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00:00Bonjour, bienvenue sur Lister TV, notre émission bourse où les gérants, analystes, professionnels des marchés viennent nous partager leurs convictions.
00:19Aujourd'hui, c'est Bertrand Puif, Portfolio Manager chez Fidelity International que nous recevons.
00:24Bertrand, bonjour.
00:25Bonjour Stéphane.
00:26Peut-être deux mots de rappel sur l'activité de Fidelity International.
00:29Fidelity est une société de gestion d'actifs, nous gérons à l'échelle mondiale 600 milliards de dollars sur les différents continents.
00:36Nous avons des analystes, 220 analystes qui sont répartis en Asie, en Europe, aux Etats-Unis et 125 gérants.
00:43D'accord. Alors aujourd'hui, vous êtes allé nous chercher trois valeurs dans le nord de l'Europe, valeurs extraordinaires nordiques.
00:50En commençant par Vestas, c'est une société danoise qui est le leader mondial de la fabrication d'éoliennes.
00:58Pourquoi Vestas ?
00:59Alors tout à fait. Vestas, c'est une société qui a été ce qu'on appelle une « darling », une société « chérie » du marché pendant des années,
01:06tirée par la vague des énergies renouvelables.
01:08Et effectivement, depuis plusieurs années, il y a déjà une problématique d'exécution.
01:12C'est-à-dire qu'il y a des contrats qui ont été signés avec sans doute des clauses de risque qui n'étaient pas optimales pour cette société-là.
01:18Et donc, les deux, trois dernières années, ça a été assez compliqué pour cette société d'un point de vue marge.
01:23C'est-à-dire que le chiffre d'affaires était là, l'activité était soutenue, mais les profits n'étaient pas au niveau attendu par le marché.
01:29Donc déjà, ce qui a pesé sur le titre.
01:31Après est arrivé effectivement l'élection de Donald Trump, qui a mis un terme à la croissance,
01:37et même d'ailleurs qui a mis à l'arrêt complètement le marché de l'éolien offshore, donc au large, en mer.
01:42Ça a un petit peu ralenti, mais il a mis un peu le coup de massue.
01:45Le coup de massue sur ce marché-là, puisqu'aujourd'hui, il y a un moratoire.
01:48C'est le plus développé aux États-Unis sur l'offshore de champs éoliens.
01:53Donc ça, ça a effectivement considérablement réduit les perspectives à moyen terme.
01:57Mais je vais dire que ça, c'est déjà dans le cours du titre, puisque le titre est en baisse significative.
02:01Sur ces plus hauts, on est à moins 50, moins 60.
02:03Oui, sur un an, on est à moins 50 %.
02:04Oui, à moins 50 %, exactement.
02:06Donc on va dire que le marché a déjà intégré ces perspectives-là.
02:09Et nous, on pense que d'une part, on est à la fin de ces problématiques d'exécution sur les contrats actuels dans le carnet de commande,
02:15et que le nouveau management a fait ce qu'il fallait pour que ça ne se renouvelle pas dans le futur.
02:20Et d'autre part, on pense qu'il y a encore un marché.
02:23Il y a l'avenir sur l'éolien.
02:24Exactement.
02:25Et même aux États-Unis, j'allais dire, puisqu'on sait que sur la partie terrestre,
02:2880 % du potentiel du marché terrestre éolien américain est aux mains des États.
02:35Pas aux mains de l'État fédéral, mais aux mains des différents États.
02:38On sait que la Californie, par exemple, est très ambitieuse dans son plan de développement de l'éolien,
02:42et notamment en backup des data centers, puisque les data centers, on les met sur le réseau.
02:47Mais à un moment donné, on a besoin d'une certaine flexibilité et pouvoir appeler une énergie qui est facilement appelable.
02:55On ne démarre pas une centrale nucléaire ou une centrale au charbon comme ça.
02:59C'est plus facile d'arrêter et de démarrer une éolienne.
03:02Et donc, effectivement, dans un état où les conditions de vent sont bonnes,
03:05on n'a pas besoin de subventions, ça vient un peu dans la chaîne d'investissement des data centers.
03:11D'accord. Il faut dire qu'il y a suffisamment de vent pour que ce soit rentable.
03:14Tout à fait.
03:15Je me rappelle de la brume de San Francisco, mais je ne me rappelle plus qu'il y avait du vent.
03:19Je vais passer souvent.
03:20Deuxième valeur, c'est une Finlandaise.
03:24C'est le leader du raffinage de biodiesel en Europe.
03:27Ça s'appelle Nesté.
03:29Nesté, ne pas confondre avec Nestlé, ce n'est pas la même chose.
03:33Là, on est effectivement dans le raffinage.
03:35Alors pourquoi on parle de ça ?
03:36Vous savez que le raffinage, ça parait un petit peu suranné aujourd'hui en Europe,
03:39puisqu'il y a énormément de raffineries qui ont fermé.
03:41On préfère que le pétrole soit raffiné ailleurs et l'envoyer ici,
03:45avec un bilan carbone qui n'est pas forcément meilleur.
03:47Mais bon, c'est un autre débat.
03:48En tout cas, c'est un des derniers raffineurs qu'on a en Europe.
03:51C'est le plus gros d'ailleurs.
03:53Ce qui est important, c'est qu'il a fait évoluer son business model.
03:56Aujourd'hui, c'est le leader mondial du biofuel, du biodiesel en particulier,
04:00qui est un des carburants qu'on utilise le plus en Europe, le biodiesel,
04:03et qui est en train de se développer sur le SAF, le Sustainable Aviation Fuel.
04:08C'est en fait le carburant pour verre, entre guillemets, pour les avions.
04:13Ça, c'est un marché émergent, mais qui est amené à se développer dans les années à venir.
04:17C'est une société qui a fait énormément d'investissements.
04:19Et là, effectivement, on parle d'investissements très lourds dans des nouvelles raffineries,
04:23notamment pour ce carburant, pour l'aviation.
04:26C'est à Singapour un énorme investissement de plusieurs milliards.
04:29Et il y a eu des décalages, effectivement, à la fois dans la montée en puissance de ces usines,
04:36parce qu'on sait que c'est des gros projets.
04:38Quand vous avez effectivement... C'est un nouveau carburant aussi, donc c'est compliqué.
04:41Et le marché n'avait pas forcément, à une certaine époque, pris en compte ce risque-là.
04:44Maintenant, il l'a pris en compte. Le titre est à moins 80 par rapport à son plus haut.
04:48Donc ça, c'est quand même extrêmement faible.
04:50Et ce qui est important de voir, c'est que même si on a ces décalages,
04:53sur ce carburant pour les avions, même si on l'avait aussi sur le biodiesel,
04:58là, on sait que la Californie, par exemple, veut à nouveau pousser les biocarburants.
05:02Donc il y a aussi, même aux États-Unis, un futur pour les biocarburants.
05:06Eh bien, la valorisation, aujourd'hui, est extrêmement faible.
05:09Si on voulait, donc... Imaginons qu'un concurrent arrive et veut répliquer l'actif industriel de Neste,
05:16eh bien, il vaut mieux acheter Neste en bourse, parce que ça coûte la moitié
05:20de l'investissement qu'il faudrait faire, effectivement, nécessaire pour ça.
05:23Donc voilà. Donc aujourd'hui, c'est un titre qui n'est vraiment pas cher.
05:26Il y a des perspectives de consolidation avec d'autres acteurs au niveau mondial
05:29qui pourraient révéler la valeur cachée de ce titre-là.
05:32Intéressant. Alors, on continue le tour de la Scandinavie.
05:34On va en Suède avec le leader mondial des équipements de radiothérapie qui s'appelle Elekta.
05:40Voilà. Alors, Elekta, c'est fabrique de radiothérapie pour le traitement du cancer,
05:46qui, malheureusement, est un marché qui est en croissance, là.
05:51Alors, à l'échelle mondiale, on a vraiment deux acteurs.
05:54Alors après, il y a des petites start-up, etc., mais on a deux acteurs.
05:57On a donc Elekta, donc société suédoise, comme on l'avait dit,
06:00et on a également Variant, qui est une société américaine à la base,
06:03mais qui a été rachetée il y a quelques années par Siemens.
06:05Voilà. Donc, deux acteurs importants, donc un duopole à l'échelle mondiale.
06:08Et c'est vrai qu'il y a des cycles produits.
06:10Variant, sur ses cinq, six dernières années, avait un produit supérieur,
06:13et donc a effectivement...
06:15Les parts de marché.
06:16Voilà. C'est lui qui a pris les parts de marché et qui...
06:18Donc, le cours de bourse de, à l'époque, Variant, et ensuite Siemens en a bénéficié.
06:22Et au contraire, Elekta a vu son cours de bourse...
06:25Symétriquement.
06:26Symétriquement baissé.
06:27Et ils ont investi fortement dans des produits,
06:29et notamment, ils ont acheté, il y a quelques années, une société de logiciels.
06:33Et donc, maintenant, pour améliorer la partie logicielle du produit,
06:36le guidage, effectivement, pour avoir une meilleure image,
06:39et puis un meilleur traitement, en particulier, pardon, un meilleur traitement, en fait, des tumeurs.
06:44Et aujourd'hui, donc, on a un produit qui est en train d'être lancé,
06:48qui est en phase d'approbation par la FDA,
06:50donc les instances américaines qui doivent valider ces produits-là avant le lancement,
06:55et qui sera guidé par de l'intelligence artificielle.
06:57Donc là, on a fait vraiment un saut quantique en termes de technologie.
07:00Et nous, on pense vraiment que ce n'est pas du tout reflété dans le cours de bourse.
07:04Et donc, là, ils sont repassés devant en termes de technologie ?
07:06On pense qu'ils sont repassés devant, et on est dans cette phase-là
07:09où ils commencent à marketer, entre guillemets, le produit.
07:12Les autorisations commencent à leur être données,
07:14et on devrait voir, dans les trimestres qui viennent,
07:16un momentum se construire sur leur canet de commande.
07:18Et ce produit-là, de notre point de vue, devrait être à une marge
07:21significativement supérieure à leur ancien produit.
07:23Très intéressant. Donc Vestas, Nesté et Elekta.
07:27D'une manière générale, plus globale, quel est votre sentiment de marché ?
07:31Même si ce n'est pas évident aujourd'hui, ça change tous les jours.
07:33Entre le moment où on enregistre et puis l'audience d'Ankara,
07:38l'interview, il va certainement se passer des choses.
07:41Alors, c'est un marché qui, effectivement, est très volatile.
07:43Alors, dans un marché comme cela, c'est vrai que nous,
07:45on pense qu'il va y avoir le retour du stock picking.
07:47Le stock picking, c'est quoi ? C'est la sélection de titres.
07:49Et la sélection de titres, elle est basée sur la connaissance
07:52de ces titres-là. Et je le disais en introduction,
07:54Fidelity, 220 analystes au niveau mondial.
07:56Donc, on a une connaissance des sociétés qui nous permet de savoir
07:59un peu quelle est la valorisation, au travers de toute cette volatilité
08:03de court terme, la valorisation à 3 ans, à 5 ans d'une société.
08:07Quand on voit qu'il y a une déconnexion trop importante
08:10à court terme, et qu'on le voit aujourd'hui, par exemple,
08:13où les tarifs ont été annoncés, donc les droits de douane,
08:16on a des sociétés qui baissent d'une manière assez excessive,
08:19au-delà du raisonnable.
08:22Donc, on sait effectivement capter ces différences-là
08:27et d'être opportuniste. Je pense qu'il faut vraiment
08:29être opportuniste. Il ne faut pas céder à la panique.
08:31Et il faut avoir cette vraie vision de la valorisation d'une société.
08:34Et quand on l'a, en fait, on est plutôt soulagé.
08:36Parce qu'on sait à peu près quand c'est trop cher,
08:38quand ce n'est pas assez cher. Et on peut effectivement
08:40faire des optimisations de portefeuille pour avoir
08:42le meilleur couple risque-rendement.
08:44Les conditions sont plutôt favorables à la gestion active.
08:46Tout à fait.
08:47Merci Bertrand.
08:48Je vous en prie, merci.
08:49Merci à tous de nous avoir suivis.
08:50Je vous rendez-vous très vite sur Investisseur TV
08:52avec de nouveaux invités.