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00:00Ici Occitanie, le réveil 100% local. Ici Matin.
00:04Bienvenue, nous sommes le mardi 8 avril 2025 en direct. Comme chaque matin,
00:08votre rendez-vous quart d'heure Toulousain à 8h moins le quart. Est-ce que l'économie
00:12toulousaine va être fragilisée par l'augmentation des droits de douane ?
00:15On pose la question à notre invité dans le quart d'heure Toulousain ce matin, Shannon Marini.
00:19Bonjour Pierre-Olivier Naud.
00:20Bonjour, merci beaucoup de m'accueillir.
00:21Vous êtes le patron des patrons, le président du MEDEF en Haute-Garonne.
00:26Alors on le disait, Donald Trump, le président des Etats-Unis, a décidé de relever les taxes sur
00:31tous les produits importés dès demain. Pour vendre du Roquefort, de l'Armagnac outre-Atlantique,
00:36il faudra payer 20% de taxes. Est-ce que les chefs d'entreprise sont inquiets aujourd'hui en Haute-Garonne ?
00:43Ils sont très inquiets, nous sommes très très inquiets tous. Quand j'entends les témoignages
00:46des enfants à l'instant, on a tous envie de retourner dans le monde des enfants. Je vous le
00:49dis franchement, ce n'est pas un moment très joyeux. Mon rôle de président de MEDEF, c'est de
00:54un petit peu saisir l'angoisse et le stress des chefs d'entreprise. Essayer de le transformer en
00:58une forme d'enthousiasme, mais j'ai du mal à trouver les mots en ce moment. On est drivés
01:02par l'optimisme en général, c'est ce qui nous fait avancer. Et c'est difficile en ce moment,
01:06parce qu'au-delà des taxes qui vont nous être imposées manifestement, il y a l'incertitude
01:11qui accompagne tout cela, parce que beaucoup d'entreprises se demandent à qui elles vont
01:14vendre une partie de leur production, tout simplement. Donc on s'interroge là-dessus,
01:18sur les effets directs et puis les effets indirects, puisque les entreprises qui commandent
01:22moins, vont faire moins de chiffre d'affaires ici chez nous, vont consommer moins derrière,
01:26en service au quotidien. Il y a une vraie inquiétude. Alors on a parlé chez nous,
01:30le Roquefort, l'Armaniac notamment, qui se sont touchés. Le secteur aéronautique à Toulouse aussi
01:36devrait l'être, mais les grands noms de Toulousain, Airbus, Safran, que l'on a essayé de contacter
01:41hier, nous ont tous dit qu'ils ne voulaient pas prendre la parole. Est-ce que c'est parce que la
01:45situation est si grave que ça ? Non, c'est leur non-prise de parole, leur silence à ce stade,
01:51simplement un silence d'attente, que je comprends parfaitement. L'incertitude fait, comme je le
01:56disais, qu'on ne sait pas où on va. Donc attendons de voir où on va. Vous avez vu que la Commission
02:00européenne, hier, a proposé une zone de libre-échange sur les produits industriels entre
02:03l'Amérique du Nord, entre les Etats-Unis et l'Europe. Donald Trump a dit non, clairement,
02:07dans la nuit. Il a dit, parce que c'est un négociateur permanent, c'est pas assez. Voilà,
02:13mais au moins on instaure une condition de discussion et d'échange, évidemment,
02:17dans un esprit géopolitique et dans des pays en paix, des démocraties libérales, c'est hallucinant
02:22entendre ce genre de choses. N'empêche que les conditions de la négociation sont ouvertes,
02:26manifestement, et je crois que les avionneurs, que ce soit Airbus ou Boeing, d'ailleurs,
02:30attendent. Boeing ne s'exprime pas non plus dans ce moment, et c'est bien pour cela,
02:33parce qu'on attend de voir ce qui va se passer. Évidemment, il y a une grande inquiétude, mais...
02:38Parce que des fabricants qui fournissent Boeing, aussi, dans la région toulousaine,
02:44devraient être plus impactés que d'autres ? Écoutez, on peut imaginer qu'effectivement,
02:48ce soit s'il y a des taxes de l'un et de l'autre côté de l'Atlantique, que ce soit une espèce de
02:52jeu à somme nulle. Donc, à quoi bon, finalement, s'amuser à faire des taxes si tout s'annule,
02:57au final, et tout le monde se taxe ? Ça ne sert absolument à rien. Donc, effectivement,
03:00beaucoup, beaucoup de fournisseurs, d'industriels de la place occitane, toulousaine, fournissent
03:05Boeing, directement ou indirectement. Et c'est vrai dans l'autre sens aussi. La différence qu'on
03:09a, c'est qu'Airbus a des usines à Mobile, en Alabama, aux Etats-Unis. Ce qui n'est pas le cas
03:12de Boeing en France. 05 34 43 31 31. Vous qui nous regardez, qui nous écoutez, craignez-vous
03:18que les décisions de Trump puissent avoir un impact sur l'économie toulousaine ? Vous
03:22appelez Christine. Maintenant, vous serez en direct à l'antenne, si vous le souhaitez. 05 34 43 31 31.
03:27Est-ce qu'on doit craindre, à moyen long terme, des suppressions de postes ? Ou alors,
03:31c'est beaucoup trop tôt pour le dire ? C'est beaucoup trop tôt pour le dire. Cela dit,
03:37je crois que c'est pour l'Europe, la France et notre territoire, l'occasion de se poser la
03:41question. Non pas d'un protectionnisme européen, mais en tout cas d'une forme de préférence
03:45communautaire. Et l'occasion de regarder, à côté de chez nous, ce qu'on peut acheter,
03:50produire à côté de chez nous et vendre à côté de chez nous aussi. On a des fabuleux marchés à
03:54côté de chez nous. Les économies vont bien. Je pense à l'Espagne, au Portugal. Par exemple,
03:58ils sont probablement prêts à acheter nos produits plus qu'aujourd'hui. Il faut jouer
04:02collectif. C'est ce que vous dites, comme le prix Nobel d'économie toulousain, Jean Tirole,
04:05qui disait sur France Inter et sur ici Occitanie aussi, que les patrons doivent négocier ensemble.
04:12Est-ce que vous êtes d'accord ? Est-ce que déjà c'est possible ? Je crois que le réflexe qui a
04:15été celui d'Emmanuel Macron à la première annonce de Trump, de nous réunir toutes et tous pour agir
04:22ensemble, est un très très bon réflexe. Nous, chefs d'entreprise, on a deux réflexes systématiques.
04:26On est orientés d'une manière très simple. C'est l'esprit de conquête, l'esprit d'équipe. C'est
04:32ce qui nous dirige au quotidien. Donc oui, on doit raisonner ensemble. J'ai réuni hier une
04:37soixantaine d'adhérents du MEDEF et je peux vous garantir que l'idée de s'épauler et de réfléchir
04:41ensemble est très forte chez nous en ce moment. C'est du cinéma, a commenté Michel sur notre
04:46page Facebook. Pour lui, Donald Trump, il fait du bluff. Est-ce que pour vous aussi, c'est du bluff ?
04:54Il y a moyen quand même de discuter ? Non, je ne crois pas que ce soit du bluff. Je crois plutôt
04:57que c'est un homme qui réfléchit à peu près avec une vision de 24 à 48 heures et qu'il n'exprime
05:06pas de vision pour la prochaine génération, même pour les prochaines années tout simplement. Il est
05:10dans une posture de négociation permanente pour obtenir des gains, même pas pour ses électeurs
05:16ou pour ses Américains. C'est simplement pour son propre plaisir de gagner. Donc oui, on peut y voir
05:21une forme de bluff et de coup de poker à chaque fois. Simplement, aujourd'hui, on n'est pas sur
05:26une table de Monopoly ou sur une table de poker, on est sur une planète qui va mal. L'esprit ne peut
05:32pas être celui-là. C'est pour ça que tous nos dirigeants essaient de le ramener à une forme
05:37de raison. On a l'impression que c'est un petit peu difficile. Les grands industriels français
05:42ont rendez-vous ce midi avec Marc Ferrati, le ministre de l'Industrie. Qu'est-ce que vous
05:47attendez de ce rendez-vous ? Je crois que ce que j'en attends, c'est une décision par la France
05:54d'un Bercy qui s'oriente vers un budget de 2026, ou même un rectificatif de 2025, qui respecte la
06:01nécessité pour les entreprises françaises d'être compétitives. Donc, certainement pas alourdir la
06:05charge fiscale et sociale pour les entreprises. Plutôt aller vers des décisions fortes de baisse
06:09du budget de l'État, sur beaucoup de matières d'ailleurs, et donner le moyen aux entreprises
06:13françaises et européennes d'être compétitives dans un environnement mondial américain, pro-américain,
06:19qui aujourd'hui fait que la fiscalité augmente. Donc, on a d'un côté probablement des marges
06:23qui vont être mangées. De l'autre côté, des charges fiscales et sociales qui sont énormes. Donc,
06:27j'attends probablement la responsabilité de Bercy de ce point de vue. Donner la liberté aux
06:31entreprises d'agir en compétitivité par rapport à des Américains violents. Oui, des mesures de
06:35soutien en baissant, par exemple, les impôts ? Oui, des impôts. Alors, ce fameux impôt qui
06:41surtaxe les grandes entreprises, celles qui font plus d'un ou trois milliards de chiffre d'affaires,
06:45cette IAS spéciale pour 2025, qui soit ajournée, qui définitivement s'arrête à 2025 par exemple,
06:51où je prends encore le cas des impôts de production, cette fameuse CVAE qui devait
06:55s'arrêter initialement en 23, puis en 24, puis en 25, puis maintenant en 27. Qu'on s'arrête là
06:59finalement, qu'on nous donne les moyens de produire, de recruter et d'être compétitifs
07:03par rapport à nos concurrents étrangers, notamment américains désormais. Merci Pierre-Olivier Naud,
07:08président du MEDEF en Haute-Garonne, d'avoir réagi, donné votre point de vue sur l'augmentation des
07:14taxes douanières à partir de demain. Tous les produits importés aux Etats-Unis, donc je le
07:19rappelle, seront taxés à 20%. Merci d'avoir choisi ce matin.

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