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  • 25/03/2025
De plus en plus de personnes prennent du LSD en micro-doses pour réduire le stress. Voici les risques de la pratique expliqués par des médecins.
Transcription
00:00Là où les hippies, il y avait une recherche de révolutionner la société, avec cette
00:14idée que l'LSD allait être un support de transformation des individus, de leur état
00:18d'esprit, de leur valeur, dans le but de produire une société transformée.
00:22Dans le microdosing, ce qu'on observe, c'est plutôt la tendance inverse, c'est-à-dire
00:26celle de vouloir être plus adapté aux demandes sociales, et notamment à celle du monde du
00:30travail.
00:31Le microdosing, c'est un terme récent qui est apparu il y a une dizaine d'années,
00:46et qui consiste à prendre des substances le plus souvent dites psychédéliques en
00:50dosage très faible, donc en général on prend 5 à 10% du dosage qui est habituellement
00:55pris.
00:56Les doses, elles ont pour objectif d'améliorer la performance, de se sentir mieux dans la
01:01vie quotidienne sans forcément avoir les effets majeurs qu'ont les doses pleines,
01:05c'est-à-dire pour le LSD par exemple, une dose pleine c'est 100 microgrammes, alors
01:10qu'une microdose ça va être plutôt de l'ordre de 10 microgrammes, donc c'est 10
01:13fois moins.
01:14Il y a deux types d'usages, d'abord d'une part un usage d'automédication, c'est-à-dire
01:18qu'une bonne part des usagers utilisent le microdosing comme de l'automédication des
01:23troubles de santé mentale, donc des troubles anxieux, de la dépression, voire même pour
01:27traiter certaines addictions, pour les aider à arrêter par exemple la cigarette ou l'alcool,
01:31et puis un deuxième mode d'usage qui est peut-être le plus répandu, qui est celui
01:36vraiment qui vise plutôt des fins d'amélioration de soi, qui s'inscrit dans toutes les pratiques
01:40de développement personnel, qui vise tout simplement à améliorer ses capacités cognitives,
01:46relationnelles, sociales.
01:47Avec le microdosing on est plutôt dans une pratique d'usage chronique, avec des doses
01:51plus faibles, et là on ne sait pas encore, on y reviendra, mais on ne sait pas encore
01:53très bien quels sont les effets à long terme de l'usage chronique de ces substances.
01:59Cette idée de cure va permettre aussi de maintenir ces effets dans le temps et pas
02:04juste d'avoir des effets sur une journée, mais d'avoir ces effets sur plusieurs semaines,
02:07puisque le protocole classique en fait c'est de prendre ces substances, alors pas tous
02:11les jours, mais tous les deux, trois jours selon les protocoles, et de faire ça pendant
02:14à peu près un mois, voire deux mois, et ensuite d'avoir des périodes de pause.
02:21Quelqu'un qui vient vous voir, qui vous explique qu'il fait du microdosing, etc, et
02:33que vous allez apporter un cadre, comment en fait des personnes ne peuvent pas dire
02:37que c'est comme de l'encouragement à consommer de la drogue ?
02:40Il est sûr que je ne peux pas encourager une telle pratique.
02:43Après quand on a travaillé en addictologie, on sait aussi que rejeter la pratique d'un
02:49traitement, ce n'est pas forcément l'aider et le soutenir, donc on peut proposer des
02:53alternatives qui sont légales, comme une psychothérapie, la prescription d'un antidépresseur,
02:59mais parfois on n'a pas d'alternative à proposer, donc ce qu'on essaye avant tout
03:04c'est d'informer sur les risques et de savoir si on en connaît.
03:07Il peut y avoir des problèmes d'interaction médicamenteuse, ça existe, par exemple on
03:11sait que le LSD ne doit pas être mélangé avec certains médicaments qu'on donne pour
03:16le trouble bipolaire, parce que ça peut entraîner des crises d'épilepsie, donc ça si on ne
03:19sait pas et qu'on se micro-dose, on peut être exposé à ce genre de risque.
03:22Au-delà de l'incertitude générale que l'on a, je crois que le cadre dans lequel
03:25on consomme et l'information dont on dispose pour consommer en sécurité restent des facteurs
03:30extrêmement importants en termes de protection et de diminution, voire de suppression du risque.
03:35On a très peu d'études sur les effets indésirables au long cours, par contre on
03:39commence à avoir des rapports anecdotiques, c'est-à-dire des personnes qui rapportent
03:44ce qu'on appelle le HPPD, c'est-à-dire des troubles hallucinatoires persistants,
03:48c'est-à-dire des personnes qui perçoivent des effets de halo, hauteur des lumières
03:54ou marge du champ visuel, qui persistent parfois plusieurs semaines, plusieurs mois, voire
03:59plusieurs années après le micro-dosing, donc on est franchement en ce moment plutôt
04:04dans le flou sur les effets indésirables à long terme.
04:19Ça a d'abord eu un écho au sein des cadres de la Silicon Valley, de Google, Microsoft,
04:24Facebook, etc. et c'est eux qui ont un petit peu popularisé l'usage de ces substances-là
04:30dans l'usage qu'on connaît aujourd'hui, c'est-à-dire celui de l'usage de micro-dosing
04:35de psychédic comme vecteur d'amélioration de soi, d'optimisation de nos performances
04:40et notamment en contexte professionnel, et puis un petit peu comme tout ce qui se passe
04:43à la Silicon Valley, ça s'est ensuite répandu dans le reste du monde.
04:48Les études de l'effet des psychédéliques ont-elles été faites sur le placebo ou sur la psilocybine ?
04:59Les premières études qui ont été faites, comme on dit, versus placebo, c'est-à-dire
05:04la comparaison de l'effet des psychédéliques à un placebo, elle date seulement de 2021.
05:08Il y a eu une étude qui a été faite à l'Université de Chicago sur le LSD et deux études qui ont
05:12été faites sur la psilocybine à l'Université de Leiden et à l'Imperial College de Londres,
05:17et on s'est rendu compte que le micro-dosing n'était pas plus efficace que le placebo
05:24dans ces effets qui étaient revendiqués par les usagers.
05:28Ce qui semble émerger de ces études, c'est que finalement l'effet du micro-dosing de
05:33psychédéliques est surtout lié aux attentes des usagers lorsqu'ils micro-dosent.

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