“Le destin, quand c’est pour toi, c’est pour toi”. Présent au Marrakech du rire, Ilyes Djadel revient sur la rencontre qui a tout changé pour lui.
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AmusantTranscription
00:00Moi j'ai commencé l'humour
00:02vraiment vraiment la première fois que je suis monté sur scène j'avais 16 ans.
00:06Sérieux ? Là ça te fait combien là ?
00:07J'ai eu 24 ans hier.
00:09Ok bon anniversaire.
00:10Merci beaucoup.
00:10Bon anniversaire mon frère.
00:11Merci.
00:11A la base je suis d'une petite ville au nord de la France qui s'appelle Asbrook.
00:15Je suis arrivé à Paris.
00:18J'ai commencé à faire mes petites scènes par-ci par-là à droite à gauche.
00:21Maintenant il y a beaucoup plus de place parce qu'il y a beaucoup plus de Comedy Club.
00:24Par contre il y avait très peu de place.
00:26Donc pour aller dans un Comedy Club et pour pouvoir jouer
00:28c'était plus compliqué qu'aujourd'hui.
00:30Tu te batailles, tu fais tes scènes, etc.
00:32Je me bataille, je me bataille, je me bataille tellement
00:34qu'un jour je me dis
00:36vas-y ça me saoule.
00:37Tu as abandonné ?
00:38Ça me saoule de me batailler.
00:39Moi j'étais parti de chez moi.
00:40Tu vois j'avais pas forcément les moyens à l'époque.
00:43Et du coup tu joues une fois par semaine par-ci par-là
00:47t'essayes de te débrouiller.
00:48Ça peut durer un peu de temps mais ça commence à devenir long et je me dis
00:51vas-y c'est bon j'arrête ça me saoule.
00:53Il me reste trois scènes à honorer.
00:54Ouais.
00:55Et après ça y est je suis plus humoriste.
00:56Je fais la première, je fais la deuxième.
00:58Il me reste la troisième et je la fais.
01:00Donc le soir je termine.
01:02Je me souviens à tous mes potes qui m'ont accompagné comme c'était ma dernière scène.
01:05Ah ouais carrément c'est jubilé.
01:06Tous mes potes ça y est ils m'accompagnent.
01:07Et après ça je prenais le train je rentrais à Lille.
01:09Le train était à 22h15.
01:10On sort du Comédie-Club il est 22h.
01:12On court, on va rater le train.
01:13Et à l'époque on n'a aucun endroit où dormir.
01:15Sur Paris ?
01:16Sur Paris.
01:17Donc on court, on va à la gare
01:20et sur la route de la gare
01:22dans une petite ruine
01:23je prends un skévadam.
01:25Moi le skévadam c'est un mec que je kiffais.
01:27Tu sais je regardais ses documentaires quand j'étais plus jeune.
01:29Moi c'est un des mecs grâce à qui j'ai commencé la scène tu vois.
01:32Et je l'avais jamais croisé.
01:33Et le croiser ce soir là je me dis putain faut que j'aille le voir.
01:35Et mes potes ils me disent vas-y si tu vas le voir on rate le train.
01:38Mais le soir que tu avais décidé d'arrêter on est d'accord ?
01:41Le soir où je décide d'arrêter la scène.
01:42Je me dis c'est un truc de fou.
01:43Je dis les gars vous allez-y prenez le train.
01:45Moi c'est pas grave.
01:46Je prendrai le premier train demain matin.
01:49Là il y a un patamon il me dit vas-y j'attends le premier train avec toi demain matin.
01:51J'ai été le voir je lui ai serré la main.
01:53Je lui ai dit je veux pas de photo rien.
01:54Je veux juste te dire merci.
01:55Parce que grâce à toi j'ai commencé la scène.
01:57Et il m'a dit je lui ai pas dit plus que ça.
02:00Il m'a dit bah vas-y si un jour je viens à Lille
02:02tu feras une de mes premières parties.
02:05Il me dit tu t'appelles comment ?
02:07Je lui donne mon nom.
02:08Mais je le prends pas au sérieux tu vois.
02:10J'attends toute la nuit devant la gare avec mon pote.
02:12La ville de ma mère.
02:13Premier train 5h45 du matin.
02:15Donc vous êtes resté à la gare du Nord jusqu'à...
02:16La gare du Nord.
02:17Je m'en rappellerai toute ma vie frère.
02:19Et c'était la nuit la plus rentable de ma vie.
02:21Puisque 3 mois après Cabadam s'est viré à Lille.
02:23Et il m'envoie un message sur Instagram.
02:24Tu mens.
02:25La ville de ma mère il me dit viens demain faire ma première partie.
02:27Ah ouais.
02:28Et tu vois quand je te dis le destin.
02:31Le destin c'est quand c'est pour toi.
02:33C'est pour toi.
02:34Le soir où je décide de tout arrêter.
02:35Je croise Kev sur la route.
02:37Et c'est Kev qui m'envoie un message.
02:38Et qui me dit je joue à Lille demain.
02:41Viens demain.
02:42Ok.
02:43Et je t'ai commande.
02:45Evidemment.
02:463 mois j'ai arrêté la scène.
02:47Bien sûr.
02:48Quand j'y vais frère.
02:49C'est pas fou.
02:50Le fait c'est juste cool.
02:52Et je le vois dans la tête de Kev.
02:54Il me dit c'est bien t'as une bonne énergie.
02:55A la fin ça c'est quand quelqu'un me dit ça.
02:57C'est que c'était pas bon.
02:59Pas bon du tout.
03:00Pas bon l'énergie.
03:01Continue mon grand t'es un champion.
03:02Je lui dis tu fais quoi demain ?
03:03Il m'a dit je joue à Nantes.
03:04Je lui dis ouais je sais.
03:05Est-ce que je peux venir faire ta première partie aussi ?
03:06Il m'a dit non frérot c'est chaud on a pas le budget et tout.
03:09Je viens de mes propres moyens.
03:11Il m'a dit non.
03:12Laisse moi venir.
03:13Il était à Kemlo.
03:14Et il a dit quoi ?
03:15Le lendemain il est arrivé à Nantes.
03:16J'étais déjà là.
03:17Il m'a dit t'es là ?
03:18Je lui ai dit ouais je suis là.
03:19Et depuis ce jour là je l'ai plus jamais lâché frère.
03:20Je te crois pas.
03:21C'est quoi cette histoire ?
03:22C'est une belle histoire.
03:23Il m'arrive que d'être dinguerie dans ma vie.
03:24C'est pour ça.
03:25C'est ce métier.
03:26Je pense c'est beaucoup de travail.
03:27Beaucoup de patience.
03:28Il y a aussi un peu de destin.
03:31Et du culot aussi.
03:32Parce que si j'avais jamais été voir Kev.
03:35Je serais pas en train de te parler aujourd'hui.
03:38J'ai vu comment il travaillait frère.
03:39Ça demande du travail.
03:40Matin, midi, soir.
03:42Même à son niveau.
03:43Je me suis dit c'est lui à son niveau.
03:45Avec des Bercy et des Zenith dans les pattes.
03:48Il charbonne comme ça ?
03:49Qui je suis moi ?
03:50Pour pas travailler.
03:51Je suis personne pour pas travailler.
03:52Bien sûr.
03:53Frère.
03:54J'ai rien compris si je travaillais.
03:56Et depuis ce jour là je charbonne tellement.
03:58Regarde aujourd'hui je suis...