Driss Ghali, essayiste, s’exprime sur les actions de l’Europe pour limiter l'immigration, thématique de son dernier ouvrage «De la diversité au séparatisme» : «On peut faire les choses, mais l’Europe ne veut pas. L’Europe est immigrationniste».
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00:00Et bien, la campagne européenne a été une campagne très nationale, finalement.
00:06On a très peu parlé d'Europe, de problèmes réellement collectifs pour l'Europe.
00:11D'où le fait que, à mon avis, la droite et la droite patriote ont réussi à passer ce thème de l'immigration.
00:17Je pense que c'est un premier facteur.
00:19Deuxième facteur, les gens voient bien que la situation n'arrête pas de se dégrader.
00:22Les faits divers sont de plus en plus nombreux.
00:24Même si les grands médias, entre guillemets, les cachent, les faits divers ont quand même lieu.
00:29Il y a eu encore une attaque dans l'Isère qui aurait pu être un deuxième crépaule.
00:33Et troisième point, il y a peut-être un effet J.O.
00:36Les gens voient bien qu'on est en train de faire un déploiement,
00:40on prépare un déploiement digne d'un film d'action américain pour sécuriser les J.O.
00:46Alors qu'au fond, c'est le problème, ce sont les délinquants étrangers, les mineurs étrangers.
00:52Il y a une situation de délinquance dans la capitale française qui est très grave.
00:57Et qu'on n'arrive pas à cacher.
01:00Donc voilà, je pense que ces trois facteurs jouent beaucoup.
01:02Qu'est-ce que l'Europe peut faire pour lutter contre l'immigration, qu'elle soit d'ailleurs légale ou illégale ?
01:06Lutter contre l'immigration illégale et réduire l'immigration légale
01:10si tant est que ce soit voté ou décidé par les politiques.
01:14Aujourd'hui, on voit surtout l'impuissance de l'Europe à régler ces problèmes.
01:17Frontex ne protège rien.
01:21Et quelqu'un qui peut rentrer en Italie ou en Espagne s'installe où il veut avec Schengen.
01:27Déjà, l'Europe ne veut pas régler le problème.
01:32Elle est plutôt immigrationniste et elle estime qu'on a besoin de beaucoup d'immigrés pour payer les retraites.
01:37Donc l'Europe part du principe que les peuples européens, entre guillemets, sont finis, sont inutiles,
01:42ils ne travaillent pas assez, ils ne font pas assez d'enfants.
01:45Donc déjà, le postulat de base n'est pas très bon.
01:47Mais à supposer que l'Europe soit vraiment motivée par ce problème,
01:50elle peut faire beaucoup de choses, notamment avec l'aide au développement et la politique des visas.
01:54L'eau de développement qui doit être conditionnelle, à mon avis,
01:57au contrôle des frontières par les pays émetteurs de l'immigration.
02:00Parce qu'entre nous, à Lampedusa, c'est trop tard.
02:04Une fois qu'ils sont à Lampedusa ou à Toulon, c'est extrêmement difficile d'un point de vue humain
02:08de tirer sur un bateau ou de dire aux gens, écoutez, vous pouvez vous noyer.
02:11On ne peut pas faire ça. Très difficile.
02:13Par contre, il y a des pays quand même constitués sur la rive sud de la Méditerranée
02:18qui ont des marines, qui ont des garde-côtes, qui ont des douanes,
02:22qui ont des polices judiciaires, qui peuvent démanteler les réseaux dépasseurs,
02:27qui ont aujourd'hui des drones, qui ont des équipements.
02:30Il faut les motiver, entre guillemets aussi les obliger.
02:35L'Europe a un véritable pouvoir de levier.
02:37Imaginez juste le libre-échange.
02:39Vous prenez un pays d'Afrique du Nord qui veut vendre des tomates ou des raisins à l'Europe.
02:44Eh bien, si on lui dit tomate, raisin et à côté, il y a le contrôle de l'immigration,
02:48je pense que ça peut le motiver.
02:51Il ne faut pas que l'Europe soit impérialiste.
02:54Il ne faut pas parler de manière trop ferme aux pays du sud.
02:57Mais il faut quand même leur dire les choses sans se les cacher.
03:02Parce qu'aujourd'hui, il y a une espèce de...
03:08Essayer de couper, de régler le problème dans les rues françaises.
03:11C'est très difficile à cause de la CEDH et tout ce qu'il y a derrière.
03:15Une dernière question, Driss Ghali.
03:17Faut-il réformer Schengen ou pas ?
03:19Les Français sont majoritairement pour la réforme de Schengen.
03:23Pour faire en sorte que seuls les Européens aient le droit à la libre circulation.
03:29Franchement, j'y pensais hier et je me suis dit qu'est-ce que j'ai été bête de croire dans Schengen.
03:34J'étais tout jeune, en 92, tout ça.
03:36En 90, Maastricht, tout ça.
03:39Évidemment qu'il ne fallait pas faire Schengen.
03:42Il ne fallait pas faire Schengen.
03:44Parce qu'à côté de Schengen, il aurait fallu avoir un FBI européen, une police européenne, un parquet européen.
03:51Et on n'a pas ça.
03:54Donc soit on fait une Europe fédérale, ce que je ne souhaite pas,
03:57mais soit il faut faire une Europe fédérale pour contrôler ce Schengen.
04:00On n'a pas une police judiciaire européenne aujourd'hui.
04:03C'est pour ça que c'est la fête aujourd'hui, dans les mafias, en Hollande, en Belgique.
04:10C'est la fête.
04:13Il n'y a pas de contrôle de Schengen réellement.
04:16Les bandits sont à la fête.
04:18Donc soit on fait un État européen, un fédéral, ce n'est pas mon vœu, mais ce serait logique.
04:21Soit on rétablit, on revient sur Schengen complètement ou pas.
04:25Ce qui me choque aussi, c'est qu'on n'a pas l'espace de réfléchir.
04:38Ah, on a perdu.
04:40On vous entend.
04:43Terminez votre phrase.
04:46Oui, je veux dire que la technologie permettrait aujourd'hui de contrôler Schengen de manière très intelligente,
04:55avec des systèmes de tags, de RFID.
04:58Enfin, on peut faire des choses, mais l'Europe ne veut pas.
05:01J'ai l'impression, entre nous c'est un peu complotiste,
05:04que l'Europe veut nous obliger à clamer nous-mêmes les Européens qui régleraient les problèmes.
05:11Merci Dries Ghali.
05:13Merci à vous.
05:14Merci beaucoup.