• il y a 2 semaines
Avec Maître Gérald Pandelon, avocat et auteur de "Inquisition française, des juges contre la justice ?" publié aux éditions David Reinharc.

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##LE_FACE_A_FACE-2025-03-17##

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Transcription
00:00Sud Radio Bercov, dans tous ses états, le face-à-face.
00:06Selon que vous serez puissant et misérable, disait un certain spécialiste du droit qui s'appelait Jean de La Fontaine, ça ne date pas d'hier.
00:16Mais effectivement un très bon livre, je dis, je le recommande, qui s'appelle tout simplement Inquisition française.
00:26Des juges contre la justice, vous voyez, c'est point d'interrogation et Gérald Pendoulon, bonjour.
00:32Bonjour.
00:33Vous dites bien des juges contre la justice parce qu'il ne s'agit pas de généraliser, de mettre tous les juges comme tous les avocats, d'ailleurs dans le même sac, c'est bien ça.
00:41Et vous êtes, je rappelle, vous êtes avocat au barreau de Paris et à la Cour pénale internationale de la haie, vous êtes docteur en toits privés, vous êtes philosophe et voilà.
00:49Cette évolution de la justice, ce qui est très intéressant dans votre livre, c'est vraiment un livre que je recommande et que je vous encourage à lire parce qu'au fond ça dit très très clairement
01:00est-ce qu'on vit aujourd'hui, d'abord dans la séparation des pouvoirs, vrai problème, et puis est-ce qu'on vit dans un état de droit ou dans un état de tordue ?
01:10On peut en tout cas se poser la question et puis vous parlez de tous les problèmes et puis surtout, qui juge les juges ? Quel est le degré de responsabilité ?
01:21Alors je voudrais peut-être qu'on commence par ça, c'est qu'au fond, alors avec leurs défauts, leurs qualités, leurs manques et leur inefficacité ou efficacité,
01:31les sénateurs, les députés et le président de la République, bien sûr, sont élus, sont élus au suffrage universel ou au suffrage non universel pour le sénateur,
01:41mais enfin bon, c'est un représentatif. Les juges, non. Les juges sont soit nommés par le parquet, soit effectivement nommés par leur père.
01:55Alors est-ce qu'on est en fait, Gérald Pendelon, quand on lit votre livre, vraiment c'est passionnant, est-ce qu'on est dans un coup d'état de droit ?
02:03Est-ce qu'on est déjà, on peut dire, dans un coup d'état de droit ?
02:06Merci pour votre invitation. Sans vouloir dramatiser une situation qui m'apparaît déjà assez grave, je crois qu'on assiste tout simplement à la mort du peuple.
02:23À la mort du peuple.
02:25Du peuple français. Ce que les juristes ou constitutionnalistes nomment le pouvoir constituant originaire.
02:33Juste une petite, une décision du Conseil constitutionnel, elle date déjà 6 novembre 1962.
02:41La loi référendaire visant à faire en sorte que le président de la République soit élu au suffrage universel direct.
02:50Eh bien, que dit cette décision ? Que désormais la démocratie s'exerce non pas en fonction de la volonté du peuple, pouvoir constituant originaire, mais uniquement au regard de la constitution.
03:05Ce qui signifie qu'on assiste à ce que le philosophe Jurgen Habermas nommait le patriotisme constitutionnel.
03:16Tout est sacrifié à la norme.
03:19À la norme constitutionnelle.
03:21À la norme constitutionnelle, interprétée bien souvent, qu'on l'accepte ou non, d'une façon très idéologique par le Conseil constitutionnel.
03:34Puisque, d'une certaine manière et de plus en plus, on peut soutenir la thèse selon laquelle le Conseil constitutionnel tient la plume du législateur.
03:43Puisqu'il peut faire ce qu'on appelle des réserves d'interprétations directives.
03:48En gros, pour le dire très simplement, ça ça me plaît pas, c'est écarté, ça ça me plaît, je le laisse passer.
03:56Mais n'oublions pas quand même que ce sont des textes qui ont déjà été votés, en termes identiques bien souvent, par le Sénat et l'Assemblée nationale.
04:04Donc ma question que je soulève dans ce livre est, entre autres, quelle est la part aujourd'hui prépondérante qu'on puisse attribuer au peuple français ?
04:17Alors oui, parce que ce que vous dit, si je vous comprends bien, et ce que vous dit dans votre livre, c'est qu'il y a 9 personnes, les 9 du Conseil constitutionnel,
04:28qui peuvent effectivement annuler pratiquement ce qu'ont décidé les représentants en principe du peuple que sont les députés et les sénateurs.
04:40Absolument.
04:41Mais attendez, est-ce qu'ils ont force de loi ? C'est-à-dire que si le Conseil constitutionnel, disons que telle telle décision parle d'immigration notamment et autres,
04:50est-ce que les députés ou sénateurs peuvent faire appel ?
04:54Non.
04:55Ah oui, c'est décidé, c'est décidé ?
04:57Non, puisque d'ailleurs c'est bien souvent, sauf, peut-être qu'on en dira un mot sur la question de la question prioritaire de constitutionnalité, qui est une voie d'exception.
05:06D'accord, mais parlons en général.
05:08Le contrôle du Conseil constitutionnel est un contrôle en principe a priori, c'est-à-dire avant que la loi ne soit édictée.
05:16Édictée, oui, je comprends.
05:17Ce qui signifie que c'est à ce moment-là que les personnalités politiques que vous avez citées peuvent saisir le Conseil, ou 60 députés ou 60 sénateurs peuvent saisir le Conseil constitutionnel,
05:29dans l'hypothèse où ils estimeraient qu'un texte voté par le Parlement ne correspondrait pas à leur idéologie du moment.
05:40Et pour moi c'est très grave.
05:42Pour moi c'est très grave.
05:43Si on avait fait du Conseil constitutionnel uniquement un organe consultatif, comme le Conseil d'État, qui en principe est un organe consultatif.
05:53Le gouvernement consulte le Conseil d'État pour avis.
05:56Si on avait circonscrit le Conseil constitutionnel uniquement un organe consultatif, c'eût été légitime.
06:03Mais là, voyez-vous, il y a de plus en plus un décalage, un découplage entre la légalité et la légitimité.
06:09Sans rentrer dans des grands débats de philosophie politique.
06:12Oui, mais on pourrait vous dire que si on prenait les États-Unis par exemple, qui est quand même du point de vue de la séparation des pouvoirs et des contre-pouvoirs,
06:19peut-être à mon avis en tout cas un avance sur nous quelque part.
06:24La Cour suprême, elle n'est pas élue.
06:27La fameuse Cour cubaine qui décide de tout, enfin en tout cas du point de vue digestif,
06:31qui est nommée en plus par les présidents de la République en général,
06:35et qui est effectivement à vie, qui est des juges à vie.
06:38Eh bien, est-ce que ce n'est pas un peu la même chose ?
06:40Ce ne sont pas eux aussi qui peuvent empêcher telle ou telle ou telle loi de passer ?
06:44Sauf que, à ma connaissance, le Conseil constitutionnel va même au-delà des Cours suprêmes.
06:49Puisque le Conseil constitutionnel, encore une fois, on ne va pas trop rentrer dans le détail technique,
06:54mais il y a des conformités, voyez-vous, sous réserve,
06:58il y a des réserves d'interprétations neutralisantes ou directives.
07:03En d'autres termes, des mots techniques pour dire que c'est le Conseil.
07:07Le juge, quoi ?
07:08Neuf sages du palais, sans doute, dont tous ne sont pas spécialistes d'ailleurs.
07:16Plus souvent !
07:17Alors que les Cours suprêmes des Etats-Unis sont tous composés de juristes,
07:20ils n'ont fait que ça de leur vie, jamais de politique.
07:22Ou d'avocats remarquables ayant eu une carrière exceptionnelle.
07:28Alors, pour revenir à ça, Gérald Pomblon, vous dites un peu ceci,
07:32et vous en parlez un peu, c'est un peu un des fils rouges de votre livre,
07:36vous dites qu'en fait la judiciarisation prend le pas sur la politique,
07:41c'est-à-dire que pratiquement la politique n'est plus au premier plan,
07:45alors que nous n'entendons parler que des dépôts politiques,
07:48du matin au soir, dans les médias ou ailleurs, dans les discussions, etc.
07:52Au fond, on devrait faire des débats avec politique et juge pour voir un peu la balance.
07:57Parce que vous vous dites, alors expliquez-nous un peu, pour les auditeurs,
08:00comment se constate, comment s'incarne la judiciarisation du système ?
08:07Croissante, selon vous ?
08:08La juridictionalisation croissante de la vie sociale
08:13tend de plus en plus à techniciser des sujets qui auraient dû rester des sens politiques.
08:22Exemple ?
08:23Exemple, le droit à la fraternité, par exemple.
08:28Lorsque, dans une affaire qui date déjà de 2018,
08:34un migrant, sans doute un malheureux, mais il n'avait pas de papier,
08:41a demandé asile à une personne,
08:46cette personne l'a recueilli,
08:50une action a été portée devant le Conseil d'Etat
08:54qui a donné raison à l'hébergeur.
08:58C'est-à-dire qu'à un moment donné, on peut légitimement se poser la question
09:03de savoir quel est désormais le rôle du Parlement.
09:09Vous voulez dire que le migrant était dans l'illégalité,
09:12et ce n'est pas celui qui décide, c'est le Conseil d'Etat en l'occurrence.
09:17Mais regardez toutes les difficultés que nous avons, même pour expulser des OQTF.
09:226% d'expulsion sur 100% d'OQTF.
09:28Outre le fait que bien souvent, on ne peut pas généraliser,
09:31loin de moi ce propos, bien souvent ce sont des OQTF qui sont déjà passés à l'acte,
09:36qui ont 2, 3, 4, 5 condamnations.
09:39Certains sont des criminels, sont des grands spécialistes de l'attaque au couteau.
09:43Pas tous, encore une fois, pas tous, mais beaucoup.
09:47Et ils sont inexpulsables, pourquoi ?
09:49Parce que, voyez-vous, les consulats des pays respectifs en France
09:55ont du mal à remettre les fameux laissés-passer consulaires.
10:02D'ailleurs, Bruno Taillot, qui est à mes yeux un grand ministre de l'Intérieur,
10:08j'ai cru comprendre qu'il y avait une petite dispute au cœur de l'exécutif
10:13entre notre chef d'Etat...
10:15C'est le moins qu'on puisse dire, parce qu'on a parlé de sa démission, enfin des bruits.
10:18Mais pour revenir à ça justement, cette espèce d'emprise de juges ou des juges,
10:26enfin en tout cas, et vous parlez justement de cette espèce de...
10:31Comment dirais-je ? Je reviens aux politiques.
10:34Donc, vous vous dites, parce que vous avez commencé comme ça,
10:37on assiste à la mort du peuple français,
10:39mais on assiste déjà alors encore plus à la mort du politique,
10:42en tout cas des représentants politiques.
10:44Oui, parce que l'autorité...
10:46Lorsqu'on lit un tout petit peu la Constitution,
10:49et qu'on se réfère à la justice, il s'agit d'une autorité judiciaire.
10:55Ce n'est pas un pouvoir judiciaire.
10:58Or, l'autorité judiciaire revêt, et sur un plan juridique,
11:04et même si on convoque certains concepts de philosophie du droit,
11:08une importance inférieure au pouvoir.
11:11Or, aujourd'hui, contrairement à ce que disaient La Fontaine,
11:16et plus tard Tocqueville, qui évoquait dans l'Ancien Régime la Révolution,
11:21de la démocratie en Amérique, il écrit en 1835,
11:24il disait, nous assistons malheureusement à une tyrannie de la majorité.
11:28Aujourd'hui, M. Berghoff, c'est diamétralement le contraire.
11:32C'est le despotisme de minorités idéologiques.
11:37Tout le monde aura à l'esprit le fameux syndicat de la magistrature,
11:41né dans les années 60, etc., en 68, curieusement,
11:46qui, qu'on accepte ou non, représente une minorité de magistrats.
11:52100%, ce n'est pas une grande majorité,
11:54mais j'ai le sentiment, sans doute à tort,
11:57en tout cas c'est ce que je ressens et ce que j'ai pu constater dans mon activité professionnelle,
12:01qu'on a donné à une minorité de magistrats,
12:05beaucoup trop de pouvoir.
12:07Pour ne pas dire l'essentiel du pouvoir.
12:09Alors justement, mais qui a donné ?
12:11Allons au cœur du problème, vous avez parlé du syndicat de la magistrature,
12:15qui a des positions politiques, idéologiques en tout cas très claires,
12:20et on en a parlé souvent ici, justement, à l'antenne,
12:25mais qui leur a donné ce truc de pouvoir ?
12:27Qu'est-ce qu'il fait ?
12:28Alors vous parlez de la séparation des pouvoirs,
12:30on parle des trois pouvoirs,
12:31un cher à Montesquieu qui doit se retourner dans sa tombe un million de fois,
12:34mais donc vous dites quand même, c'est intéressant,
12:37le pouvoir judiciaire n'est pas un pouvoir, c'est une autorité.
12:42Sauf qu'aujourd'hui, ça s'est inversé.
12:44Le pouvoir est devenu un pouvoir.
12:47Mais qui fait ses fers ?
12:48Vous ne parlez que du syndicat de la magistrature.
12:49L'ère du temps sociologique, l'ère du temps,
12:52vous savez qu'on parle beaucoup de wokisme,
12:55on parle beaucoup de minorités,
12:57on parle beaucoup de personnes qui,
13:02même si elles n'ont pas un pouvoir très développé,
13:06ont tous les pouvoirs.
13:07Regardez le traitement assez différencié
13:10qui est réservé en matière pénale
13:13à des personnes qui devraient être systématiquement
13:17poursuivies pour apologie du terrorisme,
13:19et à ma connaissance,
13:21ne font quasiment l'objet d'aucune poursuite.
13:24Et si un individu qui a toutes les tards,
13:29parce qu'il est d'une droite un peu dure,
13:33dit un mot totalement insignifiant,
13:36il fait l'objet immédiatement de poursuites pénales
13:39devant la 17ème chambre correctionnelle.
13:42Regardez le sort qui est fait aujourd'hui aux policiers.
13:46Moi je défends la police.
13:48J'estime qu'elle fait un travail remarquable
13:50dans un contexte très difficile.
13:52Il peut y avoir des bavures aussi qu'il faut sanctionner.
13:55Il peut y avoir des bavures,
13:56mais globalement M. Bercov,
13:57je n'ai jamais rencontré pour ma part
13:59une personne qui se réveille le matin,
14:01qui est fonctionnaire de police,
14:02qui dit je vais me faire Nahel,
14:03je vais me faire Dupont,
14:04je vais me faire Mohamed, etc.
14:06Personnellement, sans doute sujet naïf,
14:09mais personnellement,
14:10je n'en ai jamais rencontré.
14:11Lorsque ces fonctionnaires de police
14:13font l'objet d'une petite poursuite pénale,
14:18j'observe qu'ils se font massacrer.
14:22Un, ils se font massacrer sur un plan judiciaire
14:25et deux, ils ne sont pas souvent soutenus
14:28par la hiérarchie.
14:29Mais lorsque j'accompagne des personnes
14:32devant les juridictions pénales
14:34qui sont des oies blanches
14:35puisqu'elles ont 23 condamnations au casier judiciaire
14:38et elles n'ont que 22 ans,
14:39toutes choses égales par ailleurs,
14:41elles s'en sortent plutôt mieux.
14:42Plutôt mieux.
14:43Plutôt mieux.
14:44Oui, ce sont les deux points de mesure dont on parlait.
14:46On va en parler juste après cette petite pause.
14:48Alors, vous savez, le numéro 0 826 300 300.
14:52Si vous avez envie d'intervenir
14:54et de poser des questions à Maître Pornelon,
14:56n'hésitez pas 0 826 300 300.
15:00C'est intéressant de savoir,
15:02cette justice à deux ou trois vitesses
15:05et ses indignations à géométrie très variables.
15:08A tout de suite.
15:11Sud Radio.
15:12Sud Radio.
15:13Parlons vrai.
15:14Parlons vrai.
15:15Sud Radio.
15:16Parlons vrai.
15:17Sud Radio Bercoff dans tous ses états,
15:19midi 14h.
15:20André Bercoff.
15:22Eh bien, on parle d'inquisition française.
15:24Je vous dis quand même,
15:25c'est exagéré, inquisition française.
15:27On n'est pas quand même au temps de l'inquisition.
15:29On peut se poser quand même des questions
15:31des juges contre la justice.
15:33C'est un livre de l'avocat Gérald Pendelon
15:35qui vient de paraître aux éditions David Reynard,
15:38dont je rappelle, vous pouvez appeler 0 826 300 300.
15:42Alors, Gérald Pendelon, justement,
15:44on parlait un peu des deux points de mesure.
15:47Et vous disiez, voilà,
15:48j'accompagne quelques multirécidivistes
15:50qui s'en sortent quand même beaucoup mieux que d'autres,
15:52qui ont proféré un certain nombre,
15:56peut-être, qui ont été irresponsables
15:58ou peut-être imprudents.
16:00Mais moi, je suis très frappé,
16:02par exemple, on en a beaucoup parlé,
16:04du sort réservé à Gérard Depardieu.
16:06Et vous le dites vous-même,
16:07il y a sûrement des choses à reprocher
16:09à Gérard Depardieu et non des moindres.
16:11Mais enfin, le lâchage,
16:13pour ne prendre que des exemples,
16:15on peut prendre Loïc Leflanc-Prigent
16:17et puis beaucoup d'autres,
16:19par rapport à 50 des gens qui ont
16:21tabassé, violé et autres,
16:24et bien les peines ne sont pas du tout les mêmes.
16:27Expliquez-nous.
16:28Il y a un deux poids, deux mesures
16:31qui devient effrayant dans ce pays.
16:35Alors, pour Depardieu,
16:37je n'ai pas la chance d'être son conseil,
16:39il est très bien défendu,
16:41qui est considéré par la droite
16:44comme un monstre sacré du cinéma,
16:47et bien évidemment par la gauche
16:49comme un sacré monstre.
16:51Mais pour un homme comme Depardieu,
16:55qui peut-être avait-il été,
16:58est-il un tout petit peu indélicat,
17:01peut-être a-t-il le verbe haut,
17:03mais il s'est fait lyncher, à mon sens,
17:06déjà médiatiquement,
17:08avant d'encourir les moindres poursuites pénales.
17:12D'ailleurs, il n'est jusqu'ici pas encore condamné.
17:14Pas encore condamné, mais vous voyez...
17:17La prison sur l'innocence, il n'y en a pas.
17:19Elle n'existe pas.
17:20Elle n'existe surtout pas pour les avocats.
17:22On va revenir aux articles,
17:24elle n'existe pas du tout.
17:26Voilà un homme qui s'est fait déjà
17:29assassiné sur un plan médiatique,
17:32avant même le sort qui lui sera réservé devant un juge.
17:36Même imaginons une fraction de seconde
17:38qu'il bénéficie d'un non-lieu.
17:40C'est-à-dire qu'on estime qu'il n'y a pas de charges contre lui,
17:44ou que les charges ne sont pas suffisamment caractérisées, etc.
17:48Voilà un homme qui en aura pris plein la figure,
17:51qui aura été traîné dans la boue,
17:55alors même que sur un plan matériel,
17:57on s'apercevra, chemin faisant,
17:59parce que vous savez, une information judiciaire,
18:01ça prend du temps.
18:03Le temps médiatique est immédiat,
18:05le temps judiciaire est long.
18:07Absolument, et si on dit du mal de vous
18:09sur un plan médiatique,
18:11ça ne s'efface jamais.
18:13En revanche, si on dit du bien de vous,
18:15ça s'efface dans le traitement.
18:17C'est ce qu'on appelle la justice, n'est-ce pas ?
18:20Voilà, c'est ce qu'on appelle la justice.
18:22Et alors justement, par rapport à ça,
18:25il y a beaucoup d'exemples que vous donnez
18:27d'ailleurs dans votre livre,
18:29Gérald Pendelon,
18:31mais effectivement, ce qui est assez frappant,
18:33c'est qu'on le voit.
18:35D'où vient ?
18:37Franchement, on aimerait comprendre,
18:39je ne sais pas si c'est uniquement le syndicat de la magistrature
18:41ou des membres du syndicat,
18:43d'où vient ? Et là, on l'entend,
18:45on en parle ici à la radio,
18:47que des gens qui ont fait des multirécidives,
18:49et qui ont vraiment fait beaucoup de choses,
18:5322 fois, 23 fois,
18:55et qui s'en sortent, et qui sont dehors
18:57parce qu'il y a eu vice de procédure,
18:59ou parce qu'il y a eu ceci ou cela,
19:01et qui recommencent,
19:03et au fond,
19:05on se dit, c'est quoi ?
19:07C'est le juge de la liberté,
19:09de la détention, c'est quoi
19:11qui fait qu'à telle personne, on lui dit
19:13oui, mais lui, ce n'est pas la peine,
19:15on verra plus tard, et on lui donnera
19:17les petits travaux d'intérêt général, etc.
19:19Qu'est-ce qui fait que cette, je ne dirais pas impunité,
19:21mais cette espèce d'indulgence,
19:23qui rappelle,
19:25je ne sais quelles indulgences du XIIe siècle ?
19:27Alors, elles font, ces personnes-là,
19:29bien évidemment,
19:31l'objet de poursuites pénales,
19:33mais mon propos, c'est de dire que toute chose égale
19:35par ailleurs, elles s'en sortent infiniment mieux
19:37qu'une personne qui aurait
19:39un profil très lisse,
19:41mais qui attesterait, que sais-je,
19:43d'un statut chef d'entreprise,
19:45haut fonctionnaire, avocat, que sais-je, etc.
19:47Pourquoi ?
19:49À mon sens,
19:51parce que,
19:53bien souvent,
19:55l'individu multirécidiviste,
19:57pas toujours,
19:59mais très souvent,
20:01appartient
20:03à une minorité.
20:05Minorité, qu'elle soit,
20:07voilà,
20:09on ne va parler que de l'islam,
20:11et ethnique,
20:13ou autre.
20:15Il ne faut pas généraliser, absolument.
20:17Or, dans l'esprit d'un certain nombre
20:19de magistrats politisés,
20:21militants,
20:23magistrats politisés,
20:25cette minorité
20:27symbolise
20:29le dominé.
20:31Alors que,
20:33un policier
20:35qui fait parfaitement son travail,
20:37mais qui pourra faire une erreur,
20:39est un dominant.
20:41C'est celui qui
20:43décide de l'ordre, de la sécurité,
20:45etc.
20:47D'embarquer.
20:49Donc, il y a, je dirais, une prime,
20:51qui est non écrite,
20:53une prime symbolique,
20:55psychologique,
20:57à l'opprimé.
20:59Encore une fois,
21:01ça fait une vingtaine
21:03d'années que j'exerce ce métier,
21:05croyez-moi, des gens,
21:07j'en ai défendu beaucoup,
21:09il fallait que je sois très en forme
21:11pour réussir à obtenir
21:13une peine relativement moyenne
21:15pour un chef d'entreprise,
21:17dans les casiers judiciaires,
21:19ne porter trace d'aucune condamnation.
21:21Et si je n'étais pas du tout en forme,
21:23mais que je défendais un certain nombre de personnes
21:25qui avaient 20, 25 condamnations,
21:27j'avais toujours des superbes résultats.
21:29On a inversé,
21:31on est dans ce que l'on pourrait considérer
21:33comme une communication inversée.
21:35C'est-à-dire qu'on a renversé le monde.
21:37Ce qui est juste est faux,
21:39ce qui est faux est juste.
21:41L'inversion accusatoire.
21:43Puis l'inversion accusatoire aussi.
21:45Mais alors,
21:47le problème, c'est très difficile,
21:49d'ailleurs, et vous en parlez,
21:51c'est très difficile d'avoir, il n'y a pas d'état idéal,
21:53on le sait, disons qu'il faudrait
21:55qu'on ait un état moins pire que d'autres,
21:57on n'est pas dans une dictature absolue,
21:59mais je voudrais revenir sur les policiers,
22:01vous avez raison, mais comment faire aussi,
22:03par exemple, vous vous rappelez, au moment du gilet jaune,
22:05certains policiers, encore une fois,
22:07ne généralisons jamais,
22:09moi je suis plutôt pour, effectivement,
22:11la police, je ne suis pas le seul,
22:13mais il y a eu, vous savez, des éborgnements,
22:15il y a eu des mains,
22:17et surtout, je veux vous dire, moi,
22:19ce n'est pas la chose qui m'a le plus frappé,
22:21évidemment, ils doivent
22:23obéir,
22:25obéir à leur hiérarchie
22:27et à leurs instructions,
22:29ça c'est la police, comme l'armée
22:31d'un autre côté, mais rappelez-vous
22:33le Covid, où l'on poursuivait
22:35des petites
22:37mémés qui étaient sur la
22:39plage toutes seules, ou qui étaient en montagne,
22:41on est arrivé à ça,
22:43comment faire, c'est vrai, alors, vous allez me dire,
22:45vous n'avez pas pratiqué la soumission,
22:47et pas question, mais comment faire
22:49pour rééquilibrer un peu tout cela,
22:51Gérald ?
22:52Je pense que la justice devrait être juste,
22:54et les policiers se concentrer
22:56sur leur fonction régalienne,
22:58ils sont là pour maintenir
23:00l'ordre,
23:02si, outre le fait que,
23:04lorsqu'ils peuvent poursuivre une mémé
23:06qui n'aurait pas fait ceci,
23:08cela...
23:09Oui, rappelez-vous du Covid,
23:11bien sûr, j'ai la faiblesse
23:13de considérer qu'ils en ont reçu
23:15l'instruction,
23:17ils en ont reçu
23:19l'instruction, mais
23:21la même, je dirais,
23:23injustice
23:25est celle qui
23:27concerne celles et ceux
23:29qui, à tort ou à raison,
23:31sont considérés comme faisant partie
23:33de l'extrême droite, en France.
23:35Là, j'aimerais dire quelques mots.
23:37Oui, alors, c'est quoi l'extrême droite ?
23:39Parce qu'effectivement, aujourd'hui, le matin ou le soir,
23:41dès que vous n'êtes pas d'accord avec telle ou telle
23:43doxa, ou telle ou telle parole,
23:45vous êtes d'extrême droite.
23:47C'est devenu un leitmotiv, pour des personnes
23:49qui ont cessé de réfléchir,
23:51l'extrême droite, c'est quoi ?
23:53On va vous parler du fascisme. Le fascisme, c'est le discours
23:55de Mussolini, la Scala de Milan,
23:57en 1924,
23:59rien dans l'État, rien contre l'État,
24:01rien en dehors de l'État.
24:03Rien en dehors de l'État, rien contre l'État.
24:05Rien contre l'État. C'est ça, le fascisme.
24:07En quoi, si on prend,
24:09par exemple, la philosophie politique
24:11du RN, ou de
24:13Reconquête, au hasard, qui sont sur le
24:15spectre, plutôt, un peu
24:17plus à droite, en quoi
24:19ça correspond ? En rien.
24:21Deuxième élément, si on prend
24:23le nazisme,
24:25qui a érigé une race,
24:27à quel moment
24:29le RN peut-il être accusé
24:31de nazi, alors
24:33qu'ils sont les premiers, depuis le 7 octobre,
24:35à défendre
24:37les juifs opprimés
24:39dans les territoires occupés ?
24:41Je veux dire, les plus grands
24:43politologues français ont démontré
24:45que Mme Le Pen pouvait
24:47être éventuellement
24:49populiste, peut-être
24:51bonapartiste,
24:53conservatrice, pas
24:55surtout, d'ailleurs,
24:57nationaliste, mais
24:59tous les plus grands politologues ont démontré
25:01qu'elles ne pouvaient en aucun
25:03cas appartenir au spectre de l'extrême-droite.
25:05Des Mathieu
25:07Bock-Côté, des Alain Finkielkraut,
25:09que sais-je, des Luc Ferry,
25:11tous ont parfaitement expliqué.
25:13Mais ça reste.
25:15Mais ça reste.
25:17Non seulement ça reste, mais
25:19c'est devenu l'arme
25:21absolue d'un certain nombre de gens qui, n'ayant
25:23pas envie de discuter, je crois que c'est ça,
25:25n'ayant pas envie de discuter,
25:27vous êtes extrême-droite, donc
25:29vous allez la fermer.
25:31On l'a vu sur des chaînes, on l'a vu
25:33sur des paroles, etc.
25:35Et là, est-ce que
25:37les juges, parce que ça va
25:39souvent dans la 17e chambre correctionnelle
25:41ou ailleurs,
25:43spécialisés dans l'affaire de presse,
25:45mais je ne veux pas m'apesantir sur la presse,
25:47est-ce que là, il n'y a pas quelque chose
25:49qui, en droit, pose problème ?
25:51Ça soulève une difficulté
25:53en termes de ce que
25:55Aristote nommait la justice
25:57commutative.
25:59C'est-à-dire que...
26:01La justice commutative chez Aristote,
26:03c'est
26:05pour exactement des mêmes faits,
26:07c'est le principe d'égalité, pour exactement
26:09des mêmes faits, que vous soyez
26:11puissant ou misérable,
26:13le sort judiciaire ne doit pas être
26:15différencié.
26:17Mais c'est ça, un tout petit peu,
26:19ce à quoi...
26:21Elle a été corrigée par La Fontaine, hélas, mais à juste titre.
26:23Oui, sauf qu'aujourd'hui, à mon sens,
26:25il faut inverser la phrase
26:27de La Fontaine.
26:31Si vous préférez, on considère
26:33qu'un certain nombre de personnes
26:35considérées à tort ou à raison,
26:37comme dominées,
26:39doivent
26:41être infiniment plus accessibles
26:43sur le fond au pardon,
26:45à l'indulgence,
26:47à l'empathie.
26:49Justement, on va en parler juste après
26:51cette petite pause. Que faut-il faire ?
26:53Qu'est-ce qu'on peut...
26:55Cette espèce de balance qui symbolise
26:57la justice, comment on peut la rééquilibrer ?
26:59On en parle avec vous, Gérald Pandelon.
27:01C'est l'Inquisition française,
27:03comment, au moins,
27:05l'équilibrer, ou la réguler, ou la diminuer ?
27:19Un livre à lire, Gérald Pandelon,
27:21l'Inquisition française,
27:23Des juges contre la justice,
27:25aux éditions David Reynard.
27:27Et nous avons Fabienne, qui nous appelle de Thionville.
27:29Bonjour Fabienne.
27:31Bonjour messieurs, un grand merci
27:33pour la qualité de vos émissions,
27:35qui sont passionnantes,
27:37et très encourageantes,
27:39parce que je suis une dame d'un certain âge,
27:41et je suis très inquiète
27:43de la dégradation
27:45de la société française,
27:47depuis plusieurs dizaines d'années,
27:49et notamment par rapport au sujet
27:51qui vous occupe aujourd'hui,
27:53j'ai l'impression d'une élimination
27:55systématique, quasiment systématique,
27:57des décisions politiques
27:59par la justice.
28:01Et à quel moment,
28:03estimez-vous, et pour quelles raisons,
28:05il y a-t-il eu une inversion de hiérarchie
28:07entre la justice
28:09et les décisions politiques,
28:11et est-ce que c'est dû en partie
28:13aux institutions européennes ?
28:15Alors justement, à quel moment,
28:17Fabienne, merci pour votre question,
28:19à quel moment il y a eu, à votre avis,
28:21renversement d'équilibre entre politique et justice ?
28:23Et elle demande si l'influence de l'Union Européenne
28:25a joué.
28:27Ça a joué, bien évidemment,
28:29puisque depuis,
28:31je dirais, 35 ans,
28:33depuis 35 ans,
28:35il n'aura échappé à personne
28:37qu'on ait,
28:39on a des normes,
28:41directives, règlements communautaires,
28:43qui l'emportent
28:45sur nos lois nationales
28:47à telle enseigne que, lorsque
28:49vous arrivez à faire condamner
28:51une personne
28:53et que toutes les voies de recours
28:55jusqu'à la Cour de Cassation
28:57sont expirées, et bien voilà
28:59que la France est retoquée
29:01devant la Cour Européenne
29:03des Droits de l'Homme.
29:05Cette supranationalité
29:07pose
29:09un problème, d'ailleurs, de constitutionnalité,
29:11puisqu'on nous a toujours
29:13expliqué que la Constitution était la charte
29:15solennelle de l'État, qu'il n'y avait rien
29:17au-dessus de la Constitution.
29:19Je me pose la question.
29:21Je me pose la question.
29:23Oui, alors justement,
29:25effectivement, aujourd'hui,
29:27on le voit très bien, sur 80%
29:29des lois françaises sont dictées
29:31par l'Union Européenne. Oui, ce qu'on appelle le droit communautaire
29:33dérivé. Absolument.
29:35Donc, effectivement, il y a une influence
29:37parfaite. Nous avons Michel
29:39qui nous appelle de Pontigny.
29:41Bonjour Michel.
29:43Oui, vous m'entendez ? Oui, très bien.
29:45Oui, bonjour André,
29:47votre invité, je crois,
29:49Maître Pardelon. Pardelon, Maître Pardelon,
29:51oui, dites-moi.
29:53Merci de prendre ma courte question.
29:55Le général de Gaulle
29:57et Michel Debré
29:59avaient-ils pris la mesure
30:01des, alors je le mets entre guillemets,
30:03des dérives autoritaires
30:05que cette Constitution
30:07de 1958
30:09pour vous, et je mets du conditionnel
30:11en André.
30:13Alors, pour articuler...
30:1558 et 62, bien sûr.
30:17Bon, c'est une excellente question.
30:21Et si je l'articule
30:23à mon texte, sur
30:25les dérives du pouvoir
30:27judiciaire,
30:29j'ai en souvenir
30:31un entretien que le général
30:33de Gaulle avait eu avec Jean Foyer,
30:35qui était à l'époque garde des Sceaux,
30:37ministre de la Justice.
30:39Il avait indiqué, à sa manière,
30:41vous savez,
30:43il n'y a que deux pouvoirs.
30:45Il y a le mien,
30:47le pouvoir législatif.
30:49Vous n'êtes qu'une
30:51simple autorité
30:53judiciaire. Donc,
30:55de Gaulle avait une conception,
30:57je dirais, on s'entraînera dans les détails,
30:59il y avait vraiment une monocéphalisation
31:01de l'exécutif,
31:03avec la prépondérance présidentielle,
31:05qui faisait que,
31:07par un système de vase
31:09communiquant, d'une certaine manière,
31:11le pouvoir
31:13judiciaire n'était qu'une autorité
31:15judiciaire.
31:17Les choses ont
31:19bien changé,
31:21puisque aujourd'hui, c'est
31:23le contraire. C'est l'autorité
31:25qui a plus de pouvoir que le pouvoir.
31:27D'autant plus, parce qu'on parlait de
31:29de Gaulle, pardon, d'autant plus que
31:31de Gaulle, lui, a donné un sacré exemple.
31:33De Gaulle n'aurait jamais,
31:35s'il y avait cohabitation, et que pendant
31:37les élections législatives, qu'il ne dépendait
31:39pas de lui, aurait donné un pouvoir
31:41à l'opposition, il serait parti.
31:43Lui, c'est Giscard
31:45qui a accepté la cohabitation,
31:47mais jamais de Gaulle. Il n'a pas eu Giscard.
31:49Et puis, deuxièmement, il faut rappeler que de Gaulle,
31:51quand il y a eu le référendum de 69, il a dit
31:53voilà, si vous ne votez
31:55pas ma proposition de référendum, je m'en vais.
31:57Le seul qui est
31:59parti, c'est le seul auteur de
32:01cette constitution qui, lui,
32:03justement, ne sait pas
32:05le pouvoir du peuple,
32:07si on le désavouait, il partait.
32:09Parce qu'il y avait également
32:11une forte prégnance,
32:13une grande autorité attachée
32:15à l'État.
32:17Or, vous savez,
32:19c'est un peu la tarte à la crème, puisque
32:21on en parle depuis plus de 30 ans,
32:23déjà j'étais à Sciences Po, on nous parlait
32:25de la crise de l'État, les crises de l'État-nation,
32:27une crise de l'État.
32:29Aujourd'hui,
32:31c'est précisément
32:33parce que l'État n'est plus
32:35capable de réguler
32:37politiquement les conflits
32:39que ce sont des magistrats,
32:41une minorité,
32:43je ne sais pas si 12, qui se sont
32:45arrogés le pouvoir
32:47d'opérer une forme de régulation politique
32:49des conflits. Il y a eu un
32:51transfert, à mon sens, du pouvoir
32:53de l'autorité exécutive
32:55à l'autorité
32:57judiciaire.
32:59Et alors, quel rôle joue, on a parlé du
33:01Conseil constitutionnel, mais je pensais,
33:03quel rôle joue le Conseil d'État ? On voit très bien
33:05que, pendant, quand il y a eu des problèmes
33:07de, voilà, récemment,
33:09la chaîne C8 a été retirée
33:11de la TNT, face aux recommandations
33:13de la COM, il y a eu recours au Conseil d'État
33:15qui a validé.
33:17Quel rôle, au-delà des problèmes médiatiques,
33:19quel rôle joue le Conseil d'État ?
33:21La difficulté, c'est que le Conseil d'État,
33:23c'est l'article 39 de la Constitution,
33:25le Conseil d'État,
33:27en principe, n'a qu'un rôle
33:29consultatif.
33:31C'est un peu hybride, parce qu'il est également
33:33une juridiction administrative
33:35la plus élevée de notre édifice
33:37normatif.
33:39La difficulté, c'est que, comme le gouvernement
33:41peut consulter
33:43le Conseil d'État pour avis,
33:45mais en réalité, 9 fois sur 10,
33:47pour ne pas dire systématiquement,
33:49comme on a affaire
33:51aux magistrats les plus,
33:53je dirais, élevés dans la hiérarchie
33:55judiciaire, et bien en réalité,
33:57l'avis
33:59que donne le Conseil d'État,
34:01c'est le texte quasiment final
34:03qui sera proposé.
34:05Donc, par définition, c'est un texte
34:07très technique.
34:09Mais il y a quelque chose de très, je dirais,
34:11à la fois, on aurait envie d'en ricaner
34:13s'il n'était pas obligé d'en pleurer,
34:15c'est qu'au fond, on revient à ça,
34:17vous dites donc, qui fait ?
34:19Je croyais que les parlementaires,
34:21les législateurs,
34:23naïvement, on appelle ça le pouvoir
34:25législatif. Donc, vous dites,
34:27il n'y a pratiquement plus
34:29de pouvoir législatif. Il y en a, bien sûr,
34:31il ne faut pas exagérer, mais quand même.
34:33On n'est pas sortis de l'Ancien Régime.
34:35C'est-à-dire que, sous l'Ancien Régime,
34:37les parlements, qui n'étaient pas des parlements,
34:39qui étaient des juridictions,
34:41les juges, donc,
34:43pouvaient s'opposer au roi.
34:45Donc, d'ailleurs,
34:47un certain nombre de magistrats
34:49qui se plaignent par idéologie politique
34:51personnelle de l'Ancien Régime
34:53devraient louer l'Ancien Régime
34:55puisqu'ils n'ont jamais eu autant
34:57de pouvoirs sous l'Ancien Régime qu'ils en ont
34:59eu sous la Révolution française
35:01qui, désormais, n'était
35:03que la bouche de la loi.
35:05Sur le terme de Montesquieu,
35:07c'était à telle enceinte qu'on est passé d'un esprit des lois
35:09aujourd'hui à des lois sans esprit, n'est-ce pas ?
35:11Bon, voilà. Donc,
35:13ce que je veux dire par là,
35:15c'est que le juge,
35:17le juge s'est
35:19accaparé un pouvoir
35:21laissé vacant
35:23par l'autorité politique.
35:25Alors, justement, il s'est
35:27emparé de ce pouvoir
35:29et, encore une fois, je reviens à cette
35:31question, comment il se fait
35:33que les parlementaires
35:35laissent faire, que les
35:37parlementaires laissent faire ?
35:39Est-ce qu'au fond, parce que les juges,
35:41alors c'est une autre question que vous soulevez
35:43dans votre livre, mais c'est pas la
35:45question que vous soulevez en premier, quand même,
35:47est-ce que les juges sont dépendants ?
35:49Alors hier, vous avez mis un syndicat de la magistrature,
35:51disons, pour une certaine
35:53opposition dite de gauche, mais est-ce
35:55que les juges, puisqu'ils sont nommés
35:57par le juge du parquet,
35:59ils dépendent du ministère
36:01de la Justice, donc du Premier ministre,
36:03donc du Président de la République, etc.
36:05Est-ce qu'il y a le fait
36:07que les juges, pour leur carrière,
36:09en tout cas un certain nombre de juges, dont la carrière
36:11dépend du ministère, donc du gouvernement,
36:13ne sont pas assujettis,
36:15disons les mots, au pouvoir politique, quel qu'il soit,
36:17de droite, de gauche ou ailleurs ?
36:19Sans se concerter,
36:21je pense que
36:23ils sont plus à l'écoute
36:25de celui qui les nomme
36:27et qui les paie que
36:31je dirais vraiment préoccupés
36:33par, n'est-ce pas,
36:35la recherche
36:37de la justice. Je rajoute
36:39un point, c'est que
36:41il ne peut pas y avoir
36:43de justice
36:45si au préalable, on ne fait pas
36:47cet effort considérable
36:49de rechercher la vérité.
36:51C'est-à-dire que la justice
36:53...
36:55il ne peut pas y avoir de justice
36:57si au préalable, il n'y a pas
36:59une vérité. Fut-elle la vérité
37:01des faits ?
37:03Il vaut mieux la vérité des faits
37:05que la vérité relative à chacun
37:07où c'est à chacun sa vérité, disait Pirandello.
37:09Oui, absolument.
37:11Or, le problème, c'est que par idéologie,
37:13par idéologie,
37:15certains magistrats
37:17vont opter
37:19pour une grille de lecture
37:21d'un dossier
37:23qui constitue non pas la vérité
37:25objective mais leur vérité subjective
37:27parce que faire preuve
37:29d'objectivité, au fond, ce n'est pas humain.
37:31Ah, il faut essayer quand même !
37:33Oui, mais ça ne relève pas
37:35à mon sens de l'affaire.
37:37Il y a ses failles, ses faiblesses.
37:39Alors, vous dites par idéologie.
37:41Mais l'autre côté, c'est par carriérisme.
37:43Par carriérisme,
37:45il vaut mieux
37:47être à l'origine
37:49de la mise en examen d'un président
37:51de la République que de mettre en cause
37:53l'épicier de son quartier.
37:55Sauf que c'est plus
37:57difficile et plus risqué.
37:59C'est plus risqué, mais bon,
38:01comme les magistrats ont un pouvoir
38:03qui est quasiment, je dirais,
38:05indépassable.
38:07Ils sont inamovibles.
38:09Ils sont inamovibles.
38:11Comment ils sont inamovibles ?
38:13On ne peut pas toucher à un magistrat ?
38:15Il faudrait qu'il puisse commettre
38:17dans le cadre de l'exercice de ses fonctions
38:19une très grave
38:21faute.
38:23Premier point, que cette faute
38:25soit portée devant le Conseil supérieur
38:27de la magistrature.
38:29Et qu'est-ce qu'il fera le Conseil supérieur
38:31de la magistrature ?
38:33Il soutiendra
38:35le magistrat qui a commis
38:37une faute, 99,9 fois.
38:39Sur ça, on regardait l'affaire
38:41Burgot.
38:43L'affaire Outreau,
38:45qui a concerné un juge
38:47qui s'appelait M. Burgot.
38:49J'ai eu l'occasion de
38:51non pas de le défendre, mais de le
38:53comprendre. Parce que,
38:55certes, on s'est acharné sur ce
38:57jeune magistrat, le juge Burgot,
38:59mais, vous savez, ceux qui ont
39:01les tempes un peu grisonnantes devant la chambre
39:03de l'instruction, et qui sont un peu plus âgés
39:05que 26 ans, ils ont au minimum
39:0740, 45, 50 ans,
39:09ont tous confirmé
39:11les ordonnances, donc les décisions
39:13qui étaient prises.
39:15Pourquoi ?
39:17Parce qu'il n'y avait pas de présomption d'innocence.
39:19Et puis, il fallait,
39:21enfin, pas de présomption
39:23d'innocence en pratique.
39:25Et il fallait que
39:27l'affaire soit enflammée.
39:29Il fallait que tout le monde évoque
39:31cette affaire.
39:33Elle a terminé comment ?
39:35Par désacquittement.
39:37Pas seulement. Il y a eu des condamnations.
39:39C'était un peu
39:41une montagne qui a accroché d'une souris.
39:43En tout cas,
39:45le problème, il est posé, mais justement
39:47on va voir que faire.
39:49C'est le que faire qui est intéressant aujourd'hui.
39:51On va parler avec vous, après cette petite pause.
39:53Sud Radio,
39:55votre avis fait la différence.
39:57Vous êtes auditrice de Sud Radio depuis longtemps ou pas ?
39:59Depuis plusieurs années.
40:01Depuis que je me suis rendue compte
40:03qu'on ne nous disait pas tout à la télévision.
40:05Sud Radio, parlons vrai.
40:09Sud Radio Bercoff, dans tous ses états,
40:11midi, 14h.
40:13André Bercoff.
40:15À la fin de votre livre, Gérard Pendelon,
40:17encore une fois, que je recommande vraiment, lisez-le.
40:19Inquisition française des justes contre la justice.
40:21Vous dites un peu,
40:23vous écrivez, vous rédigez
40:25une vingtaine de propositions
40:27pour effectivement changer ça, parce que
40:29le peuple est mort, je ne sais pas
40:31s'il est en agonie ou s'il est
40:33en soins palliatifs.
40:35Et la politique aussi, on peut se poser la question.
40:37Au fond, que faire pour équilibrer
40:39ce problème des juges ?
40:41Sans dire le gouvernement
40:43des juges, on en parle.
40:45Le coup d'état judiciaire, on en parle
40:47aussi, on en a parlé.
40:49Que faire, à votre avis, de plus urgent
40:51que le plus adéquat ?
40:53Avant de répondre à votre question,
40:55je voudrais revenir
40:57très rapidement sur
40:59une affaire qui avait défrayé la chronique
41:01pénale il y a quelques années.
41:03L'affaire dite de la BAC Nord.
41:05Oui, il y a eu un film célèbre,
41:07remarquable, de Cédric Jimenez.
41:09Je crois que c'était en 2016.
41:11C'est ça.
41:13Il faut savoir que l'essentiel
41:15de ces fonctionnaires de police
41:17qui étaient considérés comme l'élite
41:19de la police,
41:21de Paris à Marseille,
41:23tout le monde louait
41:25leur talent, leur courage,
41:27leur efficacité,
41:29ont, pour la plupart d'entre eux,
41:31été incarcérés dans cette affaire.
41:33Et ensuite,
41:35certains, avant même
41:37d'être jugés, ont été réintégrés
41:39dans leur service
41:41alors qu'ils avaient été incarcérés.
41:43Et la plupart d'entre eux
41:45furent relaxés. Pourquoi je prends cet exemple ?
41:47Parce que,
41:49en France,
41:51si vous vous attestez
41:53d'une forme de situation sociale,
41:55de statut, quoi que ce soit,
41:57et surtout si vous êtes
41:59policier, avocat,
42:01chef d'entreprise,
42:03et au surplus, si
42:05en tant que chef d'entreprise, vous avez
42:07un capital économique qui est très élevé,
42:09c'est très dur
42:11devant un magistrat. C'est très dur.
42:13Alors que faire ?
42:15Devant certains magistrats,
42:17oui, une minorité
42:19à qui on a donné l'essentiel
42:21du pouvoir. Déjà,
42:23il faudrait que, pour des personnes
42:25qui sont exposées,
42:27policiers, avocats,
42:29ou autres,
42:31toutes personnes exposées,
42:33qui occupent
42:35des fonctions tout petit peu réglementées,
42:37déjà, il faudrait
42:39qu'avant même d'engager
42:41des poursuites pénales, il faudrait que,
42:43prenons l'exemple
42:45d'un policier, qu'il y ait
42:47un entretien préalable entre
42:49le parquet, la hiérarchie
42:51policière, et le policier.
42:53Que le policier puisse
42:55s'expliquer avant même que
42:57on le place en garde à vue,
42:59qu'il perde tout, qu'il soit suspendu,
43:01etc. La même chose pour
43:03les avocats.
43:05Il faudrait un entretien entre le bâtonnier,
43:07le substitut du parquet,
43:09et l'avocat qui aurait commis
43:11une faute, pour savoir
43:13en fonction...
43:15Ça n'existe pas.
43:17Vous êtes immédiatement
43:19traité comme
43:21si vous étiez
43:23un délinquant.
43:25Il n'y a plus de présomption d'innocence, il y a présomption
43:27de culpabilité. Moi, je soutiens
43:29la thèse selon laquelle, pour certains
43:31policiers, et pour la plupart
43:33des avocats, il n'y a pas de présomption
43:35d'innocence. Sans langage que moi.
43:37Mais sans langage que moi.
43:39Pourquoi ? Parce que, comme un leitmotiv,
43:41les magistrats vous disent
43:43vous connaissez le droit,
43:45vous ne pouvez pas errer.
43:47Vous ne pouvez pas commettre. En d'autres termes,
43:49l'avocat, il n'a pas le droit d'avoir des faiblesses,
43:51il est omnipotent,
43:53omniscient, puisqu'il n'a pas le droit...
43:55Il connaît la loi, donc il ne doit pas...
43:57C'est un chap GPT avant l'heure, n'est-ce pas ?
43:59L'avocat. Non, c'est pas comme ça que ça se passe.
44:01Deuxièmement, il faudrait
44:03que lors de la formation
44:05à l'école nationale à la magistrature,
44:07il faudrait que
44:09l'on ne considère pas l'avocat
44:11comme un ennemi,
44:13mais tout simplement comme un adversaire
44:15au procès. Or,
44:17les jeunes magistrats,
44:19notamment les magistrats du parquet,
44:21sont
44:23d'une certaine manière, pas tous,
44:25mais beaucoup, animés d'une
44:27volonté vengeresse,
44:29éradicatrice, voire purificatrice.
44:31Ce n'est pas une lutte des classes, c'est une lutte des corporations.
44:33Absolument. C'est ça. En fait,
44:35ce qu'il faudrait, c'est peut-être que
44:37chaque avocat soit réuni dans la même école.
44:39Je vais dire peut-être un scandale, mais on ne sait pas.
44:41Qu'on se connaisse mieux.
44:43Eh bien, écoutez, en tout cas,
44:45merci Gérald Pantelon.
44:47Vous êtes polémique,
44:49vous suscitez la polémique, mais c'est une bonne chose.
44:51Encore une fois,
44:53Inquisition française des juges contre la justice,
44:55aux éditions David Reynard.
44:57Merci pour votre invitation.

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