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Les Vraies Voix responsables avec Quentin Mugg, policier spécialisé dans la lutte anti-blanchiment et auteur de "Argent sale : la traque" publié chez Fayard ; Sébastien Cote, adjoint au Maire de Montpellier à la protection de la population et à la tranquillité publique ; Pierre-Yves Bournazel, conseiller Horizons de Paris, ancien député, candidat déclaré aux prochaines élections municipales et auteur de plusieurs propositions contre les commerces servant de façade au blanchiment.


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##LES_VRAIES_VOIX_RESPONSABLES-2025-04-03##

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Transcription
00:00Sud Radio, les vraies voies qui font bouger la France, 19h20, les vraies voies responsables.
00:06On est ravis avec Philippe David de vous accueillir ce soir, les vraies voies responsables,
00:10et on va traiter de la lutte contre le narcotrafic et blanchiment de l'argent
00:14qui s'impose comme un enjeu majeur de sécurité, de souveraineté, de stabilité économique pour les états.
00:18Face à des réseaux criminels transnationaux, extrêmement structurés, technologiquement équipés,
00:23capables de corrompre à grande échelle, les réponses doivent être coordonnées, stratégiques et évolutives.
00:28Cet argent sale qui se cache derrière des commerces qui ont pignon sur rue,
00:32lutté contre le narcotrafic, c'est aussi lutté contre le blanchiment de l'argent qu'il génère,
00:36des rues entières dédiées au blanchiment, estimé récemment le préfet de police de Paris.
00:40On va en parler avec nos invités.
00:42Quentin Mug est avec nous, policier spécialisé dans la lutte anti-blanchiment et auteur du livre
00:47« Argent sale, la traque » chez Fayard. Bonsoir, merci d'avoir accepté notre invitation.
00:51Pierre-Yves Bournazal est avec nous. Bonsoir, merci d'être avec nous.
00:54Conseiller Horizon de Paris, ancien député candidat déclaré aux prochaines élections municipales
00:58et auteur de plusieurs propositions contre les commerces servant de façade au blanchiment.
01:03Et puis Sébastien Cotte, adjoint au maire de Montpellier à la protection de la population et la tranquillité publique.
01:09Merci, bonsoir, d'avoir accepté cette invitation.
01:11On vous souhaite la bienvenue. C'est les vraies voix responsables, jusqu'à 20h.
01:17Et on va revenir avec vous directement, Pierre-Yves Bournazal,
01:20puisque vous avez écrit une tribune dans le Figaro.
01:23L'Observatoire français des drogues estime que le trafic de stupéfiants rapportera aujourd'hui environ,
01:29et je pense que c'est sous-estimé, 3 milliards d'euros.
01:32Oui, on a un gros sujet, c'est un fléau, et c'est un fléau qui nous pose beaucoup de problèmes
01:37dans un certain nombre de quartiers, puisque c'est du concret après.
01:40C'est l'occupation illégale du domaine public, c'est des gens qui bénéficient par exemple de logements sociaux,
01:45c'est des gens qui blanchissent de l'argent en rachetant des baux commerciaux.
01:49Et on a aujourd'hui des rues, dans certaines villes de France, et particulièrement à Paris,
01:53des rues qui sont gangrénées par des mafias qui blanchissent cet argent sale,
01:56provenant essentiellement de la drogue, mais ça peut provenir parfois aussi du proxénétisme,
02:00et qui posent de lourds problèmes, et qui changent la physionomie des rues,
02:03et qui créent de l'insécurité et des problèmes de tranquillité.
02:06Donc il est urgent d'agir, c'est la raison pour laquelle j'ai fait un certain nombre de propositions
02:09extrêmement fortes et massives, pour que l'on réoriente très vite la stratégie pour nos quartiers,
02:14et qu'on retrouve de la tranquillité et de la sécurité.
02:17Quand un MUG, quand il était tout neuf, le porte-avion Charles de Gaulle a coûté 3 milliards,
02:21c'est-à-dire l'équivalent de ce qu'on évalue pour le marché de la drogue.
02:24En argent liquide, 3 milliards, ça fait quand même beaucoup de camions,
02:27à mon avis, c'est même plus des valises.
02:29Comment est-ce qu'on peut arriver à blanchir une telle somme ?
02:32D'abord, est-ce que c'est le bon chiffre ?
02:34Ça reste toujours des estimations, dans la mesure où c'est de l'économie souterraine,
02:37donc on ne peut pas vraiment arriver avec un chiffre extrêmement précis.
02:42Les évaluations varient de 3 à 6 milliards pour la France.
02:46Après, le blanchiment d'argent dans son ensemble,
02:49c'est-à-dire toute infraction confondue,
02:51on est plutôt de l'ordre de 2 trillions au niveau mondial.
02:54Donc 2 000 milliards !
02:57Mais de toute façon, dans ces sujets-là, les chiffres deviennent tout de suite vertigineux.
03:00J'ai expliqué un petit peu hors antenne, avant qu'on ne rentre là,
03:04que dans ma dernière affaire, sur une seule et même affaire,
03:07un seul blanchisseur qui était installé à Paris XV,
03:11avait pris en un an un peu plus de 118 millions d'euros en espèces.
03:15Un seul dossier !
03:16118 millions d'euros ?
03:17Oui, tout à fait.
03:18Et après, quand on a tracé les flux, on est remonté à une société suisse
03:22qui, elle, avait sous gestion plus d'un milliard d'euros,
03:25dont l'intégralité était d'origine criminelle,
03:27mais pas nécessairement provenant de la drogue.
03:29Et c'est tout l'intérêt des enquêtes sur le blanchiment.
03:32C'est que, comme le profit et le mobile d'à peu près toutes les infractions,
03:36à l'exception des crimes passionnels et dans une certaine mesure du terrorisme,
03:40on se retrouve avec un écosystème criminel,
03:43qui n'est pas spécialement dédié à une branche en particulier.
03:46Ce dont on s'aperçoit, c'est que les gens ne vendent pas de la drogue
03:52par amour du produit, mais pour faire du profit,
03:54et les blanchisseurs aussi.
03:57Donc, l'idée, c'est simplement de pouvoir faire circuler son argent
04:00de la manière la plus rapide, la moins risquée,
04:03et au moindre coût.
04:06Et donc, les stratégies qui sont mises en œuvre dans le crime organisé,
04:09tout ce que j'explique là concernant le crime organisé,
04:12en fait, sont des stratégies qui tentent au maximum d'éviter
04:15les institutions bancaires, et d'une manière générale,
04:18les institutions financières.
04:20Et ils y parviennent, malheureusement, assez facilement.
04:23Et d'ailleurs, les montants saisis, c'est regrettable,
04:27en proportion des sommes à saisir, sont faibles,
04:31puisque Europol, dans son dernier rapport de Kidal d'il y a quelques jours,
04:34estime qu'un peu moins de 2% de l'argent criminel est saisi,
04:37ce qui nous laisse une belle marge de progression,
04:39je vous interroge sur le point de savoir,
04:42si on regarde bien dans la bonne direction.
04:44Alors, la bonne direction, direction Montpellier, déjà,
04:47avec Sébastien Cotte qui est avec nous.
04:49Le Sud, sur Sud Radio, c'est toujours la bonne direction.
04:51Adieu au maire de Montpellier, à la protection de la population,
04:54de la tranquillité publique.
04:56Le blanchiment par la voie des commerces aussi,
04:59c'est un fléau pour les communes ?
05:02Ah oui, c'est un fléau.
05:04Moi, je rejoins pleinement ce qui vient d'être dit,
05:07par M. Bournazel.
05:09Nous, on a vu, ça fait une quinzaine d'années,
05:12qu'on voit dans nos villes, dans nos centres-villes,
05:15et maintenant, de toute façon, même dans des villes moyennes,
05:18voire dans des petites villes,
05:21on voit proliférer des tas d'enseignes.
05:24Alors, ça s'appelle des épiceries nuit,
05:26ça s'appelle des barbershops,
05:28ça s'appelle des bar à chicha,
05:31qui prolifèrent,
05:34et effectivement, ça a été dit,
05:37colonisent certaines rues,
05:40certains quartiers,
05:42déprécient l'offre commerciale,
05:45et ce qui est tout à fait frappant,
05:47et c'est pour ça qu'avec le maire de Montpellier,
05:49Michael Delafosse,
05:51on essaye d'être très actifs,
05:53parce qu'au départ,
05:56on n'entre pas dans cette problématique
05:59par la question du blanchiment,
06:01par la question de la tranquillité publique,
06:04parce que ce sont des commerces, comme ça a été dit,
06:06qui sont en lien avec la criminalité organisée,
06:09et qui ont l'habitude de ne rien respecter,
06:11donc ils ne respectent évidemment pas le voisinage.
06:13Donc moi, au départ, je suis amené à m'y intéresser
06:16pour la tranquillité publique,
06:18puis comme on travaille bien à multiplier
06:20les fermetures administratives,
06:22on s'est rendu compte que ces gens
06:24étaient capables de prendre un mois,
06:26deux mois, trois mois,
06:28six mois de fermeture administrative,
06:30et de ré-ouvrir, comme si de rien n'était,
06:32tout en continuant, pendant la période de fermeture,
06:35à payer leur loyer.
06:37Et donc c'est là, effectivement, où on en arrive,
06:39et ça a été très bien dit par M. Mugg,
06:42on en arrive à plus que des soupçons
06:45de blanchiment d'argent,
06:47c'est-à-dire qu'en fait, ils n'ont pas vraiment besoin
06:49d'un chiffre d'affaires.
06:51Ce sont des chiffres d'affaires fictifs.
06:53Voilà.
06:55Non, non, Pierre Bournaise, je voulais juste revenir
06:57sur l'adoption de ce texte,
07:00il y a à peu près deux semaines,
07:02largement approuvé,
07:05en tout cas à 436 voix contre 75,
07:07une coalition gouvernementale,
07:09justement, pour essayer d'enrayer
07:11ce fléau.
07:14Est-ce qu'une loi peut changer quelque chose,
07:16soyons clairs ? Parce que là, vu l'état des lieux...
07:19Il y a un gros travail à faire.
07:21Il faut une réponse extrêmement forte,
07:23et massive, je le disais tout à l'heure.
07:25Ce texte va dans le bon sens,
07:27il y a un certain nombre de dispositions intéressantes,
07:29mais j'ai fait d'autres propositions. Par exemple, je souhaiterais
07:31qu'il y ait une évolution législative
07:33pour permettre aux maires de récupérer des pouvoirs
07:35de fermeture administrative,
07:37et qu'on aille beaucoup plus vite, parce que les élus,
07:39on le sait, on voit mieux les sujets,
07:41on est plus réactifs, et on voit bien quand il y a le blanchiment
07:43d'argent, et les exemples
07:45donnés par mon collègue de Montpellier sont de très bons
07:47exemples, et il a parfaitement raison, et nous sommes en phase.
07:49Mais il faut aussi utiliser
07:51le levier d'appréhension. Quand il y a
07:53des transferts de
07:55baux, il faut que la ville puisse réagir vite
07:57quand elle voit qu'il y a des risques, justement,
07:59de blanchiment d'argent. Il faut aussi
08:01agir pour
08:03nos bailleurs sociaux, parce que parfois, c'est
08:05chez des bailleurs sociaux, c'est-à-dire
08:07des bailleurs de la ville, et ça, ce n'est pas normal. Je le vois
08:09à Paris, et il faut absolument que là,
08:11il y ait des enquêtes qui soient menées.
08:13Mais je fais d'autres propositions, parce que vous savez,
08:15ces gens qui ont beaucoup d'argent,
08:17qui se font de l'argent sur du trafic,
08:19qui sont des gens malhonnêtes, qui doivent
08:21être conduits en prison
08:23par la justice, qui doivent être extrêmement fermes
08:25en la matière, ce sont des gens, parfois, qui bénéficient
08:27de logements sociaux.
08:29Et j'ai fait une proposition
08:31extrêmement forte. Et qui touchent des aides sociales
08:33comme le RSA, par exemple. Exactement. Ces gens, déjà,
08:35ont les moyens d'aller dans d'autres logements
08:37que les logements sociaux. Si leur
08:39argent était effectivement bien déclaré,
08:41ils ne pourraient pas rentrer dans les critères d'attribution.
08:43Mais aujourd'hui, il faut
08:45que les familles puissent savoir que
08:47lorsqu'on abrite des délinquants,
08:49des criminels, qui organisent
08:51du trafic de drogue, ces familles
08:53sortiront du logement social, parce que le logement social,
08:55c'est un parcours. Et dans ce parcours,
08:57on en bénéficie parce qu'on y a droit.
08:59Parce qu'on est en difficulté, parce qu'on n'a pas
09:01assez de moyens pour se loger dans le logement privé.
09:03Moi, je défends le parcours résidentiel,
09:05le logement social. Et pour ça,
09:07il faut que ce soit des familles qui le méritent.
09:09Et donc, je pense qu'il faut plus de fermeté, parce qu'il faut
09:11une réponse très forte, il faut une réponse massive,
09:13parce que c'est un rouleau compresseur.
09:15Et ce blanchiment d'argent, c'est extrêmement
09:17dangereux. Et donc, il faut qu'à l'échelle
09:19de l'État, à l'échelle de la
09:21commune, on puisse agir. Il faut que les maires
09:23puissent co-produire la sécurité et la tranquillité.
09:25Mais aussi à l'échelle européenne, internationale,
09:27incontestablement. Est-ce que c'est par aussi
09:29le renseignement et par des moyens
09:31d'enquête qu'on va pouvoir casser ces trafics ?
09:33Voilà, on parlait des
09:35commerçants. Mais malheureusement, c'est un petit peu
09:37partout dans notre
09:39quotidien. On va le déployer dans quelques
09:41instants. On va faire une petite pause.
09:43Et on reste ensemble avec l'ensemble de nos invités
09:45et avec Philippe David jusqu'à 20h. A tout de suite.
09:47Sud Radio.
09:49Parlons vrai.
09:51Sud Radio.
09:53Les vraies voies qui font bouger la France.
09:5519h20, les vraies voies
09:57responsables. Les vraies voies
09:59responsables autour de la lutte
10:01contre le narcotrafic et le
10:03blanchiment d'argent.
10:05Et on est avec des spécialistes. Quentin Muck est avec nous,
10:07policier spécialisé dans la lutte anti-blanchiment
10:09et auteur de ce livre,
10:11La salle, la traque chez Fayard, que je vous
10:13incite à lire. Sébastien Cotte
10:15est avec nous, adjoint au maire de Montpellier
10:17à la protection de la population et la tranquillité
10:19publique. Et puis Pierre-Yves Bournazel,
10:21conseiller horizon de Paris, ancien député
10:23et candidat déclaré aux élections
10:25municipales, auteur
10:27de plusieurs propositions contre les commerces
10:29servant de façade au blanchiment.
10:31Quentin Muck, est-ce que
10:33les mécanismes de blanchiment sont les mêmes
10:35pour du hashish du Maroc ou de la cocaïne
10:37de Colombie ?
10:39Oui, ils sont les mêmes pour du hashish
10:41du Maroc, de la cocaïne de Colombie ou du
10:43proxénétisme ou de la fraude fiscale,
10:45dans certaines mesures.
10:47Parce qu'en fait,
10:49tout dépend de quoi on parle.
10:51Si on parle de l'organisation internationale,
10:53parlons de trafic de drogue, par exemple.
10:55La drogue, elle vient d'où ? Si c'est de la cocaïne,
10:57ça vient de l'Amérique du Sud.
10:59Le cannabis, principalement
11:01du Maghreb, mais pas que, puisque désormais, ça
11:03vient du Canada, massivement.
11:05Les gens
11:07qui importent
11:09se retrouvent avec des quantités d'argent
11:11considérables en cash.
11:13Qu'il faut diluer.
11:15Qu'il ne faut pas diluer, qu'il faut y se filtrer.
11:17Il faut s'arranger pour éloigner
11:19physiquement, le plus possible,
11:21le résultat de votre infraction du lieu de sa commission.
11:23Donc, que font-ils ? Ils font appel
11:25à des gens qui sont professionnalisés,
11:27qui portent mille noms selon le lieu où ils
11:29exercent, ça peut être des sarafs au Maghreb, des
11:31money brokers aux Etats-Unis, peu importe.
11:33Ce sont des gens qui, en fait, ont fait profession
11:35de pouvoir faire disparaître
11:37l'argent en un point pour le faire réapparaître
11:39en un autre. Ça porte également plein nom,
11:41on appelle ça l'aouala. En fait, c'est tout simplement de la compensation.
11:43Donc, ils vont téléphoner à cette personne, dire
11:45voilà, j'ai 10 millions d'euros à Paris,
11:47quelqu'un va venir
11:49collecter cet argent, et en fait,
11:51le courtier va tout simplement racheter
11:53l'argent. C'est-à-dire qu'il va pas le blancher,
11:55il va le racheter. Il va dire, voilà, je te rachète ton argent
11:57à tel montant, où est-ce que tu veux que je te paye ?
11:59Il le rend officiel. Non, il le rend pas officiel,
12:01il va donner en échange
12:03dans une autre juridiction,
12:05ça peut se passer n'importe où, en Amérique du Sud, à Dubaï, que sais-je,
12:07et on va mettre à disposition
12:09une somme équivalente dans une autre monnaie.
12:11Mais après, on peut aussi demander à ce que l'argent soit directement
12:13sur un compte bancaire, s'il va pouvoir s'arranger
12:15sans aucune difficulté. Simplement, la commission
12:17serait un peu plus élevée, etc.
12:19Ensuite, on se retrouve avec
12:21un blanchisseur qui dispose maintenant
12:23d'une somme considérable d'argent liquide
12:25à Paris, et qu'est-ce qu'il va faire ?
12:27Il va le vendre. Il va le vendre
12:29à des gens qui ont le besoin inverse du trafiquant, c'est-à-dire
12:31eux veulent du cash, et c'est là qu'on voit apparaître
12:33toute une foule de gens, de la faute fiscale
12:35à d'autres trafiquants
12:37qui, justement, ont besoin de ce million-là pour aller
12:39payer leur dernière cargaison au Havre.
12:41Voilà comment ça fonctionne. Donc, l'argent,
12:43si vous voulez, ne bouge pas véritablement physiquement,
12:45ce qui transite, c'est la valeur,
12:47et la valeur, elle transite au travers de ces individus
12:49qui sont basés principalement à l'étranger.
12:51Je comprends bien que ça peut paraître éloigné
12:53des préoccupations de Montpellier, mais en fait, ça y est
12:55totalement rattaché, puisque c'est bien
12:57ces mécanismes-là qui vont permettre ensuite d'alimenter
12:59les différents trafics par rebond,
13:01parce qu'on est en train de parler, si vous voulez,
13:03de trafic en gros, et donc
13:05d'énormes sommes d'argent.
13:07Donc, il est bien évident que
13:09les gens qui font ce type d'opérations,
13:11eux, ne vont pas investir dans des commerces,
13:13aux proximités, etc. En revanche, les trafics de moindre
13:15envergure, entre guillemets, tous les trafics
13:17sont importants, il faut travailler dessus, mais
13:19les trafiquants locaux, eux, qui n'ont pas
13:21l'intention d'aller envoyer leur argent à l'autre bout
13:23de la planète, doivent trouver des stratégies
13:25pour donner une apparence légale
13:27à ces fonds, et c'est là qu'apparaissent les problématiques que vous évoquiez
13:29juste avant.
13:31Pierre-Yves Bournazel,
13:33TracFin existe aujourd'hui,
13:35il dépend du ministère des Finances,
13:37est-ce qu'on est assez puissant,
13:39justement, pour aller chercher
13:41et traquer
13:43ces virements d'argent et ces transferts d'argent ?
13:45Apparemment, non.
13:47C'est pour ça que je dis aussi qu'il faut
13:49soutenir davantage
13:51ceux qui peuvent mener des enquêtes.
13:53Il y a la question des effectifs, il y a la question des moyens,
13:55il faut parfois s'infiltrer,
13:57il faut avoir des renseignements,
13:59il faut travailler avec des partenaires
14:01européens et internationaux, et si on veut
14:03démanteler tous ces réseaux,
14:05ça demande, évidemment,
14:07d'être en priorité.
14:09Je crois qu'il faut monter le curseur.
14:11Je pense que ces trafiquants
14:13de drogue ont un temps d'avance sur nous.
14:15Tous ceux qui blanchissent de l'argent ont un temps d'avance
14:17sur les pouvoirs publics. Les choses sont faites,
14:19il y a des résultats, il faut qu'ils soient
14:21plus probants ces résultats, il faut qu'ils soient
14:23plus effectifs. Il faut que tout trafiquant,
14:25il faut que toutes celles et tous ceux qui blanchissent
14:27de l'argent sachent
14:29qu'ils sont traqués, et qu'à tout moment
14:31ils peuvent tomber, et que les sanctions tomberont
14:33de manière très nette et très ferme.
14:35C'est la raison pour laquelle, que ce soit à l'échelle
14:37internationale, européenne, que ce soit à l'échelle nationale
14:39ou à l'échelle locale, il faut se doter de
14:41nouveaux moyens pour
14:43inverser la tendance.
14:45Je crois que dans nos quartiers, on le voit, il faut inverser
14:47la tendance, déjà. Il faut arrêter de voir
14:49la prolifération de ce blanchiment d'argent,
14:51et progressivement retrouver
14:53notre espace public, retrouver
14:55des commerces de proximité de qualité dont on a
14:57tant besoin à Paris, à Montpellier, dans toutes
14:59les villes de France.
15:00Sébastien Cotte, Montpellier est une des principales
15:02villes françaises, et on n'est pas dans la forfanterie
15:04en vous disant ça. Est-ce que
15:06vous constatez ce que disait Quentin Mugh,
15:08ou ce que dit également Pierre-Yves Morzazel,
15:10que finalement, tout ce qui est
15:12on va le dire, mafieux, drogue,
15:14proxénétisme, etc.
15:16s'effloresce partout à Montpellier comme ailleurs ?
15:20Oui, ça c'est un constat
15:22que je partage.
15:24Ça a été très bien montré
15:26par la remarquable commission
15:28d'enquête sénatoriale. Il faut aussi dire des choses,
15:30les sénateurs
15:32blancs pour Les Républicains
15:34et Jérôme Durin pour le Parti Socialiste
15:36ont mené un travail d'audition
15:38que je pense qu'il fera date, parce que
15:40la qualité de ces auditions
15:42nous a permis de prendre la mesure.
15:44Et aujourd'hui, et ça a été très bien dit,
15:46on est face à de la criminalité
15:48organisée. Mais ils font plein de choses
15:50ces gens-là. Ils font
15:52effectivement dans la drogue.
15:54Mais ils font aussi dans le trafic d'êtres humains.
15:56Parce qu'ils ont besoin
15:58pour vendre ou pour faire
16:00le guetteur au bas
16:02des immeubles. On le voit à Montpellier,
16:04on le voit ailleurs. Ils font venir
16:06des gens en situation
16:08irrégulière,
16:10qu'ils font travailler.
16:12Ils font dans le proxénétisme.
16:14Et ils font effectivement dans le petit
16:16commerce. Moi, je partage ce qui a été dit
16:18par M. Brunazel.
16:20Les maires, c'est ce que demandent.
16:22Mickaël Delafosse, le maire de Montpellier.
16:24Nous voulons des moyens administratifs
16:26supplémentaires
16:28pour contrôler,
16:30maîtriser l'installation
16:32du commerce dans nos villes.
16:34Mais ça veut dire que...
16:36Sébastien Cote, vous vous sentez seul
16:38aujourd'hui face au trafic de drogue ?
16:40Oui, c'est...
16:42Seul, non. Parce que l'État intervient.
16:44On travaille très bien avec le préfet.
16:46On n'a jamais fait autant de fermetures administratives
16:48à Montpellier
16:50que sur l'année 2024.
16:52Nous ne sommes pas seuls. Le maire de Montpellier,
16:54on a participé à toutes les opérations
16:56de place nette. On les soutient.
16:58Nous faisons de l'expulsion de
17:00locataires du logement social
17:02qui sont convaincus de trafic de stupéfiants.
17:04Notre main ne tremble pas.
17:06Parce que ça a été très bien dit, c'est inacceptable.
17:08Donc, non. Nous ne sommes pas
17:10seuls. Simplement, nous sommes démunis
17:12de moyens de police administrative.
17:14Et je le dis avec force.
17:16Parce que c'est des propositions qui existent,
17:18qui ont été faites par des maires.
17:20Ça n'est pas attentatoire à la liberté du commerce.
17:22Aujourd'hui, quand vous avez une pharmacie,
17:24elle ne s'installe pas librement.
17:26Lorsque vous avez un
17:28débit de boisson, licence 3
17:30et 4, il ne s'installe pas
17:32librement. Pourquoi est-ce que des
17:34épiceries de nuit qui vendent de l'alcool jusqu'à
17:36point d'heure ont le droit de s'installer
17:38à côté d'établissements de soins,
17:40à côté d'écoles ?
17:42C'est absolument scandaleux. Pourquoi
17:44n'existe-t-il pas
17:46de statut administratif du bar à Chichat ?
17:48Je rappelle quand même qu'en France, on n'a pas
17:50le droit de fumer dans les lieux publics.
17:52Mais comment se fait-il qu'il y en ait tant d'ouverts alors ?
17:54Parce que c'est aussi inégal.
17:56On n'a pas le droit de fumer dans le local
17:58de Sud Radio. Les fumeurs sortent pour fumer leur cigarette.
18:00Comment est-ce qu'on peut ouvrir ?
18:02C'est comme si on ouvrait à nouveau une fumerie d'opium
18:04comme il y en avait dans l'entre-deux-guerres.
18:06Je vais vous expliquer. C'est un truc de fou.
18:08Ils ouvrent avec des licences restaurant.
18:10Pourquoi est-ce qu'ils ouvrent
18:12avec des licences restaurant ? Parce qu'un restaurateur
18:14a le droit de vendre du tabac.
18:16Simplement, il doit le vendre
18:18en l'ayant acheté
18:20au tabac le plus proche de chez lui.
18:22Et évidemment,
18:24moyennant un récipissé.
18:26Ce qu'ils ne font pas. En fait, ils ouvrent avec des licences
18:28restaurant et ça leur permet
18:30de vendre du tabac.
18:32Est-ce que vous imaginez la situation ?
18:34C'est sidérant.
18:36J'envoie ma police municipale
18:38pour verbaliser
18:40des barachichas au motif qu'on fume
18:42dans leur établissement. Mais les gars,
18:44ils me regardent avec des grands yeux.
18:46Ils ne comprennent même pas de quoi je leur parle.
18:48Par pitié, donnez-nous
18:50un certain nombre de pouvoirs de police administratives.
18:52Permettez au maire
18:54de reprendre la main sur l'installation
18:56commerciale. Ce n'est pas attentatoire
18:58à la liberté du commerce.
19:00Vous restez avec nous. On fait une petite pause
19:02et on reviendra tout à l'heure avec
19:04Mug de comprendre
19:06dans quelles filières
19:08tout ça circule.
19:10Il faut des gens.
19:12Il faut des situations
19:14pour que cette argence revienne dans l'économie
19:16illégale. On en parle dans un instant.
19:28Les vraies voies responsables
19:30autour de cette lutte contre le narcotrafic
19:32et le blanchiment d'argent.
19:34Quant à Mug, policier spécialisé dans la lutte anti-blanchiment
19:36et auteur du livre « Argent sale, la traque »
19:38chez Fayard, Sébastien Cotte, adjoint
19:40au maire de Montpellier de la Protection de la Population
19:42et de la Tracéabilité Publique, et puis
19:44Pierre-Yves Bournazel, conseiller
19:46horizon de Paris et ancien député,
19:48candidat déclaré aux prochaines élections
19:50municipales et auteur de plusieurs propositions
19:52contre le commerce servant de
19:54façade au blanchiment.
19:56Quant à Mug, j'ai envie de revenir vers vous
19:58et de vous dire de tout ce qu'on entend,
20:00les casinos,
20:02les cagnottes, on entend
20:04tout un tas de choses
20:06au travers duquel le blanchiment
20:08pourrait rendre l'argent
20:10« légal ».
20:12Est-ce que ça cache la forêt finalement ?
20:14Tout ça existe.
20:16Il y a du blanchiment
20:18dans une foule de mécanismes,
20:20tous plus ou moins complexes, etc.
20:22Donnez-nous qu'on comprenne bien l'achat de voitures de sport,
20:24de montres...
20:26Dans le commerce de voitures, dans la location de voitures,
20:28il y a des gens qui montent des business parce qu'on parle des restaurants
20:30servis à la logue de voitures de luxe en particulier
20:32qui est un modèle économique qui ne fonctionne pas
20:34normalement, je ne veux pas me mettre à dos tous les loueurs
20:36de voitures de luxe, mais il y a eu beaucoup
20:38de cas dans lesquels on voyait qu'on arrêtait pas de location
20:40c'était simplement pour revendre
20:42les restaurants, etc.
20:44Le problème c'est que
20:46ça dépend de quoi on parle, je ne voudrais pas donner l'impression
20:48qu'il faudrait balayer d'un revers de la main
20:50toutes ces problématiques
20:52liées effectivement, et c'est un vrai problème,
20:54à l'aseptisation
20:56de quartiers entiers, par le rachat
20:58des bureaux de tabac, etc.
21:00Maintenant,
21:02si on parle des grands équilibres,
21:04de la manière dont les grands importateurs
21:06font venir des quantités
21:08industrielles de drogue, etc.
21:10et la manière dont l'argent est ensuite blanchi.
21:12Pour vous dites industriel, c'est à partir de combien ?
21:14Quand je dis industriel,
21:16on a eu un dossier récemment
21:18qu'on a traité à Europol dans le cadre d'un dossier
21:20tentaculaire qui s'appelait Sky,
21:22où on s'aperçoit que trois individus
21:24à eux seuls étaient à l'origine
21:26de l'importation de pratiquement 40% de la cocaïne
21:28en Europe. Là, ça fait un peu de cocaïne
21:30quand même. Sachant que dans le dossier
21:32en question, on est rendu à plus de 800 tonnes saisies.
21:34C'est une station de sport divers !
21:36Donc là, effectivement,
21:38la question se pose de savoir
21:40est-ce que c'est plus judicieux d'investir massivement
21:42pour essayer de
21:44contenir ce flux massif
21:46ou est-ce qu'on a envie
21:48plutôt de faire des affaires
21:50à 15 grammes ?
21:52Il faut évidemment faire les deux
21:54parce que plusieurs problèmes de sécurité publique ont été évoqués à juste titre.
21:56Mais il faut déjà
21:58en amont mettre sans doute beaucoup de moyens
22:00et c'est ce qui est fait d'ailleurs, pour essayer de contenir
22:02le flux. Et puis après, ma foi, ce qui passe, il faut continuer
22:04à travailler dessus. La problématique de la drogue,
22:06c'est que vous avez un produit qui coûte 1000 balles
22:08pour la cocaïne
22:10en Colombie, que vous revendez
22:12environ 30 000 au prix de gros
22:14au kilo.
22:16C'est pas le prix de revendu au gramme,
22:1830 000 au kilo pur,
22:20il faut s'occuper de cette nombre de fois et ensuite il va être vendu au gramme.
22:22Vous avez déjà fait x30 sur le produit.
22:24Si vous avez un esprit un peu plus aventuré,
22:26vous pouvez aller jusqu'en Australie,
22:28et là vous allez faire x250.
22:30Donc vous avez un produit, celui qui va
22:32générer un bénéfice,
22:34une fois pris en compte la logistique, la corruption, etc.
22:36quelque chose de l'entour de 80%
22:38de bénéfice.
22:40Donc ça, il faut le blanchir.
22:42C'est pour ça que ça continue. Encore une fois,
22:44les gens ne sont pas là pour la drogue elle-même,
22:46ils sont vraiment là pour l'argent.
22:48Après, il faut s'organiser
22:50pour voir comment on va ramener tout ça.
22:52Et en fait, c'est assez contre-intuitif, parce qu'on se dirait
22:54une organisation qui est à la tête de 40%
22:56des importations de cocaïne en Europe, doit disposer
22:58d'armées d'avocats comme à la télévision
23:00et se nager dans les bitcoins.
23:02Il n'en est rien.
23:04Plus c'est gros, plus c'est cash.
23:06Tout ça circule en fait
23:08en argent liquide, qui par la suite, évidemment,
23:10va être réintégré pour partie
23:12dans l'économie légale,
23:14mais en un lieu tellement éloigné
23:16de l'infraction initiale,
23:18qu'il sera difficile de rapporter la preuve.
23:20Éloignée dans le temps et physiquement.
23:22Et dans l'espace.
23:24On a deux élus locaux ici. Quand vous fermez
23:26administrativement un
23:28bar à chicha, une épicerie,
23:30lui, un barbershop,
23:32est-ce que les services fiscaux
23:34suivent immédiatement pour aller
23:36voir ce qu'il se passe plus en détail,
23:38ou l'État fait un peu le ponce-pilates,
23:40en laisse en faire ?
23:42Je crois qu'il existe de bonnes coopérations
23:44entre les élus locaux et les services de l'État.
23:46Le sujet, c'est qu'il faut monter le curseur.
23:48Et que le message doit être très clair.
23:50Il faut inverser les tendances dans les quartiers,
23:52donc je pense qu'il faut donner
23:54des compétences plus fortes aux maires
23:56pour accélérer les fermetures
23:58administratives. J'ai fait la proposition,
24:00j'en parlais tout à l'heure,
24:02et c'est une décision législative pour permettre
24:04aux maires de pouvoir aussi,
24:06par leurs bailleurs sociaux, expulser
24:08les personnes condamnées définitivement
24:10pour trafic de drogue.
24:12Est-ce que c'est normal qu'on aide
24:14des gens qui vivent du trafic de drogue ? Non.
24:16Et je pense même qu'il faut aller plus loin.
24:18Je pense que les gens qui ont été condamnés définitivement
24:20pour trafic de drogue ne peuvent plus retrouver
24:22de logement social à leur sortie.
24:24Parce que si à un moment donné, on n'a pas
24:26une certaine détermination,
24:28une certaine fermeté, à tous les échelons,
24:30à ce moment-là, on ne gagnera pas le combat.
24:32Ce combat, il est difficile, il est long,
24:34il y a un travail formidable qui est réalisé
24:36par toutes celles et tous ceux qui font des enquêtes,
24:38qui sont des enquêtes longues, approfondies,
24:40il faut remonter des filières, etc.
24:42Il ne faut pas que ça recommence avec d'autres.
24:44Donc, évidemment, il faut une réponse
24:46et il faut que ça se voit et que ça se sache.
24:48Et donc, il faut qu'à tous les niveaux,
24:50de l'échelon local à l'échelon international,
24:52en passant par l'échelon européen et national,
24:54on montre le curseur de la réponse.
24:56Sébastien Cotte, c'est aussi bien synchronisé à Montelier
24:58qu'à Paris, si on en croit Pierre-Yves Bournazel ?
25:00Non, c'est
25:02très bien synchronisé. On a la chance
25:04d'avoir, encore une fois,
25:06un préfet qui est très
25:08volontaire, on a un procureur de
25:10la République de la même
25:12manière. Après, monter
25:14le curseur, il faut aussi être bien
25:16conscient que
25:18la menace est telle
25:20qu'effectivement, c'est très urgent.
25:22Moi, je le dis,
25:24le narcotrafic est aujourd'hui
25:26en train de déstabiliser nos
25:28sociétés.
25:30Par la corruption,
25:32ça a été dit, par
25:34l'uniformisation
25:36commerciale, par la violence
25:38extrêmement présente.
25:40Je rappelle quand même que dans certains pays
25:42européens, des magistrats sont menacés
25:44de mort, des journalistes ont
25:46été même exécutés.
25:48Lorsque certains parlent
25:50même de narcoterrorisme,
25:52je pense qu'il faut vraiment
25:54prendre cette mesure-là.
25:56J'allais venir.
25:58Lorsqu'on a bien
26:00posé ça, la loi,
26:02évidemment, qui vient d'être votée,
26:04je la soutiens pleinement.
26:06D'ailleurs, les socialistes dont je suis
26:08l'ont votée
26:10et à l'Assemblée et au
26:12Sénat. Donc, il n'y a aucun problème.
26:14Moi, je pense que la gauche
26:16doit effectivement s'emparer de ces
26:18questions-là. Moi, je suis entièrement d'accord.
26:20Ça peut être contre-intuitif pour certains
26:22avec M. Bournazel.
26:24Je pense que le logement social,
26:26on doit le défendre. Mais pour le défendre,
26:28moi, j'ai 35 000 personnes qui
26:30attendent des logements sociaux sur la
26:32métropole. 35 000, je ne vais
26:34pas laisser des gens qui sont condamnés définitivement
26:36pour trafic de stupéfiants
26:38dans du logement social. Une fois qu'on a
26:40dit ça, il faut des moyens.
26:42Et aujourd'hui, moi, j'alerte en particulier, mais peut-être
26:44que le policier
26:46pourra aussi le
26:48dire, la PJ
26:50en France est en difficulté.
26:52Je pense qu'il faut beaucoup de moyens de police
26:54judiciaire. Aujourd'hui,
26:56quand on est officier de police judiciaire,
26:58quand on fait des enquêtes,
27:00on ne compte pas son temps.
27:02Tous les week-ends, c'est les soirs
27:04très tard. Et on n'est pas, je le
27:06dis, on n'a sans doute pas des carrières
27:08à la mesure de cet investissement.
27:10Donc là, je pense aussi qu'il faut
27:12bien prendre conscience et que l'État se
27:14donne des moyens
27:16adéquats. Donner des moyens au maire,
27:18nous l'avons dit, des moyens de police
27:20administrative, et ça, ça coûte zéro.
27:22Ça coûte zéro. Mais donner
27:24des moyens à la police,
27:26et notamment à la police judiciaire,
27:28c'est fondamental.
27:30On l'a dit, ce mot terrorisme,
27:32on dit toujours que le trafic de cigarettes,
27:34que le trafic de drogues, forcément,
27:36finance le terrorisme.
27:38Ça me paraît évident.
27:40Ça me paraît évident, mais en effet, c'est un sujet
27:42qui nécessite d'être plus au sérieux.
27:44Personne ne conteste que
27:46les talibans ont tiré
27:48des revenus du pavot.
27:50Les FARC, ce sont de toute évidence...
27:52Les forces armées révolutionnaires colombiennes.
27:54... ont tiré quelques profits
27:56du trafic de cocaïne.
27:58Au Sahel, on voit
28:00des choses similaires.
28:02Et puis, plus proche de nous, les attentats de Madrid,
28:04où il a été démontré que
28:06les auteurs avaient financé ça
28:08avec du trafic de cannabis, etc.
28:10Les exemples abondent. Et d'ailleurs, quand on regarde
28:12un peu les luttes qui ont été menées
28:14sur la liste des
28:16terroristes djihadistes
28:18de ces dernières années, nombreux d'entre eux
28:20ont des profils de trafiquants.
28:22Ce qui est intéressant, d'ailleurs, parce qu'on ne peut pas faire
28:24plus hospitaliste qu'un trafiquant.
28:26Et subitement, ils se radicalisent
28:28pour une cause
28:30sans profit immédiat.
28:32En tout cas, profit
28:34pécunier.
28:36Non, c'est certainement un sujet.
28:38Je vais moi-même vous raconter l'anecdote personnelle.
28:40Il se trouve que j'étais aussi enquêteur pour l'ONU
28:42sur l'enquête de l'assassinat du Premier ministre
28:44Rafik Hariri au Liban.
28:46Et que rentré en France,
28:48je m'étais engagé dans
28:50des affaires un peu complexes
28:52au blanchiment de trafic de cocaïne
28:54où se trouvaient également beaucoup de Libanais.
28:56Et je m'étonnais du nombre d'homonymes que je trouvais
28:58entre les deux affaires pour m'apercevoir finalement
29:00que ce n'étaient pas les homonymes.
29:02C'étaient les mêmes personnes.
29:04Ah oui, d'accord.
29:06Petite pause, encore une fois,
29:08et la dernière.
29:10Et on verra peut-être les angles morts
29:12de la législation
29:14pour aider, que ce soit
29:16la police, que ce soient
29:18les maires, les élus.
29:20Puisque tout le monde doit se retrousser
29:22les manches, j'ai l'impression. On en parle dans un instant.
29:24On est ensemble jusqu'à 20h. A tout de suite.
29:26Sud Radio, votre attention
29:28est notre plus belle récompense.
29:30Tous les week-ends, je suis braviché
29:32Sud Radio, mais ça fait
29:34quelques années déjà.
29:36Sud Radio, parlons
29:38vrai. Sud Radio,
29:40les vraies voix qui font bouger la France.
29:4219h20, les vraies voix responsables.
29:44On pourrait passer des heures avec eux
29:46et les écouter puisque
29:48le sujet est malheureusement passionnant.
29:50Lutte contre le narcotrafic
29:52et le blanchiment de l'argent.
29:54Quentin Mugg est avec nous, un policier spécialisé
29:56dans la lutte anti-blanchiment et auteur de ce livre
29:58« Argent sale, la traque » chez Fayard.
30:00Sébastien Cotte aussi, adjoint au maire
30:02de Montpellier à la protection de la population
30:04et de la tranquillité publique.
30:06Pierre-Yves Bournazel, conseiller horizon de Paris,
30:08ancien député, candidat déclaré aux prochaines élections
30:10municipales, auteur de plusieurs propositions
30:12contre le commerce servant de façade
30:14au blanchiment.
30:16Sur tout ce qui est
30:18service, la coopération judiciaire
30:20avec vous, Quentin Mugg,
30:22est-ce qu'on se sent, il y a une vraie
30:24belle coopération internationale
30:26ou européenne déjà ?
30:28Quotidienne, intense,
30:30de mieux en mieux coordonnée
30:32avec vraiment
30:34au cœur Europol,
30:36l'agence européenne de police criminelle
30:38à laquelle j'ai appartenu encore récemment
30:40et au sein de laquelle je travaille toujours puisque je représente la France.
30:42Je suis un officier de liaison
30:44représentant la France au sein de cette agence.
30:46C'est une agence qui, vraiment, s'est donnée
30:48pour mission d'apporter un support
30:50direct aux enquêtes, un support opérationnel.
30:52Il ne s'agit pas seulement
30:54d'avoir une vision stratégique, ce que
30:56l'agence fait aussi, mais vraiment
30:58d'agir dans les enquêtes avec
31:00des succès retentissants. Aujourd'hui encore, on a annoncé
31:02le démantèlement d'une plateforme
31:04de pédopornographie
31:06qui était
31:08terrible.
31:10Tous les jours,
31:12les services de police
31:14au-delà de l'Europe même, d'ailleurs, se réunissent
31:16parce qu'Europol, c'est en fait plus de 50 pays
31:18ce n'est pas seulement l'Europe
31:20et mettent en commun des informations,
31:22des compétences, des expertises
31:24pour travailler ensemble et obtenir des résultats.
31:26Les résultats sont absolument extraordinaires.
31:28J'évoquais brièvement,
31:30je prendrais juste cet exemple-là parce qu'il est connu en France
31:32les dossiers dits Encrochat et Sky
31:34qui ont consisté à démanteler
31:36des plateformes de communication cryptées
31:38mises en place par des criminels,
31:40et dont le contenu
31:42était intégralement criminel.
31:44C'est vraiment
31:46une enquête sans égale.
31:48On est à plus de
31:5015 000 personnes interpellées,
31:52des centaines de tonnes, et surtout des gens
31:54d'un niveau élevé puisque
31:56les appareils eux-mêmes coûtaient cher, ce qui écrémait de fait
31:58le menu frottin. Mais ça nous a permis surtout
32:00d'obtenir, au niveau d'Europol
32:02et pour les pays membres, une photographie
32:04de la situation qui valide ce que disent
32:06les invités autour de cette table
32:08sur les problématiques à la fois locales
32:10et plus internationales.
32:11Pierre-Yves Bournazel, vous avez été député.
32:13Il y a une loi contre le narcotrafic qui vient d'être votée.
32:15Comment expliquer qu'on ait mis aussi
32:17longtemps pour en arriver là ?
32:19Qui va piano va salaud,
32:21mais peut-être pas tant que ça.
32:22Parce que je pense que le problème a été trop longtemps sous-estimé.
32:24Et pourquoi ? Par manque de courage politique ?
32:26Peut-être par manque de courage politique.
32:28Peut-être par manque
32:30de connaissances aussi. Il faut être
32:32sur le terrain pour voir aussi un certain nombre de choses.
32:34Je suis content de voir qu'à Montpellier
32:36il y a des élus de terrain qui se rendent compte
32:38des choses et qui les relaient parce que nous sommes
32:40en phase sur les propositions.
32:42Ça fait froid dans le dos ce que
32:44vous nous racontez là. Parce qu'on voit bien
32:46que ceux qui veulent se faire du fric,
32:48ils font la drogue, le proxénétisme,
32:50ils utilisent des êtres humains,
32:52les enfants, pédocriminalité,
32:54vous en avez parlé tout à l'heure. On a parlé de terrorisme.
32:56On pourrait parler
32:58d'individus qu'on utilise et qu'on achète
33:00pour faire les guetteurs, d'autres pour vendre et recycler
33:02n'importe quoi dans les commerces justement.
33:04On voit bien que c'est un phénomène d'ampleur.
33:06C'est pour ça que je dis avec mes propositions
33:08qu'il faut monter le curseur.
33:10Parce que sur le plan législatif
33:12on peut faire des choses mais il faut donner aussi des moyens
33:14pour qu'il y ait des services d'enquête
33:16dimensionnés parce qu'il y a
33:18de la coopération internationale et européenne et ça marche mieux
33:20vous venez de le dire et tant mieux.
33:22Il faut qu'à notre échelle nationale on puisse
33:24donner des moyens à tous ces acteurs
33:26pour démanteler toutes les filières. Et puis localement il faut
33:28qu'on obtienne de nouveaux pouvoirs
33:30pour pouvoir vraiment agir
33:32et gêner sur le terrain
33:34ces trafiquants.
33:36Justement sur le terrain avec Sébastien Cotte
33:38adjoint au maire de Montpellier
33:40est-ce qu'entre maires, 36 000
33:42communes, au travers peut-être
33:44de l'association des maires de France, sur ces sujets-là
33:46est-ce qu'il y a
33:48vraiment des
33:50discussions et peut-être des
33:52conférences où vous pouvez vous aider
33:54les uns les autres ?
33:56Oui, je pense qu'aujourd'hui
33:58c'est un phénomène qui
34:00nous frappe de plein fouet.
34:02Pour répondre à votre question aussi,
34:04je pense que
34:06pendant 15 ans,
34:08moi à Montpellier je vais être très clair,
34:10dans les années 2000,
34:12entre 2000 et 2010, on avait
34:14une vingtaine, une trentaine d'épiceries de nuit sur
34:16la ville. Aujourd'hui
34:18on est entre 150 et 200.
34:20Montpellier est la ville de France
34:22qui a la plus forte croissance démographique,
34:24on peut s'en réjouir pour des tas de sujets,
34:26mais enfin ce n'est pas équivalent
34:28à la multiplication
34:30de ce type de commerce.
34:32Je pense effectivement que
34:34l'État a été happé,
34:36on le sait, par les problématiques de terrorisme
34:38à partir de 2015.
34:40Il y avait un très bon article du Monde,
34:42il y a quelques mois, qui disait qu'on a pris
34:4415 ans de retard. Moi je pense qu'on a pris
34:4615 ans de retard.
34:48Je pense que le projet de loi, avec notamment
34:50un parquet national
34:52contre la criminalité organisée,
34:54c'est une très bonne chose.
34:56Je pense qu'enfin
34:58on commence à prendre la mesure.
35:00Pour maintenant venir directement
35:02à votre question, moi je suis membre
35:04de la commission de sécurité de France Urbaine,
35:06de tas d'associations d'élus,
35:08nous faisons tous les mêmes constats.
35:10À Bordeaux,
35:12à Besançon, à Paris, à Marseille,
35:14à Nice,
35:16on a tous les mêmes problèmes.
35:18Donc, qu'on arrête de nous opposer
35:20la sacro-sainte liberté du commerce,
35:22nous ne voulons pas empêcher
35:24la liberté du commerce,
35:26nous disons juste qu'il est quand même souhaitable,
35:28si l'on veut ne pas perdre la main,
35:30que nous donnions aux maires
35:32la possibilité de réguler.
35:34Encore une fois, je le dis,
35:36aujourd'hui vous n'installez pas une pharmacie
35:38comme vous le souhaitez. Vous n'installez pas
35:40un bar comme vous le souhaitez.
35:42Donc, donnez-nous des moyens
35:44de police administrative pour
35:46travailler. Aujourd'hui,
35:48nous livrons, moi je le dis,
35:50un combat à armes inégales.
35:52Un combat asymétrique.
35:54Ces gens-là, ils ont beaucoup de moyens.
35:56Ils ont énormément
35:58de moyens. Et là, on parle de grandes villes,
36:00mais la ruralité n'est pas épargnée.
36:02La ruralité n'est pas épargnée.
36:04Pourquoi ? Mais moi, je le vois très bien.
36:06Dans une ville comme Montpellier. Nous, on travaille très bien.
36:08Enfin, très bien. Du mieux possible.
36:10Mais on a besoin de plus de moyens.
36:12On fait 70
36:14fermetures administratives sur la seule
36:16année 2024. Donc,
36:18ils savent qu'à Montpellier, c'est un peu plus compliqué.
36:20Et donc, où est-ce qu'ils vont ? Ils vont s'installer
36:22dans les villages d'à côté où il n'y a pas
36:24de police municipale. Moi, j'ai la chance
36:26d'avoir plus de 200 policiers
36:28municipaux. Donc, évidemment
36:30que je peux les utiliser.
36:32Mais des petits maires de villes moyennes ou de
36:34petites villes, ils n'ont pas ces moyens-là.
36:36Et eux aussi, voient arriver
36:38ces commerçants. Enfin, ces
36:40faux commerçants. Je pense qu'on a bien
36:42démontré. Mais quand vous travaillez
36:44à Europol, Quentin Mug,
36:46il y a quand même des pays qui sont, on peut le dire,
36:48des narco-états. Certains disent que la France est en train de le devenir.
36:50La Colombie, la cocaïne.
36:52Vous parliez de l'Afghanistan et du pavot de l'héroïne.
36:54Le Maroc et le Hachiche.
36:56Est-ce qu'au niveau des dirigeants, quand on rencontre
36:58les dirigeants de ces pays, on hausse
37:00un peu le ton, à votre avis, ou pas ?
37:02Oui, on a une excellente coopération
37:04avec la Colombie, par exemple.
37:06Avec qui on a un accord opérationnel à Europol.
37:08Non, je pense
37:10que déjà, on a une problématique, c'est que
37:12tout le monde n'a pas la même politique
37:14vis-à-vis du cannabis, notamment.
37:16Il y a des pays où c'est légalisé,
37:18d'autres où ça ne l'est pas, mais où c'est dépédalisé
37:20de fait. Je ne pense pas que nos prisons
37:22soient remplies de consommateurs de cannabis
37:24pour le simple fait qu'ils aient consommé.
37:26C'est clair.
37:28Après, sur la régulation elle-même,
37:30justement, je n'ai pas d'opinion
37:32sur le point de savoir s'il faut réglementer
37:34les commerces ou pas, mais simplement, je soulignerai le fait que...
37:36Il nous reste 30 secondes.
37:38La régulation bancaire, si vous voulez, en Europe,
37:40c'est 85 milliards d'euros de dépensés
37:42tous les ans, je vous l'ai dit.
37:44Au-delà de ça, on a un marché de la drogue de 6 milliards
37:46pour aboutir à des saisies
37:48de 2%.
37:50Il n'est pas sûr. Pourquoi ?
37:52Parce qu'en fait, tout simplement, dès qu'on régule un secteur, ils vont ailleurs.
37:54En fait, ce qu'il faut, c'est arrêter les trafiquants,
37:56se rappeler
37:58qu'on interdit la drogue, non pas parce que
38:00ça crée de l'argent, mais parce que ce n'est pas bon pour la santé.
38:02Et donc, ça pose des questions
38:04sur la dépénalisation aussi.
38:06Etc.
38:08Merci beaucoup.
38:10Merci beaucoup, Pierre-Yves Bournazel,
38:12pour cette émission passionnante.
38:14Et Lionel Rousseau,
38:16qui vient d'entrer dans ce studio.
38:18Bonsoir, Lionel.
38:20Tout aussi passionnant. Nous sommes shootés au football,
38:22vous le savez, c'est sûr.
38:24Le football est une drogue, d'ailleurs.
38:26Mais c'est autorisé.
38:28Notre émission, le jeudi, à partir de 20h,
38:30But Football Club, avec le site de référence
38:32butfootballclub.fr, bien sûr.
38:34Les thématiques de la crise du football français,
38:36entre autres choses, et Edwin Muraty
38:38sera notre invité.
38:40Qui a joué au Paris Saint-Germain à l'époque.
38:42Le Zidane Albanais en compagnie
38:44de l'ambassadeur d'Albanie en France
38:46qui sera avec nous.
38:48On va se régaler, on va parler foot.
38:50Il jouait à l'époque de Méo Codreau,
38:52un autre très bon Albanais qui jouait au Parsa.
38:54Vous avez mis un costume, vous avez une demande à faire à quelqu'un ?
38:56Oui, il faut que je vous parle.
38:58On va vous laisser, alors.
39:00Allez, passez une très belle soirée.
39:02Vous me feriez une infidélité avec Lionel Rousseau ?
39:04Je pourrais.
39:06Avec Maxime.
39:08Merci Justine, merci Félix et merci Nelly.
39:10On se retrouve demain à partir de 17h.
39:12Passez une très belle soirée, salut.

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