Jacques Attali, essayiste, économiste et ancien conseiller d'État, était l'invité de "Perrine jusqu'à minuit", sur BFMTV.
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00:00Le cours de bourse ne l'intéressera pas, ça veut dire qu'il continue à imposer une règle qui est l'Amérique seule,
00:06qui était déjà une tendance qu'on avait vue avec Obama, et qui veut dire des choses très très graves pour nous,
00:11il faut avoir conscience de ça. Pour arriver à réussir ça, cette animosité, ça va entraîner deux choses, si vous permettez.
00:17La première, c'est qu'il va tout faire pour casser l'Union européenne, pour négocier avec chacun des Européens séparément,
00:23y compris dans ce qui fait le cœur de l'Europe, actuellement c'est-à-dire l'unité commerciale
00:28où les pays européens ne peuvent pas négocier commercialement tout seuls.
00:31Mais il va quand même essayer de négocier avec l'Italie, avec la Hongrie séparément, et avec ceux qui voudront,
00:35et je pense que personne ne voudra. C'est la première chose.
00:38Mais il y a une deuxième chose beaucoup plus grave que je dirais après votre question.
00:41Si je vous comprends bien, il est hermétique à toute pression, parce qu'on voit bien là que la liste des mécontents
00:45est en train de s'allonger autour de lui. Il y a bien évidemment la question de l'opinion américaine
00:49qu'il va falloir suivre de près, parce que ce seront les premiers impactés, on a déjà vu des manifestations ce week-end.
00:54Il y a la question des milieux financiers, des milieux d'affaires proches de Donald Trump,
01:00qui est aujourd'hui émettent un certain nombre de critiques.
01:01Tous, les présidents des grandes banques américaines qui ont surgi aujourd'hui pour dire
01:08« ça ne va pas, ça conduit à la catastrophe ».
01:10Elon Musk qui aurait dit, je n'ai pas la preuve qu'il l'a dit vraiment,
01:12mais que M. Navarro est un escroc stupide et qu'il faut le mettre dehors.
01:16Peter Navarro qui est le conseiller au commerce de Donald Trump, qui est l'architecte de cette droite douane,
01:20et Elon Musk a effectivement dit sur les réseaux, enfin sur X, que c'était un crétin bête comme un sac de briques.
01:26Voilà, donc ça, c'est…
01:28Mais il est hermétique à toutes ses pressions.
01:30Ces conflits internes, je… bon, c'est un pragmatique, peut-être changera-t-il, vous savez, on est…
01:34Moi j'ai toujours pensé que, pour comprendre la géopolitique, j'ai deux mètres à penser.
01:39C'est Karl Marx qui donne des tendances longues, et il y a des tendances longues du reflit des États-Unis sur eux-mêmes,
01:43et il y a Shakespeare qui nous dit que les passions humaines jouent un rôle très important.
01:47Là, on a plutôt basculé du côté de Shakespeare, donc il peut y avoir tout et n'importe quoi,
01:51et c'est pour ça, il y a que les marchés sont certains.
01:53La seule chose qui est certaine, c'est que rien n'est certain.
01:55Maintenant, les tendances longues, c'est quand même le repli de l'Amérique sur elle-même,
02:00et c'est ça où ça rejoint avec ce très très important, plus personne ne peut compter sur l'Amérique.
02:05Ce qui pour nous est peut-être un bon côté, on ne peut plus compter sur elle,
02:08mais on va s'unir, on va se rassembler, on va se donner une défense, on va se donner une stratégie commune.
02:12– Donc ça peut être une opportunité pour nous, Européens ?
02:14– Pour nous, Européens, mais regardez…
02:15– Vous l'interprétez aussi comme ça ?
02:16– Oui, c'est une opportunité, si on sait la saisir.
02:19– Allez !