La précarité chez les étudiants en France, c'est ça. Brut est allé à la rencontre de Sophie, participante à la manifestation contre la précarité étudiante en France, le 12 novembre 2019.
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00:00Quel est le message que vous portez aujourd'hui ?
00:02Aujourd'hui, je combats l'idée reçue selon laquelle les étudiants, leurs parents ont tout le temps derrière eux
00:11et que c'est facile d'être étudiant, qu'il n'y a pas de précarité étudiante, que c'est une caprice tout ça.
00:19On s'en sort car on est ingénieux.
00:22On s'entasse beaucoup par appart. Dans mon cas, ça a été jusqu'à 6 ou un petit appart.
00:30On s'en sort en allant à Emmaüs, en faisant des petits boulots, en travaillant au black.
00:38On est obligé de trouver des manières transversales de vivre.
00:44C'est vrai que l'une des questions principales, c'est notamment le coût du logement
00:48parce qu'on voit que, notamment dans les grandes villes, les prix des loyers ne cessent d'augmenter.
00:52Du coup, on est obligé de se retrouver dans des colocations très nombreuses par rapport au nombre de mètres carrés.
00:58Bien sûr, ce n'était pas le cas il y a 20 ans de ça.
01:02Le modèle de la colocation a émergé ces 10 dernières années.
01:07Ce n'est pas parce qu'on aime forcément vivre en communauté qu'on n'a pas le choix.
01:12Maintenant, on a glamourisé l'idée de la colocation, de la vie en communauté.
01:17Mais c'est, dans la grande majorité des gens, quelque chose qu'on subit.
01:21On n'a pas le choix d'être en colocation.
01:23Parce que si on veut vivre moins de 500€ par mois, on doit alloyer moins de 500€ par mois.
01:29On ne vit pas, on n'oublie pas.
01:32Du coup, vous, vous êtes sur votre pancarte, radiée du coup, bien hospitalisée.
01:36Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qui vous est arrivé ?
01:39Oui, j'ai eu des gros problèmes de santé qui ont dû conduire à une hospitalisation.
01:46Cette hospitalisation a fait que j'ai dû louper des partiels et des cours en règle générale.
01:53Et j'ai dû donc redoubler.
01:55Et ce redoublement a poussé le crisse à me radier.
02:02Et donc aujourd'hui, je refais ma troisième année.
02:06Et en plus de subir ce redoublement, je n'ai plus aucun revenu.
02:11Et je me suis retrouvée à la rue l'hiver dernier.
02:15Et du coup, aujourd'hui, c'est que votre situation s'est améliorée ?
02:19Ça s'est améliorée.
02:21J'ai emménagé avec mon compagnon.
02:25Heureusement, j'avais cette option-là.
02:27Mais là encore, ce n'est pas le cas de tous les étudiants.
02:30S'il n'était pas là, je ne sais pas comment j'aurais pu faire.
02:34Et donc aujourd'hui, je suis assez reconnaissante de ce que j'ai, même si je n'ai rien.
02:40Et ce n'est pas normal d'être obligée de s'accrocher à rien.
02:46Qu'est-ce qu'il faudrait faire aujourd'hui politiquement ?
02:48Parce qu'on voit au travers de ce rassemblement aujourd'hui qu'il y a des idées qui émergent.
02:52Pour vous, ce seraient lesquelles pour pouvoir lutter plus efficacement contre cette précarité ?
02:57Il faudrait rendre plus accessibles les logements à étudiants.
03:01Que les logements du Crous soient accessibles à une majorité d'étudiants.
03:05Parce qu'aujourd'hui, comme vous disiez, c'est 6%.
03:08C'est vraiment un chiffre ridicule.
03:106% des étudiants, et ce n'est pas les 94% qui restent, n'ont pas forcément leurs parents derrière.
03:18Et s'ils ont leurs parents derrière, ils n'ont pas forcément les moyens non plus de les aider.
03:25Et puis bien sûr, le revenu universel.
03:28Aujourd'hui, le RSA n'est pas disponible aux étudiants.
03:33Donc aujourd'hui, j'aurai l'âge d'être au RSA, mais je ne peux pas.
03:37Je ne peux pas accéder au RSA.
03:40Et du coup, je n'ai aucun autre moyen de vivre que par des moyens qui sont dégradants.
03:49Ça me fait de la poubelle.
03:52Et ça ne donne pas confiance en l'avenir.