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Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique des centres E. Leclerc, était l'invité du Face à Face d'Apolline de Malherbe sur RMC et BFMTV ce mardi 8 avril. Il est revenu sur les taxes américaines ainsi que sur l'augmentation de certains produits tels que le café ou le chocolat, notamment en grande distribution.

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Transcription
00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Michel-Édouard Leclerc.
00:04Bonjour Apolline.
00:05Merci d'être dans mon studio ce matin.
00:07Je voudrais que vous répondiez à beaucoup de questions qu'on se pose après, évidemment, les décisions de Donald Trump.
00:12On parle à nouveau des mots comme inflation, on parle à nouveau d'extrêmes tensions sur les marchés.
00:19On parle aussi de la difficulté qu'on va avoir, nos commerçants, à pouvoir vendre là-bas, nos commerçants, nos producteurs.
00:26D'abord, est-ce que vous vous êtes inquiet, Michel-Édouard Leclerc ?
00:29Oui, ça chamboule beaucoup de choses. Et puis c'est surtout là, tout le monde commande l'actualité dans l'immédiateté.
00:35Mais ce n'est que le début d'une grande négociation qu'impose l'Amérique, qui casse la table, comme on dit,
00:42mais qui va impacter, par exemple, la France dans ce qu'elle exportait aux États-Unis,
00:48mais qui va aussi impacter la France dans la réaction de tous les autres pays qui, ne pouvant pas vendre aux États-Unis,
00:55vont essayer de dégager leurs produits sur l'Europe et donc sur la France.
00:59Donc, je ne suis pas sûr qu'il faut se protéger et négocier le flanc ouest,
01:03mais il faut faire la même chose sur le flanc sud-est, sur la zone indo-pacifique.
01:08Donc, c'est un jeu de dominos dont on voit bien comment il va tomber,
01:13mais c'est un jeu qu'il va nous falloir reconstruire.
01:17Et je vais oser dire ça, mais il y en a pour dix ans, parce que c'est la fin d'un ordre.
01:22C'est pas simplement un coup de gueule, un gars qui renverse la table.
01:25Non, c'était déjà en gestation.
01:27On le voit bien sur le plan militaire.
01:29L'Amérique aussi change de stratégie et d'allié, en tout cas de perspective de zone de sécurité.
01:37Elle regarde plus la zone indo-pacifique que l'Europe.
01:39Donc, elle nous dit, j'ai payé beaucoup, raboulez l'argent et puis on va sans doute enlever des soldats.
01:44Donc, ça nous oblige.
01:46Et puis, sur le plan commercial, là aussi, on voit bien, il y a presque une sorte de haine de l'Europe,
01:51de la manière dont c'est dit.
01:53Je ne pense pas que ça existe, mais il y a...
01:55En tout cas, dans l'expression, dans la communication, c'est extrêmement vif.
01:58Ça l'a été encore à nouveau cette nuit, avec des propos de Donald Trump
02:02qui montrent qu'il n'est pas question pour lui de revenir en arrière.
02:05Là, vous nous avez dressé un tableau avec effectivement des conséquences qu'on n'imaginait pas.
02:09On a un peu le nez sur le guidon, si je puis me permettre, depuis 24 heures,
02:12à penser uniquement aux heures qui viennent, à la question des négociations immédiates,
02:17à la question du cours de la bourse.
02:19Mais ce qui m'a beaucoup frappé dans ce que vous dites dès le début de cet entretien,
02:22c'est cette question d'un renversement, d'un nouvel ordre,
02:26avec effectivement ce qui se passe aux États-Unis, mais les conséquences.
02:29C'est-à-dire qu'au fond, vous nous voyez aussi comme dans un jeu de prédateurs.
02:34Désormais, nous serons, nous pouvons être vus comme des proies potentielles
02:38pour ceux qui ne pourraient plus, j'allais dire, déverser leurs marchandises ailleurs.
02:43C'est ça.
02:44En fait, on a tendance à... On avait quelques accords bilatéraux.
02:47Très peu, les Français arrivaient derrière.
02:50Mais c'est, en général, sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce,
02:55qui nous allait très bien, nous, les universalistes.
02:58On aime le droit, on est le pays du droit.
03:00Tout ça, ça semblait à peu près s'articuler.
03:02Et là, quand tout le monde s'en échappe, il n'y a plus de droit.
03:05Il n'y a plus de règle. Est-ce que c'est à nouveau une sorte de monde de droit de la jungle ?
03:10Oui, c'est la loi du plus fort.
03:12Et donc, il faut trouver le Tarzan qui va passer de liane en liane.
03:18Pour essayer de faire en sorte que les animaux de la forêt ne se mangent pas.
03:22On en est là. Au moment où on se parle, on en est là.
03:25Pour le moment, on a un orang-outan, pardon pour la comparaison,
03:28mais il monte sur le ring, il fait
03:30« Moi, c'est nous, ma gars. Alignez-vous, montez sur le ring et donnez-moi ce que vous avez à donner. »
03:36Après, la question est de savoir comment il faut lui répondre.
03:38Est-ce qu'on lui répond seul ?
03:40Est-ce qu'on lui répond en européen ?
03:42En européen volontaire ou en européen institutionnel ?
03:45Parce que ce ne sont pas les mêmes pays.
03:47Il y a des pays comme Erdogan qui...
03:50La Hongrie, elle ne joue pas la partition pour le moment avec nous.
03:53Et puis, du coup, il faut qu'on se retourne aussi parce que les Chinois, eux, disent
03:57« Tu ne vas pas nous la faire. »
03:59Ce sont les Chinois qui détiennent les devises américaines.
04:02Ce sont les Chinois qui détiennent Hollywood.
04:04Ce sont les Chinois aussi qui ont fait la valeur du dollar.
04:07Donc les Chinois...
04:08Trump fait l'erreur de déclencher une guerre où il va être tout seul contre le monde.
04:13Tout seul contre le monde.
04:14Et donc, c'est une négociation qui est vachement dure à mener.
04:16Et nous, dans cette histoire-là,
04:20est-ce que vous faites partie de ceux qui considèrent
04:23que ça aura des conséquences sur l'inflation ?
04:26L'inflation qui pourrait à nouveau remonter.
04:28C'est ce qu'a immédiatement dit Ursula von der Leyen.
04:31On avait enfin réussi à la juguler.
04:33Est-ce que vous anticipez une reprise de l'inflation ?
04:37Oui, absolument.
04:39Et une inflation structurelle, cette fois-ci.
04:41Là, dans un premier temps...
04:43Ça veut dire que ce ne serait pas une inflation ponctuelle
04:45qu'on arriverait à faire redescendre.
04:47On va se réinstaller dans une inflation durable ?
04:50Oui, je crains ça.
04:51Dans un premier temps, c'est sûr, pour les Américains,
04:53les droits de douane, c'est un impôt.
04:55Son public n'a pas très bien compris,
04:57mais tous les impôts qui vont être mis sur les produits chinois, etc.,
05:00c'est les Américains qui vont les payer plus cher.
05:02C'est-à-dire que quand ils vont importer,
05:04ils vont payer ces 20% de plus sur le produit importé ?
05:07Pour l'ouvrier américain, pour l'agriculteur américain,
05:10pour le consommateur américain,
05:12c'est une inflation qui va atteindre 4-5%,
05:15je pense, à la fin de l'année déjà.
05:18Parce que ce dont on parle, ce ne sont pas des commandes fermes,
05:20ce sont des indicateurs, ce n'est pas encore négocié.
05:23Mais vous voyez bien,
05:25ces droits de douane sont un impôt pour les Américains.
05:28Nous, ce qui va se passer en France,
05:31c'est qu'on va sans doute se voir fermer certains marchés aux États-Unis.
05:35Dans le luxe, peut-être qu'on arrivera à amortir
05:38des droits de douane ou à mieux les renégocier.
05:40Mais par exemple, nos producteurs laitiers sont coincés
05:42parce que l'Amérique est un très très gros importateur de poudre de lait.
05:46Et la poudre de lait de Lactalis, de Yoplait, d'Anone,
05:49c'est un indicateur du marché du lait.
05:51Alors là, c'est l'effet inverse.
05:52Dans un premier temps, ça va faire chuter le prix du lait.
05:55Parce qu'il y a une spéculation derrière ?
05:56Parce qu'il y aura trop de lait.
05:58Le lait qu'on n'aura pas vendu aux États-Unis,
06:01on va se le retrouver avec,
06:03si on ne peut pas le dégager sur l'Afrique.
06:04J'allais dire presque tant mieux à court terme pour nous,
06:06parce que nous consommateurs européens,
06:09on va le payer un peu moins cher ?
06:10Voilà, mais il ne faut pas se réjouir trop vite,
06:13parce que c'est juste du court terme.
06:14Parce que tout de suite après, ça veut dire que ce marché étant perdu,
06:18on va demander aux éleveurs,
06:19où les éleveurs vont devoir produire moins de lait.
06:22Donc peut-être licencier, peut-être fermer des exploitations,
06:25peut-être fermer des usines de fabrication de fromage et tout ça.
06:29Donc il faut serrier.
06:31C'est un jeu...
06:32Je vous dis, ce sont des dominos.
06:34Et puis quand vous regardez vers la Chine,
06:36parce que tout le monde parle de la relation franco-américaine,
06:39parce qu'on est déçus.
06:40On était tous amoureux de l'Amérique.
06:42On est tous...
06:44Trump, avec son brutal power,
06:46casse ce qui faisait qu'on aimait l'Amérique.
06:49Le mythe, le soft power,
06:51ce pour lequel on reçoit les acteurs à Deauville ou à Cannes.
06:55Un pouvoir qui serait plus un pouvoir d'influence,
06:58qui nous fascinait,
06:59et là qui est devenu effectivement extrêmement brutal.
07:01Et ça, c'est...
07:02On va revenir là-dessus.
07:04Il fait ça, d'accord ?
07:05Mais il fait ça à l'égard de toutes les populations du monde.
07:08Et donc aujourd'hui, par exemple, la Chine,
07:11si elle ne trouve pas les débouchés américains,
07:12elle va nous refaire le coup des voitures.
07:14Si ces voitures ne peuvent pas aller aux États-Unis,
07:17elles vont venir en France.
07:19Et de manière très agressive.
07:20Lorsque vous dites, par exemple,
07:21quand vous parlez de la question du prix du lait
07:23qui va à court terme baisser,
07:25mais qui ensuite aura des conséquences sur l'emploi.
07:26Ça veut dire que si je me projette dans les rayons,
07:28dans les tout prochains mois,
07:31il pourrait y avoir une baisse des produits laitiers,
07:34des yaourts, de tous les produits laitiers.
07:37À moyen terme, en revanche,
07:38ces produits auraient leur prix qui remonte.
07:41Quels sont les prix qui, à court terme,
07:43pourraient avoir leur prix qui monte tout de suite ?
07:44À moyen terme, ça va...
07:46Là, ce que je décline,
07:47c'est ce qu'on voit et c'est l'impact.
07:50Mais la Commission européenne a reçu un mandat
07:52et je crois que personne ne conteste trop ce mandat unique.
07:56Madame van der Leyen va aller renégocier tout ça, d'accord ?
08:00Et donc, je ne sais pas ce qu'il va rester
08:03de tous ces effets d'annonce
08:04qui font le show, qui font le bise.
08:07Moi, je pense que, quand même,
08:09les friquets américains, les oligarques américains,
08:11là, qui ont perdu beaucoup d'argent,
08:13ils vont quand même réfléchir à deux fois.
08:14Et puis, les associations de consommateurs américains,
08:17les républicains vont se dire
08:19« Oh là là là là, on nous entraîne. »
08:21Ça, c'est notre marge de manœuvre.
08:22Donc, ce que vous voulez dire,
08:23c'est qu'il n'y a pas seulement une négociation
08:24entre nous et Donald Trump,
08:27mais aussi au sein de son administration,
08:29au sein de son électorat.
08:30Il peut y avoir quand même un certain nombre de limites
08:33et les cours de la bourse qui se sont effondrés hier,
08:35qui remontent légèrement, semble-t-il, ce matin,
08:38pourraient en être aussi l'un des indicateurs pour lui.
08:40Parce que c'est quelqu'un de très clanique.
08:42Il n'est pas du tout con.
08:43Il est mal éduqué.
08:44Il dit des choses perverses, compliquées.
08:48C'est une sorte de Berlusconi puissance 10.
08:50Mais par contre, à chaque fois, il y a du fond.
08:52C'est simplement qu'il prend les dossiers de fond
08:55et il les dit mal.
08:56Et là, il déclenche une guerre
08:58qu'il n'est pas capable,
08:58que l'Amérique n'est pas capable de mener toute seule.
09:01Et c'est notre chance.
09:02C'est ça que je voudrais dire.
09:03Ça veut dire quoi, c'est notre chance ?
09:04Concrètement, ça se traduira comment ?
09:06Eh bien, là où nous, on posait le débat de l'Europe
09:09uniquement en termes institutionnels,
09:11surcroît administratif, trop de normes et tout,
09:14ben là, nos normes vont servir.
09:16On va les appliquer au GAFA.
09:18On va les appliquer au mouvement financier.
09:20On va taxer aussi ces flux-là.
09:21Parce que l'Amérique, elle est...
09:23Enfin, les États-Unis sont déficitaires du point de vue...
09:27Ils exportent moins que nous.
09:28Qu'il n'importe.
09:29Mais dans les services, on est tous aliénés
09:32par les appareils multimédia.
09:34C'est Microsoft, c'est Outlook dans les entreprises.
09:37Tout ça, c'est américain.
09:38Et ça, c'est une base sur laquelle la Commission européenne
09:42va proposer de mettre des impôts, des normes,
09:45des choses qui vont nous redonner la main dans la négociation.
09:47Est-ce que vous, Michel-Edouard Leclerc, vous travaillez beaucoup avec les États-Unis ?
09:50Ou est-ce qu'au fond, ça n'est pas véritablement une filière
09:53dont on importe les produits du quotidien ?
09:55Non.
09:55On peut aider un peu les acteurs qui ne vendront pas aux États-Unis.
10:00On vend déjà beaucoup de vin.
10:01Puis n'oubliez pas, il n'y a pas que la France qui sera touchée sur le vin.
10:04L'Italie aussi, l'Espagne aussi.
10:06Ce sont des pays gros exportateurs de vin.
10:09Donc la distribution, en tout cas, elle peut aider.
10:12Et les chefs d'entreprise, c'est ça mon idée,
10:15les chefs d'entreprise doivent tenir un discours.
10:18Et le président de la République a raison,
10:20qu'il ne doit pas servir que l'intérêt de leur boîte.
10:23On doit apporter notre discours, y compris un peu menaçant,
10:26à la Commission européenne pour qu'elle puisse bien négocier.
10:28On doit faire collectif, dit le président de la République.
10:31Et moi, je suis d'accord avec ça.
10:32Avec cette question-là, d'ailleurs,
10:33avant qu'on ne passe vraiment rayon par rayon,
10:35parce que vous avez dit qu'on allait retrouver une forme d'inflation structurelle,
10:38je voudrais qu'on comprenne ce que ça représente pour le foyer des Français.
10:42Michel-Édouard Leclerc, quand vous dites qu'il faut jouer collectif,
10:44et je suis plutôt d'accord avec ça,
10:45ça veut dire que vous adhérez plutôt au message d'Emmanuel Macron
10:49qu'il a lancé au patron français,
10:51quand il dit, en gros, je vous demande de geler vos investissements aux États-Unis,
10:57au moins le temps que ça se calme, de jouer patriote, quoi.
11:01Est-ce que ça, vous l'entendez, ça ?
11:03Oui, et d'ailleurs, ça a suscité une petite polémique
11:05quand je me suis impliqué un peu trop tôt,
11:09enfin, en tout cas, un peu avant.
11:10Vous aviez répondu, en gros, à notamment Bernard Arnault,
11:14qui, l'un des premiers, en revenant justement de l'intronisation de Donald Trump,
11:18avait parlé du mirage américain,
11:20du fait que ça pouvait être très séduisant pour des patrons français.
11:24Vous aviez dit, mais pas question.
11:25Oui, d'abord, vis-à-vis de nos collaborateurs, vis-à-vis des Français,
11:30on fait du made in France, on est dans des territoires,
11:33donc on ne commence pas par dire, chez Moscou, c'est mieux.
11:35Ça, c'est clair.
11:36En tout cas, je ne suis pas de ce camp-là.
11:38On a beaucoup de critiques à faire sur le trop de charges en France,
11:41sur trop de normes,
11:43mais pour autant, le modèle américain, on n'en veut pas.
11:45Enfin, je me mets à la place de tous les salariés des centres Leclerc.
11:48Après, c'est plus facile quand on a de la grande distribution sur le sol français
11:52que quand on doit vendre des produits ailleurs.
11:54Vous ne faites pas le même métier.
11:55Mais c'est peut-être parce que, peu importe que ce soit facile ou moins pour le dire,
11:58je ne veux pas de ce modèle-là.
12:00Vous ne voulez pas de ce modèle-là,
12:01et vous considérez donc qu'aujourd'hui, ce que dit Emmanuel Macron tout haut,
12:05c'est un peu ce que vous disiez finalement il y a un mois.
12:07Absolument. Si je puis me permettre, je trouve qu'il a raison de le dire.
12:10Alors évidemment, à moyen terme, il faut qu'on investisse aux États-Unis,
12:13qu'on développe des courants d'affaires là-bas,
12:16comme d'ailleurs dans les autres pays du monde.
12:18Mais aujourd'hui, on ne se précipite pas à l'appel pour monter sur le ring.
12:21Il faut jouer collectif,
12:23que ce soit M. Saadet avec les ports,
12:25que ce soit M. Bernard Arnault avec ses ateliers,
12:27et plein d'autres entreprises.
12:29Vous leur demandez à vos...
12:30Non, non, je ne leur demande rien.
12:31A vos co-patrons, si je puis me permettre,
12:34de jouer le jeu de ce collectif, de ce patriotisme économique.
12:38Ce que je demanderais bien, c'est à mes fournisseurs,
12:41implantés sur le sol français, qui n'importent pas,
12:43mais qui produisent en France sous des marques américaines,
12:47j'adorerais, j'aimerais, ça les honorerait,
12:51s'ils prenaient à leur téléphone
12:53et qu'ils appelaient Washington en disant
12:55nous on est aimé ici, nous McDo, nous Coca-Cola.
12:58On ne fait pas partie du deal de négociation
13:01parce qu'on produit en France,
13:02mais on aimerait que vous compreniez,
13:04vous administration républicaine, administration Trump,
13:07que vous êtes en train de casser au-delà,
13:10pour une histoire de fric,
13:11vous êtes en train de casser une relation de très long terme
13:14entre l'Europe et l'Amérique.
13:15Ça, j'aimerais qu'ils fassent ça.
13:16C'est-à-dire, je ne dis pas qu'il faut pousser les consommateurs
13:19à bricoter les produits américains,
13:21c'est nul, on va sur l'escalade, ça ne mène à rien.
13:25Mais quand même, est-ce que vous savez
13:27qu'il y a 4500 entreprises américaines en France
13:31qui créent 470 000 emplois en France ?
13:36Vous pensez à McDo, vous pensez à Coca-Cola,
13:38vous pensez à Pepsi,
13:39ça c'est des marques américaines,
13:41mais qui font de l'emploi en France ?
13:42Les Chips O'Lay, Tropicana, Lipton,
13:45Milka Chocolat, General Mills avec le géant vert,
13:48Colgate-Palmolive, Ajax, Soupline,
13:50tout ça c'est américain.
13:51C'est des bonnes boîtes, c'est des belles marques.
13:53Elles sont sur le territoire français, elles ont investi.
13:56C'est ce que Trump rêve de faire,
13:58c'est d'attirer des capitaux là-bas.
13:59Donc elles sont chez nous.
14:00Donc je voudrais que dans le côté brouillon de sa politique,
14:04dans le côté brutal de sa politique,
14:06Trump ne casse pas ce que nous avons construit
14:09structurellement avec les Américains.
14:11Et vous appelez les patrons de ces marques sur le sol français
14:13à prendre leur téléphone et à dire cela
14:17de l'autre côté de l'Atlantique.
14:19Parce qu'au-delà du business,
14:21la diplomatie, la relation amicale,
14:24la relation transatlantique, ce n'est pas que du fric.
14:26Et ça, c'est un marchand qui le dit.
14:28Je pense qu'il y a une très très grosse confusion.
14:31Ils ramènent tout au pognon.
14:32L'OTAN, les droits de douane.
14:35Mais la relation...
14:38McDo a construit une relation de confiance
14:41avec les Français dans leur vie quotidienne.
14:44Je vais dire un truc un peu vulgaire,
14:46mais dans sa bouche, on a l'impression
14:47que l'amour et la fraternité, c'est que tarifé.
14:50Et donc, l'Alliance Atlantique,
14:53c'est quand même des choses qui sont fondées
14:54sur des valeurs plus fortes.
14:56Quand M. Evans vient nous dire
14:58que le vice-président américain
15:00vient nous dire que nous n'avons plus de valeurs,
15:03c'est eux qui cassent ces valeurs.
15:04Parce que nous, on attribue peut-être de manière mythique,
15:06mais on attribue beaucoup de valeurs à l'Amérique.
15:08L'Amérique de l'innovation, l'Amérique des entrepreneurs,
15:11du cinéma, d'Hollywood, etc.
15:13Et ils sont en train de casser ça.
15:15Et si on casse ça, ça a des répercussions sur Poutine.
15:18Ça a des répercussions sur la guerre en Ukraine.
15:21Si cette alliance était fritée par tous les bouts,
15:23alors ils cassent tout ce système
15:27qui tenait par le commerce, qui tenait par l'intérêt,
15:29mais qui tenait aussi par la diplomatie.
15:32Et du coup, ils donnent carte blanche à Poutine.
15:34Michel-Edouard Leclerc, quand vous dites
15:36qu'on va retrouver une forme d'inflation structurelle,
15:40ça veut dire quel genre de pourcentage
15:42est de manière pérenne, permanente, mois après mois ?
15:462025, je ne vois pas de coût d'inflation en particulier.
15:50Mais à partir de 2026, suite aux négociations qui auront lieu,
15:54tous les produits du Vietnam, de Corée, du Sud-Est asiatique
16:01voulaient rentrer aux États-Unis,
16:04vont essayer de rentrer vers l'Amérique latine ou vers l'Europe.
16:09Et là, ça va avoir apparemment un effet déflationniste,
16:14mais ce sont nos sociétés françaises
16:16qui ne vont pas pouvoir tenir ce cas.
16:19Et donc, il va y avoir du chômage,
16:21il peut y avoir du chômage, je ne suis pas catastrophiste,
16:23il peut y avoir du chômage, des licenciements, des faillites.
16:27Et c'est ça qu'il faut anticiper.
16:30À court terme, et pour toute autre raison,
16:32il y a les prix du café, les prix du beurre et les prix du chocolat,
16:35notamment, qui sont en très nette hausse.
16:37Est-ce que vous le confirmez ? Est-ce que ça va durer ?
16:40Non, ça ne va pas durer, mais il y a eu vraiment des hausses.
16:44Le chocolat, je crois, a augmenté de 65%.
16:47Mais notamment sur les marques distributeurs ?
16:49Ça, c'est normal. Elles contiennent plus de matières premières,
16:52mais elles sont quand même 35% moins chères que les marques nationales.
16:56Mais ça surprend toujours dans un magasin.
16:57Et pourquoi le beurre ?
16:59Alors, le beurre, c'est qu'il y a un déficit de certains beurres.
17:02Le beurre tendre, je crois, je ne suis pas compétent,
17:04mais j'en mange plus parce que je fais trop de cholestérol.
17:07Mais enfin, vous en vendez quand même.
17:09Vous en mangez peut-être plus, mais vous en vendez.
17:10Il y a un déficit de beurre tendre, je crois,
17:13et donc on va le chercher ailleurs.
17:14Donc ponctuellement, il y en a moins.
17:15L'hygiène, je voudrais qu'on en dise un mot également,
17:18puisque les méga-promos sur tous les produits d'hygiène
17:21ont été interdits par la fameuse loi des crozailles,
17:26qui devrait être rediscutée cet après-midi,
17:28mais je crois que vous avez assez peu d'espoir de pouvoir revenir dessus.
17:32Mais concrètement, ça a eu des conséquences très nettes.
17:34On le voit dans les dernières études,
17:36et notamment cette étude menée par l'IFOP,
17:3847% des Français qui disent limiter leur consommation de produits d'hygiène,
17:4217% qui arbitrent entre l'achat de nourriture et les produits d'hygiène.
17:45Est-ce que vous le constatez ?
17:46Oui, ce qui m'émeut, qui me met en colère quelquefois,
17:51mais surtout qui fait que je ne comprends pas
17:54que des élus de la nation qui savent que le pouvoir d'achat,
17:58c'est le thème prioritaire des Français,
18:01vont proroger des systèmes qui m'empêchent de faire des super promos,
18:04et en fait de vendre moins cher des couches, des produits d'entretien,
18:08des produits de protection menstruelle et tout ça.
18:11Je ne sais pas dans l'intérêt de qui on me fait faire ça.
18:14Le maximum que vous puissiez faire désormais,
18:16c'est deux produits achetés, un produit offert,
18:18c'est-à-dire 30% de promo, c'est le max.
18:20Oui, et je ne sais pas pourquoi.
18:22Je les encourage à revoir la copie cet après-midi.
18:27Mais c'est quand même extraordinaire
18:30que dans cette répartition des cartes,
18:33avec cette implication sur le pouvoir d'achat,
18:35sur la consommation, à l'Assemblée nationale,
18:38il y a des groupes parlementaires,
18:40alors ils sont un peu divisés en ce moment,
18:42mais j'ai l'impression qu'on n'aura pas le temps de les faire éclater,
18:44de les faire revenir au bon sens et à la raison.
18:46Je ne comprends pas qu'on n'opène pas des mesures
18:50pour le pouvoir d'achat qui pourraient rassurer les Français,
18:52alors qu'on leur tient un discours catastrophique par ailleurs.
18:55Réponse cet après-midi, et puis les carburants,
18:57ça c'est la bonne nouvelle dans ce moment-là,
19:02c'est que l'une des réponses indirectes au propos de Donald Trump,
19:05c'est malgré tout cette baisse des prix du baril,
19:08et donc du carburant, à la pompe.
19:10Est-ce que là, ça va durer ?
19:12Est-ce qu'on va se réinstaller dans une essence moins chère ?
19:14Durer longtemps, je ne sais pas.
19:15Mais là, durer sur deux mois, je pense.
19:17Le prix des carburants est à la baisse.
19:20Pardon, le prix du brut, du pétrole brut, est à la baisse.
19:25D'abord, Trump a fait une erreur stratégique,
19:27il a dit à tout le monde de creuser des puits
19:29parce qu'il se voulait être anti-écolo.
19:31Or, ça coûte très cher, les puits américains,
19:33il faut que le baril soit au moins à 80$ le baril
19:37pour aller chercher le pétrole américain.
19:39Les producteurs de l'OPEP avaient décidé
19:43de ne pas laisser les Américains produire.
19:45Donc, pour prendre des parts de marché,
19:47ils ont produit plus aussi, il y a plus de stocks.
19:50Et les Chinois, avec un petit peu de récession,
19:53ont acheté moins de pétrole.
19:54Donc, de ce fait, la matière première qui nous sert
19:57à faire des carburants est en train de descendre.
19:59Dans les stations-service, dès cette semaine,
20:01ça commence à descendre, c'est par des petits centimes, etc.
20:04Il n'y a pas toujours de lien entre le pétrole brut
20:06et la qualité du carburant.
20:07Est-ce que ça veut dire que pendant les semaines qui viennent,
20:09on va continuer à voir le prix à la pompe baisser ?
20:11Oui, je pense, je pense.
20:13Je pense que ça va durer au moins deux mois.
20:15Après, vous savez, il suffit d'une mesure choc,
20:19ou d'une crise à Gaza, un nouveau truc, et ça repart.
20:22C'est hautement inflammable, on le sait.
20:24Merci Michel-Édouard Leclerc pour ses prévisions avec vous
20:28ce matin.
20:29Vous qui êtes bien sûr à la tête des établissements Leclerc,
20:32président du comité exécutif.
20:34Merci à vous.
20:35Il est 8h53 sur AMC BFM TV.

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