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Nouvelle étape judiciaire dans l'affaire Bétharram. Un des trois hommes placés en garde à vue mercredi pour des soupçons de violences physiques et sexuelles a été déféré au tribunal judiciaire de Pau en vue d'être présenté à un juge d'instruction. Une information judiciaire est désormais ouverte par le parquet de Pau visant des faits de viol par personne ayant autorité entre 1991 et 1994 et d'agressions sexuelles sur mineur de 15 ans en 2004 le concernant dans cet établissement catholique des Pyrénées-Atlantiques.

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00:00Priorité au direct, on va tout de suite écouter la prise de parole du collectif des victimes de Notre-Dame-de-Bétarame.
00:06...armerie pour l'effet de violence physique en parallèle des trois gardes à vue.
00:12A l'issue, le surveillant laïc né en 1965 restera en détention et une information judiciaire est ouverte le concernant.
00:23J'appelle toutes ces victimes à se manifester auprès de la justice pour tous les faits criminels qu'il a pu commettre au sein de l'établissement de Bétarame
00:33où lors des sorties scouts entre 1984 et février 2024 date de sa suspension.
00:42De même, pour l'autre surveillant général né en 1955 et qui a fréquenté des établissements à Orléans et à Châteauroux,
00:52j'appelle également tous ces anciens élèves à témoigner la prescription empêchant à ce jour toute poursuite à son encontre.
01:02Enfin, après un combat de plus de 60 ans, le prêtre, auteur des faits criminels sur la personne de Jean-Marie Delbosse,
01:12les a donc reconnus pour celui-ci et celui-ci uniquement.
01:18Ceci étant dit, nous regrettons que pour le moment une information judiciaire contre la personne morale de Bétarame ne soit pas ouverte
01:27alors qu'il est manifeste qu'elle a accueilli en son sein de manière répétée et systémique toutes ces violences et perversités.
01:38Les victimes seront reçues jeudi prochain à 9h30 au palais de justice à huis clos par le procureur et par le responsable de l'enquête.
01:49Je ne doute pas que le procureur communiquera à l'avenir sur l'avancée de ce dossier tentaculaire suite aux nombreuses plaintes que nous recevons actuellement.
02:00A ce sujet, je peux d'ores et déjà vous indiquer que le chiffre de 140 plaintes est déjà dépassé, dont près de 70 plaintes de nature sexuelle.
02:12Le nombre d'agresseurs également progresse avec deux nouveaux prêtres qui sont décédés.
02:18De même, des victimes collatérales apparaissent dans ce dossier avec un élève surveillant lui-même abusé à 12 ans
02:27qui a commis des violences physiques sur des plus jeunes.
02:30Sur le volet politique, madame Elisabeth Borne, ministre de l'Éducation nationale, reconnaît que l'État n'a pas été au rendez-vous sur ce dossier.
02:41Je tiens à rendre hommage à la parole de la ministre, car en démocratie, il est sain que nos gouvernants reconnaissent leurs erreurs pour leurs prédécesseurs.
02:50Oui, l'État a failli et n'a pas protégé les enfants de Bétharame qui n'avaient que leur pleurs comme soutien.
02:59Aussi, j'appelle à un sursaut national pour faire des violences une priorité nationale.
03:04Et le collectif des victimes que je représente y prendra toute sa part afin de travailler à la reconnaissance et à la réparation des enfants victimes d'abus physiques et ou sexuels.
03:16C'est dans cet esprit que j'ai échangé avec Jean-Marc Sauvé pour aller plus loin que les mécanismes déjà existants.
03:25De même, j'ai demandé à madame Borne d'être entendue par la mission d'inspection diligentée pour Bétharame le 17 mars afin de porter à leur connaissance
03:37des faits plus récents n'apparaissant pas forcément encore dans le dossier pénal.
03:43Par ailleurs, nous nous félicitons de l'ouverture d'une commission parlementaire transpartisane pour faire la lumière sur cette douloureuse affaire.
03:53Enfin, nous nous réjouissons de voir les communiqués institutionnels pleuvoir des syndicats enseignants, de la Conférence des évêques,
04:04du responsable de l'enseignement, du OCSIS, bien absents jusqu'à présent sur ce dossier.
04:10Les victimes se sentaient bien seules, elles ne le sont plus désormais.
04:14Nous sommes dans un moment de tension extrême et j'appelle toutes les victimes qui témoignent à rester dignes dans leurs propos
04:22afin de faire avancer la cause que nous défendons tous, celle des enfants victimes et afin que de tels faits ne se reproduisent plus jamais sur le domaine national.
04:34Merci à tous.
04:36Est-ce que deux hommes restent en liberté à cause de cette prescription ? Comment réagit le collectif de victimes ?
04:43La prescription, elle touche dans notre pays énormément de faits.
04:48J'en ai parlé également avec François Bayrou le soir même de notre entrevue samedi.
04:56Je pense que les pouvoirs publics vont se saisir de cette question de l'imprescriptibilité des crimes.
05:02Est-ce que c'est douloureux à entendre ?
05:05En fait, ce qui était douloureux à entendre pour les victimes, c'était jusqu'à présent qu'elles étaient dans l'ombre.
05:11Aujourd'hui, elles sont dans la lumière et c'est une fierté incroyable.
05:16Selon le procureur, les gardés à vue reconnaissent la violence, mais pas les violences sexuelles où il les viole ça dessus et ils ne reconnaissent rien.
05:26En tout cas, ils n'y ont pas intérêt.
05:29De toute façon, ce qui est prescrit, vous le savez bien, les lois ne sont pas rétroactives.
05:35Le fait qu'il y ait aujourd'hui une personne qui soit faite en détention ce soir, pour vous, c'est quand même un pas immense qui a été accompli ?
05:42C'est un pas incroyable. On n'attendait pas aussi bien.
05:48Quand j'ai commencé il y a 15 mois, j'étais tout seul avec mon petit groupe Facebook.
05:54Et là, on a réussi à faire incarcérer un des criminels de Bétharame.
05:59Donc, on est vraiment satisfait.
06:02Est-ce que votre satisfaction, c'est aussi que c'est un déclencheur pour que d'autres victimes trouvent le courage de témoigner comme vous
06:09et que peut-être qu'il y aura d'autres Bétharame en France ?
06:12C'est sûr qu'il y aura d'autres Bétharame en France.
06:16On le voit bien, les services de l'État ont dysfonctionné dans le contrôle des établissements sous contrat.
06:22Donc, je pense qu'il y aura d'autres Bétharame.
06:26Mais sur notre dossier de Bétharame, il va y avoir beaucoup de nouvelles plaintes.
06:30Quand j'annonce le chiffre de 140, j'ai envoyé beaucoup d'autres serfats, évidemment.
06:36Mais je communique sur les retours que j'ai eus et que je déposerai prochainement.
06:40Est-ce que vous attendez d'autres garde-à-vous, peut-être, dans ce dossier ? D'après vous, est-ce qu'il en faut d'autres ?
06:46Est-ce qu'il en faut d'autres ? Il y en aura d'autres.
06:50Vous parlez des cas plus récents aussi des Bétharame ?
06:53Et sûrement des cas plus récents, effectivement.
06:56C'est très difficile pour les victimes.
06:58Il faut un temps de maturation.
07:00Ça prend du temps de dire je suis victime et j'ai envie de parler.
07:06C'est très important pour chacun d'entre nous d'en avoir conscience.
07:10C'est un cheminement, c'est long, c'est pénible.
07:13Ça coûte.
07:14Vous parliez de réparation des victimes. Est-ce que ça commence maintenant ?
07:18La réparation des victimes, ça commence maintenant, évidemment.
07:22Après, nous allons aller plus loin.
07:24Mais là, nous allons travailler avec les pouvoirs publics.
07:27Et qu'est-ce qu'il faudrait faire, selon vous, pour l'établissement qui continue, qui s'appelle plus Bétharame, qui continue d'exister ?
07:32Vous savez, il y a une grosse discussion autour de cette question.
07:36Est-ce qu'il faut fermer l'établissement de Bétharame ou pas ?
07:39Sur le collectif des victimes, on estime que l'établissement peut continuer de fonctionner à partir du moment où il est contrôlé régulièrement.
07:47Moi, pour avoir échangé avec des élèves internes, ils se sentent bien dans l'établissement aujourd'hui.
07:53Je pense que l'établissement est propre désormais.
07:57Donc, je ne vois pas quel serait l'intérêt, en fait, pour les enfants d'aujourd'hui de le fermer.
08:02Les 4 laïcs qui ont été auditionnés en éducation libre, entre guillemets, eux reconnaissent des violences, c'est prescrit.
08:09Mais ça montre quoi ? Il y a une systématisation de la violence qu'il y avait, en tout cas, à Bétharame ?
08:14Bétharame, c'était un système de violence institutionnalisé.
08:18C'est pour ça que nous aimerions que la congrégation des pères de Bétharame et plus récemment l'OGEC s'expliquent sur cette violence qui a perduré pendant autant de temps.
08:29Y compris après l'OGEC, après 2009.
08:32Et qu'ils s'expliquent devant la justice ?
08:34Ça, ce n'est pas à moi d'en décider.
08:37Il faudrait mettre en cause des responsables politiques ?
08:41En fait, je crois qu'il faut se remettre tous en cause sur ce dossier.
08:45Tout le monde a dysfonctionné.
08:47Donc, il est temps de réparer ces choses-là.
08:49Et poursuivre en justice ?
08:51Ça, je ne peux pas vous répondre.
08:55La suite pour vous, c'est quoi, la prochaine étape ?
08:57La prochaine étape, c'est le...
09:00Enfin, on n'en est qu'au départ.
09:02Vous savez, ce n'est pas un point d'aboutissement aujourd'hui.
09:05Ce dossier, il est tentaculaire.
09:07Donc, il va y avoir de nouvelles plaintes.
09:09Moi, je suis persuadé qu'il va y avoir aussi,
09:11dans les établissements où sont passées ces personnes,
09:14d'autres plaintes.
09:17Sur le groupe des victimes, nous avons beaucoup d'élèves,
09:20notamment de Léon XIII, qui nous rejoignent.
09:23Donc, on communiquera ultérieurement sur ce dossier
09:27avec des faits précis.
09:29Léon XIII, c'est un château-roue, c'est ça ?
09:31Léon XIII, c'est un château-roue.
09:34Il y a des signalements aussi sur un établissement voisin de Bétharram.
09:38On parle davantage de Garezon.
09:40On parle de tous ces établissements catholiques à proximité.
09:44Ça peut être le collège Haché-Copard à Saint-Palais, par exemple,
09:47où le père Caricard a fait une mission de plusieurs années.
09:51On parle évidemment de notre dame de Garezon,
09:54parce qu'il y a eu déjà aussi des faits sur Garezon.
09:58On sait que là-bas, c'était très dur également.
10:01On parle de Cendrillon à Dax.
10:04Je pense qu'il va y avoir d'autres Bétharram qui vont venir.
10:07D'autres Bétharram qui vont se manifester,
10:09parce que la parole est en train de se libérer
10:11grâce à la jurisprudence Bétharram.
10:14Il y a un problème au sein de l'enseignement catholique,
10:16au regard de ce qu'on est en train de dire ?
10:18En tout cas, il y a un problème dans tous les établissements confessionnels
10:21qui sont sous contrat avec l'État.
10:23Il faut tous les contrôler, les catholiques comme les autres, en fait.
10:27Le fait que l'inspection soit annoncée le 17 mars,
10:30c'est une inspection particulière, quand même ?
10:32C'est sûr que ce n'est pas une inspection surprise.
10:36Maintenant, je pense que là encore,
10:38des inspections aléatoires se feront.
10:41C'est ce que le collectif a demandé à l'avenir.
10:44On a déjà un premier pas.
10:46On ne peut pas tout avoir.
10:47On ne peut pas changer les mentalités du jour au lendemain.
10:51Merci à tous.

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