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  • il y a 4 jours
🎬 Dans cette nouvelle vidéo, on a enquêté sur des soupçons de traite d’êtres humains dans une exploitation agricole du Sud-Ouest.

Java et trois autres anciens ouvriers agricoles, ainsi qu'une ancienne salariée française, dénoncent les conditions de travail et de logements illégales qui seraient en cours depuis 20 ans dans cette ferme du Lot-et-Garonne. Payés moins de cinq euros de l’heure, bien en dessous du salaire minimum français, au bon vouloir de leur employeur, les victimes dormaient entassées parmi les rats.

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Transcription
00:00Ce qu'on a découvert dans cette enquête nous a choqués.
00:03Une exploitation de pommes dans le sud-ouest,
00:05où des Marocains travaillent sans relâche pour un salaire de misère.
00:09Un endroit où ils dorment à plusieurs,
00:10dans un taudis infesté de souris et couvert de moisissures.
00:22Et ils cueillent des pommes que vous connaissez bien,
00:24comme les Granny ou les Pink Lady.
00:27On a rencontré Java et Ahmed,
00:29des saisonniers marocains qui nous ont raconté l'enfer qu'ils vivent depuis des années.
00:33On a pu réunir des centaines de documents, photos, vidéos, enregistrements,
00:38contrats de travail, qui attestent des irrégularités dans cette affaire.
00:42Et ce que vous allez voir, ça ressemble beaucoup à de l'esclavage moderne.
00:46Et si vous parlez, de toute façon, vous ne retrouvez pas de travail.
00:51Et le pire, certains auraient payé 14 000 euros au Maroc pour se retrouver dans cet enfer.
00:56Et je vous l'annonce, l'enquête n'a pas plu à tout le monde.
01:06Le point de départ de cette enquête, c'est le travail de Lina,
01:09une journaliste du pôle investigation de Street Press.
01:12A l'époque, elle bosse sur des faits de racisme à Aiguillon,
01:15une petite ville du Lot-et-Garonne dans le sud-ouest.
01:17Il y a quelques mois, j'ai publié un article sur des habitants d'origine marocaine d'un village du Lot-et-Garonne.
01:23Et pendant mon reportage là-bas, pas mal de gens m'ont parlé de cas de traite d'êtres humains
01:27qui auraient lieu dans des exploitations agricoles du coin.
01:30On me parlait de Marocains qui vivaient dans des logements très insalubres,
01:34de conditions de travail proches de l'esclavage moderne.
01:36Donc du coup, ça m'a intéressée.
01:37J'ai tiré le fil, j'ai créé des liens et j'ai fini par recevoir des photos et des vidéos.
01:41Sur les images que reçoit l'INA, on peut voir des ouvriers qui travaillent dans une exploitation.
01:47Ils ramassent des pommes, ils conduisent un tracteur, on voit ce qui a l'air d'être leur quotidien.
01:53Il y a aussi des vidéos de logements qui ont l'air complètement vétustes.
01:57Et quand on regarde de plus près ensemble, on tombe sur des photos de liasses de billets,
02:02plusieurs milliers d'euros.
02:04Et il y a une scène qui nous a particulièrement intrigués avec l'INA.
02:07On y voit une femme proposer de l'argent en liquide à des hommes autour d'elle.
02:11Allez, qui veut 200 euros ?
02:15Alors je donne 200 euros à tout le monde, ok ?
02:18Alors, tac, tac, tac, Yacine, est-ce que tu veux 200 euros ?
02:2650 ?
02:27Tu ne veux même pas 50 ?
02:30Ok.
02:32Cette vidéo et toutes ces images, elles ont été filmées ici,
02:36sur une exploitation de pommes à la sortie de Villeneuve-sur-Lotte dans le département du Lotte-et-Garonne.
02:41Donc pour comprendre tout ce qu'il s'y passe, c'est là qu'on commence notre enquête.
02:51Derrière beaucoup des images qu'on a reçues, il y a Java.
02:54Il est marocain et il a 40 ans.
02:57Il a pris beaucoup de risques pour accumuler des preuves et nous parler.
03:00Ça, on va vite le comprendre.
03:03Il nous a donné rendez-vous dans un des logements qu'on voit dans les vidéos.
03:07Java, comme une petite trentaine d'autres ouvriers marocains, dort sur l'exploitation.
03:12À quelques mètres des champs, mais aussi du logement du patron.
03:16Donc quand on arrive, on gare les voitures sur le bas-côté, les phares éteints à plusieurs centaines de mètres.
03:21Et pour que vous compreniez bien la peur de Java à ce moment-là d'être vu avec des journalistes,
03:26on a été obligé de se cacher derrière la voiture parce que quelqu'un quittait l'exploitation à ce moment-là.
03:31On n'a pas pu identifier qui c'était.
03:33J'ai juste pu prendre des images à l'arrache avec mon téléphone quelques minutes après.
03:38Il fait nuit noire.
03:39On marche au milieu des pommiers sans un bruit en suivant Java.
03:42On s'apprête à découvrir le logement dans lequel il vit.
03:50Il y en a cinq personnes avec moi ici.
03:53Mais Emmanuel est parti au Maroc.
03:55Il va rester juste moi qu'il va rester ici tout seul.
03:58Mais on est deux, il va dormir là-bas, on est ici, et moi là-bas.
04:05Là, l'avent, il a plu et tu ne dormis pas ici.
04:09Toute la nuit, il ne va pas dormir ici.
04:11Tu regardes ici, tout est évapore pour ça.
04:17Tu regardes.
04:19Si la pluie, elle va tomber ici.
04:23La pluie, la pluie, elle va tomber ici.
04:25Il y en a de l'eau, elle va entrer ici.
04:28Oui, il va entrer ici.
04:31Il y en a de l'eau, elle va entrer ici.
04:33Et moi, elle va passer ici pour moi.
04:37Oui.
04:37Et tu regardes, ça, c'est vraiment, ça, c'est, c'est, c'est, c'est, c'est, c'est, c'est, c'est la mesure, moi, elle va parer ici.
04:44Vous le voyez sur les images pendant que Java continue de nous faire la visite, tout est insalubre ici.
04:50Ça aussi, il est romaniste, tout est cassé.
04:53La salle de bain, la douche, tous les murs ont des traces de moisissures.
04:59Et pour aller aux toilettes, il faut sortir dans un hangar à côté en pleine nuit, les pieds dans la boue.
05:04Et ce que vous ne pouvez pas sentir derrière votre écran, c'est la forte odeur d'humidité qu'il y avait dans cet endroit.
05:19Honnêtement, la dernière fois que j'avais senti ce genre d'odeur, c'était pour un reportage en prison.
05:23Le linge qui sèche, les murs moisis, ça a l'air impossible d'habiter en bonne santé ici.
05:30Comment Java s'est retrouvé à vivre dans ces conditions, loin de son pays ?
05:34On s'est posé avec lui pour comprendre son histoire.
05:36On s'est posé en train de faire un travail pour la famille.
05:45En Belgique, il n'y a pas de travail qui s'est travaillé.
05:48J'ai eu venu à l'honneur afin d'améliorer sa situation.
05:50Mais j'ai eu venu à l'honneur et je n'ai pas beaucoup d'amélioré.
05:54Je ne sais pas comment.
05:55Je n'ai pas eu venu à l'honneur, mais je n'ai pas eu venu à l'honneur.
05:59Je n'ai pas eu venu à l'honneur, mais je n'ai pas eu venu à l'honneur.
06:02À l'honneur, il n'est pas eu venu à l'honneur.
06:07À l'honneur où je slipais mon томatricité associée sur l'honneur et il n'est fait eniter chaque 군ie.
06:14À l'honneur et celui-ci des ailes
06:17Je n'ai pas eu trainé sa claire de leur grues de bât 머리.
06:20À l'honneur, il y a trois.
06:23Au départ où on a été fait le patron de la fiz�se aux partenaires.
06:25wtedy j'en ai eu, dis-d'o pas un esperar, et donc il n'y a pas un vent.
06:28Les�ures encore parlementaires.
06:30A l'honneur, c'est falsines.
06:30Esprit ou une autre spécifique .
06:31Sous-titrage Société Radio-Canada
07:01En France, le salaire minimum est fixé à 9,40€ de l'heure en 2025.
07:09A 5€ de l'heure, l'agriculteur qui embauche Java serait dans l'illégalité.
07:13On a pu consulter les fiches de paie de Java depuis sa première saison en 2005 sur l'exploitation.
07:18Selon l'ouvrier, tous les montants indiqués seraient donc totalement faux.
07:22Pour comprendre comment se passe le paiement des salaires,
07:25je lui demande de nous en dire plus sur la vidéo où on voit une femme distribuer de l'argent liquide aux Marocains.
07:31qui veut 200€, alors je donne 200€ à tout le monde, ok?
07:36On a pu voir ce qui s'abit, c'est une femme qui est enniste.
07:42Car elle était la femme en train de se réagir, elle ne se préoccupe pas à la ville.
07:46C'est une personne qui s'abit pour l'éteindre les 15 jours.
07:50Et en première fois, on s'est dit qu'elle n'a pas besoin de la valeur,
07:53il n'a pas besoin de la valeur, il n'a pas besoin d'éteindre, il n'a pas besoin d'éteindre.
07:55Et ils ne sont pas des salaires pour l'éteindre.
07:57Et ils disent qu'elle n'a pas besoin d'éteindre.
07:59Ce que nous apprend aussi Javar, c'est qu'il ne toucherait l'argent de son contrat qu'à la fin de la saison, après plusieurs mois de travail.
08:12La scène qu'on voit sur la vidéo, ce serait une distribution d'argent, au compte-gouttes, au bon vouloir des exploitants, et retirer du salaire total des ouvriers marocains.
08:22Grâce à lui, on en sait plus sur la femme sur la vidéo.
08:25Elle s'appelle Maryse, c'est la sœur de l'exploitant agricole, Alain Honnac.
08:32Lui aussi, on le voit sur plusieurs vidéos filmées par les ouvriers marocains.
08:36Je ne sais pas si je ne vais pas vous envoyer ramasser de la pique.
08:39Ce qu'on sait sur lui, c'est qu'il a 64 ans. Il a lancé son exploitation dans les années 90, et il siège en tant qu'élu coordination rurale au sein de la mutualité sociale agricole de Dordogne-Lautégaronne.
08:51Sur l'exploitation, on a justement filmé une affiche de la coordination rurale.
08:56Ce syndicat agricole proche de l'extrême droite est en pleine percée.
09:00On les a beaucoup vus l'année dernière, avec leurs bonnets jaunes, protester contre des traités de libre-échange, les normes européennes ou la flambée des prix.
09:08Ils se sont fait connaître avec des actions coup de poing et des propos violents.
09:12J'ai trouvé un clip de promo sur leur chaîne YouTube qui résume bien l'état d'esprit.
09:16Le peloton de la serre ne laisse personne au bon chemin. Pour nos terres, pour nos fermes, pour l'avenir de nos vies, on gagnera ces élections, la victoire !
09:26Aux récentes élections aux chambres d'agriculture, la coordination rurale a réalisé une percée en arrivant en tête du vote des agriculteurs dans 14 départements.
09:35Et le Lot-et-Garonne est leur bastion historique. Autant dire qu'Alain Onak a du réseau dans le coin.
09:40C'est une des raisons pour lesquelles Sophie, c'est le prénom qu'on va lui donner, a décidé de témoigner anonymement.
09:47C'est une personne qui est connue dans le milieu agricole, qui connaît tout le monde, c'est des familles.
09:54Il est évident que je ne vais plus jamais retrouver de travail dans l'agriculture. Personne ne voudra m'embaucher.
10:02Et si vous parlez, de toute façon, vous ne retrouvez pas de travail. Tout le monde sait, personne ne parle.
10:08Sophie a travaillé trois ans et demi pour Alain Onak en tant qu'ouvrière agricole.
10:14Elle a côtoyé Java et les autres ouvriers marocains.
10:17Même s'ils travaillaient dans les mêmes conditions difficiles, la boue, le froid, ils n'étaient pas logés à la même enseigne.
10:24J'ai toujours travaillé avec eux, mais pas forcément avec, dans l'équipe des marocains.
10:32S'il faut venir travailler le samedi, ils viendront travailler le samedi.
10:35S'il faut venir travailler le dimanche, ils viendront travailler le dimanche.
10:38Ils travaillent beaucoup plus que nous.
10:40C'est au fur et à mesure des saisons que Sophie découvre l'ampleur de l'exploitation dont sont victimes les marocains.
10:47En travaillant avec eux, elle se rend compte de leur grande précarité.
10:50C'est l'extrême pauvreté marocaine.
10:53C'est-à-dire qu'il y en a qui ne savent ni lire ni écrire.
10:58C'est extrêmement facile de les exploiter.
11:03Je vais te donner 5 euros, ils sont contents.
11:05Ils étaient tous au chômage.
11:07Il n'y en a aucun qui travaille au Maroc.
11:10Même venir ici et prendre 5 euros de l'heure, c'est quand même bien.
11:15Aujourd'hui, Sophie veut alerter sur la situation des saisonniers marocains.
11:19D'après elle, elle a tenté de le faire auprès du patron Alain Honnac, mais sans réponse.
11:23A bout, elle pensait quitter l'exploitation fin 2024, mais le patron n'aurait pas renouvelé son contrat.
11:29En novembre, là vraiment, moi j'en pouvais plus.
11:32De voir les Marocains qui ont faim, c'est affreux de travailler et de voir la détresse de l'autre.
11:42Donc de savoir qu'ils avaient faim, de les voir travailler, de nous voir travailler dans la boue comme on a travaillé cette année.
11:52Et de voir aussi qu'Alain est complètement à côté de la plaque.
11:57Pour moi, ce n'était plus possible.
11:58Puis finalement, on m'a demandé de partir en décembre et c'est très bien comme ça.
12:04Ce qu'on a appris dans cette enquête, c'est qu'en plus des conditions de vie et de travail indignes,
12:10certains saisonniers marocains auraient été escroqués avant même de fouler le sol français.
12:15C'est le cas d'Ahmed, un Marocain de 27 ans qui travaillait comme peintre.
12:19Il a accepté de nous raconter son histoire sous couvert d'anonymat.
12:23Il aurait payé une grosse somme d'argent à un intermédiaire marocain
12:26pour pouvoir venir travailler sur l'exploitation d'Alain Honnac.
12:30Il a dit qu'il faut payer 14 000 euros pour avoir un contrat pour travailler en France.
12:37Il a dit que le travail est bien, le salaire est bien et tout.
12:40Il a dit que tout va bien en France.
12:45Il a dit que la belle vie.
12:46L'homme ne lui aurait donné que quelques jours pour réunir l'argent
12:54et le jeune ouvrier se serait endetté pour pouvoir payer.
12:57L'escroquerie dont aurait été victime Ahmed est bien rodée.
13:17L'intermédiaire vend de façon illégale une autorisation de travail bien légale.
13:21Ce document est délivré par l'OFI, l'Office français de l'immigration et de l'intégration.
13:27C'est cet organisme qui relève du ministère de l'Intérieur
13:30qui délivre les contrats de travailleurs saisonniers étrangers.
13:34Depuis la pandémie de Covid, le recours à des travailleurs étrangers a augmenté.
13:38Selon les chiffres du Monde, 15 000 saisonniers seraient venus du Maroc en 2023.
13:43Si Alain Honak peut bénéficier de ses contrats,
13:46c'est parce que l'agriculture fait partie de la liste des métiers en tension,
13:50où il n'y a pas assez de main d'offre française.
13:52Il peut solliciter des contrats au FI en échange d'une taxe.
13:56D'après Ahmed et Java, plusieurs autres Marocains auraient subi cette escroquerie au contrat.
14:01Au téléphone, Lina a réussi à joindre deux anciens saisonniers.
14:05Tous les deux travaillent aujourd'hui en Espagne.
14:07Ils confirment nos éléments.
14:08Salaire en dessous du minimum légal,
14:11heures supplémentaires non payées,
14:13conditions de vie indignes
14:14et les fameux 14 000 euros pour être embauchés.
14:17Et vous avez payé pour aller en France ?
14:40À ce stade, la question qui se pose,
15:08c'est qui est ce fameux intermédiaire qui aurait demandé 14 000 euros ?
15:11Grâce au témoignage qu'on a reçu, on a pu l'identifier.
15:15Il s'appelle Mimoun A.
15:16Regardez, on a même filmé son nom au-dessus d'un lit sur un logement de l'exploitation.
15:20Ce que l'on sait sur lui, c'est qu'à la base, il était ouvrier agricole comme les autres.
15:25Évidemment, on aurait aimé lui parler, lui poser des questions sur tout ça,
15:28mais on n'a jamais eu de réponse, ni par téléphone, ni sur les réseaux sociaux.
15:33Ce que l'on sait aujourd'hui, c'est qu'Ahmed et Java auraient tous les deux porté plainte pour traite d'être humain.
15:38Selon leur avocat Quentin Débril, qu'on a pu rencontrer à Bordeaux,
15:41l'appât du gain serait la motivation des agriculteurs soupçonnés de traite.
15:45Pour eux, ce ne sont que de la main-d'œuvre.
15:49Et on oublie l'aspect humain, en fait.
15:52On les réduit finalement à la condition de choses.
15:55De choses avec une utilité uniquement économique.
15:59Combien d'ouvriers marocains ont subi ce calvaire ?
16:02Est-ce qu'Alain Honnac était au courant des sommes demandées par Mimoun,
16:05comme nous l'ont expliqué certains ouvriers ?
16:07Pourquoi n'a-t-il pas réagi ?
16:09C'est les questions qu'on a voulu poser directement au producteur de pommes.
16:12Alors on l'a appelé.
16:13Allô ?
16:14Oui, bonjour, monsieur Honnac.
16:15Il a d'abord commencé par nous répondre,
16:17notamment sur son recours à des saisonniers marocains.
16:19Oui, oui, oui, oui, les ramasseurs, oui, oui, je fais ramasser les pommes par des marocains, oui, pourquoi ?
16:28Ça fait combien de temps que c'est le cas ?
16:32Ça fait un moment déjà.
16:34Oui, ça fait plusieurs années, plusieurs dizaines d'années ?
16:36Oui.
16:37Et à partir de là, quand on a commencé à aborder la question du salaire
16:41et des conditions de travail des saisonniers,
16:43on n'a eu le droit qu'à une réponse, en boucle.
16:45Finalement, il nous a raccroché au nez deux fois.
16:52Et quelques jours plus tard, j'ai eu plusieurs appels en absence d'Alan Honnac.
16:55Et quand j'ai voulu le rappeler très rapidement, j'ai reçu ce message.
17:00Il faut savoir que plusieurs sources nous ont expliqué
17:03que l'agriculteur aurait des problèmes de santé
17:05qui l'empêchent de gérer son exploitation.
17:08Donc pour avoir des réponses, on s'est tourné vers Marie Zonac,
17:11la sœur de l'agriculteur.
17:13On aurait aimé comprendre son rôle dans l'exploitation
17:15mais elle n'a pas souhaité nous répondre là-dessus.
17:18Moi, monsieur, je réponds aux gens quand c'est la police qui m'interroge,
17:24quand c'est un juge, mais là, les médias, monsieur, c'est quoi les médias, honnêtement ?
17:30Sur les vidéos où on la voit distribuer de l'argent au compte-gouttes aux saisonniers,
17:34pour elle, tout est en règle.
17:36Écoutez, on a une vidéo, par exemple, qui est prise par un saisonnier marocain,
17:39où on vous voit distribuer de l'argent en liquide.
17:41Est-ce que vous pouvez expliquer cette scène qu'on a consultée ?
17:44Sur le montant réellement touché par les saisonniers marocains,
17:58elle n'a pas souhaité nous en dire plus.
18:00Et sur les logements insalubres, voilà sa réponse.
18:02Je ne sais pas quoi vous dire, sinon qu'au départ, il s'est dans une maison neuve.
18:08Malheureusement, on n'en a pas appris beaucoup plus avec cet appel,
18:12et elle a refusé nos demandes de rencontre.
18:14Mais en travaillant sur l'exploitation des saisonniers marocains chez Léonac,
18:18on s'est rendu compte que le cas était loin d'être isolé, dans le département et la région.
18:22En décembre, au tribunal d'Agin, une agricultrice a été condamnée à 3 ans de prison
18:27et 50 000 euros d'amende pour traite d'être humain.
18:30Quelques jours plus tôt, un couple avait été écroué après le dépôt de plainte de 22 victimes pour le même motif.
18:36Ces derniers temps, on a vu une multiplication des cas dans la presse locale.
18:40D'après les avocats et les spécialistes de la traite d'être humain avec lesquels j'ai échangé,
18:43ces dérives, elles sont liées au contrat saisonnier lui-même.
18:47C'est-à-dire que ce contrat, il entraîne une double subordination.
18:51Le travailleur, il est doublement dépendant de son patron.
18:54D'un côté, il dépend de lui pour son emploi, son salaire, avec lequel il va vivre, se nourrir.
19:01Et de l'autre côté, il dépend de son patron pour son titre de séjour, son droit à rester en France.
19:07Du coup, forcément, ça entraîne des abus.
19:10Par exemple, en cas de contestation du travailleur concernant ses conditions de travail,
19:13le patron peut menacer de le renvoyer dans son pays en ne renouvelant pas son contrat.
19:19Ce qu'explique l'INA, c'est ce qu'il se serait passé pour Ahmed.
19:22Après avoir protesté contre le salaire proposé par Alain Onak,
19:26il n'a plus travaillé sur l'exploitation l'année suivante.
19:29Il a réussi à rebondir en trouvant un CDI dans le domaine du bâtiment.
19:32Il a même fait une demande de titre de séjour salarié.
19:36Mais ce qu'il ne savait pas, c'est qu'il était légalement tenu de retourner au Maroc
19:39après la fin de son contrat saisonnier.
19:41Et c'est pour ça qu'en novembre 2024, il a reçu en réponse à sa demande une OQTF,
19:47une obligation de quitter le territoire français.
19:50Son avocat Quentin Débril nous a expliqué que s'il était reconnu victime de traite d'être humain,
19:54son OQTF pourrait être annulé et il pourrait obtenir son titre de séjour.
20:01Java n'a jamais osé protester comme l'a fait Ahmed.
20:04Il avait peur de ne plus pouvoir travailler et de ne pas toucher son argent.
20:07D'ailleurs, quand on l'a filmé fin janvier, il attendait encore sa paye.
20:12Et quelques jours après notre passage, Maryse est venue lui apporter de l'argent en liquide.
20:16On entend la transaction sur cet enregistrement.
20:181, 2, 3, 4, 5.
20:21Là, tu as 400.
20:23Oui.
20:24400.
20:24Bon, mais je ne te donne que 400 parce que là, il ne me manque que 10 euros.
20:28D'accord.
20:29Eux, ils ont oublié de donner 10 euros parce que Claudine m'a donné la liesse.
20:33Donc, OK.
20:34Donc, je t'aurais donné 1900.
20:38Oui.
20:38On est OK ?
20:39Oui.
20:39Et demain, je te donne le reste.
20:41D'accord.
20:41Ça boule ?
20:41OK.
20:42Allez, ça marche.
20:43OK, Maryse.
20:44Allez, à demain.
20:45Je ne l'aurai que demain le reste.
20:46D'accord.
20:47Juste demain, d'accord, Maryse.
20:48Juste demain, voilà.
20:49Parce qu'on ne peut retirer que 2000 par jour.
20:52On ne peut pas faire mieux.
20:53Ah, d'accord, c'est bon.
20:55Allez.
20:55Allez.
20:58Ce jour-là, Java aurait reçu un peu moins de 2000 euros en liquide.
21:02Le lendemain, la sœur de l'exploitant reviendra lui donner 2000 euros.
21:05En tout, il affirme avoir reçu 5700 euros pour 6 mois de travail.
21:10Loin, très loin du minimum légal.
21:13Le jour du tournage, on a senti beaucoup d'émotion dans le témoignage de Java.
21:17Comme une libération après 20 ans de travail et de vie dans ces conditions indignes.
21:23Là, je vous ai répondu au niveau là.
21:24Là, je n'ai l'été à dakkaïa.
21:25...
21:33...
21:36...
21:41...
21:43...
21:47...
21:53...
21:55Je vous remercie.
21:56Je vous remercie.
21:57Je vous remercie.
21:58Je vous remercie.
21:59Je vous remercie.
22:00Je vous remercie.
22:01Je vous remercie.
22:02A la mi-février, Java est retourné dans son village au Maroc, au nord du pays.
22:07Il nous a envoyé ces images où on le voit chez lui.
22:10Pour la première fois en 20 ans, il ne compte plus revenir travailler pour Alain Onak à Villeneuve-sur-Lotte.
22:15Et il espère éviter à d'autres d'être pris dans cet engrenage.
22:19Et c'est la fin de cette vidéo.
22:31Merci à vous de l'avoir regardé jusqu'au bout.
22:34Je vous conseille d'aller lire l'article de l'Ina sur Instagram.
22:39c'est la fin de cette vidéo merci à vous de l'avoir regardé jusqu'au bout je vous conseille
22:47d'aller lire l'article de lina sur streetpress.com et de suivre son travail un grand merci à maria qui
22:52a traduit les échanges qu'on a eu grand merci aussi à samuel qui est avec moi derrière la
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23:00cette vidéo une enquête comme ça c'est plusieurs semaines de travail alors dites nous si vous
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23:10pas l'adresse mail c'est rédaction streetpress.com n'oubliez pas de vous abonner et je vous dis à bientôt

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