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Le projet de Loi visant à sortir la France du piège du narcotrafic arrive à l'Assemblée et les débats s'annoncent tendus. Regardez le point de vue de Eléonore Caroit, députée Renaissance d'Amérique latine et des Caraïbes.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin du 17 mars 2025.

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Transcription
00:00RTL, au coeur de l'actu.
00:04C'est l'un des principaux titres de ce lundi, la proposition de loi contre le narcotrafic.
00:09Cette proposition de loi, elle arrive aujourd'hui en débat dans l'hémicycle de l'Assemblée Nationale
00:15après avoir été largement vidée de ses dispositions les plus sensibles.
00:19Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, dit espérer d'ailleurs un sursaut des députés.
00:24Bonjour Eleonore Carrois.
00:26Bonjour.
00:27Vous avez été renaissance des Français établis hors de France, avocate de profession également,
00:32donc votre avis nous intéresse doublement.
00:35Merci d'être avec nous en direct ce matin.
00:37Vous avez contribué à rejeter certaines mesures au nom de l'état de droit.
00:42Mais vous avez en face de vous des narcotrafiquants qui s'en fichent totalement de cet état de droit.
00:47Bien sûr, mais nous les députés, nous ne pouvons absolument pas nous en ficher,
00:52comme vous dites, de l'état de droit.
00:54Ce que je veux dire, c'est qu'on a proposé des améliorations au texte.
00:57Mais l'objectif de lutter contre les narcotrafiquants et surtout les plus dangereux,
01:01ce qu'on appelle les têtes de réseau, il est là.
01:03Donc moi, mon intention, c'est d'améliorer ce texte.
01:05Ce n'est évidemment pas de m'opposer à ce qu'on se donne des moyens de lutte contre ces têtes de réseau.
01:12Mais il faut faire attention à ce qu'on propose, à comment ça peut être détourné
01:15et à quoi ça peut servir en dehors de ce cadre-là.
01:18Alors quelles mesures vous contestez, par exemple ?
01:21On a beaucoup parlé de ce dossier coffre appelé le procès verbal distinct
01:25qui permet de ne pas divulguer à l'avocat de la défense certains éléments sensibles de l'enquête.
01:30Ça, vous êtes contre ?
01:32Oui, je suis contre.
01:33Parce que vous savez, dans une démocratie, lorsqu'on est dans un état de droit,
01:37il faut qu'il y ait des armes égales entre la défense et le parquet, l'accusation.
01:44Pas à tous les niveaux de l'enquête, évidemment, mais c'est déjà le cas aujourd'hui.
01:47Mais il faut que lorsque vous êtes mis en cause, lorsque vous êtes accusé,
01:50vous puissiez savoir pourquoi vous l'êtes.
01:53Et donc, c'est vrai que cela pose un certain nombre de questions.
01:55Moi, je ne suis pas contre qu'on renforce les moyens d'investigation,
01:59qu'on donne surtout beaucoup plus de moyens financiers, matériels à la justice et à la police.
02:04Mais encore une fois, si on commence à faire entrer des dispositions
02:07qui après peuvent être utilisées dans d'autres contextes,
02:09même contre d'autres concitoyens, je pense qu'il faut alerter et qu'il faut être très vigilant.
02:14Là, ça concerne uniquement les narcotrafiquants.
02:17D'ailleurs, Bruno Retailleau dit que du début à la fin,
02:20ce dossier coffre sera placé sous le contrôle des magistrats.
02:25Et il rappelle d'ailleurs que le Conseil d'État a validé cette proposition qui respecte le droit.
02:30Oui, absolument.
02:31Vous savez, le Conseil d'État a validé un certain nombre de propositions qui lui ont été soumises.
02:35Et donc, c'était déjà très bien et très positif qu'on ait interrogé le Conseil d'État.
02:39Ce qui n'est pas toujours le cas dans les dispositions.
02:41On avait déjà essayé d'introduire ces dispositions-là, ou des dispositions similaires,
02:44et ça avait été rejeté l'an dernier.
02:46Donc, c'est bien qu'on ait des évolutions.
02:48Maintenant, il y a certains aspects de cette loi qui donnent un pouvoir aux politiques,
02:53notamment aux premiers ministres, notamment aux gardes des sceaux,
02:57notamment pour le placement des individus extrêmement dangereux dans des quartiers de haute sécurité.
03:02Oui, ce sont les prisons annoncées par Gérald Darmanin.
03:05Enfin, des quartiers dans des prisons.
03:07Et donc, ça par exemple, c'est une décision qui est prise par le pouvoir politique, par l'exécutif.
03:13Moi, ça me pose question aussi.
03:15Ça, ça devrait être une décision de magistrat.
03:17Et aujourd'hui, ce qui est proposé, c'est que ça soit pour 4 ans.
03:20Ça aussi, c'est extrêmement long.
03:21Donc, le Conseil d'État, même s'il a validé ces dispositions,
03:24a demandé à ce qu'elles soient légèrement modifiées,
03:26ce qui est exactement ce que moi je fais.
03:28Encore une fois, je préciserai que c'est à titre personnel,
03:30parce que la grande majorité des députés Renaissance sont tout à fait d'accord avec ce texte.
03:34Nous ne luttons pas à armes égales, constate Bruno Retailleau.
03:37Quand il dit que la loi est faible, il faut changer la loi.
03:40Vous n'êtes pas d'accord avec ça ?
03:42Je suis d'accord avec le fait qu'il faut se donner tous les moyens,
03:45mais encore une fois, il faut rester dans un cadre.
03:47Ça peut paraître compliqué, ça peut paraître technique.
03:49On peut se dire, mais qu'est-ce qui nous embête encore, ces avocats ?
03:52Mais si on ne le fait pas, on perd les garanties essentielles dans notre état de droit.
03:57Et puis ensuite, il y a un autre sujet que j'ai avec ce texte,
04:00c'est qu'on crée un parquet national anticriminalité organisée, soit.
04:04Mais aujourd'hui, vous avez déjà des juridictions qui sont régionales,
04:07qui sont spécialisées, qui connaissent les territoires.
04:10Moi, j'ai peur qu'à force de faire quelque chose de trop parisien,
04:14vous voyez, trop désincarné, plus loin des territoires.
04:18Finalement, on enlève aussi des moyens à ces juridictions-là.
04:21Et finalement, on perd aussi en efficacité.
04:23Mais qu'est-ce qu'on fait alors ? Qu'est-ce qu'il faut faire alors ?
04:26Il faut agir sur tous les plans.
04:28Il faut renforcer les moyens, encore une fois.
04:31Nos policiers font un travail extraordinaire aujourd'hui.
04:34Nos magistrats aussi.
04:36Je pense que c'est Girs, par exemple, c'est juridiction intergénérale.
04:38Le but de ce texte, c'est d'aller justement un petit peu plus loin.
04:40Alors non, on n'a pas tout essayé, on ne peut pas dire ça.
04:43Et puis, aller un peu plus loin, on ne peut pas aller non plus dans tous les sens, n'importe comment.
04:47Et puis là, on est en train de faire une loi qui est une proposition d'origine parlementaire.
04:51Il y a eu un travail qui a été fait par deux sénateurs, un de gauche, un de droite.
04:55Et ce texte, il a été voté au Sénat.
04:57Nous, à l'Assemblée, on questionne certaines dispositions.
04:59On va avoir un débat qui commence aujourd'hui à 16h.
05:01On va arriver à un texte qui va être légèrement modifié.
05:04Moi, je pense que c'est sain dans une démocratie qu'on puisse justement discuter.
05:08C'est un texte, justement, issu d'un rapport sénatorial transpartisan, comme on dit avec l'EPS et LR.
05:15Plus de 150 auditions, des déplacements à Paris, au Havre, à Marseille.
05:19On a entendu des magistrats.
05:21Ce n'est pas un texte hors sol ?
05:23Pas du tout.
05:24Ce n'est absolument pas ce que je dis.
05:25C'est un texte qui a des dispositions, d'ailleurs, qui sont très bonnes.
05:28Mais c'est un texte qui va très loin et qui, en même temps, ne prend pas en compte tous les aspects du narcotrafic.
05:33Vous voyez, ma circonscription, c'est tous les pays d'Amérique latine et des Caraïbes.
05:36Cela fait des décennies que, pour ces pays, c'est un besoin vital.
05:40C'est le sujet.
05:41D'ailleurs, ce sont des pays producteurs.
05:42Dans certains pays comme l'Équateur, vous avez les narcotrafiquants qui sont plus forts que l'État.
05:46Et en Colombie, n'en parlons pas.
05:48Presque tous ces pays-là, ils passent du tout répressif.
05:51Eux, ils étaient vraiment militarisés.
05:53C'était l'armée qui allait lutter contre le narcotrafic.
05:55Et même comme cela, ils se sont rendus compte que cela ne marchait pas.
05:58Et que si on n'agit pas aussi sur la prévention, si on n'agit pas sur la justice restaurative,
06:02si on n'agit pas sur tous les niveaux, et surtout très localement, on n'y arrive pas.
06:07Moi, j'ai peur que ce texte ait des mesures très fortes d'annonce,
06:10mais que finalement, il ne prenne pas en compte certains aspects qui me semblent aussi importants.
06:14Et vous allez faire entendre votre voix lors de ce débat.
06:16Merci beaucoup Eléonore Carrois, députée Renaissance des Français, établie hors de France.
06:21Merci d'avoir été en direct avec nous ce matin.

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