Dr Béatrice Riu, anestésiste réanimatrice
Vice- présidente de la commission médicale du CHU de Toulouse et responsable de la commission des hospitalisations
Vice- présidente de la commission médicale du CHU de Toulouse et responsable de la commission des hospitalisations
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00:00Ici Occitanie. Jusqu'à 9h. Ici Matin.
00:04Nous sommes le mercredi 12 février 2025,
00:06soyez les bienvenus, c'est le début de votre quart d'heure toulousain,
00:088h moins le quart, vous y participez.
00:10Est-ce que vous êtes touché par les épidémies saisonnières comme la grippe ?
00:13Est-ce que vous arrivez à vous faire soigner ?
00:1505 34 43 31 31, Stéphanie qui recueille vos appels ce matin.
00:19Et on en parle avec Béatrice Riou, bonjour docteur.
00:21Bonjour.
00:22Vous êtes anesthésiste réanimatrice et responsable de la commission des hospitalisations au sein du CHU Toulouse.
00:28Vous pouvez donc nous dire si on est au max des hospitalisations à l'heure actuelle ?
00:33Alors sur les hospitalisations, depuis que l'épidémie a commencé,
00:37donc c'était au moment des périodes de Noël et Nouvel An,
00:40on a quand même été rapidement sur le max des hospitalisations.
00:43Donc l'hôpital est quand même relativement saturé depuis cette période-là
00:46et on n'est pas encore sur une décrue des hospitalisations.
00:50On est probablement sur une décrue de la grippe, on le saura demain.
00:53Le pic a été atteint, votre connaissance de la grippe ?
00:55Le pic a priori a été atteint et on aura les chiffres,
00:58puisqu'ils sont publiés tous les jeudis par Santé publique France,
01:01pour confirmer qu'on est bien sur la décroissance.
01:03Actuellement, combien de personnes sont hospitalisées chaque jour pour des cas de grippe sévère ?
01:08Alors les hospitalisations, c'est autour de 60-70 personnes par jour sur le CHU Toulouse
01:14et principalement ça a été la grippe sur les 5-6 semaines qu'on vient de passer.
01:18C'est autant ou plus que l'an dernier ?
01:20Plus et surtout dans la tranche d'âge supérieur à 75 ans,
01:25on a plus 8% d'hospitalisation.
01:28Comment on arrive à expliquer ça, que les plus âgés sont touchés par des cas graves de grippe ?
01:34Alors d'abord, on a pu le voir dans nos entourages,
01:36même sur des sujets en bonne santé, des enfants, etc.
01:38La grippe a été particulièrement sévère cette année, elle a été agressive, virulente,
01:42mais ça a touché et décompensé certaines personnes âgées qui avaient des comorbidités,
01:48et ça a nécessité qu'ils soient hospitalisés alors qu'ils étaient plutôt en bonne santé.
01:55Mais la grippe a décompensé leur pathologie de base.
01:59Parce qu'il y a trois souches de la grippe ou parce qu'on a clairement arrêté les gestes barrières ?
02:03Alors il y a d'abord les fameuses souches avec est-ce que le vaccin est efficace ou pas ?
02:10Je laisserai les infectiologues se prononcer là-dessus.
02:15Par contre, sur les gestes barrières, clairement, on voit qu'on les a laissés de côté.
02:20On le voit dans nos vies de tous les jours.
02:23Nous, on a le réflexe, on met un masque à l'hôpital,
02:25on a un collègue qui est malade, on va mettre le masque, etc.
02:28Mais quand on prend les transports en commun,
02:30même nous-mêmes quand on est malade et qu'on va travailler,
02:34probablement qu'on n'a pas les masques disponibles sous la main comme on les avait à l'époque du Covid.
02:40Alors nous, c'est facile, à l'hôpital, on prend un masque, c'est facile.
02:43Je pense qu'effectivement, dans la population, les gestes barrières ont été un peu mis de côté.
02:47Mais vous laissez quand même entendre, Docteur Ryu,
02:50que les patients qui ont eu des cas de grippe sévère,
02:53les plus âgés qui sont entrés dans votre hôpital,
02:56étaient potentiellement quand même vaccinés contre la grippe ?
02:59Alors, on a les chiffres, par contre, des taux de vaccination des plus de 65 ans.
03:04On sait que les plus de 65 ans, il y a eu un taux de vaccination de plus de 50 %,
03:09ce qui n'est pas énorme, puisqu'il y a une recommandation.
03:13Sur l'ensemble de la population d'Occitanie ou sur les hospitalisés ?
03:15Sur l'ensemble de la population, il y a plus de 50 % des plus de 65 ans qui ont été vaccinés,
03:25ce qui n'est pas un chiffre très important.
03:28Qu'est-ce qui freine encore, à votre avis ?
03:30Vous avez parlé de l'efficacité qui reste à prouver de ce vaccin-là.
03:33Est-ce que c'est le fait de se vacciner qui est encore redouté ?
03:38Probablement qu'on a banalisé.
03:40Enfin, il y a eu toutes ces épidémies.
03:41C'est vrai que le COVID a été très grave.
03:43Puis après, ça a été peut-être un peu moins important.
03:46Il y a eu moins de grippe au moment du COVID.
03:48Donc, c'est une période peut-être un peu oubliée.
03:52Et là, ça nous a rappelé cette année qu'il fallait être particulièrement vigilant,
03:55parce que c'était une grippe particulièrement virulente qui a mis à mal nos hôpitaux.
04:00Donc, on a été plusieurs hôpitaux être en plan blanc.
04:03Mais on a été confrontés à la difficulté.
04:06Quand on était dedans, on n'a quasiment pas pu l'anticiper.
04:09Vous qui nous regardez, qui nous écoutez, venez participer à notre quart d'heure Toulouse 1.
04:12Est-ce que vous êtes touchés par ces épidémies saisonnières ?
04:14Est-ce que de la grippe, par exemple, est-ce que vous arrivez à vous faire soigner ?
04:17Vous appelez Fanny 05 34 43 31 31.
04:20Et on est toujours avec le docteur Béatrice Riou, anesthésiste réanimatrice
04:24et responsable de la commission des hospitalisations au CHU de Toulouse.
04:27On parlait de la vaccination du grand public, des seniors.
04:30Qu'en est-il de la vaccination des soignants au sein du CHU de Toulouse ?
04:33Sont-ils en majorité ou pas vaccinés contre la grippe ?
04:36Alors, il y a une campagne. Les soignants sont accompagnés.
04:39Il y a une incitation à la vaccination qui commence avant même la période épidémique.
04:44C'est vrai qu'il y a une difficulté quand même pour les soignants d'aller spontanément vers la vaccination.
04:52Malgré votre lobbying, si je puis dire ainsi.
04:55Malgré, c'est pas un mot qui vous plaît, j'imagine.
04:58Lundi, face à l'affluence, le centre hospitalier de Montauban, dans le Tarn-et-Garonne,
05:02vous avez dû le savoir, a été obligé de fermer ses urgences jusqu'à 18h.
05:06Seuls les cas vitaux ont été évidemment pris en charge.
05:09Est-ce que ça pourrait arriver au CHU de Toulouse ? Est-ce que c'est déjà arrivé ?
05:12Ah non, on ne va pas enfermer le CHU de Toulouse. On est un peu le centre de recours.
05:16Alors après, bon ça a été effectivement médiatisé.
05:19Après des fermetures de structures d'urgence, il y en a eu.
05:25Il y a une solidarité, enfin collectivement, entre nous, via les ARS, etc.
05:30On arrive à discuter, pouvoir s'organiser pour pouvoir s'entraider.
05:36Donc là, ça a été une fermeture qui a été ponctuelle.
05:38Mais ça peut arriver dans d'autres structures publiques et privées.
05:41Mais on ne vous a pas appelé pour récupérer les patients de Montauban qui n'étaient pas pris en charge ?
05:45Alors après, nous, on n'a pas été appelé directement.
05:47Mais les SAMU sont très vite au courant et organisent les relais.
05:51Et c'est vrai que ça a été une fermeture qui a été ponctuelle.
05:53Mais voilà, ce n'est pas la première fois.
05:55Ça peut arriver sur une structure privée.
05:57Et collectivement, on essaye de s'organiser pour s'entraider les uns les autres.
06:00Un mot quand même sur la pédiatrie.
06:02L'épidémie de la grippe touche aussi cette année beaucoup les enfants.
06:05Il y a beaucoup de cas dans les crèches toulousaines notamment.
06:07À quel moment faut-il vraiment aller aux urgences quand on a un petit qui a la grippe ?
06:12Alors je ne suis pas pédiasque.
06:14Je sais qu'il y a effectivement un flux tendu actuellement.
06:17Cette année, c'était une année un peu particulière parce qu'il y a eu beaucoup moins de broncholite.
06:21Donc il y a un plan hivernal qui est déployé tous les ans en pédiatrie.
06:25Et donc avec la vaccination de la broncholite, il y a eu moins de broncholite.
06:29Mais il y a eu l'effet d'une grippe particulièrement virulente.
06:33Et chez les enfants comme chez les personnes âgées.
06:37Et donc il y a eu un flux tendu maintenant.
06:40Donc je ne suis pas pédiatre.
06:43Mais il faut quand même essayer d'éviter les passages aux urgences.
06:46S'il y a un peu de fièvre, il faut appeler son pédiatre.
06:49Appeler son médecin généraliste.
06:50Et voir aller dans une maison santé.
06:53Et si jamais ça ne suffit pas pour essayer de ne pas emboliser les urgences.
06:56Si on peut, faire le 15.
06:58Et dernier mot.
06:59Donc le plan blanc activé le 9 janvier dernier au CHU Toulouse est en passe d'être levé.
07:03Voilà. Donc là on se pose la question cette semaine.
07:05On va être particulièrement vigilants.
07:06On a des indicateurs.
07:07Donc là on a l'impression qu'il y a quand même une décroissance par rapport à nos indicateurs.
07:12Je ne vais pas rentrer dans le détail sur les indicateurs de saturation.
07:15Et après on va voir demain.
07:17On aura les chiffres de l'épidémie.
07:20Pour voir si on est vraiment bien sur la décroissance.
07:22Merci beaucoup Docteur Béatrice Riou.
07:24Anesthésiste, réanimatrice et responsable de la commission des hospitalisations au CHU Toulouse.
07:29Merci. Bonne journée.