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  • il y a 6 jours
Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.

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00:00Et bienvenue dans les informes et l'émission de décryptage de l'actualité de France Info avec Renaud Delis. Bonjour Renaud.
00:13Bonjour Salia.
00:14Avec nous autour de la table ce matin, Audrey Thyssen, journaliste au service politique de France Info. Bonjour Audrey.
00:19Bonjour.
00:20Et à vos côtés Jean-Jérôme Berthollus, éditorialiste politique à France Info TV. Bonjour Jean-Jérôme.
00:24Bonjour Salia.
00:25Renaud Delis, on commence tout de suite par cette guerre commerciale ouverte par Donald Trump.
00:28Avec des effets assez spectaculaires sur les marchés financiers. Alors l'heure est au rebond ce matin, notamment du côté de Tokyo.
00:35Mais après plusieurs jours de baisse spectaculaire depuis jeudi et notamment hier avec un effondrement en particulier de la bourse à Hong Kong.
00:43Selon les spécialistes, on n'est pas encore dans un krach boursier parce qu'il faudrait que cette baisse continue de façon un peu plus durable et de façon importante.
00:52Il n'empêche que, comme le disait Hannibal dans Agence Stories, vous vous souvenez, j'aime quand un plan se déroule sans accroc.
00:59Et bien voilà, Donald Trump a donc déclenché une guerre commerciale avec des salves de droits de douane à l'encontre quasiment de la planète entière.
01:06Résultat, les mesures de rétorsion se multiplient, l'économie mondiale tousse, les marchés financiers en particulier.
01:14La Chine réplique de façon extrêmement ferme.
01:17L'Europe discute encore mais n'exclut aucune réponse et des inquiétudes commencent à poindre quant aux effets sur l'économie, sur la croissance, sur la menace d'une éventuelle récession.
01:26Quelles pourraient être les conséquences de cette nouvelle donne économique pour la France, pour la croissance en France, pour l'inflation aussi ?
01:33La réponse il y a quelques minutes sur ce plateau de Thierry Breton, l'ancien commissaire européen au marché intérieur.
01:39Nous sommes hélas, et tant mieux, un pays qui n'est pas trop exposé parce que 1,5% de notre PIB dépend des exportations américaines.
01:47Donc en fait on est moins exposé, par exemple que l'Irlande dont on parlait à l'instant, que l'Allemagne ou que l'Italie.
01:53C'est là où on va voir la réponse évidemment des Européens.
01:55Si jamais on retaxe, les produits américains seront légèrement plus chers.
02:00On sait que dans ces moments il y a aussi une élasticité, les entreprises regnent un peu sur leurs marges, mais vous avez raison, mais vont surtout être beaucoup plus chères aux Etats-Unis.
02:08Voilà, c'est moins dangereux que si c'était pire, et ça devrait être pire donc aux Etats-Unis.
02:13Il n'empêche qu'il y a quand même une menace de regain d'inflation, de ralentissement de la croissance.
02:16Le Premier ministre François Bayrou prévenait d'ailleurs ce week-end dans les colonnes du Parisien,
02:20aujourd'hui en France, alerté contre des risques, je le cite, de pertes d'emploi absolument majeures.
02:25Le ministre de l'économie Eric Lombard réunit demain à Versilles l'ensemble des acteurs économiques.
02:29Son homologue en charge de l'industrie, son ministre délégué en charge de l'industrie Marc Ferracci fera le point aujourd'hui d'ailleurs avec les patrons du secteur de l'industrie.
02:37Alors que peut faire le gouvernement dans cette nouvelle donne, sachant qu'évidemment, et notamment au regard de la situation des finances publiques,
02:43il exclut de recourir à un nouveau quoi qu'il en coûte ?
02:47Alors on est épargné, mais on n'est pas si épargné que ça en fait, si on écoute effectivement les alertes de François Bayrou, Jean-Jérôme.
02:53Oui, c'est vrai qu'il y a le discours effectivement ce matin de Thierry Breton, qui est vrai sans doute que les entreprises frappées par les doigts de douane dans le monde
03:03vont effectivement, à la fois pour écouler leurs produits, baisser leurs prix, baisser leurs marges, etc.
03:09Ça c'est un petit peu le discours optimiste.
03:11C'est vrai que François Bayrou, le week-end dernier, lui a employé des mots très forts.
03:17Il est plus inquiétant, oui.
03:18Arrêt de l'investissement, effectivement, comme le rappelait Renaud, effet massif sur l'emploi.
03:24Et c'est vrai quand même que, même si on peut, disons, réfléchir rationnellement pour les économistes, qu'est-ce que cette guerre commerciale mondiale,
03:38il est évident que ça va avoir un impact et un impact fort sur la France.
03:43Et quand on observe un petit peu aujourd'hui, certains ministres de l'exécutif, ils sont tétanisés.
03:52Hier, un ministre en première ligne me disait, c'est comme le premier jour du Covid.
03:58Donc on a à la fois peu d'informations sur ce qui va se passer, mais on sait que ça va être massif.
04:07Et il est clair que l'impact sur les Français va être important.
04:11Il est clair que l'impact sur les Français va être important parce que, encore une fois,
04:15le casse-tête du budget l'année prochaine, qui était déjà immense, s'accroît encore.
04:22Puisqu'en plus de la nécessité de se renforcer en matière de défense, on a maintenant cette crise au-dessus de nos têtes
04:32qui pourrait avoir des effets dévastateurs sur la croissance, sur l'emploi, sur les entreprises.
04:38Pour s'en donner juste un élément concret, c'est que d'ores et déjà, demain, les aides aux entreprises vont repartir en quelque sorte.
04:51Comme le disait effectivement un conseiller, on ne réunit pas les entreprises seulement pour faire un diagnostic.
04:56On réunit les entreprises pour les aider.
04:59C'est-à-dire quoi ? Qu'on va cibler les secteurs qui risquent d'être touchés pour envisager des aides ?
05:04Ça ne sera pas le quoi qu'il en coûte du Covid, mais on voit bien que de nouveau, il va falloir que l'État intervienne,
05:09alors qu'il n'y a plus un sou en caisse, et bien au contraire qu'il va falloir faire des économies drastiques.
05:15Donc là, vraiment, on est rentré de nouveau dans une période à la fois inquiétante et de forte incertitude.
05:20Il y a les TPE, les PME qui peuvent être touchés effectivement par ce changement d'ordre mondial du commerce.
05:25Mais sur les grands groupes, Emmanuel Macron avait une demande lors de sa réunion la semaine dernière quand les droits de l'homme ont été annoncés.
05:31C'est arrêter les investissements aux États-Unis.
05:34Réponse des grands patrons ? Tu rêves. Ils ont dit non.
05:37Si on prend effectivement l'exemple de CMA-CGM, Rodolphe Saadet, le grand patron,
05:42lui, il a annoncé 20 milliards d'investissements aux États-Unis.
05:45Il manque de patriotisme, ces grands patrons-là.
05:48Ou à un moment, ils peuvent écouter le président de la République.
05:52Mais les grands patrons, en fait, ils ont surtout des entreprises à faire tourner.
05:55Les investissements qu'ils ont l'intention de faire, qu'ils préparent depuis des années,
06:01ça a été très bien expliqué par l'ancien commissaire européen Thierry Breton,
06:05ils les préparent depuis des années.
06:07Ils ne vont pas aujourd'hui renoncer à des investissements aux États-Unis.
06:10Sauf si cette nouvelle configuration, vraiment, leur pose un souci.
06:16Ils travaillent quand même sur le long terme avec ces investissements.
06:20Donc oui, Emmanuel Macron, c'est son rôle d'appeler au patriotisme.
06:24Mais les entreprises, elles sont un petit peu dans leur couloir.
06:28Le souci pour l'État, ça va être plutôt de pouvoir suivre,
06:35de pouvoir encaisser ce contre-coût, ces 0,5% peut-être du PIB qui vont baisser.
06:42C'est en tout cas ce que laisse présager François Bayrou.
06:46Et c'est donc la préparation du prochain budget, surtout, qui va concerner le Premier ministre.
06:52Alors justement, pour ceux qui nous écoutent, ça veut dire quoi ?
06:540,5% de PIB en moins, ça veut dire quoi pour ceux qui nous écoutent sur les finances publiques ?
06:59Alors, je n'ai pas le chiffre exact. Si c'est ce que vous me demandez, ça y est.
07:02Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire des marges de manœuvre en moins ?
07:04Des investissements en moins ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
07:06Sachant que déjà, on voulait baisser notre déficit, le passer de 5,8% à 5,4%,
07:11ça veut dire qu'on doit anticiper des baisses de rentrées d'argent,
07:15surtout des baisses d'impôts.
07:17C'est surtout ça qu'il faut anticiper de la part des entreprises.
07:21Et donc, des efforts supplémentaires.
07:23Où est-ce qu'on va pouvoir faire ces efforts ?
07:25Sachant qu'on nous promet déjà un effort général.
07:28Il y a François Bayrou qui va faire une conférence la semaine prochaine,
07:33une conférence sur les finances publiques.
07:35Il va nous faire un nouvel effort de pédagogie, comme il aime le faire,
07:39pour sensibiliser les Français.
07:41Je ne pense pas qu'il va nous dire du sang et des larmes,
07:44mais il va nous préparer les esprits.
07:47Il va falloir faire des efforts à tous les étages,
07:50et les arbitrages, normalement, seront rendus d'ici l'été.
07:53C'est là qu'on saura où il y aura des coupes.
07:56Même si on nous dit qu'il n'y aura pas de gros coups de rabot
07:59dans un secteur en particulier, il va falloir gratter à tous les étages.
08:03On a mesuré déjà à quel point c'était difficile de le faire
08:06dans le budget qui a été adopté laborieusement,
08:08comme on l'a vu pour cette année, avec retard.
08:10Ces coupes dans les dépenses publiques, c'est toujours beaucoup plus compliqué.
08:13Sachant qu'il y a une autre obligation que s'impose l'exécutif,
08:18c'est-à-dire qu'il y a des choses dans cette crise,
08:20et dans cette crise qui se dessine, qui ne dépendent pas de la France,
08:23qui dépendent d'abord de Donald Trump,
08:24mais il y en a d'autres qui dépendent aussi de la politique gouvernementale.
08:26C'est évidemment la fameuse ligne rouge de ne pas toucher aux impôts,
08:29de ne pas augmenter d'impôts, quels qu'ils soient.
08:31Dans ce cadre extrêmement contraint,
08:33le budget de l'année prochaine va s'avérer encore plus complexe
08:37que celui dont le gouvernement a couché difficilement cette année.
08:42S'il y a une dimension très tétanisée de la part des gouvernants dans l'attente,
08:51ce qui explique d'ailleurs peut-être la première réaction d'Emmanuel Macron,
08:54de dire aux investisseurs français
08:55« Arrêtez vos investissements aux États-Unis »,
08:57ce qui n'a pas grand sens.
08:58La question qui peut se poser, c'est la priorisation des investissements.
09:01Ça peut être de dire aux grands groupes français
09:03« Essayez d'investir de façon prioritaire en France
09:05pour sauver un certain nombre d'emplois ou d'activités en France,
09:08mais les investissements aux États-Unis,
09:10même dans le contexte de guerre commerciale qu'on commence à percevoir,
09:13ils ont aussi des répercussions,
09:15ils peuvent aussi avoir des répercussions favorables
09:17évidemment pour l'économie française.
09:19En revanche, la dimension extrêmement stupéfaite
09:23et tétanisée des acteurs et des gouvernants,
09:25elle tient au fait que l'essentiel,
09:27enfin pas l'essentiel d'ailleurs,
09:29la totalité de ce qui est en train de se passer,
09:31résulte de la décision d'un homme,
09:33en l'occurrence Donald Trump,
09:34qui d'ailleurs en l'occurrence tient ses promesses.
09:36Il l'avait annoncé.
09:37Il a choisi de déclencher cette guerre commerciale.
09:39Il n'y a pas un ralentissement de l'économie mondiale.
09:41Ce n'est pas, comme le disait Thierry Breton tout à l'heure d'ailleurs,
09:44l'équivalent de précédentes crises,
09:47celles des subprimes ou autres,
09:49c'est-à-dire des événements internationaux,
09:51et un effet boule de neige.
09:52Là, cet effet boule de neige,
09:53il est déclenché par celui qui a balancé la première boule de neige,
09:55en l'occurrence c'est Donald Trump.
09:57Et comme l'expliquait aussi, et j'en finis,
10:00Thierry Breton tout à l'heure,
10:02il faudrait se garder de prendre Donald Trump
10:04pour quelqu'un de purement irrationnel.
10:06Il poursuit plusieurs objectifs en même temps,
10:08sur le plan économique,
10:09en matière de relocalisation,
10:12de baisse d'impôts sur les sociétés aux États-Unis, etc.
10:16Et il fait ça d'abord pour parler à son électorat.
10:19Évidemment, son électorat risque de souffrir,
10:22et de souffrir grandement dans un premier temps de ses décisions,
10:24en tout cas dans un premier temps,
10:25et même à plus long terme,
10:26notamment en ce qui concerne l'inflation.
10:28Donald Trump qui n'a pas prévu de faire une pause
10:32dans cette offensive américaine.
10:349h16 sur France Info,
10:36les informés continuent après le Fil Info de Maureen Sunière.
10:40La situation est suffisamment dramatique
10:42pour qu'il y ait un électrochoc pour le gouvernement.
10:45C'est ce que dit sur France Info ce matin
10:47la rapporteure de la commission d'enquête
10:49sur les manquements des politiques publiques
10:51de protection de l'enfance.
10:52Un rapport est dévoilé aujourd'hui.
10:54Il manque, selon la rapporteure,
10:5630 000 postes dans le secteur de l'aide sociale
10:58à l'enfance en France.
11:00Le feu est circonscrit mais pas encore éteint à Paris.
11:02Un incendie qui a ravagé un centre de déchets
11:04dans le 17e arrondissement.
11:0680 pompiers encore sur place.
11:08Il n'y a pas de problème de toxicité, de lait,
11:10rassure ce matin le ministre de l'Intérieur.
11:13De nouvelles températures records en Europe.
11:16Elles n'ont jamais été aussi élevées pour un mois de mars.
11:19Ces températures se situent dans la fourchette haute
11:21des prévisions scientifiques sur le réchauffement climatique.
11:24Cette chaleur s'est accompagnée de précipitations extrêmes
11:27comme en Espagne et au Portugal.
11:29Une palme d'or d'honneur
11:31pour un acteur américain de légende.
11:33Robert De Niro va être primé
11:35lors de la cérémonie d'ouverture du 78e Festival.
11:38Le mois prochain, l'acteur de 81 ans
11:40est connu et reconnu pour ses rôles
11:42dans Taxi Driver, Les Affranchis
11:44ou encore Le Parrain 2.
11:47France Info.
11:52Les informés. Renaud Dely.
11:54Saliha Brakia.
11:58Les informés continuent avec notre parrain à nous
12:00qui s'appelle Renaud Dely et avec Audrey Tchison,
12:02journaliste au service politique de France Info.
12:04Jean-Jérôme Berthelus, éditorialiste politique
12:06à France Info TV. Juste avant le fil en fond,
12:08on parlait des droits de douane imposés par les Etats-Unis.
12:10Une dernière précision que vous vouliez ajouter ?
12:12Vous parliez de la croissance, effectivement.
12:14En fait, un budget, ça s'établit comment ?
12:16Enfin, il y a différents paramètres économiques.
12:18D'abord, ça s'établit sur la croissance.
12:20La croissance, ça permet à l'Etat
12:22d'engranger des recettes.
12:24Donc, quand François Bayrou dit
12:26que ça va baisser de 0,5 point,
12:28ça veut dire moins de recettes.
12:30Et puis, c'est basé aussi sur nous,
12:32sur notre consommation,
12:34sur la consommation des Français.
12:36Et les Français, ils consomment quand ils y voient clair.
12:38C'est un petit peu comme pour les entreprises
12:40qui investissent quand ils y voient clair.
12:42Et aujourd'hui, personne n'y voit clair
12:44et il y a une inquiétude.
12:46Donc, ça veut dire, encore une fois,
12:48que le budget en préparation, dont on savait
12:50qu'il serait très difficile, Sophie Prima,
12:52la porte-parole du gouvernement,
12:54avant la concrétisation de cette guerre commerciale,
12:56parlait déjà d'un cauchemar budgétaire.
12:58Eh bien, on sait que ça va être
13:00un budget difficile.
13:02Et juste, je vais vous faire toucher du doigt
13:04à quel point ça va être un budget difficile.
13:06D'ores et déjà, au sein du gouvernement,
13:08on reparle de la désindexation
13:10des fameuses retraites
13:12des Français.
13:14Et on dit, là, on n'y échappera pas.
13:16Parce que le budget,
13:18c'est pas seulement le budget de l'État,
13:20c'est toutes les dépenses sociales.
13:22Et là, on va vers une épreuve de vérité.
13:24Donc, il va falloir passer au-delà
13:26des tabous. Donc, vraiment, ça va être
13:28effectivement une séquence budgétaire
13:30et politique compliquée.
13:32Renaud, l'autre sujet d'actualité que vous vouliez évoquer ce matin,
13:34c'est la proposition de loi PLM.
13:36On n'y voit pas très clair sur la situation
13:38économique et l'avenir
13:40à la fois budgétaire et économique de la France.
13:42On n'y voit pas beaucoup plus clair, à un peu moins,
13:44des prochaines élections municipales sur les règles
13:46qui seront en vigueur, avec plusieurs
13:48modifications en cours.
13:50D'une part, la modification des règles
13:52en vigueur dans les plus petites communes.
13:5470% des communes concernées, les communes
13:56de moins de 1000 habitants,
13:58avec une remise en cause de la formule
14:00du panachage, d'une part. Et puis, surtout,
14:02avec le renforcement de la parité
14:04qui va devenir obligatoire pour constituer des listes
14:06dans ces petites communes. Disposition
14:08qui a, d'ailleurs, profondément divisé
14:10le fameux bloc central. La droite
14:12s'opposant beaucoup au Macroniste
14:14qui défendait cette mesure.
14:16Le RN s'y est aussi beaucoup opposé.
14:18Ça, c'était la nuit dernière. Et puis,
14:20la réforme de la loi PLM
14:22qui va arriver à l'Assemblée nationale aujourd'hui.
14:24Une proposition de loi qui est portée par un député Macroniste
14:26de Paris, Sylvain Maillard.
14:28PLM, c'est Paris, Lyon, Marseille.
14:30Ce texte-là date de
14:321982.
14:34Ceux qui veulent le réformer
14:36veulent que, désormais, plutôt que
14:38d'élire des conseillers d'arrondissement
14:40qui, eux-mêmes, ensuite siègent
14:42et élisent, quand ils deviennent conseillers
14:44de Paris, de Lyon, de Marseille,
14:46le maire,
14:48que le maire soit directement
14:50élu lors des prochaines élections municipales
14:52avec deux urnes, d'ailleurs, le jour du scrutin.
14:54L'une pour les conseillers d'arrondissement, l'autre
14:56pour désigner le maire, de façon à
14:58éviter d'éventuels accidents électoraux.
15:00Parmi ceux qui soutiennent, d'ailleurs, cette proposition
15:02de loi initiée par un député macroniste,
15:04La France Insoumise, dont
15:06le coordinateur
15:08Manuel Bompard était votre invité
15:10hier.
15:12C'est un mode de scrutin qui est plus démocratique,
15:14donc c'est plutôt quelque chose qui nous convient.
15:16À Paris, Lyon, Marseille, vous pouvez vous retrouver
15:18dans une situation où vous avez
15:20une liste qui gagne en nombre de voix
15:22mais qui ne gagne pas en nombre de sièges.
15:24Évidemment, c'est un problème démocratique.
15:26La liste qui gagne en nombre de voix sur la ville,
15:28c'est la liste qui doit diriger la ville
15:30à l'issue des élections municipales.
15:32Je vois bien que sur ce sujet, tout le monde a l'air de se positionner
15:34en fonction de ses intérêts politiciens.
15:36Pardonnez-moi d'essayer de me positionner en fonction
15:38de l'idée que je me fais de la démocratie.
15:40Pour mémoire, d'ailleurs, cet accident démocratique,
15:42ça s'est produit une fois, c'était au municipal à Marseille
15:44en 1983, où Gaston Defferre avait été réélu
15:46alors qu'il avait fait moins de voix
15:48que la liste concurrente conduite à l'époque par Jean-Claude Godin.
15:50Reste donc
15:52Manuel Bompard, comme d'autres prétendent
15:54se poser au nom des intérêts démocratiques
15:56en faveur de cette réforme, ce qui n'est pas
15:58forcément le cas de tout le monde. Une réforme, un texte
16:00qui divise à peu près tout le monde, d'ailleurs.
16:02Notons que les socialistes marseillais
16:04y sont favorables, alors que
16:06les socialistes parisiens y sont hostiles.
16:08Alors justement, essayez de comprendre pourquoi
16:10certains s'y opposent, parce que sur le papier
16:12que les Français puissent choisir leur maire
16:14dans ces trois villes, Paris, Lyon, Marseille,
16:16ça semble démocratiquement
16:18irréfutable, on ne peut pas
16:20être contre ça. En fait, il y a
16:22plusieurs raisons. Il y a le fait que cette
16:24réforme, elle intervienne
16:26à seulement 11 mois.
16:28On est censé voter en
16:30mars prochain, à seulement 11
16:32mois de l'échéance. Donc ça donne
16:34l'impression
16:36d'un bidouillage, d'un tripatouillage
16:38électoral, comme disent
16:40certains. Donc ce côté dernière minute,
16:42alors que cette loi, elle était dans
16:44les tuyaux, on en parlait depuis quelques années,
16:46elle arrive seulement maintenant.
16:48Donc forcément, du côté des oppositions,
16:50ça paraît louche, en résumé.
16:52Il y a ça, et il y a tout simplement
16:54les automatismes,
16:58ceux qui craignent de perdre leur mairie,
17:00tout simplement. Quand on parlait des
17:02socialistes à Paris, le clan
17:04Hidalgo et ses éventuels
17:06successeurs, eh bien
17:08voilà, ils connaissent le système
17:10actuel, ils savent très bien
17:12quels arrondissements doivent être
17:14prioritaires, quels arrondissements
17:16il faut absolument gagner pour pouvoir
17:18envoyer suffisamment de représentants
17:20au conseil municipal,
17:22au gouvernement central à Paris, et
17:24permettre d'élire son
17:26maire PS
17:28pour le coup,
17:30et donc changer les règles.
17:32Forcément, ça bouscule.
17:34Il y a aussi
17:36des considérations
17:38logistiques. Certains disent
17:40que les électeurs n'y verront
17:42pas forcément clair, le fait d'avoir éventuellement
17:44deux urnes, ou en tout cas
17:46deux papiers à remplir.
17:48Il faut élire dans son
17:50conseil d'arrondissement et élire
17:52au conseil municipal. Il y a encore une autre problématique
17:54à Lyon, où on vote aussi pour
17:56l'agglo, donc ça pourrait faire
17:58trois urnes différentes. En tout cas,
18:00il y a tout un tas d'arguments pour dire
18:02ne le faisons pas maintenant,
18:04renonçons, mais
18:06ce texte a quand même
18:08plutôt des chances de passer, puisqu'en
18:10commission, il a réuni une
18:12majorité.
18:14Ça passerait à l'Assemblée nationale,
18:16mais est-ce que ce sera le cas au Sénat,
18:18à la majorité de droite ?
18:20C'est le gros problème. En plus, Audrey Tison le disait justement.
18:22Pourquoi maintenant, à onze mois ?
18:24Mais en fait, ça ne sera pas à onze mois, parce que
18:26le temps qu'effectivement ce texte arrive
18:28au Sénat,
18:30ça veut dire en septembre prochain,
18:32par précaution, parce que
18:34les temps sont durs, parce qu'on a
18:36des États qui virent de démocratie
18:38à États illibéraux.
18:40C'est quand même prendre un grand risque
18:42de changer un mode de scrutin à quelques
18:44mois du scrutin lui-même.
18:46Deuxièmement, ceux qui disent
18:48tripatouillage. Ils disent mais à qui ?
18:50Qui vraiment ? On ne sait pas très bien
18:52si François Bayrou a vraiment envie
18:54de ce texte. Un coup c'est oui, un coup c'est non.
18:56Est-ce que ça profiterait à Rachida Dati
18:58qui est candidate à Paris ? On ne sait pas très bien.
19:00Benoît Payan, lui, il dit oui.
19:02Le maire de Marseille dit oui. On ne sait pas très bien.
19:04C'est un peu flou. En tout cas, ce qui
19:06est sûr, c'est que c'est un texte
19:08qui peut-être corrigerait effectivement
19:10des effets négatifs
19:12du scrutin actuel dans ces trois grandes
19:14villes. Mais en revanche, qui ne
19:16résout absolument pas les problèmes
19:18de gestion
19:20de ces villes. Par exemple,
19:22prenons le cas de Paris. A quoi sert un maire
19:24d'arrondissement ? On a du mal à le savoir.
19:26On a du mal à le comprendre. Et bien souvent,
19:28ça dépend de la personnalité du maire d'arrondissement
19:30lui-même. Le pouvoir.
19:32Mais ça, cette loi, elle ne réforme
19:34absolument pas le mode de gouvernance
19:36de ces grandes métropoles.
19:38Pourtant, l'argument d'Anne Hidalgo, justement, pour
19:40s'opposer à cette réforme, c'est de dire
19:42le risque que les maires d'arrondissement
19:44n'existent plus, ne comptent plus.
19:46Oui, enfin déjà, ils ne comptent pas beaucoup. C'est ça le problème.
19:48C'est ça le problème. C'est que le Conseil municipal
19:50de Paris fait la pluie et le beau temps aujourd'hui.
19:52Donc, effectivement,
19:54l'opposition d'Anne Hidalgo est sûrement légitime
19:56mais l'argument, lui, n'est pas
19:58très légitime. Et puis enfin,
20:00vraiment, d'abord, cette loi,
20:02ce projet de loi,
20:04ou cette proposition de loi,
20:06doit, comment dire,
20:08à la priorité sur d'autres textes, quand même,
20:10très importants, dont on parle
20:12ici ou tous les jours.
20:14Je pense au narcotrafic, je pense à la
20:16fin de vie, etc. Enfin, donner
20:18la priorité à ces textes-là, c'est un point d'interrogation.
20:20Et pour le chef de la majorité,
20:22François Bayrou, c'est un point d'interrogation
20:24parce que, comme ça a été très justement dit
20:26par Audrey Tison, ça fracture le bloc central.
20:28Même en commission,
20:30Horizon s'est abstenu.
20:32Donc, aujourd'hui, alors que le bloc
20:34central est quand même hyper
20:36fragile, hyper faible,
20:38le risque de fracturer encore un peu plus,
20:40c'est étrange. – Ça fracture tout le monde, quand même.
20:42Rachid Dati est favorable,
20:44la droite parisienne, le reste de la droite parisienne,
20:46beaucoup moins ce texte. C'est vrai que c'est un texte
20:48qui dépasse les clivages
20:50purement partisans. Pour ce qui est du délai,
20:52c'est vrai que le délai est court, mais ça s'est déjà vu à plusieurs reprises.
20:54La loi PLM initiale,
20:56elle a été promulguée le 31 décembre
20:581982.
21:00Et les élections municipales suivantes avaient lieu
21:02en mars 83. C'est d'ailleurs cyniquement
21:04d'autant mieux joué que le ministre...
21:06– Vous vous souvenez, mars 83, vous l'avez dit vous-même.
21:08Il a tout de suite créé un problème.
21:10– Et c'est qui le ministre de l'Intérieur qui promulgue la loi,
21:12en tout cas qui porte la loi le 31 décembre 1982 ?
21:14C'est Gaston Defer, celui qui en profite trois mois plus tard à Marseille.
21:16– Précisément.
21:18– Le retour de la proportionnelle aussi
21:20en 85, c'était juillet 85,
21:22pour des législatives en mars 86.
21:24Ce qu'on voit très clairement, c'est que d'un point de vue
21:26purement démocratique sur le papier,
21:28il y a peu d'arguments pour s'opposer
21:30à cette réforme, c'est-à-dire
21:32de désigner des conseillers
21:34paris d'un côté qui désignent le maire
21:36et de l'autre côté des conseillers d'arrondissement
21:38et donc qu'on soit sûr que le maire soit forcément
21:40celui qui ait le plus de voix par rapport aux listes concurrentes
21:42mais on voit aussi que dans chaque camp
21:44chacun a une approche
21:46de ce texte
21:48selon ce qu'il pense
21:50pouvoir en tirer comme bénéfice, c'est bien pour soi
21:52et donc ça veut dire aussi d'ailleurs que
21:54forcément certains se trompent, si on regarde
21:56à Marseille, le maire sortant, Benoît Payan
21:58est favorable, le rassemblement
22:00national y est favorable parce qu'il pense pouvoir gagner,
22:02les Insoumis sont favorables
22:04parce qu'ils pensent aussi pouvoir gagner la ville grâce à cette loi
22:06forcément quelqu'un se trompe.
22:08Et le Sénat y est très défavorable
22:10donc tout ça pour ça.
22:12Dit comme ça, on a tout compris.
22:14Merci beaucoup à tous les trois.
22:16Audrey Thyssen, journaliste au service politique de France Info
22:18merci d'être passée, merci à vous aussi
22:20Jean-Jérôme Barthelus, éditorialiste politique à France Info TV
22:22Merci Renaud, on se retrouve demain
22:24Les Informés du Soir, c'est à partir de 20h.

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