Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 05 décembre 2024.
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00:006h15 sur RTL, censure historique, crise politique, c'est la une du Figaro et c'est évidemment le titre de ce matin au lendemain de la chute du gouvernement Barnier.
00:13Nous sommes avec le député socialiste du Calvados, Arthur Delaporte. Bonjour.
00:17Bonjour.
00:18Merci d'être avec nous en direct ce matin. Vous êtes dans quel état d'esprit là ? Vous avez le sentiment du devoir accompli ?
00:25J'ai surtout un sentiment d'une certaine gravité face à ce qui s'est passé hier.
00:30Je veux dire, nous n'avons pas voté de façon anodine la première censure depuis 62 ans.
00:35Donc non, on l'a fait parce qu'il le fallait, parce que Michel Barnier avait failli à sa mission.
00:40Sa mission, c'était celle de fournir un budget juste pour la France, le budget qu'il nous présentait, sur lequel il a utilisé le 49-3.
00:48Ce n'était pas un budget acceptable pour nous parce qu'il allait menacer l'hôpital public, empêcher de financer la dépendance et le vieillissement de la population,
00:56faire en sorte que les Français soient finalement moins facilités pour avoir accès aux soins.
01:02Donc voilà, nous avons un certain nombre de choses qui faisaient que ce n'était pas possible.
01:05Donc vous avez voté la censure. Et c'est quoi la suite maintenant ? Quel est votre plan ?
01:09Notre plan, c'est d'éviter de faire ce qui a conduit à la chute de Michel Barnier.
01:13Michel Barnier s'est appuyé pendant trois mois sur la non-censure de l'extrême droite.
01:17Et depuis le départ, on a dit que c'était un château de cartes.
01:20Donc ce qu'on porte avec le Parti Socialiste, mais pas seulement, c'est de dire qu'il faut maintenant se mettre autour de la table
01:26avec toutes celles et ceux qui ont été élus en juillet dernier dans le cadre du Front Républicain.
01:31Tout le monde veut se mettre autour de la table, mais ce n'est pas la même table, inviablement.
01:34Alors, je ne sais pas. En tout cas, j'ai cru entendre chez les écologistes, chez les communistes, et même à droite, certains députés dirent
01:42Écoutez, oui, évidemment qu'il faut qu'on se mette autour de la table pour négocier les conditions de cette non-censure.
01:46Mais quelle table ? Avec qui ? Une grande coalition allant du PS au LR ? C'est ça l'idée ?
01:52Non, non. Nous, ce qu'on dit quand on dit non-censure, ce n'est pas forcément que tout le monde soit au gouvernement,
01:56même au contraire. Moi, ce que je pense, c'est qu'il y a eu un souhait d'alternance qui a été exprimé en juillet dernier.
02:01L'idée que les macronistes ne pouvaient pas garder le pouvoir ad vitam aeternam.
02:05Ça fait sept ans qu'ils ont le pouvoir. À un moment, il faut lâcher les ministères.
02:08Il faut dire, on veut une autre politique. Mais pour qu'il puisse y avoir une autre politique qui soit durable,
02:13pour qu'il puisse y avoir un gouvernement qui soit stable, il faut que les macronistes,
02:17qui peuvent faire chuter n'importe quel gouvernement de gauche, s'engagent à ne pas le censurer.
02:21Et donc, c'est pour ça que nous, on propose de mettre en place les conditions de non-censure,
02:26c'est-à-dire la gauche au gouvernement, mais derrière, l'arc républicain dans une logique de construction projet par projet.
02:33Quelles sont les priorités poétiques qui sont à mettre au gouvernement ?
02:36Vous n'êtes d'accord sur rien, Arthur Delaporte. La gauche et la droite ne sont pas d'accord sur le budget, sur l'immigration,
02:42sur tous ces sujets importants. C'est impossible d'avoir une entente.
02:46Ça, c'est ce que vous dites. Mais moi, je peux vous dire, parce que déjà, j'ai été l'auteur d'une loi transpartisane,
02:51qui a été votée à l'unanimité de l'Assemblée nationale sur les influenceurs,
02:54qu'on peut se mettre d'accord sur un certain nombre de choses.
02:56Les influenceurs, c'est un sujet important, mais il y en a d'autres.
02:59C'est un sujet plus consensuel, oui, c'est consensuel, c'est pas le budget ou l'immigration, par exemple.
03:03Non, non, non, mais je vais vous dire, on a fait voter une loi sur l'encadrement des Airbnb,
03:08c'était pas du tout consensuel au départ. On a réussi à négocier, à se mettre d'accord,
03:12à faire en sorte qu'on puisse réguler ce qui nuit finalement aux logements de tous.
03:17Donc voilà, on a des sujets comme ça, mais d'autres sujets, la question de la santé publique, la question de l'école,
03:22la question aussi de la nécessité de financer la transition climatique, tout ça, je pense qu'on peut se mettre d'accord.
03:28On peut se mettre autour d'une table pour se dire qu'il y a une urgence.
03:31Alors, justement, il y a une urgence. Le budget 2024 va être reconduit, c'est ce que dit la Constitution,
03:37c'est ce que prévoit la Constitution. Est-ce que vous êtes conscient qu'il y a plus de 17 millions de ménages
03:41qui pourraient voir leurs impôts augmenter, là ?
03:44Non, je suis surtout conscient que ça, c'est des fake news qui sont relayées par notamment les macronistes.
03:49Ah non, c'est l'observatoire français des conjonctures économiques qui le dit, monsieur Delapporte.
03:53Non, mais moi, je vais vous dire une chose, il n'y aura pas d'augmentation d'impôts pour 17 millions de ménages, c'est faux.
03:59C'est faux, parce que ce qui va se passer, c'est qu'il y aura d'abord une loi spéciale.
04:03Cette loi spéciale, qui va être votée dans les prochaines semaines, elle va permettre de reconduire le budget globalement identique,
04:10mais il peut y avoir déjà des ajustements, et surtout, il y aura bientôt un gouvernement.
04:14Et si, par exemple...
04:15Avec quel Premier ministre, monsieur Delapporte, dernière question ?
04:17Je finis juste parce que c'est quelque chose qui inquiète les Françaises et les Français.
04:20Si on vote dans les prochains mois, même après le mois de janvier, une loi budgétaire qui permet d'aligner sur l'inflation, par exemple, les seuils d'imposition,
04:30ça évitera que de nouveaux ménages entrent dans l'impôt.
04:33Et comme on paye ces impôts sur le revenu sur l'année N plus 1, c'est-à-dire qu'on les déclare entre avril et juin,
04:40en fait, ce n'est pas maintenant qu'on a besoin d'avoir une loi là-dessus.
04:43On a encore un peu de temps, donc pas de pression.
04:46Donc moi, je vous le dis, soyons sereins.
04:48Ça arrive qu'il y ait des gouvernements qui tombent dans plein de démocraties en Europe.
04:51Le pouvoir, il est désormais au parlement.
04:53Enfin, c'est la première fois que ça arrive comme ça en France, et vous le savez bien.
04:56Merci beaucoup, Arthur Delapporte, député PS du Québec.