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Atteint d'un cancer de la prostate reconnu maladie professionnelle, il se bat contre l'usage des pesticides

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00:00Dès votre réveil, ici Mata.
00:037h44, nous sommes le mercredi 9 avril 2025, c'est le début du quart d'heure toulousain.
00:08Rendez-vous dans lequel vous pouvez vous exprimer dans ce quart d'heure toulousain.
00:11De ce mercredi, on reçoit un ancien arboriculteur du Tarn-et-Garonne.
00:14Oui, bonjour Bernard Guigne.
00:16Et bonjour.
00:17Vous avez produit des pommes, des kiwis, des melons, notamment à Montesquieu à côté de Moissac.
00:23Et pendant 30 ans, vous avez utilisé des pesticides.
00:26Depuis 6 ans, vous vous battez contre un cancer de la prostate ?
00:31Oui, c'est tout à fait ça, oui.
00:33Est-ce que vous avez tout de suite fait le lien avec les pesticides que vous avez utilisés ?
00:38Très rapidement, oui.
00:39J'ai vu un fait défiler mes pratiques à l'époque qui étaient comme tous les gens de cette époque-là.
00:47Parce qu'on trouve des précautions et très très vite sont apparus des images révélatrices de quoi pour moi.
00:54Alors Bernard Guigne, on vous entend très mal, la liaison est assez mauvaise.
00:58Donc on va essayer de vous rappeler pour que la connexion soit meilleure.
01:03Donc je le disais, vous êtes un ancien arboriculteur du Tarn-et-Garonne.
01:07Vous avez été...
01:09Votre maladie, le cancer de la prostate a été reconnu comme maladie professionnelle.
01:13Et vous avez donc attaqué en justice la mutualité sociale agricole,
01:18notamment pour augmenter ses frais d'indemnisation.
01:21On en parle ce matin de ces pesticides.
01:2305 34 43 31 31.
01:25On est dans le Gers à Saint-Claire avec Daniel au standard.
01:29Bonjour Daniel.
01:30Bonjour et sœur Trétanie.
01:31Bienvenue.
01:32Oui.
01:33Alors on parle de ces pesticides ce matin.
01:35Vous, quel est votre rapport avec ce qu'on mange dans les assiettes ?
01:38Moi, je ne mange que du bio.
01:41Et ce n'est pas difficile ?
01:43On dit souvent que c'est beaucoup plus cher le bio.
01:45Vous en trouvez facilement ?
01:46Je ne mange que du bio car je n'ai plus confiance.
01:48C'est plus cher, mais ça ne fait rien.
01:51Parce que je ne suis plus rassurée pour la santé.
01:53Est-ce que vous trouvez qu'on est assez informé sur les dangers des pesticides dans ce qu'on mange ?
01:58Non.
01:59Il faudrait que ce soit plus transparent ?
02:01Ah oui, je ne suis pas transparent, oui.
02:04Merci beaucoup Daniel pour votre témoignage.
02:07Et puis on retrouve Bernard Guigne.
02:09Rebonjour.
02:11Oui, rebonjour.
02:11La liaison est bien meilleure maintenant.
02:14Donc vous nous disiez que vous aviez tout de suite fait le lien entre votre cancer de la prostate et les pesticides que vous avez utilisés.
02:21Oui, c'est ça, oui.
02:21Très très vite, oui.
02:23Et vous n'apportiez pas de protection quand vous utilisiez ces pesticides ?
02:27Alors dans les années 80, 85, très peu de gens étaient sensibilisés à la dolorosité de ces produits.
02:34Donc effectivement, au début, on ne faisait pas trop trop attention, c'est sûr.
02:39Donc votre cancer a été reconnu comme maladie professionnelle, mais vous avez attaqué en justice la mutualité sociale agricole.
02:47Pourquoi ?
02:48Alors effectivement, j'ai attaqué, quand on dit la mutualité sociale agricole, ce n'est pas la mutualité sociale agricole du Tarn-et-Garonne.
02:54C'est donc un organisme qui s'appelle le Fonds d'indemnisation des victimes des pesticides, qui est géré au niveau national par la MSA.
03:03Donc ce sont ces gens-là qui déterminent les débuts de versement de rente et également les taux d'incapacité.
03:12Et on n'est pas d'accord du tout sur ce qui m'a été accordé.
03:15Parce que pour vous, votre taux d'incapacité, qui a été fixé à 30%, c'est ce qui définit l'indemnisation, pour expliquer l'argent que vous recevez en fait.
03:24Pour vous, il a été sous-estimé, c'est ça ?
03:27Oui, clairement. Dans mon parcours de malade, j'ai rencontré un peu partout en France des gens qui sont à peu près dans ma situation et qui sont proches des 60%.
03:38Donc effectivement, ce n'est pas du tout pareil.
03:41Votre situation, c'est-à-dire ? Qu'est-ce qui vous pèse dans votre quotidien avec ce cancer ? J'imagine que c'est des examens très souvent.
03:50Alors c'est des examens réguliers, tous les contrôles de ce qu'on appelle le PSA, c'est-à-dire c'est une protéine qui est dans le sang, qui révèle éventuellement un redémarrage de la maladie, de la pathologie.
04:02Et ensuite, un retentissement sur la vie personnelle, sur le moral, sur le contrôle des fuites urinaires, sur le côté intime, sur ma vie personnelle, sur ma vie de famille.
04:18Et ça, c'est très très peu pris en compte et ce n'est pas normal.
04:22Hier, le tribunal a demandé une expertise médicale supplémentaire.
04:25Alors c'est la procédure, mais ça veut dire que ça va prendre encore du temps avant que vous ayez une décision.
04:31Plusieurs mois, est-ce que vous le comprenez ?
04:34Non. Non, non, je ne comprends pas cette lenteur.
04:37Parce que moi, mon dossier a débuté en 2020, on est en 2025, on fait durer.
04:44Je peux comprendre que certaines choses puissent prendre du temps, mais quand même, là, j'ai reparti à priori pour un délai maximum de 4 mois
04:51avant de connaître le compte-rendu du médecin expert.
04:59Encore 4 mois avant d'avoir une décision.
05:02Au-delà de votre combat personnel, vous voulez aussi briser un tabou.
05:06C'est ce que vous expliquez pour vous, le fait que les pesticides provoquent des cancers, des maladies.
05:11C'est tabou ? Il y a une omerta encore ?
05:14Oui, il y a une omerta terrible.
05:16Beaucoup de mes collègues aujourd'hui sont conscients, en partie en tout cas, de la dangerosité de ces produits.
05:26Mais on leur a menti, on nous a menti, on continue à nous mentir sur la réelle dangerosité des pesticides en général,
05:34puisque les autorisations de mille sur le marché ne sont pas transparentes,
05:40et ne sont pas faites, on ne considère pas les effets à long terme sur la santé et également sur la biodiversité.
05:48Parce que ce sont concernés les agriculteurs, mais ce sont concernés également les riverains, les consommateurs et tout ça.
05:55Justement, que pensent vos voisins dans le Tarn-et-Garonne de votre combat, vos voisins agriculteurs notamment ?
06:00J'imagine que ça ne plaît pas forcément.
06:01Oui, oui, il y a une partie d'indifférence, mais dernièrement, à force de prendre la parole dans différents médias,
06:11sur différents supports, j'ai deux personnes qui m'ont appelé, qui sont dans mon cas,
06:16et qui ont bénéficié, qui continuent à bénéficier de mes conseils en termes de constitution de dossier
06:24pour être reconnus en maladie professionnelle.
06:26Donc, ça commence un petit peu à s'étendre, ici, c'est vrai que c'est très, très tabou, très tabou, vraiment.
06:33On a l'impression quand même qu'il y a une prise de conscience, il y a aussi des consommateurs comme Daniel
06:39qui nous appelaient, qui n'achètent que du bio, est-ce que c'est ça qu'il faut faire maintenant ?
06:43Oui, absolument, clairement, dans les produits bio, même si certains vont vous dire que les agriculteurs bio utilisent des pesticides,
06:54mais premièrement, ce sont des pesticides qui ne sont pas de synthèse,
06:58et si on faisait des analyses de résidus au niveau des fruits, au niveau des farines, au niveau du pain,
07:05enfin, à tous les niveaux, on verrait bien, enfin, les études le montrent,
07:09on verrait bien que dans les produits bio, il n'y a quasiment pas de traces de pesticides chimiques, ça, c'est sûr.
07:16Donc, il faut encourager cette agriculture-là.
07:20D'ailleurs, est-ce que vous, vous avez complètement arrêté l'arboriculture ?
07:25Vous avez lâché les ponts ?
07:27Oui.
07:27Alors, moi, je suis donc à la retraite depuis mes 60 ans.
07:31J'ai complètement arrêté, bien sûr, puisque je me consacre à ma vie de famille.
07:40C'est clair que ce n'est pas facile, surtout en abrigule dure.
07:43Je conçois que c'est absolument très, très compliqué de se reconvertir.
07:48Mais pourtant, à mon sens, c'est la seule voie possible.
07:54Et alors, moi, ce que je veux, c'est qu'ils sachent que, contrairement à ce qu'on leur dit,
07:57il y a des solutions, quoi, quand j'entends « pas d'interdiction sans solution »,
08:03je suis désolé, mais j'ai connu et je continue encore à côtoyer des gens
08:06qui sont en agriculture biologique et qui en vivent très bien,
08:10qui, quelquefois, ont des difficultés, mais bon, ça fait partie du métier.
08:13Et il faut encourager cette agriculture biologique.
08:17Merci beaucoup.
08:18Il faut vraiment, vraiment, oui, vraiment encourager ça,
08:20parce que là, on est en train de partir complètement à l'inverse,
08:23et pour moi, insupportable.
08:24Merci beaucoup Bernard Guigne, ancien arboriculteur du Tarn-et-Garonne.
08:29Merci de nous avoir parlé de votre combat contre les pesticides.
08:33Bonne journée à vous.

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