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Télématin reçoit le comédien et la comédienne Pierre Arditi et Ludmila Mikaël pour présenter la pièce de théâtre "Le Prix".
Télématin reçoit le comédien et la comédienne Pierre Arditi et Ludmila Mikaël pour présenter la pièce de théâtre "Le Prix".
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00:00Ils sont en train de s'installer, escortés par Camille Dahan, Ludmilla et Mickaël Pierarditti, bonjour, merci d'être aussi matinaux et d'être avec nous.
00:09Vous êtes à l'affiche de la pièce Le Prix de Cyril Gellis, c'est au Théâtre Héberto. Ça y est, enfin, il en a fallu du temps pour vous réunir sur scène, c'était un rêve Ludmilla, paraît-il.
00:18Ah oui, absolument. En fait, quand j'étais à la Comédie-Française, je n'avais pas le droit de jouer au théâtre privé.
00:23Donc, quand je suis sortie du français il y a plus de 30 ans, Pierre, avec Pierre, on s'est dit ça y est, il faut absolument...
00:30On va y arriver.
00:31On va y arriver, on a eu plein d'idées et puis enfin, c'était la bonne, je crois.
00:34Et vous ne regrettez pas, Pierarditti, ça se passe bien ?
00:36Mais non, j'étais demandeur, très demandeur au contraire.
00:39Mais pourquoi pas avant alors ? Qu'est-ce qui s'est passé, Pierre ? Pourquoi vous ne trouviez pas...
00:42Elle vient de vous le dire, c'est parce que...
00:43Oui, mais il n'y avait pas que... Ah oui, c'est parce que là, vous venez juste de sortir en fait.
00:46Ah non, pas du tout, je suis sortie il y a plus de 30 ans.
00:49Oui, mais d'accord, mais depuis, en 30 ans...
00:51Ah oui, il y avait 30 ans quand même de possibilités, ça c'est vrai.
00:54Ça a mis du temps.
00:56Mais encore fallait-il que nous trouvions la pièce, ce qui est le cas enfin.
00:59Ah, cette pièce, elle est pour Jean-Julier.
01:01Justement, expliquons-la, regarde.
01:02C'est pas mal quand même, là.
01:03C'est très beau.
01:04Vous êtes magnifique, vous êtes magnifique.
01:05C'est formidable, j'ai l'air mince là-dessus, c'est génial.
01:07Vous êtes toujours magnifique, Pierre, évidemment.
01:10Plantons le décor, ça se passe le 10 décembre 1946 à Stockholm, au Grand Hôtel de Stockholm.
01:15Et vous incarnez quelqu'un qui s'appelle Otto Hahn,
01:18qui va recevoir le prix Nobel de chimie pour sa découverte de la fission nucléaire.
01:21Tout ça est vrai d'ailleurs.
01:23Mais juste avant la cérémonie, son ancienne collaboratrice qui s'appelle Lise Meitner,
01:27qui est jouée par vous, Meitner, pardon, avec l'accent c'est mieux, débarque.
01:30Et alors, c'est pas vraiment pour le féliciter que vous débarquez.
01:32C'est-à-dire, non.
01:33À vrai dire, on ne s'en aperçoit pas tout de suite, mais lui se méfie un peu.
01:37Et elle arrive à pas feutrer, c'est comme ça.
01:39Puis elle va arriver au sujet assez vite quand même.
01:42Le sujet qui te fâche.
01:44Le sujet qui fâche, qui est pourquoi elle n'est pas elle-même.
01:48Pourquoi est-ce qu'elle est tenue ?
01:50Elle est partie de Berlin en tant que juive huit ans plus tard.
01:54Et voilà, il s'est passé ce qui s'est passé, donc elle est un peu oubliée.
01:59On en parle, on en parle, mais on va regarder quelques images.
02:03Nous avons passé trente ans à travailler ensemble.
02:07Du jour au lendemain, je n'étais plus une physicienne,
02:11mais une petite juive.
02:13Une misérable juive.
02:15J'ai pensé que je ne t'enverrai jamais.
02:17Tu n'en as voulu personne à mon nom ?
02:19Oui.
02:20De t'avoir sauvée la vie ?
02:21Non, de t'être débarrassée de moi.
02:29Pas une seule fois tu ne cites mon nom.
02:33Tu avais deux imperfections aux yeux des nazis.
02:36Tu étais juive et tu étais une femme.
02:38Tu m'avais sacrifiée.
02:40Tu ne mérites pas le Nobel, ni aucun autre prix.
02:45C'est marrant, de vous deux, il y en a une qui ne regarde pas
02:49et l'autre qui regarde les images.
02:51Ça vous plaît de voir ce que vous voyez ?
02:54Pas du tout. En général, je ne regarde pas.
02:56Si ça, vous avez des images ?
02:57Je le fais vraiment par curiosité, mais il y a très longtemps que je ne me regarde plus.
03:02Vous étiez comme ça, lui ?
03:03Les images ne me gênent pas tant que ça, c'est plutôt le son.
03:07Pourquoi ?
03:08C'est très bien, c'est très utile, parce que j'ai entendu des choses
03:11que je vais rectifier dès mercredi.
03:13Je suis sérieuse.
03:15Julien le disait, Otto Hahn et Lise Meitner ont véritablement existé.
03:20Est-ce que c'est une autre façon d'aborder un rôle, Pierre Arditi,
03:24que de savoir qu'on va interpréter quelqu'un dont on a des images
03:27et qui a été véritablement un personnage existant ?
03:33En principe, ça devrait. Il n'y a pas si longtemps, d'ailleurs,
03:36j'ai incarné Clémenceau.
03:38Là, on peut difficilement se débarrasser de sa personnalité,
03:42mais là, Otto Hahn, au fond, personne ne le connaît vraiment.
03:47Donc, je me suis emparé de l'histoire et de ce qu'il a trimballé,
03:51parce qu'il a mis sa collaboratrice de côté.
03:54C'est assez contradictoire, d'ailleurs, parce qu'il l'a protégée
03:57parce qu'elle était juive, et en même temps, la faisant partir pour Stockholm,
04:00il s'est emparé de ce qu'elle avait elle-même découvert,
04:03et il va avoir le prix Nobel alors qu'ils auraient dû le partager l'un et l'autre.
04:07Donc, je me suis servi de cette caractériologie, comme on dit.
04:11Après, ce n'est pas une copie conforme.
04:14C'est l'incarnation d'un acteur en face de...
04:17Qu'il ait existé ou pas, honnêtement, ça rentre peu en ligne de compte.
04:21Il a à la fois trahi et sauvé, voilà, c'est tout le sujet de la pièce.
04:25Lise Meitner, qui est une des grandes oubliées de l'histoire,
04:27il y a pas mal d'autres femmes, d'ailleurs, qui sont des grandes oubliées de l'histoire,
04:30et Camille Deshens, qui est à vos côtés, a voulu ce matin leur rendre hommage à sa façon.
04:34Oui, honneur aux femmes, place aux femmes, lumière sur les femmes.
04:38Je vous propose... Mais qu'est-ce qu'il se passe ?
04:41Ça, si elle me regarde comme ça, on dirait des honneurs aux femmes.
04:44Non, mais...
04:45Je suis absolument d'accord.
04:47Mais je sais que vous êtes d'accord.
04:48Mais non, je vous propose de mettre en avant, en lumière, justement,
04:51une partie de ces oubliées de l'histoire.
04:53Et pour ça, on va jouer tous ensemble.
04:55J'ai préparé un petit quiz.
04:56Vous êtes d'accord, Pierre Arditi ? Vous aimez bien jouer ?
04:58Allez, on y va !
04:59Il va pas dire non.
05:00Il y a quoi à gagner ?
05:01On verra.
05:02On verra plus tard.
05:03On verra plus tard.
05:04Allez, première question.
05:05Alors, une femme se cache derrière une de ses grandes inventions, mais laquelle, à votre avis ?
05:10Alors, le soutien-gorge, le string ou le slip, Ludmilla ?
05:14Le soutien-gorge ?
05:15Oui, tout à fait, exactement.
05:17Oui, c'est culturel, c'est sûr.
05:19Ça a été une vraie révolution.
05:21C'est logique, c'est logique.
05:22Ça a été une vraie libération pour les femmes.
05:24Pour les femmes, elles ont coupé le corset et hop, plus que le soutien-gorge.
05:27Donc, ça a été une vraie libération.
05:28Herminie Cadol, donc.
05:29Deuxième question.
05:30De quel jeu de société s'agit-il ?
05:33Le Monopoly, le jeu des sept familles ou le jeu des dames ?
05:36Le jeu des dames, c'est presque trop évident.
05:38Le Monopoly, c'est presque trop capitaliste.
05:42Le jeu des sept familles.
05:43Les sept familles, je dirais, moi.
05:44Alors, il y a un peu cliché, non ?
05:46Oui, je sais pas.
05:47Tout à fait.
05:48Il y a même deux réponses.
05:49C'est Élisabeth Maggie qui a fait le Monopoly.
05:52Et Anne Abbott, le jeu des sept familles.
05:55Quand même.
05:56Quand même, exactement.
05:57Prochaine question.
05:58Qui est cette femme ?
06:01Une aviatrice.
06:03Oui, c'est…
06:04Je sais pas du tout.
06:06Moucher, c'est ça ?
06:08Ah non, j'ai jamais dit Amélia Reinhardt.
06:09Reinhardt, exactement.
06:10Ah oui, je pensais qu'elle était…
06:12C'est une pionnière de l'aviation.
06:15Elle est américaine.
06:16Et figurez-vous qu'elle a disparu au-dessus du Pacifique en 1937
06:19lorsqu'elle tentait de faire le tour du monde en avion.
06:22Sur cette photo, elle tient un collier de perles.
06:25C'est très beau.
06:26C'est très, très magnifique, cette photo.
06:28Et elle est très belle, aussi.
06:29Oui, elle est très jolie.
06:30Allez, dernière question.
06:32Quelle femme brillante fut dans l'ombre de Rodin sans cesse ?
06:36Oui, alors ça.
06:37Ça, tout le monde le sait.
06:38Camille Claudel.
06:39Camille Claudel, exactement.
06:40Et Camille Claudel, que vous avez mis dans votre panthéon de femmes,
06:43Pierre Arditi.
06:44Vous avez mis aussi Elisabeth Badinter et Ludmilla Miquel, évidemment.
06:49Mais tu ne répéteras pas ça.
06:51Ça vous surprend, Ludmilla ?
06:53Non, Ludmilla Miquel.
06:54Panthéon, c'est quand même un petit jouet.
06:56Je dis ici, puisqu'elle est là, que Ludmilla Miquel est déjà, déjà,
07:01mon plus beau souvenir de théâtre.
07:03Pourtant, ça ne fait que huit jours que nous jouons ensemble.
07:07Mais on a attendu 35 ans pour ça.
07:09Et pourquoi, alors ?
07:11Parce que c'est une rencontre exceptionnelle.
07:14Moi, je l'admirais il y a très longtemps.
07:17Et là, j'ai cette chance d'être en face d'elle et de me noyer
07:20tous les soirs dans ses yeux.
07:22C'est magnifique.
07:23Et c'est pour ça peut-être que je suis un peu moins banal que d'habitude.
07:27Elle est émue.
07:28Elle est banale.
07:29Comment tu peux dire ça ?
07:30Je lui ai dit ça tout de suite parce que chaque fois que je vais au théâtre maintenant,
07:34c'est une attente merveilleuse.
07:36Vous en dites autant, Ludmilla, sur Pierre ?
07:37Je peux en dire autant.
07:38Mais moi, j'en disais autant avant vraiment de jouer avec lui.
07:42Et c'est une confirmation de tout ce que j'imaginais, en fait.
07:46En fait, si vous voyez, on a attendu longtemps,
07:48mais il n'y a pas du tout, pas l'ombre d'une déception.
07:50Je dirais, c'est encore mieux que prévu.
07:52C'est une belle surprise.
07:53Et c'est formidable parce qu'avec les carrières qui sont les vôtres
07:55et les partenaires qui ont été les vôtres,
07:57de voir effectivement cette confirmation-là et ce plaisir-là, c'est fabuleux.
08:01Vous avez un point commun.
08:03Ce point commun, c'est un homme.
08:04C'est Robert Hirsch.
08:06Robert Hirsch, pour l'un comme pour l'autre, ça a été une révélation.
08:09Vous aviez sensiblement le même âge, Pierre Arditi.
08:11Vous étiez petit.
08:13Ah oui, j'étais petit, oui.
08:14C'est mon père qui nous emmenait à la comédie française.
08:16Toi, tu n'étais pas né.
08:18Et Robert Hirsch est devenu, à ma sœur Catherine et à moi, notre héros.
08:22On l'a vu dans Sosie, dans Phitrion, où il était absolument génial
08:25et où il avait déjà inventé Bousin dans la pièce de Fedot.
08:29Tout son corps était de la gélatine.
08:31C'était absolument extraordinaire.
08:33Et donc, chaque fois, on voulait le revoir, on l'a revu.
08:35Céline Mila, vous étiez amoureuse de lui.
08:37Oui, en fait, c'était à la comédie française.
08:39Je pense que l'origine de ma vocation, entre guillemets, c'est un grand mot,
08:42c'est Robert dans Les fourberies de Scapin.
08:46Et je crois que oui, ça a été mon premier crush.
08:51Réellement, je lui ai dit plus tard, parce que je suis rentrée à la comédie française
08:55et j'ai joué avec lui et je lui ai dit, je dois t'avouer,
08:57Robert, j'étais très amoureuse de toi, vers 7-8 ans.
09:00Une passion commune pour Robert Hirsch.