Dans une interview accordée au Parisien, le ministre de l'Intérieur menace de démissionner du gouvernement si la France cède sur le dossier algérien, un "sujet majeur pour la sécurité des Français".
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00:00Quand Bruno Retailleau met la pression sur l'Algérie et sur le gouvernement.
00:07Bonsoir Anne-Saura Dubois, merci de nous avoir rejoint.
00:10Le ministre de l'Intérieur tient des propos pour le moins offensifs
00:16ce soir dans une interview accordée à nos confrères du Parisien.
00:19Oui, après ses propos d'hier où il demandait une riposte graduée vis-à-vis de l'Algérie,
00:23en effet il met sa démission dans la balance aujourd'hui.
00:26Alors il ne dit pas quand, il ne donne pas d'éléments particuliers
00:29qui pourraient déclencher ce départ du gouvernement.
00:32Mais il est interrogé sur cette riposte graduée vis-à-vis de la question
00:36des ressortissants, notamment algériens, dangereux.
00:39Et voilà ce qu'il dit, je suis intransigeant,
00:41j'attends que cette riposte graduée soit appliquée.
00:43Sinon, et bien voilà ce que répond Bruno Retailleau,
00:45si on me demandait de céder sur ce sujet majeur pour la sécurité des Français,
00:50évidemment que je le refuserais, sous-entendu,
00:52je serais prêt à quitter le collectif gouvernemental.
00:55L'humiliation, ça suffit, dit aussi le locataire de Beauvau.
00:59Vous le disiez, il dit, assure avoir été longtemps le seul au gouvernement
01:05à prôner ce rapport de force, sous-entendu ce n'est plus le cas.
01:07C'est vrai ça, que désormais, le Premier ministre et puis aussi au-dessus de lui,
01:11les présidents le suivent là-dessus, sur sa stratégie du rapport de force,
01:16de la force musclée vis-à-vis de l'Algérie ?
01:17Oui c'est vrai, au début il était plutôt le seul à être le tenant de cette ligne
01:21très offensive vis-à-vis de l'Algérie, alors que le quai d'Orsay et jusqu'à l'Elysée
01:27en prenaient plutôt pour une... jusqu'au bout à la recherche du dialogue,
01:32si vous voulez, sans forcément dégainer la question des accords de 68, des accords de 95.
01:37Et donc il y avait la recherche d'une solution à l'amiable en quelque sorte.
01:41Au fur et à mesure des refus de l'Algérie, au fur et à mesure des mots utilisés aussi
01:46par le gouvernement algérien, les provocations, les menaces, le chantage,
01:50tous ces mots ont été utilisés par Alger, eh bien il a réussi à gagner à sa cause en effet,
01:55jusqu'au sommet de l'État, c'est ce qui fait qu'hier, la fameuse liste de la soixantaine
01:59de ressortissants algériens jugés dangereux, dont la liste a été transmise à Alger,
02:04eh bien elle a été coproduite en quelque sorte par le ministère des Affaires étrangères,
02:09le ministère de l'Intérieur et l'Elysée, donc c'est bien aujourd'hui en effet
02:13le collectif gouvernemental qui est derrière Bruno Retailleau.
02:16Est-ce que ça va jusqu'à des mots aussi forts que la démission,
02:19la remise en cause de la crédibilité gouvernementale ?
02:22En tout cas, lui, il a fait son choix et effectivement, comme vous le disiez,
02:25il accroît sa pression sur le gouvernement algérien, mais aussi sur le gouvernement français,
02:30à travers lui, en quelque sorte, aussi sur François Bayrou.
02:33D'une certaine manière, il se met aussi la pression sur lui-même,
02:37parce que quand on opte pour une stratégie aussi forte, aussi musclée,
02:42il n'a pas le choix, il faut des résultats.
02:43Il faut des résultats, il a beaucoup à perdre en effet, s'il perd ce bras de fer.
02:47Bruno Retailleau, il a un triple objectif.
02:50Le premier, c'est d'abord la crédibilité de sa personne en tant que ministre de l'Intérieur.
02:54Le deuxième audimat, entre guillemets, le deuxième public à qui il s'adresse,
02:59c'est sa famille des Républicains, parce qu'il est engagé dans une candidature
03:03pour remporter la présidence des Républicains.
03:05Il sait que sa famille est très attachée à ces questions d'immigration
03:08et de souveraineté sur la question des OQTF et des laissés-passer consulaires.
03:11Et puis le troisième objectif, parce qu'il a aussi des velléités un peu plus lointaines.
03:14Il y a les convictions de Bruno Retailleau et il y a les ambitions de Bruno Retailleau.
03:17Exactement, les ambitions, tout à fait.
03:19Et ces ambitions vont au-delà de ce congrès, de cette présidence des Républicains,
03:23peut-être jusqu'en 2027.
03:25Et là aussi, il sait qu'il a une oreille du côté des Français,
03:28parce que le sujet de l'immigration est au coude-à-coude quasi avec l'Ukraine
03:32dans les préoccupations principales des Français.
03:34Actuellement, Bruno Retailleau a plutôt la cote auprès d'une majorité de la population
03:39à en croire les différentes études publiées ces dernières semaines et même ces derniers mois.
03:44Et c'est sans doute ce qui le pousse à hausser le ton.
03:46Il se dit qu'il a derrière lui un mouvement qui fait que ça légitime sa parole
03:50et la fermeté qu'il affiche.