Linda Tromeleue est psychologue et prend en charge des conjoints violents pour lutter contre la récidive. Pour Brut., elle explique.
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00:00Je comprends pas, ce qui fait que vous avez été condamné.
00:05Moi non plus je sais pas.
00:07Ah tiens donc.
00:08Pourquoi vous l'avez tiré par les cheveux ?
00:10Parce qu'elle m'a une heure.
00:21Pourquoi est-ce que c'est important de prendre en charge justement les auteurs de violences conjugales
00:24pour mieux lutter contre les violences vis-à-vis des femmes ?
00:27Parce que ce sont eux qui commettent les actes de violence.
00:29Parce qu'un certain nombre de femmes ne peuvent pas se séparer de ces sujets-là,
00:34donc un certain nombre sont encore en couple.
00:37Nous devons absolument faire l'hypothèse que si la violence a déjà existé,
00:42elle peut réexister, parce que la violence c'est souvent quelque chose de continu.
00:47Et puis j'insiste vraiment sur le caractère transgressif d'infraction.
00:51C'est celui qui commet qui est en charge de remédier au problème.
00:56D'où la nécessité de les prendre en charge.
01:07Il y a autant de profils que de personnalités.
01:10Tous les âges, tous les milieux sociaux.
01:13Plutôt que des profils, il y a des points communs.
01:15Et les points communs c'est qu'ils sont très rigides, très centrés sur eux-mêmes.
01:18Ils ramènent systématiquement les choses à eux-mêmes.
01:21Ce sont aussi des sujets qui ont comme caractéristique de renverser systématiquement les choses.
01:25C'est-à-dire ?
01:26C'est pas moi, c'est l'autre.
01:27Il y a eu des crises de jalousie.
01:29Moi je ne disais rien au début parce que je l'ai vu.
01:31L'alcool me faisait faire n'importe quoi.
01:33Il y a eu 30 jours d'ITT parce que ça lui a fracturé l'arcade sourcilière.
01:3930 jours c'est énorme.
01:41Pas loin c'était les assises parce que j'aurais pu crever son oeil.
01:44Identifier une cause extérieure pour expliquer le recours à la violence,
01:50c'est vraiment systématique.
01:52C'est l'alcool, c'est les drogues, c'est les problèmes au travail avec l'employeur,
01:55c'est les problèmes dans l'éducation des enfants,
01:57et puis surtout c'est le problème du comportement de l'épouse.
02:00Ils ne reconnaissent jamais le fait que ça vient de leur intériorité.
02:04Ce qu'on observe aussi dans la manière de parler,
02:06c'est qu'ils minimisent, ils banalisent, ils dénient, ils cachent un certain nombre d'éléments,
02:12ils diluent des choses.
02:13Il n'y a pas eu de violence en fait.
02:15Je n'ai jamais frappé aucune femme.
02:16Au départ, systématiquement, ils sont réfractaires,
02:19donc ils ne sont absolument pas réceptifs.
02:21Par les aspects graduels de prise en charge,
02:23et par aussi un travail tonique et confrontant sur leur communication,
02:29c'est-à-dire que les conseillères ou moi,
02:31nous n'hésitons pas à leur dire qu'ils communiquent de manière ordinaire
02:34sur un sujet trop grave par exemple,
02:36ou que là ils ont beauté en touche.
02:38Par ce travail tonique, on peut augmenter la réceptivité.
02:43Nous en rencontrons aussi quelques-uns qui communiquent différemment,
02:48de meilleure qualité,
02:50et ça peut aussi être une illusion.
02:52L'illusion qu'ils créent peut faire partie aussi de leur stratégie d'auteur de violence.
03:10L'objectif, c'est toujours la voie de la reconnaissance des faits qui ont été commis,
03:16la voie de la responsabilisation,
03:18donc la prévention de la récidive,
03:20ça doit s'associer d'autres types de prise en charge,
03:22parce que la fin de ce dispositif-là ne signifie pas la fin de leur problématique.
03:27Pour certains, c'est une amorce,
03:29c'est-à-dire que c'est une amorce de prise de conscience,
03:31c'est une amorce de mouvement pour continuer le travail qui a été engagé.
03:38Ça ne doit pas nous illusionner,
03:40c'est-à-dire que nous devons absolument soutenir ces mouvements-là.
03:44Et là, l'administration pénitentiaire a sa part à jouer,
03:47les psychologues ont leur part à jouer aussi.