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Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcription
00:00Bonjour, Jordan Bardella.
00:01Bonjour, madame Mabrouk. Merci pour votre invitation.
00:03Et bienvenue à vous à la grande interview sur CNews Européen.
00:05Vous êtes le président du Rassemblement national,
00:08alors que le Premier ministre a donc enclenché 2,493 dans la même journée hier.
00:12Le Parti socialiste, Jordan Bardella, a donc décidé de ne pas voter la censure du gouvernement sur le budget,
00:18assurant ainsi la survie de François Bayrou.
00:20Et ce matin, votre parole est attendue.
00:23La vôtre, évidemment, et celle de Marine Le Pen.
00:26Vers quoi vous vous orientez ?
00:29D'abord, ce budget, c'est un budget qui est extrêmement mauvais.
00:33C'est un budget qui est mauvais pour la nation,
00:35pour le pouvoir d'achat de nos compatriotes et évidemment pour l'activité économique du pays.
00:41C'est un budget qui acte un déficit à 5,4% du PIB et qui maintient des prélèvements obligatoires
00:48parmi les plus élevés de l'ensemble des économies développées.
00:51Donc, ce budget, nous l'avons combattu.
00:54Nous sommes dans l'opposition et nous sommes par définition opposés
00:58au budget qui a été présenté par le gouvernement de François Bayrou.
01:03Maintenant, nous avons arraché des victoires qui sont incontestables depuis plusieurs semaines.
01:07Grâce au Rassemblement national, il n'y aura pas de déremboursement de médicaments.
01:12L'électricité, au 1er janvier, a baissé de 15% pour 24 millions de ménages en France.
01:17C'est grâce au Rassemblement national et les pensions de retraite ont été réindexées au 1er janvier.
01:23Nous ne sommes pas au pouvoir, nous sommes dans l'opposition
01:27et c'est la première fois que, dans ce contexte un peu particulier que nous connaissons depuis l'été,
01:31notre mouvement réussit à obtenir des victoires extrêmement concrètes pour les Français.
01:35Victoire et concessions arrachées, dites-vous.
01:36Oui, c'est des concessions arrachées, même si, évidemment, nous sommes encore une fois très critiques de ce budget
01:41parce qu'il ne s'attaque pas au gaspillage d'argent public
01:45et alors qu'on demande toujours plus d'efforts à nos compatriotes,
01:47on ne fait pas les efforts nécessaires pour réduire la mauvaise dépense publique et réduire le déficit.
01:52Nous nous réunirons demain à l'occasion d'une réunion de groupe
01:55avec Marine Le Pen et l'ensemble de nos députés pour décider du vote du RN sur la censure.
02:02Si on est tout à fait honnête, ce matin, mathématiquement, le gouvernement ne peut pas tomber dans tous les cas
02:06puisque le Parti socialiste ne se joindra pas au vote de la censure.
02:10La question qu'il faut se poser au fond, c'est est-ce qu'au moment où nous nous parlons,
02:13dans la période actuelle, les Français tireraient bénéfice d'une nouvelle censure ?
02:20Donc la question, Jordan Bardella, ce matin, vous la formulez ainsi et vous allez nous donner la réponse.
02:24Est-ce qu'il vaut mieux un mauvais budget que pas de budget du tout pour le pays ?
02:27C'est le dilemme devant lequel l'ensemble des partis politiques sont aujourd'hui confrontés.
02:32Est-ce qu'il vaut mieux un mauvais budget ou est-ce qu'il vaut mieux pas de budget du tout ?
02:35Et votre réponse ?
02:36Nous trancherons demain matin, je crois, et c'est ma conviction, qu'il faut éviter l'incertitude
02:41parce que je sais qu'il y a beaucoup de chefs d'entreprise, beaucoup de nos compatriotes, nos agriculteurs
02:45qui, alors que l'année 2025 est engagée, sont extrêmement inquiets d'une instabilité qui pourrait s'installer dans la durée.
02:53Il faut bien que les Français qui nous regardent ce matin comprennent que c'est une équation impossible...
02:57On l'a compris, mais éviter l'incertitude, c'est-à-dire ne pas voter la censure pour vous.
03:01On en discutera encore une fois, la décision sera prise demain matin.
03:04Moi, je pense que dans la période dans laquelle nous sommes, les Français, au moment où on se parle,
03:10ça peut changer demain, ça n'était pas le cas hier, ne tireraient pas profit d'une nouvelle forme d'instabilité
03:17qui pourrait avoir des conséquences plus lourdes pour l'économie que lors de la précédente censure au mois de décembre.
03:23Ce qui compte pour nous et ce qui compte pour moi, c'est de pouvoir regarder les Français dans les yeux
03:27en leur disant que, dans le contexte très difficile sur le plan institutionnel et politique que nous vivons depuis cet été,
03:33qui est du fait, encore une fois, des accords de second tour qui ont été passés entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon
03:38et qui ont privé le pays d'une stabilité pendant au moins un an, date à laquelle nous pourrions organiser de nouvelles élections législatives,
03:44notre volonté, c'est d'arracher des victoires et d'arracher des concessions.
03:49Et c'est historique aujourd'hui, je veux dire, l'électricité qui baisse de 15% pour 24 millions de ménages, c'est évidemment une première.
03:56Moi, je trouve que c'est une première.
03:57Mais vous dites regarder les Français dans les yeux, vous avez l'occasion d'en regarder en tous les cas plusieurs milliers ce matin
04:02et ceux qui vous écoutent sur Europe 1, c'est-à-dire que vous vous dirigez très clairement, on vous entend ce matin, vers une non-censure.
04:07Comment vous allez expliquer, malgré tout, que vous préférez un mauvais budget, dont vous venez de dénoncer quand même des travers
04:13et pas n'importe lesquels, plutôt que pas de budget et une instabilité ?
04:17Pourquoi il vaut mieux avoir un mauvais budget qu'une instabilité ?
04:21Pour une raison très simple, c'est que je pense qu'en démocratie, il y a toujours deux écueils à éviter.
04:28C'est celui de l'immobilisme et de l'incertitude.
04:32Je veux dire, les choix qui ont été faits par Emmanuel Macron lors du second tour des élections législatives ont créé une forme d'incertitude
04:39pour des millions de Français, que ce soit pour des chefs d'entreprise, que ce soit pour nos agriculteurs, que ce soit pour les Français
04:44qui peinent aujourd'hui à avoir une lisibilité sur l'action politique.
04:47Et il se trouve qu'il n'est pas possible d'organiser de nouvelles élections législatives avant cet été
04:53et que si le gouvernement devait tomber, il peut tomber. Il peut tomber demain, il peut tomber après-demain, il peut tomber dans une semaine,
04:59sur un autre sujet que le budget. En tous les cas, mathématiquement, aujourd'hui, les socialistes ne se joignant pas à la motion de censure,
05:05le gouvernement ne peut pas tomber. Juste, il faut bien comprendre que la censure...
05:09La censure, la fois dernière, provoquant l'incertitude. Et cette fois-ci, vous ne voulez pas la voter pour les mêmes effets ?
05:14Nous étions au mois de décembre. Nous sommes aujourd'hui au mois de février. L'année est déjà engagée. Au mois de décembre,
05:23le budget qui avait été présenté par Michel Barnier était un budget encore plus dangereux pour nos compatriotes, pour la croissance économique,
05:32pour nos entreprises, puisqu'il prévoyait notamment d'alourdir de 40 milliards d'euros les prélèvements obligatoires.
05:37Et encore une fois, je veux dire, moi, je ne suis pas dans la majorité. Nous avons le premier groupe à l'Assemblée nationale,
05:43nous sommes le premier parti d'opposition, le premier parti de France. Nous avons une responsabilité à l'égard des Français,
05:48mais nous ne sommes pas au pouvoir. La censure, encore une fois, ce n'est pas un jeu. La censure, c'est un outil institutionnel.
05:53C'est l'arme nucléaire, sur le plan institutionnel, qui doit être utilisée pour protéger le pays.
05:58Donc, c'est un choix de responsabilité que vous faites ?
06:00Oui, c'est un choix de responsabilité. Encore une fois, la décision sera définitivement actée demain.
06:05Mais la question qui m'hante et qui me taraude, c'est, encore une fois, est-ce qu'au moment où on se parle,
06:12les Français, les entreprises françaises, tireraient bénéfice d'un nouveau report d'une discussion budgétaire dans trois mois ?
06:18Maintenant, encore une fois, ce budget, moi, j'y suis résolument opposé. Je combats ce budget parce que je pense que c'est un mauvais budget,
06:25qui, encore une fois, demande des efforts toujours au même et ne fait pas les bonnes économies.
06:29Maintenant, il faut un budget, il faut bien un budget.
06:31Est-ce que, ce matin, votre choix de non-censure, comme celui de Marine Le Pen, est un choix de responsabilité et de raison ?
06:37Vous êtes, un peu, si je peux reprendre cette comparaison des parents responsables, par rapport à certaines personnalités dans votre parti.
06:43Je pense à Jean-Philippe Tanguy, qui est quand même le monsieur budget, à Laurent Jacobilli, hier encore sur Europe 1, qui disent qu'il faut aller vers cette censure.
06:50D'ailleurs, M. Tanguy a voté contre le texte en CMP.
06:53Vous êtes divisé dans votre parti ?
06:55Non, on n'est pas divisé.
06:57Pour le moins, il y a différentes lignes.
06:59Le texte, il sera fixé demain en réunion de groupe.
07:01Il est normal que, dans un grand mouvement politique, qui compte plusieurs dizaines de parlementaires français européens, le premier groupe à l'Assemblée nationale,
07:09il puisse y avoir des débats sur un sujet, encore une fois, qui n'est pas simple à trancher.
07:13Je veux rendre hommage, évidemment, au travail de nos députés, notamment de Jean-Philippe Tanguy,
07:17qui n'ont pas compté leurs heures ces derniers jours, notamment devant la commission mixte paritaire,
07:21précisément pour défendre le pouvoir d'achat de nos compatriotes,
07:24pour défendre un système social qui soit un système social juste,
07:27et pour aller faire la chasse aux mauvaises dépenses de l'État.
07:29Ce qui me gêne dans ce budget, auquel je suis évidemment résolument opposé,
07:33parce que ce qui détermine, en réalité, le fait que vous soyez dans la majorité ou dans l'opposition dans la vie démocratique,
07:39c'est le vote ou non d'un budget qui traduit, en réalité, une politique.
07:43Quand on demande des efforts, toujours au même, mais qu'on ne fait pas d'économie,
07:46sur l'immigration, sur la fraude, sur la dépense publique,
07:50sur les dizaines d'agences qui sont aujourd'hui subventionnées par l'État,
07:54qui représentent 70 à 80 milliards d'euros, dont l'utilité est parfois plus que discutable.
07:59Quand on ne remet pas en cause la contribution de la France au budget de l'Union Européenne,
08:03quand l'Allemagne et les Pays-Bas ont réussi à obtenir des rabais,
08:06les Français se disent que c'est un peu toujours sur nous que les efforts pèsent.
08:10Maintenant, encore une fois, nous ne sommes pas au pouvoir,
08:13nous sommes dans l'opposition, nous préparons l'alternance,
08:16et il est évident que la trajectoire de déraison budgétaire sur laquelle Emmanuel Macron a plongé le pays
08:21place aujourd'hui beaucoup de partis politiques face à des choix difficiles,
08:24et c'est sûr, face à leurs responsabilités.
08:26Donc moi, je ne mens pas aux Français, si nous avons censuré au mois de décembre, c'est pour les protéger.
08:30Est-ce que le débat se repose dans les mêmes termes deux mois après, alors que l'année a commencé ?
08:35C'est un débat qui n'est pas évident à trancher, mais trop tranché, et je prends mes responsabilités.
08:40Tout à fait, vous dites premier opposant, mais la question se posera au sortir de cet épisode.
08:43Quoi qu'on pense de la France insoumise, le groupe apparaît comme cohérent,
08:48et dans son opposition frontale et systématique, en votant la censure, ce ne sera pas votre cas.
08:53Est-ce qu'aujourd'hui, ne pas voter la censure et donc adouber le budget, c'est aussi participer à sauver le soldat ?
09:01Madame, je n'adouberai pas le budget, je suis opposé au budget.
09:06Je pense qu'il faut distinguer, et il faut bien que les Français qui nous regardent comprennent
09:10qu'on peut parfaitement distinguer le budget, la critique politique qu'on peut faire d'un budget,
09:16et le fait de renverser la table et de faire tomber le gouvernement,
09:19et de reporter la trajectoire budgétaire de la France, alors que l'année a déjà commencé, dans quelques mois.
09:25Voilà, encore une fois, ce sont les questions qu'on va se poser dans quelques semaines.
09:28Maintenant, je reste un adversaire résolu de la politique de François Bayrou.
09:32Pourquoi ? Parce qu'elle est la même que celle d'Emmanuel Macron.
09:34Et vous le respectez ? Il y a une forme d'entente et de respect ?
09:37Je respecte la situation dans laquelle...
09:39Non, mais l'homme ! On voit bien qu'il y a une différence avec M. Barnier, à Marine Le Pen en l'occurrence.
09:44Je respecte tout le monde. Le sujet, ce n'est pas la personne ou le caractère de François Bayrou.
09:47Il lui-même vous respecte.
09:48C'est la politique qu'il met en œuvre.
09:50C'était important, M. Bardella, lors de la dernière censure.
09:53C'était l'un des éléments qui a fait plier le gouvernement.
09:57Vous estimiez, Marine Le Pen, qu'il y avait une forme de non-respect de la part du Premier ministre.
10:00Est-ce que vous vous rendez compte qu'on en est à se poser la question, ce matin ?
10:04Est-ce qu'un Premier ministre qui est responsable devant le Parlement respecte un mouvement qui,
10:08en nombre de voix, est le parti politique pour lequel les Français ont le plus voté en 2024 ?
10:12Nous avons fait 32 % aux élections européennes, 11 millions de voix lors des élections législatives.
10:18Nous représentons des millions de Français chaque jour davantage.
10:20Et on est à se dire, est-ce que c'est au fond normal ou pas normal qu'un chef de gouvernement respecte tout le monde ?
10:25Moi, je vais vous dire, et c'est ça ma grande différence avec la gauche et avec l'extrême gauche,
10:28c'est que moi, je respecte tout le monde. Je respecte tous les Français, y compris les Français qui n'ont pas mes idées.
10:33Et s'agissant de la France insoumise, ils n'ont pas la même vocation que nous.
10:37Moi, demain, j'ai vocation, peut-être si les Français m'accordent leur confiance, à être à la tête d'un gouvernement.
10:42Nous avons vocation à arriver au pouvoir, à redresser le pays.
10:44La France insoumise, elle, veut dynamiter les institutions.
10:47Ils sont contre tout par principe.
10:49C'est-à-dire qu'avant même qu'un gouvernement soit nommé, avant même d'entendre ce que quelqu'un a à dire,
10:53ils considèrent qu'il faut censurer les institutions.
10:55Et si ça ne marche pas sur le plan démocratique, il faut se donner rendez-vous dans la rue
10:59et organiser le troisième tour des élections dans la rue.
11:01Donc, encore une fois, ils veulent le désordre, je veux l'ordre.
11:04Et c'est ce qui fonde notre différent profond avec la gauche, avec M. Mélenchon et avec ses amis de la France insoumise.
11:10Vous parlez de respect Jordan Bardella.
11:12Il y en a un, c'est un dirigeant qui ne respecte pas la France, ou en tous les cas ses décisions, c'est le président algérien.
11:17Il s'en prend aussi au Rassemblement national, à Marine Le Pen,
11:20qui suggérait, je le rappelle, de faire avec l'Algérie ce que Trump fait avec les migrants colombiens.
11:24Ce sont des analphabétises, dit-il.
11:26Il affirme qu'il y a aussi dans l'ADN du RN des restes de l'OAS.
11:31Marine Le Pen veut-elle une nouvelle rafle du Veldiv ?
11:34Comment vous réagissez à de tels propos ?
11:36Ça fait plusieurs années, voire plusieurs décennies, que le régime algérien multiplie les injures et les provocations à l'égard de la France.
11:44Régime qui, sur le plan intérieur, tire sa légitimité d'une rente mémorielle et d'une culpabilisation de la France.
11:51En essayant aussi, on le voit encore là, au travers des déclarations irresponsables du président algérien,
11:57d'utiliser les passages les plus douloureux de l'histoire de France pour essayer de semer la division sur le plan intérieur.
12:03Ses propos sont particulièrement graves. Ils sont irresponsables, mais ils ne m'étonnent pas.
12:08Ça fait plusieurs décennies que l'Algérie refuse de coopérer avec la France.
12:14Il y a eu, entre 2019 et 2022, j'ai découvert ce chiffre assez effarant il y a quelques jours,
12:2159 000 ressortissants algériens qui ont été placés sous OQTF, sous obligation de quitter le territoire français.
12:28Sur ces 59 000 ressortissants algériens en France, placés sous OQTF entre 2019 et 2022,
12:34il y en a seulement 2600 qui ont été effectivement récupérés par l'Algérie.
12:39L'Algérie refuse de récupérer ces ressortissants.
12:41Encore avant-hier, ce fut le cas d'un autre ressortissant.
12:43J'allais y venir, vous avez parfaitement raison de le mentionner, c'est factuel.
12:46L'Algérie refuse de coopérer avec la France, de mettre sous ses geôles des écrivains algériens comme des écrivains libres,
12:54des grands penseurs comme Boalem Sensal, écrivain franco-algérien.
12:58Donc si demain nous sommes à la tête de l'État, nous ferons exactement ce qu'a fait Trump à l'égard de la Colombie,
13:04c'est-à-dire faire respecter l'intérêt national.
13:06Je peux vous assurer que si l'Algérie continue à multiplier les provocations et que demain nous sommes à la tête de l'État,
13:11il n'y aura plus un seul visa pour des ressortissants algériens
13:14à partir du moment où l'Algérie refuse de récupérer ses ressortissants.
13:24Je mettrai fin à l'aide au développement et aux millions d'euros
13:28qui sont dûment collectés par le travail de nos compatriotes en France et qui servent à financer le régime algérien.
13:33Nous suspendrions les transferts de fonds privés.
13:36Je mettrai fin au scandale des visas pour soins,
13:38qui fait que 40% des Algériens qui demandent un visa sur le sol français sont des visas pour soins,
13:43c'est-à-dire des visas pour venir se faire soigner dans notre pays aux frais de la princesse.
13:47Nous empêcherions les dirigeants algériens de venir se faire soigner sur le sol français.
13:52Et croyez-moi qu'à partir du moment où nous ferions respecter les intérêts de la France,
13:56nous pourrions rebâtir demain une relation beaucoup plus saine,
13:59non pas, je ne mets pas dans le même sac, le peuple algérien et le régime algérien,
14:04mais avec un régime algérien qui passe son temps à malmener,
14:07sur le plan diplomatique et sur le plan de la morale,
14:09notre pays Trump, avec la Colombie, en quelques heures,
14:12par la menace de droits de douane sur les exportations colombiennes aux Etats-Unis,
14:16a permis précisément à la Colombie de céder et de récupérer ses migrants illégaux.
14:21On entend votre fermeté ce matin sur CNews Europe 1.
14:23Au passage, le dirigeant algérien vous surnomme le petit jeune du RN,
14:26avec une pointe prononcée de mépris.
14:29Il s'en prend également nommément à un ministre de la Nation,
14:33un ministre de l'Intérieur, Bruno Rotaio,
14:35qui est quasiment qualifié d'ennemi quand on lit cet entretien.
14:38Est-ce que vous apportez votre soutien au ministre de l'Intérieur ?
14:41Mais la question c'est où est le président de la République ?
14:43Mais ma question c'est est-ce que vous apportez votre soutien tout d'abord ?
14:45Bien sûr.
14:46C'est important quand un dirigeant étranger l'attaque.
14:48A partir du moment où un dirigeant étranger attaque un responsable politique français,
14:52quel qu'il soit, même s'il n'est pas de mon parti politique,
14:54par principe je lui apporte mon soutien.
14:56Donc non seulement je lui apporte mon soutien,
14:58mais j'apporte aussi mon soutien à Éric Ciotti,
15:00qui lui aussi, l'ancien patron des Républicains,
15:02qui est aujourd'hui le patron de l'UDR, allié du Rassemblement National
15:05dans le cadre de la coalition électorale que nous formons,
15:07qui lui aussi, parce qu'il a eu, je dirais, le courage
15:10de dénoncer cette relation déséquilibrée avec l'Algérie,
15:13eh bien subit les foudres du régime algérien et de la presse algérienne.
15:17Donc on est face à un régime qui n'est pas un régime.
15:20Vous dites où est le président de la République ?
15:21Mais où est le président de la République pour défendre...
15:23Vous pensez qu'il n'œuvre pas en coulisse quand même pour la libération d'un grand écrivain français ?
15:26Mais pas du tout.
15:27Il ne fait rien pour boire M500.
15:28Je ne crois absolument pas.
15:30Et quand on voit que le président de la République s'était déplacé
15:34à Alger pendant sa campagne électorale en 2017, vous vous en souvenez,
15:37pour aller pleurer sur le lait renversé,
15:40expliquer que la colonisation avait été un crime contre l'humanité,
15:43désigner par définition, comme des adversaires,
15:46les dirigeants politiques français, le peuple français,
15:49les intérêts de la France, lorsque M. Darmanin,
15:52ministre de l'Intérieur à l'époque, va fleurir la tombe du FLN
15:55et des gens qui ont organisé des attentats terroristes
15:58contre les intérêts français, contre des ressortissants français,
16:01contre des policiers français.
16:03Je ne vois pas comment est-ce que l'Algérie peut nous respecter.
16:06Donc nous avons donné à l'Algérie son indépendance.
16:09Il faut maintenant que le régime algérien nous donne la nôtre.
16:11Et si ce n'est pas le cas...
16:13Vous donnez la nôtre ?
16:14Vos mots sont forts.
16:15Nous n'avons pas notre indépendance par rapport au régime algérien.
16:18Le régime algérien...
16:19C'est quoi ? C'est une forme de repentance permanente ?
16:21On est otage d'une repentance, d'une rente mémorielle
16:23et d'une repentance permanente.
16:25Et pour construire sa légitimité,
16:27le régime algérien se sent obligé d'injurier la France
16:30en permanente.
16:31Si demain, nous sommes à la tête de l'État,
16:33nous ne laisserions pas la France être injuriée
16:36et les Français être méprisés.
16:38Vous reconnaissez que M. Rotaillot, auquel vous apportez votre soutien
16:41quand il est ciblé par le régime algérien,
16:43tient des propos tels que les vôtres ?
16:45Est-ce que, d'ailleurs, plus largement, vous reconnaissez...
16:47Mais il fait quoi ?
16:48Il fait quoi ?
16:49Vous avez vu... C'est-à-dire, il fait quoi ?
16:51Quelles actions ?
16:52Déjà, dire à l'Algérie ce qu'il pense,
16:54je trouve que c'est une différence avec le reste du gouvernement.
16:56Oui, mais les Français ne se payent pas de noms.
16:58Ils veulent des actes.
16:59Il n'y en a aucun ?
17:00Une circulaire pour durcir l'immigration ?
17:02Pas du tout.
17:03Non, M. Rotaillot, il a fait une circulaire
17:06pour que les régularisations ne se fassent plus au bout de 5 ans,
17:09mais au bout de 7 ans.
17:10M. Bardella, rappelez-moi, c'est vous qui avez voté
17:12pour la loi immigration de M. Darmanin,
17:14considérée comme toute petite,
17:15et vous venez aujourd'hui dire que ce n'est pas suffisant,
17:17la circulaire de M. Rotaillot.
17:18D'abord, la loi qui avait été votée par M. Darmanin
17:20était plus dure.
17:21D'abord, moi, je suis dans l'opposition,
17:22et la loi qui avait été mise en oeuvre à l'Assemblée nationale
17:25était peut-être même plus dure que la circulaire Valls.
17:28Et nous l'avions soutenue.
17:29Non, non, la circulaire Rotaillot va plus loin, M. Bardella.
17:32Non, je parlais de la loi immigration.
17:33Et d'ailleurs, je vais vous dire...
17:34Oui, la loi immigration, elle va plus loin.
17:36Oui, attendez.
17:37Vous me parlez de la loi immigration
17:38par rapport à la circulaire Valls.
17:40Et nous l'avions votée pour un certain nombre de raisons,
17:42et notamment pour des motifs qui ont été rejetés
17:44par le Conseil constitutionnel pour des cavaliers législatifs.
17:47Mais ce qu'on attend d'un ministre de l'Intérieur,
17:49ce n'est pas qu'il décale de 5 ans à 7 ans
17:51la possibilité d'être régularisé,
17:52parce que ça, c'est un appel d'air.
17:53À partir du moment où vous offrez la possibilité
17:55à des étrangers qui viennent dans notre pays
17:57de manière illégale, c'est-à-dire en violant
18:00l'hospitalité du peuple français,
18:02en violant la loi française,
18:03en violant les frontières de notre pays,
18:05alors c'est un appel d'air considérable.
18:07M. Rotaillot est responsable d'un appel d'air ?
18:10Quand on continue à maintenir
18:12le principe de la régularisation, évidemment.
18:14Si demain quelqu'un se pointe dans votre domicile
18:18et que vous lui dites
18:19que vous n'avez pas 5 minutes pour partir, mais 7,
18:21c'est une incitation pour que d'autres viennent
18:24franchir la porte de votre domicile.
18:26Durcissement dans les conditions d'obtention des papiers,
18:31durcissement, vous l'avez dit, rallongement du temps,
18:33tout ça vous considérez comme dans le mauvais sens.
18:35C'est quand même étrange, M. Bardella.
18:37Madame, il ne faut pas durcir
18:40les conditions de régularisation.
18:42Il faut supprimer la possibilité d'être régularisé
18:44quand on est un clandestin en situation,
18:46par définition, irrégulière,
18:48quand on est une personne en situation irrégulière
18:50sur le sol français.
18:51M. Retailleau a eu des mots très durs
18:53sur l'aide médicale d'Etat,
18:54c'est-à-dire sur la gratuité des soins aux étrangers
18:56en situation irrégulière.
18:57Est-ce que ce budget remet en cause l'aide médicale d'Etat ?
18:59Non.
19:00J'ai entendu M. Retailleau exprimer ses inquiétudes
19:03sur le port du voile pour les accompagnatrices scolaires.
19:07Est-ce que le port du voile pour les accompagnatrices scolaires
19:09est remis en question ?
19:10La réponse est non.
19:11Le fait qu'il n'y a pas la majorité,
19:13vous connaissez les entraves par rapport à certains juges,
19:16par rapport aux normes, par rapport à l'Union européenne.
19:18Vous ne lui reconnaissez rien, M. Retailleau ?
19:21Si, je lui reconnais la sincérité.
19:23Mais ça ne suffit pas.
19:25Et donc, compte tenu de ce contexte,
19:28M. Retailleau est malheureusement condamné
19:30à être le ministre de la Parole.
19:32Et donc, effectivement, la musique qu'il joue
19:35est très douce à mon oreille,
19:36elle est très douce aux oreilles des électeurs
19:39du Rassemblement national.
19:40Mais les électeurs du Rassemblement national,
19:42ils ont déjà entendu ça 25 fois.
19:44C'est-à-dire des gens qui viennent,
19:46de la droite dite républicaine,
19:48redire ce que dit le Front national,
19:50puis le Rassemblement national depuis 30 ans,
19:52et faire l'exact inverse.
19:54Et si M. Retailleau était cohérent,
19:57cohabitant avec des macronistes et des socialistes
19:59qui accusent tous les records en matière d'immigration,
20:01alors il démissionnerait.
20:03M. Retailleau, il fait équipe avec M. Darmanin
20:05qui allait faire l'appel du FLN.
20:07Vous n'allez pas voter la censure.
20:09Mais vous demandez à M. Retailleau de démissionner.
20:11Mais attendez, ce n'est pas parce qu'on ne vote pas la censure
20:13sur le budget que vous ne pourriez pas la voter
20:15demain ou après-demain.
20:17Ce que je veux dire, et les Français qui nous écoutent ce matin
20:19voient bien que malgré les déclarations,
20:21il ne se passe rien et il ne se passera rien
20:23parce qu'il n'y a aucune légitimité
20:25pour agir sur ce sujet que M. Retailleau
20:27est isolé au sein du gouvernement
20:29et qu'il n'a pas la majorité parlementaire.
20:31Pourquoi est-ce que les Républicains,
20:33lorsque nous avons proposé l'expulsion des délinquants
20:35et criminels étrangers à la fin de l'année 2024,
20:37ont voté contre ? Pourquoi est-ce que les soutiens
20:39de M. Retailleau, qui ont des mots très durs
20:41sur la politique migratoire, s'opposent
20:43à ce que nous expulsions les délinquants et criminels étrangers
20:45quand nous le proposons de manière systématique
20:47à l'Assemblée nationale ?
20:49Il y a les paroles, il y a les actes.
20:51Il y a aussi des victoires, en tous les cas,
20:53la droite à l'air les voit ainsi.
20:55A Villeneuve-Saint-Georges, la mairie a échappé
20:57à l'insoumis Louis Boyard.
20:59D'ailleurs, vous aviez milité
21:01pour un barrage
21:03par rapport à Louis Boyard.
21:05Est-ce que c'est une victoire à l'air que vous saluez ?
21:07Non, ce n'est pas une victoire à l'air que je salue.
21:09C'est toujours très difficile de tirer des enseignements
21:11sur des partiels.
21:13En tout cas, il se trouve qu'on regarde
21:15la situation locale.
21:17C'est effectivement le candidat à l'air qui était face à Louis Boyard.
21:19Moi, j'ai pris mes responsabilités,
21:21là aussi, en disant que je préférais
21:23voir tout autre profil élu
21:25à la tête de la municipalité
21:27de Villeneuve-Saint-Georges que Louis Boyard
21:29qui, outre son passé
21:31de dealer, représente pour moi
21:33les pires outrances et les pires vulgarités
21:35de la vie politique, couplé à une idéologie
21:37que je juge extrêmement dangereuse
21:39pour la France, pour la République et pour ses valeurs.
21:41Donc, je me réjouis effectivement que
21:43ce monsieur ait été défait
21:45dans les urnes dimanche dernier.
21:47On va bientôt conclure. Jordan Bardella, je voulais vous faire réagir
21:49au nini de Gabriel Attal, l'ancien Premier ministre
21:51qui dirige désormais le parti présidentiel.
21:53Il s'est mis en scène dans plusieurs...
21:55Il a changé d'avis.
21:57C'est-à-dire ?
21:59Monsieur Attal, qui a un petit peu disparu depuis l'été,
22:01souvenez-vous, avait appelé à voter contre
22:03les candidats du Rassemblement national pour les candidats
22:05de M. Mélenchon, allant jusqu'à déclarer
22:07chez vos confrères de France Inter qu'il fallait
22:09faire barrage, qu'il fallait me faire barrage
22:11et faire barrage aux électeurs du Rassemblement national,
22:13quitte à utiliser des bulletins de vote
22:15de la France insoumise.
22:17Donc, c'est bien beau de
22:19changer d'avis tous les quatre matins,
22:21mais je pense que les Français ne sont pas dupes.
22:23Il estime être libre,
22:25Gabriel Attal, en tous les cas.
22:27Il l'a, semble-t-il, rompu avec Emmanuel Macron
22:29puisqu'il dit « je me sens l'héritier de personne ».
22:31Je vous pose la question en montrant aussi
22:33le titre de votre livre
22:35que vous avez publié qui est un véritable succès
22:37aux éditions Fayard, « Ce que je cherchais ».
22:39Est-ce que vous pourriez aussi dire que vous n'êtes
22:41plus l'héritier de quelqu'un ?
22:43Vous n'êtes l'héritier de personne aujourd'hui.
22:45Je n'oublie pas qui m'a fait roi
22:47et qui m'a donné l'opportunité
22:49de défendre les Français chaque jour
22:51dans mon combat politique.
22:53Je ne suis l'héritier
22:55de personne, mais j'ai une
22:57différence et évidemment une dette certaine à l'égard
22:59de Marine Le Pen pour qui j'ai
23:01beaucoup de respect. Je pense que c'est important
23:03en politique de ne pas oublier d'où l'on vient
23:05et qui sont les gens qui vous ont accordé
23:07leur confiance parce que
23:09faire confiance quand on fait de la politique,
23:11ce n'est pas évident.
23:13Une dernière question personnelle. Quel que soit l'âge à laquelle
23:15on perd un parent, c'est toujours un deuil insurmontable
23:17et douloureux, d'autant que la tombe,
23:19la sépulture de Jean-Marie Le Pen a été
23:21dégradée. Comment va Marine Le Pen
23:23à ce sujet et comment vous avez appréhendé
23:25cet épisode ?
23:27Elle m'impressionne chaque jour par sa
23:29solidité.
23:31Elle est remontée à cheval
23:33dans ce qui est une étape très douloureuse
23:35parce qu'au-delà des désaccords
23:37qu'il y a pu avoir avec Jean-Marie Le Pen
23:39sur le plan politique et qu'on a amené aussi à une rupture
23:41en 2015 comme
23:43ancien président du
23:45Front National, ça reste son père
23:47et c'est vrai que le moment
23:49que j'ai pu en partie, même si évidemment
23:51ça fait partie du deuil, de l'intimité,
23:53de la stricte intimité familiale,
23:55partager en partie à ses côtés
23:57est un moment qui est difficile
23:59et ce qui est d'autant plus difficile
24:01c'est de voir la virulence
24:03de certains
24:05et je n'ose pas imaginer ce que c'est
24:07que de perdre l'un de ses parents,
24:09de perdre son papa et de voir sa tombe
24:11souiller de cette manière quelques jours
24:13plus tard, mais elle est solide et elle va bien.
24:15Merci Jordan Bardella, c'était votre
24:17grande interview, je vous dis à bientôt.

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