• il y a 11 heures
Lundi 3 mars 2025, retrouvez Régis Bégué (Associé, coresponsable de la sratégie Memnon European, Zadig Asset Management), Alexandre Hezez (Stratégiste, Groupe Richelieu) et Aymeric Diday (Directeur de la gestion, Pergam) dans SMART BOURSE, une émission présentée par Grégoire Favet.

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Transcription
00:003 invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13Emeric Dida est avec nous, directeur de la gestion de Pergam, bonsoir Emeric.
00:16Bonsoir Grégoire.
00:17Régis Beguet nous accompagne, associé et gérant chez Zadig Asset Management, bonsoir
00:21Régis.
00:22Bonsoir Grégoire.
00:23Et Alexandre Ezez est également à nos côtés, stratégiste du groupe Richelieu, bonsoir
00:27Alexandre.
00:28Bonsoir.
00:30Vendredi, on parlait déjà dans l'émission, c'est l'expression qui a été utilisée
00:34par un invité, Raphaël Thuyn, je le salue, le moment de chaque GPT de la défense européenne.
00:40L'idée, pas d'une innovation en l'occurrence, mais l'idée d'un moment de rupture, d'un
00:45moment d'accélération peut-être, d'une tendance, d'un éveil ou d'un réveil peut-être
00:51de ce secteur de la défense en Europe.
00:54Est-ce que c'est une expression que vous reprenez à votre compte aujourd'hui ? Est-ce qu'on
00:58est en train d'assister peut-être à l'émergence d'une Europe de la défense qui n'a jamais
01:04vu le jour jusqu'à présent ?
01:05Ce qui est certain, c'est qu'à chaque fois l'Europe fait des pas de géant quand elle
01:08est dos au mur et d'une certaine manière, ce qui s'est passé vendredi lui a permis
01:14de réagir.
01:15Ce qui est étonnant, c'est que l'Europe qui est cet animal lent, réglementaire, etc.,
01:20peut être capable d'un coup de faire des annonces fracassantes et d'une certaine manière
01:25de faire un énorme pas de côté.
01:27Évidemment que c'est un véritable changement.
01:30On avait vu à peu près la même chose sur le Covid, c'est-à-dire que tout ce qui était
01:33impossible à un moment devient probable, de probable devient potentiellement réalisable
01:38et peut se réaliser.
01:40Ce qui est très intéressant, c'est que finalement le Royaume-Uni rentre dans le jeu aussi.
01:47On ne parle plus d'Union Européenne mais maintenant d'Europe, ce qui est quand même
01:50un vrai changement puisqu'il y avait vraiment le Royaume-Uni à côté de l'Union Européenne
01:56et là on a vraiment l'impression que l'Europe, on va dire historique, se regroupe et devient
02:04solidaire avec finalement des véritables changements d'attitude des gouvernements.
02:08Donc ça c'est plutôt un véritable changement de paradigme.
02:12La réaction du marché est quand même très forte.
02:14Comme vous dites, l'Europe nous a habitués à beaucoup de discours, beaucoup de réunions,
02:22de rapports, etc.
02:24Là le marché semble faire crédit quand même sur la base d'autres choses, Alexandre.
02:29Il y a déjà une nécessité, parce que là on est dans un temps qui est assez pressant.
02:37Il semble quand même que tout ça a été assez préparé, en tout cas il y avait des
02:40plans B ou des plans C.
02:42Oui, tout ne sort pas du chapeau comme ça du jour le lendemain.
02:44Non, tout ne sort pas du chapeau comme ça.
02:46Après dans les discours, c'est vrai que ça va dans une dynamique à la fois politique
02:51avec les élections allemandes, où on a quand même un nouveau chancelier qui change
02:56complètement de discours par rapport à Olaf Scholz.
02:58Donc là, il y a vraiment un temps, une dynamique et les marches sont montées à la fois progressivement
03:05mais en tout cas dans la temporalité c'est plutôt bien.
03:08Donc tout est fait pour trouver une solution.
03:11Et puis ce qui est assez clair, et on en parlera certainement, mais après il y a les discours
03:16et puis après il y a la mise en place.
03:19Mettre 3% du PIB en budget de défense.
03:22Décrire sur un papier c'est bien, le faire c'est peut-être plus compliqué.
03:26On l'a fait d'une certaine manière à un moment sur le Covid où il y avait une solidarité.
03:30Effectivement, mettre en place de la dette européenne, ça paraît la meilleure chose à faire
03:33mais c'était une période complètement différente.
03:35On sortait de crise, la Banque centrale européenne achetait des titres d'État encore.
03:41Là, on est dans une dynamique complètement différente avec cette crainte d'inflation.
03:44Et la vraie question, ça va être de se poser, c'est le fait que
03:50est-ce que l'inflation va remonter si on met en place un déficit budgétaire supplémentaire ?
03:54Donc il pourrait y avoir des limites quand même physiques, j'ai envie de dire,
03:59à cette volonté, cette coalition des volontaires sur les questions de dépense,
04:04de réarmement, d'investissement en militaire ?
04:09Oui, en fait on aura quand même besoin des banques centrales et il va falloir qu'elles soient là.
04:12Donc il va falloir gérer quelques points, on va dire, réglementaires au niveau de la Banque centrale,
04:20quelques missions et ça, ça va être peut-être le point compliqué.
04:25Il y a des petites questions d'intendance derrière ce cap et cette vision
04:28qui est offerte aujourd'hui sur l'idée d'une Europe de la défense.
04:32Régis, qu'est-ce qui ressort pour vous de l'analyse des dernières heures, des derniers jours
04:36sur la question notamment de la défense européenne, de l'investissement et des dépenses d'investissement
04:42pour l'infrastructure de défense européenne ?
04:46Oui, alors ce qui est assez spectaculaire dans les performances que vous mentionniez
04:50ou qui étaient mentionnées initialement, s'agisse de Thalès, de Leonardo en Italie, de Rheinmetall en Allemagne,
04:58c'est que ces performances spectaculaires d'aujourd'hui, ces hausses de 15%
05:05viennent s'ajouter ou se composer avec des hausses qui ont été absolument faramineuses dans les trois dernières années
05:12et notamment depuis le premier déclenchement de la guerre en Ukraine en mars 2022.
05:17On parle de cours de bourse qui ont déjà multiplié par 3, 4, parfois par 10
05:23pour ce qui concerne Rheinmetall sur les trois dernières années
05:26et c'est là-dessus qu'on a des hausses de 15% aujourd'hui.
05:29Donc c'est vrai que c'est quand même très spectaculaire.
05:31Et des P.E. qui n'ont rien à envier à des P.E. de stars de la tech ?
05:37On partait de multiples qui étaient souvent inférieurs à 10 fois, voire à 5 fois.
05:44Il y avait des entreprises qui avaient des difficultés industrielles.
05:48Je pense notamment à Leonardo qui était quand même dans des complexités industrielles à l'époque
05:54qui ont été bien remises à plat depuis et donc il y a eu d'abord une dynamique de résultats.
06:00Il y a eu une augmentation des multiples mais encore une fois partant de niveaux très bas.
06:05Donc là on se situe plutôt sur des multiples de P.E. de 15, 20, 25 fois
06:09qui sont élevés pour des grandes valeurs industrielles de ce type
06:13mais qui ne sont pas encore dans les multiples faramineux qu'on a pu connaître dans la tech
06:19pour cause d'ailleurs parce qu'on n'a quand même pas du tout les mêmes niveaux de croissance.
06:22Mais c'est vrai que c'est un secteur qui est intéressant
06:24parce qu'il y a beaucoup d'innovations technologiques malgré tout
06:28et notamment avec l'apparition des drones
06:33effectivement qui offrent des perspectives de développement souhaitables ou non.
06:37Ça se discute d'ailleurs mais en tout cas considérable et surtout d'innovations technologiques.
06:43Ça c'est un truc que Volodymyr Zelensky est prêt à vendre entre guillemets.
06:47C'est-à-dire le savoir-faire acquis par l'Ukraine à travers ses trois ans de guerre en matière de drones.
06:54Probablement le développement actuel et la combinaison des drones et de l'intelligence artificielle
07:03puisque vous avez cité la tech.
07:05Après encore une fois ça n'est pas que rassurant.
07:08C'est-à-dire qu'imaginer un drone tueur doté d'une intelligence artificielle
07:12c'est réjouissant ou pas.
07:16Mais en tout état de cause c'est vrai qu'il y a une dynamique
07:22qui se traduit potentiellement par des flux financiers sonnants et trébuchants.
07:28Maintenant côté quand même investissement,
07:32moi personnellement je n'ai pas très très bien compris
07:35comment nous allions trouver budgétairement des points de PIB alloués à la défense
07:42en particulier en France où on a quand même bien du mal à joindre les deux bouts
07:47et où la question est de savoir si non pas si on va être entre 3 et 0% de déficit budgétaire
07:52mais plutôt à 5 ou plutôt à 6 ou plutôt si on va retrouver 50 milliards encore de trous.
07:58Alors c'est vrai que l'Allemagne est dans une bien meilleure situation budgétaire.
08:02L'Italie aussi d'une certaine manière.
08:04Il y a peut-être d'autres pays avant la France qui ont besoin aussi de rattraper un certain nombre d'efforts
08:07en matière de dépenses de défense.
08:09Absolument.
08:10Et il y a l'échelon européen comme le rappelait Alexandre
08:13qui a permis quand même de subvenir au moins en partie aux problèmes du Covid.
08:17Bien sûr.
08:19Mais le Covid est arrivé dans une période où les taux étaient déjà quasiment à zéro,
08:29étaient toujours totalement négatifs.
08:31On sortait d'une période de sous-inflation de plus de 15 ans.
08:35Aujourd'hui on ressort à peine de l'inflation.
08:39Donc je ne suis pas sûr qu'il soit possible de remettre les taux à zéro
08:43uniquement dans des perspectives de financement de la défense budgétaire européenne.
08:48Tout ça pour dire que je pense que le marché va quand même assez vite en besogne actuellement
08:52et que le chemin sera probablement un peu plus compliqué que ce que le marché valorise aujourd'hui.
08:57Emric, votre lecture, votre analyse de la situation.
09:00Et c'est vrai qu'encore une fois, mis bout à bout,
09:03tous les événements politiques ou géopolitiques du week-end
09:06partant de l'altercation entre les équipes Trump et Volodymyr Zelensky dans le bureau Oval vendredi,
09:12tout, boursièrement en tout cas, profite à l'Europe aujourd'hui.
09:15Pour le moment en tout cas, c'est très clair.
09:17Par contre ça pose pas mal de questions parce qu'aujourd'hui on se voit quelque part
09:21imposer de la part des Etats-Unis des obligations budgétaires.
09:25Et c'est là où aujourd'hui l'Europe n'a toujours pas cette maturité suffisante
09:29pour être capable de prendre ces décisions-là
09:32sans y être forcé, être au pied du mur, mis au pied du mur quelque part par les Américains.
09:36Donc là il y a quand même un vrai sujet géopolitique.
09:39Deuxième sujet géopolitique, il est aussi pour la France.
09:42Parce que la France aujourd'hui, chaque année, fait passer son déficit abyssal
09:46en justifiant auprès de l'Europe, oui mais nous on est la défense de l'Europe,
09:50on a investi, on a une armée.
09:52L'Allemagne a très peu investi ces 30 ou 40 dernières années.
09:55Les poils de l'histoire, évidemment, y est pour quelque chose.
09:57Mais la réalité, c'est qu'on risque de perdre aussi un argument très important en France
10:02pour faire passer...
10:04Justifier notre déficit propre.
10:06Donc ça peut poser aussi d'énormes problèmes.
10:08C'est pour ça que la solution européenne au financement de l'armement en Europe
10:12est un vrai gros sujet important.
10:14Et Mario Draghi, lui, dans son rapport, disait
10:16il va falloir investir, il va falloir des grands plans d'investissement en infrastructures ou autre.
10:19Et dans le ou autre, il peut y avoir évidemment la défense
10:22qui va être un vrai sujet au niveau européen.
10:25Ce qui est plutôt une très bonne chose évidemment pour l'Europe.
10:27Et de voir en plus que l'Angleterre, les Anglais rejoignent un peu ce consortium aujourd'hui,
10:34ce n'est pas anodin et c'est plutôt une bonne nouvelle.
10:37Parce qu'autant il y a de la technologie pas mauvaise en France,
10:40les Italiens ont aussi des savoir-faire,
10:42et puis les Anglais aussi, il ne faut pas les oublier sur ces sujets-là.
10:45Ils ont d'énormes capacités et savoir-faire.
10:48Donc c'est pour ça que de voir une sorte d'unité un peu plus européenne,
10:53même au sens large, c'est plutôt bien en vue de stabiliser une paix future
10:59dans le dossier Ukraine-Russie.
11:02Donc c'est plutôt des bonnes choses.
11:04Après, en termes de valorisation, évidemment vu les parcours boursiers
11:07qu'on a connus ces derniers mois, trimestres, années,
11:11aujourd'hui on a des valorisations qui sont stratosphériques,
11:14ça va mettre du temps, parce qu'on nous annonce toujours des centaines de milliards,
11:18on a très peu d'indications sur la temporalité.
11:21Donc mettre un budget, il faut mettre une notion de temps,
11:25parce que dépenser en une année ou en dix ans,
11:28ce n'est pas tout à fait la même chose en termes budgétaires.
11:30Donc ça aussi, ce sont des choses qui sont importantes,
11:32qui vont être importantes de regarder sur les prochaines années.
11:34Et ça, c'est très directement corrélé aux perspectives qu'on peut avoir
11:37pour une Rhein-Metal, un Leonardo, un Airbus, etc.
11:41On ne justifie pas du tout les mêmes choses que si on a un budget
11:45qui va être dépensé pendant les dix ou quinze prochaines années,
11:47là aussi il doit être dépensé dans les trois ou cinq prochaines années,
11:49auquel cas, ça va nécessiter des investissements massifs, immédiats,
11:53et il va falloir pouvoir les financer.
11:55Donc c'est là où la notion de temporalité va prendre tout son sens,
11:58et ça, ça va arriver assez vite, parce qu'il va vite falloir,
12:01d'où vient l'argent, quand est-ce qu'il est mis en œuvre,
12:04et comment on finance tous ces plans d'investissement,
12:07dans la défense et plus dans l'armement,
12:10puisqu'attention, on a changé de typologie,
12:12on a des terminologies qui ont beaucoup évolué ces dernières années,
12:15pour refaire passer aussi des budgets au niveau des financements,
12:18c'est plutôt sur les financements de défense,
12:20là où maintenant on recommence à parler de financement d'armement.
12:23Attention, ce n'est pas les mêmes méthodes,
12:25ce n'est pas les mêmes terminologies aussi,
12:27dont on commence à reparler de nouveau,
12:29on recommence à parler d'armement,
12:31là où depuis quelques années on ne parlait que de défense.
12:33Donc là aussi, ça va être intéressant,
12:35c'est un peu tôt, quelque part,
12:37pour analyser réellement comment ça va se faire,
12:40mais il y a des petites choses,
12:42au moins des petits points d'intention
12:44auxquels il faut s'intéresser dès maintenant.
12:47Donc, positif sur ce secteur, ça c'est sûr,
12:49parce que c'est une tendance vraiment importante,
12:52vraiment de fond qui est mise en place, sélectif,
12:56mais par contre, il faut essayer de trouver un peu les points d'entrée,
13:02ne pas aller sur les exagérations comme on connaît aujourd'hui typiquement,
13:07plutôt s'alléger sur les exagérations,
13:09et revenir dès qu'il y a des points d'entrée intéressants,
13:11surtout les acteurs européens,
13:13parce qu'ils vont tous être concernés par ces sujets-là.
13:16La commande publique, évidemment, est stratégique, cruciale
13:20pour le développement d'une industrie de défense
13:22et de l'augmentation des capacités d'une industrie de défense,
13:25mais l'argent privé peut quand même aider aussi
13:27à la construction de cette industrie de défense européenne, Alexandre ?
13:32Non, évidemment.
13:33Ça peut intéresser des investisseurs privés ?
13:35La réglementation peut permettre à des investisseurs privés
13:38d'être plus actifs ou proactifs dans ce genre de thématiques ?
13:42Sur la réglementation, on va avoir beaucoup de changements,
13:47parce que je rappelle que tous les critères extra-financiers
13:50étaient quand même un frein à l'investissement sur la défense
13:55et encore de surcroît plus sur l'armement,
13:58et je pense que l'Europe va s'adapter assez rapidement.
14:03Juste pour rebondir là-dessus,
14:04je pense qu'il ne faut pas négliger les Américains,
14:06parce que finalement ce budget…
14:08En fait, la stratégie de Trump est assez claire,
14:11d'ailleurs le retrait américain,
14:13finalement la stratégie c'est de se faire payer,
14:15donc une partie du budget de la défense ou de l'armement
14:20sera attribuée aux Américains.
14:23C'est une manière de négocier,
14:25et c'est exactement ce que veut Trump,
14:26il ne veut juste pas défendre gratuitement.
14:28On l'a vu effectivement dans la répartition du financement de l'OTAN,
14:32dans tout, et d'une certaine manière,
14:34ce qui est annoncé par l'Europe,
14:35c'est aussi une manière de pouvoir discuter avec les Américains,
14:38parce qu'il faut aussi des cadences,
14:40c'est facile de dire qu'on veut une armée,
14:42mais on a des belles entreprises,
14:43mais elles ne sont pas capables pour l'instant
14:45de mettre en place une cadence accélérée
14:48pour satisfaire ce dont on a besoin,
14:50et évidemment que les Américains sont là,
14:52et je pense que dans la stratégie américaine,
14:54c'est clairement le point central
14:57de rééquilibrage de l'Europe et des Etats-Unis.
15:01Mais c'est un lien qui reste quand même dominant
15:04entre l'Europe et les Etats-Unis,
15:06parce qu'on sort de ce week-end,
15:07on ne sait plus trop si l'Occident existe encore, etc.
15:12Mais vous dites, oui, il y a quand même cette relation-là,
15:15elle ne va pas disparaître,
15:16et elle peut même se rééquilibrer
15:18entre les Etats-Unis et l'Union Européenne.
15:20C'est la demande de Trump.
15:22En fait, on est quand même dans la négociation,
15:24et on sait comment Trump négocie,
15:26il a toujours négocié comme ça,
15:27il tape extrêmement fort,
15:29et après il négocie.
15:31Donc on est clairement dans un schéma
15:33Donald Trump assez classique,
15:36et finalement l'Europe répond aux désidératas de Donald Trump
15:40sur la volonté de rééquilibrer déjà le commerce extérieur,
15:43mais aussi ce qui est impacté par les Etats-Unis en Europe.
15:47Est-ce que tout ça peut aller dans le sens
15:49d'une meilleure relation transatlantique
15:51dans le monde de Trump ?
15:53Je ne suis pas sûr que l'altercation de vendredi soir
15:57ait été calculée, ait été prévue,
16:00ni par les uns ni par les autres.
16:02Chacun a son petit avis sur la question.
16:04On est d'accord,
16:06mais la vôtre n'est pas moins que les autres.
16:09Ça me paraissait relativement naturel,
16:12ou alors ils jouent tous assez bien.
16:14C'est possible, c'est tout à fait possible aussi.
16:18Ce qui est sûr, c'est qu'on peut voir le verre à moitié plein,
16:22qui est l'augmentation nécessaire des dépenses européennes,
16:26on peut aussi voir le verre à moitié vide,
16:28c'est-à-dire que globalement,
16:30les Etats-Unis, comme vous l'avez dit,
16:32veulent réduire leurs dépenses militaires en Europe.
16:37Les valeurs que nous avons mentionnées et citées
16:41font une très grande partie de leur business aux Etats-Unis aussi.
16:45Donc ce ne sera pas du 1 plus 1 égale 3,
16:50ce sera peut-être du 1 plus 1 égale 1,5 en réalité,
16:53parce que ce qui sera rajouté d'un côté
16:55sera peut-être partiellement enlevé de l'autre aussi.
16:59Il faut relativiser l'enthousiasme sur la question.
17:02Est-ce que cette question,
17:03ce qu'on appelle la quête de souveraineté européenne,
17:07qui est aujourd'hui très concentrée sur les questions de défense,
17:10d'armement, militaire, parce que le temps presse,
17:12comme disait Alexandre Azet,
17:14est-ce que c'est aussi une thématique
17:16qui va au-delà des simples questions de défense ?
17:19Est-ce que le regain ou la reconquête de la souveraineté européenne,
17:22c'est quelque chose qui concerne et qui va concerner demain d'autres industries ?
17:25Il y a eu une annonce un peu concomitante aujourd'hui,
17:29qui n'est pas directement liée,
17:31mais qui a fait monter le secteur de l'automobile notamment,
17:34qui a été une annonce par l'Union européenne
17:39que la réglementation CO2 de 2025
17:43allait être non pas allégée,
17:45mais modifiée dans sa temporalité,
17:48c'est-à-dire qu'au lieu que les constructeurs soient obligés
17:51d'atteindre les 95 grammes au kilomètre dans l'année 2025,
17:56en moyenne sur leur flotte,
17:59ce sera très probablement étalé sur 4 ans,
18:02ce qui laisse aux constructeurs automobiles
18:06une certaine flexibilité par rapport à la faiblesse
18:10de la demande électrique,
18:12parce que pour atteindre cet objectif-là,
18:14en gros, une voiture électrique est considérée
18:16comme 0 grammes de CO2, même si ce n'est pas vrai,
18:19et une voiture thermique, 120 grammes de CO2,
18:21donc en gros, il faut vendre une voiture électrique
18:24pour 25% de voiture électrique.
18:29Or, l'état du marché aujourd'hui en Europe, c'est 15%,
18:32et donc le risque potentiel d'amende
18:35sur l'ensemble des constructeurs automobiles européens
18:38était de 15 milliards d'euros,
18:40et toujours de 15 milliards d'euros,
18:42avec une alternative possible,
18:44ou brader les voitures électriques pour faire plus de volume,
18:46ou autre alternative, encore plus fun,
18:49acheter des crédits à BYD ou à Tesla.
18:53Et donc, c'est peut-être le hasard
18:55que l'annonce a été faite aujourd'hui,
18:57ce qu'on attendait pour début mars,
18:59mais en tout cas, quand on parle du sujet de souveraineté,
19:01on est capable d'arrêter quand même le truc
19:03avant que ça devienne n'importe quoi.
19:05Après, il y a effectivement le secteur de la pharmacie
19:07qui est en forte hausse aujourd'hui,
19:09en tout cas certaines valeurs.
19:11Je ne pense pas qu'il y ait de lien direct,
19:14de lecture directe à faire,
19:16dans la mesure où la pharmacie, globalement,
19:18fait entre 30 et 50% de ses résultats aux Etats-Unis,
19:22et ce sont bien les Etats-Unis
19:25qui sont le grand driver de la profitabilité dans la pharmacie,
19:29et ensuite il y a l'Asie, et ensuite vient l'Europe.
19:31Donc je ne pense pas qu'il y ait une lecture particulière
19:33à faire sur la pharmacie,
19:35mais peut-être que dans l'enthousiasme général,
19:38la pharmacie est en portée, comme le reste, par la hausse.
19:41Justement, parlons de cette hausse des actions européennes,
19:43qui emporte un peu tout depuis le début de l'année,
19:46depuis quelques semaines maintenant.
19:48Comment vous regardez ce trade ?
19:50Est-ce que c'est plus qu'un trade ?
19:52Est-ce que ça peut être une tendance
19:54qu'on a envie d'accompagner à travers 2025 ?
19:57Et sur quelle base, d'ailleurs,
19:59est-ce que les actions européennes montent aujourd'hui ?
20:01Est-ce que les résultats sont en soutien ?
20:03Est-ce que c'est uniquement une revalorisation
20:05du marché actions européens ?
20:07Nous, on le voit surtout comme une revalorisation.
20:09En fait, on avait un tel déficit de valorisation aujourd'hui
20:11de l'Europe par rapport aux Etats-Unis
20:13que c'est un élastique, il y a un balancier.
20:15Au bout d'un moment, ça repart dans l'autre sens,
20:17ça se détend, et on est un peu dans ce cas-là.
20:20En plus, ça arrive à un moment où Dipsy
20:22qui est venu chambouler toute l'histoire TQS.
20:25Remettre du risque, remettre un peu de risque dans l'IA.
20:28Exactement, donc du coup, ça arrive
20:30quand il y a un gros stress sur la croissance
20:32ou sur l'hyper-croissance aux Etats-Unis.
20:34Vous avez toujours la value européenne qui vient en soutien
20:36et qui repart à la hausse.
20:38On le voit avec les VOLIA.
20:40Les NJ, tous ces titres.
20:42La chimie monte.
20:44Il y avait besoin de revalorisation.
20:46Et c'est vrai qu'aujourd'hui,
20:48on a cette espèce d'effet de balancier
20:50qui repart dans l'autre sens.
20:52Est-ce que le balancier va pouvoir se poursuivre
20:54et repartir quelque part dans une tendance
20:56un peu comme ce qui est en train de se passer aux Etats-Unis
20:58où vous avez l'hyper-tech qui continue de baisser
21:00mais tout le reste de la cote aussi
21:02qui repart aussi un tout petit peu à la hausse.
21:04Quand on regarde la décomposition
21:06de la valorisation des indices aux Etats-Unis,
21:08si vous enlevez ces valeurs d'hyper-tech,
21:10d'hyper-croissance,
21:12vous n'étiez pas plus loin que la moyenne historique
21:14des valorisations aux Etats-Unis.
21:16On n'est pas non plus extrêmement cher aux Etats-Unis.
21:18C'est pour ça qu'il y a un potentiel de poursuite
21:20de cette tendance.
21:22C'est un peu de rattrapage
21:24mais on sent qu'il y a quand même une petite dynamique
21:26un tout petit peu meilleure sur les actifs européens.
21:28Le vrai signe,
21:30ce sera si on voit les small-cap européennes
21:32repartir à la hausse
21:34ou en quel cas on pourra se dire
21:36qu'il y a quelque chose.
21:38Ça veut dire qu'on serait prêt à aller au bout de la prise de risque
21:40sur l'Europe.
21:42Une vraie prise de risque, une vraie réallocation des actifs
21:44pour des actifs risqués
21:46en Europe, ce qui n'est pas encore le cas.
21:48Pour le moment, on est encore uniquement dans le début
21:50de revalorisation
21:52des multiples parce qu'on était à des niveaux
21:54extrêmement faibles mais on n'est pas encore
21:56dans la vraie tendance
21:58qui nous emmène beaucoup plus loin.
22:00Parce qu'il faudrait avoir de la confiance.
22:02En ce moment, on n'est pas encore à avoir une hyper-confiance
22:04dans l'économie européenne, dans la croissance européenne.
22:06On a quand même des petites choses
22:08qui sont pas mal. C'est la baisse
22:10de l'inflation qui est finalement
22:12pas si mauvaise que ça.
22:14Ça se confirme encore sur les chiffres publiés ce matin.
22:16Ça va peut-être moins vite que ce qu'on imaginait
22:18mais ça continue de baisser.
22:20Ce qui va pouvoir pousser les banquiers centraux à peut-être agir.
22:22L'inflation dans les services
22:24baisse en zone euro. Je crois qu'on est à 3,7
22:26dans les services sur un an sur la marque
22:28publiée ce matin pour le mois de février.
22:30C'est le chiffre le plus bas qu'on ait vu depuis
22:32la crise Covid.
22:34C'est plutôt des choses positives
22:36et des soutiens assez forts.
22:38On sent qu'il y a quelque chose qui justifie
22:40en tout cas d'avoir une meilleure valorisation
22:42des actifs européens.
22:44On a quelques secteurs qui se distinguent.
22:46On voit le secteur des financières reprendre
22:48de l'intérêt depuis le début
22:50de l'année.
22:52Pour ceux qui n'avaient pas vu l'intérêt de ce secteur
22:54les années précédentes. Parce que ça fait 3 ou 4 ans
22:56que les financières surperforment en Europe.
22:58Tout à fait. Mais là, on a un peu plus de M&A
23:00notamment en Italie
23:02ou en Allemagne. On sent qu'il y a une volonté
23:04d'aller de l'avant. Peut-être qu'un jour en France
23:06on se posera enfin la question de nos multitudes
23:08de banques qui ne sont presque
23:10non plus de sens d'en avoir autant
23:12cotées avec des tailles aussi importantes.
23:14On voit les gestions d'actifs
23:16sont tous en train de se rapprocher.
23:18Il y a un moment où il va falloir que peut-être
23:20les pouvoirs publics aident
23:22un tout petit peu à ce que des décisions soient prises.
23:24On n'a pas les banques les plus
23:26fragiles d'Europe.
23:28Elles sont presque trop bien nos banques.
23:30Donc au final, on ne les valorise pas
23:32parce qu'elles ont des billets trop sains.
23:34Merci la réglementation au passage.
23:36Mais encore une fois, il y aurait mieux à faire
23:38avec une concentration plus importante.
23:40C'est pour ça que ce secteur continue d'être favorisé.
23:42Tant mieux. Et il y a encore
23:44un potentiel parce qu'on est vraiment
23:46à des niveaux qui sont encore...
23:48Oui, ça a beaucoup monté mais ce n'est pas cher. C'est toujours pas cher.
23:50Les résultats ont été
23:52au rendez-vous de ce point de vue-là.
23:54Exactement. On peut encore avoir du potentiel de revalorisation
23:56sur ce secteur-là. C'est pour ça que
23:58repondérer de l'hypertech
24:00US par un peu de
24:02value européenne, il faut l'appeler
24:04comme on l'est. Souvent, il faut le rester
24:06sur des temps relativement
24:08faibles. L'histoire nous a prouvé que la value
24:10ne surperformait pas sur le long terme
24:12les valeurs de croissance.
24:14Donc, de temps en temps, il y a des timings.
24:16Il faut essayer de les prendre. Il faut essayer d'en profiter parce que les valorisations
24:18peuvent être importantes pour les comptes.
24:20Et puis après, il faudra repasser sur la
24:22croissance américaine parce que, quoi qu'on
24:24en dise...
24:26Elle restera plus forte là-bas ?
24:28Elle restera plus forte là-bas sur le moyen et long terme.
24:30C'est juste de l'arbitrage et de l'allocation d'actifs.
24:32La croissance américaine,
24:34elle a été beaucoup plus forte
24:36sur le
24:38cycle passé.
24:40Néanmoins, il y a au moins des questions de court terme
24:42sur la conjoncture américaine,
24:44Alexandre. Série d'enquêtes
24:46essentiellement. Il n'y a pas encore
24:48de chiffres durs qui font mal.
24:50Il y a eu les ventes au détail. Il y a les
24:52indicateurs de PIB instantanés, effectivement,
24:54qui ont beaucoup baissé en quelques jours,
24:56avec un niveau d'importation
24:58qui a été très fort aux
25:00Etats-Unis au cours du
25:02mois de janvier. Est-ce qu'il faut s'inquiéter d'un ralentissement
25:04conjonctuel plus rapide et plus prononcé
25:06que ce qu'on pouvait craindre aux Etats-Unis ?
25:08Pour l'instant, il n'y a pas une dégradation franche de l'emploi.
25:10C'est quand même le nerf
25:12de la guerre. Quand on voit les surprises
25:14économiques, elles sont vraiment
25:16en faveur de l'Europe par rapport aux Etats-Unis,
25:18alors que ce n'était pas le cas jusqu'au mois, jusqu'à
25:20décembre, où on avait des surprises économiques
25:22qui étaient très fortes aux Etats-Unis,
25:24avec un espèce d'engouement des chefs d'entreprise.
25:26On avait tous les
25:28questionnaires, les sondages sur les chefs
25:30d'entreprise après l'élection de Trump qui étaient
25:32au plus haut. Après, il y a un effet rattrapage
25:34parce qu'évidemment, le phénomène de l'élastique,
25:36il y avait tellement de confiance que ça revient
25:38et donc, en différentiel, c'est
25:40assez fort. Et puis,
25:42il y a un temps où
25:44toutes les mesures mises en place
25:46par Trump ne se verront pas avant le
25:485e semestre de cette année. Les baisses
25:50d'impôts, tout ça
25:52de toute façon, ce n'est pas du tout
25:54pour l'instant dans l'économie.
25:56Donc, on risque d'avoir un petit trou d'air, en tout cas,
25:58une défiance vis-à-vis des Etats-Unis
26:00et puis, à côté, il y avait
26:02l'Europe qui était vraiment très très mal
26:04en mi-novembre
26:06et puis, quand on regardait la liste,
26:08tout était plutôt
26:10au noir et là,
26:12encore une fois, on en a parlé, il y a une dynamique qui fait
26:14qu'il y a un peu plus de positivité et même
26:16quand on discute avec certains gérants américains,
26:18depuis le début de l'année, ils commencent à remettre de l'Europe
26:20alors qu'ils n'en avaient plus du tout.
26:22Parce que, je rappelle quand même qu'il y a eu
26:24une chance aussi pour l'Europe, c'était quand même l'euro
26:26aussi, pour les entreprises, c'est assez formidable
26:28et dans les résultats du 4e trimestre,
26:30on a plutôt des...
26:32Les bancaires ont fait
26:34le gros du taf
26:36mais on a plutôt des revalorisations
26:38en tout cas, sur les
26:40résultats. Donc, tout d'un coup,
26:42le levier s'est retourné
26:44et on a plus de visibilité à court terme
26:46pour l'Europe. Combien de temps ça va durer ?
26:48En tout cas, le timing. Si demain,
26:50effectivement, l'inflation, ce qui n'est pas notre scénario,
26:52remontait, ce serait catastrophique
26:54pour l'Europe.
26:56Là, ce que l'on voit, il y a quand même une réserve
26:58de désinflation en Europe qui est assez conséquente,
27:00notamment sur les salaires. On a vu
27:02le dernier rapport de la Banque centrale
27:04européenne qui montre que
27:06dans ces indicateurs avancés,
27:08on va avoir une décélération des salaires.
27:10C'est le gros, notamment dans l'inflation
27:12des services. Et donc, on a une visibilité
27:14assez bonne. Et normalement,
27:16dans le timing, ce qui va être
27:18assez intéressant, c'est que, finalement,
27:20la BCE aura terminé ses baisses de taux
27:22en juillet, pour être à peu près
27:24à deux, en tout cas, pendant le scénario.
27:26Et c'est là où la Banque centrale
27:28américaine devrait potentiellement les reprendre
27:30à un moment. Donc, il y a un timing
27:32qui va être assez intéressant
27:34sur l'euro dollar, notamment,
27:36mais on a une complémentarité
27:38des banques centrales qui, une fois que
27:40la BCE aura terminé, la Fed pourra
27:42peut-être reprendre ses baisses de taux.
27:44À ce stade, vous ne voyez pas la BCE
27:46aller franchement en zone
27:48d'accommodation. L'objectif, ça reste
27:50un taux neutre, un peu consensuel
27:52autour de 2%, mais
27:54il n'y a pas de nécessité à ce stade
27:56d'imaginer la BCE basculer
27:58à un et demi, pourquoi pas
28:00en dessous. Il y a des forces de rappel
28:02énormes. On a vu encore Isabelle
28:04Schneibel faire un discours
28:06assez fort. Et puis, on sait que la croissance
28:08avec les Allemands, en tout cas,
28:10on ne voit pas comment on pourrait non plus être
28:12un peu contre l'esprit allemand.
28:14Il faut être prudent. C'est-à-dire que l'inflation,
28:16on en parlait tout à l'heure, on est
28:18en désinflation, mais l'inflation est encore
28:20trop haute. Je veux dire, il faut que
28:22la BCE reste crédible pour
28:24tout effet, d'une certaine manière un peu
28:26comme les États-Unis, pour ne pas avoir
28:28à remonter les taux. Donc, plutôt
28:30essayer d'être un peu en retard
28:32quitte à casser un peu, mais
28:34surtout, ne pas revoir des inflations
28:36au-dessus de 3%.
28:38— Pas refaire de U-turn, de pivot
28:40dans le pivot, etc.
28:42— L'économie est tellement fragile. Ce qu'on a vu
28:44chez Christine Lagarde, ce qui est vrai, c'est qu'il y a un changement
28:46de discours. On pense
28:48plutôt croissance qu'inflation.
28:50Il y a un vrai changement. Après,
28:52autant pour la semaine prochaine, la baisse
28:54sera certainement unanime. Pour les autres baisses,
28:56les discussions vont être un peu plus...
28:58— Nouvelle discussion qui commence à partir de cette
29:00semaine pour la BCE. Enfin, à partir des prochains meetings.
29:02— Mais finalement, à la fête, c'est exactement
29:04pareil. Ça permet de tester le marché.
29:06Vous avez les faucons d'un côté. Enfin, ça va être
29:08intéressant. Et de voir comment on va...
29:10En tout cas,
29:12comment les discours
29:14vont se mettre en place. — Régis,
29:16sur la question des tarifs, et notamment du
29:18point de vue européen et des actions européennes,
29:20c'est votre univers d'expertise,
29:22c'est intégré
29:24un peu, beaucoup, pas du tout ? Est-ce que le marché
29:26croit à l'idée que l'Europe va se prendre
29:2825% parce que
29:30Trump aime pas l'Europe et qu'il aime beaucoup le chiffre de 25% ?
29:32Est-ce que c'est comme ça que ça marche ?
29:34Ou est-ce que... Non, mais si !
29:36Ou est-ce que le marché est un peu plus dubitatif
29:38que ça ? — D'abord, c'est en partie
29:40intégré parce que
29:42les valeurs d'équipementiers automobiles,
29:44qui ont par ailleurs plein d'autres
29:46difficultés, mais les valeurs du luxe,
29:48les valeurs du spiritueux, etc., sont des valeurs
29:50qui ont quand même globalement pas mal
29:52sous-performées depuis plusieurs mois,
29:54parce qu'elles avaient des problèmes
29:56endogènes,
29:58mais aussi parce que
30:00il y avait cette perspective de tarifs
30:02qui a fait une prime de risque. Ça, c'est la première chose.
30:04La deuxième chose, c'est que les tarifs, c'est extrêmement
30:06compliqué. On peut annoncer un chiffre de
30:0825%. 25% de quoi ?
30:10De quel contenu ? Quand vous
30:12importez du Mexique
30:14une automobile qui est
30:16assemblée au Mexique, vous pouvez avoir
30:18des
30:20importations de composants
30:22qui viennent de Chine, d'autres qui
30:24viennent d'Europe, d'autres qui vont directement
30:26aux Etats-Unis, et puis finalement
30:28la fin de l'assemblage se fait aux Etats-Unis, etc.
30:30Quand on parle de 25%, on ne sait
30:32pas très bien de 25%
30:34sur quoi ? Une pièce peut traverser 12 fois
30:36la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique avant
30:38d'être dans une auto finalisée,
30:40assemblée, etc.
30:42Ce sont quand même des chiffres qui sont sortis du chapeau
30:44qui ne veulent pas forcément dire
30:46grand-chose. Troisième point, très
30:48important,
30:50ce qui compte pour les
30:52producteurs, qu'ils soient
30:54européens ou mexicains, c'est
30:56leur niveau de compétitivité
30:58relative. C'est-à-dire
31:00est-ce que je réimporte
31:02plus aux Etats-Unis
31:04que mes concurrents
31:06ou pas ? Si je réimporte
31:08moins aux Etats-Unis que mes concurrents,
31:10finalement, plus il y a de tarifs
31:12et mieux c'est pour moi, parce que je produis
31:14relativement aux autres, plus aux Etats-Unis.
31:16Le cas par exemple de la filiale de Continental
31:18Contitech, dans le domaine du plastique,
31:20produisent plus sur le
31:22territoire américain que les
31:24concurrents. Donc ils ont un avantage concurrentiel
31:26par rapport au marché. Si vous prenez l'industrie
31:28cimentière en Europe,
31:30c'est une industrie qui produit aux
31:32Etats-Unis du ciment pour les Etats-Unis.
31:34Par conséquent, s'il y a
31:36des barrières sur le ciment,
31:38c'est favorable aux
31:40cimentiers,
31:42y compris les cimentiers européens,
31:44puisqu'ils ont des usines
31:46aux Etats-Unis. Et enfin,
31:48encore deux derniers points,
31:50il y a un effet de devise souvent qui peut
31:52compenser, et le dollar s'est quand même
31:54plutôt renforcé depuis l'élection de Trump,
31:56donc déjà on a un petit avantage compétitif
31:58peut-être de 4-5%, par rapport à
32:00ses 25, on en a déjà regagné.
32:02Oui, on a absorbé déjà une partie.
32:04Et dernier point,
32:06est-ce que le consommateur américain,
32:08en bout de chaîne, va être capable,
32:10va être content d'accepter
32:125, 10, 15, 20%
32:14d'augmentation de prix
32:16sur les produits qu'il aime
32:18et qu'il souhaite acheter ?
32:20C'est une autre question, qui est une question politique
32:22qui sera la question des élus
32:24américains à un moment donné, pour maintenir
32:26ces tarifs.
32:28La question est de savoir quels sont les objectifs qui sont poursuivis
32:30par Trump à un instant T. Est-ce que c'est l'objectif
32:32politique ? Est-ce que c'est l'objectif économique ?
32:34Ou est-ce qu'il veut parler des tarifs ?
32:36On verra demain sur le Canada et le Mexique.
32:38Encore une fois, Howard Lutnick ce week-end a tenu
32:40à modérer un peu le propos de Trump en disant
32:42qu'il n'a pas encore décidé
32:44sur le niveau des tarifs.
32:46Ça se met, et puis ça s'enlève aussi vite que ça s'est mis.
32:48Les allers-retours peuvent être
32:50assez fréquents.
32:52Donc le marché n'est pas complètement...
32:54Je pense qu'il y a
32:56un niveau d'inquiétude
32:58qui n'est pas absolument colossal
33:00sur cette affaire de tarifs.
33:02Sur ces questions de tarifs,
33:04il m'a l'impression que le marché
33:06laisse, comment dire,
33:08je ne sais pas comment dire,
33:10les redondementades de Trump, le marché
33:12s'y est un peu habitué et attend de voir
33:14sur le papier comment ça se passe.
33:16Les premiers exemples,
33:18il y avait eu...
33:20C'est la Colombie ?
33:22Oui, Colombie, Canada et Mexique,
33:24où tout a été retiré très vite, en 24 heures,
33:26sans qu'il n'y ait eu de deal
33:28non plus délirant entre les Etats-Unis
33:30et ces pays-là.
33:32C'est des effets d'annonce avec beaucoup de volatilité
33:34au moment de l'annonce, mais à chaque fois,
33:36c'est comme dans tout jeu politique,
33:38il y a l'effet d'annonce et puis après
33:40il y a la perte de crédibilité des annonces suivantes
33:42où on tape très fort. C'est vraiment la méthode
33:44de Trump qui nous a habitués à avoir
33:46pendant le mandat numéro 1.
33:48Et puis derrière, il y a
33:50le deuxième rideau de Trump
33:52qui arrive pour négocier et pour faire le travail.
33:54C'est-à-dire qu'il y a le commercial
33:56qui vient avec son idée magique,
33:58brillante et qui l'expose,
34:00qui tape très fort sur la table.
34:02Et puis derrière, il y a tous ceux qui doivent travailler
34:04qui arrivent et qui disent qu'on ne va pas casser
34:06toute l'entreprise pour une idée
34:08qui est sortie du chapeau. Mais par contre,
34:10il y a une volonté politique
34:12de rééquilibrer et ça,
34:14Trump sait parfaitement l'incarner.
34:16Et quand on regarde finalement
34:18au final ce que ça a donné pendant le mandat
34:20numéro 1 et les effets que ça a eu
34:22sur l'économie américaine,
34:24force est de constater que
34:26la réindustrialisation de l'Amérique
34:28elle a eu lieu, l'indépendance énergétique
34:30des États-Unis, elle a eu lieu
34:32et au final, la croissance...
34:34L'énergie, oui. Elle est là.
34:36Donc en fait, à force de taper,
34:38il fait quand même entendre très fortement
34:40son point de vue et ça a
34:42des effets quand même à moyen-long terme.
34:44On a un petit peu de recul maintenant
34:46pour voir que ça a été produit d'effets.
34:48Alors c'est arrivé évidemment dans un cycle économique
34:50plutôt de croissance
34:52mais au final,
34:54sa volonté politique a été quand même
34:56suivie de quelques effets qu'on perçoit
34:58aujourd'hui dans l'économie américaine.
35:00Alors est-ce que le particulier américain
35:02peut le subir ad vitam aeternam ?
35:04Aujourd'hui, il n'y a plus beaucoup d'épargnes
35:06aux États-Unis.
35:08C'est quand même à la question de l'inflation
35:10le consommateur américain.
35:12C'est pour ça que la sensibilité va être encore plus forte
35:14aujourd'hui à ces sujets d'inflation.
35:16Donc c'est facile, quand vous avez 10-15
35:18en Europe ou en France, on a 16% de taux d'épargne.
35:20Donc on peut finalement avoir
35:22réajusté par rapport à ses dépenses
35:24assez facilement, arbitré plus facilement.
35:26Aux États-Unis, ça ne va pas être pareil.
35:28Non. Si on lui taxe
35:30son avocat mexicain
35:32avec 25% ou son
35:34pétrole canadien
35:36avec 25%, ça peut se voir très vite
35:38dans l'assiette ou à la pompe.
35:40C'est pour ça que les effets peuvent être
35:42plus importants cette fois-ci
35:44et plus on avance dans le temps,
35:46moins il y a d'épargne, plus les effets vont être
35:48tout de suite réductités.
35:50C'est pour ça que Jérôme Powell est très attentif à ces sujets-là.
35:52Un mot de la Chine pour finir
35:54parce que là aussi, dans tous les événements
35:56qui nous attendent dans les prochains jours,
35:58il y a des choses qui vont se passer en Chine
36:00avec la grande réunion des plusieurs milliers de parlementaires chinois.
36:02C'est le congrès national de l'Assemblée
36:04populaire chinoise qui se tient cette semaine.
36:06Alexandre,
36:08je ne sais pas s'il y a des annonces particulières
36:10attendues, mais qu'est-ce qu'on peut
36:12imaginer ? Parce que là, pour le coup, visiblement,
36:14Canada-Mexique, on attendra de voir, mais demain,
36:16il y aura bien 10% de tarifs supplémentaires sur la Chine
36:18qui s'ajouteront aux 10% déjà annoncés
36:20au début du mandat
36:22de Donald Trump.
36:24Quelle est la situation de la Chine
36:26et quelles sont les options peut-être
36:28du pouvoir chinois aujourd'hui ?
36:30Il me semble qu'il y a un peu plus de dialogue à attendre
36:32entre la Chine et les Etats-Unis
36:34avec, effectivement,
36:36une Chine qui, on l'espère,
36:38enfin aura cette
36:40volonté
36:42de mettre en place une consommation
36:44un peu plus pérenne
36:46à l'intérieur de son pays.
36:48La seule chose, c'est qu'on est
36:50en crise immobilière depuis
36:52un certain temps. Il faut relancer la croissance.
36:54Finalement, ce qu'ont choisi
36:56d'une certaine manière
36:58les autorités chinoises,
37:00c'est de refaire monter le marché d'action
37:02pour créer un effet richesse sans que ça soit
37:04sur l'immobilier.
37:06C'est pour schématiser.
37:08Pour l'instant, c'est en passe
37:10d'être un peu gagné puisque quand on voit les chiffres
37:12en interne, c'est plutôt mieux la consommation,
37:14la confiance revient. Il ne faudra pas
37:16que le marché chinois rebaisse parce que là, ça serait
37:18un coup d'épée dans l'eau. Mais clairement,
37:20on a une banque centrale qui veut
37:22simplifier ses mécanismes sur les
37:24taux et finalement ressembler plus
37:26à l'autre banque centrale parce que c'était quand même
37:28malisible. Il y avait 3, 4,
37:3010 taux. A chaque fois,
37:32c'était du monnaie management
37:34incompréhensible pour la plupart.
37:36Donc là, simplifier,
37:38avoir une politique beaucoup plus conventionnelle
37:40en tout cas. Et ça, c'est plutôt de nature
37:42à rassurer. Après, évidemment,
37:44les tarifs vont se mettre en place. On a quand même l'impression
37:46qu'au niveau
37:48des tarifs douaniers,
37:50on n'est pas dans une
37:52situation comme en 2019 qui était extrêmement
37:54tendue, il me semble.
37:56Mais là, c'est plutôt attendu. La Chine s'est quand même
37:58plutôt préparée. Déjà, en termes
38:00de commerce, d'échange,
38:02elle a largement diminué. Ça fait plus
38:04ouvrir le Mexique d'une certaine manière
38:06elle. Donc elle est plus préparée.
38:08Elle est plus préparée au dialogue.
38:10Et en même temps, il y a quand même, alors ça c'est une anecdote,
38:12mais un Elon Musk qui est très, très
38:14implanté en Chine.
38:16Mais ça ne va pas très bien pour Tesla en Chine.
38:18Ça ne va pas très bien pour Tesla en Chine avec un
38:20État qui est très conciliant pour Elon Musk,
38:22notamment dans tous
38:24les procès qu'Elon Musk
38:26peut avoir avec certains clients, etc.
38:28Donc il y a quand même
38:30un intérêt tout particulier
38:32de quelqu'un de spécifique.
38:34Il y a un asset à préserver en Chine
38:36qui s'appelle Tesla et Elon Musk.
38:38Voilà. Et donc,
38:40en tout cas, les négociations
38:42vont être peut-être un peu plus simples
38:44qu'avec certains autres pays.
38:46Merci beaucoup, messieurs, pour votre éclairage
38:48au démarrage de cette semaine qui sera
38:50chargé, je le disais. On verra ce qu'il en est
38:52des tarifs douaniers promis demain
38:54par Donald Trump, la Banque centrale
38:56européenne, le congrès
38:58de l'Assemblée nationale chinoise
39:00et puis, bien sûr, les statistiques de l'emploi
39:02américain qui émailleront
39:04toute cette semaine jusqu'au rapport de vendredi.
39:06Regis Beget est avec nous, associé gérant
39:08chez Zadig Asset Management, Alexandre Ezez,
39:10stratégiste du groupe Rigelieux
39:12et Emerick Didet, directeur de la gestion de
39:14Pergam.

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