Regardez L'édito d'Etienne Gernelle du 19 février 2025.
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00:00Il est 7h18, l'édito d'RTL Matin avec vous, Etienne Gernet, le directeur du Point.
00:06La mission flash de la Cour des comptes sur les retraites rendra ses conclusions, finalement demain, c'était prévu pour aujourd'hui mais il y a un peu de retard.
00:13Mais pour vous, la conclusion de la bataille des chiffres est que de toute façon, il faudrait durcir la réforme des retraites plutôt que l'assouplir.
00:21Oui, je vais être un peu désagréable ce matin, pardon, mais les faits sont souvent désagréables.
00:25D'abord, quel est l'enjeu de cette mission flash ? On va mettre tout le monde d'accord sur les chiffres.
00:29Quel est le vrai déficit des retraites ? 6 milliards comme le dit le corps, le conseil d'orientation des retraites, dans son dernier rapport.
00:3655 milliards comme évoqué par François Bayrou dans son discours de politique générale ou bien plus de 81 milliards.
00:4381 milliards ? Mais il sort d'où ce chiffre ?
00:45C'est le besoin de financement estimé par un ancien inspecteur des finances, Jean-Pasquale Beaufray, dans sa contribution à la mission flash qu'il a publiée ce week-end sur le site de la Fond d'Appolle.
00:56Pourquoi cet écart ? Parce que lui, il ajoute comme François Bayrou...
00:596 milliards à 81 milliards, quand même, c'est un effet.
01:01C'est énorme, c'est énorme. Mais vous allez voir, c'est assez facile à comprendre.
01:03Lui, comme François Bayrou d'ailleurs, ajoute des subventions diverses de l'État et des collectivités aux retraites de la fonction publique.
01:11Il s'agit des fameuses surcotisations, entre autres.
01:14Et c'est d'ailleurs sur des travaux antérieurs de Jean-Pasquale Beaufray que François Bayrou s'est inspiré pour son estimation.
01:20Alors, vous imaginez que ces écarts de chiffres ont quand même des conséquences politiques les syndicats.
01:25Et le patronat d'ailleurs préférerait par exemple que la marche n'apparaisse pas trop haute pour avoir des marges de manœuvre dans la négociation qui va commencer bientôt.
01:33Alors pardon, mais nous, on est paumé au milieu de tous ces chiffres et la valse des milliards. Sur le fond, qui a raison ?
01:38Les deux, mon général. En fait, c'est pour beaucoup une question de filioterie.
01:41Écoutez, un expert comme François Eccal, le corps s'appuie sur une convention comptable en cours, il ne cache rien.
01:48Mais le système est un peu opaque et de toute façon, dit-il, tout cela se retrouve dans le déficit global.
01:56Et alors là, il y a des constats qui sont indiscutables.
01:59Nous sommes les champions de la dépense publique en Europe et les cancres en matière de déficit.
02:04Et en général, quand on veut faire des économies, on commence par les plus gros postes.
02:08Or, les retraites, c'est un quart des dépenses publiques, c'est 14% du PIB, c'est le gros morceau.
02:15Bon, si je vous comprends bien, il faudrait serrer la vis.
02:17Oui, la vérité, c'est que si on veut avoir une chance de réduire les déficits sans augmenter les prélèvements,
02:23dont nous sommes aussi les champions en Europe, il ne faut non pas assouplir la réforme des retraites de 2023.
02:30C'est plutôt l'objectif de la négociation, mais au contraire, aller plus loin.
02:33Et puis, rappelons tout de même au passage cette autre réalité désagréable.
02:37Tous nos voisins immédiats en Europe, tous, ont un âge légal de départ entre 65 et 67 ans.
02:44Alors, les politiques, quand on leur dit ça, ils ne réfutent pas, en général, le diagnostic,
02:49mais ils sont pris de sueur, ils transpirent à grosses gouttes.
02:51Ah, mais on ne peut quand même pas dire ça !
02:53Si, on peut le dire.
02:55Après, le dire et être élu, c'est autre chose.
02:57Merci beaucoup, Etienne Gernet, directeur.