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  • il y a 4 jours
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Jeudi 10 avril 2025 : Paul et Sophie El Kharrat. Ils sortent ensemble l'ouvrage "Atypiques", aux éditions HarperCollins, pour témoigner sur l'autisme et le syndrome d'Asperger.

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Transcription
00:00Bonjour Paul et Sophie El-Karatin.
00:02Bonjour.
00:02Bonjour Élodie Suigot.
00:04Sophie, vous êtes la maman de ce jeune homme classé génie par beaucoup,
00:10qui a brillé, marqué de par son passage l'émission Les Douze Coups de Midi.
00:15Il faut dire qu'il a remporté 150 numéros de cette émission.
00:18Vous occupez de hautes fonctions dans l'administration française.
00:22Et pour la première fois, vous avez accepté de vous livrer,
00:25à cœur ouvert, de nous plonger dans ce que ce terme encore tabou reflète,
00:29l'autisme.
00:30Paul, vous avez été effectivement diagnostiqué à l'âge de 16 ans,
00:33ce qui a été un énorme soulagement pour vous deux,
00:36parce que vous aviez enfin des mots et vous saviez enfin de quoi il s'agissait.
00:42Ce témoignage, il est bouleversant à l'intérieur de cet ouvrage qui s'appelle
00:46Atypique, avec un S inévitablement, qui est sorti chez HarperCollins.
00:50C'est un énorme dialogue entre vous deux.
00:52C'est une façon de tendre la main, Sophie, c'est comme ça qu'on le vit,
00:56en tout cas, pour toutes celles et ceux qui sont concernés par le handicap
00:59et qui ont l'impression de ne pas s'en sortir d'une part et de ne pas être entendues
01:04d'autre part.
01:05Oui, tout à fait.
01:06C'est une façon de les rendre un peu plus visibles.
01:10et en plus, d'autant plus que les syndromes autistiques sont invisibles à première vue.
01:20Donc, c'est une façon aussi de partager ce que j'ai capitalisé depuis toutes ces années
01:26avec Paul et de partager avec les parents, les parents, les personnels enseignants,
01:32qui sont parfois impuissants parce que non formés, les personnels médicaux
01:38et tous ceux qui s'intéressent à la neuroatypie pour partager, etc.
01:44Parce que j'ai été beaucoup sollicité et j'ai reçu beaucoup de messages.
01:49J'en reçois encore, d'ailleurs, très touchants.
01:51Donc, c'est une façon d'essayer d'apporter ma pierre à l'édifice et d'aider.
01:55Paul, quand vous avez appris que vous aviez ce syndrome d'Asperger,
01:59ça a été un soulagement ?
02:01Oui. On dirait que je vais mourir.
02:03Non, non.
02:04J'ai appris une terrible nouvelle.
02:07Oui, oui. J'ai été soulagé, évidemment, quand on a un diagnostic,
02:14quand on nous dit le mal qui nous ronge, la maladie qui nous ronge,
02:18la pathologie dont on est atteint, etc.
02:20Je ne parle pas uniquement de l'autisme, mais pour toute chose.
02:23C'est toujours, alors je ne vais pas dire agréable,
02:26parce qu'apprendre certaines choses, je ne pense pas qu'il soit question d'agréable ou de désagréable.
02:31En tout cas, me concernant, ça a plutôt été de l'ordre de...
02:36Enfin, il y a un nom, une appellation,
02:40et tout ce qui s'ensuit, et tout ce qui en découle,
02:43et tout ce que cela signifie, symbolise pour l'individu qui en est porteur,
02:47c'est-à-dire obtenir un mot, mais ce mot symbolise énormément pour celui qui cherche désespérément à avoir des réponses à ces questions,
02:57et c'est, ah, tu es porteur d'autisme, et par ce fait, du syndrome d'Asperger,
03:03et donc, de manière plus détaillée, il va falloir entreprendre telles actions pour éviter telle situation,
03:09accepter de façon plus aboutie, plus importante, les différences, les délicatesses avec lesquelles on peut vivre
03:19dans cette société, dans ce monde-là,
03:21et aussi permettre, justement, de sensibiliser à cette cause-là en expliquant ce que c'est,
03:28et par ce fait, être en mesure de faire comprendre la manière que l'on a de fonctionner,
03:34de parler, de s'exprimer, d'interagir, et ça, il y a une définition très importante à donner,
03:42et pour qu'il y ait une définition, il faut qu'il y ait un mot au préalable, sinon c'est compliqué.
03:46Paul, elle représente quoi, cette maman, qui est à côté de vous, là ? Sophie ?
03:52Arrêtez vos bêtises !
03:54Ce qu'elle représente, au-delà des...
03:59On va déjà dire ce qui ne va pas avant de dire ce qui va,
04:02parce que je préfère terminer par la cerise, on va dire.
04:04Bon, et ce qui ne va pas, comme avec beaucoup de choses,
04:07c'est les incompréhensions multiples, on a l'impression qu'elle fait...
04:12On les entre, on voit qu'elle fait beaucoup,
04:14mais moi, j'ai l'impression qu'elle ne fait pas assez, pas suffisamment,
04:17qu'il y a toujours encore plus à faire,
04:19même au-delà de ce qu'elle peut donner elle-même, c'est très compliqué.
04:24Et donc, ça attise ma colère, parce que, justement, je lui en demande beaucoup,
04:29et c'est à elle que j'en demande, parce que tout le reste n'a que peu d'importance à mes yeux.
04:33Les autres, je ne les connais pas, donc je ne leur demande rien et je n'attends rien d'eux.
04:36Alors que ma mère, j'attends beaucoup, parce qu'elle est censée le mieux me connaître sur cette terre.
04:40Donc, quand je vois que je vais mal, je lui en veux un peu.
04:43Il y a aussi cette culpabilité que j'ai, moi,
04:46mais que j'ai aussi envers ceux qui sont censés faire en sorte
04:48que je me rehausse au niveau de ma santé mentale, on va dire, de façon sanitaire.
04:55Et puis, évidemment, qu'il n'y avait pas eu son concours,
04:59il n'y avait pas sa présence en permanence, sa combativité pour me faire retourner à l'école,
05:06pour me faire faire des activités, pour me sortir un peu de ce marasme ambiant
05:10dans lequel je m'enfonçais, qu'on appelle communément la dépression,
05:14mais qui avait une chronicité assez forte et qui faisait que j'étais littéralement emprisonné par cela
05:20et je n'arrivais pas à me dépasser.
05:22C'était très difficile, comme essayer de se séparer d'un symbiote compliqué
05:26qui nous fait du mal.
05:29Et ma mère était là, justement, pour m'y arracher du mieux qu'elle pouvait
05:32et elle était quasiment l'unique personne qui était en mesure de le faire,
05:36qui avait le pouvoir de le faire.
05:38Et je pense qu'elle a une place primordiale, mais elle le sait.
05:41Je ne le dis pas parce que je le considère comme acquis
05:49parce que, de par le parcours qui a été le nôtre, qui est quand même parallèle,
05:54je sais qu'elle est ultra présente.
05:58Et même quand elle est énervée contre moi parce que je fais des actions
06:01qu'elle juge complètement hors de propos,
06:05elle pense quand même à moi, elle m'appelle,
06:08elle s'inquiète de ce que je peux faire, de ce que je peux devenir,
06:13des activités que je fais, de tout ce qui m'environne, elle y pense.
06:18Sophie, touchée par ces mots ?
06:20Oui, j'ai fait un effort, là, quand même.
06:21Oui, tu as fait un effort, d'autant plus que je dis aussi
06:23que dans le noyau dur de l'autisme, il y a aussi le rapport à l'émotion,
06:29où il y a une incapacité à détecter les émotions
06:31et donc une incapacité à répondre aux émotions.
06:34Pourquoi je n'embrasse pas ? Pourquoi je ne montre pas des sites d'affection ?
06:37Parce que je suis moi-même incapable de les détecter chez autrui.
06:40Donc je ne peux pas les reproduire moi-même.
06:44Donc le fait que Paul, ici présent, le fasse,
06:48c'est encore plus important que si c'était un jeune homme neurotypique.
06:53Ça, c'est le guide que vous auriez aimé avoir entre les mains, Sophie ?
06:55C'est ça, exactement.
06:56C'est une victoire, du coup.
06:57C'est exactement ça.
06:59Ah oui, exactement ça.
07:00C'est le livre dont j'aurais eu besoin, voilà, il y a 25 ans.
07:07Un peu après, quand même.
07:08Parce qu'à un an, je ne pense pas que...
07:10C'est le livre qui m'aurait permis, oui, effectivement,
07:14d'être plus efficace et qui aurait peut-être évité
07:19un certain nombre de souffrances
07:21et d'être de conduite inappropriée face à une personne porteuse d'un TSA.
07:28C'est le livre qui m'a dit qu'il y a une personne porteuse d'un TSA.

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