C'est ici qu'un étudiant a fait une tentative de suicide. Brut s'est rendu à Lyon et à Villeurbanne pour comprendre la détresse psychologique à laquelle font face de nombreux étudiants depuis le début de la crise sanitaire.
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00:00Au cinquième étage, vous pouvez le voir, il n'y a plus de vitre, il y a un placo puisque c'est actuellement là où il a sauté.
00:07Ici, là où se trouve la camionnette du Crous, vous avez l'endroit où il y avait une énorme mare de sang.
00:13C'était vraiment impressionnant, elle était vraiment grande.
00:16Ce qu'il faut comprendre aussi, c'est qu'elle est restée là pendant 48 heures, cette mare.
00:19Ça a été psychologiquement très lourd. La seule réaction a été de mettre une camionnette sur cette mare de sang.
00:23Nous ne savons bien sûr pas les raisons pour lesquelles il a commis un tel geste, un tel acte.
00:29Nous pouvons imaginer que nous aurions pu le détecter en université, entre camarades. Nous aurions pu peut-être l'aider plus tôt.
00:37Ce n'est pas un cas isolé. Je reçois beaucoup de messages de la part d'étudiants de tout azimuth de la France
00:43qui ont même aussi des soutiens familiaux, mais qui malgré ça ont cette idée qui leur trotte dans la tête
00:49et même parfois une réelle volonté d'en finir.
00:51Il y a la précarité étudiante qui existe malheureusement depuis des décennies,
00:55mais il y a aussi maintenant l'isolement qui est le poids de trop sur le dos des étudiants.
01:04C'est ici dans une résidence du Crous qu'un étudiant fait une tentative de suicide à Villeurbanne.
01:08Depuis le début de la crise sanitaire, beaucoup d'étudiants se retrouvent en détresse psychologique.
01:13Les étudiants passent la plupart de leur temps ici derrière ces portes.
01:16C'est là qu'ils mangent, c'est là qu'ils dorment, c'est là qu'ils travaillent, c'est là qu'ils étudient.
01:21Quand on rentre dans une chambre universitaire, on a l'unité de douche à droite,
01:27une sorte d'armoire à gauche et ensuite on a le frigo dessous, un bureau et c'est tout.
01:3110 mètres carrés, c'est-à-dire que quand je suis dans la chambre, je tends les bras, je touche un mur
01:35et là je touche l'autre mur et je fais trois pas en avant et c'est la longueur de ma chambre.
01:42Je vous présente une cuisine de résidence universitaire.
01:44Ce qu'il faut comprendre c'est qu'avant le Covid, on avait des tables, on avait des bancs,
01:48on avait beaucoup de choses, on pouvait se réunir, on partageait des repas.
01:52Maintenant, une cuisine collective, c'est vraiment un lieu où c'est plus qu'un simple bonjour.
01:58On nous demande généralement d'être à deux voire trois grands maximum dans une cuisine collective.
02:05Là, je vais aller rencontrer Hélène qui est en licence 3 à Lyon 3.
02:09Elle est logiquement en plein cours donc je vais essayer de ne pas trop la déranger.
02:12Un marché captif, qu'est-ce que c'est ?
02:15Du coup là, je suis en cours d'éthique et politique des sociétés contemporaines depuis huit heures du matin.
02:28Toute la journée, c'est compliqué d'être assis comme ça de huit heures à dix-sept heures,
02:33tout en la même position, pas d'échanges réels avec le prof, que des interactions avec écran.
02:41Là, notre professeur nous demande de mettre la caméra parce que c'est plus sympa pour elle.
02:46Mais du coup là, on a vu que sur 90 participants, il y avait six ou sept élèves qui avaient mis leur caméra.
02:52Et du coup, des fois, on est face à un mur où il n'y a que les noms des étudiants qui s'affichent
03:00et des fois même pas le visage du professeur parce qu'il y a certains profs qui ne mettent pas leur cam non plus.
03:06De base, je suis en colocation avec une étudiante, mais elle est rentrée se confiner chez ses parents.
03:12Donc là, je suis toute seule depuis fin octobre.
03:15Pour retrouver un peu de vie sociale et de vie humaine, j'invite des amis chez moi pour ceux que je connais.
03:23Mais par exemple, pour nos camarades de promo qu'on ne connaît pas et qu'on n'a jamais vus en vrai,
03:29c'est un peu délicat de les inviter chez nous parce que ça reste quand même en quelque sorte des inconnus,
03:34même si on échange sur Facebook ou sur WhatsApp ou sur Snap.
03:45Ici, on est au campus de la manufacture des tabac à Lyon 3 et le campus est fermé depuis fin octobre, date du début du deuxième confinement.
03:52Les quelques étudiants que j'ai croisés ici sont là soit pour des raisons administratives, soit parce qu'ils avaient des partiels en présentiel
03:58ou sinon c'est qu'ils avaient réservé leur place à la bibliothèque universitaire.
04:01Donc là, on arrive en amphi B de l'université Lyon 3 et c'est particulièrement vide, c'est silencieux, c'est calme.
04:12Il n'y a pas un étudiant et on n'entend que le bruit de la pluie.
04:15Plusieurs étudiants, dont Clément et quelques professeurs, ont créé le collectif de solidarité étudiante
04:20pour venir en aide aux étudiants les plus défavorisés ou ceux qui sont le plus en difficulté.
04:25On est en sous-sol à côté des amphis et voilà notre stock alimentaire qui nous reste des dernières à distribuer.
04:32On a reçu de nombreux témoignages d'étudiants.
04:36Je ne travaille plus depuis que le confinement a été annoncé.
04:39Je vis seulement avec ma bourse qui me paye une partie de mon loyer.
04:43Je n'ai donc pas assez d'argent pour pouvoir manger trois repas par jour, j'en mange donc un seul.
04:47La précarité alimentaire, elle existe déjà évidemment.
04:50Je pense que la crise l'a accentuée dans le sens où les étudiants pour beaucoup ont perdu leur petit job qu'ils avaient.
04:56Moi je travaille dans l'événementiel, évidemment j'ai plus de job parce qu'il n'y a plus d'événements.
05:01Donc c'est tous ces petits jobs qui permettaient de mettre du beurre dans les épinards comme on dit et qui ont disparu.
05:10Tous les étudiants à qui j'ai parlé souhaitaient un retour en cours par petits groupes en effectif réduit dans les classes et les amphithéâtres.
05:16Je ne vois pas pourquoi ce serait interdit d'être en classe de 30 en université pour suivre un TD alors que c'est autorisé au collège et au lycée.
05:23Ils veulent aussi que l'organisation des partiels à distance ou en présentiel soit uniformisée pour éviter les inégalités.
05:30J'ai toujours été une élève sérieuse, motivée et assidue pendant mes années de classe préparatoire.
05:35Mais là, avec les cours à distance, le fait qu'il n'y ait plus aucune interaction, plus aucun échange, qu'on ne se retrouve pas à soi-même,
05:41c'est très difficile de se motiver, de persévérer, parce que sur le court terme encore ça peut aller, mais là ça va bientôt faire un an.
05:49On est l'avenir du pays, je ne sais pas, c'est nous qui allons devoir reconstruire le monde de demain, c'est nous qui allons devoir payer la dette publique.
05:56Et aujourd'hui ma situation n'est pas prise en compte.
06:00Je n'ai aucune vision sur le futur actuel.
06:02C'est-à-dire que moi je suis en master 2, je suis censé avoir un stage obligatoire à faire à la fin de l'année,
06:07j'en ai toujours pas, on est en janvier.
06:09Et surtout, ce que je me dis, c'est que je vais devoir rentrer sur le monde du travail en septembre.
06:14Et rentrer sur le monde du travail dans une situation actuelle, c'est très incertain finalement.