La ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire était interrogée par Thomas Despré (RTL), Perrine Tarneaud (Public Sénat) et Loirs Boichot (Le Figaro).
Regardez Le Grand Jury avec Thomas Despré du 23 février 2025.
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00:00Le Grand Jury présenté par Thomas Dépré.
00:13Bonjour à tous et bienvenue dans ce Grand Jury en direct comme chaque dimanche du Grand Studio RTL et à la télévision sur Public Sénat, Canal 13 de la TNT.
00:21Bonjour Annie Gennevard.
00:22Bonjour.
00:23Vous êtes une ministre de l'agriculture sans doute soulagée ce dimanche, soulagée parce que l'ouverture du salon de l'agriculture hier avec Emmanuel Macron s'est déroulée sans heure majeure.
00:31Et pourtant, les inquiétudes des agriculteurs sont toujours là, leurs revenus, les accords de libre-échange qui les menacent.
00:37Alors comment leur répondre ? Qu'est-ce que la France peut réellement faire, notamment contre l'accord avec le Mercosur ?
00:43C'est votre premier Grand Jury. Bienvenue Annie Gennevard.
00:47A mes côtés pour vous interroger ce dimanche, Perrine Tarnot de Public Sénat et Loris Boixot du Figaro dans ce Grand Jury.
00:54Nous vous interrogerons également sur la guerre des chefs qui se profile chez les Républicains, votre parti.
00:59Il y aura aussi une séquence consacrée au Parlement et bien sûr nos questions expresses juste avant la pause.
01:05Le Grand Jury, l'actualité de la semaine.
01:09On reviendra dans un instant Annie Gennevard bien sûr sur l'ouverture du salon de l'agriculture.
01:13Mais l'actualité de ce dimanche, c'est avant tout cette attaque au couteau hier après-midi à Mulhouse.
01:18Immédiatement qualifiée d'acte terroriste par Emmanuel Macron, un homme de 37 ans a été arrêté.
01:23Il est fiché pour prévention du terrorisme, suspecté d'avoir tué à l'arme blanche une personne et d'avoir grièvement blessé au moins trois policiers municipaux.
01:32Cet homme faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire.
01:35Comment est-ce que vous expliquez qu'une attaque comme celle-ci soit encore possible en 2025 ?
01:39Tout d'abord je voudrais dire ma solidarité et ma compassion pour la famille de la victime.
01:45Et aussi pour les policiers municipaux parce que moi j'ai été maire.
01:49J'ai donc beaucoup travaillé avec mes policiers municipaux et je voudrais saluer le courage de ces hommes qui se sont interposés.
01:57Alors évidemment l'islamisme radical tue une fois de plus sur notre sol.
02:02Et naturellement nous sommes à la fois bouleversés et révoltés.
02:06Cet homme algérien, sous OQTF, qu'on n'a pas pu expulser.
02:14Je crois qu'il y a eu dix tentatives d'expulsion.
02:17Donc la situation est effectivement des plus préoccupantes parce qu'on n'arrive pas à expulser et le sujet c'est l'Algérie.
02:26Situation préoccupante parce qu'il y a une remontée du terrorisme ?
02:30Situation préoccupante parce que le terrorisme est toujours menaçant sur notre sol.
02:38On le sait, des attentats sont déjoués et on est effectivement sous la menace de radicaliser.
02:47Le contexte international n'y est sans doute pas pour rien.
02:51Tout atteste du fait que c'est un attentat terroriste islamiste.
02:56Donc voilà, ça requiert une très grande vigilance, une très grande mobilisation de nos forces de police.
03:02Et je sais que le ministre de l'Intérieur déploie une énergie pour résoudre ces situations.
03:09Mais le sujet aujourd'hui c'est l'Algérie.
03:12Justement ce matin, Madame la Ministre, l'opposition fustige l'impuissance du gouvernement.
03:18Pour reprendre notamment les mots de Jordan Bardella.
03:21Pour qui communiquer ou se rendre sur place ne trompe plus les Français.
03:26Il vous invite à agir maintenant, tout de suite. Que lui répondez-vous ?
03:30Moi je pense que Jordan Bardella est dans un rôle qu'on lui connaît bien, celui de la protestation.
03:35D'appuyer là où il espère faire mal.
03:38En réalité, ce qui vient de se passer requiert des responsables politiques,
03:44une hauteur de vue et une force de proposition.
03:47Et pas une instrumentalisation politicienne comme cela est fait.
03:52Mais est-ce que vous diriez que les désordres migratoires sont à l'origine de cet acte ?
03:56Mais incontestablement.
03:58Je crois qu'on ne peut pas nier que ce qui s'est passé ces dernières années en matière d'immigration a profondément déséquilibré.
04:05C'est ce que dit Bruno Retailleau.
04:07Mais bien sûr, j'en suis absolument convaincue.
04:10En matière d'OQTF, Bruno Retailleau peut déjà se prévaloir d'un certain nombre de bons résultats.
04:19Il y travaille avec acharnement.
04:21Mais en l'espèce, quand les pays refusent de délivrer des laissés-passer consulaires, c'est un des points...
04:26Et en l'espèce, l'assaillant présumé, dix fois l'Algérie a refusé de le répondre.
04:32Bien sûr.
04:33D'où ce sentiment peut-être d'impuissance quand même.
04:35Non, je crois que la France...
04:37D'abord, la situation n'est pas singulière à l'Algérie, on le sait.
04:40Il y a différents pays qui refusent de reprendre le ressortissant.
04:43On a des moyens.
04:44La situation est particulièrement tendue avec l'Algérie.
04:47La famille politique à laquelle j'appartiens a souvent fait des propositions en matière d'aide au développement,
04:54en matière de délivrance de titres de séjour.
04:58Enfin bref, il y a des outils à notre main.
05:01Est-ce qu'il y a des premiers résultats, déjà ?
05:03Eh bien, je pense qu'il faut une volonté politique et puis il faut mettre la pression.
05:09Le ministre de l'Intérieur, vous le savez, va jusqu'à dire qu'il faut renégocier les accords de 1958
05:15qui sont particulièrement avantageux en matière d'accueil de ressortissants.
05:21Ces accords de 1968, pour qu'on comprenne bien,
05:23quelques spécificités, notamment faciliter l'entrée des Algériens en France.
05:27Les Algériens bénéficient de la liberté d'établissement
05:30pour exercer une activité de commerçant ou d'une profession indépendante.
05:33Ça veut dire qu'il faut, quand Bruno Retailleau dit qu'il faut engager un rapport de force,
05:36ça veut dire qu'il faut dénoncer ces accords et mettre fin à ces accords.
05:40Vous demandez au Premier ministre de s'en saisir ?
05:43Je crois que le Premier ministre est parfaitement conscient de la situation.
05:46Il s'est exprimé d'ailleurs à l'occasion de ce drame et de cette attaque.
05:53Et on est tous mobilisés sur cette question.
05:57C'est à la fois la détermination du ministre de l'Intérieur, puisqu'il est en charge de cela.
06:01C'est aussi la détermination du ministre de la Justice,
06:04parce que cet homme, il faut le rappeler, est en attente de plusieurs jugements.
06:08Les choses doivent aussi se traiter au niveau diplomatique.
06:13Le ministre des Affaires étrangères, le Président de la République,
06:16il doit y avoir un mouvement général pour arriver à, moi, ce que j'appelle de mes voeux, ce que j'espère,
06:22c'est qu'un jour, on puisse rétablir des relations normales avec l'Algérie.
06:26Mais sur une base qui soit totalement différente.
06:30Annie Genevard, c'est un sujet diplomatique, un sujet d'immigration ou un sujet de sécurité ?
06:35C'est d'abord un sujet de sécurité.
06:37C'est d'abord un sujet de sécurité.
06:41Mais vous voyez bien que le caractère totalement aveugle de cette attaque,
06:46d'un homme isolé qui profite d'un rassemblement paisible sur une place de marché,
06:52finalement, on voit bien que cette question reste menaçante
06:57et requiert de notre part à nous tous un très haut niveau et de vigilance.
07:02Et je voudrais saluer les forces de police, de gendarmerie,
07:06l'ensemble des personnels qui ont en charge la sécurité dans notre pays,
07:10parce qu'on voit bien qu'ils sont extrêmement précieux, mobilisés, engagés pour notre sécurité.
07:18C'est la raison pour laquelle je ne supporte pas les critiques qui leur sont faites quelquefois,
07:22notamment par l'extrême gauche de notre classe politique.
07:26Si c'est un problème, comme vous le dites, de sécurité, de terrorisme,
07:29alors pourquoi le gouvernement annonce ce mercredi un conseil interministériel à l'immigration ?
07:35Ça voudrait dire donc que le problème c'est plutôt l'immigration, non ?
07:38Alors, on sait la part que l'immigration prend dans les statistiques en matière de délinquance.
07:45Ce sont des faits, c'est factuel.
07:47Bon, évidemment, on prend toujours le soin des précautions d'usage de ne pas stigmatiser,
07:52de ne pas dire que parce qu'on est d'origine étrangère, qu'on est un immigré,
07:59on n'est pas dévolu à la délinquance ou pire.
08:03Ça, je crois qu'il faut le dire.
08:05Il ne faut pas avoir des propos qui essentialisent les immigrés.
08:10Néanmoins, on voit bien quand même qu'en l'espèce, ce qui s'est passé à Mulhouse,
08:14c'est bien un ressortissant étranger, radicalisé, islamiste radical,
08:20qui s'est livré à cet assassinat.
08:24Et ça n'est pas le premier, hélas.
08:28Bruno Retailleau dit effectivement clairement que c'est un problème d'immigration.
08:31Il dit qu'il faut changer la loi.
08:33François Bayrou, lui, il estime qu'une nouvelle loi immigration n'était pas la priorité,
08:37en tout cas ces dernières semaines.
08:38Est-ce qu'il a tort le Premier ministre ?
08:40Je crois qu'en réalité, il faut bien voir que je vous parle en connaissance de cause,
08:44puisque j'étais l'oratrice de mon groupe sur la loi Asile et Immigration.
08:48Si on veut une grande loi qui embrasse absolument tous les sujets,
08:52on peut connaître le même sort que pour la loi Asile et Immigration.
08:56Elle a été votée, mais finalement largement retouquée par le Conseil constitutionnel.
09:02Evidemment, ce qui en ressort, c'est un aveu d'échec.
09:06La méthode de Bruno Retailleau est de dire qu'il faut des lois dédiées à un seul objet.
09:19Je crois que c'est la bonne méthode.
09:21Vous voyez, vous citez dix lois.
09:24Moi, je me souviens très bien, quand j'étais vice-présidente de l'Assemblée nationale,
09:32j'ai présidé quasiment toutes les séances sur la loi Asile,
09:37pour résoudre le problème du recours abusif aux droits d'asile.
09:43Asile et Immigration.
09:45Asile et Immigration, avec Bruno Retailleau.
09:47Avec Gérald Darmanin.
09:49C'était une initiative du ministre de l'Intérieur d'alors, qui était Gérard Collomb.
09:55J'ai été effrayée et un peu désespérée,
09:59parce qu'on est sortis de ce débat plus exposés qu'on y était entrés.
10:04On avait non seulement rien résolu, mais on avait ouvert un peu plus largement les voies à l'asile et à l'immigration.
10:11Donc je crois qu'il faut vraiment une très grande fermeté et aussi une très grande clarté de discours.
10:16Il ne faut pas de lotier dans la matière.
10:18– Mais alors du coup, vous voudriez des propositions de loi peut-être venant de parlementaires,
10:23ou alors des projets de loi du gouvernement plus ciblés ?
10:26Quelle doit être votre priorité selon vous ?
10:28Quelle doit être la première mesure que devrait proposer le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau ?
10:33– Alors les mesures, elles doivent porter sur, évidemment,
10:36le principal problème qui est le nôtre aujourd'hui, c'est le détournement du droit d'asile.
10:40On a énormément de demandeurs d'asile qui n'y ont pas droit.
10:46Et dès lors qu'ils sont sur notre sol et qu'ils sont déboutés, ils y restent.
10:51Donc la priorité des priorités, c'est effectivement de se donner les moyens
10:55de mieux réaliser les éloignements du territoire.
10:58Il faut aussi mettre les plus dangereux d'entre eux hors d'état de nuire.
11:05Il faut revoir sans doute…
11:07– Donc avec des peines de sûreté, comme le souhaite le ministre de l'Intérieur ?
11:09– Des peines de sûreté…
11:10– Dans des centres de rétention, pour l'instant, ce n'est pas possible.
11:12– Écoutez, il faut prendre toutes dispositions qui permettent de protéger les Français.
11:17Il faut aussi revenir à ce qui attire les candidats à l'immigration,
11:24qui est souvent illégal, notamment, il faut le dire,
11:28la France est un des pays les mieux disants en matière de droit aux étrangers,
11:33y compris aux étrangers en situation irrégulière.
11:35– Donc vous parlez des prestations sociales ?
11:37– Je parle des prestations sociales non-contributives,
11:40celles pour lesquelles les étrangers n'ont pas contribué.
11:43Il faut un temps, un temps pendant lequel l'étranger doit contribuer
11:48avant de pouvoir profiter, bénéficier plutôt de la solidarité nationale.
11:55Donc ce sont des choses de bon sens.
11:57Vous savez, les Français, je considère que les Français ne sont pas xénophobes,
12:02ils ne sont pas racistes, ils demandent simplement de l'équité et de la justice.
12:05– Mais sur ce point très précisément, ce matin, la ministre du Travail et de la Santé
12:08dit qu'elle n'est pas d'accord avec vous,
12:10dit qu'il faut aussi que la France fasse sa mission sanitaire,
12:14notamment pour lutter aussi, elle évoque, des épidémies,
12:17qu'il faut que la France soigne ceux qui en ont besoin.
12:19– Bien sûr, il ne s'agit pas d'être inhumain,
12:22il ne s'agit pas d'abord de ne pas soigner ceux qui en ont un urgent besoin,
12:26ça n'est pas la tradition de la France.
12:28Jamais un médecin ne laissera quelqu'un en très grand danger de santé.
12:35– Mais pour vous, il faut réformer l'aide médicale d'État ?
12:37– Non, de même que pour la sécurité sanitaire du pays,
12:41il faut éviter les épidémies, tout ça est connu.
12:43Mais en même temps, on a un panier de soins
12:45qu'aucun autre pays européen n'offre, à part l'Espagne,
12:50mais l'Espagne est gouvernée par un gouvernement de gauche,
12:52comme vous le savez, donc voilà, nous devons raison garder,
12:57ramener les choses à une juste proportion.
12:59– Est-ce que c'est un moment de vérité, de test,
13:02pour Bruno Retailleau et son action à la tête du ministère de l'Intérieur ?
13:06– Mais vous savez, nous sommes tous en responsabilité,
13:10nous sommes tous testés quant à notre capacité à faire bouger les choses.
13:14Je veux dire, un ministre, une responsabilité ministérielle,
13:17ça n'est pas un titre, c'est d'abord une capacité à démontrer
13:21qu'on peut agir et qu'on peut afficher, lui, à une pression.
13:24– Est-ce qu'il n'y a pas le risque d'un décalage entre une fermeté affichée
13:26et qui pourrait être démentie par des résultats ?
13:29– Vous savez, il y a d'abord l'affirmation d'une volonté,
13:33l'expression d'une volonté, il faut dire les choses,
13:36il faut les dire clairement.
13:38Et je pense qu'il a été courageux de dire ce qu'il a dit et comme il l'a dit.
13:42Et c'est le fondement de tout.
13:44Et ensuite, nous sommes aux gouvernements depuis six mois,
13:47donc nous allons dérouler un certain nombre d'actions.
13:51Il a déjà commencé de le faire et il a déjà commencé d'obtenir des résultats,
13:55mais vous savez bien que ces questions sont difficiles,
13:59qu'elles interrogent à la fois la dimension constitutionnelle,
14:03la dimension réglementaire, la dimension internationale.
14:07S'il suffisait d'un claquement de doigts de M. Bardella
14:10pour résoudre les problèmes, croyez-moi, ce serait déjà fait.
14:15– Annie Gennevard, l'actualité de la semaine,
14:17c'est aussi bien sûr l'ouverture du salon de l'agriculture.
14:19Hier, vous y étiez, aux côtés d'Emmanuel Macron,
14:21une visite qui globalement s'est mieux déroulée que l'année dernière.
14:24On se souvient des violences qui avaient émaillé cette journée d'inauguration.
14:27Vous êtes soulagée ?
14:30– Vous savez, ce salon, ce 61e salon, ça n'est pas un salon comme les autres.
14:34Ça n'est pas un salon comme les autres parce qu'il intervient
14:37après une année qui a été terriblement difficile,
14:40où les agriculteurs ont vécu, en particulier cet été,
14:43des crises en tout genre, crise sanitaire, crise de rendement,
14:46crise météorologique.
14:48Donc, moi, j'ai eu à cœur, dès que je suis arrivée au ministère
14:52de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire,
14:54de délivrer des mesures qui répondent à ces urgences.
14:58Donc, on clôt, en quelque sorte, une séquence
15:01où j'ai délivré tout ce que je leur avais promis,
15:04où j'ai honoré également les engagements de mes prédécesseurs.
15:07– Et pourtant, dans les discussions, on emprunte que
15:10les ressentiments des agriculteurs sont toujours très forts.
15:13Certains disent qu'en un an, leurs inquiétudes restent
15:16toujours aussi grandes.
15:18Prenons la question, par exemple, des revenus.
15:20Près d'un ménage agricole sur deux vit aujourd'hui
15:22sous le seuil de pauvreté.
15:24Est-ce que là aussi, on n'a pas le sentiment
15:26d'une impuissance continue ?
15:28– Alors, le salon s'est bien passé parce que je crois
15:32qu'il y avait une envie de respiration.
15:35Les agriculteurs étaient là pour montrer ce qu'ils savent faire
15:39de bien aux Français.
15:40– Mais dans les discussions, ça a resté.
15:42– Et d'où le titre, une fierté française.
15:44Je tiens à le dire parce que si on veut reconquérir
15:48de la Souveraineté Alimentaire, si on veut reconquérir
15:50ce qu'il y a dans notre assiette et qui n'est pas toujours
15:52produit en France, il faut quand même être fier
15:54de nos agriculteurs.
15:55Ils produisent pour nous nourrir et il faut qu'ils produisent
15:58encore davantage pour nous nourrir.
16:00Tous les problèmes ne sont pas réglés, bien sûr.
16:03Et il y a en réalité en France des agricultures.
16:06Il y a des secteurs agricoles qui vont bien,
16:09des territoires qui vont bien et puis il y a des territoires
16:12qui sont en grande difficulté.
16:14Et vraiment, moi j'ai résolu d'être…
16:17– Quel secteur reste le plus en difficulté selon vous ?
16:19Vous dites qu'il reste des problèmes, des difficultés.
16:21On sait que le Parlement vient d'adopter définitivement
16:23le projet de loi d'orientation agricole.
16:25Qu'est-ce qu'il reste à faire ? Quelles sont vos priorités ?
16:27Vos deux prochaines priorités ?
16:29– Mes priorités c'est déjà de placer l'agriculture
16:32au bon niveau où elle se situe.
16:34L'intérêt majeur de la nation.
16:36Désormais dans le Code pénal, il y a le fait que l'agriculture
16:40est un intérêt fondamental de la nation.
16:44Et ça c'est vraiment majeur parce que, vous savez,
16:47l'agriculture est un monde très judiciarisé, hélas.
16:50Et placer l'agriculture à ce niveau d'importance
16:53dans la hiérarchie de nos valeurs et de l'importance dans notre droit,
16:57c'est très important.
16:58– Mesures contestées par les écologistes qui craignent
17:00que ça fasse passer la protection de l'environnement au second plan.
17:02– On y reviendra sans doute.
17:04Mais je conteste absolument ce point, je crois que…
17:08– Mais c'est la conséquence de cette décision
17:10de mettre l'agriculture en intérêt supérieur.
17:12– Je crois qu'on reproche beaucoup de choses aux agriculteurs
17:15avec une très grande injustice.
17:17La question du revenu est centrale.
17:19– On reviendra sur la question des écologistes dans un instant,
17:22mais effectivement sur les revenus.
17:24– Oui, la question du revenu elle est centrale
17:26et tous ceux qui parfois se livrent à des critiques
17:29contre le monde agricole, je leur dis très solennellement,
17:32êtes-vous prêts à travailler autant que nos agriculteurs ne travaillent ?
17:36Pour nous nourrir, pour nous nourrir d'une fonction…
17:40Ils sont essentiels à la nation.
17:42Un pays qui ne nourrit plus sa population
17:44est un pays qui est en risque énorme,
17:47qui se met dans la main,
17:49et dans un contexte géopolitique tellement tendu,
17:52vous savez bien que l'agriculture, l'alimentation
17:55peut être une arme stratégique.
17:57– Vous venez de faire voter à l'Assemblée nationale
18:01un projet de loi d'orientation agricole.
18:03Dans cette loi, quand on discute avec les agriculteurs hier,
18:06ils disent qu'il n'y a rien sur les revenus.
18:08Nos revenus, rien n'a changé avec cette loi.
18:10Qu'est-ce que vous leur répondez ?
18:12– Je dis que les revenus ce sont trois choses.
18:15D'abord, ce sont des allégements de charges.
18:17Dans les textes budgétaires, c'est pas dans la loi,
18:19mais c'est dans les textes budgétaires,
18:21il y a un demi-milliard d'allégements de charges.
18:24Ça, ça participe du revenu des agriculteurs.
18:26Deuxièmement, le revenu, ce sont des productions.
18:29C'est pour ça qu'il faut réhabiliter l'acte de produire.
18:32Mais pour produire, il faut plusieurs choses.
18:34Je vais dire des évidences,
18:36mais croyez-moi, pour les agriculteurs,
18:38c'est plus difficile d'accéder qu'il n'y paraît.
18:40Il faut d'abord de la terre, accéder à la terre.
18:42C'est pour ça que la terre agricole est précieuse.
18:45Il faut la protéger comme la prunelle de nos yeux.
18:47Deuxièmement, il faut de l'eau.
18:49C'est l'eau que les écologistes les plus radicaux leur refusent.
18:53Et moi, j'ai vu des scènes terribles.
18:55– Vous continuez à construire des grandes bassines,
18:57des rétorsions d'eau ?
18:59– Il faut avancer sur le stockage de l'eau.
19:02Avec les masses d'eau qui sont tombées ces derniers mois,
19:04vous ne croyez pas qu'on aurait pu en stocker un peu
19:06sans en priver ni les rivières, ni les fleuves,
19:09ni les nappes phréatiques ?
19:11Troisièmement, il faut la terre, l'eau,
19:15et il faut pouvoir protéger ces cultures.
19:17D'où la nécessité d'avoir des traitements appropriés.
19:20Il faut ces trois choses.
19:22Et enfin, il faut des prix.
19:24Il faut des prix rémunérateurs,
19:26et EGalim est là pour protéger les prix
19:30de la matière première agricole.
19:32– Sauf référence à la loi EGalim,
19:34qui est censée protéger le revenu des agriculteurs.
19:36S'agissant justement des négociations commerciales
19:38qui sont encadrées par cette loi,
19:40d'ici la fin de la semaine, ce sera la fin
19:42de ces négociations.
19:44Une négociation annuelle entre les producteurs
19:46et la grande distribution.
19:47Est-ce que vous estimez que la grande distribution
19:49exerce une pression déraisonnable sur les prix ?
19:51C'est ce que vous avez dit précédemment.
19:53Ça veut dire que ce sont eux, à vos yeux,
19:55qui sont les responsables ?
19:56Les distributeurs, les Leclerc, les Carrefour,
19:58les Lidl, etc. ?
19:59– Les choses se passent assez mal, pour tout vous dire.
20:02– Il reste une semaine.
20:03– Dans les négociations commerciales,
20:04il reste une semaine.
20:05Bon, c'est toujours comme ça.
20:07Les choses se tendent, se tendent, se tendent,
20:09et puis la résolution arrive.
20:10– Ça se passe assez mal pourquoi ?
20:11– Ça se passe mal parce que vous avez trois segments
20:15dans la construction du prix d'un produit.
20:18Vous avez le producteur, la matière première agricole,
20:21celle-là même qu'il faut protéger,
20:23parce que pendant trop longtemps,
20:25les agriculteurs ont vendu à perte,
20:27ce qui est absolument indigne,
20:29et insupportable, et inacceptable.
20:32Donc Egalim a veillé à protéger la part du producteur.
20:36Ensuite, il y a l'agroalimentaire,
20:38celui qui va transformer la matière première agricole,
20:41et enfin la distribution, le distributeur.
20:43Aujourd'hui, ce qui ne va pas,
20:45c'est qu'on a protégé la matière première agricole
20:48c'est-à-dire le paysan, le producteur.
20:50Mais maintenant, la pression s'opère sur le transformateur,
20:54c'est-à-dire la partie agroalimentaire.
20:56– La pression de la part de qui ?
20:57Des distributeurs ?
20:58– De la part de la distribution,
20:59qui demande des premiers prix dans les négociations,
21:02des prix à la baisse.
21:03Donc on voit bien que ce n'est pas vertueux comme système.
21:07– Vous appelez aujourd'hui les distributeurs
21:09à faire un effort, à être plus transparents ?
21:11– J'appelle à ce qu'on garde bien le principe
21:15que chacun puisse gagner convenablement sa vie.
21:17Parce que si la distribution fait une pression déraisonnable
21:24sur la transformation,
21:25eux-mêmes n'auront moins de moyens pour investir
21:28et moins de moyens pour rémunérer les producteurs.
21:31Donc ça ne peut pas tourner comme ça.
21:33– Et en même temps, quand on discute avec les distributeurs,
21:36ils expliquent que l'agroalimentaire a augmenté ses prix
21:39plus que l'augmentation du prix des matières premières.
21:42Est-ce que tout le monde, finalement,
21:44n'essaye pas de grossir son assiette ?
21:47– Moi, je pense qu'il ne faut pas jouer la carte de la division.
21:51Je dis à la grande distribution, je dis aux distributeurs,
21:55soyons raisonnables.
21:57Soyons raisonnables,
21:59il faut que chacun gagne convenablement sa vie,
22:01il faut que le producteur puisse continuer à produire
22:04et même produire davantage.
22:05Je rappelle quand même que 7 fruits sur 10 dans notre pays,
22:09consommés dans notre pays, n'y sont pas produits.
22:131 légume et fruit sur 2 n'y est pas produit,
22:171 poulet sur 2 n'y est pas élevé,
22:19donc on doit produire davantage.
22:21Donc il faut protéger le producteur.
22:23Mais celui qui va permettre de conserver de la valeur,
22:27c'est le transformateur.
22:29Et donc, vous savez, c'est une chaîne l'alimentation.
22:33C'est une chaîne.
22:34Si on déséquilibre la chaîne,
22:36donc je dis à la distribution,
22:38vous devez gagner votre vie, c'est normal,
22:40c'est un grand pourvoyeur d'emploi,
22:42c'est le lien avec le consommateur,
22:44il faut des prix raisonnables pour les consommateurs.
22:46– Avec un renforcement des contrôles,
22:47est-ce que vous dites le gouvernement va renforcer les contrôles ?
22:49On sait que 10% à peu près des contrats signés l'année dernière
22:52entre produits industriels et distributeurs ne respectaient pas la loi.
22:56Est-ce que vous dites qu'on va renforcer ?
22:57– Alors, ça c'est dans le champ de ma collègue Véronique Louvégie
23:00qui est la ministre du commerce,
23:01avec laquelle nous sommes parfaitement raccords.
23:05Et effectivement, un certain nombre de contrôles vont être diligentés
23:10parce que toute règle, c'est comme ça, c'est humain,
23:13quand on met en place des règles,
23:15il faut contrôler qu'elles soient appliquées.
23:16– Simplement sur les distributeurs, vous leur adressez un message,
23:19qu'est-ce que vous pouvez faire en une semaine,
23:21là, avant la fin des discussions commerciales ?
23:23– Je pense que les choses se débloqueront.
23:25Sur un certain nombre de segments d'entreprises,
23:29les contrats ont été conclus.
23:32– Pour les PME plus que pour l'agroalimentaire ?
23:35– Oui, parce que les PME sont plus petites,
23:39donc elles sont plus souples peut-être dans les négociations,
23:42mais moi je considère que la France est riche de son agroalimentaire.
23:47Vous savez que c'est le premier employeur en France ?
23:50C'est le premier employeur.
23:52Plus de 500 000 emplois sont dans l'agroalimentaire.
23:55On a des entreprises magnifiques,
23:56elles sont petites, elles sont moyennes, elles sont grandes,
23:58mais elles sont toutes utiles.
24:00– Il y a juste un cas très précis sur lequel on voudrait aussi avoir votre avis,
24:03sur la taxe soda.
24:05Aujourd'hui, le budget 2025 a voté une taxe sur les produits les plus sucrés.
24:11Qui doit la supporter cette taxe ?
24:13L'agroalimentaire n'a pas envie de la supporter,
24:15il préférait que ce soit les distributeurs.
24:17In fine, est-ce que le risque ce ne soit pas les clients,
24:20les consommateurs qui payent cette taxe ?
24:22– Je me suis exprimée publiquement sur la taxe…
24:24– On peut aller jusqu'à 15 centimes de plus, par exemple,
24:26pour un litre d'une boisson sucrée.
24:28– Oui. Je me suis exprimée sur cette question de la taxe sucre,
24:32pour dire que, de mon point de vue,
24:34les taxes comportementales,
24:36les taxes qui visent à modifier le comportement des Français,
24:40ce n'est pas la bonne idée.
24:42Ce n'est pas la bonne idée d'abord parce que ça ne produit pas l'effet escompté.
24:46Alors, ça rapporte un peu d'argent à l'État, effectivement,
24:49mais je considère que ça n'est pas la bonne façon de faire,
24:52et en plus, ça pénalise une des filières les plus emblématiques.
24:56On a une magnifique filière sucrière en France.
24:58On est un des leaders de la production de sucre,
25:02la betterave sucrière qui produit le sucre.
25:05Donc, derrière ces taxes soda,
25:08il y a toujours à l'origine un producteur.
25:10– Vous n'avez pas répondu à la question,
25:11qui est-ce qui va devoir payer derrière cette taxe ?
25:13– Écoutez, je ne sais pas.
25:14En tout cas, in fine,
25:17il n'est pas impossible que ce soit le consommateur qui la paye, en effet.
25:21Je ne sais pas comment les choses se détermineront.
25:24Donc, vous savez, tout le monde boit des sodas.
25:28– L'autre motif de grande inquiétude de la part des agriculteurs au salon cette année,
25:33c'est bien sûr l'accord avec le Mercosur,
25:35l'accord conclu avec les pays d'Amérique du Sud.
25:37L'accord a été signé avec l'Union Européenne.
25:40Est-ce que c'est un échec de la France
25:42qui n'a pas réussi jusque-là à s'opposer à cette signature ?
25:46– Alors, ce qui a été signé, c'est un projet d'accord.
25:48Ça n'est pas l'accord.
25:50– Donc, maintenant qu'il soit ratifié par les membres de l'Union Européenne,
25:53la France cherche toujours une minorité de blocage pour l'en empêcher.
25:56Où est-ce que vous en êtes dans cette recherche ?
25:58– Petite pause simplement vocabulaire sur cette minorité de blocage.
26:00Il faut donc que 4 pays minimum votent contre cet accord
26:06et 35% de la population européenne,
26:09réunissant 35% de la population européenne.
26:11Aujourd'hui, on n'y est pas.
26:13– D'abord, il est important de signaler,
26:15et ce n'est pas si fréquent dans notre pays,
26:18que toutes les positions politiques sont alignées
26:20pour dire non à ce projet d'accord avec les pays du Mercosur.
26:23Pourquoi ?
26:24Tout simplement parce que c'est le plus gros accord,
26:28s'il est conclu, c'est le plus gros accord jamais conclu avec l'Union Européenne.
26:34Il faut le dire.
26:35Pourquoi est-ce qu'il a mis 20 ans ?
26:37Ça fait quand même 20 ans qu'on parle de cet accord.
26:39Tout simplement parce qu'on a freiné,
26:42beaucoup de pays ont freiné, dont la France,
26:44parce que ça déséquilibrerait gravement
26:49nos productions de volaille, de bœuf, de sulfite.
26:52– Où est-ce qu'on en est aujourd'hui concrètement ?
26:53– Aujourd'hui, on est toujours dans une opposition frontale
26:56avec ce projet d'accord,
26:58et nous continuons un intense travail diplomatique.
27:01Je suis allée en Pologne rencontrer mon homologue polonais,
27:04le Président de la République a rencontré Donald Tusk,
27:07et la Pologne a dit très clairement, nous ne signerons pas.
27:11– La France et la Pologne, ça ne suffit pas ?
27:12– La France, la Pologne, l'Autriche.
27:14– L'Italie ?
27:15– Alors, l'Italie, on ne sait pas.
27:18Moi, mon homologue italien, Monsieur Lolo Brigida,
27:22me dit, je suis absolument hostile à ce projet d'accord.
27:28Que fera Madame Mélanie ? Je ne le sais pas.
27:32On l'a dit très transactionnelle, est-ce qu'elle négociera un accord ?
27:37Par exemple, la Belgique ne votera pas le Mercosur.
27:41Il faut bien voir que de plus en plus de paysans européens
27:45se posent des questions sur cet accord, ce projet d'accord, d'une part.
27:48Et d'autre part, il faut bien considérer qu'il peut y avoir
27:50ou minorité de blocage, et on y travaille,
27:53ou alors une absence de majorité d'adoption.
27:56Et ce, dans l'hypothèse où l'accord est scindé.
27:59– Marie Nettar ?
28:00– Toujours une question européenne.
28:02La Commission européenne vient de fixer ces nouveaux objectifs
28:06en matière agricole, alimentaire,
28:09notamment en perdant de vue certains objectifs
28:12pour verdir le plan européen.
28:14Est-ce que vous vous réjouissez de cette décision européenne,
28:17notamment l'abandon du plan de réduction des pesticides ?
28:22– Alors, nous avons transmis au commissaire Hansen
28:26nos propres vues sur ce que doit être
28:29la future politique agricole commune.
28:32Et on s'est réjouis de voir qu'il avait repris
28:35un certain nombre de nos dispositions,
28:37des points auxquels nous sommes très attachés.
28:40Le premier point, c'est d'abord un cadre financier qui soit…
28:44– Mesdames, je vous propose de reprendre ce débat
28:46sur l'écologie et les liens avec notre agriculture.
28:49– Ah bon ?
28:50– Juste après la pause, on est déjà très en retard.
28:52– D'accord.
28:53– On se retrouve juste après ça.
28:54– Très bien.
28:55– Suite du Grand Jury présenté par Thomas Dépré.
29:06– Et toujours avec nous, Annie Gennevard,
29:08ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire.
29:11Juste avant la pause, nous discutions de ce projet
29:14de loi d'orientation agricole qui a été adopté cette semaine
29:18à l'Assemblée Nationale et au Sénat,
29:20et des nouvelles réglementations européennes
29:22sur la question des pesticides.
29:24Les associations écologistes jugent le texte qui a été adopté dangereux
29:30parce qu'il fait passer l'agriculture, la production,
29:32devant la protection de l'environnement, selon elles.
29:35Ce texte, c'est un retour en arrière pour la protection de la biodiversité ?
29:39– Alors ça, c'est un mauvais procès.
29:41C'est l'exemple même du mauvais procès qu'on fait aux agriculteurs.
29:44Je voudrais rappeler quand même que les agriculteurs
29:47travaillent avec l'environnement,
29:50que beaucoup d'agriculteurs font des efforts considérables
29:55pour s'adapter à cette nouvelle donne du changement climatique
29:59qui oblige à de nouvelles pratiques culturales.
30:02Ils se sont adaptés au retrait de produits phytosanitaires
30:06interdits au niveau européen et au niveau français,
30:09ce qui les a amenés à faire d'énormes efforts en changement de pratiques,
30:13en adaptant leur production.
30:16Mais aujourd'hui, on a l'agriculture la plus vertueuse du monde.
30:21– Aujourd'hui, le texte prévoit, par exemple,
30:23le retour à certains produits phytosanitaires comme le glyphosate,
30:26parce qu'il n'y a pas d'alternative.
30:28– Pas du tout, le texte ne dit absolument pas cela.
30:31La loi d'orientation agricole, elle dit une chose en matière d'environnement.
30:35Elle dit, essayons d'être dans cette affaire
30:39pas plus exigeant que ne l'est l'Union Européenne.
30:45Par exemple…
30:46– Elle réintroduit quand même l'utilisation de certains pesticides
30:49qui, jusque-là, étaient interdits en France.
30:50– Non, pas du tout, dans cette loi, il n'y a pas la réintroduction de pesticides,
30:53absolument pas, absolument pas.
30:55Dans cette loi, il y a simplement, dans la partie programmatique,
30:58l'idée que, en l'absence de solutions alternatives,
31:04économiquement viables et techniquement efficaces,
31:08eh bien, on n'interdise pas sans avoir une solution en action.
31:13– Pas d'interdiction sans solution.
31:15– Pas d'interdiction sans solution pour utiliser des produits
31:20qui sont autorisés partout en Europe.
31:23Il ne s'agit pas, pour les agriculteurs français,
31:26de demander à sortir de la réglementation européenne,
31:29mais simplement à ne pas être victime d'une concurrence déloyale
31:34et bien entendu à ne pas utiliser des produits
31:36ou dans la façon de les utiliser qui soit dangereux pour la santé humaine.
31:39– Mais donc autoriser certains produits qui ne l'étaient plus forcément en France
31:42mais qui l'étaient encore en Europe.
31:43– Écoutez, ça nous verrons, parce que c'est un autre texte de loi.
31:45C'est une proposition de loi sénatoriale qui sera examinée.
31:49Mais ce qu'il faut, c'est bien comprendre aujourd'hui
31:52pourquoi est-ce que vous avez cette fruit sur dix,
31:56je termine si vous permettez,
31:58cette fruit sur dix qui sont consommés en France,
32:00qui ne sont pas produits.
32:01Parce que les producteurs, les arboriculteurs,
32:04ils sont simplement en impasse de traitement.
32:07Là où leurs concurrents espagnols, italiens, polonais,
32:10peuvent produire avec des substances dont ce qu'on demande,
32:13c'est une règle qui soit la même pour tout le monde.
32:19Voilà, donc c'est pas compliqué,
32:22mais on n'est pas en retrait sur le plan environnemental.
32:25Vous savez, l'agriculture bio est une grande politique.
32:29– Elle est en souffrance aujourd'hui.
32:31– Oui, elle est en souffrance parce qu'elle a des problèmes de débouchés.
32:35Mais l'agriculture biologique utilise des produits phytosanitaires,
32:39enfin il faut le savoir.
32:41Pendant des millénaires, les hommes ont connu des famines.
32:45La science leur a apporté des solutions.
32:48Et donc, il ne faut pas non plus être complètement décliniste
32:52en matière de science.
32:54C'est extraordinaire ce que la science nous apporte,
32:56la technique nous apporte, l'agronomie nous apporte.
32:59Il ne faut pas négliger, évidemment, il y a un impératif,
33:03c'est la santé humaine, bien sûr.
33:05– Sans être décliniste, Annie Genevard,
33:07on a quand même l'impression que le discours ambiant aujourd'hui
33:10dit que le secteur agroalimentaire, qui pèse en moyenne aujourd'hui
33:1410% dans nos émissions de CO2, ne doit pas faire d'efforts.
33:19– Vous savez, j'étais récemment, j'ai fait la tournée
33:25des industries agroalimentaires.
33:27J'ai visité plusieurs entreprises, c'est extraordinaire.
33:30Mais je voudrais vraiment vous dire à quel point il faut abandonner
33:32en la matière des idées reçues.
33:34J'ai vu des entreprises agroalimentaires qui contractualisent
33:39avec des producteurs.
33:41Imaginez-vous qu'un fabricant de compotes bien connu,
33:44je ne donnerai pas la marque, contractualise avec des arboriculteurs
33:48le temps de la vie d'un arbre.
33:51Ils ont réduit l'usage, l'utilisation de l'eau, l'utilisation de l'énergie,
33:57ils réduisent le remprunt de carbone, ils font des efforts considérables.
34:01Reconnaissons ces efforts.
34:03Et de même les agriculteurs.
34:05Ma première visite sur le terrain a été pour la Bretagne,
34:08chez un éleveur qui produit du lait bio.
34:13Donc voilà, il n'y a pas la bonne production vertueuse
34:20et la mauvaise production empoisonneuse.
34:22C'est une idée reçue.
34:24Tous les agriculteurs font aujourd'hui des efforts.
34:26D'abord, ils ont un intérêt économique, moins vous avez d'intrants,
34:29moins ça coûte.
34:31Mais ils sont confrontés à des impasses de traitements.
34:34Annick Genvar, juste une question, parce que vous avez mis le sujet sur la table
34:37il y a quelques secondes, de cette proposition de loi sénatoriale
34:40pour réautoriser l'utilisation de certains produits
34:45qui sont interdits par l'ANSES, l'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire.
34:50C'est une proposition de loi sénatoriale.
34:53En quelques mots, très rapide, est-ce que votre gouvernement
34:56est favorable à faire cela ?
34:58Non, pas interdit par l'ANSES.
35:00Si elles étaient interdites par l'ANSES, je ne pourrais pas y revenir.
35:05Ce sont des parlementaires.
35:07Il y en a là, dans la salle, Agnès Évray, Nicole Lepay, Philippe Juvin,
35:11un président de département, Pascal Causte,
35:13ils savent bien de quoi il est question.
35:15Ce sont les parlementaires qui ont interdit
35:18toutes les familles néonicotinoïdes.
35:20L'Europe les a toutes interdites, sauf une.
35:23Et qui est essentielle pour la production.
35:26Qui n'est pas défavorable aux abeilles.
35:30On verra ce que les parlementaires feront.
35:33Vous le gouvernement, vous y êtes favorable ou pas ?
35:35Non, on est défavorable à la réintroduction
35:37sans condition de ce néonicotinoïde.
35:39Parce que c'est un néonicotinoïde, en effet,
35:41et qu'il faut l'utiliser par simonie.
35:43Mais là où il y a des impasses de traitement,
35:46le texte sénatorial dit,
35:49par dérogation, pour une durée limitée,
35:51sur les filières qui sont en impasse de traitement,
35:54on le rétablit.
35:56La balle sera dans le camp des parlementaires.
36:00Alors, on va partir dans notre parti
36:02Tout est politique maintenant, madame la ministre.
36:04Bien.
36:05Alors, normalement il y avait un jingle.
36:07Le grand jury, tout est politique.
36:09Il est là, voilà.
36:11Vous êtes également membre de la direction collégiale
36:14des Républicains, qui doit se chercher
36:17un nouveau chef dans quelques semaines.
36:19La guerre est déclarée entre Bruno Retailleau
36:21et Laurent Wauquiez, tous les deux sont candidats
36:23à cette présidence des Républicains.
36:25Première question, à qui apportez-vous
36:27votre soutien, vous, dans cette campagne ?
36:29Alors, je suis secrétaire générale des Républicains.
36:31Et je vais avoir la tâche délicate
36:34de mener à bien cette élection
36:37à la présidence de notre mouvement.
36:40Et statutairement, je suis évidemment assignée
36:43à une forme de neutralité.
36:45Donc vous ne prendrez pas de position dans la campagne ?
36:47Non, je ne prendrai pas de position.
36:48Mais je voudrais dire un mot.
36:50Des candidats ne sont pas des ennemis.
36:52Une élection, ce n'est pas une guerre.
36:54Voilà, c'est un exercice...
36:56C'est un exercice...
36:58C'est un risque que vous pointez ?
36:59Non, je dis, une élection n'est pas une guerre.
37:02C'est une élection.
37:03Vous avez dit cette semaine, la tonalité de la campagne
37:05offre des marges de progrès.
37:07Oui, ça c'est mon côté très nuancé.
37:10Une façon diplomatique de dire que...
37:13C'est pas très bien parti.
37:14Voilà, écoutez, on n'en est qu'au début,
37:16ce qui n'est pas fait pour me rassurer.
37:18Mais enfin, je dis à chacun,
37:21attention, parce qu'au-delà de la plaisanterie,
37:23il faut quand même bien voir ce qui est en jeu.
37:25Depuis que nous sommes au gouvernement,
37:27la droite est réidentifiée.
37:30Elle démontre qu'au gouvernement,
37:32un, elle n'abandonne pas ce à quoi elle croit, ses valeurs.
37:35Deux, elle est en capacité de convaincre les Français.
37:38Et trois, elle est à nouveau identifiée
37:40comme un parti de gouvernement.
37:42Donc ça, c'est très important.
37:44C'est ça qui est en jeu dans cette élection.
37:45Deuxièmement, on a quand même
37:49à réhabiliter, aux yeux des Français,
37:52l'importance d'un grand parti de droite
37:54qui va être en responsabilité.
37:57Il y a des élections municipales qui vont arriver,
38:00des élections sénatoriales.
38:01Je ne parle pas de l'élection présidentielle.
38:03C'est encore trop loin et je pense que c'est périlleux.
38:06Donc il faut quand même que l'LR se choisisse
38:10un chef qui puisse effectivement les engager,
38:13les emporter vers toutes ces échéances électorales.
38:16À ce stade de la compétition entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau,
38:19les poids lourds de la majorité sont plus sensibles
38:21à la notoriété récente du ministre de l'Intérieur.
38:24Pourquoi, selon vous, est-ce que c'est un échec de la stratégie
38:27jusque-là de Laurent Wauquiez ?
38:28Dès lors que je répondrai à votre question,
38:30je ferai une entorse grave
38:33au devoir de neutralité qui est le mien.
38:36Donc moi, ce que je veux dire, c'est que
38:38chacun se positionnera en son âme et conscience.
38:41Mais je dis à Laurent Wauquiez et à Bruno Retailleau,
38:44qui sont tous les deux des hommes de grand talent,
38:46que je connais très bien, avec qui j'ai travaillé
38:49et je travaille depuis de nombreuses années,
38:52je dis attention, attention, danger pour la droite,
38:55danger pour notre crédibilité.
38:58Vous vous affrontez, c'est la démocratie.
39:00C'est la deuxième élection à la tête de la présidence,
39:04à la tête de notre famille politique que je conduis.
39:06Est-ce qu'il faudrait qu'il y ait un troisième candidat, peut-être,
39:09pour que ce soit un peu moins gare des chefs ?
39:10Est-ce que vous encouragez David Lysnard ?
39:12Si c'était une possibilité, on verra bien,
39:16parce que, vous savez, on a jusqu'à mi-avril
39:20pour voir éventuellement d'autres candidatures se présenter,
39:24et nous verrons bien.
39:25Est-ce que le futur président du parti sera
39:28le futur candidat du parti à l'élection présidentielle ?
39:31Je crois que chacun a bien compris que répondre à cette question,
39:33c'est ouvrir là, pour le coup, un front
39:36qui peut être très déstabilisant.
39:382027, c'est loin.
39:39On voit bien, l'actualité récente, pardon,
39:43mais aviez-vous prévu la dissolution ?
39:45Aviez-vous prévu la censure ?
39:47Aviez-vous prévu que Matignon serait occupé
39:50par un Premier ministre de droite ?
39:53Puis par un Premier ministre centriste,
39:55puisque François Bayrou est désormais Premier ministre.
39:57Puis par un Premier ministre centriste.
39:59Donc, que l'un serait censuré, pas l'autre.
40:03La vie politique, ça offre des retournements
40:08que n'offre aucune autre activité humaine.
40:10Toujours est-il qu'il y a...
40:11Donc, d'ici 2027, il peut se passer beaucoup de choses.
40:14Moi, je serai très prudent.
40:15Mais à l'heure d'aujourd'hui, il y a beaucoup de candidats
40:17de la droite, du centre.
40:19On sait que certains ont des ambitions,
40:20Gérald Darmanin, etc.
40:23Est-ce que vous, vous seriez pour une primaire
40:26qui serait ouverte aux candidats du centre
40:28et de la droite républicaine ?
40:29C'est notamment le souhait de Gérald Darmanin
40:31que je viens de citer.
40:33C'est un peu tout pour répondre à votre question
40:35et je ne lui dérobe pas.
40:37Mais, vous savez, dans la période
40:40qui sera vraiment préalable à l'élection,
40:43on va voir des personnalités émerger
40:45et on va voir des personnalités s'effacer.
40:47C'est comme ça.
40:48Vous êtes des commentateurs,
40:49vous allez être des observateurs très avisés.
40:51On voit bien que des équilibres se construisent,
40:55des personnalités émergent, d'autres s'effacent.
40:58Je pense qu'il est trop tôt pour répondre à cette question.
41:01Ce qui est clair, en revanche,
41:02c'est qu'une multiplication de candidatures,
41:05à tous les coups,
41:06peut compromettre les chances de la droite
41:08et du centre de l'emporter.
41:10Très concret, Édouard Philippe,
41:11il est déjà candidat à l'élection présidentielle.
41:13Il devrait faire partie de cette future primaire,
41:15si elle existait ?
41:16Vous savez, tout ça est bien prématuré.
41:18Nous verrons bien.
41:19Annie Gennevard, question précise.
41:21Est-ce que, dans son programme pour la présidentielle,
41:23les républicains proposeront une retraite à 65, 66 ou 67 ans ?
41:27Je vous pose la question puisque, jeudi,
41:29la Cour des comptes a remis son rapport
41:31sur l'état de notre système de retraite,
41:33rapport commandé par François Bayrou,
41:35et qui estime que la réforme de 2023
41:37n'aurait qu'un effet très limité à long terme.
41:39Alors, est-ce qu'il faudra aller plus loin
41:41et proposer, en 2027, un allongement de l'âge de départ ?
41:45Annie Gennevard.
41:46Vous savez, les Français partent, en moyenne,
41:48en retraite un an plus tôt que la moyenne européenne.
41:51Ça, c'est une réalité.
41:53Le déficit, et ce sont les chiffres de la Cour des comptes,
41:58est estimé à 14 ou 15 milliards d'ici 2035,
42:02à 30 milliards en 2045.
42:04On sait qu'on a un problème de financement de nos retraites.
42:07Il y a trois leviers.
42:09On en revient toujours à une base assez simple.
42:11Soit vous diminuez les retraites,
42:13soit vous augmentez les cotisations,
42:17soit vous allongez la durée du travail.
42:19C'est basique.
42:21C'est comme ça qu'il faut raisonner.
42:23Nous avons toujours...
42:24Saskia de Ville.
42:25En tout cas, il ne faut pas toujours revenir sur la réforme de 2023.
42:27Moi, je pense que la réforme de 2023...
42:29C'est ce qui est sur la table avec la concertation entre patronat et syndicat.
42:33...était indispensable.
42:34Le Premier ministre, pour apaiser,
42:37a décidé de réouvrir des consultations,
42:42de faire fonctionner le paritarisme.
42:44Je pense que c'est de bonne politique.
42:46Nous verrons bien ce qu'il en sortira.
42:49Mais le Premier ministre a bien dit
42:51sans dégrader les finances publiques.
42:53Donc, le CAP, quand même, invite à la responsabilité de chacun.
42:57Ce qui est clair, c'est qu'aujourd'hui,
42:59nous avons trop peu d'actifs pour financer les retraités.
43:05Ça veut dire qu'il faut, évidemment,
43:09faire travailler plus longtemps
43:11si on ne veut pas compromettre le niveau...
43:14Et est-ce qu'il faut que les retraités contribuent davantage à l'effort financier ?
43:17C'est une piste...
43:18C'est la proposition que fait Eric Lombard.
43:20Alors, vous savez,
43:22la droite républicaine a toujours été assez claire.
43:25Protéger le travail et ceux qui ont travaillé.
43:28Ça, c'est quelque chose de très important.
43:31Donc, vous y êtes défavorable.
43:33De notre point de vue,
43:34c'est un débat que nous aurons au sein du gouvernement.
43:37Ce n'est pas le seul.
43:38Vous savez, c'est la vie politique.
43:39C'est comme ça.
43:40On est un socle commun.
43:42On n'est pas une majorité au sens classique du terme.
43:45Donc, les choses...
43:46Quand je dis que je ne suis pas d'accord sur telle disposition,
43:49je le dis franchement.
43:50Bon, après, l'arbitrage est rendu.
43:52Il y a des arbitrages qu'on gagne.
43:53Il y a des arbitrages qu'on perd.
43:54C'est le lot d'une vie gouvernementale.
43:57Que les retraités contribuent.
43:58Donc, on a bien compris que pour vous, c'est non.
44:00Il y a une autre idée qui revient en force ces dernières semaines.
44:02C'est la retraite par capitalisation.
44:04La CPME propose de travailler une heure de plus par semaine
44:07pour financer sa propre retraite.
44:09Est-ce que ça, vous y êtes favorable ?
44:11Moi, je pense qu'il faut explorer davantage la capitalisation.
44:15Comment on capitalise ?
44:17Il y a toutes sortes de systèmes de capitalisation.
44:20Je précise d'ailleurs que la fonction publique
44:22connaît la capitalisation.
44:24C'est la préfond retraite.
44:26Donc, il faut pouvoir offrir aussi cette possibilité,
44:29cette facilité d'une capitalisation pour le secteur privé.
44:32Donc, ça me semble indispensable.
44:35D'autant que les modes de financement des retraites
44:38vont quand même...
44:40La population vieillit.
44:43La natalité fléchit.
44:47Par conséquent, il faut trouver des solutions.
44:50Et la capitalisation, j'en suis convaincue,
44:52est une piste à explorer.
44:54Et ce n'est pas Philippe Juvin qui me dira le contraire.
44:57Est-ce que c'est une idée qu'il porte également ?
44:59La question des retraites, est-ce qu'il faudra trancher
45:01à un moment ou à un autre par référendum ?
45:03Emmanuel Macron envisage des référendums
45:05d'ici la fin de l'année.
45:07C'est possible.
45:09Quand je repense à la façon dont le débat a eu lieu
45:12à l'Assemblée nationale et dans la société,
45:15franchement, sur un sujet aussi important, capital,
45:18qui requiert vraiment un esprit de responsabilité.
45:21Parce que si on n'arrive pas à financer
45:23notre système de retraite,
45:25c'est tous les retraités actuels et futurs
45:28qui en pâtiront.
45:30Peut-être que certains sujets très difficiles
45:33n'ont de solution pour être tranchés
45:36que le référendum, en effet.
45:38Peut-être sera-t-ce le cas.
45:40Mais je pense que la démocratie
45:44qui met en présence des partenaires sociaux
45:48peut-être arrivera à trancher certaines questions.
45:53Donc vous, on note que vous êtes plutôt favorable
45:56sur la question des retraites.
45:58Vous savez bien que la famille à laquelle j'appartiens
46:00est favorable par nature au référendum.
46:02Je pense aussi que notre pays est tellement clivé,
46:05tellement affronté sur des sujets pourtant déterminants
46:12que sont, par exemple, les questions liées à l'immigration
46:15ou les questions liées, par exemple, aux retraites.
46:18Pourquoi pas ?
46:19Si ça peut permettre de trancher des débats
46:21et d'apaiser les sujets,
46:23je suis a priori favorable au référendum.
46:28Mais c'est un exercice dont le maniement est délicat.
46:36Madame la ministre, vous connaissez le principe
46:38des questions courtes, des réponses courtes.
46:40Cette semaine, le Sénat a adopté une proposition de loi
46:43visant à interdire les mariages avec un étranger
46:45en situation irrégulière.
46:47Est-ce que vous êtes favorable ?
46:49Complètement favorable.
46:50Il faut que le texte soit proposé également à l'Assemblée nationale ?
46:53Oui, et j'ai l'espoir que nous puissions y arriver
46:56et qu'il n'y aura pas d'obstacles constitutionnels
46:59ou européens pour l'en empêcher.
47:02C'est une question de bon sens absolu.
47:04On sait que le mariage est détourné de son usage
47:06simplement pour régulariser des situations.
47:09J'ai été maire, j'ai été confrontée au sujet.
47:12Vous êtes choquée par la fermeture de la chaîne de télévision C8 ?
47:16J'entends l'émoi qu'elle suscite.
47:19Un animateur emblématique, populaire.
47:23Dans le même temps, une chaîne qui a fait l'objet
47:26de 52 sanctions de la part de l'ARCOM.
47:28Et puis une autorité indépendante qui s'en est saisie,
47:30la plus haute juridiction administrative de notre pays
47:33qui l'a confirmée.
47:35Je comprends l'émoi que cette fermeture suscite.
47:40Le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Colère,
47:42peut-il refuser la convocation d'une commission d'enquête parlementaire ?
47:45C'est ce qu'il a fait, la commission d'enquête parlementaire,
47:48au sujet du dérapage des comptes publics.
47:49Peut-il refuser cette convocation à vos yeux ?
47:52Ecoutez, là vous me posez une colle sur le plan juridique.
47:54Je ne sais pas si un secrétaire général est en capacité
47:57de refuser une convocation à une commission d'enquête.
48:01Je vous avoue que, sans doute, la situation est-elle assez rare.
48:04Est-ce qu'il faut que le secrétaire général de l'Elysée
48:06réponde aux questions des députés ?
48:08Si la commission d'enquête a pour objet d'exiger la présence
48:13de tout citoyen, y compris un secrétaire général de l'Elysée,
48:20sans doute ne peut-il pas s'y dérober.
48:24Là, je vous avoue que juridiquement, je n'ai pas les éléments de réponse.
48:28Pour ou contre supprimer le RSA,
48:30comme le propose le patron du parti communiste, Fabien Roussel,
48:33il considère que c'est un frein à l'emploi.
48:36Alors oui, j'ai vu cette déclaration.
48:39Sur le fond, il faut éviter les dispositifs qui sont des trappes à chômage
48:43ou des trappes à assistance.
48:45Clairement, toutes les politiques publiques doivent être orientées
48:48vers le retour à l'emploi.
48:50Et vous savez, la proposition que nous avions faite, nous, les Républicains,
48:55d'une contrepartie de 15 heures hebdomadaires contre le RSA,
48:58contre lequel d'ailleurs Marine Le Pen et ses troupes avaient voté,
49:02et bien, ça a permis de ramener à l'emploi
49:05toutes les enquêtes, les retours de terrain disent
49:08que ça a permis de ramener à l'emploi des gens qui en étaient très éloignés.
49:11Ce que veut dire Fabien Roussel, je pense que c'est cela.
49:14L'objectif, ce n'est pas l'assistance ou l'assistanat,
49:17c'est vraiment d'amener les gens à retrouver l'autonomie que donne un emploi.
49:21Un Premier ministre peut-il cumuler sa fonction
49:24avec celle de maire d'une ville de plus de 150 000 habitants,
49:27ce que fait aujourd'hui un François Bayrou qui reste maire de Pau ?
49:29Écoutez, le Premier ministre en donne la démonstration.
49:32C'est une bonne idée ?
49:34C'est une bonne idée. Je pense que sur la question du cumul,
49:37moi je considère qu'on a fait une grosse bêtise lorsqu'on a interdit
49:40qu'un parlementaire cumule sa fonction parlementaire
49:44avec une fonction d'exécutif local.
49:47Je pense qu'on a vraiment organisé la déconnexion
49:50d'un certain nombre de parlementaires d'Avec la vie réelle.
49:53Donc vous êtes pour le retour du cumul des mandats ?
49:55Moi je suis pour le retour d'un cumul raisonnable.
49:58Je pense que ça évitera la déconnexion
50:01dont on voit les effets pervers aujourd'hui.
50:03Dans l'affaire Bétharame, l'État a-t-il failli ?
50:05Affaire Bétharame, du nom de cet établissement des Pyrénées-Atlantiques
50:09où 140 plaintes ont été déposées à ce jour
50:12pour violences, agressions sexuelles ou viols.
50:15L'État a-t-il failli dans cette affaire ?
50:17Moi je voudrais dire d'abord que l'affaire de Bétharame
50:21suscite pour moi une immense compassion
50:25pour les victimes et un sentiment de colère et de révolte
50:30que ces faits aient été commis
50:33dans le cadre d'un établissement scolaire.
50:37Là où on doit instruire et protéger, c'est révoltant.
50:41Le premier commentaire que m'inspire cette terrible affaire
50:45c'est d'abord une immense compassion.
50:47Elisabeth Borne dit que l'État a sans doute failli.
50:50Il y a eu incontestablement des faillances
50:53puisque ces faits se sont produits et se sont produits durablement.
50:57Est-ce que ça veut dire qu'il faut maintenant
50:59que le gouvernement renforce les contrôles sur les établissements scolaires ?
51:03Est-ce qu'ils sont suffisants aujourd'hui ?
51:05La première chose à faire, c'est que la justice passe.
51:09Elle doit condamner les coupables de ces abominations.
51:12Et puis bien entendu, comme finalement la société a évolué
51:17pour que la parole des femmes se libère,
51:19il faut tout faire pour que la parole des enfants se libère.
51:22Parce que souvent ces situations se nourrissent du silence des enfants.
51:27Et puis naturellement, il doit y avoir des contrôles
51:31qui doivent être extrêmement serrés.
51:34Dès lors qu'on s'occupe d'enfants,
51:36que ce soit dans un établissement scolaire
51:38mais dans tout lieu accueillant des enfants,
51:40il doit y avoir contrôle et s'assurer que les adultes
51:44soient en capacité de le faire.
51:46Mais vous savez...
51:48Cette affaire éclabousse François Bayrou.
51:50Il est maire de Pau depuis 11 ans.
51:52Il a été auparavant président du conseil général
51:55pendant une dizaine d'années.
51:57Est-ce qu'il pouvait ne pas être au courant
51:59de tous ces faits de violence, d'agression sexuelle, de viol ?
52:02Je ne peux pas imaginer que François Bayrou,
52:07l'homme que je connais et avec lequel je travaille,
52:11ait pu couvrir par le silence de tels agissements.
52:14Et pourtant sa femme travaillait, elle enseignait le catéchisme.
52:17Ce que je veux dire, c'est que je condamne avec la plus grande force
52:20toute instrumentation politicienne qui pourrait être faite
52:23de cette terrible affaire.
52:26Et je crois qu'il faut là que la justice passe
52:29dans son impartialité, en dehors du tumulte politique
52:33parce que c'est ça que les victimes attendent,
52:36la réparation, la reconnaissance par la justice
52:39et la réparation, c'est fondamental.
52:41Est-ce qu'il y a eu un effet d'omerta autour de cette affaire, peut-être ?
52:44Dans ce département, dans cette ville de Pau ?
52:46Écoutez, alors vraiment, je crois que
52:49si une telle tentative avait été,
52:52si tel avait été le cas aujourd'hui,
52:54la parole s'exprime et c'est très bien.
52:57Il faut dire les choses et il faut évidemment les réparer.
53:02Merci beaucoup, Annie Genevard, on vous libère.
53:04Vous retournez au Salon de l'Agriculture pour la suite de ce salon.
53:07Merci beaucoup, rendez-vous la semaine prochaine pour Le Grand Jury.