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“Il a des codétenus qui sont exécutés. Il est en détresse quasi permanente.”

Retenu en otage en Iran depuis 2 ans et 4 mois, Olivier Grondeau a décidé de rendre publique son identité le 19 décembre 2024. Sa mère, Thérèse Grondeau, nous raconte l’arrestation de son fils et ses conditions de détention. Elle espère sa libération le plus rapidement possible.

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Transcription
00:00Je suis Thérèse Grondeau, la maire d'Olivier Grondeau, otage d'État en Iran.
00:05Il est détenu depuis le 12 octobre 2022.
00:09On lui reproche d'avoir transmis des informations à l'étranger.
00:15Donc vous avez dit la date de son arrestation, vous vous la prenez au bout de combien de temps ?
00:19Nous on l'a appris une dizaine de jours après,
00:23alors que personne ne savait qu'il avait été arrêté.
00:26Nous on pensait qu'il était parti en Inde.
00:28Et donc on ne s'inquiétait pas trop.
00:31Et en fait on a appris ça.
00:33Donc à partir de là, on a contacté la cellule de crise du quai d'Orsay,
00:39qui nous a assisté.
00:42Et les Iraniens n'ont rien communiqué au sujet d'Olivier
00:48avant les 10 semaines de garde à vue.
00:55Et dans ce laps de temps de 72 jours, si je ne dis pas de bêtises,
00:5762 jours de garde à vue ?
00:59On n'a rien su du tout.
01:00Et qu'est-ce que vous vous imaginez vous à ce moment-là ?
01:02Nous on s'imaginait que tout ce qu'on peut s'imaginer quand on ne sait pas,
01:07c'est-à-dire qu'il pouvait être mort, qu'il pouvait être blessé, être à l'hôpital,
01:11être...
01:12On n'a aucune idée, on a une imagination très fertile dans ces cas-là.
01:17Comment est-ce que vous communiquez aujourd'hui avec lui ?
01:19Alors aujourd'hui on peut communiquer par téléphone,
01:23c'est lui qui peut nous appeler de temps à autre.
01:26Ce sont des appels qui ne sont pas réguliers, c'est très aléatoire,
01:30et on ne sait pas non plus la durée.
01:32Les appels peuvent être coupés.
01:34Il est assez déprimé, c'est très lourd à porter,
01:42il a des co-détenus qui sont exécutés,
01:47et donc c'est très difficile à vivre.
01:51Il est en détresse quasi permanente.
01:57Comment est-ce qu'il arrive à tenir ?
01:58Par la littérature, on peut lui envoyer des livres,
02:05donc il a des livres, et il y en a aussi un peu à la bibliothèque,
02:08donc il arrive à lire et ça le porte, il lit et il écrit.
02:14Vous lui envoyez quoi ?
02:15Les livres qu'il demande, c'est très varié,
02:19il y a beaucoup de poésie, c'est très très varié.
02:23Pourquoi est-ce qu'il a décidé de ne plus être anonyme
02:25et de dévoiler son identité ?
02:28Tout d'abord, il y a eu le travail de la diplomatie,
02:41et puis ensuite, il s'est posé beaucoup de questions,
02:44s'il allait se lancer ou pas,
02:46et maintenant, quand il est arrivé aux deux ans de détention,
02:51sa détresse devenait vraiment importante,
02:55et donc il a décidé qu'il fallait lancer la médiatisation.
03:00Donc il a son groupe d'amis qui le soutient
03:03et qui s'occupe de tout ça pour lui.
03:07Si je ne dis pas de bêtises,
03:08ça ne lui était pas recommandé de dévoiler son identité ?
03:11C'est lui seul qui a décidé de prendre cette décision-là ?
03:15Ah oui, là, absolument.
03:19Le 12 octobre, oui, il a décidé qu'il fallait le faire,
03:24c'est sa décision, oui.
03:25Il dit justement dans son message audio…
03:27Il prend des risques, il prend des risques,
03:28quand il prend cette décision,
03:31il peut être empêché de communiquer,
03:35il peut être mis à l'isolement,
03:36mais il a décidé de le faire.
03:40Ça le porte aussi, ça le porte beaucoup.
03:45Il espère que quelque chose se passera
03:48et il prend tous les risques.
03:51Le fait de médiatiser ce cas-là,
03:53ça peut faire avancer le processus de libération ?
03:55Peut-être.
03:57Peut-être, on ignore tout,
03:58on ne sait pas du tout,
03:59on n'a aucune idée de la façon dont il joue un peu avec nos nerfs.
04:08Et vous, justement, plus personnellement,
04:11ce flou ambiant sur la situation,
04:14comment est-ce que vous arrivez à le gérer au quotidien ?
04:18Du moment que je peux entendre Olivier de temps en temps,
04:24et il essaie de me rassurer,
04:27je pense que ça ne va pas toujours très bien,
04:29mais en tout cas, il essaie de nous rassurer,
04:32et ça, c'est déjà énorme.
04:36Et puis, bien sûr qu'on l'attend.

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