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Dans "Tout le monde veut savoir", Michel Onfray est venu parler de son livre "L'autre collaboration", dénonçant l'antisémitisme chez des philosophes de gauche du 20ème siècle. Il critique également la politique actuelle, évoquant l'impuissance des dirigeants démocrates face aux enjeux internationaux.

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Transcription
00:00Alors que l'invité du jour est en train d'arriver sur ce plateau, il est écrivain, philosophe, bonsoir Michel Onfray.
00:10Bonsoir.
00:11Merci d'être avec nous ce soir dans Tout le monde veut savoir.
00:13Vous publiez demain ce livre, L'autre collaboration, les origines françaises de l'islamo-gauchisme, aux éditions Plon.
00:20Vous y racontez plus que la part d'ombre, souvent l'irréparable, d'un certain nombre de philosophes de gauche du XXe siècle,
00:26Ricœur, Sartre, Beauvoir, Badiou, leur rapport à l'antisémitisme, au maréchal Pétain à la collaboration.
00:31On en parlera bien évidemment.
00:33Mais vous êtes aussi un observateur attentif de l'actualité nationale, internationale.
00:37On parlera notamment dans un instant de ce qui est tombé il y a quelques instants,
00:41deux jours après la visite du président de la République, Donald Trump,
00:44qui vient d'annoncer que les produits européens seraient taxés à hauteur de 25%
00:48et qui a expliqué que les garanties de sécurité c'était bien pour l'Europe mais qu'il n'y en aurait pas du côté des États-Unis.
00:53On en parlera dans un instant.
00:55Mais juste avant, pour faire le lien avec le sujet qui était évoqué,
00:58cette réunion sur l'immigration qui a abouti à ces déclarations du Premier ministre François Bayrou
01:04qui souhaite fixer un ultimatum à Alger, 4 à 6 semaines,
01:08soit ils acceptent de récupérer des ressortissants frappés d'OQTF, obligation de quitter le territoire français,
01:13soit il y aura réexamen des accords, notamment le fameux accord de 68.
01:18Je vous entends souvent, Michel Onfray, vous êtes très sévère avec le pouvoir actuel,
01:22expliquer qu'au fond, il y a une forme d'impuissance des pouvoirs publics, une forme de laxisme généralisé.
01:27Là, ce n'est pas le cas.
01:29Là, le pouvoir montre ses muscles face à Alger.
01:32Il montre ses muscles, ça oui.
01:34Mais il ne s'agit pas de montrer ses muscles, il s'agit d'envoyer des coups.
01:36Donc c'est bien de faire le kéké en disant que si ça continue, ça va continuer.
01:40Et si ça continue, ça ne va pas le faire.
01:42Quand on dit 4 à 6 semaines avant de prendre des décisions.
01:44Non, c'est comme ça, c'est ainsi.
01:46Pensez que Trump va donner des coups de fil en demandant si les gens sont d'accord pour négocier.
01:51Avec un régime comme celui-ci, avec des gens qui fonctionnent comme ça,
01:55on ne dit pas qu'on fait des réunions,
01:57on ne dit pas qu'à l'issue des réunions, on a décidé qu'on allait dire ça.
02:00On ne dit pas qu'on allait demander l'autorisation à l'Algérie
02:02de savoir si elle allait donner son accord.
02:04Ce n'est pas ce qui est fait, Michel Onfray.
02:06Là, François Bayrou, il dit, pendant 4 à 6 semaines,
02:08on va soumettre la liste de ressortissants que vous devriez accueillir.
02:11Et si ce n'est pas le cas, on remettra en cause des accords de 68
02:13qui sont effectivement favorables aux Algériens.
02:15Il y a eu assez de choses qui ont été dites et qui ont été faites.
02:18Ne serait-ce que, d'ailleurs, la présence de Boilem Sansalle en prison,
02:21ça devrait suffire.
02:22– C'est-à-dire qu'il faudrait recuser tous les accords.
02:24– Des Boilem Sansalle en prison.
02:26En disant, on ne tolère pas qu'un citoyen franco-algérien
02:29puisse être coupable de penser, d'écrire et de réfléchir.
02:32Et moyennant quoi, voici notre ultimatum.
02:35Cette façon de dire, il y aura un ultimatum,
02:37nous allons vous dire que, etc.
02:39Vous voyez Emmanuel Macron qui dit, je dirai à Donald,
02:41Donald ceci, Donald cela, etc.
02:43La diplomatie, ce n'est pas ça, la politique, ce n'est pas ça.
02:45On ne dit pas, on va faire, on va dire,
02:47on prend les caméras du monde entier à témoin en disant,
02:49on va vous expliquer ce qu'on va faire si on ne nous retient pas.
02:51Et puis en fait, on n'a pas les moyens, on n'a pas la puissance.
02:53– Ça fait deux fois que vous évoquez Donald Trump
02:55et on en parlera là encore sur ce qu'il vient d'annoncer
02:58dans une sorte d'équivalent du conseil de ministre,
03:00il a réuni ses principaux collaborateurs.
03:03C'est un exemple, Donald Trump, en termes de géopolitique,
03:06de relations internationales ?
03:08– Non, je ne fais pas de la morale, je fais de la politique.
03:10Quand on fait de la politique, on a des gens qui font de la politique.
03:12Je ne vais pas dire, ce sont des gentils,
03:14si vous êtes un gentil…
03:16– C'est pas qu'une question d'un gentil, c'est qu'on a un président élu
03:18qui dit, je veux annexer le Groenland, le golfe du Mexique,
03:20qui ne s'appelle plus le golfe du Mexique, qui s'appelle le golfe des États-Unis.
03:22Et vous semblez dire qu'au fond, c'est une sorte de petit brévière
03:24de ce qu'Emmanuel Macron et François Hollande voudraient faire.
03:26– Vous dites, je semble, mais je ne semble pas,
03:28je dis ce que je dis, pas autre chose, pas autrement.
03:30Je dis simplement que Erdogan fait de la politique,
03:32que l'Iran fait de la politique, la Chine fait de la politique,
03:34l'Europe ne fait pas de politique et que les États-Unis font de la politique.
03:37Après ça, peu importe que ça s'appelle Trump, ça s'appelle Erdogan, je ne sais quoi.
03:40Ce n'est pas mon problème, l'Algérie fait de la politique,
03:43M. Thibault n'en fait, et nous on n'en fait pas.
03:45C'est-à-dire, on est dans des démocraties qui ont peur
03:48et qui n'osent pas affirmer leur valeur en disant,
03:51c'est ainsi, ça va se passer comme ça.
03:53– Et c'est peut-être aussi ce qui fait la différence
03:55avec parfois des dérives ou des tendances autoritaires.
03:57Vous citez des régimes, l'Algérie, l'Iran, la Turquie d'Erdogan,
04:00pas sûr que ce soit des exemples…
04:02– Mais l'alternative, ce n'est pas la décadence ou la dictature.
04:04Si on peut avoir des démocraties fortes, je renvoie à Jean-François Revel,
04:07qui avait beaucoup écrit sur ce sujet, en disant,
04:09la démocratie, ce n'est pas la possibilité de tout dire, de tout faire,
04:12de laisser faire, de laisser dire, de dire qu'on va pouvoir se faire mépriser,
04:15se faire insulter, se faire trimballer en permanence.
04:18Non, ce n'est pas ça la démocratie.
04:20On a des valeurs, on y croit, on les impose.
04:22Pour ça, faudrait-il encore que la souveraineté signifie quelque chose
04:25et que derrière le chef de l'État, il y ait la nation.
04:28Mais un chef de l'État qui est élu par défaut,
04:30on ne va pas rentrer dans le détail,
04:32ça fait quand même des années que tout ça est par défaut,
04:34quand il perd des élections, il dit qu'il les gagne.
04:36Donc, vous n'avez pas la légitimité, vous n'êtes pas légitime,
04:38vous n'êtes pas crédible.
04:40D'ailleurs, vous arrivez en disant, vous avez vu ce qu'a fait
04:42l'intelligence artificielle, vous avez vu mes cheveux,
04:44vous avez vu mes bouclets, tout ce genre de choses.
04:46Vous faites référence au petit montage qu'il a fait
04:48au sommet sur l'intelligence artificielle ?
04:50Oui, qu'il a montré comme étant drôle.
04:52Heureusement qu'on a eu une dame intelligente indienne disant,
04:55non, ce n'est pas drôle du tout, personne n'ose dire que ce n'est pas drôle.
04:57Trouvez que le pouvoir incarné par Donald Trump
04:59est plus conforme à l'idée que vous faites d'un...
05:01Je ne parle pas de...
05:03Vous dites ça sur Emmanuel Macron,
05:07mais une vidéo sur l'intelligence artificielle,
05:09ça met en cause une question de crédibilité ?
05:11Vous faites semblant de croire que c'est une vidéo
05:13sur l'intelligence artificielle.
05:15C'est une vidéo narcissique, égotiste
05:17d'un personnage qui parle de ses bigoudis
05:19et qui s'en vient nous dire que c'est assez bien fait,
05:21qu'il est assez content de lui, ou ce genre de choses.
05:23Là encore, c'est pro-sexualiste,
05:25c'est une vidéo qui a été faite pour le sommet
05:27sur l'intelligence artificielle, vous avez le droit de ne pas l'aimer.
05:29Vous avez le droit aussi de ne pas la mettre en ligne
05:31en disant que je l'ai trouvée bien faite.
05:33Il y a un moment donné où, si vous êtes chef de l'État,
05:35quand vous voulez parler de l'intelligence artificielle,
05:37vous pouvez dénoncer les dangers
05:39de l'intelligence artificielle sans vous mettre en scène
05:41peroxydé ou avec des bigoudis.
05:43Donc je ne dis pas qu'il faut préférer
05:45Donald Trump, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.
05:47Je dis simplement qu'un chef d'État,
05:49c'est un chef et il y a un État.
05:51Là, il n'y a pas d'État, il n'y a pas de chef, ça ne chef pas.
05:53Ça dit, ça parle, ça raconte,
05:55ça fait des débats, ça fait des rencontres.
05:57À l'issue des rencontres, il y a 50 journalistes
05:59pour dire ce qu'on va dire, qu'on va faire savoir,
06:01que ça ne va pas durer, qu'on va faire une proposition.
06:03Moi, je peux vous le dire dès à présent ce que l'Algérie va répondre.
06:05– Ah bon ? – Évidemment.
06:07Vous pensez que l'Algérie va dire, oh oui, vous nous avez fait peur
06:09avec votre rencontre ? Bien sûr qu'on accepte, bien sûr qu'ils vont fuser.
06:11– Mais donc qu'est-ce qu'il faut faire alors ?
06:13– C'est ce qu'il faut faire depuis un petit moment,
06:15je vous le redis. – C'est-à-dire quoi ?
06:17– Faire de la politique, en disant…
06:19– C'est pas couper toute relation avec l'Algérie ?
06:21– Mais faire de la politique, c'est pas couper toutes les relations.
06:23C'est juste dire qu'on a des rapports de force,
06:25il y a des choses qu'on faisait, qu'on ne fait plus, qu'on ne fera plus.
06:27Donc effectivement, on peut avoir des frontières,
06:29on peut contrôler aux frontières,
06:31vous voyez ce qui se passe en Israël.
06:33Rima Hassan, elle n'entre pas en Israël.
06:35Quand elle entre, on lui dit, vous rentrez chez vous, madame.
06:37Formidable, ce sont des choses qu'on peut faire
06:39avec des hiérarches, avec des oligarques algériens,
06:41avec n'importe qui venant d'Algérie,
06:43peut-être même aussi avec des imams.
06:45Là, on dit qu'il n'y a aucun problème,
06:47il y a des imams récitateurs.
06:49– Oui, c'est ce qu'on évoquait tout à l'heure,
06:51qui viennent pour le Ramadan.
06:53– À qui on va faciliter l'entrée en disant,
06:55il n'y a pas de problème, continuez à circuler.
06:57Pendant qu'on fait les malins, en disant,
06:59attention, si ça dure comme ça, dans six semaines,
07:01ça va mal se passer, on continue à faire
07:03comme si rien n'avait eu lieu.
07:05Boalem Sansal est toujours en prison.
07:07Il est toujours en prison.
07:09Les otages franco-israéliens, on a laissé dire,
07:11on a laissé faire, on n'a pas…
07:13– C'est-à-dire, on a laissé faire ?
07:15Je ne vois pas bien la comparaison…
07:17– Vous ne pensez pas que Boalem Sansal soit un otage ?
07:21– Bien sûr que si, il est otage, effectivement,
07:23de la dictature algérienne.
07:25– Les autres étaient des otages du Hamas,
07:27et là, ils sont otages de la dictature algérienne.
07:29– Mais vous ne pensez pas que le pouvoir public
07:31est laissé faire quand on parle des otages israéliens ?
07:33– Je ne vous ai pas écouté tous les jours,
07:35mais je n'ai pas l'impression que beaucoup ont été faits
07:37pour qu'on s'occupe d'eux. Alors évidemment,
07:39on a toujours la diplomatie secrète.
07:41Comme elle est secrète, on ne sait pas ce qu'elle est,
07:43comme on ne sait pas ce qu'elle est,
07:45on n'est même pas sûr qu'elle ne soit pas.
07:47– Alors là, pour le coup, je crois que des efforts
07:49diplomatiques ont été faits. – Sûrement, vainement.
07:51– Ils ont été faits par les pouvoirs publics français,
07:53ils ont été faits également par le gouvernement israélien
07:55pour, comment dire, permettre la libération des otages israéliens.
07:57– Je ne dis pas qu'Israël n'a rien fait.
07:59– Sur la comparaison avec Boalem Sansal,
08:01je ne vois pas bien la comparaison.
08:03– Rien n'est fait par la France,
08:05parce que la France ne pèse plus,
08:07parce que la voix de la France ne compte plus,
08:09parce que vous avez effectivement des gens
08:11dont on se dit effectivement, s'ils parlent, quelque chose va être dit,
08:13c'est ce qu'on appelle du performatif.
08:15Vous dites, et ça a lieu, je vous déclare mari et femme,
08:17ça c'est du performatif. Là vous dites, nous allons faire ceci,
08:19ça va être fait. Là on ne dit pas,
08:21si jamais l'Algérie ne nous permet pas de faire
08:23ce qu'on aimerait qu'elle puisse faire,
08:25alors on va envisager la possibilité d'une…
08:27Non, ce n'est pas faire de la politique,
08:29c'est dire qu'éventuellement on pourrait en faire.
08:31– Sur la situation internationale,
08:33et ce que vous dites résonne
08:35avec la séquence internationale que l'on a vécue,
08:37on a vu lundi Emmanuel Macron dans le bureau Oval,
08:39sembler obtenir quelques évolutions de la part du président Trump,
08:45et c'est vrai que là, ce que vient de dire Donald Trump
08:47semble en quelque sorte commencer à doucher
08:51quelques ambitions françaises, puisque Donald Trump dit
08:55que les produits européens seront taxés à hauteur de 25%,
08:58il semble par ailleurs dire que les garanties européennes,
09:01il y en aura en Ukraine mais que les États-Unis resteront loin de tout cela,
09:05ce n'est plus un allié Donald Trump de la France ?
09:08– Mais ça n'a jamais été un allié,
09:10et il ne faut pas que les chefs d'État soient des alliés,
09:13les chefs d'État doivent défendre des intérêts nationaux,
09:15du peuple qui les a posés là où ils sont,
09:17la souveraineté c'est ça, le souverainisme c'est ça,
09:19je suis toujours étonné qu'on déteste autant le souverainisme,
09:21sauf à détester le peuple,
09:23mais le peuple décide d'un homme qui lui décide pour un pays,
09:26c'est ça la politique, c'est aussi simple que ça.
09:28Il ne faut pas croire qu'Emmanuel Macron,
09:30parce qu'il est reçu dans le bureau de Donald Trump,
09:33va être écouté et entendu et cru, qui plus est, pas du tout,
09:37à un moment donné il dira c'est un petit malin nous dit Trump
09:39en parlant de notre chef d'État en disant
09:41mais finalement moi je ne parle pas français,
09:42il a dit des choses, il a menti,
09:44le lendemain quand j'ai vu dans la presse,
09:46j'ai aperçu que ce n'était pas du tout ce qu'on s'était dit la veille au soir,
09:49tout le monde a présenté ça comme une espèce de triomphe,
09:52la preuve il avait osé poser la main sur la cuisse de Donald Trump.
09:55– Le fait est Michel Onfray qu'Emmanuel Macron était le premier,
10:00en tout cas un leader européen reçu,
10:02avant le Premier ministre britannique qui sera demain à la Maison Blanche.
10:05– Reçu pour quoi faire ?
10:07Vous êtes en train vous-même de dire que les droits de douane sont de 25%,
10:10donc il a été reçu pour quoi faire ?
10:12– Ce qui est intéressant Michel Onfray,
10:14je suis étonné que des gens qui plaident pour la souveraineté
10:17reprochent à d'autres de faire la même chose,
10:19mais là encore vous êtes patriote,
10:21vous chantez les louanges de la France,
10:23de la façon dont elle devrait parler au monde
10:25et dont selon vous elle ne parle plus au monde,
10:27c'est un problème d'avoir un pays comme les États-Unis
10:29qui est censé être un allié depuis longtemps,
10:31qui prend des mesures aussi hostiles vis-à-vis de l'Europe,
10:34et qui par ailleurs, on parle des produits taxés,
10:37il y a aussi la question de la position des États-Unis sur la guerre en Ukraine,
10:41et qui peut prendre des mesures qui pourraient aboutir
10:43à ce que l'Ukraine soit la grande perdante
10:45et qu'une paix soit conclue sur le dos de l'Ukraine,
10:48ça c'est un problème quand même.
10:49– Évidemment, mais ils font de la politique, on n'en fait plus, c'est tout,
10:52voilà le problème, c'est-à-dire que vous êtes dans une espèce de marigot,
10:55vous dites qu'il faut être gentil, il faut être bon,
10:57il faut que tout le monde s'aime, etc.
11:00Vous parlez de démocratie, vous parlez de république,
11:02vous vous en moquez complètement d'ailleurs de la démocratie,
11:04vous fermez des chaînes, vous insultez des gens,
11:06vous interdisez des gens sur le service public,
11:08mais en même temps vous donnez des leçons de démocratie et…
11:10– Attendez, alors là on mélange…
11:12– Non mais vous allez encore dire que je mélange tout,
11:13mais non, c'est un peu la même chose quand même.
11:14– Je vous interroge sur la guerre en Ukraine
11:17et la façon dont les États-Unis risquent de…
11:19– Je suis en train de vous répondre.
11:20– Comment dire, risquent de prendre un certain nombre de décisions
11:23dont l'Ukraine ne peut pas tirer et vous me répondez,
11:25on décide de fermer une chaîne ?
11:26– Je suis en train de vous répondre, si effectivement dans ma réponse
11:29vous prélevez quelque chose en disant que ça n'a rien à voir,
11:31c'est votre affaire si vous n'avez pas le rapport,
11:33moi je vois simplement qu'on ne va pas donner des leçons de démocratie
11:36quand on aurait soi-même à en prendre.
11:38Donc je dis simplement que oui, Trump fait son métier de chef de l'État
11:41et oui d'autres le font, Poutine le fait aussi, etc.
11:44Je dis simplement, parlons de l'Ukraine si vous le souhaitez,
11:46moi j'ai dit dès le départ que cette guerre avait été voulue,
11:48on m'a dit mais qu'est-ce que vous avez voulu dire dans ce genre de choses
11:51qu'on nous a dit d'un seul coup, les caméras s'installent
11:53donc la guerre commence, ça faisait dix ans qu'elle existait déjà cette guerre.
11:56– Elle était à l'initiative de qui la guerre ?
11:57– Ah mais elle était à l'initiative d'un comportement
11:59d'un certain nombre d'individus, notamment les Européens.
12:01– Ah c'est les Européens, c'est pas la Russie ?
12:03– Si je peux finir une phrase avant que vous me jugiez ?
12:05– Je ne juge pas.
12:06– Si, si, si, je vous arrête dans votre jugement,
12:09juste pour vous dire que vous me posez une question,
12:11vous ne me permettez pas de répondre
12:13parce que vous êtes déjà en train de juger la réponse que je n'ai pas faite.
12:15Donc je réponds à votre question en disant que oui,
12:17il y a eu un ensemble de choses,
12:19notamment ce que l'Europe a souhaité faire avec les pays de l'Est,
12:22notamment ce que Poutine a voulu faire,
12:24notamment ce que des individus qui ne sont plus au pouvoir
12:26comme M. Hollande ou comme Mme Merkel,
12:28vous allez encore me dire que ça n'a rien à voir.
12:30– Non pas du tout, c'était ceux qui ont signé les accords de mines.
12:32– Et bien voilà, qui n'ont pas été respectés, vous vous souvenez de ça ?
12:36Donc nous avons, je réponds à votre question.
12:38– Mais c'est bien la Russie qui a envahi l'Ukraine.
12:40– Oui, pour quelle raison ?
12:42Si vous voulez bien juste comprendre pourquoi les choses ont lié,
12:45plutôt que de dire que ce n'est pas bien, ce n'est pas gentil.
12:47– Ce n'est pas une question de bien ou gentil.
12:48– Mais je vous le concède, ce n'est pas bien de faire la guerre.
12:50– Il n'y a pas de confusion, il n'y a pas de confusion.
12:53Il y a juste l'impossibilité pour moi de finir une phrase
12:55qui fait que ça devient problématique de pouvoir être jugé
12:57sur ce que je n'ai même pas eu le temps d'exprimer.
12:59Je vous dis simplement que l'Europe a voulu que l'Ukraine devienne européenne,
13:03c'est-à-dire mastricienne, Poutine a dit je ne le souhaite pas.
13:06Donc il y a un moment donné où il y a eu des accords,
13:08ces accords n'ont pas été respectés.
13:10Poutine a dit si vous continuez ça va se régler de manière militaire.
13:13L'Europe a dit ça n'aura évidemment pas lieu.
13:15Tout le monde a dit sur ses plateaux, y compris le vôtre,
13:17que bien sûr ça n'aurait pas lieu.
13:19Vous aviez des images satellitaires,
13:21vous aviez la totalité des convois militaires qui arrivaient vers l'Ukraine
13:24et on disait ça n'aura pas lieu.
13:25Comme actuellement d'ailleurs les mêmes qui nous ont dit
13:27qu'il n'y aurait pas de paix sont obligés de dire qu'il y a une paix etc.
13:30Donc je dis simplement que si on fait de la géopolitique,
13:32si on fait de la géostratégie et pas de la morale moralisatrice
13:35et pas de l'idéologie mastrichienne pour nous expliquer qu'il y a des bons et des méchants
13:39et que nous, nous avons un chef d'État qui fait partie du camp du bien.
13:42Mais entre l'Ukraine et la Russie, il y a un agresseur et un agressé.
13:46C'est bien évident.
13:47Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.
13:49J'ai dit très précisément que je n'étais pas pour les solutions bellicistes et belliqueuses,
13:53que je fais mon travail de philosophe en vous disant pourquoi est-ce que ça a eu lieu ?
13:56Ça a eu lieu dans quelles circonstances et dans quelles occasions ?
13:59On pourrait remonter très en amont avec la chute de l'Empire soviétique,
14:02on pourrait refuser, on pourrait remonter à l'époque où Poutine propose une alliance avec l'Europe de l'Ouest
14:07où l'Europe de l'Ouest lui dit allez vous faire voir,
14:09où à ce moment-là, lui s'en va voir du côté de l'Asie pour faire une rasie.
14:13Donc ces gens font de la politique.
14:15Nous, on n'en fait pas en pensant que tout le monde est gentil
14:17et que finalement, on est tellement aimable puisqu'on est l'Europe.
14:21Poutine, il va dire oui tout de suite, il va venir, etc.
14:23Non, nous avons affaire à des fauves et à des gens qui font leur métier de fauves.
14:27Si on n'a pas de fauves au pouvoir, juste des gens dont je vous disais tout à l'heure
14:30qu'ils prenaient plaisir à eux-mêmes et qui étaient dans des logiques narcissiques,
14:33ça fait rire tout le monde.
14:35Il n'est pas crédible Macron.
14:37Quelqu'un trouve grâce à vos yeux sur le plan politique en France ou pas ?
14:42Quelqu'un qui effectivement écouterait les électeurs,
14:44quelqu'un qui s'occuperait du référendum,
14:46quelqu'un qui dirait j'ai perdu les élections quand il les a perdu
14:48et qui dirait j'en tire les conséquences et je m'en vais.
14:50Pour l'instant, non.
14:51Le personnel politique, ça n'a pas été Giscard, ça n'a pas été Mitterrand,
14:54ça n'a pas été tous ces gens qui ont accepté, et Chirac non plus,
14:57qui ont accepté la cohabitation.
14:59Le dernier en date qui dit le peuple m'a posé là,
15:01le peuple ne veut plus de moi, je m'en vais, c'était Général De Gaulle.
15:03Depuis, il n'y en a pas eu.
15:04C'est effectivement celui qui trouve grâce à vos yeux.
15:05Juste avant de parler de votre livre, un mot encore Michel Onfray,
15:08et là encore je m'adresse au philosophe,
15:10et à la notion de liberté d'expression.
15:12Puisque je vous ai entendu vous féliciter du discours
15:14qu'avait tenu le vice-président américain J.D. Vance à Munich.
15:17Dans ce discours, il faisait la leçon aux Européens
15:20sur la question de la liberté d'expression,
15:22sur la question de l'immigration.
15:24Quand on est un couple exécutif, si j'ose dire,
15:26vice-président, président, qui est soutenu par Elon Musk,
15:29qui manipule les algorithmes sur son réseau social,
15:32qui décide, on l'a appris hier,
15:35qui désormais pourra, comme journaliste,
15:37suivre le président à la Maison Blanche ou pas.
15:39Est-ce qu'on est vraiment le mieux placé
15:40pour donner des leçons aux Européens sur la liberté d'expression ?
15:42Je n'ai pas la mémoire des chiffres,
15:43mais je pense que nous avons reculé, nous,
15:45dans le classement international, la France, depuis des années.
15:48Donc on a du mal à donner des leçons,
15:50en disant regardez comment il se comporte,
15:52il manipule les algorithmes.
15:53Pensez que nous, on ne manipule pas les algorithmes.
15:55Qui manipule les algorithmes ?
15:56Ceux qui ont intérêt à ce que ce soit manipulé.
15:59Celui-là, il est propriétaire de X.
16:01D'ailleurs, vous avez bien vu qu'il est propriétaire
16:04de la presse en France, à part un ou deux titres.
16:06Tout le monde pense à peu près la même chose.
16:08Au bout du compte, c'est quand même fort étonnant
16:09que des journaux de droite, des journaux de gauche,
16:11l'Humanité, le Figaro, Libération,
16:14qui représentent théoriquement la liberté d'expression,
16:17aient la possibilité d'un éventail d'une presse
16:20qui est largement subventionnée.
16:21C'est quand même bizarre, au bout du compte.
16:23Quand on est au fin fond de l'entonnoir,
16:27on nous invite toujours à voter pour le même candidat.
16:30Ah bon ? Vous avez le sentiment que Libération et Figaro
16:32appellent à voter pour la même personne ?
16:33Vous n'avez pas souvenir que tout le monde a appelé
16:35à voter Macron ? Vous n'avez pas souvenir de ça ?
16:37Pas dans les mêmes termes.
16:38Ah, pas dans les mêmes termes, mais dans la réalité.
16:40Les uns disent c'est un candidat formidable,
16:42d'autres disent on ne vote pas pour lui,
16:44mais on vote contre lui, on vote contre ceux qui sont en face.
16:46Vous trouvez vraiment que la liberté d'expression
16:47est une grande cause en France aujourd'hui ?
16:48Vous trouvez que la liberté d'expression,
16:50qui vaut mieux être aux États-Unis qu'en France aujourd'hui ?
16:53Je n'ai évidemment pas dit ça.
16:54Je dis juste que vous avez l'impression
16:56que nous sommes dans un régime de liberté d'expression,
16:58ce qui est faux.
16:59Vous avez aujourd'hui des choses qui peuvent être dites,
17:01d'autres qui ne peuvent pas être dites,
17:02des gens qui ont accès au service public,
17:04des gens qui n'ont pas accès au service public,
17:06des gens qui sont interdits de conférences publiques
17:08et qu'on n'interdit pas eux, qu'on ne poursuit pas eux,
17:11etc.
17:12Mais je rêve d'imaginer que vous puissiez penser
17:15que les quelques milliardaires qui détiennent la presse
17:18puissent aujourd'hui ne les détenir que par amour.
17:21Je ne crois pas que vous tenez ce discours.
17:23Je ne crois pas que vous soyez particulièrement tricard
17:25dans les médias.
17:26Or les médias où vous intervenez sont effectivement…
17:28Je vous parle du service public,
17:29dans lequel on peut être interdit.
17:31C'est quand même formidable.
17:32Vous êtes interdit de service public ?
17:33Oui, ça fait des années que je ne vais plus à France Inter,
17:36des années que je ne vais plus à France Culture.
17:38Vous pensez qu'on est dans un pays de liberté d'expression
17:40quand on interdit quelqu'un d'expression ?
17:42En tout cas, je ne crois pas que vous soyez privé de tribune.
17:46Je rebondis tout à l'heure sur…
17:47Je ne dis pas privé de tribune,
17:49je dis sur le service public quand il est question de politique.
17:52Ah, on a pu me demander à France Inter
17:54d'aller parler des huîtres normandes.
17:55Là, il n'y a aucun problème, je ne fais pas de politique.
17:57Donc, on pourra dire qu'en huit ans,
17:58effectivement, on m'a entendu parler trois fois.
18:00Un mot encore, Michel Offray,
18:02vous avez tout à l'heure cité la fermeture d'une chaîne.
18:04Dans le cas d'Espèce, la chaîne C8.
18:06Est-ce qu'il s'agit vraiment de liberté d'expression ?
18:07Puisque là encore, on peut regretter
18:09que les 400 salariés se retrouvent au chômage.
18:12On peut être opposé par principe au fait qu'une chaîne soit fermée.
18:16Mais ce dont il est question,
18:17c'est un certain nombre d'obligations
18:18qui n'ont pas été respectées.
18:19Ça fait 35 blâmes,
18:22mise en demeure d'une autorité de régulation.
18:24C'est plus de 7 millions d'euros d'amende.
18:26Il ne s'agit pas de liberté d'expression,
18:27il s'agit de règles.
18:28Quand des règles ne sont pas respectées,
18:29on peut les contester.
18:31Mais il y a des décisions,
18:32quand vous brillez un feu 35 fois
18:34ou quand vous faites des excès de vitesse,
18:35à la fin, vous êtes sanctionné.
18:36Oui, j'ai bien compris,
18:37mais c'est quand même étonnant
18:38que certaines émissions soient écoutées
18:39par une dizaine de personnes
18:40et d'autres jamais par personne.
18:41C'est quand même étonnant
18:42que les signalements soient toujours faits
18:44avec les mêmes,
18:45sur les mêmes sujets,
18:46sur les mêmes questions.
18:47C'est étonnant aussi
18:48qu'on puisse dire
18:493 millions et demi d'euros d'amende.
18:50Pourquoi ?
18:51D'où ça vient ?
18:52Comment est-ce qu'on justifie ?
18:53Écoutez, je peux vous donner quelques exemples.
18:55Inviter des faux policiers
18:56alors qu'ils ne font pas partie d'une unité.
18:58Débattre de l'opportunité
18:59de torturer des responsables
19:00des attentats de Moscou.
19:01Oui, oui, vous allez en trouver 35.
19:03Ah oui, oui,
19:04je peux vous faire lutter si vous voulez.
19:05Il y en a 35,
19:06mais vous savez,
19:07les signalements,
19:08vous pouvez les faire
19:10Un signalement,
19:11c'est une mise en demeure.
19:12Oui, j'entends bien.
19:13Mais quand vous êtes en train
19:14de passer la journée
19:15à écouter les chaînes
19:16pour pouvoir trouver des occasions
19:18de dénoncer des gens
19:19en disant
19:20on les a dénoncés,
19:21on les a...
19:22C'est les téléspectateurs
19:23qui font des signalements.
19:24C'est les téléspectateurs
19:25qui font des signalements.
19:26N'importe quel téléspectateur.
19:27Vous en avez fait ?
19:28Non, moi je n'en ai pas fait.
19:29Moi non plus.
19:30Il y a des gens
19:31dont c'est le métier.
19:32Moi, je fais l'objet parfois
19:33de signalements.
19:34Et je vois bien,
19:35ça vient toujours du même endroit.
19:36Ah mais vous avez grillé quand même
19:3735 fois les feux.
19:38Il faut bien qu'on vous fasse
19:39sauter votre permis.
19:40Je le connais,
19:41l'argumentaire.
19:42Je dis simplement que
19:43moi j'ai vu sur cette chaîne,
19:44je ne regardais pas cette chaîne,
19:45mais qu'il y avait
19:46deux dames qui s'occupaient
19:47des animaux.
19:48Vous pensez qu'il faut
19:49les punir, ces dames-là ?
19:50Il y a des gens qui s'occupaient
19:51de vieilles voitures
19:52ou de courses automobiles.
19:53Vous pensez qu'il faut
19:54les punir, ces gens-là ?
19:55Les gens qui font ces émissions ?
19:56Non, je parlais de la question
19:57de la liberté d'expression.
19:58Moi je sais,
19:59j'ai été pensionnaire
20:00et les punitions collectives,
20:01je n'ai jamais supporté ça.
20:02Quand à 3h du matin,
20:03vous êtes dehors
20:04parce que vous êtes en train
20:05de payer les sottises
20:06que quelqu'un a pu faire
20:07à 3h du matin,
20:08vous dites,
20:09ce n'est pas moi,
20:10pas en mon nom.
20:11Alors je veux bien,
20:12là vous avez parlé
20:13de Cyril Hanouna,
20:14je vois bien qu'il s'agit
20:15de faire exploser Cyril Hanouna.
20:16Non, non, ce n'était juste
20:17des faits.
20:18Comme par hasard,
20:19c'est l'exemple
20:20que vous m'avez donné.
20:21Mais je dis simplement
20:22qu'on punit des gens.
20:23Je n'ai pas cité
20:24Cyril Hanouna,
20:25pour être précis.
20:27Tout le monde aura bien compris
20:28que les policiers invités,
20:29c'était des policiers.
20:30D'ailleurs,
20:31ce n'était pas si clair que ça.
20:32Ah si, c'est des policiers
20:33qui se présentaient
20:34comme ceux en partie
20:35de l'ABRAHAM
20:36et non de la partie.
20:37Une émission sur les animaux,
20:38ça saute,
20:39William Lémergie,
20:40ça saute,
20:41etc.
20:42Je dis,
20:43mais c'est quoi
20:44cette punition collective
20:45au nom de la liberté d'expression ?
20:46Je ne pense pas
20:47qu'en dehors de chez Orwell,
20:48le fait de censurer,
20:49ça puisse être le signe
20:50de la liberté d'expression.
20:51Il y a vraiment
20:52que chez Orwell
20:53qu'on vous dit,
20:54c'est parce qu'on interdit
20:56la liberté d'expression
20:57qu'on est en train
20:58de faire la paix.
20:59Et là,
21:00c'est parce qu'on ferme
21:01des chaînes
21:02qu'on respecte
21:03la liberté d'expression.
21:04On est vraiment
21:05dans une société orwellienne,
21:06si c'était le cas,
21:07vous ne pourriez pas
21:08peut-être tenir
21:09ce genre de discours ?
21:10Non,
21:11je ne sais pas
21:12si vous avez lu Orwell,
21:13mais ce n'est pas
21:14comme ça que ça se pince.
21:15Il y a des moments
21:16où vous êtes interdit de parole
21:17et il y a des moments
21:18où on vous donne la parole
21:19pour mieux vous interdire
21:20la parole.
21:21Vous ne pouvez pas
21:22aller au bout d'un argument,
21:23vous ne pouvez pas
21:24aller au bout
21:25d'un argument
21:26pour vous interdire
21:27la parole.
21:28C'est ce que je veux dire.
21:29On a du temps.
21:30Je voudrais qu'on parle
21:31de votre livre,
21:32L'autre collaboration,
21:33Les origines françaises
21:34de l'histéro-capitalisme.
21:35Vous décortiquez les écrits
21:36de plusieurs auteurs
21:37de gauche du XXe siècle
21:38en démontrant leur complaisance
21:39qui vis-à-vis de l'antisémitisme,
21:40pour certains,
21:41clairement,
21:42ils sont des antisémites,
21:43parfois vis-à-vis
21:44du maréchal Pétain,
21:45de la collaboration.
21:46Comment est-ce que vous expliquez,
21:47parce que ce sont des auteurs
21:48qui pour certains
21:49ont toujours pignon sur rue,
21:50d'autres ont été
21:52soit seulement perçus
21:53comme ce qu'on appelle
21:54parfois pudiquement
21:55une forme de pardombre
21:56ou, c'est d'ailleurs
21:57assez frappant,
21:58souvent vous citez
21:59des gens qui ont écrit sur eux
22:00et qui disent
22:01non mais ça,
22:02ça ne représente pas
22:03vraiment leur idéologie
22:04ou on ne peut pas
22:05résumer leur oeuvre à cela.
22:06Bien sûr.
22:07Et même,
22:08ce n'est pas dans cet esprit-là
22:09qu'il faut le penser.
22:10Si vous voyez de l'antisémitisme,
22:11c'est que vous vous trompez,
22:12ça n'a rien à voir,
22:13etc.
22:14Mais la dialectique,
22:15elle permet de casser des briques,
22:16comme disaient les maoïstes
22:17avant leur temps.
22:18Aujourd'hui,
22:20Oui, parce que les ayants-droits
22:21n'ont pas voulu vous utiliser.
22:22Les ayants-droits de Sartre,
22:23de Beauvoir,
22:24de Jeunet et de Foucault
22:25ont interdit que nous puissions
22:26acheter les citations
22:27comme il est de coutume
22:28habituellement.
22:29Donc on m'a interdit
22:30pour le coup
22:31de citer des textes
22:32en disant
22:33mais les éloges d'Adolf Hitler
22:35par Jean Jeunet,
22:36ils sont écrits,
22:37on va dire,
22:38dans tel bouquin,
22:39dans telle page,
22:40etc.
22:41Donc il y a un certain
22:42nombre d'informations
22:43qu'il faut cacher.
22:44Comme par hasard,
22:45ce sont toujours les mêmes
22:46qui nous font l'éloge
22:47de la fermeture
22:48de la télévision.
22:49Là, il s'agit d'interdire…
22:50Vous y revenez,
22:51quoi qu'il arrive.
22:52Non, mais je dis simplement
22:53que vous ne pouvez pas
22:54dans des lieux
22:55où la liberté d'expression
22:56ne fonctionne pas.
22:57La liberté d'expression,
22:58c'est la possibilité
22:59de dire ce qu'on veut,
23:00quand on veut,
23:01comme on veut,
23:02avec des débats
23:03contradictoires.
23:04Et avec des règles
23:05qui limitent
23:06cette liberté d'expression
23:07jusqu'à l'insulte,
23:08la diffamation…
23:09La loi, bien sûr.
23:10On ne va pas refaire
23:11l'exégèse du procès
23:12de Cyril Hanouna,
23:13mais qu'a-t-il dit
23:14à Louis Boyard ?
23:15C'est quand même
23:17pas le bout du monde non plus.
23:18On n'arrive plus
23:19à l'accepter non plus.
23:20S'il fallait que je porte plainte
23:21à chaque fois qu'on m'insulte,
23:22je n'arrêterais pas
23:23de donner les prêtres.
23:24Michel Onfray,
23:25sur celui,
23:26ce qui m'a frappé aussi,
23:27et c'est intéressant,
23:28c'est qu'au fond,
23:29vous clouez au pylorisme
23:30ces auteurs,
23:31et il y a de quoi.
23:32Quand on apprend dans le détail,
23:33je veux dire que moi-même,
23:34sur certains,
23:35j'ai découvert des choses,
23:36par exemple sur Paul Ricoeur
23:37et des écrits
23:38sur le maréchal Pétain
23:39qui sont assez frappants.
23:40Quand on regarde
23:41votre bibliographie
23:42vous avez tendance à,
23:43comment dire,
23:44dénoncer ceux
23:45qui sont parfois perçus
23:46comme des idoles.
23:47Le Marquis de Sade,
23:48Freud.
23:49Est-ce que ça,
23:50c'est une sorte
23:51de ligne directrice
23:52chez vous,
23:53de vouloir,
23:54je ne sais pas si on peut dire,
23:55démythifier,
23:56déboulonner des statues ?
23:58C'est une partie de mon travail.
23:59Oui, il y a une démystification
24:00qui est faite
24:01sur les grands mythes
24:02qui sont divers et multiples.
24:04Mais j'ai fait 12 volumes
24:06d'une contre-histoire
24:07de la philosophie
24:08où je fais l'éloge
24:09d'une cinquantaine de philosophes.
24:10On n'en parle pas.
24:11D'ailleurs, Camus et Malraux
24:12sont aussi,
24:13vous leur tressez les louanges
24:14dans le livre
24:15en disant qu'eux,
24:16pour le coup,
24:17ne se sont pas compromis.
24:18Bien sûr.
24:19J'ai écrit une dizaine
24:20de recueils de poésie.
24:22On n'en parle jamais.
24:23J'ai fait un livre récemment
24:24aux éditions bouquins
24:26sur l'esthétique du voyage
24:27où il y a une quinzaine
24:28de mes livres
24:29qui sont consacrés
24:30à des voyages.
24:31On n'en parle pas.
24:32C'est-à-dire qu'effectivement
24:33si vous allez chercher
24:34les endroits où j'ai touché
24:35aux idoles,
24:36à Freud, à Sade, etc.
24:37Oui, évidemment.
24:38C'est souvent les livres
24:39de polémique et de débat.
24:40Au sens positif du terme.
24:41Mais vous n'avez pas invité
24:42pour mon livre sur les voyages,
24:43vous m'avez invité
24:44pour celui-ci.
24:45Et je ne vous le reproche pas.
24:46Je dis que, par exemple,
24:47sur la totalité
24:48de mes récits,
24:49de mes poèmes,
24:50je n'ai jamais été invité
24:51une seule fois.
24:52Sur tous les textes
24:53que j'ai pu écrire
24:54sur les artistes,
24:55j'ai fait aussi
24:56un autre volume
24:57dans la collection
24:58bouquins à la fonge.
24:59J'ai fait une quinzaine
25:00de livres sur des artistes
25:01dont la plupart sont vivants,
25:02sont des contemporains.
25:03J'ai fait des éloges
25:04de Garouste.
25:06Mais on n'en parle jamais non plus.
25:07Donc, si vous voulez dire
25:08« Regardez, il est toujours
25:09dans la polémique,
25:10il est toujours dans l'agressivité,
25:11il est toujours négatif. »
25:12Je n'ai pas dit agressivité,
25:13j'ai dit eux.
25:14Il est toujours contre.
25:15Vous pouvez, pardonnez-moi
25:16si vous pensez que c'est à vous
25:17que je songe,
25:18mais de manière générale,
25:19ne m'inviter que pour ça.
25:20Et puis dire « Regardez,
25:21il est toujours contre. »
25:22Quand je fais un livre
25:23pour Cervantes,
25:24Don Quichotte,
25:25dans la même collection
25:26d'ailleurs que celui
25:27qui avait été consacré à Sade,
25:28on ne m'invite pas.
25:29Mais on m'invite sur celui
25:31qui est consacré à Sade.
25:32Donc évidemment,
25:33vous finissez,
25:34c'est pour ça que quand je vous parle
25:35de la liberté d'expression,
25:36vous finissez par fabriquer
25:37une fiction.
25:38Et je ne suis pas réductible
25:39à la fiction qu'on a fabriquée
25:40me concerne.
25:41Vous n'êtes pas réductible
25:42à cette fiction.
25:43Il y a quelque chose
25:44qui m'a interpellé dans ce livre,
25:45c'est qu'effectivement,
25:46souvent,
25:47vous mettez en avant
25:48les réactions
25:49soit des ayants droit,
25:50soit des défenseurs
25:51de ceux que vous attaquez.
25:52Et la réponse,
25:53effectivement,
25:54que vous en parliez
25:55il y a un instant,
25:56c'est de dire
25:57« Oui, mais attention,
25:59vous avez cette réponse,
26:00vous l'écrivez,
26:01quand on est auteur,
26:02on doit être pris comme un bloc
26:03et on ne peut pas se désolidariser
26:04de certains propos
26:05qui ont été tenus. »
26:06Je vous paraphrase,
26:07mais c'est en substance
26:08que vous dites.
26:09J'ai essayé de faire
26:10le même exercice avec vous
26:11en allant relire
26:12quelques déclarations
26:13qui ont été les vôtres
26:14ces dernières années.
26:15Et je suis retombé
26:16sur cette interview
26:17que vous avez donnée au Point
26:18en novembre 2015,
26:19donc quelques temps
26:20après les attentats du 13 novembre
26:21où vous disiez
26:22« La France doit cesser
26:23sa politique islamophobe »
26:24et vous suggériez même
26:25une trêve entre l'État islamique
26:27Si vous aviez lu ça
26:28sous la plume
26:29d'un des auteurs
26:30que vous dénoncez,
26:31vous en auriez fait un chapitre ?
26:32Non ?
26:33Ça représente aussi
26:34la pensée de Michel Frey ?
26:35Non, ça représente
26:36votre façon de procéder,
26:37taillée dans un entretien.
26:38Ah non, non,
26:39j'invite tous ceux
26:40qui le regardent
26:41à lire cet entretien.
26:42C'est moi qui l'ai écrit,
26:43le texte,
26:44je sais un peu ce que j'ai dit.
26:45J'ai dit que la France
26:46arrête sa politique islamophobe
26:47sur la planète entière
26:48et sa politique islamophile
26:49à l'intérieur des frontières.
26:50C'est pas exactement
26:51ce que vous avez dit.
26:52Il fallait une paix
26:57pour que son armée
26:58dormante dans notre territoire
26:59posse les armes.
27:00On voit la phrase apparaître
27:01à l'écran.
27:02Oui, c'est donc la preuve
27:03qu'elle est vraie.
27:04J'invite ceux qui nous regardent
27:05à aller vérifier.
27:06Vous pourriez inviter les gens
27:07à lire ce que j'ai écrit,
27:08ça me paraît plus sûr.
27:09Je vous dis simplement
27:10qu'il y avait une dialectique
27:11qui était extrêmement simple
27:12en disant
27:13nous avons massacré
27:144 ou 5 millions de musulmans
27:15sur la planète
27:16avec toutes les guerres
27:17qui sont celles de l'Irak,
27:18qui sont celles de la Libye,
27:19etc.
27:20Et donc c'était de cette responsabilité
27:21qu'il y a eu les attentats
27:22du Bataclan ?
27:26Quand nous avons
27:27ce type de politique
27:28de manière planétaire,
27:29il ne faut pas nous étonner
27:30que des gens qui, eux,
27:31fassent de la politique
27:32notamment avec des kalachnikovs,
27:33puissent en faire
27:34sur le territoire français.
27:35Je n'ai pas parlé d'une trêve.
27:36Si, si, vous n'avez pas parlé
27:37d'une trêve.
27:38Non.
27:39Enfin écoutez,
27:40j'ai simplement dit
27:41que nous récoltions
27:42ce que nous avions semé
27:43sur ce terrain-là
27:44et qu'il faudrait peut-être
27:45inverser les perspectives,
27:46respecter les peuples musulmans
27:47chez eux
27:48et faire de telle sorte
27:49que les peuples musulmans
27:50qui sont en France
27:51soient en France
27:52dans une logique d'assimilité.
27:53La création de la responsabilité
27:54quelques jours après
27:55les attentats du Bataclan ?
27:56Non, non, non.
27:57C'est vous qui êtes en train
27:58de mettre tout ça en perspective.
27:59Je veux dire qu'il y avait
28:00un tweet
28:01qui a été effectivement
28:02monté en épingle
28:03parce qu'effectivement
28:04quand on ne pense pas,
28:05on s'arrange facilement
28:06de s'en finir.
28:07Je dis simplement
28:08que c'était plus compliqué que ça
28:09et que personne ne parle jamais
28:10des populations musulmanes
28:12sur la planète
28:13qui ont été ravagées
28:14depuis une trentaine d'années
28:16et on est en train de dire
28:17il ne s'est rien passé,
28:18on n'a rien fait.
28:19C'était fait pour instaurer
28:20la liberté en Irak,
28:21c'était fait pour instaurer
28:22la liberté en Libye,
28:23nous voulions instaurer
28:24la liberté également en Syrie.
28:26C'est-à-dire qu'à chaque fois
28:27qu'avec la complicité
28:28de nombre de chaînes,
28:29de nombre d'intellectuels,
28:30de nombre de philosophes,
28:31on a bombardé ces populations-là
28:33et après on dit
28:34respectez-nous
28:35et adorez l'Occident.
28:36Je dis simplement
28:37que si on veut faire
28:38de la philosophie
28:39et pas de la morale moralisatrice
28:40et pas de la politique politicienne,
28:41on essaie de savoir
28:42pourquoi les attentats ont lieu.
28:43Le problème,
28:44ce n'est pas de savoir
28:45s'il faut mettre des bougies,
28:46des nounours ou des petits cœurs,
28:47c'est de se demander
28:48pourquoi ces choses-là sont faites
28:49et comment elles sont faites.
28:50C'est un peu plus compliqué
28:51que de prendre dix sujets,
28:52d'en parler comme ça
28:53en disant
28:54vous avez écrit,
28:55vous avez dit,
28:56dans le point ou etc.,
28:57en sortant d'un contexte où…
28:58Merci.
28:59Oui.
29:00Non mais écoutez,
29:01je crois qu'on a eu le temps
29:02d'échanger
29:03et qu'encore une fois
29:04les uns et les autres
29:05se feront leur idée
29:06non seulement
29:07de ce que vous pouvez dire
29:08sur l'actualité
29:09et de votre livre.
29:10Ne désespérez pas des gens,
29:11ils comprennent tout,
29:12y compris ce qu'on ne souhaiterait pas
29:13qu'ils comprennent.
29:14Et de votre livre,
29:15l'autre collaborateur
29:17Et puisqu'il est question
29:18de liberté d'expression,
29:19sur ce plateau,
29:20tout le monde,
29:21quasiment,
29:22a droit à la parole
29:23tant que la loi est respectée.
29:24Merci beaucoup
29:25Michel Onfray
29:26d'être venu nous voir
29:27dont tout le monde veut savoir.

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