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Les informés du matin du 6 février

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00:00Ravis de vous retrouver pour Les Informer, rendez-vous de décryptage de l'actualité
00:07tous les jours à 9h sur France Info, France Info TV, Canal 27 et France Info Radio.
00:12Bonjour Renaud Dely.
00:13Bonjour Gérard.
00:14Et avec nous ce matin, Les Informer, Victoria Coussat.
00:16Bonjour Victoria.
00:17Bonjour.
00:18Journaliste politique à France Info, Le Brief Politique tous les matins 7h20.
00:21Et Sylvain Courage.
00:22Bonjour Sylvain.
00:23Bonjour.
00:24Directeur adjoint de la rédaction du Nouvel Obs.
00:25Sans plus tarder, notre premier thème, Renaud, la France a un budget, mais pour quoi faire ?
00:29Ça y est, ça y est, la France a donc un budget, puisque les motions de censure d'ailleurs
00:33n'ont pas été adoptées hier, notamment celles qui portaient sur le projet de loi
00:38de finances, puisque comme prévu, ni le Parti Socialiste, ni le Rassemblement National,
00:42notamment, ne l'ont voté au nom d'un besoin de stabilité, ont-ils justifié ? Les insoumis
00:48de leur côté ont acté ce qu'ils considèrent comme l'acte de décès du Nouveau Front
00:52Populaire, puisque c'était les insoumis qui étaient à l'origine de cette motion
00:55de censure.
00:56D'ailleurs, les socialistes carrément d'avoir rallié Emmanuel Macron, voire même de s'être
01:01allié avec Marine Le Pen, dans un visuel diffusé sur le compte des insoumis qui a
01:07suscité un tollé.
01:08Mais au-delà de cette nouvelle configuration politique qui se dessine peu à peu, ce budget
01:12peut-il vraiment contribuer à relancer l'activité économique et puis à réduire aussi le déficit ?
01:19On connaît la situation des finances publiques.
01:21Voici ce qu'en disait hier chez nos confrères de France Inter, Amélie de Montchalin, la
01:25ministre chargée des Comptes Publics.
01:27L'État fait le plus grand effort de réduction de son fonctionnement en 2025 depuis 25 ans.
01:35Nous allons réduire la dépense des ministères de 10 milliards par rapport à 2024, c'est
01:41inédit.
01:42Nous allons dans cette année réduire nos achats de 10%, nous allons réduire la dépense
01:47des opérateurs de 5%, nous réduisons la masse salariale utile de 4%, et ça sans toucher
01:51aux services publics.
01:53Elle est pourtant l'une des seules, l'une des rares à s'enthousiasmer à ce point pour
01:57ce qu'il y a dans ce budget.
01:58Amélie de Montchalin, vous me direz, c'est son boulot évidemment.
02:01Mais même François Bayrou, hier encore, l'Assemblée nationale a reconnu que ce budget
02:05était, je le cite, très imparfait.
02:07Il est extrêmement humble, le Premier ministre, il part d'ailleurs de camp de base avec l'adoption
02:12de ce budget avant d'essayer d'escalader l'Himalaya des difficultés.
02:16Et puis tous ceux, y compris ceux qui n'ont pas censuré le gouvernement d'ailleurs, n'ont
02:20cessé de répéter que ce budget était mauvais, voire très mauvais, voire très très mauvais.
02:26Bref, est-ce que sur le fond, ce budget peut effectivement enclencher une résorption des
02:33déficits ? Est-ce qu'il est à la hauteur de la situation économique ?
02:36Victoria Coussin.
02:37Ce budget, ce qui est sûr, comme vous le dites, Renaud, c'est qu'il convient à personne.
02:41Il est trop austéritaire pour la gauche, il est jugé par certains patrons anti-business,
02:46il ne va pas assez loin pour la droite, mais c'est aussi la preuve qu'il y a eu aussi
02:50une forme de compromis autour de la construction de ce budget, un compromis d'urgence.
02:55Après, est-ce que c'est surtout le budget qui viendra après au printemps, à l'automne
03:02pardon, qui sera très important et qui devra être vraiment construit pour éviter que
03:07François Bayrou ne rejoue sa place ?
03:09Le plus mauvais budget à l'exception de tous les autres, j'entendais cette formule
03:13d'une sénatrice LR, Sylvain Courage, c'est un peu ça ?
03:15Oui, personne n'en est fier, mais si personne n'en est fier, c'est aussi parce que tout
03:19le monde a perçu que ce budget ne serait probablement pas suffisant et qu'il n'atteindrait
03:27pas forcément ses objectifs de réduction du déficit, compte tenu des perspectives
03:32économiques, des prévisions un peu optimistes sur lesquelles il est bâti, et tout le monde
03:37rejette un peu la responsabilité des conséquences du budget.
03:41Effectivement, le budget 2026 sera très très dur à construire parce qu'il sera en année
03:45pré-présidentielle, donc là, les tensions politiques seront encore plus vives que cette
03:51année et donc on va continuer à nager dans le cafard budgétaire.
03:56Ça promet parce qu'il y en a eu des tensions cette année.
03:57Oui, c'est le budget de personne en quelque sorte, personne n'en revendique la paternité,
04:01c'est un budget de compromis, donc même François Bayrou dit que ce n'est pas le budget du gouvernement,
04:05c'est évidemment pas le budget de la droite, c'est pas non plus le budget de la gauche,
04:09et c'est un budget qui suscite effectivement beaucoup de frustration et beaucoup de mécontentement
04:13parce qu'il fallait aboutir à ce compromis.
04:15Et ce qui est intéressant, c'est qu'il a suscité aussi de forts mécontentements,
04:19ça arrive notamment lors de l'envoi des fameuses lettres de cadrage de Bercy, au début du
04:24processus de discussion budgétaire, ce budget a aussi suscité beaucoup de mécontentement
04:28au sein même du gouvernement, avec des ministres très mécontents de la réduction d'un certain
04:34nombre de crédits, ils ont bataillé dur pour essayer d'obtenir parfois des rallonges,
04:38et parfois même d'ailleurs en recourant à des initiatives assez surprenantes.
04:42C'est celle que vous nous avez racontée d'ailleurs ce matin, Victoria Koussa, sur
04:45France Info, la ministre des Sports, elle-même à la manœuvre en coulisses.
04:48Oui, Marie Barsac, qui a été nommée pour faire vivre l'héritage des Jeux Olympiques,
04:53et qui s'est rendue compte notamment au début du mois dernier, au début de l'année, quand
04:58elle est allée voir Amélie de Montchalin, la ministre des Comptes publics, elle s'est
05:00rendue compte que le budget des sports allait être encore plus amputé que prévu, encore
05:06plus que sous Michel Barnier, et là elle a commencé à se dire, il va falloir qu'il
05:09se passe quelque chose.
05:10Donc elle a œuvré en coulisses, selon nos informations, pour créer une grande mobilisation
05:15des sportifs, vous savez qui a abouti à cette tribune dans l'équipe des 425 athlètes
05:19olympiques.
05:20La pétition, c'est elle qui en est à l'initiative, en quelque sorte.
05:23Alors c'est elle qui a lancé le mouvement, en contactant certaines sources, notamment
05:28au sein de l'Agence Nationale du Sport, pour faire un peu bouger les choses, et elle a
05:33accentué la pression tout au long du mois de janvier, avec un moment clé, c'est-à-dire
05:38à la mi-janvier, juste avant le début des débats budgétaires au Sénat, quand elle
05:42a vu cet amendement de 34 millions d'euros supplémentaires sur le budget des sports,
05:46de coupes supplémentaires, et elle s'est dit, bon, là, il va falloir enclencher la
05:49seconde.
05:50Elle s'est même, avec son cabinet, organisée pour faire rejeter cet amendement par les
05:55sénateurs.
05:56Et donc il y a eu tout un mouvement, effectivement, de la ministre, et c'est peu habituel.
06:00Alors qu'officiellement, elle le défendait, elle défendait ces amendements de coupes budgétaires.
06:05En séance de fête, elle est obligée de défendre les amendements gouvernementaux,
06:10c'était le cas de celui-ci, mais en coulisses, elle le disait aux sénateurs, notamment,
06:14qui ont porté des amendements de suppression, elle leur expliquait qu'elle était évidemment
06:18contre.
06:19Et donc oui, il y a eu toute cette histoire en coulisses qu'elle a montée, aussi pour
06:25garder la face avec les sportifs, puisqu'il y avait un enjeu pour elle de crédibilité
06:29aussi.
06:30Il y a un autre sujet très important, qu'on découvre un peu depuis maintenant 24 heures,
06:34c'est que la fronde monte chez les auto-entrepreneurs, notamment, Sylvain Courage.
06:38Oui, parce que l'avantage fiscal sur la TVA, qui était consentie aux auto-entrepreneurs
06:44pour encourager ces initiatives et cette forme d'emploi, en fait, elle a été rabotée,
06:49et donc ça va concerner, du coup, des centaines de milliers de Français, et c'est encore
06:56un coup de canif dans la question de l'emploi, et il y aura sûrement, effectivement, une
07:03vive protestation.
07:04Le problème, c'est que les auto-entrepreneurs sont moins structurés que les entrepreneurs,
07:07ils n'ont pas vraiment de représentants, de syndicats, et donc l'affaire est passée.
07:13Maintenant, elle est inscrite dans la loi, difficile de revenir sur cette disposition.
07:16Bombe sociale, Renaud Delis ?
07:17Peut-être, peut-être.
07:18En tout cas, effectivement, très précisément, c'est le seuil d'exonération de TVA qui
07:21est abaissé dans le budget pour les auto-entrepreneurs, il est ramené à 25 000 euros de chiffre
07:26d'affaires annuel, au lieu des 37 000 euros de chiffre d'affaires annuel pour prestations
07:29de services qui étaient en vigueur jusque-là.
07:32Ce seuil s'élevait même à 85 000 euros pour les activités de vente de biens, donc
07:37on voit bien que ça a des conséquences immédiates pour des, entre guillemets, petits auto-entrepreneurs
07:43qui, effectivement, trouvaient parfois, soit leurs revenus exclusifs, soit éventuellement
07:48des compléments de revenus dans ce type d'activités, au-delà de ce seuil de 25 000 euros de chiffre
07:52d'affaires annuel, donc ils vont désormais se voir imposer une TVA à 20%.
07:56C'est une mesure qui, non seulement, évidemment, frappe au portefeuille un certain nombre de
08:02personnes qui vont être concernées, mais surtout qui va à l'encontre de la philosophie
08:05globale qui est celle d'Emmanuel Macron et de ses gouvernements successifs, c'est-à-dire
08:12la France qui travaille, justement, la France de l'effort, la France du mérite, et ça
08:18va directement frapper cette population-là.
08:21Le Bercy espère, en année pleine, 800 millions de recettes grâce à cette disposition, mais
08:29avant qu'elle entre en application, c'est probablement, effectivement, une bombe sociale
08:33qui va soulever des protestations assez fortes, qui va être, évidemment, utilisée par un
08:38certain nombre d'oppositions, et puis qui peut conduire soit des auto-entrepreneurs
08:44à cesser leur activité, soit aussi, évidemment, à passer, au-delà de ces 25 000 euros, à
08:50ne plus déclarer leur activité, et ça peut aussi contribuer à teaser le travail
08:55au noir.
08:56Donc, les conséquences de cette mesure qui s'est glissée dans le budget risquent d'être
09:03assez lourdes.
09:04Et on n'a pas fini d'en parler, à ce sujet des auto-entrepreneurs, on va d'ailleurs
09:06continuer d'en parler dans un instant avec nos informés, juste après le Philinfo de
09:109h15.
09:11Maureen Spignard.
09:12Le ministre israélien de la Défense demande à l'armée de préparer un plan de départ,
09:18un plan en vue du départ des Gazaouis qu'il souhaite, départ de la bande de Gaza, une
09:22annonce au lendemain de celle de Donald Trump, qui a largement fait réagir.
09:25Le chef de la diplomatie américaine tempère les propos du président américain ce matin
09:29et affirme que le départ des Gazaouis serait temporaire, le temps de reconstruire les bâtiments
09:34dans la zone dévastée par 15 mois d'offensives israéliennes.
09:37Faut-il encore modifier le droit du sol à Mayotte ? Une proposition de loi des républicains
09:42soutenue par le gouvernement est débattue aujourd'hui à l'Assemblée Nationale.
09:45Si le texte est adopté, les enfants nés dans l'archipel ne deviendraient français
09:49que si les deux parents sont en France depuis plus d'un an.
09:53L'ARN90 va rouvrir dès demain, au moins sur une voie, alors que les vacances commencent.
09:58Cette nationale est la seule qui permet de monter vers les stations de ski de la Tarentaise
10:02en Savoie.
10:03Cette route a été coupée le week-end dernier après un éboulement.
10:05Et puis le stade Briochin sera en quart de finale de la Coupe de France de football.
10:09Le club de National 2 a éliminé l'OGC Nice hier, Angers et Guingamp sont aussi qualifiés.
10:16France Info
10:19Les informés, Renaud Dely, Jérôme Chapuis
10:25Et Victoria Coussa, journaliste politique à France Info, Sylvain Courage, directeur
10:28adjoint de la rédaction du Nouvel Obs, on parlait de cette mesure qualifiée par certains
10:32de « bombe sociale » qui concerne les auto-entrepreneurs, qui est contenue dans ce budget, adoptée quasi
10:37définitivement après le rejet de la motion de censure d'hier.
10:40Le seuil de TVR amené à 25 000 euros au lieu de 37 000 euros de chiffre d'affaires.
10:46On peut s'étonner, c'était rappelé d'ailleurs par Renaud à l'instant, qu'une mesure qui
10:50normalement va dans le sens du logiciel macroniste a été adoptée.
10:55Et on se demande même ce que la droite a fait, comment la droite a fait pour laisser passer
11:00une telle mesure, Victoria Coussa ?
11:01Ça montre évidemment que les macronistes n'ont plus vraiment la main sur les textes
11:06budgétaires, au vu de la composition de l'Assemblée nationale, au vu des équilibres
11:12aujourd'hui politiques.
11:13On sait que la mesure est passée notamment au Sénat.
11:16On voit aussi le poids que représentent les sénateurs LR dans ce budget.
11:20Et c'est aussi cette co-construction d'urgence dont on parlait au début qui fait qu'à
11:27la fin, évidemment, personne ne se retrouve vraiment dans ce budget.
11:30Et les macronistes ne soutiennent pas une telle mesure qui a été portée du coup par
11:34les sénateurs de droite.
11:35Il y a peut-être d'ailleurs une dernière mesure dont on peut parler.
11:37Renaud ?
11:38Juste un petit élément pour ajouter.
11:39Je suis absolument d'accord avec Victoria.
11:41Il faut bien comprendre aussi deux choses.
11:43D'abord, c'est qu'il y a très peu de spécialistes du débat budgétaire à l'Assemblée nationale.
11:48On l'avait vu lors des discussions autour du budget Barnier, lorsqu'il y avait une sorte
11:52de concours lépine qui s'était ouvert.
11:54Il y avait des suggestions totalement stupéfiantes qui émanaient de députés de toutes étiquettes
11:59qui, en règle générale, ne se préoccupaient pas du budget et qui discutaient plutôt en
12:02petit comité.
12:03C'est d'ailleurs que Michel Barnier avait laissé fleurir en quelque sorte, pensant
12:06que le 43 permettrait évidemment d'écarter tout ça.
12:09C'est une des raisons pour lesquelles aussi je pense que cette mesure est finalement arrivée
12:14dans le budget.
12:15Et dernier point, elle illustre aussi le fait que, passez-moi l'expression, on racle les
12:18fonds de tiroir en quelque sorte, pour essayer de combler à l'âte l'ampleur des déficits
12:23en question.
12:24D'où des coups de rabot sur un certain nombre de ministères de dépenses publiques.
12:28Et d'où cette mesure qui peut potentiellement rapporter 800 millions d'euros en année
12:33pleine, ce sont les espoirs de Bercy, mais au risque de susciter effectivement un tollé
12:37politique et une tempête sociale.
12:38Voilà, donc des priorités financières mais peut-être des priorités politiques qui sont
12:42un petit peu négligées notamment aussi.
12:44On peut parler du malus écologique sur les véhicules thermiques qui émettent trop de
12:49CO2.
12:50Ça aussi, ça peut avoir des conséquences politiques dans les prochaines semaines, les
12:53prochains mois ?
12:54Oui, c'est vrai que ce coup de rabot, il est parfois maladroit et il bouleverse les
13:01priorités.
13:02On croyait que c'était essentiel de limiter les émissions de CO2, d'accélérer le renouvellement
13:09du parc automobile.
13:10Et puis finalement, c'est plus si indispensable que ça.
13:12Bref, ça brouille surtout le discours politique, le cap qui est fixé.
13:16Et donc, ça soulève beaucoup du coup d'indignation et de récrimination en fait, ce brouillage
13:22du message politique.
13:23Dans le cas des auto-entrepreneurs, on peut aussi souligner que les sénateurs sont sans
13:26doute plus sensibles, plus perméables aux arguments des petits commerçants, des petits
13:32artisans et des PME qui sont concurrencés rudement par les auto-entrepreneurs et qui
13:38donc ont mis cette mesure au budget.
13:41Donc, c'est un peu le jeu des intérêts qui se réveille et qui finit par créer une
13:46cacophonie politique.
13:48Du brouillage.
13:49Vous avez prononcé le mot et on va en parler aussi dans notre deuxième débat des informés.
13:54On va parler d'un tout autre sujet avec vous Renaud Delis, le Proche-Orient, cette tempête
13:59Trump, cette déclaration qui a suscité beaucoup de controverses hier et qui continue d'en
14:05susciter ce matin.
14:06Évidemment.
14:07Le jour d'après le déclenchement de cette nouvelle tempête Trump, rappelons que le
14:10président américain a annoncé hier que les Etats-Unis, je le cite, prendront le contrôle
14:14de la bande de Gaza pour la reconstruire.
14:16Pour reconstruire ce qu'il appelle un chantier de démolition et que cet objectif passera
14:21par le déplacement de deux millions d'habitants de la bande de Gaza que Donald Trump imagine
14:26déplacer en Égypte, en Jordanie ou ailleurs, dit-il.
14:30Ses propos ont déclenché un tollé sur la scène internationale.
14:34Les présidents français d'ailleurs et égyptiens ont averti d'une même voie que tous déplacements
14:38forcés de la population palestinienne à Gaza comme en Cisjordanie sont inacceptables et
14:43ont continué de plaider pour la solution à deux États.
14:47L'ONU s'inquiète également des projets de Donald Trump, lequel pourtant persiste à
14:53dire qu'à l'en croire, lui, il n'entend que des gens qui le félicitent.
14:57Pourtant, l'administration Trump a aussi un petit peu modulé les propos du président
15:01américain en précisant que les Etats-Unis ne financeront pas la reconstruction de Gaza
15:05d'une part et la porte-parole de la Maison Blanche a aussi fait savoir qu'à ce stade,
15:09Donald Trump n'avait pas évoqué le déploiement de militaires, de GIs au sol dans la bombe de Gaza.
15:15Comment est-ce que la communauté internationale, l'Europe et la France, notamment, peuvent
15:21réagir à ces propos et à ces projets de Donald Trump ?
15:25Voici ce qu'en disait hier au Sénat le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barraud.
15:31La France est fermement opposée à tout déplacement forcé de population qui constitue, vous l'avez dit,
15:37une violation manifeste ou qui constituerait une violation manifeste du droit international,
15:41qui serait une atteinte à l'aspiration légitime du peuple palestinien et qui entraverait
15:47la mise en œuvre d'une solution à deux Etats, seuls susceptibles d'apporter la paix
15:51et la stabilité dans la région.
15:53Victoria Koussa, l'Europe et la France sont-elles impuissantes ?
15:56En tout cas, c'est compliqué. On voit que l'Union européenne se sent de plus en plus
16:02désemparée face à Donald Trump qui a été réélu, à ses frasques, à ses idées qu'il sort comme ça
16:10en conférence de presse et qui ont des conséquences incommensurables sur la scène internationale.
16:15On voit aussi qu'Emmanuel Macron cherche toujours à embarquer avec lui les Européens.
16:20Il cherche toujours aussi, c'est son ADN et c'est ce que rappelle d'ailleurs son entourage,
16:23il cherche toujours aussi à mener un peu cette fronde à ce qu'il appelle lui-même
16:27une internationale réactionnaire.
16:29Et c'est compliqué parce qu'il y a de plus en plus de populistes aussi en Europe.
16:33Donc il y a vraiment deux axes qui sont en train de se renforcer au fil du temps.
16:37Et on le voit à chaque fois que le président américain prend la parole.
16:40Donc oui, c'est compliqué.
16:42Et sur Gaza, on a pu discuter avec des conseillers d'Emmanuel Macron qui nous disent
16:46nous on n'a pas envie d'être dans la surenchère parce que c'est aussi le risque face à un Trump
16:51qui va toujours plus fort à chaque prise de parole.
16:54L'idée est de rester aussi sur le droit international.
16:57Et c'est ce qu'a tenté de faire le quai d'Orsay d'ailleurs.
17:00Donc toujours de rester sur des propos beaucoup plus mesurés et du factuel, le droit.
17:06Que pèse la mesure face à ce type de déclaration ?
17:10On voit déjà que dans la crise ouverte depuis le 7 octobre,
17:15finalement l'Europe et la France n'ont pas pesé beaucoup,
17:19n'ont pas été au premier rang des négociations,
17:23n'ont pas été décisionnaires dans l'accord de cesser le feu qui est intervenu.
17:30Donc les États-Unis sont en position de force clairement avec leurs alliés israéliens.
17:34Ce sont eux qui font, qui essayent de faire régner un semblant de paix.
17:37Et puis ensuite, il y a le naturel de Donald Trump qui va flatter un vieux fantasme
17:41de l'extrême droite israélienne.
17:43Drôle de fantasme d'ailleurs de vouloir chasser des populations
17:47quand on est descendant d'une population qui a été chassée, par parenthèse.
17:51Et qui aussi finalement projette ses idées de promoteurs.
17:56Donc allons-y, construisons une cité de rêve,
18:00une riviera à la place du malheur et de la tragédie palestinienne.
18:05Évidemment l'histoire ne se déroule jamais comme ça, c'est totalement irréaliste.
18:08Donc l'Europe doit effectivement essayer de le ramener à la raison
18:11parce qu'il a vraiment des propos qui sont irrationnels.
18:15Idée qui a évidemment suscité un tollé, mais qui n'est pas si neuve que cela.
18:20C'est vrai qu'il y a toute une partie, notamment de la droite israélienne,
18:24pas seulement qui, il y a déjà quelques années,
18:27fantasmait sur l'hypothèse de bâtir, comme l'a dit Donald Trump,
18:30en quelque sorte une sorte de riviera dans la bande de Gaza.
18:33Et de miser justement sur une économie florissante,
18:39la construction d'hôtels de luxe, etc.
18:41sans tenir compte effectivement de la vie des populations qui y vivent.
18:45C'est-à-dire sans tenir compte, voire en les déplaçant effectivement.
18:49Donc c'est une sorte de fantasme qu'a réactivé Donald Trump
18:52avec des accents de promoteurs immobiliers.
18:55Je crois que ce qui est très important, l'Europe et la France aussi démunies soient-elles,
19:00face à la puissance américaine et à son influence en tout cas,
19:05en particulier de la bande de Gaza et du conflit dans cette région-là,
19:10c'est-à-dire que la France et l'Union Européenne,
19:12en particulier la France, ont peut-être été plus influentes,
19:14sans aucun doute même, sur la scène libanaise.
19:16On sait que dans le cessez-le-feu qui a été conclu avec le Hezbollah,
19:21la France a joué un rôle et ça a été aussi, on le sait,
19:24ce conflit-là, une des répercussions des massacres commis par le Hamas le 7 octobre.
19:28Mais en revanche, c'est vrai qu'à Gaza, les Etats-Unis,
19:31l'influence des Etats-Unis est considérable et incontournable.
19:34Je pense que l'idée de faire preuve de sang-froid
19:38et de démonter rationnellement un certain nombre de rideaux de fumée
19:41agités par Donald Trump est extrêmement importante
19:43parce que derrière des propos qui sont totalement stupéfiants
19:48et qui semblent totalement irréalisables,
19:50comme en imaginer que 2 millions de personnes soient déplacées
19:54sans réaction de la communauté internationale,
19:56sans condamnation, sans conflit, etc.,
19:59il y a d'autres objectifs que peut poursuivre Donald Trump
20:03et notamment il y a la question de l'annexion de la Cisjordanie.
20:06Il l'a évoqué aussi dans son intervention avant-hier,
20:09en disant que l'administration Trump se prononcerait d'ici 4 semaines sur cette hypothèse.
20:13Ce qui explique d'ailleurs la réaction hier, notamment du Quai d'Orsay,
20:17de dire que les deux dossiers sont liés,
20:19c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas de déplacer des populations
20:21ni dans la bande de Gaza, ni en Cisjordanie.
20:23Cela veut dire que dans la logique transactionnelle de Donald Trump,
20:26il n'est pas exclu que dans quelques semaines,
20:28ils disent qu'on oublie le déplacement des populations à Gaza.
20:30En revanche, la Cisjordanie, annexée par Israël,
20:34nous, on y est favorable.
20:36Oui, avec lui, il faut agir en psy.
20:38C'est ça qui est compliqué pour les diplomates européens,
20:41parce qu'effectivement, il place la barre toujours très haut,
20:44c'est son art du deal, comme il le dit à chaque fois,
20:46et il pousse, il pousse, il pousse pour obtenir le maximum.
20:48Donc là, il a mis la barre très très haut, très très loin même, de la réalité.
20:52Donc il faut essayer de comprendre où il veut aboutir,
20:55quelles sont éventuellement les monnaies d'échange
20:57pour trouver quand même une issue à cette tension,
21:00parce qu'il crée quand même de la tension.
21:02D'ailleurs, ses alliés dans la région sont très embarrassés.
21:04Tous les pays arabes qui ont pu signer des accords avec les États-Unis
21:10sont dans une nasse.
21:12Alors, est-ce qu'il veut précipiter ?
21:14Parce qu'il y a l'idée de reconstruire la bande de Gaza,
21:16ça c'est légitime, de vouloir reconstruire,
21:18parce que tout est détruit.
21:19Donc peut-être qu'il faut prendre cette partie,
21:21qui est la partie, disons, raisonnable de la proposition de Trump,
21:25et progressivement laisser tomber les affects les plus délirants.
21:29Partie raisonnable, mais d'ailleurs à laquelle les États-Unis font savoir
21:31qu'ils ne participeront pas financièrement.
21:33C'est-à-dire qu'il s'agit là de solliciter le Qatar, l'Arabie Saoudite...
21:36C'est probablement ce qu'il veut obtenir d'ailleurs,
21:38c'est le financement du Qatar et de l'Arabie Saoudite.
21:41Il y a quand même la question du réalisme,
21:43parce qu'évidemment, beaucoup de gens ont pointé l'irréalisme de cette proposition,
21:47mais en face, des Américains vont dire aujourd'hui,
21:49ce qui est irréaliste aussi, c'est cette solution à deux États,
21:51dont tout le monde parle depuis des années,
21:53mais qui n'existe pas, Renaud, et ce sera le mot de la fin.
21:55Oui, c'est effectivement irréaliste aux yeux de ceux qui s'y opposent,
21:59mais ça reste un horizon qui semble inatteignable.
22:03Effectivement, on en parle depuis des décennies,
22:06et en même temps, dès lors qu'il y a deux peuples
22:09qui aspirent légitimement tous les deux à avoir leur propre État,
22:13il n'y a pas d'autre solution politique à terme
22:16qui soit synonyme d'une paix durable
22:18que cette solution à deux États.
22:20Renaud Delis, les informés ce matin,
22:22Victor Iacoussa, journaliste politique à France Info,
22:24Sylvain Courage, on jette un oeil
22:26à la ligne du Nouvelle Ops,
22:28nos vies sous IA,
22:30avant le sommet, bien sûr, qui va s'ouvrir lundi prochain.
22:32Une autre bataille géopolitique.
22:34Autre bataille importante, dont on aura sûrement l'occasion de reparler
22:36dans les informés qui reviennent ce soir
22:38autour de Jean-Rémi Beaudot.
22:40Il sera 20h.

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