Le ministre de la Santé et de la Prévention sera l'invité du Grand Jury de 12h à 13h
Regardez Le Grand Jury du 28 mai 2023 avec Olivier Bost et Marie-Pierre Haddad.
Regardez Le Grand Jury du 28 mai 2023 avec Olivier Bost et Marie-Pierre Haddad.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Le grand jury RTL Le Figaro LCI, Olivier Bost.
00:16 Bonjour à tous, bienvenue dans ce grand jury. Bonjour François Braune. Bonjour. Vous êtes le ministre de la santé et de la prévention.
00:24 Médecin, vous étiez urgentiste. Ministre, vous cumulez encore aujourd'hui les urgences.
00:29 Après les drames, comment finir avec les violences de plus en plus nombreuses contre les soignants ?
00:35 Comment redresser la psychiatrie, l'hôpital, la médecine avec un manque criant de médecins et d'infirmiers ?
00:42 Et puis devrez-vous, comme tous vos collègues du gouvernement, faire des économies sur vos budgets l'année prochaine ?
00:48 Bienvenue François Braune dans ce grand jury.
00:51 Un grand jury en direct comme tous les dimanches. Vous pouvez poser toutes vos questions
00:55 aux ministres. Ça se passe sur les réseaux sociaux avec le hashtag
00:59 #LeGrandJury. Marie-Pierre Haddad de la rédaction de RTL surveille ces réseaux sociaux et nous alertera avec ce signal.
01:06 Pour vous interroger à mes côtés, Bastien Auger de TF1 LCI et Claire Conruyt du Figaro.
01:13 Claire, nous revenons d'abord sur l'assassinat d'une infirmière à Reims.
01:18 Oui, monsieur le ministre, à la suite de drames récents dont la mort de cette infirmière
01:22 Emmanuel Macron s'est alarmée d'un processus de décivilisation de la société.
01:28 Êtes-vous d'accord avec cette formule, avec ce concept ?
01:31 Déjà vous rappelez le drame qui s'est passé en début de semaine à Reims et je veux de nouveau rendre hommage
01:39 à Karen, à sa collègue également qui a été gravement blessée.
01:47 Assurer la famille, les amis, les soignants de tout mon soutien dans cette difficulté.
01:52 La montée de la violence dans notre société
01:55 elle est évidente.
01:58 Encore hier, un maire, le maire de La Baule, monsieur Louvrier, a été agressé. C'est absolument
02:05 inacceptable pour les soignants, pour les élus, pour tous ceux qui représentent la société d'une façon générale.
02:10 Et je crois qu'effectivement ça interpelle sur les risques d'évolution de notre civilisation.
02:16 Nous devons garder cette civilisation unie et condamner toujours la violence sous quelque forme qu'elle soit.
02:24 Il y a donc un processus de décivilisation à vos yeux ?
02:27 Il y a en tout cas une montée de la violence, personne ne peut le nier.
02:31 Claire Conruyt.
02:32 Sur ce concept de décivilisation, est-ce que vous pensez aussi, comme c'est le cas de certains élus insoumis ou écologistes,
02:39 que c'est un terme d'extrême droite ?
02:43 Je ne suis pas un ministre qui joue sur les polémiques, sur les petites phrases.
02:50 Moi, ce qui m'intéresse, ce qui m'importe le plus, c'est rénover notre système de santé, c'est donner des réponses à nos concitoyens
02:57 qui n'arrivent pas à trouver un médecin traitant, qui ont des difficultés à accéder à l'hôpital.
03:01 Je crois que c'est ça qui est important, et de ce cas précis, de mettre tout en oeuvre pour lutter encore plus
03:07 contre les violences envers les soignants.
03:09 Et justement sur ces violences, Bastien Auger.
03:11 Pour revenir sur ce drame à Reims, on sait que le suspect, qui a visiblement des troubles psychiatriques,
03:17 a des antécédents de violences, notamment en 2017.
03:20 Est-ce que ça veut dire que depuis 2017, il y a eu des failles, que ce soit peut-être de la justice
03:26 ou aussi dans le traitement psychologique médical de cette personne ?
03:30 Écoutez, s'il y a eu des failles, l'enquête qui est en cours le montrera, les mettra en évidence.
03:36 Mais je crois que ce qui est important dans ce sujet, surtout, et vraiment ce que je demande avec force,
03:43 c'est de ne pas faire d'amalgame entre un acte de violence inaccessible et les soucis de la psychiatrie
03:50 que je ne méconnais pas.
03:51 Je crois que ce patient, d'après ce que j'ai vu, était suivi, ça a été dit d'ailleurs par le procureur
03:56 de la République de Reims, avait un suivi médical.
03:59 Voilà, laissons l'enquête se poursuivre, mais je crois que surtout, et aussi pour la décence,
04:05 ne faisons pas d'amalgame, ne faisons pas de la politique à la petite semaine,
04:09 en mélangeant ce drame et en mélangeant des difficultés liées à la psychiatrie.
04:13 Justement, une première interpellation sur les réseaux sociaux, Marie-Pierre Haddad.
04:16 Oui, je voulais vous soumettre le commentaire sur Facebook d'Éric, qui en attend beaucoup plus de votre part.
04:20 Il dit "Une minute de silence à chaque décès ne résoudra aucun problème.
04:25 Comment faire pour éviter que ce genre de faits se reproduisent ?
04:28 Il y a eu la question du filtrage peut-être à l'entrée des hôpitaux.
04:31 Est-ce que ça vous paraît être une bonne mesure ?
04:33 Alors, je rejoins ce que dit Éric.
04:36 Bien entendu, une minute de silence ne suffit pas.
04:38 Une minute de silence, elle était pour moi indispensable pour montrer le soutien de l'ensemble des soignants.
04:44 Maintenant, j'ai lancé jeudi un audit de sécurité dans tous les établissements.
04:49 Alors, il y a déjà des plans de sécurité, mais moi, je veux entrer dans du factuel et dans de l'action tout de suite.
04:56 Donc, cet audit de sécurité, avant la fin du mois de juin,
04:59 doit relever tous les problèmes quotidiens qui sont liés à la sécurité.
05:03 On a pu se moquer du fait que je disais qu'il faut des téléphones d'alarme qui marchent,
05:08 il faut des serrures magnétiques ou des digicodes qui fonctionnent.
05:12 Pourquoi je dis ça ? Parce qu'il y a moins d'un an, j'étais sur le terrain,
05:15 j'ai vu ça, j'ai vu ce qui se passait effectivement quand il fallait attendre six semaines, deux mois pour réussir à changer une serrure.
05:22 Ce sont des choses toutes simples, des choses qu'on peut régler tout de suite,
05:25 qui seront vues par les soignants sur le terrain et qui seront immédiatement efficaces.
05:29 Cela ne préjuge pas de faire un plan à plus long terme sur la sensibilisation de la violence, bien entendu,
05:34 sur tout ce qu'on peut imaginer autour de ça, mais moi, ce que je veux là, tout de suite,
05:38 c'est avoir un diagnostic précis et avoir des actions concrètes qui se voient sur le terrain.
05:43 Mais est-ce qu'il faut fermer un peu plus l'hôpital, le sécuriser ?
05:48 Il y a des secteurs dans nos hôpitaux qui sont sécurisés par nature,
05:51 les blocs opératoires, les réanimations, les services d'une façon générale, on peut les sécuriser.
05:58 Je pose toujours la question du service des urgences, on ne peut pas non plus complètement fermer l'hôpital.
06:02 L'hôpital est un lieu où on doit pouvoir rentrer facilement.
06:06 Donc oui, il y a des choses à faire, il y a cette sécurité à améliorer au sein d'un certain nombre de nos établissements.
06:14 Nous mettons 25 millions d'euros cette année pour améliorer ces conditions de sécurité,
06:19 justement pour tous ces petits gestes qui vont permettre de l'améliorer.
06:22 Mais il faut être réaliste, on n'aura jamais un hôpital entièrement fermé.
06:27 Mais si vous dites qu'on peut le faire tout de suite, qu'il y a des choses qu'on peut faire tout de suite pour améliorer la sécurité des hôpitaux,
06:32 pourquoi il faut attendre qu'il y ait un drame comme cela pour que le ministre de la Santé dise "on va agir tout de suite" ?
06:36 Est-ce que ça ne dit pas aussi qu'il y a des dysfonctionnements qui sont profonds ?
06:40 Est-ce que la parole d'un ministre suffit pour que d'un coup tout aille mieux ?
06:43 Vous savez, ces petits dysfonctionnements dont je vous parle, ils existent, ils sont quotidiens à l'hôpital.
06:48 C'est quelque chose qui est extrêmement pénible, extrêmement irritant pour les soignants.
06:54 C'est bien pour ça que, en dehors de cette question précise sur la sécurité,
06:59 je veux qu'on revienne à l'échelle du service.
07:02 Vous savez, ce service, cette unité de base à l'hôpital, pourquoi ?
07:05 Parce que les gens se connaissent, ils vont travailler ensemble.
07:07 C'est au niveau du service qu'on sait qu'il faut que cette porte ait un digicode, et telle porte, il faut qu'elle ait un système automatique.
07:13 Mais ça, on aurait pu le dire avant ce drame.
07:15 On le faisait déjà avant ce drame, mais je veux mettre vraiment un éclairage très très fort là-dessus aujourd'hui.
07:19 Donner la main aux gens de terrain, donner la main au chef de service, au cadre du service, cet infirmier cadre du service,
07:27 pour qu'ils puissent aménager les choses eux-mêmes, localement, tout de suite.
07:31 Vous savez, le grand monde de l'hôpital, depuis de nombreuses années, il faut remonter des bords de rots administratifs, c'est infernal.
07:40 Il faut des décisions qui soient prises en haut, puis se redescendre en bas.
07:43 Non, ça, c'est pas ma politique.
07:45 Ma politique, que ce soit pour l'hôpital comme pour la ville, c'est de partir du terrain,
07:48 de voir ce qui est sur le terrain, de donner la main au terrain, de faire des choses pratiques qui se voient.
07:53 Claire Canvite.
07:54 Monsieur le ministre, 4 des 5 principaux syndicats des personnels hospitaliers ont décidé de boycotter la réunion d'urgence que vous avez organisée ce jeudi après ce drame.
08:02 Ils dénoncent une opération de communication.
08:05 À leurs yeux, le nœud du problème, c'est le manque de moyens.
08:09 Que leur répondez-vous aujourd'hui ?
08:11 Je les remercie de m'alerter sur le manque de moyens, mais enfin, je crois que c'est pas nouveau.
08:14 Ça fait des années qu'on en parle, et depuis que je suis arrivé, je travaille justement sur ces moyens à l'hôpital et comment on arrive à sortir de ce marasme.
08:23 Mais des syndicats qui boycottent une réunion, c'est pas bon signe.
08:27 Des syndicats qui boycottent une réunion, il faut leur demander pourquoi ils l'ont boycottée.
08:32 Ça peut être aussi un acte de communication.
08:34 Ils disent que justement, c'était de la communication de votre part de monter une réunion d'urgence sur des problèmes qu'on connaissait de long terme.
08:38 C'est de la communication de leur part de ne pas venir.
08:41 Je ne veux pas faire de polémiques, je vous l'ai dit, je ne suis pas un homme de polémiques.
08:44 Simplement, je pense qu'en tant que ministre de la Santé, il était impossible de ne pas avoir une réaction.
08:51 Votre auditeur tout à l'heure disait "la minute de silence, ça ne suffit pas".
08:54 Je le rejoins, la minute de silence, ça ne suffit pas.
08:56 Il faut aussi remettre de la pression sur l'ensemble du système pour que ces questions de sécurité soient de nouveau mises au premier plan.
09:02 Alors sans polémique non plus, il y a quatre mois, vous aviez confié à votre ministre délégué, Agnès Firmin-Lebaudot,
09:08 une mission sur les violences, sur les soignants justement.
09:11 Ces propositions seront dévoilées la semaine prochaine, mais selon des indiscrétions de votre entourage au site Politico,
09:17 ces propositions ne sont en rien au niveau des attentes et déjà mises en place.
09:22 Votre ministre délégué n'a pas bien travaillé ?
09:26 Non, il n'y a aucun problème sur ce sujet.
09:29 Je vous le disais, il y a un travail de temps plus long qui se fait,
09:32 et c'est les travaux qui ont été menés par ma ministre déléguée,
09:36 mais il y a aussi des choses pratiques.
09:39 Dans le système de santé, nous avons des plans sur tout,
09:43 mais il faut répondre aux besoins quotidiens des soignants.
09:47 Est-ce que les propositions de votre ministre délégué y répondent ?
09:51 Elles y répondent sur un terme plus moyen et plus long.
09:54 Il faut aussi des choses immédiates.
09:56 Cela ne veut pas dire que la copie sera revue, pas forcément présentée la semaine prochaine ?
10:00 Cela veut dire que j'ai annoncé à l'audit avec des orientations qui sont claires,
10:05 des mesures à prendre très pratiques aujourd'hui,
10:07 et les propositions qui sont très bonnes,
10:09 qui ont été faites par la ministre déléguée suite à cette enquête,
10:13 iront en complément.
10:15 Vous pouvez nous donner quelques exemples de propositions que vous pourriez apporter en plus ?
10:19 Je le disais tout à l'heure, sensibiliser par exemple nos concitoyens, bien sûr,
10:23 mais également les professionnels de santé à ces violences.
10:26 Vous savez, il y a quelque chose qui pour moi est inacceptable,
10:29 c'est quand on parle de banalisation des violences verbales,
10:34 comme le disait hier M. Juvin.
10:36 Ce n'est pas banale une violence verbale, c'est le début, c'est tout à fait inacceptable.
10:42 Je crois que c'est important, sensibiliser, oui, mais également déclarer, sanctionner.
10:47 Nous avons depuis plusieurs années un travail entre le ministère de la Santé,
10:50 le garde des Sceaux, le ministère de l'Intérieur.
10:52 J'ai eu mes deux homologues sur ce sujet.
10:55 Nous allons fluidifier aussi les dépôts de plaintes,
10:57 nous allons améliorer déjà ce qui existe.
11:00 Alors, vous ne voulez pas faire de lien entre ce qui s'est passé à Reims et l'état de la psychiatrie,
11:03 cela dit, il y a des interpellations, Marie-Pierre Haddad.
11:05 Oui, et Arnaud Robinet, le maire de Reims, lui fait ce lien
11:09 parce qu'il a déclaré cette semaine à l'antenne de RTL
11:12 "on va vivre des moments tendus en termes de psychiatrie",
11:14 c'est ce qu'il dit, est-ce que c'est le sentiment que vous avez ?
11:18 Je précise qu'Arnaud Robinet est également président de la Fédération hospitalière.
11:21 Exactement.
11:22 Oui, j'ai eu l'occasion d'échanger, vous imaginez bien, à plusieurs reprises avec Arnaud Robinet,
11:27 en tant que maire de Reims bien sûr, mais aussi et surtout en tant que président de la Fédération hospitalière de France,
11:32 notre système de santé est en difficulté, ce n'est pas un scoop.
11:36 Je vous dis, depuis un an je le dis et je mets en œuvre un certain nombre d'actions pour lever cela.
11:42 Alors la psychiatrie, la psychiatrie est en difficulté, comme le reste du système de santé.
11:47 De quoi parle-t-on quand on parle de psychiatrie ?
11:49 Déjà, ces difficultés sont reconnues depuis plus d'un an,
11:53 sous l'égide du président de la République, les assises de la psychiatrie se sont tenues il y a un an,
11:58 nous en avons fait le point d'ailleurs il y a quelques semaines,
12:01 le cas particulier de la pédopsychiatrie, j'attends là les conclusions de ces assises de la santé de l'enfant,
12:06 vous savez, que j'ai lancées à partir de cet hiver,
12:10 et qui vont me rendre tout un champ de conclusions sur la pédopsychiatrie.
12:13 Alors, on parle de quoi ? On parle de 15 500 psychiatres,
12:15 on parle de 600 établissements,
12:18 ce n'est pas rien, ça nous met quand même, quoi qu'on dise, dans la moyenne européenne,
12:21 il faut que tout ça fonctionne mieux ensemble,
12:25 ces psychiatres, ces personnels de psychiatrie font un travail remarquable,
12:28 je me suis engagé à mieux reconnaître la pénibilité spécifique de ce travail,
12:32 il faut bien sûr le reconnaître,
12:34 également pour les patients qui sont sous enfermement, comme on dit facilement,
12:39 c'est très difficile à prendre en charge, donc ils ont tout mon soutien.
12:42 Un certain nombre d'actions ont déjà été mises en place par ce gouvernement et par le gouvernement précédent.
12:47 Mon parcours psy, qui maintenant s'appelle "Mon soutien psy",
12:51 vous savez, cette possibilité pour un médecin d'orienter,
12:54 et demain une sage-femme, d'orienter vers un psychologue,
12:57 pris en charge par la sécurité sociale,
13:00 et avec les complémentaires santé que je veux saluer ici, de s'engager aussi là-dedans.
13:05 Mon parcours psy, c'est quoi ? C'est presque 600 000 consultations,
13:08 130 000 personnes prises en charge,
13:10 ça, c'est pas rien, ça, c'est l'objectif.
13:12 37 000 médecins qui ont participé, 2 200 psychologues,
13:17 et là aussi, je veux dire aux psychologues, rejoignez ce soutien psy,
13:21 mon soutien psy, parce que cela fonctionne, et nous voyons bien que cela répond à des besoins.
13:25 Secouristes en santé mentale, ça n'existait pas.
13:28 Avec le Covid, nous l'avons mis en place.
13:31 43 000 secouristes en santé mentale qui sont là, partout, dans les entreprises, dans les facs,
13:35 pour détecter les problèmes de santé mentale.
13:38 La mise en place de la prévention suicide, le numéro, le 31 14, fait il y a un an et demi.
13:44 Plus de 200 000 appels, 400 appels par jour.
13:47 Vigilance, le suivi des tentatives de suicide, plus de 30 000 patients pris en charge.
13:52 La maison des adolescents, plus de 122 maisons des adolescents dans tous les départements,
13:56 plus de 100 000 enfants et familles pris en charge.
13:58 Voyez que, contrairement à ce que je peux entendre,
14:01 ce gouvernement, le gouvernement précédent, ne font pas rien sur la psychiatrie, au contraire.
14:05 Et je pourrais vous parler encore des infirmières en pratique avancée
14:09 qui ont été mises en place sous le quinquennat précédent,
14:11 avec l'option psychiatrie, et qui sont un échelon intermédiaire essentiel.
14:16 Dans toutes vos réponses, il y a quand même encore des questions sur les moyens.
14:22 Bastien Auger.
14:23 Pardonnez-moi, mais on a l'impression qu'il y a un immense fossé entre votre discours aujourd'hui
14:27 et ce qu'ont dit tous les soignants, notamment en psychiatrie,
14:30 qu'on a interviewé cette semaine et qui nous disaient tous la même chose,
14:33 quand on parlait de ce drame, qui nous disaient tous
14:35 "on est débordé, on n'a plus assez de moyens, les lits ferment depuis des années,
14:39 le métier n'attire plus", c'est-à-dire qu'on sait qu'il y a 20% aujourd'hui de postes
14:43 qui ne sont pas pourvus aujourd'hui en psychiatrie.
14:45 Donc très concrètement, face à cette urgence, qu'est-ce que vous pouvez faire de plus ?
14:48 Est-ce qu'il faut augmenter leur salaire ?
14:49 Comment on peut faire revenir les soignants dans ce métier qui n'attire vraiment plus ?
14:54 L'hôpital a des difficultés globales, la psychiatrie comme d'autres services.
14:59 Je vois bien que vous voulez insister sur ce problème de psychiatrie.
15:01 Parce qu'eux disent que c'est le parent pauvre de l'hôpital, est-ce que c'est vrai ?
15:04 Ce ne sont pas les seuls.
15:05 Si vous allez interroger les urgences, ils diront aussi qu'ils sont le parent pauvre.
15:09 Des services de médecine gériatrique également, oui, il y a des difficultés, je ne le nie pas.
15:14 Nous manquons de personnel, pas parce qu'on ne veut pas en embaucher,
15:17 c'est parce que, vous l'avez dit vous-même, c'est moins attractif.
15:19 Donc il y a l'enjeu principal que je porte qui est justement de rendre l'hôpital plus attractif
15:26 en transformant les métiers, en particulier le métier d'infirmière,
15:29 on aura peut-être l'occasion d'en parler pour détailler un petit peu,
15:32 en rendant plus attractif, en reconnaissant mieux les pénibilités spécifiques
15:37 de ces métiers de l'hôpital, en particulier la pénibilité du travail de nuit.
15:41 J'ai déjà pris un certain nombre de mesures pour l'améliorer,
15:43 nous continuons en lien avec les organisations syndicales à travailler là-dessus.
15:46 Oui, il faut rendre l'hôpital plus attractif,
15:48 mais le rendre plus attractif c'est travailler sur les métiers,
15:51 mais c'est aussi travailler sur l'organisation de l'hôpital.
15:54 Je vous le disais, revenir à l'échelle du service.
15:57 Et des augmentations notamment pour les infirmiers ?
15:58 Le Ségur de la Santé, quoi qu'on en dise, a fait un effort qui n'avait jamais été fait,
16:03 historique avec le quinquennat précédent de remise à niveau des salaires.
16:09 Nous avons tous dit les uns après les autres,
16:12 et je continue à dire que ce n'était qu'une étape,
16:14 donc nous continuons à avancer dans ce sens-là,
16:17 mais vous avez bien compris que mon objectif,
16:20 c'est de faire revenir des soignants à l'hôpital, de garder ceux qui y sont.
16:24 Ça joue aussi, je le redis, sur l'organisation, la pénibilité.
16:27 J'étais encore hier, avant-hier, avec des soignants dans un hôpital du Val-d'Oise,
16:34 et c'est exactement ce que me disait une infirmière d'un service de diabétologie,
16:38 elle me dit "laissez-nous de l'air,
16:40 laissez-nous nous organiser dans le service comme on veut,
16:43 laissez-nous organiser les horaires comme nous le souhaitons,
16:45 bien sûr avec des organisations syndicales,
16:47 c'est tout ça qui va contribuer, et j'en suis persuadé,
16:50 à redonner de l'attractivité à l'hôpital.
16:52 François Brune, on reparlera de l'hôpital,
16:54 mais juste avant un autre sujet qui a été dans l'actualité cette semaine,
16:57 celui large des questions d'addiction à l'alcool, mais aussi au cannabis,
17:02 on va y revenir, mais je vous propose d'abord d'écouter Julien Courbet,
17:06 que tout le monde connaît sur RTL, qui nous a livré son témoignage cette semaine.
17:09 Son père a été tué par un conducteur ivre,
17:12 il s'est demandé pourquoi, contrairement au paquet de cigarettes par exemple,
17:16 il n'y avait pas d'avertissement sur les bouteilles d'alcool, écoutez-le.
17:19 Vous avez vu une bouteille d'alcool ?
17:22 Mais d'où il y a marqué "en buvant vous allez tuer quelqu'un" ?
17:25 D'où il y a marqué "boire va provoquer une cirrhose" ?
17:28 Où il y a marqué "boire provoque des comportements de violents" ?
17:33 Il n'y a rien !
17:34 - Il y a un hypocrite dans ce pays, par rapport à l'alcool ?
17:36 - Bien sûr, ce n'est pas une hypocrisie,
17:37 il n'y a qu'un lobby qui est plus fort que l'autre,
17:38 et le lobby de l'alcool maîtrise tout ça.
17:40 - Que répondez-vous à Julien Courbet, François Brune ?
17:43 - Je réponds que le problème de l'addiction,
17:46 quel qu'il soit d'ailleurs,
17:48 est un problème qu'il faut prendre sur ces deux versants.
17:53 On a un problème de prévention des addictions,
17:55 mais de prévention de toutes les addictions,
17:58 et on a un problème de prise en charge des patients
18:01 qui sont malades de ces addictions.
18:04 Pour ce problème de prise en charge,
18:06 qui est très différent d'une addiction à l'autre,
18:08 enfin très différent,
18:09 qui a des différences d'une addiction à l'autre,
18:12 nous avons un certain nombre de mesures qui sont faites
18:14 contre l'alcool, contre le tabac,
18:16 contre bien sûr les produits stupéfiants.
18:19 Mais moi ce qui m'importe, c'est de travailler aujourd'hui
18:23 sur pourquoi devient-on addict à un produit,
18:27 et comment travailler à la base.
18:28 Alors je vous le dis, les deux sujets vont de pair,
18:31 mais travailler à la base des addictions,
18:33 auprès des jeunes essentiellement,
18:34 on voit bien que les plus jeunes,
18:36 et un très beau travail danois vient de montrer
18:40 les risques aussi psychiatriques
18:42 par l'abus de cannabis chez les jeunes dès 13 ans.
18:45 Je crois qu'il y a des choses importantes là-dessus.
18:47 Les plus jeunes, il faut leur apprendre à se protéger,
18:50 leur apprendre à dire non,
18:52 et pour ça il y a un travail important à faire
18:54 au niveau de la sphère familiale...
18:56 Pardonnez-moi, mais pour répondre à l'interpellation
18:58 de Julien Courbet, qui portait justement sur la prévention,
19:01 pourquoi n'y a-t-il pas plus de prévention,
19:04 notamment sur le sujet de l'alcool ?
19:06 Je pense que sur le sujet de l'alcool,
19:07 il y a des campagnes qui ne cessent de passer
19:10 sur la prévention liée à l'alcool,
19:14 peut-être même plus que sur les risques du tabac.
19:16 Donc il y a des axes de prévention qui sont différents...
19:18 Il y a des avertissements sur les bouteilles ?
19:22 Pour l'instant, il n'y a pas eu de signe
19:24 comme quoi c'était plus efficace,
19:26 voire peut-être moins que les campagnes que nous faisons,
19:29 et c'est le cas dans tous les pays du monde.
19:31 Est-ce que ça a été efficace sur les paquets de cigarettes ?
19:34 Ça a été efficace sur les paquets de cigarettes,
19:36 mais comme je vous le disais, très efficace d'ailleurs,
19:38 plus le prix.
19:39 C'est d'ailleurs l'augmentation du prix
19:41 qui a été le plus efficace sur les paquets de cigarettes,
19:43 mais chaque addiction,
19:44 une fois qu'on est addict à un produit,
19:46 est différente de l'autre,
19:48 que ce soit en termes de prévention
19:49 ou que ce soit en termes de traitement.
19:51 Par contre, toutes les addictions ont les mêmes racines,
19:54 et c'est sur ces racines qu'il faut se battre.
19:56 Julien Courbet évoquait la force des lobbies.
19:58 Est-ce que...
20:00 On sait qu'Emmanuel Macron défend beaucoup la filière viticole.
20:03 Est-ce que vous êtes confronté, vous, à ce lobby ?
20:06 Non. Très clairement non.
20:08 Je n'ai aucune influence de ce qu'on pourrait appeler
20:11 les lobbies de l'alcool, ou d'autres d'ailleurs.
20:14 Et je suis ma politique de prévention
20:17 et de protection de la santé publique.
20:19 Sur Radio-G, M. le ministre,
20:22 Elisabeth Borne annonce que les sanctions
20:24 pour conduite sous stupéfiants seront,
20:26 je cite, "sans doute renforcées en juillet".
20:29 Qu'est-ce que ça veut dire "sans doute" ?
20:30 Y a-t-il un doute sur l'urgence de ce sujet ?
20:33 "Sans doute" veut dire simplement qu'il faut travailler.
20:36 Ce n'est pas simplement en claquant des doigts
20:38 qu'on va modifier des textes législatifs,
20:40 ni le cadre de la loi et le cadre de la justice.
20:44 Il y a un travail qui est mené, la Première ministre l'a dit,
20:47 avec le garde des Sceaux, avec le ministre de l'Intérieur,
20:49 pour voir les possibilités de faire évoluer ce cadre.
20:52 Est-ce que l'échelle des sanctions est pour vous
20:54 une solution, une piste intéressante ?
20:57 Dans les addictions, il n'y a pas de piste unique.
21:00 Il n'y a pas de solution miracle.
21:02 Je vous le disais, c'est une combinaison de solutions
21:05 qui peut être différente en fonction des addictions.
21:08 Il y a des solutions qui peuvent être simples.
21:11 L'interdiction des PEF.
21:13 Je me suis positionné dessus parce que cela amène
21:16 les jeunes vers le tabagisme, parce que cela est
21:19 un non-sens écologique, ce type de produit.
21:22 La mise du fameux hexahydrocanabinol,
21:26 ce produit dont on parle dans la liste des stupéfiants,
21:29 c'est en cours. L'Agence de sécurité du médicament
21:32 est en train de faire l'analyse.
21:34 Dès que j'aurai son avis, je prendrai l'arrêté
21:36 pour marquer ce produit dans la liste des stupéfiants.
21:39 Donc, vous voyez qu'on a des choses à faire.
21:41 Justement, je vous propose de vous réécouter,
21:44 ce qu'on ne fait pas souvent forcément dans le Grand jury,
21:46 mais de vous réécouter au sujet des PEF,
21:47 puisque lors de votre première grande émission
21:50 ici au Grand jury, vous aviez déjà été interrogé
21:52 en toute fin d'émission sur cette question
21:55 des cigarettes jetables, donc prisées par les adolescents.
21:58 Je vous propose de vous réécouter.
22:00 Je vais me pencher sur le problème de ces cigarettes,
22:04 de ces PEF qui sont extrêmement dangereux pour les jeunes
22:08 en les amenant vers le tabagisme
22:10 et qui sont devenus une toxicomanie parallèle.
22:15 Vous allez faire quoi ? Juste en un mot ?
22:16 Vous voulez l'interdiction ?
22:18 Je ne veux pas l'interdiction pour tout le monde.
22:20 L'interdiction pour les jeunes existe déjà.
22:22 Je veux que l'on contrôle ça mieux.
22:24 Je vais m'y intéresser de très près.
22:26 Vous avez dit que vous vous y intéressez de très près.
22:28 C'était il y a six mois.
22:29 François Braune, qu'est-ce qui s'est passé depuis ?
22:31 Comme quoi je travaille.
22:33 Il s'est passé que j'ai interrogé les scientifiques,
22:36 que j'ai regardé la bibliographie,
22:38 c'est-à-dire les articles scientifiques qui parlent de ce risque,
22:41 qui témoignent qu'effectivement cela amène les jeunes
22:45 vers le tabagisme, alors que je tiens à le rappeler,
22:48 c'est interdit de vente chez les jeunes.
22:50 Donc très clairement, comme je vous le disais,
22:53 c'était une question de santé publique.
22:56 J'ai approfondi la question.
22:57 Maintenant pour moi, il faut l'interdire.
23:00 Je vais être avec les parlementaires sur ce sujet.
23:02 Interdire ce produit pour tout le monde ?
23:05 Interdire ce produit spécifique qui est un produit
23:08 avec des goûts fraises, etc.,
23:11 qui n'a rien à voir avec les enjeux de santé publique
23:16 qui amènent les jeunes vers le tabac.
23:18 Par contre, avoir des produits, des substituts nicotiniques
23:22 pour quitter le tabac, oui bien sûr, il faut le maintenir.
23:26 C'est une prescription.
23:27 D'ailleurs, j'envisage d'ouvrir cette possibilité de prescription
23:30 également aux pharmaciens qui sont confrontés
23:32 à ces fumeurs qui veulent arrêter.
23:34 Donc vous voyez, il faut à chaque fois bien prendre le champ particulier.
23:38 Les PEF sont un outil qui amène vers le tabagisme,
23:41 qui en rien ne permet de sortir du tabagisme,
23:44 qui doit rester un enjeu de santé publique majeur.
23:47 75 000 morts par an, je le rappelle.
23:49 Et puis ensuite, on a les substituts nicotiniques.
23:50 Donc pour bien comprendre, ce sera les PEF sur prescription ?
23:53 Non, ce ne sera pas de PEF.
23:54 Pas ces produits colorés.
23:56 Qu'est-ce qui pourrait être prescrit ?
23:58 Non, ce sont les substituts nicotiniques
24:00 avec, vous savez, ces cigarettes électroniques.
24:04 Ça, oui, ça permet de diminuer progressivement
24:06 sa consommation de nicotine et d'arrêter.
24:08 Sur prescription, ça veut dire que ça pourrait être remboursé ?
24:10 Il faut se poser la question sur le sujet.
24:14 Je ne peux pas vous donner de réponse,
24:15 mais effectivement, dans le cadre du prochain plan tabac,
24:19 c'est sur la table.
24:20 Et pour interdire les PEF, il faut une loi.
24:24 Il y a une proposition de loi qui va arriver,
24:26 mais ça veut dire qu'entre l'Assemblée,
24:28 puis le passage au Sénat,
24:30 ça veut dire qu'à la rentrée prochaine,
24:31 il y aura encore des adolescents à la sortie des collèges
24:34 en train de fumer des PEF.
24:35 Nous allons avancer le plus vite possible
24:37 en fonction de ce que nous permettent nos institutions.
24:40 Je crois que je suis profondément respectueux de nos institutions.
24:47 Donc ça passe effectivement par un projet de loi
24:49 qui est porté par plusieurs députés,
24:51 que je soutiendrai.
24:52 Et puis, cela suivra son cours parlementaire.
24:55 Justement, sur le sujet des cigarettes,
24:57 une interpellation avec le #LeGrandJury.
24:59 Marie-Pierre Haddad.
25:00 Oui, vous avez évoqué tout à l'heure le prix du paquet de cigarettes
25:03 en disant que c'était quelque chose de dissuasif de l'augmenter
25:06 pour éviter que les gens consomment et fument des cigarettes.
25:08 Est-ce que vous pensez qu'il faut augmenter le prix du paquet de cigarettes,
25:11 éventuellement passer à 15 euros le paquet ?
25:14 Concernant le prix, j'ai déjà porté dans la précédente loi de finances
25:19 d'équilibrer le prix du paquet de cigarettes avec l'inflation.
25:22 C'est paradoxal, le tabac devenait moins cher,
25:24 ce qui est une absurdité.
25:26 C'est un premier pas.
25:27 Je souhaite taxer de la même façon tous les produits du tabac,
25:30 en particulier les tabacs à chauffer,
25:32 et maintenant les tabacs à chiquer également.
25:35 Et je ne m'interdis pas de continuer cette augmentation.
25:38 Comme vous le savez, les discussions du prochain projet de loi
25:41 de financement de la Sécurité Sociale ont débuté.
25:43 Là aussi, c'est un sujet, je suis tout à fait transparent, qui est sur la table.
25:46 Alors justement, vous parlez du prochain budget de la Sécurité Sociale.
25:50 Le gouvernement doit trouver des économies,
25:53 dans le contexte économique dans lequel nous sommes,
25:55 et puis avec l'endettement de la France.
25:57 Quelles économies allez-vous devoir faire dans votre ministère ?
26:01 Et qu'avez-vous proposé à Bercy, le ministère des Finances ?
26:04 D'abord, il faut préciser que ce gouvernement agit pour la santé,
26:10 en fait une priorité.
26:11 Vous parlez d'économies, moi je veux aussi parler d'investissement pour la santé.
26:16 Depuis 2021, donc si on compare entre 2021 et 2022,
26:20 c'est 14 milliards d'euros de plus.
26:22 Si on part de 2019, c'est 35 milliards d'euros de plus investis pour la santé.
26:26 Je crois qu'il faut le rappeler, ce gouvernement continue,
26:30 sous l'autorité de la Première Ministre, à investir pour la santé.
26:34 Donc vous avez un budget en hausse l'année prochaine ?
26:36 Nous continuons à investir pour la santé parce que c'est un enjeu majeur pour nos concitoyens.
26:41 Je n'ai pas compris votre réponse.
26:42 Mais cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas être,
26:46 j'allais dire raisonnable, ce n'est pas raisonnable,
26:49 mais il faut faire des économies aussi dans le budget de la santé, bien entendu.
26:53 Il faut être prudent dans l'utilisation des données.
26:56 C'est l'argent des Français, c'est l'argent de la Sécurité sociale.
26:58 En tant que ministre, je dois être garant de son bon usage.
27:02 Je prends juste un exemple très simple que les gens comprendront.
27:05 Nous sommes parmi les pays les plus consommateurs d'antibiotiques.
27:09 Eh bien, il y a là une responsabilité collective à prendre
27:12 pour ne donner les antibiotiques que quand c'est utile.
27:14 Quand on a un rhume, on n'a pas besoin d'antibiotiques.
27:16 Ce que reste à relever la Cour des comptes, dans un rapport rendu d'ailleurs cette semaine,
27:20 c'est que toutes les campagnes, notamment pour réduire les consommations d'antibiotiques,
27:24 ont des effets quasiment nuls.
27:27 Cela veut donc dire qu'il faut changer notre fusil d'épaule sur ces campagnes.
27:30 Je m'appuie bien sûr sur les professionnels de santé,
27:33 mais il faut aussi les soutenir devant les pressions qu'ils ont.
27:35 Vous savez, on parlait tout à l'heure de violences envers les soignants.
27:39 Est-ce que vous savez que le deuxième rang dans les causes de violences, c'est justement ça ?
27:44 C'est justement les gens qui ressentent un refus de soins.
27:47 Le premier étant les gens qui considèrent qu'ils sont mal soignés.
27:51 Je suis là aussi pour aider les professionnels à une application raisonnée
27:56 de l'ensemble de ces politiques publiques.
27:58 Et puis, il y a également la lutte contre les fraudes.
28:01 Nous avons atteint en 2022 un niveau historique de lutte contre la fraude,
28:05 près d'un peu plus de 315 millions d'euros.
28:08 J'ai un objectif de 400 millions d'euros en 2024.
28:11 Donc vous voyez, nous continuons à maintenir cet équilibre entre
28:15 il faut investir dans l'innovation et dans les soins,
28:17 mais il faut aussi que notre système puisse tenir.
28:20 François Braune, le ministre de la Santé et de la Prévention,
28:22 est notre invité dans ce grand jury ce dimanche.
28:25 Dans un instant, juste après la pause, nous parlerons notamment
28:28 d'une promesse faite par Emmanuel Macron,
28:30 désengorger les urgences d'ici fin 2024.
28:33 A tout de suite.
28:33 [Musique]
28:41 RTL
28:42 [Musique]
28:57 Suite du grand jury RTL Le Figaro LCI, Olivier Bost.
29:01 François Braune, le ministre de la Santé et de la Prévention,
29:05 est notre invité.
29:06 Cet été, aux urgences, sera-t-il moins compliqué que l'été dernier, Bastien Auger ?
29:11 L'an dernier, pour éviter la saturation,
29:14 l'une des solutions que vous aviez mis en œuvre,
29:15 c'était de demander aux patientes d'appeler le SAMU
29:18 avant d'aller aux urgences, une sorte de filtrage en amont.
29:22 Les professionnels disent que ça a permis de limiter l'acasme
29:25 et que la tension était quand même très forte.
29:26 Est-ce qu'il va falloir recourir au même système cet été ?
29:30 Je vous remercie de faire référence aux mesures que j'ai prises
29:32 en arrivant l'été dernier.
29:34 Ça a permis de limiter l'acasme,
29:36 ça a même diminué la fréquentation des services d'urgence,
29:38 ce qu'on n'avait pas vu depuis 20 ans.
29:40 On voit bien que c'est quelque chose qui est efficace,
29:43 tout en continuant à garantir la sécurité de nos concitoyens,
29:46 qui est bien sûr une priorité absolue.
29:50 Ça veut dire quoi ?
29:51 J'ai entendu beaucoup de choses sur ce filtrage de l'entrée aux urgences.
29:54 Ça veut dire qu'effectivement,
29:56 nous continuons à déployer le service d'accès aux soins,
29:59 qui est un peu une extension du SAMU,
30:04 ce service d'accès aux soins qui est joignable par le numéro 15,
30:07 et qui va répondre à tout besoin de santé urgent de nos concitoyens.
30:11 Parce qu'un besoin de santé qui est perçu comme urgent par quelqu'un
30:16 ne nécessite pas forcément d'aller aux urgences.
30:18 Or, nos concitoyens sont un petit peu perdus,
30:21 ils ne trouvent pas de solution,
30:22 ils n'arrivent pas à trouver un médecin,
30:23 ils ne savent pas à quelle porte frapper.
30:26 Je crois que c'est ça qui est important.
30:27 Ce service d'accès aux soins, c'est une grande gare d'aiguillage
30:31 avec des urgentistes pour tout ce qui est grave,
30:33 qui nécessite les interventions du SAMU, en hélicoptère, en voiture,
30:37 mais également ce qui est moins grave
30:40 et qui est traité par nos collègues médecins généralistes,
30:42 qui, je dois le rappeler, se sont énormément investis l'été dernier.
30:46 Parce que si nous avons réussi à baisser la fréquentation des urgences,
30:49 c'est bien parce que les médecins généralistes
30:51 se sont organisés pour prendre en charge ces patients.
30:53 Et si on pousse plus loin la logique,
30:54 est-ce qu'il faudra, pour accéder aux urgences et d'une manière générale,
30:58 appeler le 15 désormais ?
31:00 Alors, c'est mieux d'appeler le 15
31:02 parce que ça ne sert à rien d'aller aux urgences
31:04 pour qu'on vous dise "écoutez, votre cas relève plutôt du médecin généraliste
31:08 qui est à la porte à côté ou la rue à côté".
31:11 Par contre, les services d'urgence restent ouverts, c'est une évidence.
31:14 Toute personne qui se présente dans un service d'urgence
31:17 doit être accueillie, doit être prise en charge.
31:20 Cette notion de filtrage qui est faite par le service d'accès aux soins
31:25 est faite aussi à l'entrée du service.
31:27 Les professionnels disent quand même que ça peut être une mesure d'urgence
31:30 mais que ça ne peut pas être une solution à long terme.
31:32 Donc, est-ce qu'il y a d'autres solutions à long terme pour désengorger les urgences ?
31:37 Emmanuel Macron avait notamment promis qu'à la fin de l'année prochaine,
31:40 les services d'urgence seraient désengorgés.
31:42 Est-ce que vous pouvez reprendre cette promesse à votre compte ?
31:44 Je la reprends totalement et je remercie le président de la République
31:47 d'avoir mis un focus sur ce sujet.
31:49 Parce que quand on entend nos concitoyens, quelles sont leurs doléances ?
31:53 C'est "j'attends à l'hôpital aux urgences et je n'arrive pas à voir un médecin".
31:56 Alors, ce sujet des urgences, bien entendu,
32:00 l'appel au service d'accès aux soins, l'appel au 15 n'est pas la seule solution.
32:04 Vous savez, les urgences, il y a deux problèmes principaux.
32:07 Des gens qui vont aux urgences alors qu'ils pourraient être pris en charge ailleurs,
32:10 qu'ils pourraient même rentrer directement dans les services hospitaliers.
32:13 On ne voit pas pourquoi ils passent par les urgences.
32:15 Et puis aussi, les urgences ont besoin de lits disponibles
32:19 pour des personnes qui doivent être hospitalisées.
32:21 C'est la deuxième partie importante de ce plan,
32:25 qui est de dire qu'il faut qu'il y ait une gestion des lits
32:28 à l'échelle de chaque territoire.
32:30 Ça a très bien fonctionné pendant le Covid.
32:32 J'y étais, je peux vous en témoigner, on n'avait pas de problème.
32:35 C'était réparti entre les cliniques, entre les hôpitaux, il n'y avait pas de souci.
32:39 Eh bien, revenons à ce qui fonctionne, une gestion à l'échelle de chaque territoire
32:44 qui permettra de mieux répartir les patients qui peuvent être hospitalisés,
32:47 de lever la pression, on parle de pression d'aval,
32:50 c'est-à-dire la pression en dessous des urgences.
32:52 Et puis en amont, on joue aussi pour que viennent aux urgences
32:55 les patients qui doivent vraiment y venir.
32:57 Une question avec le hashtag #LeGrandJury, Marie-Pierre Haddad.
33:00 Oui, est-ce que vous êtes favorable à un numéro d'appel d'urgence qui soit unique ?
33:04 Il y a eu une expérimentation de deux ans qui a été lancée en 2021, on en est où ?
33:09 Alors, il faut bien voir de quoi vous parlez,
33:11 puisque derrière numéro d'urgence, on dit plein de choses.
33:14 Il faut qu'il y ait un numéro qui réponde aux besoins de santé,
33:18 parce que les gens savent quand il y a un problème de santé,
33:21 il faut qu'ils appellent un numéro de santé.
33:22 Et puis de la même façon, quand il y a le feu, vous savez que vous appelez les pompiers,
33:26 quand il y a une agression, vous savez que vous appelez la police,
33:28 si vous n'êtes pas bien, vous savez que vous appelez le SEMU.
33:31 Nous avons en France la richesse d'avoir ces trois numéros,
33:33 ces trois numéros qui d'ailleurs travaillent parfaitement ensemble.
33:37 Le législateur a voulu, il y a un peu plus d'un an, deux ans maintenant,
33:41 que l'on puisse tester une plateforme en fait unique d'accueil de tous ces appels,
33:46 et ensuite une répartition.
33:47 Eh bien, je vais suivre le législateur bien entendu,
33:50 il y aura un test qui va être fait dans des conditions complètes,
33:54 c'est-à-dire il y a trois modalités qui vont être testées.
33:56 La modalité que nous connaissons, avoir chaque numéro garde sa spécificité,
34:01 et d'ailleurs ils sont interconnectés entre eux,
34:03 et dans le quotidien ça marche très très bien.
34:05 Et une solution où tout le monde sera au même endroit,
34:08 avec une garde répartition un peu différente,
34:11 qui orientera qui veut vers la police, qui veut vers les pompiers, qui veut vers le SEMU.
34:16 Nous allons le tester, et puis nous prendrons ce qui est le plus efficace pour nos concitoyens.
34:21 Alors on a d'autres interpellations sur les réseaux sociaux,
34:23 et qui concernent notamment les infirmiers, les infirmiers,
34:25 puis les infirmiers libéraux, Marie-Pierre Haddad.
34:27 Oui, alors concernant les infirmiers, il y a 10% des étudiants et infirmiers
34:32 qui abandonnent leur formation la première année d'études,
34:35 c'est le double sur les trois années d'études après.
34:38 Vous dites qu'il faut refonder le métier d'infirmier,
34:40 mais aujourd'hui un infirmier gagne en début de carrière 1 700 euros,
34:43 est-ce que ce n'est pas là le problème ?
34:45 Alors déjà je me permets de vous corriger sur ce chiffre,
34:49 depuis le Ségur, depuis toutes les mesures prises,
34:51 c'est 2 100 euros en début de carrière à l'hôpital.
34:53 Mais bon, on peut toujours discuter de la hauteur du chiffre,
34:56 ce n'est pas ça qui est important.
34:58 Vous avez raison de dire que 13% exactement d'infirmiers
35:03 quittent leurs études en première année.
35:04 C'était 3% il y a 10 ans.
35:06 C'est ce chiffre qui doit nous interpeller.
35:08 Et nous formons plus d'infirmiers,
35:10 nous formons 38 000 infirmiers à la rentrée prochaine,
35:14 grâce à une action très forte avec les régions,
35:16 vous savez que sur ce sujet je travaille avec les régions
35:19 qui portent ces instituts de formation en soins infirmiers.
35:22 Donc nous faisons un effort,
35:24 le gouvernement fait un effort important pour former plus d'infirmiers.
35:28 Ma préoccupation c'est pourquoi ces abandons ?
35:31 Si on résout ce problème d'abandon,
35:32 c'est 4 000 infirmiers de plus qui vont sortir tous les ans.
35:35 Et donc comment on le résout ?
35:36 On le résout en transformant complètement le métier d'infirmier.
35:39 C'est ce que j'ai lancé en début de semaine.
35:42 Je veux avoir les résultats pour que ce soit en application à la rentrée 2024.
35:46 Alors c'est quoi le transformer ?
35:47 Déjà, c'est transformer le métier même,
35:49 pour le rendre aussi plus attractif.
35:51 Ce métier, le texte sur ce métier date de 1962,
35:55 pour vous donner une idée,
35:56 et sa dernière mise à jour de 2004.
35:59 Je pense qu'en 20 ans, il y a eu énormément de progrès
36:01 qui ont été faits dans la médecine.
36:03 Donc il y a besoin de revoir complètement ce métier.
36:06 Par exemple, ne plus avoir un métier d'infirmier
36:09 qui est contraint par une liste d'actes à faire.
36:11 Vous savez, l'infirmier, il doit choisir,
36:13 il a une liste de choses qu'il a le droit de faire.
36:15 À un tel point d'absurdité que pour qu'une infirmière,
36:18 un infirmier puisse prendre en charge des plaies chroniques,
36:21 on a été obligé de faire une loi.
36:23 Je vais passer ça dans la dernière loi
36:25 portée par Stéphanie Rist, que j'en profite pour saluer.
36:27 Donc on est dans quelque chose de totalement absurde.
36:30 Il faut revoir ça, revoir ça sur des missions
36:32 et non pas sur des actes.
36:34 Ça, c'est la première chose.
36:35 Ensuite, il faut revoir la formation elle-même.
36:38 Rendez-vous compte qu'aujourd'hui, un infirmier,
36:41 une infirmière n'a plus de formation en pédiatrie
36:43 pendant ses trois ans d'études.
36:45 Quand on voit la crise que j'ai eu à gérer cet hiver,
36:47 on se dit c'est totalement absurde.
36:49 Donc on revient aussi sur la formation,
36:51 l'utilisation de nouveaux outils.
36:53 J'étais à Aubonne pour voir cette école de formation infirmière
36:59 qui utilisait de nouvelles technologies,
37:00 la simulation, le gaming,
37:02 vous savez faire des jeux de société un petit peu.
37:04 Voilà, c'est ça qu'il faut arriver à pousser.
37:06 Enfin, il faut travailler sur la carrière même de l'infirmière.
37:10 Comment on évolue dans sa carrière ?
37:12 C'est tout l'intérêt de ces infirmières spécialisées,
37:16 de ces infirmières en pratiques avancées
37:18 que nous continuons à déployer.
37:20 2 000 infirmières en pratiques avancées actuellement.
37:22 Je veux qu'on atteigne 4 000, 5 000 à la fin du quinquennat.
37:26 Sur les infirmiers libéraux, en quelques mots.
37:28 Oui, alors une question de Céline qui dit
37:30 « Pourquoi est-ce que vous restez sourd à la grompe
37:31 des infirmiers libéraux en colère ? »
37:33 Elle précise « dont les actes, malgré l'inflation et la pénibilité,
37:36 n'ont pas été revalorisés depuis 2009. »
37:39 Alors, je viens de vous répondre en partie.
37:41 On va changer leur métier.
37:44 Le sujet de l'inflation est un sujet
37:46 que je prends à bras le corps
37:48 pour l'ensemble des professionnels de santé.
37:51 Et vous n'avez pas oublié les infirmiers libéraux ?
37:53 Comment ?
37:53 Vous n'avez pas oublié les infirmiers libéraux ?
37:54 Bien sûr que non.
37:55 Vous savez, avec mon exercice hospitalier,
37:58 j'ai travaillé main dans la main avec les infirmiers
38:01 pendant toute ma carrière.
38:02 Les infirmiers et les infirmières m'ont appris beaucoup de choses aussi.
38:05 Il faut le dire.
38:06 Donc, bien sûr que non, je n'oublie pas les infirmiers
38:08 qui sont un élément essentiel de notre système de santé.
38:10 Ils sont partout.
38:11 Ce sont encore les rares professionnels de santé
38:14 qui vont chez les gens.
38:15 Donc, avec une pénibilité particulière,
38:17 avec des frais de déplacement qui ont déjà été mis à jour,
38:20 qui peuvent être adaptés territoire par territoire.
38:23 C'est aussi ça, ma méthode.
38:25 C'est de travailler, comme je vous le disais,
38:27 territoire par territoire pour adapter au mieux.
38:29 Alors, François Brenon parle beaucoup moins,
38:31 nous parlons beaucoup moins du Covid ces derniers temps,
38:33 mais on va reparler de Didier Raoult.
38:36 Claire Canvite.
38:36 Oui, Monsieur le ministre,
38:37 plusieurs sociétés médicales dénoncent dans une tribune
38:40 dans Le Monde les méthodes du professeur Raoult.
38:42 Elle qualifie les traitements d'hydroxychloroquine
38:45 administrés à 30 000 patients d'essais cliniques sauvages géants.
38:50 Il y a eu, selon elle, un silence des autorités.
38:54 A-t-on ou est-on trop complaisant avec Didier Raoult ?
38:58 Écoutez, quand je suis arrivé, il y a maintenant près d'un an,
39:02 ça a été un des premiers dossiers dont j'ai eu à m'occuper.
39:06 Et avec ma collègue de l'enseignement supérieur et de la recherche,
39:10 Sylvie Retailleau, nous avons fait une déclaration au procureur
39:13 sur le mode de fonctionnement de l'IHU de Marseille,
39:16 suite à une enquête qui avait été portée par nos deux ministères.
39:20 L'enquête est en cours, je n'en dirai pas plus.
39:21 Mais avec la publication de cette nouvelle étude,
39:23 elle a été publiée début avril, est-ce que ça change un petit peu la donne ?
39:27 30 000 personnes ont reçu des traitements,
39:30 visiblement sans un protocole régulier.
39:35 Et si nous avons saisi le procureur avec ma collègue, ça ne va pas pour rien.
39:37 Ça portait aussi sur ces faits-là, alors ?
39:39 Bien sûr.
39:40 D'accord.
39:41 On va parler, excusez-moi.
39:45 D'ailleurs, juste une question quand même, pour revenir sur le professeur Raoult.
39:47 Est-ce qu'il est vraiment à la retraite ?
39:49 Parce que la publication de cette étude intervient alors qu'il n'est plus à la tête de l'Institut,
39:56 mais tous ses proches travaillent encore à l'Institut.
39:59 Le professeur Raoult est vraiment à la retraite de ses activités cliniques et de recherche.
40:04 Comme tout professeur des universités,
40:07 il garde un bureau où il peut faire non pas de la consultation de patients,
40:12 mais où il peut continuer à s'intéresser aux sciences diverses et variées.
40:18 Mais le professeur Raoult est effectivement en retraite.
40:20 On va maintenant passer à un autre dossier, celui de l'immigration.
40:23 Bastien Auger.
40:25 Gérald Darmanin dit chiche aux Républicains.
40:27 Il veut essayer de trouver un compromis pour une loi sur l'immigration.
40:30 Dans cette affaire, il y a deux choses qui peuvent concerner votre ministère.
40:33 D'abord, sur les métiers en tension.
40:35 On sait que le gouvernement envisage de donner un titre de séjour aux métiers en tension.
40:39 Est-ce que médecins, infirmiers, tous ces postes où il manque du personnel,
40:43 sont des métiers en tension et donc pourront être concernés ?
40:46 Et puis une autre question aussi sur l'aide médicale d'État.
40:49 Gérald Darmanin dit qu'il faut réfléchir à discuter des modalités de l'aide médicale d'État.
40:53 Est-ce que le ministre de la Santé est d'accord pour restreindre peut-être l'accès à l'AME ?
40:58 Alors déjà, je crois qu'il faut souligner, en tout cas si vous le permettez,
41:02 que le président de la République pousse les vrais sujets de société.
41:07 On ne se cache pas.
41:08 Il y a le sujet de la fin de vie, le sujet de l'immigration, le sujet de la santé des femmes.
41:13 Tous ces sujets de société sont mis en avant et c'est une très bonne chose.
41:16 Alors, avec mon collègue Gérald Darmanin, nous avons travaillé effectivement
41:20 dans ce projet de loi immigration sur quelque chose qui existe déjà
41:24 mais que je veux étendre aux professions de santé.
41:27 Ça existe déjà pour nos chercheurs.
41:29 C'est ce qu'on appelle le passeport talent qui permet, lorsqu'un chercheur à l'étranger
41:34 a déjà un contrat avec une unité de recherche en France,
41:37 de pouvoir le faire venir plus facilement et de lui assurer une rémunération qui est correcte.
41:42 Donc je souhaite l'étendre dans un premier temps aux métiers de la médecine et de la pharmacie,
41:48 les médecins, les chirurgiens dentistes, les pharmaciens, les sages-femmes
41:52 parce que c'est là que nous avons le manque le plus criant de professionnels
41:56 et c'est là aussi qu'il faut sécuriser ces professionnels.
41:59 Ça veut dire quoi ?
42:00 Ça veut dire qu'ils ont d'abord un contrat avec un établissement
42:03 qui est d'accord pour les prendre en charge.
42:05 Ça leur permet de venir.
42:06 Ils ont 13 mois, en tout cas dans le projet qui va être discuté.
42:10 Je souhaite qu'ils aient 13 mois pour leur laisser le temps de passer l'examen de validation des connaissances.
42:16 Il faut bien sûr que nous assurions qu'ils ont les compétences requises pour exercer leur spécialité
42:21 et ensuite s'ils sont réussis à cet examen,
42:24 ils ont un titre de séjour de 4 ans qui leur permet aussi de faire venir leur famille.
42:29 Sur l'aide médicale d'État ?
42:32 L'aide médicale d'État, vous savez, le ministre de l'Intérieur n'a pas dit qu'il fallait revenir dessus.
42:38 Il a dit qu'il fallait réfléchir dessus et voir un petit peu ce qu'il en était.
42:41 Moi, simplement, je veux dire que l'aide médicale d'État, c'est 0,5%,
42:45 même un peu moins de l'ensemble du budget de la Sécurité sociale.
42:49 Remettons les choses à leur juste titre.
42:50 Ensuite, refuser de soigner quelqu'un avec l'aide médicale d'État qui a par exemple une infection,
42:57 quel va être l'effet ?
42:58 Ça va être qu'il va transmettre l'infection à d'autres.
43:00 Je crois qu'il faut là aussi se poser tranquillement
43:03 et c'est ce que nous souhaitons avec Gérald Darmanin,
43:06 étudier la situation.
43:07 Il est par contre anormal qu'il y ait des filières pour venir faire des soins
43:11 qui peuvent être faits dans les pays d'origine de ces patients.
43:14 Donc un équilibre est à trouver.
43:16 Vous êtes d'accord pour revenir sur les modalités pour restreindre ou pas ?
43:18 Comme le sous-entre-ger à Gérald Darmanin.
43:19 Je suis d'accord pour que là aussi, vous savez, je vous l'ai dit,
43:24 je ne suis pas à faire des grandes envolées comme ça.
43:27 Moi, je suis, peut-être parce que je suis quelqu'un de la société civile d'ailleurs,
43:30 et qu'on me le reproche des fois, je veux aller au fond des dossiers.
43:34 Donc ce dossier est sur la table.
43:35 Nous sommes en train d'étudier aussi quels pays cela concerne.
43:38 Est-ce que ce sont des pays qui disposent des moyens de soins ou pas ?
43:41 Vous voyez, toute la question est beaucoup plus globale.
43:43 Et la discussion sur l'immigration, et notamment porte avec les Républicains,
43:48 avec les députés républicains, avec qui il faudra trouver un accord à l'Assemblée nationale,
43:52 eux défendent le principe d'une aide médicale
43:55 qui deviendrait une aide médicale exclusivement d'urgence.
43:58 Ça, pour vous, c'est exclu ?
44:00 L'aide médicale d'urgence, elle existe déjà.
44:02 Après, ça veut dire quoi l'urgence ?
44:04 Ça veut dire combien de temps ?
44:05 Ça veut dire, est-ce qu'on va soigner un diabète qui est déséquilibré,
44:08 et puis qu'on va le laisser se déséquilibrer après ?
44:10 Là aussi, il faut mettre les choses correctement sur la table.
44:15 Il y a une discussion à mener avec, vous savez,
44:18 l'ensemble des banques de la Sainte-Dieu de Blay.
44:20 Je pense qu'il y a des enjeux qui sont extrêmement forts,
44:22 qui sont des enjeux de santé publique.
44:24 La question n'est pas uniquement cette aide médicale d'État.
44:26 Je le redis, un nouveau Covid qui arrive chez des gens
44:30 qui pourraient bénéficier de l'aide médicale d'État,
44:33 on ne va pas les traiter sous prétexte qu'on ne veut plus,
44:36 et on va laisser la maladie se développer.
44:38 Non, je crois qu'il faut là aussi avoir une vision globale de santé publique.
44:41 Je reviens un instant sur les visas que vous évoquiez
44:43 dans les métiers, effectivement, de la santé en tension,
44:46 les médecins notamment, donc des visas de 4 ans.
44:50 Est-ce qu'au bout de 4 ans, ces gens pourraient acquérir la nationalité française ?
44:53 Puisque si on en a besoin pendant 4 ans,
44:55 a priori, on en a besoin après.
44:57 Je crois que ça relève d'un autre champ.
44:59 C'est-à-dire que, est-ce qu'ils sont dans les conditions
45:01 pour demander la nationalité française ?
45:03 Si tel est le cas, ce sera évalué et ils l'auront ou ils ne l'auront pas.
45:06 Ce qui est important aussi pour ces professionnels,
45:09 c'est bien sûr d'avoir des professionnels qui viennent travailler chez nous,
45:14 apprendre la médecine à la française.
45:16 Rappelez quand même que les études de médecine en France
45:18 sont réputées à travers le monde.
45:20 Et puis, non plus, ne pas vider complètement les forces médicales de pays,
45:26 parce que dans ce cas-là, on favoriserait là aussi
45:28 les gens qui s'en vont de leur pays pour aller se faire soigner à l'autre.
45:31 Il y a, comme toujours, un équilibre à trouver.
45:34 Le 12 juin, l'Assemblée nationale va étudier une proposition de loi
45:37 pour répondre aux problèmes des déserts médicaux.
45:40 Comment résisterez-vous à la volonté de très nombreux députés ?
45:43 Il y a un peu plus de 200 députés de tous bords hors RN
45:46 qui veulent vraiment réguler les installations des médecins
45:48 dans les déserts médicaux.
45:50 Quelle est votre position ?
45:53 Ma position, elle est très claire.
45:55 J'ai parlé, et je le redis, de Pérus de la santé.
45:59 Vous savez, à force de vouloir avoir une victoire rapide,
46:02 en disant "ça y est, on a réglé le problème",
46:04 on va aggraver le problème.
46:06 On va aggraver le problème parce que
46:08 imposer l'installation de ces médecins va faire,
46:11 un, qu'ils ne voudront plus faire cet exercice de médecine générale,
46:14 ils choisiront d'autres spécialités ou ils choisiront un exercice salarié.
46:18 Ça ne va pas résoudre le problème.
46:20 Ce qui va résoudre le problème, c'est de travailler territoire par territoire,
46:23 ce que je fais depuis que je suis arrivé, avec les professionnels,
46:26 parce qu'il y a des solutions qui sont mises en place.
46:28 Vous savez, ça ne fait pas plaisir à un médecin généraliste
46:30 de devoir refuser un patient parce qu'il ne peut plus en prendre.
46:33 Donc, sur le terrain, il travaille déjà pour permettre ça.
46:37 Et ce qui va le permettre, c'est justement ce travail
46:40 entre professionnels de santé, ce travail pluriprofessionnel,
46:44 avec des infirmières, avec des kinés, avec le pharmacien.
46:47 C'est ce que nous avons mis en place avec la dernière loi de Stéphane Iris,
46:51 dont je parlais tout à l'heure. C'est ce que je veux continuer à mettre en place
46:54 en changeant de métier d'infirmier. Il faut fluidifier tout ça.
46:57 Vous savez qu'un assistant médical, c'est-à-dire quelqu'un qui a une formation
47:00 un peu administrative, assez courte, ça permet à un médecin traitant,
47:05 sans travailler plus, de prendre en charge 10% de patients en plus.
47:09 Un assistant dentaire, comme nous les avons fait là avec la dernière loi,
47:13 ça permet à un dentiste de prendre 30% de patients en plus.
47:17 C'est ça l'avenir. Et j'ai eu l'occasion d'en discuter,
47:20 parce que c'est la crise que nous vivons en France et les mondiales.
47:23 J'en ai discuté avec mes collègues européens, j'en ai discuté avec des collègues
47:28 d'autres parties du monde, et très récemment avec mon collègue canadien.
47:32 Ils ont le même problème, ils s'orientent vers la même solution.
47:35 Ce travail pluriprofessionnel, concentrer chaque profession sur ce qu'on appelle
47:40 son cœur de métier, ce à quoi elle apporte la plus-value la plus importante,
47:44 c'est comme ça que nous résoudrons les déserts, ce n'est sûrement pas
47:47 en cherchant la contrainte.
47:49 On a parlé de la pénurie des médecins, il y a également une pénurie de médicaments
47:53 et beaucoup d'interpellations sur les réseaux sociaux avec le hashtag
47:56 #LeGrandJuryMariePierradade.
47:58 Oui, les Français continuent dans leur quotidien à connaître une pénurie
48:00 de médicaments, notamment cet internaute qui vous dit
48:03 "Ma pharmacie n'a plus de cortisone, c'est un besoin vital pour moi".
48:06 Vous faites quoi M. le ministre, je vous demande ?
48:09 Là aussi, permettez-moi de repositionner un petit peu le débat de façon globale.
48:15 Non que je nie qu'il y a un problème en France, je vais y venir.
48:18 Je vous parlais de mes collègues européens, mes collègues au niveau international,
48:21 il y a 15 jours j'étais avec mes collègues européens,
48:24 nous avons passé deux jours sur le sujet de pénurie des médicaments.
48:27 Parce que ce n'est pas qu'un sujet français, c'est un sujet qui est international.
48:31 Il faut toujours avoir ça à l'esprit, les solutions franco-françaises
48:34 ne nous permettront pas de nous en sortir tout seuls.
48:37 Pour autant, qu'est-ce qui se passe avec les médicaments ?
48:40 Nous avons à peu près 15 000 médicaments en France, pour faire simple.
48:44 6 000 médicaments sont identifiés comme avec un intérêt thérapeutique majeur,
48:49 c'est-à-dire que ce sont des médicaments qui ont prouvé leur efficacité
48:52 dans un certain nombre de pathologies.
48:54 Parmi ces médicaments, on a à peu près 2500 molécules chimiques
48:57 qui sont vraiment des médicaments. Vous voyez qu'il y a des mélanges.
49:00 Mais enfin bon, revenons. Sur ces 6 000 médicaments à intérêt thérapeutique majeur,
49:04 nous avons déjà pris des mesures strictes avec les industriels
49:08 pour garantir des stocks de 2 mois, même de 4 mois pour à peu près 400 médicaments.
49:13 Ça c'est une première étape.
49:15 La deuxième étape, c'est l'élaboration d'une liste des médicaments dits "essentiels".
49:20 C'est-à-dire les médicaments où les professionnels nous disent
49:22 "on ne peut pas s'en passer".
49:24 J'ai cette liste de 280 médicaments, j'aurai l'occasion de l'annoncer la semaine prochaine.
49:29 Sur ces médicaments, nous allons avoir une attitude encore plus attentive,
49:34 depuis la production de la molécule jusqu'à la boîte dans la pharmacie,
49:38 pour voir les endroits où ça peut coincer et pour voir comment on les améliore.
49:42 Enfin, la grande campagne menée par le président de la République sur France 2030,
49:48 l'innovation, faire revenir des entreprises,
49:51 c'est ce qui s'est passé encore à Choose France il y a 15 jours maintenant,
49:57 où j'ai rencontré des industriels, un milliard d'investissements dans la santé
50:01 de ces laboratoires pharmaceutiques, ce n'est pas rien pour cette année.
50:05 Eh bien, là aussi, faire revenir des entreprises en France,
50:10 le cas de la production de paracétamol dans l'ISER, le projet SACOIN,
50:13 c'est un bon exemple, il y en a d'autres.
50:16 Nous jouons sur plusieurs cartes, sur plusieurs tableaux.
50:19 Et puis, parce que ces pénuries sont là, 3 700 signalements quand même de risque,
50:25 ça ne veut pas dire qu'on n'a plus de médicaments,
50:27 mais ça veut dire qu'il y a de la tension dans ces stocks justement.
50:30 Un plan spécifique pour l'hiver, parce que l'hiver on a toujours les mêmes pathologies,
50:34 l'hiver il nous faut des antibiotiques, l'hiver il nous faut des corticoïdes,
50:38 l'hiver il nous faut du paracétamol, spécifique pour que nous puissions assurer
50:42 notre autonomie au sein de l'Europe et avec l'Europe sur ces médicaments.
50:46 Et enfin, des mesures beaucoup plus conjoncturelles lorsqu'il y a une rupture,
50:52 d'interdiction, comme je l'ai pris lors de l'hiver dernier,
50:55 d'exporter des médicaments en dehors d'Europe, et tout ça dans une cohésion européenne.
50:59 François Brunon, on a parlé de beaucoup de sujets qui allaient arriver,
51:01 il y en a un bien évidemment, c'est celui de la fin de vie.
51:04 Portez-vous encore le sujet, comme vous le disiez au journal Le Monde le mois dernier,
51:08 ou est-ce votre ministre délégué ?
51:11 La fin de vie, j'ai eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises,
51:14 c'est d'abord un sujet de société.
51:16 Il y a bien sûr le ministère de la Santé qui, à la demande du Président de la République,
51:22 porte ce sujet. J'ai confié ce travail à ma ministre déléguée,
51:27 ancienne parlementaire, dont on connaît l'investissement sur le sujet,
51:32 et donc elle poursuit ce travail avec Olivier Véran,
51:35 selon le calendrier qui a été mis par le Président de la République.
51:39 Est-ce que c'est vous qui porterez la loi ?
51:40 Comment ?
51:41 Est-ce que c'est vous qui porterez cette loi ?
51:42 Mais nous continuons, vous savez, moi je suis garant.
51:44 Parce que pour dire les choses sur le suicidazistisme ou sur l'idée d'euthanasie,
51:48 vous y êtes opposé. Est-ce que ça vous empêche ou pas de porter cette aide ?
51:51 Je ne me suis jamais exprimé comme ça.
51:53 J'ai dit que c'était un sujet de société et qu'il fallait laisser les débats avancer.
51:57 Vous avez dit accompagner la mort, ce n'est pas donner la mort,
52:00 ce n'est pas une indication sur votre pensée sur le sujet.
52:03 Mais c'est ma pensée en ce qui concerne les professionnels de santé sur le sujet,
52:06 et je dois être garant, un, dont l'on entend la voix des professionnels de santé,
52:11 deux, qu'on continue à avoir ce débat apaisé,
52:14 comme cela a été le cas dans le débat citoyen.
52:18 Et dans ce que vous voulez dire, ça veut dire que rien n'est tranché sur le sujet ?
52:21 C'est-à-dire que notamment, par exemple, le suicide assisté,
52:23 pour vous, ce n'est pas forcément une question encore réglée ?
52:26 Il y a eu cette première phase de discussion, je le répète,
52:29 qui a été voulu par le président de la République, qui a été une discussion citoyenne.
52:32 Nous entrons maintenant dans une deuxième phase de discussion avec les parlementaires.
52:35 C'est le travail que j'ai confié à ma ministre déléguée.
52:38 Nous allons laisser les discussions aller jusqu'au bout,
52:41 avant de voir quel est l'avis de la société française.
52:44 Je le répète, c'est un vrai sujet de société.
52:47 Merci beaucoup François Braun pour ce grand jury.
52:49 Bon dimanche à tous, à la semaine prochaine.
52:51 [SILENCE]