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Sport Reporter_Romain Grosjean, retour de flammes (2021) (en français - Canal+ - France) [RaceFan96]

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00:00...
00:00Salut à tous, bienvenue dans Sport Reporter,
00:13l'émission qui explore tous les terrains de sport.
00:16...
00:16Il est à l'aube d'une nouvelle carrière.
00:30Ces prochains jours, Romain Grosjean va effectuer ses premiers kilomètres en Indycar aux Etats-Unis.
00:36Un retour au volant, trois mois après avoir vécu l'un des accidents les plus spectaculaires de l'histoire de la Formule 1.
00:42C'était à Bahreïn le 29 novembre 2020.
00:45Oh, il y a un gros craint derrière !
00:47Oh là là, mon Dieu ! L'accident de la hasse qui a pris feu !
00:51Sport Reporter vous fait revivre ces minutes où le monde entier a imaginé le pire.
00:56Ces secondes effroyables où le français a cru mourir.
00:59Avec les témoignages du pilote, de son épouse, de ses ingénieurs.
01:02Avec aussi une animation 3D pour mieux saisir encore à quel point sa survie tient du miracle.
01:07Voici Retour de flamme, réalisé par Mathieu Darnon, avec Laurent Dupin et Thierry Roche.
01:11On sera juste après en compagnie de Jean Todd, le président de la Fédération Internationale.
01:15Ça fera partie de ma vie, ça sera jamais plus pareil.
01:31Il y a eu avant et après le 29 novembre 2020.
01:33Je me souviens de tout.
01:40Il y a le feu, je suis un peu bloqué et concrètement c'est la merde.
01:46Le corps s'est relaxé, le cerveau accepte et l'ensemble qu'elle dit, bon bah, c'est la fin.
01:55C'est quelque chose qu'il faut que je me rappelle tous les matins,
01:57parce que c'est important et que je reviens de là-haut.
02:00Pas beaucoup de monde serait revenu.
02:17Et là, on est dans la seule cinéma, donc j'avais ma fille à côté.
02:21Je devais avoir Sacha, mon beau-père, Simon était au bout avec la compagne de mon beau-père.
02:29Je pense que c'est l'un des seuls Grand Prix que j'ai regardé ici, probablement.
02:34Soyez les bienvenus avec un des Grand Prix peut-être les plus intéressants en termes de stratégie,
02:41en termes de difficulté.
02:42Il y a 57 tours à couvrir aujourd'hui.
02:45On en est aux trois derniers Grand Prix de la saison
02:48et on en est également à ce moment-là aux trois derniers Grand Prix de la carrière de Romain Grosjean en Formule 1.
02:53Il n'y a aucun enjeu autre que de prendre plaisir sur trois week-ends de Grand Prix
02:57à piloter une Formule 1 encore quelques kilomètres.
03:00On est tous un peu triste pour finir son F1 carrière avec,
03:07vous savez, c'est pas possible de finir avec un podium, je dirais.
03:10Mais on a toujours essayé de faire le meilleur possible,
03:14juste pour faire le meilleur de la car, essayer de finir sur le haut.
03:17La dernière fois que je vois, il est sur le gris,
03:19je veux dire qu'il s'arrête pour le début de sa formation.
03:22À ce moment-là, je vais aller vers le garage
03:25pour beat les cars back avant qu'il s'arrête sur le gris.
03:27Camille, qui habituellement est à la sieste,
03:32là, elle a vu, elle l'a reconnu tout de suite.
03:35Donc, il n'y a pas, il n'y a pas.
03:37Donc, voilà, il y a une petite excitation.
03:39J'essaye de faire en sorte que ce soit un moment de fête plus qu'un moment de stress.
03:44J'étais plutôt dans un mode où je me disais que j'avais envie de faire un bon premier tour
03:57et d'essayer d'attaquer un peu pour remonter, gagner des positions.
04:01Après, je savais qu'on les perdrait,
04:03mais bon, au moins se dire qu'en début de course, on avait essayé quelque chose.
04:06Là, je me souviens très bien que je suis guidée par la voix de Julien.
04:25« Oh, il est pris en sandwich, Bottas !
04:28Il est au contact d'une Renault, c'est celle de Daniel Ricardo,
04:32qui s'est troué sur ce départ. »
04:34« On voit notamment une Racing Point, court-circuiter un virage.
04:37Donc, automatiquement, mon regard, il est attiré vers l'arrière de la grille. »
04:42« Oh, il y a un gros crâne derrière ! »
04:43« Oh là là, mon Dieu ! »
04:44« L'accident de la as qui a pris feu ! »
04:47« Drapeau rouge ! »
04:50Sacha crie en voyant l'explosion,
04:53mais je crois que Sacha ne comprend pas que c'est papa.
04:55Et là, on a le réflexe,
04:57« Les enfants, vous sortez, immédiatement. »
05:02« Oh, l'accident de Romain Grosjean ! »
05:03« C'est Romain Grosjean, là ! »
05:04« Il y a eu un énorme accident ! »
05:06« Oh, l'image à laquelle on vient d'assister ! »
05:09« F***, f***, f***, f*** ! »
05:12« This was a big one, this was a big one. »
05:14« I've seen it in the mirrors. »
05:18« Who is it ? »
05:20« It's Grosjean. »
05:23« Oh, please ! Oh, f*** ! »
05:27« Qu'on nous donne vite des nouvelles de Romain Grosjean. »
05:29« Le drapeau rouge, agité, évidemment. »
05:32« Il faut maintenant interrompre cette course. »
05:35« Julien, c'est mon témoin de mariage. »
05:39« C'est le parrain de notre fils aîné. »
05:42« Et il est tellement calme. »
05:45« Je pense qu'on va demander aux pilotes de rentrer dans la voie des stands. »
05:47« C'est ce qui se passe, les pilotes, les premiers pilotes rentrent dans la voie des stands. »
05:51« Julien ne le sait pas, je ne suis même pas sûre de lui avoir dit, mais c'est lui qui me porte, en fait. »
05:57« Les voitures, vous le constatez, sont dans la voie des stands, les mécaniciens sont arrivés. »
06:02« On est à l'antenne, il faut garder le contrôle. »
06:05« Et c'est encore la meilleure façon de ne pas trop souffrir en sachant que c'est quelqu'un de proche qui est dans la voiture. »
06:11« C'est de devoir rester professionnel. »
06:13« Entre le moment de l'impact et le moment où Romain sort de la voiture, il se passe 2 minutes 43 précisément. »
06:23« Et plus Julien commente, plus je m'accroche à sa voix. »
06:28« Et en même temps, je me dis, il ne montre rien, ce n'est pas normal. »
06:32« Et ça, je crois que j'ai presque été veuve pendant 2 minutes 43. »
06:49« Je me répète en boucle que ce n'est pas normal, que ce n'est pas normal de ne pas avoir d'informations,
06:53que ce n'est pas normal qu'on ne nous montre rien. »
06:57« Parce que je sais que si on ne nous montre rien, c'est que c'est très grave. »
07:00« Non seulement on attend d'avoir des nouvelles positives d'un pilote pour les montrer,
07:04on attend de joindre sa famille quand même. »
07:07« Donc ça prend du temps. »
07:08« Et puis à ce moment-là, la première image de Romain, il est dans la voiture de sécurité. »
07:18« Et je crois que Julien est tellement choqué qu'il ne le remarque même pas et il ne le commente même pas. »
07:27« J'ai presque l'impression en fait que c'est une image de Romain qui a été tournée avant l'accident. »
07:33« Je ne suis même pas sûre véritablement que ce soit du direct. »
07:37« Oui, c'est Romain, c'est du direct. Il s'est passé 2 minutes 45 et il est assis dans la voiture médicale vivant. »
07:44« Et là, je tombe des nus, quoi. »
07:47« Bon, eh bien écoutez, c'est un départ chaud auquel on s'attendait, mais pas à ce moment-là et on s'en serait passé. »
07:55« Alors, Romain Grosjean, qui est quand même sous le choc, clairement. »
07:58« Il transpire énormément, il a eu chaud. »
08:01« Oui, il a eu chaud dans tous les sens du terme, mais de le voir sur ses deux jambes, c'est vraiment la seule chose qui nous importait. »
08:10« Je sors tout de suite, j'ouvre la porte tout de suite, et là je monte comme une furie dans les escaliers. »
08:15« Papa, va bien, papa, va bien, papa, va bien. »
08:19« Et je redescends pour voir et pour essayer de comprendre ce qu'on venait de dire. »
08:23« Quand la race actually started, la minute la race started, j'étais actually watching both of our guys on board. »
08:39« En la première lap de la race, une des key things que nous regardons, c'est tout de suite, c'est tout de suite, c'est tout de suite de données qui arrivent. »
08:46« Donc, nous nous nous concentrons vraiment sur le data qui est streamé. »
08:50« Je suis à l'extérieur du virage 1, à l'intérieur du virage 2, là j'ai une super accélération. »
09:00« Donc je me rends compte que par rapport à tous les gens autour de moi, je gagne de la vitesse. »
09:06« Viviat est dans mon angle mort du début à la fin de la ligne droite. »
09:09« Et comme le moteur Honda avait plus de puissance qu'un moteur Ferrari, même moi dans l'expiration des autres voitures, j'avais pas réussi à avoir assez de vitesse pour passer devant lui. »
09:19« 6 dixièmes de seconde entre le moment, on touche avec Kiviat et le contact avec le mur. »
09:29« Et tout de suite, le data stoppe. »
09:33« Et il stoppe et il va 200 km par heure. »
09:36« Et puis, il se décide. »
09:38« Il a complètement perdu le contrôle et il est allé taper de face dans une barrière. »
09:42« La voiture a explosé et a pris feu. »
09:45« Cette partie-là, je ne peux pas vous dire ce qui s'est passé parce que ça va trop vite. »
09:47« C'est la surprise de se dire pourquoi je pars comme ça. »
09:50« Tout est arrêté, j'ouvre les yeux. »
09:51« Bon, tout va bien et le premier truc que je fais c'est que je me détache et je veux sortir. »
09:54« Et c'est là où je me rends compte que c'est un peu plus compliqué que prévu. »
09:57« Initial, je ne pensais pas que c'était Romain. »
10:00« Mais je vois sur le GPS, oh, le glow stop. »
10:04« Donc, je vais immédiatement sur le radio et vous allez dire, « est-ce que vous allez bien ? »
10:07« Mais la meilleure chose que je le hear, c'est silence. »
10:10« Je ne sais pas ce que je veux dire, mais je ne pouvais pas croire. »
10:16« Je ne pouvais pas croire, je ne suis pas le problème. »
10:18« Il y a un bon 30 secondes où je suis juste awful. »
10:21« Une awful sensation. »
10:23« On a vu, on a vu, on a vu, on a vu. »
10:26« On a vu, on a vu, on a vu, on a vu, on a vu, on a vu, on a vu. »
10:30« Donc, je pensais, c'est pas bon. »
10:37« Je ne savais pas si c'était une voiture qui était explosée, ou si c'était quelque chose qui était en train. »
10:43« Et dans environ 3 ou 4 secondes, on a vu, on a vu, on a vu, on a vu, on a vu. »
10:50« Et la grande question était, « Où est Romain ? »
10:53« Où est le reste de la voiture ? »
10:56« Tout de suite, j'ai défait ma ceinture. »
11:00« Je ne me souvenais pas avoir enlevé le volant, mais en fait, le volant, il est tombé, tout a été arraché, donc il est entre mes jambes, donc je n'ai pas besoin de l'enlever pour sortir. »
11:07« Et de vouloir sortir et de taper le rail, enfin taper quelque chose, être bloqué. »
11:12« Et en fait, ma première intuition, ça a été, je suis sur le côté, bloqué contre le rail, on va venir me sortir. »
11:19« Et après, je regarde un peu à droite, à gauche, et c'est ce moment où je regarde à gauche, où c'est tout rouge, orange, jaune, couleur. »
11:25« Et là, je me rends compte que je suis en feu, donc bon, vous voyez, je n'ai pas le temps d'attendre. »
11:29« Pour moi, c'est 28 secondes qui durent. »
11:59« Plutôt une minute, une minute trente, je suis capable de me souvenir de tout. »
12:03« Et effectivement, de ce moment où je me rends compte que je suis complètement bloqué, qu'il y a le feu, et que je redescends, alors le corps s'est relaxé, même le cerveau accepte. »
12:16« Et j'étais en paix avec moi-même, je ne dirais pas que j'ai eu un sourire, mais je sais que j'ai un visage qui s'est décrispé, et l'ensemble qu'elle dit, bon, voilà, c'est la fin. »
12:29« Il y a eu ce tilt en disant, mes enfants, et ça ne peut pas être comme ça, donc c'est à ce moment-là où je retrouve la force et la lueur d'esprit pour trouver la solution. »
12:49« Nous pouvons voir, à travers l'arm co-barrière, et je pouvais voir Romain encore dans ce qui restait de son voiture. »
12:57« L'objectif était de lui arriver, mais évidemment, la flamme était très, très intense, donc il avait besoin de couvrir de feu. »
13:07« À ce moment-là, c'est le mode guerrier, on a une mission, c'est de sortir, et même s'il faut couper la jambe, je coupe la jambe. »
13:16« S'il a fallu laisser un bout de pied ou n'importe quoi, la preuve, c'est que j'avais le genou cassé, et je ne m'en suis pas rendu compte jusqu'à trois jours après. »
13:25« D'abord, j'essaie verticalement, si je rassais un peu sur le côté droite, ça ne marche pas, je rassais sur le côté gauche, ça ne marche pas, je me rassais. »
13:33« Et c'est à ce moment-là où j'ai ma main qui est au-dessus du halo pour sortir, l'autre qui est comme ça. »
13:40« C'est pour ça que la main gauche a pu se cramer, parce que finalement, elle est dans le feu beaucoup plus longtemps, et j'essaie de tirer, tirer, tirer, jusqu'au moment où j'arrive à passer mon casque
13:48entre le rail de sécurité qui doit être là, le halo qui doit se terminer là, donc j'ai vraiment un tout petit espace pour passer.
13:57Et au moment où ça y est, ça se débloque qu'enfin et j'arrive à passer, je me rends compte que mon pied est coincé dans le châssis.
14:01Donc il faut que je redescende, que je tire sur ma jambe gauche comme un âne pour sortir le pied, d'ailleurs la chaussure est restée dans le châssis,
14:10et que je refasse la manœuvre. Et pendant tout ce temps, je suis conscient que... Et je le vois d'ailleurs, à un moment, je regarde mon gant,
14:16c'est des gants rouges normalement que je porte, et je vois le gant qui commence à changer de couleur, qui devient tout noir,
14:22et qui est en train de brûler, mais bon, à ce moment-là, c'est pas bien grave.
14:26Je sors de la voiture, je vois le rail, donc je passe par-dessus le rail, je saute par-dessus, je sens le docteur Roberts qui me tire la combi,
14:33donc je sais qu'il y a du monde avec moi, tout va bien. »
14:38Le tout était un peu un mystère, comment il a sorti sur la terre, et j'ai vu qu'il a perdu un châssis, j'ai commencé à le faire ensemble.
14:44Vous savez, il a obviously had a struggle, il ne pouvait pas s'en sortir dans l'accident,
14:48donc il s'est resté en quelque sorte, et il a l'envoyé.
14:51C'est une des choses, vous savez, vous entendez de les gens levantent des voitures,
14:54et des réponses super humaines quand la vie est sur la ligne.
14:58Je ne savais pas comment il était, j'ai voulu qu'il s'asseoir, on va voir comment les choses se sont.
15:03Ensuite, il me demande de m'asseoir, et il me parle un peu comme à quelqu'un de...
15:06un peu bébête, qui est la procédure après un accident,
15:11pour savoir si j'étais choqué, ou dans quel état mon cerveau était.
15:14Et je l'ai pourri en lui disant de me parler normalement.
15:17Mais quand il m'a répondu comme ça, j'ai pensé, ok, on est bien, on est bien.
15:21Et il voulait que la civière vienne jusqu'à la voiture pour me mettre dans la civière,
15:25il faut qu'on marche, pour moi c'est la vue d'hélicoptère,
15:30il faut qu'on voit que je suis sorti certes, mais que je peux marcher aussi jusqu'à l'ambulance,
15:34et là j'en chie parce que j'ai super mal.
15:36Il y a un autre côté, il y a un autre côté, il y a un autre côté, il y a un autre côté,
15:40il y a un autre côté, il y a un autre côté, il y a un autre côté,
15:42et puis tu sais, ok, il est en train de sortir, il est en train de sortir,
15:45mais dès le temps, c'était un horrible, horrible day.
15:49Je ne peux pas comprendre que quelqu'un peut marcher de ce feu
15:53tellement rapidement.
15:55On voit qu'il a un autre côté, mais on ne peut pas savoir
15:58si il y a des problèmes internes, etc.
16:00Il y a Okamatsu qui est là, qui je vois,
16:18il y a Kim, il y a Loïc Duval pour Canal+, qui est au fond,
16:21il y a la télé espagnole, et donc j'ai essayé d'avoir un maximum de regard
16:24avec un maximum de personnes pour leur dire ça va, ça va.
16:30J'ai eu un gros accident au Mans, ma femme s'est retrouvée dans la même situation
16:41que la femme de Romain, et j'ai envie d'avoir des informations
16:45pour essayer de la contacter, pour la rassurer.
16:48Il ne me dit pas, ça va bien, je t'assure, promis, tout va bien, ça roule, voilà.
16:53Il est vraiment hésitant.
16:55Vous dites, c'est bon, tout va bien, il pète la forme, il a pris un petit coup de chaud,
16:58et puis quelques heures après, voilà, vous apercevez que quand il allait faire ses examens,
17:04il y a des complications et que ça peut être en effet dramatique.
17:09Vous en voulez d'avoir pris le téléphone et puis d'avoir donné ces informations-là.
17:12Je me souviens aussi d'arriver au centre médical, voir Jean-Todd qui me demande le numéro de Marion
17:23pour qu'on l'appelle tout de suite.
17:25Et là j'entends, Marion c'est Jean-Todd.
17:28Il met le speaker et je me souviens juste dire, moustique, c'est moi, je suis là.
17:31T'entends de Marion de l'autre côté qui éclate de rire, de soulagement.
17:34Et donc je re-rentre, soulagée, je dis à mon père, c'est bon, j'ai entendu Romain,
17:40tout va bien, tout va bien, c'est aucun souci.
17:44Et là on commence à revoir les images en boucle, et on se dit, mais c'est pas possible.
17:52Oh, mais elle s'est coupée en deux la voiture.
17:54Mais non, elle s'est coupée en deux.
17:57Incroyable.
17:58Elle s'est déchiquetée, vous êtes avec Daniel Fiat.
18:01Ah oui, Romain, oh là là là là là là.
18:03Elle s'est déchiquetée parce que le rail s'est coupé, et a coupé la voiture en deux, il a eu une chance inouïe.
18:08C'est l'accident le plus effroyable, je pense, que l'on ait vu en F1 depuis qu'elle est sur Canal+.
18:14Au moment où il va bien, on nous montre ce qui s'est passé.
18:18Et là je réalise la catastrophe au travers de laquelle il vient de passer.
18:24Et là ça me flingue par contre.
18:26Là ça me met par terre, je me dis mais c'est pas possible.
18:29Il y a dix raisons qui auraient potentiellement conduit à sa mort.
18:34Et il est pas mort.
18:35Ça nous paraît complètement venu d'ailleurs.
18:39C'est un film, on est en train de voir de la science-fiction,
18:42on en a beaucoup ri après avec Romain en se disant mais Spielberg aurait jamais fait mieux.
18:48Regardez où il est, regardez où était Romain Grosjean.
18:50Comment a-t-il fait ?
18:51Le halo a sauvé la vie de Romain Grosjean à cet instant.
18:54Oui, pour la première fois on peut dire que le halo a sauvé une vie.
18:59Je reçois un texto de la maman de Jules Bianchi qui me dit
19:03« Je suis heureuse que l'accident de Jules ait permis aujourd'hui à Romain d'être vivant. »
19:08Et j'entends la voix de Julien qui déraille.
19:11Oui, vous avez raison, effectivement.
19:14Pardon.
19:14Et là, je fonds un larme.
19:19D'avoir dans les minutes qui suivent un message d'une maman qui a perdu son fils en Formule 1,
19:25qui vous dit « Aujourd'hui, je suis heureuse que la disparition de Jules permette à quelqu'un d'autre d'être vivant »,
19:31si là vous réagissez pas, vous êtes pas humain.
19:33L'entendre lui craquer, c'est bien la preuve que tout ça, je l'ai pas rêvé.
19:41Il s'est vraiment passé quelque chose d'incroyable.
19:46Et là, je commence au fur et à mesure à réaliser que c'est pas un miracle,
19:51mais c'est une succession de miracles.
19:53Le terme de miracle, c'est le liant à tous les éléments de sécurité qui ont parfaitement fonctionné.
19:58Il y a un petit détail qui aurait été différent, c'était la fin.
20:22Au départ de l'impact, le nez vient taper dans le rail,
20:24et donc en fait, avec ces nids d'abeilles carbone qui se rétractent,
20:28ça a aidé à ce que l'impact soit moins violent.
20:31C'est sûr que si ça avait été un mur, la décélération aurait été beaucoup plus violente,
20:35et là, ça aurait peut-être été encore plus dramatique pour Romain.
20:48Jules Bianchi m'a sauvé la vie avec l'introduction du halo,
20:50et pourtant j'étais contre le halo, qu'est-ce que j'étais idiot.
20:52Mais Jules, aujourd'hui, il m'a sauvé la vie, il a sauvé la vie déjà à d'autres pilotes,
20:58mais pour ça, je lui serais reconnaissant à jamais.
21:06C'est toujours sous enquête, bien sûr,
21:09mais la violence de l'impact fait que le moteur se dissocie de la coque.
21:14Le moteur est tenu par six vis sur le châssis,
21:16et ces vis ont survécu.
21:17En revanche, c'est le carbone qui a cassé.
21:19C'est quasiment une bonne chose.
21:21Il y a une dissipation d'énergie des deux parties.
21:23La coque dans laquelle se trouve le pilote garde à peu près son intégrité.
21:27La pire des situations, c'est le feu.
21:40Mais les réservoirs sont pourtant aujourd'hui conçus dans des matériaux souples
21:43pour se déformer, mais ultra résistants,
21:46pour éviter les explosions, les fuites.
21:48Mais là, on a dépassé toutes les limites de tests, de crash tests imaginables.
21:52Et je ne suis même pas sûr qu'en renforçant encore les mesures de sécurité autour de ça,
21:56qui sont déjà extrêmement élevées,
21:58on soit capable de parer un éventuel accident similaire
22:01et qu'on éviterait les flammes de nouveau.
22:03Le moment où je sors entre l'eau et le rail,
22:10le rail est tordu comme ça,
22:12donc ça me permet de glisser le long,
22:13mais il suffit qu'il y ait été comme ça.
22:15Et là, je n'ai pas l'espace qu'il faut.
22:21Un centimètre plus fin, le trou, je ne passais pas.
22:23La cellule de survie, le halo qui a évité la décapitation du pilote,
22:38la combinaison, les harnais, le casque, évidemment,
22:41la visière qui a résisté à la température,
22:44le hands qui retient la tête du pilote,
22:46tous les éléments de sécurité ont vraiment globalement bien fonctionné.
22:53On a trois caméras en Formule 1,
22:57il y a la caméra on-board qui est au-dessus de votre tête,
23:00il y en a une dans le halo,
23:01il y en a une deuxième qui est à la base du halo
23:04qui filme le casque de devant.
23:07Et je savais que cette caméra avait continué de fonctionner dans la voiture.
23:12Et donc, j'ai été voir ces images pour essayer de comprendre
23:15ce que j'avais fait juste et pas juste,
23:17ce que j'aurais pu faire différemment,
23:18comment c'était pour vraiment reconstruire le puzzle pour moi,
23:21de A à Z.
23:23et je pense que c'est les images les plus violentes que j'ai vues de ma vie.
23:27Et ces images-là, qui sont d'une violence inouïe,
23:32paradoxalement, elles me font un bien,
23:35parce que je le vois se battre.
23:38Et c'est là que je me dis,
23:39il n'a rien lâché, il n'a rien lâché, il n'a pas abandonné.
23:48Ça ne m'a pas fait de bien, ça ne m'a pas fait de mal.
23:53Ça m'a peut-être fait réaliser encore plus d'où je revenais.
23:56Puis l'une des premières choses qu'il me dit, c'est je sors demain,
24:07je sors demain de l'hôpital et je vais essayer de rouler à Abu Dhabi.
24:10Et il s'attend presque à ce que je lui dise non et qu'il en est hors de question.
24:15Et donc, il me le dit en me disant, je te préviens, je vais rouler à Abu Dhabi.
24:19C'était la mission numéro un.
24:21Et je leur ai menti pendant deux jours,
24:23en disant que tout allait bien, qu'il n'y avait pas mal, etc.
24:27Alors que j'ai fait super mal, que je savais que ce n'était pas top top.
24:36J'avais espoir qu'il fasse au moins les essais libres.
24:39Ce serait juste génial qu'il puisse faire cette séance,
24:41même s'il n'est pas vite, même s'il ne fait que 10 tours dans la séance,
24:43qu'il la fasse, qu'il vienne sur la grille,
24:45peut-être même qu'il fasse un burn, personne ne lui aurait rien dit, c'était fini.
24:49C'était cool de recroiser d'autres pilotes aussi,
25:06aller voir aussi les gens qui m'avaient aidé,
25:09le docteur Yann et Alain,
25:11qui ont eu les deux une réaction d'enfer sur la gestion de l'accident.
25:19Et puis de remettre les pieds dans le pavoc,
25:21de remonter dans la voiture aussi,
25:23parce qu'à ce moment-là, je veux toujours essayer de rouler à Abu Dhabi.
25:25J'ai attendu le plus longtemps possible à Bahreïn
25:27pour voir comment ça allait,
25:28jusqu'au moment où je me rends compte que ce n'est pas possible.
25:32Bon, je t'ai écouté, petit peu d'or.
25:34Bravo.
25:35Bravo, vraiment.
25:38Tu ne pourrais pas faire mieux.
25:39T'as piqué un peu, mais bon, c'est normal.
25:45Même si j'aurais fait la dernière course,
25:49ça aurait été pareil.
25:49Ouais, oui.
25:51Allez.
25:51On l'aime et on le déteste, ce paddock.
25:53Je ne voulais pas finir sur un accident.
26:01Je voulais porter le casque que mes enfants m'avaient dessiné,
26:04qui était extrêmement important pour moi.
26:05Et puis finir mon histoire en prenant un drapeau d'ami, quoi.
26:08Et...
26:08Et ben, non.
26:11Au final, non.
26:12Et puis de toute façon, c'est moi.
26:14On attendait le docteur le dimanche matin
26:16quand on a été faire les soins.
26:18Et au moment, on a fait les bandages,
26:19j'ai vu ma main et j'avais...
26:20Même avant que le docteur rentre dans la salle,
26:22je m'étais résigné et je savais qu'on rentrait le soir même.
26:32Je vais dans le garage pour annoncer à tout le monde
26:34que je rentre à la maison et que l'aventure se termine.
26:37Merci beaucoup, Romain.
26:39On passera après 98 Grands Prix ensemble
26:42et pas les 100 qui étaient prévus.
26:45Tout le temps que l'un team a existé,
26:48Romain a été un des drivers,
26:50donc c'est facile de ressentir les émotions
26:53et le respect que l'équipe a pour Romain.
26:56Il a fait une belle photo.
27:00Il est très émotionnel pour tout le monde.
27:01Romain était ici avec nous pour 5 ans.
27:04Il était là au début,
27:05quand personne n'a pas donné de crédit.
27:09Et il a fait, et je respecte ça beaucoup,
27:11parce qu'il est venu à nous.
27:12Au moment où je quitte le paddock et je passe mon pass pour le bip-bip,
27:26je me dis, bah tiens, il y a toujours notre photo avec notre rôle.
27:41Moi, c'était Romain Grosjean, pilote Formule 1.
27:43Et je me dis, bah ça y est, c'est la dernière fois que c'est marqué comme ça.
27:46Mon histoire Formule 1, elle est terminée.
27:55Pas de la meilleure des façons avec cet accident.
27:58Et en même temps, je suis ressorti.
27:59On parlera toujours de Grosjean comme l'homme qui a ressorti des flammes.
28:02Comme on passe à autre chose, le temps, comme tout,
28:11après, je vous l'ai dit, ça fera partie de ma vie.
28:13Ça ne sera jamais plus pareil.
28:15Il y a eu un avant et après, le 29 novembre 2020.
28:19J'ai toujours entendu me dire,
28:20ah, j'ai pas eu de chance, ah, j'ai pas de bol,
28:22ah, j'ai vraiment pas de bol.
28:24Je suis dit, je suis interdit de me dire une seule fois,
28:28sur tout le reste de ta vie, que t'as pas de chance.
28:31Et ça sera toujours là, et ça fera partie de mon histoire.
28:34Et j'aurai probablement quelques petites cicatrices sur la main
28:36qui me le rappelleront aussi, si j'oublie.
28:38C'est aussi quelque chose que je veux me dire le matin, me lève en.
28:42Voilà, souviens-toi d'où tu viens.
28:44Et chaque jour en plus, c'est un bonus.
29:01Après ce reportage, on prolonge la discussion avec le président de la FIA,
29:14Jean Todd, bonjour.
29:15Bonjour.
29:15Merci de nous accueillir dans votre bureau.
29:18Est-ce que vous vous souvenez de l'endroit exact où vous étiez au moment de l'accident
29:22et de la première réaction que vous avez eue ?
29:25Oui, bien sûr. Quand je me déplace sur un Grand Prix,
29:29je vais souvent dans la salle de contrôle, assister au Grand Prix.
29:36Et la première chose à laquelle on pente, parce que ça va tellement vite,
29:40c'est voir le pilote sortir.
29:44Donc ce sont des secondes qui sont extrêmement longues,
29:48parce qu'il n'y a pas d'informations.
29:49Est-ce qu'à un moment, comme beaucoup de monde, vous avez craint le pire pour sa vie ?
29:54Bien sûr, tant qu'on n'a pas d'informations, on craint le pire.
29:56On craint le pire parce qu'on ne sait pas combien de temps il va pouvoir résister.
30:00Et puis également, l'état dans lequel il est, dans la mesure où la voiture explose.
30:05Dans le documentaire, il y a cette phrase glaçante de Marion qui dit
30:09« Pendant 2 minutes 43, j'étais veuve ».
30:12Est-ce que c'est parce que vous avez conscience de ce qu'elle a vécu
30:14que votre priorité, on le comprend dans le documentaire, c'est de la rassurer ?
30:18Quand je suis arrivé dans la pièce où il y a tout le dispositif médical,
30:24j'ai vu Romain qui était tout à fait conscient
30:28et puis qui communiquait avec l'équipe médicale.
30:30La première question que je lui ai posée, c'était
30:32« Est-ce qu'il avait prévenu sa femme, sa famille ? »
30:35Il m'a dit non, donc je lui ai demandé son numéro
30:39pour pouvoir l'appeler, lui parler et la rassurer.
30:42Quand vous voyez l'accident de Romain Grosjean, est-ce que vous vous dites
30:45« Ça valait vraiment le coup de faire de la sécurité des pilotes un enjeu aussi central ? »
30:50Non, franchement, je n'ai pas besoin de l'accident de Romain Grosjean
30:53pour savoir que la sécurité est absolument indispensable
30:58et mesurer les progrès qui ont été faits au cours des dernières décennies.
31:02J'ai tout le temps considéré que la compétition automobile est un laboratoire.
31:05Il faut essayer de savoir quels bénéfices on peut en tirer
31:09pour améliorer les choses déjà pour les compétiteurs,
31:13pour les officiels, pour les spectateurs qui peuvent être victimes de ces accidents
31:17mais également comment on peut faire passer le message
31:23aux millions d'utilisateurs de la route dans le monde.
31:27Pour l'instant, il y a une enquête en cours pour comprendre ce qui s'est passé.
31:31Les conclusions seront connues au mois de mars
31:33mais on comprend dans le documentaire à quel point le halo a été efficace
31:37et a sauvé la vie de Romain Grosjean.
31:39Ça a été une bataille pour l'imposer, mais une bataille utile.
31:42Vous savez, il y a toujours une reluctance au changement.
31:46Quand on est convaincu que c'est un pas en avant pour améliorer la sécurité,
31:54pour améliorer l'environnement, il faut le faire.
31:58On a progressé d'une manière extraordinaire en matière d'habitacle
32:03sur les monoplastes au cours des dernières décennies
32:07mais la partie qui restait encore la plus vulnérable, c'était la tête.
32:13Il fallait essayer de trouver une solution
32:15et clairement, le halo était une solution
32:19et s'il n'y avait pas eu le halo, je vous laisse deviner ce qui serait passé.
32:23Est-ce qu'en fonction des conclusions, il pourrait y avoir des ajustements
32:26en termes de sécurité ?
32:28Bien sûr, mais ça a déjà commencé.
32:30Il faut penser que le halo a répondu aux besoins.
32:34Par contre, la voiture a explosé.
32:36Donc il faut qu'un accident similaire puisse se produire
32:42sans qu'il y ait le problème avec le réservoir d'essence,
32:45surtout en début de course où le réservoir est plat
32:49avec environ 100 kg d'essence.
32:51Ça veut dire que c'est un ajustement perpétuel, la sécurité des pilotes ?
32:55Perpétuel, absolument.
32:58Merci beaucoup, Jean-Todd, d'avoir répondu à nos questions.
33:01C'est la fin de ce Sport Reporter.
33:03Mais évidemment, on se retrouve très vite sur de nouveaux terrains de sport à explorer.
33:07Salut à tous !
33:07Sous-titrage Société Radio-Canada

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