• avant-hier
Dans ce numéro d'A vos marques, Salim Ejnaïni évoque le para kayak. Dans "mon défi", retour sur les origines de cette disciplines et les règles de base tandis que dans "parcours perf", il sera l'occasion de retracer le parcours de vie et sportif d'Emmanuel Feray et de Léo Touchard. Invités : Emmanuel FERAY, para kayakiste K2 et policier licencié à la FSPN Léo TOUCHARD, binôme valide d'Emmanuel et policier licencié à la FSPN

Catégorie

🥇
Sport
Transcription
00:00Musique
00:19Bonsoir à toutes, bonsoir à tous, soyez les bienvenus pour ce nouveau numéro de Avomarque sur Sport en France.
00:25Avomarque, votre rendez-vous dédié aux parasports, à tous les parasports.
00:28Et aujourd'hui, si j'ose le dire, Avomarque se jette à l'eau.
00:32On va bouiller la chemise puisqu'on va parler de kayak et de para-kayak notamment.
00:36Et des invités très très spéciaux qu'on est très heureux d'accueillir aujourd'hui puisque la police est sur le plateau aujourd'hui.
00:43Avec tout d'abord Emmanuel Ferret.
00:45Bonsoir Emmanuel.
00:46Bonsoir.
00:47Para-kayakiste K2, vous êtes policier national licencié à la FSPN.
00:53C'est ça.
00:54Et vous êtes accompagné de Léo Touchard.
00:56Léo, bonsoir.
00:57Bonsoir.
00:58Léo, vous êtes le binôme d'Emmanuel.
01:01Vous êtes également policier licencié à la FSPN en para-kayak.
01:06On reviendra un petit peu sur votre rôle plus tard dans l'émission.
01:10Alors le kayak, le para-kayak, tout ça, c'est assez vaste comme domaine.
01:15On va tâcher d'en savoir un petit peu plus et vous allez me présenter tout ça.
01:18C'est la rubrique Mon Défi.
01:20Musique
01:23Le para-kayak, alors avant de revenir sur le para-kayak,
01:27on va peut-être commencer sur le kayak tout court.
01:30Comment est-ce que vous nous définiriez un petit peu votre discipline, votre participation ?
01:36Comment est-ce que ça se passe ?
01:38Léo ?
01:39Léo, vas-y Léo.
01:40Léo ?
01:41Alors, discipline de glisse.
01:43Atterre aux surprises.
01:44J'adore.
01:46Discipline de glisse
01:49où ça nécessite un apprentissage assez long de par la stabilité des embarcations.
01:56C'est un sport qui peut se pratiquer de manière individuelle ou en binôme ou en quatre places.
02:04Donc voilà, on peut très bien performer seul ou à plusieurs.
02:10Et donc voilà, sport nature.
02:14Emmanuel, pour compléter peut-être ?
02:16Oui, il y a différentes disciplines en kayak.
02:20Il y a les descentes de rivières.
02:21Nous, la course en ligne qui s'effectue essentiellement sur lac.
02:24Et après, il y a aussi ce kayak où on descend les portes et tout ça.
02:29Donc oui, il y a plusieurs disciplines.
02:31Et après, chacun trouve son bonheur selon son endroit géographique.
02:35Mais tout est bien.
02:37En tout cas, c'est toujours le même principe.
02:38C'est sur l'eau, il faut avancer.
02:40Qu'il fasse chaud ou froid.
02:42Qu'il fasse froid aussi.
02:43C'est moche.
02:44Pour éviter d'être mouillé.
02:45Mais on est mouillé.
02:46Donc voilà, ça, ce sont les bons côtés.
02:48Alors, j'ajouterais que c'est une discipline paralympique depuis Rio 2016.
02:52C'est ça.
02:53Alors, on imagine un peu l'impact que ça a pu avoir sur la discipline.
02:56Et qui demande beaucoup de physique, j'imagine.
03:00Beaucoup d'explosivité peut-être aussi.
03:02Énormément.
03:03Énormément.
03:04Parce que la discipline en tant que telle, pour nous, c'est la course en ligne.
03:07Et c'est le 200 mètres qui est reconnu aux Jeux olympiques.
03:10Alors qu'au championnat de France, il y a quand même le 5 km qui est reconnu.
03:13Le 500 mètres.
03:14Et aussi la distance marathon.
03:16Voilà.
03:17Donc tout ça, ça nous est ouvert.
03:18On espère toujours un peu plus.
03:19On espère que le 1000 mètres va arriver et tout.
03:21Mais bon.
03:22D'accord.
03:23Et tous les deux, vous êtes plutôt…
03:24Votre discipline de prédilection, ça va être quoi ?
03:26Alors nous, c'est le sprint.
03:27C'est le sprint entre guillemets.
03:29On le fait tous les deux.
03:31Donc on peut le faire seul.
03:32On peut le faire à deux.
03:33On appelle ça en K2, kayak de place.
03:35Et nous, on se prépare pour le 500 mètres.
03:38Mais on a les championnats de France de fond qui arrivent bientôt.
03:41Et c'est 5 km.
03:425 km.
03:43Et on fait aussi le marathon.
03:44D'accord.
03:45Moi, j'aime faire toutes les distances.
03:46C'est rigolo.
03:47C'est rigolo.
03:48Autant multiplier les plaisirs.
03:51Oui.
03:52Puis ça varie les entraînements.
03:53On développe d'autres choses, j'imagine.
03:54On n'a pas le temps de s'ennuyer.
03:55Donc là, évidemment, on a un entraînement qui est un peu plus long.
03:58Sur le fond, pour les 5 km, on se prépare à ça.
04:01Ensuite, on prépare notre saison pour le sprint.
04:03Le 500 mètres.
04:04200 et 500 mètres.
04:05D'accord.
04:06Et ensuite, on se prépare pour septembre, pour le marathon.
04:08Voilà.
04:09On reviendra là-dessus en détail un peu après.
04:11Quelle différence est-ce qu'on va avoir entre le kayak de place, le canoë, si je ne dis pas de bêtises aussi ?
04:17Qu'est-ce que ça va être la différence entre les deux ?
04:20Le kayak, on est assis et on avance avec une double pagaie.
04:24Le canoë, c'est quelque chose que les valides vont faire, eux, à genoux.
04:29Ils se mettent à genoux dedans.
04:30Et ils n'ont qu'une pagaie.
04:31Donc ça, c'est vraiment la différence.
04:32Nous, c'est vraiment le kayak.
04:33Pagaie simple pour le canoë.
04:34Exactement.
04:35D'accord.
04:36Exactement.
04:37On est à deux dedans.
04:38Et en termes d'inclusion, pour le para, c'est extraordinaire parce qu'on prend un para et un valide dans le kayak.
04:46On est vraiment mélangé.
04:47Donc voilà, j'ai mon partenaire avec moi qui m'aide depuis les débuts, le pauvre.
04:53Il y a beaucoup de choses à voir.
04:56L'équilibre, c'est hyper instable, ce genre d'embarcation.
04:59Qu'est-ce que ça donne du coup ?
05:02Disons que quand on fait des essais sur des personnes qui n'ont jamais fait, vous tenez trois secondes.
05:07C'est vrai ?
05:08Oui, on se retourne tout de suite.
05:09À peine.
05:10Trois secondes, c'est le temps de lâcher le ponton.
05:12C'est hyper instable.
05:14Incroyable.
05:15Sa réponse, c'est quoi ?
05:16C'est le bassin aussi ?
05:17C'est le dos ?
05:18Non, c'est le gainage.
05:19Le gainage, il faut avoir un sens de l'équilibre.
05:22Et après, il faut arriver à avancer avec ses bras et tout.
05:26Et oui, c'est vraiment un apprentissage.
05:29Mais c'est difficile.
05:30C'est très difficile.
05:31D'accord.
05:32Quelles sont les différentes classifications pour le para-kayak ?
05:36Parce qu'on sait bien que dans le para, il y a toujours des sortes de classifications.
05:39Exactement.
05:40On en a trois.
05:42La première classification consiste à tous les amputés,
05:45tous ceux qui ont eu des maladies au niveau des jambes, mais qui ont encore leurs jambes.
05:49Donc, amputés tibial, on fait partie de cette première catégorie, le KL3.
05:53Après, on a le KL2, c'est toutes les personnes qui n'ont plus du tout de jambe
05:58ou de ressenti au niveau des jambes.
06:01Et après, le KL1, c'est la même chose avec les abdos.
06:04Ils n'ont plus du tout les abdos ni les lombaires.
06:06D'accord.
06:07Les trois catégories.
06:08Léo, peut-être un mot sur les caractéristiques de la discipline en elle-même ?
06:14Comment est-ce que ça se passe ?
06:15Il y a un couloir, si j'ai tout compris.
06:17Comment est-ce que ça se passe ?
06:18C'est ça.
06:19Alors, du moins pour les distances de sprint, c'est un couloir.
06:23On partage le bassin avec l'aviron.
06:26Donc, en fait, on peut avoir en image ce qui se fait sur l'aviron.
06:30Mais nous, on a plusieurs couloirs.
06:33C'est neuf couloirs parallèles avec des bouées.
06:38Une ligne de départ avec un système de sabot.
06:41En fait, c'est une boîte qui sort de l'eau au niveau de la ligne de départ.
06:46Il y a un ordre de départ qui est annoncé.
06:49La boîte disparaît, elle tombe dans l'eau.
06:53Du coup, notre bateau peut avancer.
06:57Après, c'est le principe de la course.
07:00Sur la fameuse boîte, avec une particularité, c'est que si tu la bloques, tu perds ton temps.
07:05Tu perds du temps que tu ne peux pas récupérer.
07:07C'est ça.
07:08En fait, on doit être assez vigilant sur les départs, sur la mise en action.
07:12On doit jouer un petit peu avec le sabot.
07:15On appelle ça un sabot.
07:16On doit jouer un peu avec ça.
07:17On ne doit pas partir trop tard parce qu'on perd du temps sur la course.
07:21On ne doit pas partir trop tôt parce qu'on risque de taper le sabot.
07:26C'est génial.
07:27Ou alors même de faire un faux départ.
07:31En cas de procédure de faux départ, les neuf concurrents sur la ligne de départ font demi-tour,
07:38se réalignent et il y a un avertissement pour l'athlète qui a fait le faux départ.
07:42Donc, il y a quand même cette possibilité.
07:44Emmanuel, on parlait à l'instant de l'importance de se coordonner pour le départ.
07:50Il y a une importance, j'imagine aussi, tous les deux, de vous coordonner ensemble sur toute la course.
07:54Tu définirais ça comment ? Comment est-ce que ça se passe ?
07:57C'est vraiment un sport, une activité d'équipe.
08:00Là, on va parler, on est à deux.
08:02Il faut être totalement coordonné, avoir la même gestuelle, la même force dans le coup de paillet
08:06parce que s'il y en a un qui tracte trop fort, ça ne va pas aller.
08:09On va partir en déséquilibre.
08:10Il ne faut pas que l'un et l'autre soient en équilibre en même temps,
08:14sur le même appui, sur la même jambe, côté prothèse, côté gauche.
08:18Il faut que ce soit exactement le même mouvement.
08:21Plus le mouvement est propre, plus le kayak va glisser.
08:24Il va rester stable sur l'eau, à plat, et plus on avance.
08:27Donc, c'est vraiment des entraînements où on nous demande une grosse coordination.
08:32Tu nous disais tout à l'heure, le pauvre qui te subit depuis quelques temps.
08:37Comment est-ce que l'idée vous est venue, justement, Léo ?
08:39Comment tu t'es dit, tiens, je vais subir Emmanuel.
08:41Ça va durer des années, ça va être génial.
08:43Eh bien, en fait, ça n'est pas à mon origine.
08:48C'est vraiment à l'origine de Manu.
08:50En fait, je l'ai rencontré lors des championnats de France.
08:54Moi, je n'étais pas encore fonctionnaire.
08:56Et je le vois avec son beau bateau, avec tous ses autocollants,
09:01comme il disait précédemment.
09:03Et j'y suis un peu allé au culot.
09:04Je suis allé le voir en lui disant, écoutez, je suis futur collègue.
09:08Je vois que vous avez toute cette panoplie-là.
09:11Et Manu m'a dit qu'effectivement, il était collègue et qu'il n'avait pas trop le temps
09:16et qu'il fallait qu'il aille faire sa course.
09:18D'accord.
09:20Circuler.
09:21Il n'y a rien à voir.
09:22Il a eu un petit jeûne arrivé.
09:24Désolé.
09:26Mais il avait sa course.
09:28Il allait embarquer.
09:30Donc, il allait faire sa course.
09:32Et puis, on s'est revu un mois et demi après.
09:35La Coupe du monde.
09:36La Coupe du monde à Versureman.
09:38C'était des test-events avant les Jeux olympiques.
09:40Sur la base de Versureman.
09:41D'accord.
09:42Donc, moi, j'y suis allé.
09:43On s'est recroisé là-bas.
09:44Et c'est là où on a pris le temps de discuter.
09:47On a échangé nos coordonnées là-bas.
09:50Et puis, de fil en aiguille, on…
09:53Et après, je suis venu dans le même club que lui, à Créteil.
09:55À Créteil, tous les deux.
09:56Exactement.
09:57Super.
09:58L'USC Créteil.
09:59Et c'est là qu'on a décidé, justement, de jouer le jeu.
10:04De faire cette aventure tous les deux.
10:06Je disais, tu as beaucoup de travail avec moi.
10:08Parce qu'il va falloir m'initier sur l'équilibre et tout ça.
10:11Et puis, ça s'est fait naturellement.
10:13Et c'est un plaisir.
10:14Et on se rapproche avec son binôme.
10:16On se rapproche énormément.
10:17On fait tellement d'heures d'entraînement ensemble
10:20qu'évidemment, ça nous rapproche.
10:21On se rapproche avec son binôme.
10:22C'est marrant.
10:23Ce n'est pas pour la blague.
10:24Mais ça fait très phrase de policier aussi.
10:26Est-ce qu'il y a un lien avec les valeurs ?
10:28Non, mais c'est vrai.
10:29Il y a peut-être un lien avec la profession.
10:31Déjà, oui.
10:32Déjà, il y a la profession.
10:33Déjà, il y a le lien et tout ça.
10:35Mais en plus, le sport, l'activité, les heures qu'on va passer ensemble
10:38en préparation, on tisse un lien.
10:40Et les étapes.
10:41Ce n'est pas que les heures.
10:42C'est aussi les étapes, les compétitions, les moments de stress.
10:46On partage tout.
10:48Et puis après, les premières médailles, ça y est.
10:50C'est un petit aboutissement de tout ce qu'on a pu faire.
10:53Et puis, ça nous rapproche.
10:57Tous les deux à Créteil.
10:58Tous les deux à la FSPN.
10:59On dédiait il y a quelques mois un numéro de club sport en France
11:03à la Fédération.
11:04Donc, la FSPN.
11:05Est-ce que vous pouvez nous en redire quelques mots sur le fonctionnement
11:09de cette fédération un peu singulière ?
11:11Alors, je ne pourrais pas en dire de trop parce que je ne connais pas
11:14tout son mode de fonctionnement.
11:16Mais la Fédération sportive la plus nationale a été mise en place.
11:19C'est une association.
11:21Ils mettent en place des activités.
11:24Des activités sur le foot et tout ça.
11:26On adhère à cette fédé.
11:27Ça nous permet après, ensuite, de pouvoir être détaché ou pas
11:32et en tout cas participer à ce genre de compétition ou d'activité
11:35qui est proposée.
11:36C'est vraiment une fédé qui est assez proche des policiers.
11:40Qui est très proche des policiers.
11:41Donc, il faut prendre son adhésion, certes.
11:43Mais ça va de la salle de musculation à tout ça.
11:46Donc, à notre époque, ça prend tout son sens.
11:48On va parler de sport opérationnel et tout ça.
11:51Du sport de bien-être et tout.
11:53Donc, ils sont là.
11:54Ils font énormément de présentiels.
11:56Ils font énormément d'activités qui sont ouvertes aux policiers.
12:02Donc, ça nous permet de pouvoir nous exprimer dans le sport.
12:07Évidemment, on est tous entre policiers.
12:10On est d'accord.
12:11C'est-à-dire qu'à l'esprit de famille d'une fédération,
12:13on rajoute un peu l'esprit de corps aussi.
12:15De cohésion.
12:16Ça participe à l'esprit de cohésion.
12:18Après, il y a quelques activités comme ça qui sont vraiment très phares chez eux.
12:23Évidemment, les activités sportives sont beaucoup plus populaires.
12:27Le kayak, beaucoup moins.
12:28Le kayak, on y arrive petit à petit.
12:32Moi, du côté para, il n'y a aucun souci pour eux.
12:35On ouvre une section kayak, para et voilà.
12:37Léo nous parlait du beau bateau un peu floqué.
12:40Alors, je n'ai pas tous les signes en tête qu'il peut y avoir.
12:43Mais il y a un vrai soutien peut-être aussi à aller rechercher
12:46en termes d'équipement, en termes de matériel.
12:48Est-ce que ça se ressent de la part de la FSPN ?
12:52Je prends la parole.
12:54Alors, oui, le but du matos, c'est ça.
12:57Oui, forcément.
12:58Dès qu'on est athlète, dès qu'on aime un sport, on aime une activité,
13:01on veut du bon matériel, on veut ce qui s'étudie mieux.
13:05Si on veut performer, il y en a besoin.
13:06À un moment donné, il n'y a pas de secret non plus.
13:08C'est un coup.
13:09Après, évidemment, on est sponsorisé.
13:12On est sponsorisé autant par la Mutuelle Intérieure que par la police, que la FSPN.
13:18Tout le monde a mis un peu une contribution.
13:21J'ai aussi un soutien, la ville de Fécamp.
13:25Tout ça nous permet d'acheter le matériel et les équipements vraiment de compétition
13:30parce que tout est en carbone.
13:32Le kayak est en carbone, les pagaies sont en carbone.
13:35Donc, oui, ça a un coût.
13:37Alors, justement, avec ce matériel de pointe,
13:39quelle compétition est-ce qu'on peut aller chercher,
13:41que ce soit au niveau national pour commencer peut-être ?
13:44National, j'en sais bien.
13:45Alors, moi, je débute.
13:46Je débute dans le kayak.
13:48J'ai commencé début 2022,
13:52parce que c'est une activité que je ne connaissais pas du tout.
13:54Si on m'avait parlé de kayak il y a cinq ans, j'aurais dit non, jamais.
13:57Pour moi, ce n'est pas un sport.
13:59Ce n'est pas un sport, c'est une balade.
14:00C'est comme on a tous fait un kayak en mer avec ses enfants et tout ça,
14:04aux Antilles, c'est ce que j'ai pu faire.
14:06C'est une balade, un sport, ça.
14:08Donc, j'ai vraiment découvert ça suite à mon amputation.
14:12Et oui, c'est très plaisant.
14:15Mais qu'est-ce qu'il existe comme format de compétition,
14:18que ce soit national ou international ?
14:21Il y a les championnats du monde, il y a les championnats au niveau Europe.
14:24Mais avant tout, pour pouvoir accéder à certains championnats d'Europe et du monde,
14:27il faut être sélectionné en équipe de France.
14:29D'accord.
14:30Et ça, l'équipe de France, c'est autre chose.
14:32Ce n'est pas ouvert à tout le monde.
14:33On fait des sélections chaque année.
14:35Chaque année, à peu près en avril-mai.
14:37Et après, on prend les meilleurs et on les emmène
14:40aux championnats d'Europe et du monde en sprint.
14:44Là, ils ont ouvert aux championnats du monde de marathon,
14:47mais sans qu'il y ait des sélections avant.
14:49Donc, ça, c'est intéressant.
14:50C'est intéressant pour nous, parce que je sais qu'on pourra se présenter.
14:53On pourra se présenter.
14:55C'est génial.
14:56En plus, tu m'offres une transition parfaite.
14:58Puisqu'on a fini de présenter la discipline,
15:00on va pouvoir se tourner, on piaffe tous d'impatience,
15:03vers votre parcours à vous-même, vos performances.
15:06Bref, c'est cousu de fil blanc.
15:08Voici le parti Parcours Perf.
15:15Tous les deux para-kayakistes,
15:17vous allez pouvoir un petit peu revenir en détail,
15:20un peu plus précisément que tout à l'heure,
15:23sur votre histoire à tous les deux.
15:25Votre histoire commune, mais votre histoire peut-être
15:28un peu plus individuelle d'abord.
15:30Comment est-ce que tu en es arrivé, toi, Emmanuel,
15:35pour commencer à découvrir le para-kayak ?
15:39Alors, j'ai été amputé en juillet 2021.
15:44Quelques mois après, le président de la Fédération
15:47sportive de la police nationale me contacte.
15:50Il me dit, Emmanuel, est-ce que tu voudrais essayer le kayak ?
15:53Lui était issu du kayak.
15:55Il a été un champion olympique dans les années 80, début 90.
15:58Il connaissait ma pathologie.
16:00Il m'a dit, ça peut à peu près te correspondre.
16:02Donc, il m'emmène faire un essai.
16:04Un essai, évidemment, comme je disais,
16:06au bout de 3 secondes, je suis tombé dans l'eau,
16:08parce que les kayaks sont vraiment instables.
16:10Il me dit, tu veux recommencer ? Je lui dis oui, je recommence.
16:12Tu ne connaissais pas le kayak avant ?
16:14Du tout.
16:16Donc, en plus d'une nouvelle vie après l'amputation,
16:19tu découvres complètement un nouveau sport.
16:21C'est ça.
16:23C'est génial, parce que je savais que je ne pourrais plus courir.
16:25Je ne pourrais plus faire exactement ce que je faisais avant.
16:28Rien n'est fermé, mais on continue toujours.
16:30Et de découvrir ces nouvelles activités,
16:32on se retrouve en plein air.
16:34Je me suis fait violence aussi, parce que j'aimais bien
16:36les sports où on est à l'abri, au chaud et tout ça.
16:39On prend un peu sur soi.
16:41Le kayak est hyper agréable au printemps et l'été.
16:43C'est ce qu'il y a de mieux.
16:45Mais en attendant, je me suis fait violence.
16:47Donc, il me fait découvrir l'activité.
16:49Et je me dis que ce n'est pas mal.
16:51Il y avait des étapes à franchir
16:53au niveau stabilité.
16:55Petit à petit, on fait sa progression.
16:57On fait quelques championnats régionaux.
16:59Et je m'en tirais bien.
17:01Ce n'est pas toujours ça.
17:03Des fois, je ratais mes départs.
17:05Des fois, je tombais.
17:07Et après, on se lance dans les concours
17:09championnat de France.
17:11Au début, pas de médaille.
17:13Après, les médailles commencent à arriver.
17:15Troisième, deuxième.
17:17C'est génial.
17:19Il a contribué beaucoup à ma progression.
17:21Mais c'est ça.
17:23Je ne l'ai pas dit.
17:25Je pense que ça intéressera
17:27les personnes qui nous regardent aujourd'hui
17:29de savoir que tu appartiens
17:31à la police nationale.
17:33Tu es brigadier-chef au sein de la police nationale.
17:35Formateur.
17:37Je l'ai.
17:39Formateur aux techniques opérationnelles
17:41et à la sécurité en intervention.
17:43C'est ça.
17:45Au service de la protection.
17:47D'accord.
17:49C'est formidable de se dire
17:51que tu as eu cette amputation.
17:53Tu as eu ce parcours médical
17:55qui est compliqué.
17:57On reviendra dessus si tu le souhaites.
17:59Il n'y a pas de souci.
18:01C'est assez lourd.
18:03D'avoir ton rôle à la police nationale.
18:05C'est ça.
18:07C'est là où c'est formidable.
18:09Rien ne s'arrête.
18:11C'est autrement.
18:13C'est un cancer des os qui me suit
18:15depuis plus de 20 ans.
18:17Ça a été déclaré diagnostiqué en 2005.
18:19C'était ma première opération.
18:21Au début, c'était bénin.
18:23A la fin, tous les 6 ans,
18:25ça revenait un peu plus fort.
18:27À un moment donné, il a fallu
18:29amputer parce que ça se propageait
18:31dans mon corps.
18:33En un mois et demi,
18:35il m'avait bouffé
18:37la moitié du tibia.
18:39Il fallait m'amputer.
18:41Ce qui est rassurant d'un côté,
18:43c'est que je pensais que j'allais tout perdre.
18:45Mon travail,
18:47tout s'effondrait.
18:49Mon directeur et la sous-directrice
18:51m'ont appelé en me disant
18:53que quoi qu'il arrive,
18:55ils ne savaient même pas
18:57que j'allais être amputé.
18:59Quoi qu'il arrive, on vous reprend.
19:01On vous maintient à votre poste.
19:03C'était important.
19:05C'était important pour me reconstruire.
19:07J'avais besoin de ça dans ma tête.
19:09Je savais que j'allais reprendre le boulot.
19:11Je ne sais pas combien d'années après,
19:13mais j'allais retrouver mon poste.
19:15La prothèse fait que je suis debout.
19:17Je peux faire énormément de choses.
19:19Je peux toujours donner des cours
19:21aux policiers.
19:23Ça, ça ne s'arrête pas.
19:25Après, il y a eu le sport.
19:27Le sport a contribué à ma reconstruction.
19:29C'était terrible de repartir à zéro
19:31dans une activité.
19:33C'est difficile.
19:35C'est dur.
19:37C'est très dur.
19:39J'avais un niveau en sport.
19:41Je n'ai jamais fait de compétition.
19:43Mais en plus, en termes d'inclusion,
19:45le kayak, c'est là où je veux en venir.
19:47En termes d'inclusion,
19:49je pense qu'ils sont les champions du monde
19:51parce que nos courses sont avec les valides.
19:53On n'est pas à part.
19:55T'es d'accord avec moi, Léo ?
19:57On a les courses, les juniors, les seniors,
19:59les vétérans, et d'un seul coup,
20:01deux minutes après, c'est nous.
20:03Quatre minutes après, c'est les autres.
20:05On voit bien l'intérêt.
20:07Vous pouvez vous croiser.
20:09C'est comme ça que vous êtes rencontrés
20:11avec Léo.
20:13Tout le monde est mélangé.
20:15On est tous croisés.
20:17Ils sont très bienveillants.
20:19Ils prévoient toujours qu'il y ait
20:21les pontons pour nous.
20:23C'est vraiment très bien.
20:25On est vraiment en termes d'inclusion.
20:27En plus, ils ont ouvert la discipline en France.
20:29On commence à le faire un petit peu.
20:31Je prends un peu d'avance par rapport
20:33aux mondiaux.
20:35On fait des équipages avec des valides.
20:37C'est reconnu en aviron depuis des années.
20:39Au kayak, ça commence à arriver.
20:41C'est génial.
20:43En termes d'inclusion, c'est ce qu'il y a de mieux.
20:45Formidable, Léo.
20:47Ton sentiment par rapport à ça.
20:49Peut-être revenir sur ta découverte
20:51du para-kayak.
20:53Comment est-ce que tu as découvert cette discipline ?
20:55On se l'a un peu spoilé en première partie.
20:57Comment c'est arrivé dans ta vie ?
20:59C'est arrivé dans ma vie
21:01après 12-13 ans.
21:03Ça fait une quinzaine d'années
21:05que je fais du kayak.
21:09J'ai un cursus.
21:11J'ai fait du sport-études.
21:13Vraiment gros niveau dans le kayak.
21:17Je me suis entraîné.
21:19J'ai passé beaucoup de temps à m'entraîner.
21:21Derrière,
21:25j'ai découvert le para
21:27que grâce à Manu.
21:29Du moins,
21:31la pratique du para.
21:33Comme il disait,
21:35Manu, c'est vrai qu'on a la chance
21:37d'avoir
21:39sur les mêmes championnats de France des valides
21:41et des paras.
21:43On côtoie les athlètes para,
21:45mais on n'est pas vraiment amené
21:47à naviguer avec eux
21:49ou à échanger plus que ça.
21:51Les épreuves sont distinctes.
21:53Vous êtes sur les mêmes compétitions,
21:55mais dans des épreuves un peu séparées.
21:57Il peut y avoir, si tu ne franchis pas le pas,
21:59cette distance qui reste installée.
22:01C'est ça.
22:03C'est exactement ça.
22:05Du coup,
22:07je suis tombé dans la discipline
22:09avec Manu.
22:11J'ai de la chance parce que
22:13la partie canoë-kayak,
22:15je maîtrisais.
22:17Mais le côté para,
22:19c'était nouveau aussi pour moi.
22:21Ça a été aussi
22:23un apprentissage
22:25pour moi également.
22:27Ça t'a fait évoluer, tu dirais ?
22:29Oui, ça m'a fait
22:31réfléchir sur la pratique,
22:33sur les automatismes
22:35qu'après 15 ans
22:37de pratique d'un sport, on a.
22:39Là, il faut oublier
22:41un peu ces automatismes
22:43et penser
22:45à un coéquipier qui a un handicap.
22:49J'ai plein de choses en tête.
22:51L'embarquement, on ne peut pas se faire n'importe où.
22:53Si on tombe à l'eau,
22:55comment faut-on faire ?
22:57On est tombés dans l'eau,
22:59tous les deux.
23:01J'avais peur de perdre ma prothèse, c'était le cas.
23:03Et lui, il devait gérer le kayak, les pagaies,
23:05ramener tout au bord.
23:07C'était un sketch.
23:09On s'est fait peur, tous les deux.
23:11Ça, c'est bien fini.
23:15C'est vraiment
23:17une redécouverte
23:19de l'activité.
23:21Sur les sensations de navigation,
23:23ce n'est pas du tout la même chose.
23:25J'ai beaucoup navigué avec mes coéquipiers
23:27sur du bi-place
23:29ou du quatre-place,
23:31et valide.
23:33Du coup, de naviguer
23:35avec un para-athlète,
23:37c'est différent.
23:39On va revenir sur les Jeux.
23:41Dans quelques minutes,
23:43j'ai une petite question pour toi, Léo.
23:45Qu'est-ce qui se passe
23:47dans ton esprit
23:49quand tu vois Emmanuel,
23:51quand tu découvres la discipline,
23:53tu vois ce bateau floquer,
23:55tu te dis, je vais franchir le pas,
23:57je vais aller le voir.
23:59Qu'est-ce qui t'a poussé à faire ça ?
24:01Le culot, je dirais.
24:03La curiosité.
24:05Il avait son t-shirt avec son service,
24:07un service très prestigieux
24:09dans notre institution.
24:11C'est certainement ça
24:13qui m'a un peu poussé à aller le voir,
24:15le culot.
24:17J'ai aimé son franc-parler,
24:19de dire, je veux faire ça avec toi,
24:21je veux ceci,
24:23je crois en telle chose,
24:25en telle chose.
24:27C'est le culot, vraiment le culot, je dirais.
24:29OK.
24:31Vos objectifs, à la base,
24:33vous ne vous en cachiez pas tellement.
24:35C'était pareil 2024 ?
24:37Oui, c'est ça.
24:39Je le cache, je le cache pas.
24:41Tu le caches, je le cache pas.
24:43Oui, voilà.
24:45Je reprends son terme,
24:47c'était avoir du culot
24:49avec très peu d'années
24:51d'expérience, de pratique,
24:53de dire, on se présente, je me suis présenté,
24:55ça ne s'est pas fait comme j'ai voulu.
24:57Qu'est-ce qui s'est passé ?
24:59Premièrement, nous, le vent,
25:01le vent est un ennemi chez nous.
25:03Les vagues, c'est un ennemi.
25:05Sur mon premier départ, on avait deux départs à faire,
25:07deux courses à faire,
25:09il prenait sur le meilleur chrono.
25:11Le premier, le vent, je rate mon départ.
25:13Je me suis dit, ce n'est pas grave,
25:15je vais me rattraper au deuxième.
25:17Sauf qu'au deuxième, je casse quelque chose dans mon kayak.
25:19Le kayak, il y a un gouvernail,
25:21on le tient avec le pied.
25:23Moi, je le tiens avec un pied,
25:25il est attaché à un pied.
25:27J'ai un fil qui a cassé.
25:29Quand je suis parti m'échauffer,
25:31je ne sentais pas du tout que ça ne fonctionnait pas.
25:33Quand j'ai voulu m'aligner,
25:35le kayak est parti totalement en crabe
25:37et je ne pouvais pas le redresser.
25:39Ils n'attendent pas,
25:41pas le temps de réparer.
25:43Si je m'étais aperçu un quart d'heure avant,
25:45j'aurais été sur le bord, le coach l'aurait réparé
25:47et je partais, mais là, c'était fait.
25:49Celui qui a été pris,
25:51il était bon.
25:53Il n'y a pas de regrets.
25:55Un petit regret quand même.
25:57C'est bien les regrets,
25:59ça peut se transformer
26:01en plus d'énergie positive.
26:03Je peux avoir le mot favorable
26:05pour Los Angeles par exemple.
26:07Je serais vieux.
26:09Il faut voir d'ici là
26:11si ça n'a pas évolué dans la discipline,
26:13s'il n'y a pas d'autres courses,
26:15d'autres distances qui soient ouvertes.
26:17Pour le moment, je m'entraîne, je me fais plaisir.
26:19Il y a les championnats de France avec les Hauts.
26:21On va chercher le podium sur toutes les distances.
26:23C'est clair qu'on va chercher.
26:25On n'a pas le choix.
26:27C'est un objectif.
26:29C'est mon leitmotiv.
26:31Et on va réussir.
26:33On va chercher une petite médaille à chaque fois.
26:35Petit à petit, sauvegarder ses appétits
26:37et avoir des petits objectifs.
26:39Avec des espoirs de résultats
26:41sur ces objectifs-là malgré tout.
26:43On les aura.
26:45C'est dit.
26:47C'est dans la boîte. Tout va bien.
26:49Dernière question.
26:51Mon petit bonus à moi.
26:53Si vous aviez des moyens
26:55illimités, une baguette magique,
26:57tout ce que vous pouviez ajouter
26:59à cette discipline,
27:01qu'est-ce que vous feriez
27:03pour changer, pour améliorer,
27:05retirer quelque chose, changer
27:07ce sport qui est le vôtre ?
27:09Tout ce qu'on veut.
27:11Baguette magique.
27:13Le meilleur matos qui puisse être.
27:15Je te parle de la discipline.
27:17Toi, tu me réponds pour l'équipe.
27:19Tu voudrais que vous, vous ayez le meilleur matos.
27:21Je parle en général.
27:23D'accord.
27:25Si jamais pour la discipline,
27:27surtout le para,
27:29c'est un super matos
27:31certainement mieux
27:33que ce qui se fait actuellement.
27:35C'est le principe de la recherche et des évolutions
27:37technologiques.
27:39C'est ça pour, je dirais, adapter au mieux
27:41l'équipement aux athlètes para.
27:43C'est le gros problème des sports
27:45un peu de niche. Les sports spécialisés,
27:47c'est que c'est compliqué de trouver des spécialistes
27:49vraiment qui se donnent
27:51beaucoup les moyens sur ces questions-là.
27:53Si on avait une baguette magique,
27:57dans la discipline,
27:59oui, qu'il y ait plus
28:01de distance ouverte pour nous.
28:03C'est ça. Comme je disais
28:05tout à l'heure en préambule,
28:07toutes les distances ne sont pas ouvertes
28:09au para. C'est un peu mon regret.
28:13C'est souvent le sujet
28:15des classifications aussi, la multiplication
28:17des catégories. Il y a des choix à faire.
28:19Je peux comprendre.
28:21Je peux parfaitement comprendre.
28:23Maintenant, on est de plus en plus nombreux.
28:25Ce serait bien qu'ils ouvrent un peu plus de distance
28:27pour nous. On va croiser les doigts pour qu'ils le fassent.
28:29En tout cas, meilleur matériel, plus de distance.
28:31On va espérer que vous soyez entendus
28:33aujourd'hui. En tout cas, nous, on vous a
28:35entendus, on vous a regardés. Merci beaucoup
28:37d'avoir accepté notre invitation pour mettre
28:39à l'honneur votre pratique
28:41et votre discipline. C'est assez formidable
28:43comme échange. Un grand merci
28:45à toutes les équipes en régie,
28:47en réalisation, au son, bien sûr, au maquillage.
28:49Merci à vous toutes et tous
28:51de nous avoir suivis. Je vous donne rendez-vous
28:53la semaine prochaine pour un nouveau
28:55numéro 2 à vos marques sur SPORTS EN FRANCE.
28:57D'ici là, prenez soin de vous. A très bientôt. Salut !

Recommandations