L’essayiste, Driss Ghali, parle des chiffres de l’immigration : «On a un effet d’emballement de l’immigration».
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00:00Alors le premier titre de séjour, ce n'est pas le visa, c'est un document qui vous permet de vivre sur une longue période en France, un an ou plus.
00:09Ça couvre les étudiants, ça couvre les exilés, ça couvre aussi les regroupements familiaux, les mariages d'un monsieur en France ou d'une femme en France qui va trouver son époux, son conjoint au Maroc, en Algérie ou ailleurs.
00:21Ce sont des chiffres records, bien sûr, donc on a un effet d'emballement de l'immigration, quel que soit le discours politique, ça augmente et nous avons surtout une espèce de fatalité, de sentiment d'impuissance.
00:36On a été à deux doigts l'an dernier de l'arrivée de Marine Le Pen au pouvoir, en tout cas d'un changement radical de majorité à l'Assemblée, mais quelle que soit l'ébullition, quelle que soit l'opinion publique, l'immigration continue.
00:51Alors on peut avoir une lecture plus ou moins catastrophique du chiffre puisque quand même il y a 100 000 étudiants, il y a quand même une attractivité de la France.
01:00Je veux dire que la France n'est pas finie, parce que pour envoyer des enfants étudier en France, il y a encore un rayonnement.
01:07Une question économique, au moment où les Français étouffent sous le poids des impôts, sous le poids des taxes, on a 3 200 milliards d'euros de dettes, on n'a rien réglé, on va avoir un budget, alléluia, mais rien n'est réglé.
01:20On est au pied de l'Himalaya et on est en claquettes parce qu'on ne sait pas comment on va grimper l'Himalaya. Donc la situation est très embarrassante.
01:30On a les moyens d'accueillir autant de monde ?
01:32Certainement pas. C'est l'indécence de l'époque, c'est l'indécence de ces politiques, de ces ONG qui ne comprennent pas que nous sommes un pays en pénurie, un pays qui vit de la dette.
01:43On ne peut pas être généreux avec l'argent des autres, avec l'argent pris sur les marchés. C'est de la folie.
01:48C'est ce qu'on fait.
01:49En plus, on donne des leçons au monde entier et à ceux qui nous disent attention, ce n'est pas indécent, on les traite de fascistes.
01:56Mais je vous dirais juste de se mettre dans la peau d'un immigré.
01:59Pour un immigré qui vient de pays qui sont vraiment déglingués depuis très longtemps, même la France déclassée, ça reste quand même intéressant.
02:08Parce que vous avez un hôpital qui fonctionne encore malgré tout.
02:11Alors je pose ma question à l'envers. Quel est l'intérêt pour la France ? Parce que l'intérêt pour un immigré pauvre, tous les immigrés ne sont pas pauvres,
02:20mais la majorité à un niveau de vie qui est inférieur à celui des Français, quel est l'intérêt du pays d'accueillir autant de monde ?
02:27Et l'intérêt des Français d'accueillir autant de monde ?
02:30Au fait, on achète une vie supplémentaire comme dans un jeu électronique d'arcade.
02:35Vous savez quand vous tirez sur le baril et vous gagnez une vie supplémentaire pour continuer à jouer.
02:39On achète six mois, un an avant qu'on déclare en faillite notre modèle économique.
02:44Parce que le coût du travail, on en parlait, est tellement cher en France que nos patrons, ils ne sont pas tous véreux, mais ils vivent dans la réalité,
02:50ils ont besoin d'une main d'oeuvre pas chère, légale ou illégale.
02:53Donc nous achetons six mois, un an d'illusion que notre système fonctionne.
02:57Alors il ne fonctionne pas. Notre travail est trop cher.
03:01Et ces immigrés, une partie vient travailler, légalement ou illégalement.
03:06C'est ça le seul intérêt. C'est une espèce d'intérêt macroéconomique, mais c'est comme une dose de cocaïne au fait.
03:13C'est ce que disait Jean-Marie Le Pen il y a quelques décennies en réalité.
03:17On sait quel traitement on lui a réservé à l'époque.
03:23C'est un problème très complexe.
03:26Parce que c'est comme sortir d'une addiction.
03:30Il faudra bien en sortir, mais nous aurons un effet d'abstinence.
03:33Parce que nous aurons effectivement un choc économique.
03:35C'est comme une économie qui roule à la cocaïne.
03:38Nous avons besoin aujourd'hui, structurellement, en tout cas en grande région parisienne,
03:43parce que la France n'est pas que Paris ou l'île de France,
03:46d'un travail largement dégradé qui ne coûte pas cher et qui n'est pas très productif.
03:53Le coup aussi qu'on paie, c'est que nous avons un travail qui n'est pas très productif
03:57parce que ces gens viennent d'un pays où le système éducatif ou même l'éthique du travail n'est pas la même que chez nous.
04:02C'est majoritairement une immigration familiale.
04:06Ce n'est pas que des ingénieurs en intelligence artificielle.
04:11Il y a bien sûr des médecins.
04:13On pourrait se poser la question, est-ce que c'est très éthique de voler au Maroc ces médecins ou au Bénin ces médecins ?
04:19Parce qu'on nous dit qu'on a besoin des médecins marocains, algériens, très bien.
04:22Ils sont excellents en général.
04:24Dans un monde idéal, ce serait mieux que la France forme ses propres médecins.
04:27Tout à fait.
04:29Nous tombons sur les vieilles corporations, les vieux blocages français.
04:33L'immigration permet de continuer à faire n'importe quoi pendant quelques années.
04:40On ne va pas se mentir, ce n'est pas que un problème économique.
04:45L'immigration, ce n'est pas que un sujet économique.
04:47D'ailleurs, on revient au titre de votre livre, l'identité d'abord.
04:50Oui, vous me posez la question.
04:52Vous avez le regroupement familial.
04:54Et là, on a un problème démocratique.
04:56Souvent, ce sont des Français d'origine étrangère qui se marient au pays.
05:02Vous avez déjà un problème par rapport à l'intégration.
05:05Si le type est français, normalement, il devrait se marier avec une Française de France.
05:09Mais souvent, pour des raisons éthiques, morales, de compatibilité,
05:12il va chercher une femme au pays.
05:14Donc, vous avez déjà un problème. Est-ce que l'assimilation a eu lieu ?
05:17Parce que finalement, l'assimilation, c'est quoi ?
05:19C'est le quotidien.
05:21Vous avez votre réponse.
05:23Bien sûr.
05:24Qui est non.
05:25Ça veut dire quoi ?
05:26Je ne fais pas confiance à la matrice culturelle de ce pays pour trouver mon épouse ou mon époux.
05:30C'est la vérité criante.
05:32Mais vous avez la gauche qui va vous dire, mais attendez.
05:34L'assimilation fonctionne parce que nous avons des mariages mixtes.
05:37Mais ça ne veut rien dire.
05:39C'est un Français d'origine marocaine qui se marie avec une Marocaine.
05:43On n'est pas du tout dans l'assimilation.
05:45On est dans le repeuplement.
05:47Sans être dans le même camp politique, mais Jean-Luc Mélenchon dit
05:51qu'il va y avoir un grand remplacement avec une France créolisée.
05:53C'est le sens de l'histoire.
05:55Gérald Darmanin dit qu'il y a un mouvement.
05:57Je vais dire exactement ce qu'il dit.
05:59L'immigration, c'est un fait qui touche tous les pays du monde.
06:02Ça sera un fait de plus en plus important.
06:06Du fait du moins de démocratie dans le monde,
06:10réchauffement climatique, réfugiés.
06:12Il faut qu'on écoute le mouvement du monde.
06:14J'ai l'impression qu'ils disent à peu près la même chose.
06:17On peut se tourner dans tous les sens, se rouler par terre, ça ne change rien.
06:20C'est incroyable.
06:21Ces gens sont en train de tuer la politique.
06:23Si on ne peut rien faire contre quoi que ce soit,
06:26on ne fait pas de politique, on ferme l'Assemblée.
06:28Au moins, on va économiser.
06:30Ça me rappelle ce qu'on disait aux Marocains, aux Algériens, aux Sénégalais en 1950.
06:34Qu'est-ce qu'on leur disait ?
06:35La colonisation, c'est à la marche du monde.
06:37La colonisation, c'est un fait de l'histoire.
06:40Heureusement qu'ils se sont décolonisés.
06:42Il y a eu des résultats plus ou moins bons,
06:44mais il vaut mieux vivre libre.
06:46C'est vraiment un discours qui est indécent.
06:48On ne peut pas arrêter aujourd'hui l'immigration.
06:53Il y a effectivement une marche du monde,
06:55mais on ne peut pas condamner un peuple à être colonisé.
06:58Là, on est dans le repeuplement.
07:00Vous avez déjà 30 % des naissances
07:02qui sont dues à des gens qui ont eu au moins un parent étranger.
07:06C'est au moins un moment historique.