Est-ce que c'est une possibilité sérieuse ?
12:37On entendait même d'ailleurs qu'on pourrait avoir une forme d'accord de libre-échange.
12:41Oui, alors ça peut paraître effectivement étonnant.
12:43Il y a un mois, personne n'aurait pensé ça
12:46parce que la Chine, vu d'Europe, est plutôt vue évidemment comme un compétiteur.
12:49Rival systémique, disons.
12:51Exactement, mais c'est une solution possible.
12:55D'ailleurs, vendredi, le président chinois a invité Bruxelles
12:58à mutualiser les forces pour, je le cite,
13:01« résister ensemble à la coercition de Washington ».
13:04Donc ça, c'est quand même une première.
13:06Et puis dans la foulée, l'Union européenne,
13:08elle a confirmé la tenue d'un sommet entre la Chine
13:10et les institutions européennes qui va se tenir courant juillet en Chine.
13:15Alors que la Chine ait intérêt à passer ce type d'accord
13:18avec l'Union européenne, on le comprend
13:20parce qu'elle, avec ses 145% de droits de douane vis-à-vis des Etats-Unis,
13:24ça veut dire qu'elle n'a plus de commerce avec les Etats-Unis.
13:26Donc elle a intérêt.
13:27La question, c'est est-ce que nous, on a vraiment intérêt de faire ça ?
13:29Est-ce qu'il ne risque pas d'y avoir une invasion de produits chinois,
13:33j'ai envie de dire encore plus que ce que nous connaissons déjà aujourd'hui en Europe ?
13:37Est-ce que ça ne finirait pas par tuer des filières entières,
13:40des filières européennes qui sont déjà très mal en point ?
13:43On pense bien sûr aux véhicules électriques, aux batteries, etc.
13:45Alors l'intérêt n'est peut-être pas réciproque,
13:48sauf si il y avait un transfert de technologie.
13:51En fait, depuis des décennies, le transfert de technologie,
13:54c'était de l'Europe vers la Chine.
13:57Et là maintenant, ils sont bien meilleurs que nous sur un grand nombre de choses,
14:00en particulier sur les voitures électriques.
14:02On pourrait imaginer qu'il y ait du transfert de technologie de la Chine vers l'Europe.
14:05Et là, peut-être que l'Europe aurait intérêt à faire ça.
14:08Un mot peut-être, Louise Baudet,
14:09parce que c'est une question qu'on peut se poser en écoutant François Baudonnet.
14:12Est-ce qu'on peut lutter contre une invasion d'exportation chinoise sur le sol européen,
14:19si on devait se rapprocher de la Chine ?
14:23C'est compliqué.
14:23Alors on a effectivement un certain nombre d'outils,
14:25mais ce qui est vrai, c'est que la grande peur, c'est ça.
14:27C'est que se détournent vers l'Europe tous les surplus chinois.
14:32Tout ce que produit en surcapacité aujourd'hui la machine, l'usine du monde chinoise,
14:39c'est effectivement le grand risque.
14:42Et comment faire pour éviter que toute cette marchandise se déverse en Europe ?
14:47On n'a pas forcément les moyens.
14:49On n'a pas forcément les moyens.
14:50Après, il y a toute une palette d'outils, mais il faut les mettre en œuvre.
14:55C'est compliqué.
14:55Les décisions à 27, on sait aussi que ça prend du temps.
14:58Et clairement, c'est un défi.
15:00Et c'est pour ça que l'Europe aujourd'hui se retrouve un peu entre Caribe et ce qu'il a.
15:04C'est-à-dire que d'un côté, une Amérique qui est beaucoup plus hostile,
15:08qui est franchement hostile aujourd'hui,
15:09et une Chine dont se rapprocher présente aussi un certain nombre de risques.
15:13Alors au milieu de ça, on peut essayer de se trouver aussi d'autres partenaires.
15:15Il y a l'accord avec les pays d'Amérique du Sud, du Mercosur,
15:20qui est en train d'être remis quelque part sur la table par certains
15:23qui disent qu'il faudrait peut-être y revenir.
15:24Il y a évidemment l'Inde également.
15:26Il y a aussi un pays que vous connaissez bien, Richard Verly,
15:29puisque vous en avez la nationalité et que vous travaillez pour un journal suisse.
15:33La Suisse, dont les relations avec l'Europe ne sont pas toujours simples.
15:37Alors du côté de la Suisse, les choses sont quand même en bonne voie,
15:40en tout cas du point de vue de la négociation et des accords,
15:42puisqu'un accord a été signé à la fin de l'année 2024.
15:45Il prévoit que la Suisse pourra accéder beaucoup plus largement au marché européen
15:51et qu'en contrepartie, le marché suisse sera davantage ouvert aux entreprises européennes.
15:57La seule chose, c'est que vous savez qu'il existe en Suisse la démocratie directe
16:00et que cet accord, il va devoir être soumis au peuple.
16:03Ce qui est nouveau, c'est que là, l'Union européenne et la Suisse ont accéléré
16:06la procédure de mise en œuvre avant le référendum.
16:10Donc pour un certain nombre de programmes, la Suisse va déjà les réintégrer
16:13en attendant le référendum dont on dit qu'il aurait lieu fin 2027.
16:17Ça peut tout arrêter le référendum ?
16:18Oui. Le peuple est souverain.
16:20Donc on peut toujours avoir cet écueil d'une remise en cause des accords.
16:24Mais bien évidemment, vous imaginez que vu le contexte,
16:27les milieux économiques suisses qui sont en train de trembler devant Washington
16:31vont vouloir sécuriser l'accès au marché européen.
16:34Puis il y a d'autres régions du monde.
16:36Vous parliez de l'Amérique latine, c'est très juste avec le Mercosur,
16:39mais on connaît le débat agricole en France.
16:41Il y a l'Asie du Sud-Est, ne l'oublions pas.
16:43600 millions d'habitants de ces pays qui sont dans l'ASEAN,
16:46l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est,
16:48qui sont très importants, des pays émergents.
16:50Il y a des accords avec des pays comme la Thaïlande,
16:52comme l'Indonésie qui sont en négociation.
16:54Mais encore une fois, que va-t-il se passer ?
16:56C'est que toute cette région Asie, elle est en train de se solidariser avec la Chine.
16:59Donc pas que des mauvaises nouvelles.
17:00Et un dernier mot, Louise Baudet,
17:02aussi certaines entreprises peuvent choisir de réinvestir en Europe, tout simplement.
17:06Certaines entreprises, certains fonds d'investissement, surtout.
17:09C'est vrai, c'est assez spectaculaire,
17:10parce que c'est le mouvement totalement inverse de l'euphorie qu'on avait connu
17:14et qu'on avait observé juste après l'élection de Trump.
17:16Les investisseurs étaient très emballés à l'idée de cette très forte dérégulation
17:21qui allait permettre de faire des affaires.
17:22Là, ils sont nettement refroidis par les revirements incessants de Trump.
17:26Et du coup, l'Union Européenne, avec sa stabilité,
17:30ses lourdeurs peut-être,
17:31mais son système démocratique redevient en comparaison attractive.
17:33Merci à vous, Louise Baudet, rédaction internationale de Radio France.
17:37Merci, Richard Verly, correspondant pour la France et l'Europe au quotidien suisse Blic.
17:42Et bien sûr, merci à vous, François Baudet.
17:45Les informés de l'Europe reviennent dimanche prochain.

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