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00:0011h, Culture Média.
00:02Thomas Hill.
00:03Merci beaucoup d'être avec nous pour la suite de Culture Média.
00:06Nous ont rejoint dans ce studio deux petits choux à la crème.
00:10Oh oui !
00:11Autrement dit, il ne faut pas abuser d'eux.
00:13Eloïse Bois pour les séries et Joey pour la musique.
00:16Voilà, sans modération.
00:17Bonjour Thomas.
00:18Je m'impression qu'on n'est pas venu pour rien ce matin.
00:21Oh oui, parce qu'on a la chance de recevoir la première femme sacrée meilleure pâtissière au monde.
00:26Elle ne s'est pas arrêtée là.
00:27Elle a obtenu ce titre deux années de suite.
00:30Bonjour Nina Béthayer.
00:31Bonjour.
00:32Merci d'être avec nous ce matin et merci de nous avoir apporté un petit déj.
00:36Un petit déj de luxe.
00:38On va s'en occuper dans un instant.
00:40Pour l'instant, on ne touche pas au gâteau.
00:42Touchez avec les yeux.
00:43Voilà, exactement.
00:44On s'intéresse d'abord à notre invitée.
00:45C'est quand même la moindre des choses.
00:46On va dresser votre portrait sonore.
00:48Nina, des petits sons pour mieux vous connaître.
00:50Voici le premier.
00:51Mais la Rochelle par la mer, par un beau soir plein vent arrière.
00:57Mais la Rochelle par la mer, avec un bateau grand ouvert.
01:04La Rochelle par la mer d'Anne Sylvestre.
01:06Parce que vous êtes née à la Rochelle, Nina Béthayer.
01:09Et vos parents ont été critiques gastronomiques, c'est ça ?
01:12Oui, c'est ça.
01:13Entre autres ?
01:14Oui, c'était en plus de leur métier.
01:16Mon père est développeur et ma mère journaliste.
01:19Et ils ont travaillé pour Le Petit Futé pendant un moment.
01:23Ah, Le Petit Futé !
01:24Très beau job !
01:25Et ça veut dire qu'ils vous emmenaient dans les bons restos et tout ça ?
01:28Quand on était sages.
01:29Pas tout le temps.
01:30Parfois ils travaillaient, parfois ils nous emmenaient.
01:32Mais oui, j'ai eu de la chance quand même de faire des beaux restos quand j'étais petite.
01:35Donc ils ont forcément aussi aidé à développer votre palais, j'imagine ?
01:39De toute façon, à la maison, il fallait que ce soit forcément cuisiné.
01:42Tout, maison, avec que des bons produits.
01:46C'est presque dans l'excès, j'ai envie de dire.
01:50Il faut que ce soit cuisiné comme ça, avec cette recette-là.
01:52On ne cuit pas n'importe comment.
01:53Quelle pâte, quel...
01:54Ah oui, c'était carré.
01:55On fait tout, voilà.
01:56Comme le veut la pâtisserie d'ailleurs, il faut que ce soit extrêmement carré, la pâtisserie.
01:59Oui, c'est peut-être pour ça que je suis pâtissière en fait.
02:02C'est une sorte de psy, cette émission.
02:05On a trouvé une solution, ça faisait 20 ans qu'elle cherchait pourquoi elle était pâtissière.
02:10Est-ce que le fast-food, par exemple, c'était interdit à la maison ?
02:14Oui, alors, ça pouvait arriver avec mon père de temps en temps, mais il ne fallait pas que ma mère le sache.
02:19Il avait des bonnes notes, quoi.
02:20Le père était un peu plus cool, j'ai l'impression.
02:22Allez, changement d'ambiance musicale.
02:32Ça vous dit quelque chose, ça, où je suis le seul ?
02:34Absolument.
02:35Et le groupe Mana.
02:37Parce qu'à 16 ans, Nina Metteye, vous partez au Mexique.
02:41Pourquoi le Mexique alors que vous ne parliez pas espagnol ?
02:45Bah oui, en fait, c'est parce que je ne savais pas faire grand-chose de ma vie.
02:48À l'école, je n'étais pas très forte, je faisais beaucoup d'activités extrascolaires,
02:51mais c'est pareil, j'étais toujours dans l'unité plus nulle.
02:53Et à un moment, je rencontre une jeune fille, un peu plus grande que moi,
02:57qui parle un anglais incroyable, mais qui est française,
03:00et je lui demande comment elle a appris ça.
03:02Et elle me dit qu'elle est partie vivre un an à l'étranger.
03:04Et c'est toujours ça qui marche.
03:06Mais comme les États-Unis étaient prisés, et que tout le monde voulait partir aux États-Unis,
03:10on m'a dit qu'il n'y avait pas grand monde qui voulait partir au Mexique à cette époque-là,
03:14parce qu'envoyer son enfant de 16 ans au Mexique,
03:18ce n'est pas forcément très rassurant pour les parents.
03:20Et du coup, j'ai décidé de partir là-bas, parce qu'il y avait plus de place.
03:22Et vos parents, ils n'avaient pas peur ?
03:24Alors si, je pense, mais ils sont assez sympas.
03:28Et ma mère était partie jeune à l'étranger, donc elle m'a laissé faire ça.
03:31Je pense que mon père était un peu stressé quand même, et ma mère aussi.
03:35Et donc, c'était des études au Mexique pendant un an, c'est ça ? À 16 ans ?
03:38Donc c'est un échange scolaire avec le Rotary Club.
03:40Donc on est quand même dans une famille où on est à l'école.
03:44J'étais en première à l'époque, intégrée dans une famille mexicaine.
03:48Et donc vous parlez parfaitement espagnol maintenant ?
03:50Alors j'ai mis un peu de temps avant de m'y mettre.
03:52J'ai quand même mis 2-3 mois avant de commencer à parler espagnol là-bas.
03:54Mais une fois que je m'y suis mise, c'était bon.
03:56Et alors, j'avoue que ça fait quand même 20 ans cette année.
03:59Donc oui, je parle espagnol.
04:01Mais c'est plus aussi...
04:02On va basculer totalement en espagnol.
04:05Et à la base, vous ne saviez pas trop quoi faire comme métier à cette époque-là.
04:09Alors vous l'avez dit, vous n'étiez pas très bonne à l'école.
04:11Ce n'était pas trop votre truc, vous cherchiez un petit peu.
04:13Et puis finalement, ce sont les Mexicains qui vont vous donner une idée.
04:26Le pain de Sombra.
04:27Moi aussi, j'ai découvert hier.
04:29Il y a une petite chanson sur le pain.
04:32En fait, comme vous êtes française,
04:34tous les Mexicains vous demandaient tout le temps si vous saviez faire le pain.
04:36Oui, et j'ai remarqué qu'en fait, les Français qui ne sont pas boulangers
04:39ne savent pas faire de pain.
04:41C'est vrai, un peu plus depuis le Covid.
04:43Le confinement a aidé quand même.
04:44Mais on s'est rendu compte plutôt pendant le Covid
04:46que c'était très compliqué de savoir faire du pain.
04:48Et donc vous vous êtes dit, je veux apprendre, c'est ça ?
04:51Oui, en fait, mon but, c'était d'habiter au Mexique.
04:53Ce n'était pas forcément de devenir boulangère.
04:55Mais comme je n'avais pas d'idée de métier,
04:57je me suis dit que boulangère, ça pourrait me correspondre.
04:59Boulangère au Mexique.
05:00Voilà.
05:01En plus, c'est bien boulanger parce qu'on peut le faire partout.
05:03Le jour où vous quittez le Mexique, vous pouvez être boulangère en France, en Belgique, au Japon.
05:07C'est exactement ce que je me suis dit.
05:09Et puis, c'était des études assez courtes.
05:11Donc, ça rentrait dans mes cordes.
05:13Donc, vous êtes rentrée en France, à La Rochelle,
05:15pour vous former à la boulangerie.
05:16Exactement.
05:17Et ça, ça a duré combien de temps ?
05:18En fait, c'est un an d'apprentissage.
05:21C'est assez court.
05:22Mais je me suis rendu compte que finalement,
05:24la boulangerie, ça me plaisait.
05:26Parce qu'au départ, je pensais vraiment faire des études de boulangerie
05:29pour monter ma boulangerie.
05:30Mais pas dans l'optique, forcément.
05:32Enfin, je ne pensais pas en faire ma passion, en fait.
05:34C'était simple.
05:35Vous vouliez faire tourner un établissement
05:37et puis faire autre chose peut-être à côté ?
05:39Je ne sais pas vraiment.
05:41Mais je ne pensais pas que la boulangerie allait être ma passion.
05:43Et en fait, je commence à travailler ces trois matières premières
05:45qui sont incroyables.
05:46C'est juste de la farine, de l'eau et du sel.
05:49Et en fait, avec ces trois matières premières,
05:51Denis Baron me transmet ce savoir-faire.
05:54Et là, j'apprends à donner vie à ces trois ingrédients.
05:57Ça fermante, ça pousse, ça sent bon
05:59et ça rend heureux tellement de gens.
06:01C'est l'aliment préféré de tout le monde.
06:03Sauf que le problème, c'est que vous n'arrivez pas
06:05à trouver un apprentissage.
06:07C'est ça ?
06:08Voilà. Et en fait, avant de trouver Denis Baron
06:10qui accepte de nous transmettre son savoir,
06:13j'ai quand même cherché un petit bout de temps
06:15parce que finalement, je me suis rendue compte assez vite
06:17que ce n'était pas un métier féminin.
06:19Et je n'ai pas pensé à ça avant.
06:21Et donc, j'ai fait une vingtaine.
06:23Pourquoi ce n'est pas un métier féminin ?
06:25C'est très physique.
06:27Les sacs de farine, à l'époque, pesaient 50 kilos.
06:29Et puis après, pour mettre dans le pétrin,
06:31on dit décuver, donc enlever les patons du pétrin, etc.
06:34Ou façonner.
06:36Tout ça est très physique.
06:37Et c'est des horaires qui sont de nuit,
06:39des horaires qui sont toujours en décalé,
06:41les week-ends, etc.
06:42Donc, c'est vrai que j'ai eu beaucoup de mal
06:44à trouver un apprentissage.
06:46Et puis, Denis Baron a été le seul
06:48à la Rochelle à bien vouloir accepter sa candidature.
06:51Et puis, la solution, ça a été ça, finalement.
06:55Prenez de la farine.
06:57Versez dans l'eau.
07:00Versez dans la terrine.
07:02Quatre mains bien posées.
07:06Autour de...
07:07C'est Baudin, hein ?
07:08C'est Baudin.
07:09C'est Catherine Baudin, bien sûr.
07:12Quel est le moment où vous vous êtes dit, Nina,
07:14mais taillez, mon métier, en fait,
07:15ce ne sera pas la boulangerie,
07:17ce sera la pâtisserie.
07:18Eh ben, en fait, je suis arrivée à Paris.
07:20Et je cherchais un emploi en boulangerie, évidemment.
07:23Dans des bonnes boulangeries.
07:24Et je n'en ai pas trouvé.
07:26On ne m'a pas acceptée, encore une fois.
07:28Et je me suis dit...
07:30J'avais remarqué qu'il y avait plus...
07:31Donc, j'avais le choix entre vendeuse ou pâtissière,
07:34comme formation, pour rentrer dans les boulangeries.
07:36Et je me suis dit que si j'apprenais à faire de la pâtisserie,
07:38je rentrerais dans les fourniles des boulangeries.
07:40Ils m'embaucheraient en tant que pâtissière.
07:42Puis, moi, je leur montrerais qu'en fait,
07:43ils peuvent me faire confiance et que je sais faire du pain.
07:45Et là, je deviendrais boulangère.
07:47J'arrive à porter les 50 kilos.
07:48Voilà, c'est ça.
07:49Donc, la pâtisserie, ça a été une porte d'entrée
07:52pour revenir à la boulangerie.
07:53Ah oui, mais je n'aimais pas faire des gâteaux ni les manger.
07:55C'est marrant.
07:56C'est incroyable.
07:57Je détestais ça, vraiment.
07:58Et quelques années plus tard,
07:59vous êtes doublement élue meilleure pâtissière au monde.
08:03Et dans un instant, Nina Metteye,
08:04on va goûter les petites merveilles que vous nous avez apportées.
08:07Puis, j'aimerais bien que vous nous donniez aussi
08:08quelques petits conseils en cuisine.
08:09On en a plein.