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Victime de violences conjugales, Tiphanie Bel a vécu un enfer, prolongé par sa grande difficulté à déposer plainte, à être entendue par la police. Aujourd’hui, elle se raconte dans un livre, « Vivante », et revient pour ELLE sur son calvaire.

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Transcription
00:00Il me laissait au sol en me disant que c'était ma place de femme d'être à ses pieds
00:03parce que j'étais une chienne, qu'il était mon maître, qu'il allait me montrer ce que c'était d'être un homme.
00:07Avant que tout ça commence, j'avais une vie, ce qu'on peut appeler une vie ordinaire.
00:12J'étais déjà soignante, je travaillais comme beaucoup de mamans,
00:15je m'organisais avec les enfants, les sorties, le mari.
00:18Il a fallu du temps pour ça, pour le décrypter, c'est que je ne m'en suis pas vraiment rendue compte.
00:22C'est le côté très fragile qu'il dégageait, il a travaillé par mimétisme.
00:27Il utilisait les chansons que j'écoutais sur ma playlist,
00:30il utilisait des termes que j'utilisais dans ma façon de dialoguer.
00:34Donc c'est comme une synchronisation finalement, et tout doucement, en racontant sa vie,
00:39je me suis intéressée à ses malheurs d'enfance, et c'est ce côté très fragile qui m'a touchée.
00:45Je me suis laissée attendre, rire, et je suis tombée en plein dans un piège, c'était certain.
00:50C'est pas de l'amour, c'était pas de l'amour.
00:52J'ai pas eu le temps d'éprouver de l'amour parce que rapidement il y a eu de la violence.
00:56Le soir, le premier soir, c'est le soir de son anniversaire,
01:00c'est les premiers coups où on commençait là, donc un mois.
01:05Rudy intervient régulièrement sur mon lieu de travail,
01:08il harcèle un collègue avec qui j'étais très très proche,
01:12il me suit, il prend des photos, c'est très compliqué,
01:16il y a des appels auprès de la direction, je perds mon emploi,
01:19et à ce moment-là tout s'écoule, et là c'est à la perte de ma vie professionnelle,
01:24j'ai perdu ma vie sociale, et là je me suis retrouvée entièrement seule avec lui.
01:29Il me rabaissait constamment, il était humiliant.
01:31Quand il était violent, il me laissait au sol en me disant que c'était ma place de femme d'être assépiée,
01:37parce que j'étais une chienne, qu'il était mon maître, qu'il allait me montrer ce que c'était d'être un homme.
01:42Il a mis les pères des enfants à l'écart, moi je voyais personne,
01:46plus de vie sociale, plus de vie professionnelle, personne n'a pu se rendre compte.
01:50Ils pouvaient pas, c'est pas une inaction de leur part, de leurs faits,
01:53c'est qu'ils pouvaient pas m'aider, puisqu'ils le savaient pas.
01:55Faut savoir que Rudy m'envoyait aussi des photos, devant les voitures des pères,
01:59en train de dire qu'il va couper les freins, aussi de mes parents.
02:01Donc non, jamais j'aurais pris le risque d'en parler à quelqu'un.
02:05Et par la suite, quand ils l'ont su, le premier qui m'a aidée et épaulée, qui s'en est rendu compte,
02:09c'est Jérôme, mon mari, avec qui je me suis remise aujourd'hui.
02:12Alors je décide d'aller à la police, parce que ce que je vis, je sais que c'est pas normal,
02:16c'est pas normal, c'est pas possible, et c'est pas durable dans le temps.
02:19Régulièrement, je me disais, cette fois-ci, il va me mettre la raclée, je vais pas me relever,
02:23et je vais finir à la une des journaux, dans un petit fait divers, sur trois lignes.
02:27Au début, la police a eu du mal à prendre en compte ce que je disais.
02:31Je me présente, je dis que je viens pour porter plainte pour des violences.
02:35Parfois je suis reçue, parfois je suis pas reçue.
02:37Il y a aussi les fois où on m'a dit que j'étais juste une femme jalouse,
02:40parce que monsieur allait se remettre avec sa femme, alors que c'était pas du tout le cas.
02:44Il y a eu une fois où la policière m'a dit, vous vous rendez compte,
02:48ça serait plutôt à lui de porter plainte, parce que j'avais rétorqué les coups
02:51et je l'avais blessée au niveau du visage.
02:54C'est quand même le monde à l'envers.
02:55Je me suis défendue, il a défoncé ma porte d'entrée, mais c'était encore à moi d'avoir honte.
03:00Il y a les fois où ils m'ont pas crue, les fois où ils ont minimisé en disant,
03:03de toute façon, ça sert à quoi de faire une main courante.
03:06J'ai appelé aussi plusieurs fois en disant, mon dieu, il est devant la porte,
03:09il va rentrer dans la maison.
03:11Ils sont intervenus au petit matin, en me demandant si ça allait.
03:14Donc, je leur disais, ça va, j'ai survécu.
03:16Je comprends, il y avait d'autres priorités, mais j'ai appelé à l'aide.
03:19J'étais pas en colère, j'étais démunie, mais il fallait que je continue
03:23et j'ai continué jusqu'à temps que ça soit pris en compte.
03:25Ça a mis des mois.
03:27J'ai essayé encore et encore et encore, jusqu'à temps que Olivier, lui, m'écoute.
03:32Cet OPJ, il m'a écoutée.
03:34C'est grâce à ça que tout s'est déroulé, tout a pris un happy end après.
03:45À la fin, je lui ai dit qu'aujourd'hui, j'étais là et qu'il ne m'avait pas brisé,
03:52qu'il avait perdu et je lui ai dit, échec et mat.
03:55Il m'a fallu énormément de temps pour me pardonner
03:57tout ce que j'avais fait endurer à ma famille.
04:00Il a fallu beaucoup de temps, beaucoup de temps, beaucoup de réassurance.
04:02Et c'est parce que je suis tombée sur un homme extraordinaire
04:05qu'on en est là aujourd'hui, qu'on a refondé notre famille,
04:09on a fêté nos dix ans de mariage en se remariant.
04:12On a créé une famille avec plein d'amis autour de nous qui sont devenus notre famille.
04:15On a refait des enfants.
04:16Aujourd'hui, tout va bien, on est vivants tous.

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