La journaliste, Charlotte d’Ornellas, parle de la thématique de l’immigration : «L’immigration n’est pas un sujet abstrait».
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00:00Oui, la question est d'autant plus légitime que c'est un sujet dont on a beaucoup parlé ces derniers temps, notamment au moment de la loi Immigration,
00:08que dans le spectre politique français, mis à part finalement l'Union des Gauches, l'intégralité du reste du spectre veut prendre des moyens pour limiter.
00:18Alors certains ne parlent que de l'immigration illégale, mais reconnaissant par là qu'il y a un sujet à venir sur ce sujet,
00:25Emmanuel Macron, vous le disiez, a réagi, bon alors il a dit une chose et son contraire sur ce sujet, une fois n'est pas coutume,
00:32mais il a quand même dit, on a bien compris le message, l'insécurité et l'immigration.
00:35Donc je pense que quand il a parlé le plus naturellement du monde sans avoir préparé son discours, c'est quand même la chose qui est sortie.
00:41Et à droite, avec ou sans union des uns ou des autres, tous s'accordent à dire que c'est un sujet extrêmement important.
00:48J'ajoute par ailleurs que ça fait au minimum deux ans, même un peu plus, mais depuis la dernière élection présidentielle,
00:53qu'on hiérarchise en permanence les priorités des Français en nous expliquant est-ce que c'est le pouvoir d'achat ou l'immigration.
00:58Notez que l'immigration, ce n'est pas un sujet abstrait.
01:01Ce sont des milliers, des dizaines de milliers, des centaines de milliers, voire des millions de gens qui veulent venir en Europe,
01:07et donc parfois en France, et avec qui on développe une générosité qui elle aussi coûte de l'argent.
01:14Donc évidemment que l'immigration est aussi un sujet économique pour l'avenir de la France.
01:19Et les trois parties de droite à la dernière élection présidentielle promettaient un référendum pour redonner finalement aux Français le pouvoir,
01:31puisqu'ils sont seuls à pouvoir le prendre, de redéfinir la hiérarchie des normes sur la gestion de l'immigration.
01:38Et alors si on regarde un peu ce qui s'est passé ces derniers mois,
01:42on a de quoi se poser la question, il faut comprendre pourquoi cette question se pose réellement.
01:47Est-ce qu'un autre gouvernement pourrait faire différemment ?
01:49Surtout avec Emmanuel Macron comme président de la République, ce qui ne changera pas le 7 juillet.
01:54Quand Gérald Darmanin présentait sa loi immigration,
01:57il répétait légitimement pour le coup qu'il n'était que ministre de l'intérieur,
02:01et que donc il ne pouvait que proposer une loi ordinaire.
02:06J'évolue dans un système où les traités ne m'appartiennent pas à moi, ministre de l'intérieur,
02:12où la jurisprudence des Cours suprêmes ne m'appartient pas à ma ministre de l'intérieur,
02:16je ne peux pas déplacer ces curseurs-là.
02:18Donc dans ce système-là tel qu'il est en place, je peux adapter certains curseurs,
02:22et c'est ce qu'il avait fait notamment, et la communication avait été extrêmement forte là-dessus,
02:26pour faciliter l'expulsion des personnes qui sont condamnées ou qui troublent l'ordre public en France.
02:32Mais vous voyez, on l'avait déjà dit, c'était assez restreint par rapport au sujet immigration.
02:37Quand les LR, qui avaient été soutenus en l'occurrence par le Rassemblement national au Sénat,
02:42avaient réécrit le texte initial de cette proposition de loi,
02:46ils voulaient notamment durcir l'accès aux prestations sociales, en disant on va rendre moins attractive la France,
02:51le Conseil constitutionnel censurait pour des raisons de forme.
02:54On avait parlé de cavaliers législatifs à l'époque, le Conseil constitutionnel censurait.
02:59Les LR n'ont pas lâché, ils ont déposé une proposition de loi en disant on va le mettre à part,
03:03comme ça on ne pourra plus nous dire que ça n'a pas de rapport avec le texte initial,
03:07et ils voulaient passer par le référendum d'initiative populaire,
03:10en se basant sur justement la question des aides sociales de l'immigration,
03:14donc une question économique inhérente à l'immigration.
03:17Cette fois-ci, le Conseil constitutionnel la déclare non conforme à la Constitution,
03:22parce qu'il y a une différence entre les citoyens et les autres.
03:25Récemment, on l'a vu encore, le Conseil constitutionnel lit le devoir d'égalité
03:29en dehors de toute question administrative,
03:31c'est-à-dire l'aide juridictionnelle, on en avait parlé ici,
03:34est ouverte à tous, que vous soyez citoyen français, étranger régulier en France,
03:39ou étranger irrégulier en France, il n'y a plus de différence.
03:42Là, encore une fois, l'aide juridictionnelle, ça coûte de l'argent,
03:45c'est aussi un sujet économique.
03:47Ensuite, le Conseil d'Etat interdisait il y a quelques mois, sur décision de Gérald Darmanin,
03:52il interdisait le refoulement des étrangers illégaux à la frontière italienne.
03:57Pourquoi ? Parce qu'il y a une directive retour prise au niveau européen
04:00qui oblige que vous ayez 30 jours pour partir ou non de votre propre volonté
04:04quand vous êtes étranger en situation irrégulière.
04:07Donc là, Gérald Darmanin lui-même avait été censuré là-dessus.
04:10Et par ailleurs, vous vous souvenez, le même Conseil d'Etat, il y a quelques temps encore,
04:13jugeait que l'engagement de SOS Méditerranée, en l'occurrence, n'était pas politique.
04:18SOS Méditerranée, il y a deux gens, il y a le secours en mer,
04:21il y a aussi le rapatriement des personnes sur les côtes européennes
04:24et non pas dans les pays d'origine.
04:26Le Conseil d'Etat jugeait qu'il n'était pas nécessaire
04:30de considérer cette activité comme un engagement politique
04:33et que donc les subventions d'argent publics,
04:36là encore une fois, il y a des questions d'argent,
04:38pouvaient être octroyées à ces associations.
04:41Donc, dans un contexte où tous les indicateurs d'immigration,
04:44régulière et irrégulière, sont à la hausse en France,
04:47comme partout aux frontières extérieures de l'Europe,
04:50où, en effet, on voit bien la question démographique
04:53dans tous les pays d'origine de l'immigration,
04:56notamment extra-européenne, explose,
04:58évidemment que cette question est extrêmement importante
05:01et c'est la raison pour laquelle le référendum
05:04était réclamé par tous les partis de droite
05:06et c'est la raison aussi pour laquelle on peut se demander
05:08ce que pourrait faire un gouvernement,
05:10entre les mains, enfin, en travaillant avec Emmanuel Macron comme président,
05:14qui n'a pas voulu aller sur ce terrain-là
05:17de redéfinition, on va dire, des normes
05:20et donc de la puissance publique,
05:22parce que c'est ça dont il s'agit sur ce terrain migratoire.