Avec Florian Grill, Président de la Fédération Française de Rugby
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00:00On est toujours avec notre journaliste sportive, Jules Bosquerini, rebonjour à vous mon cher Jules, et un invité de marque qui est ici chez lui sur Sud Radio, la radio du rugby, Florian Grille, bonjour.
00:13Président de la Fédération Française de Rugby. Effectivement, on s'est régalé hier quand même, sur Sud Radio, avec François Triot et Daniel Herrero qui étaient au Stade de France.
00:25Et ce nouveau rituel, on ouverture des matchs du 15 de France, la Marseillaise est devenue un son et lumière et ça fonctionne plutôt pas mal Florian Grille.
00:34Oui, ça fonctionne incroyablement bien, je suis très fier des équipes de la Fédération Française de Rugby qui ont mis en oeuvre cette scénographie lumineuse et puis effectivement la Marseillaise a cappella.
00:43On lance la musique de manière à ce que le public soit coordonné et ensuite ça part a cappella et ça met des frissons, hier il y avait des frissons avec Mehdi aussi.
00:52Oui, il y a eu des frissons aussi et on va en parler, vous faites allusion à cet autre moment qu'on a eu en ouverture du match.
00:58C'est cette minute, même c'est presque deux minutes d'applaudissements en hommage, c'est très rare que ça dure aussi longtemps.
01:04L'émotion était absolument palpable, hommage au jeune Mehdi Narjissi, disparu il y a plusieurs mois près du Cap de Bonne Espérance alors qu'il était sous la responsabilité de la Fédération Française de Rugby.
01:15Il y avait sa famille hier qui était émue, son père Nabil Narjissi qui a tenu à le dire, l'hommage à Mehdi hier c'était à la demande de la famille.
01:24On sent et c'est normal qu'il en veut à la Fédération de Rugby. Est-ce que vous pensez qu'un jour la famille de Mehdi pardonnera la fédération que vous présidez ?
01:35Non et je ne leur demande pas, je considère qu'il n'y a rien de pire que de perdre un enfant et donc il faut respecter la douleur de la famille.
01:42J'ai dit dès le début que c'était normal qu'ils attaquent la fédération et que je le comprenais.
01:48On a travaillé avec lui, avec sa famille, l'hommage à Mehdi. Il y avait ce match en ouverture du tournoi, il y tenait beaucoup parce que pour lui la France c'est le tournoi d'estimation aussi.
02:00Et puis il y a d'autres hommages qui sont prévus. Il y aura systématiquement une demi-journée au nom de Mehdi pour tous les rassemblements des U18.
02:08Il y aura un trophée Mehdi Narjissi pour les catégories espoir. On rend hommage, on n'oublie pas Mehdi.
02:15C'est vrai que c'était incroyablement émouvant mais dur aussi. C'est comme ça qu'il faut assumer.
02:20C'est d'autant plus émouvant qu'en fait on aurait pu le voir hier sur le terrain s'il était revenu ou en tout cas on l'aurait vu dans quelques mois ou quelques années.
02:26Et ça on ne s'y fera jamais évidemment. Parlons maintenant de ce qui s'est passé sur le plan sportif 43 à 0.
02:32Vous attendiez une ouverture aussi facile ou pas pour le 15 de France ?
02:35Non parce que le pays de Galles reste un immense pays du rugby et donc on se prépare à tout.
02:43On ne sait jamais, vous savez les tournois qui ont démarré dans la difficulté ça arrive.
02:47Mais on a une équipe de France, on a une génération qui est exceptionnelle. On a Antoine Dupont qui a été incroyable.
02:54On peut revenir sur ce qu'il a fait quand même. Tous les passifs sont passés, tous les gestes techniques ou presque.
02:59J'ai parlé ce matin un peu plus tôt, ça pouvait paraître déplacé mais c'était presque ça.
03:03Une forme de kamasutra rugbystique. Globalement tout ce qu'on peut faire sur le terrain de rugby il l'a fait.
03:09Il l'a fait et puis on a un staff aussi qui est incroyablement déterminé et motivé.
03:14Moi je suis très admiratif de ce qu'ils font, de la manière dont ils construisent.
03:18Je pense qu'on a une génération qui a envie et on a un public qui a envie et qui les supporte.
03:23Les ingrédients sont là.
03:25Et d'ailleurs des commentateurs qui les savourent.
03:42Il feinte deux joueurs. Mais comment il fait pour feinter deux joueurs et ensuite réussir cette passe sautée énorme ?
03:49Le rugby c'est un sport de transmission. C'est passer à des jeunes.
03:53Je trouve ça formidable.
03:56Ça dit aussi la profondeur, le travail de fond qui est fait par la Direction Technique Nationale.
04:00Je pense qu'on a les moyens, si on continue à bien travailler avec la Direction Technique Nationale,
04:05d'être un rugby dominant pour les 5-10 prochaines années.
04:09Après il faut qu'on réussisse à continuer à développer le rugby dans les villages et les villes moyennes.
04:12Parce que 50% de nos joueurs en sont issus et aujourd'hui le rugby des villages et des villes moyennes a besoin d'être lancé.
04:18Il est un peu oublié parce que c'est vrai que les clubs qui cartonnent dans les dernières années
04:21sont les clubs des grandes villes et des métropoles, un peu comme le foot.
04:24C'est le danger. Il faut faire attention à trop financiariser le rugby.
04:28On fait disparaître le rugby des plus petites agglomérations et des villages.
04:31Et c'est important. 50% de nos joueurs des équipes de France, des 14 équipes de France,
04:36viennent de petites villes ou de petits villages.
04:38C'est le sport du dernier kilomètre, un peu comme celui de la radio du dernier kilomètre.
04:42Jules Boscherini, pour revenir sur le match, rugby dominant, la France a gagné 43-0.
04:49Il y avait un mot d'ordre resté concentré de la part de Fabien Galtier.
04:52Finalement les Bleus, super coaching, c'est gagnant, on n'encaisse pas de points.
04:56Est-ce que les Bleus étaient trop forts ou c'est le pays de Galles qui était trop faible ?
04:59Non, je pense qu'il faut être très attentif. Les situations tournent vite.
05:05Je pense qu'aujourd'hui l'équipe de France ce n'est pas une vingtaine de joueurs, c'est une cinquantaine de joueurs.
05:11On voit ce qui est arrivé à Romain qui est un petit peu la zone sombre de ce match.
05:17Il faut qu'on continue à embarquer dans un projet international une cinquantaine de joueurs comme on le fait aujourd'hui.
05:24On le fait main dans la main avec la ligne nationale de rugby.
05:26Je veux rendre hommage au club aussi avec qui on travaille très bien.
05:29C'est ça qu'il faut qu'on fasse parce que sinon les situations peuvent vite tourner si on joue avec un nombre restreint de joueurs.
05:37Oui, ça peut vite tourner. Vous faisiez allusion au point noir de ce match pour le 15 de France.
05:42C'est l'expulsion de Romain Ntamac, carton rouge.
05:45Il revenait après plus d'un an de blessures, on était ravis de le voir.
05:48Il était dépité à la fin du match, on ne le verra pas à Twickenham, c'est une perte ?
05:51Oui, bien sûr que c'est une perte, mais c'est les aléas du jeu.
05:55On sait que ce n'est pas le type de jeu et le type d'action qu'on attend de Romain, ça ne lui ressemble pas.
06:04Malheureusement, c'est un aléa du jeu, mais c'est pour ça qu'il faut jouer avec un groupe élargi
06:10et qui soit confronté au jeu de l'équipe de France, au staff de l'équipe de France qui apprenne à jouer avec nous.
06:15Alors justement, revenons sur un autre événement.
06:17Ce n'est pas vraiment un fait de jeu, mais ça c'est entendu, vous étiez au Stade de France.
06:20On l'a entendu aussi en direct sur Sud Radio, les sifflets du Stade de France à l'entrée en jeu d'Oscar Gégou et Hugo Radou.
06:27Est-ce que vous étiez mal à l'aise quand vous entendiez ces sifflets ?
06:30Est-ce qu'il fallait vraiment les faire entrer en jeu ?
06:34Écoutez, sur ce sujet-là, nous, on a été très clair depuis le début.
06:37On a dit trois choses.
06:38On a dit, un, il faut écouter la plaignante.
06:40Je sais qu'on l'a écouté.
06:42On a dit ensuite qu'il fallait respecter la présomption d'innocence des deux joueurs.
06:45Et troisièmement, qu'il fallait faire confiance à la justice argentine.
06:48La justice argentine a fait son travail, on l'a laissé faire.
06:51Et au terme d'une enquête qui a été longue, il y a trois procureurs qui ont fait un réquisitoire unanime
06:59en déclarant le non-lieu.
07:00À un moment, la charge de la preuve s'inverse.
07:02Donc, je suis désolé, mais en l'occurrence, ils ont été déclarés innocents
07:07et les interdire de jouer n'a pas été normal.
07:10Sauf que vous dites qu'il fallait écouter la plaignante.
07:12La plaignante a fait appel de cette abandon de poursuite
07:14et cet appel sera examiné, le recours sera examiné les 10 et 11 février.
07:18Est-ce qu'il ne fallait pas attendre à minima ça ?
07:20Écoutez, ils ont fait la preuve de leur innocence.
07:23Maintenant, la plaignante continue à dire qu'ils sont coupables.
07:26OK, mais c'est à elle de prouver la culpabilité maintenant.
07:28Eux, le réquisitoire a été unanime de l'ensemble des procureurs.
07:32Il y a un non-lieu, c'est une décision de justice qui est importante.
07:35Après, les gens me disent aussi parfois,
07:36mais pourquoi vous ne les avez pas sanctionnés pour la sortie ?
07:38La réalité, c'est qu'il n'y avait pas de cadre
07:41et moi, je n'aime pas sanctionner quand il n'y a pas de cadre.
07:43Maintenant, il y a un cadre extrêmement précis
07:45avec le plan de performance renforcé de l'équipe de France
07:48et les joueurs savent très bien que les dérapages ne seront plus acceptés.
07:51Mais moi, je ne sanctionne pas quand un cadre n'est pas précis.
07:53Étant dit, pardon, Melvine Jaminet, il n'y avait pas de cadre non plus
07:55après son débat sur son dérapage raciste
07:57et vous l'avez sanctionné.
07:59Personne ne le conteste.
08:01Je l'ai sanctionné parce que Melvine Jaminet,
08:03il y a la preuve avérée d'un dérapage raciste
08:06qui n'est pas acceptable quand on porte le coq de l'équipe de France.
08:09D'ailleurs, même quand on ne le porte pas, on peut le précider pour le citoyen.
08:12D'autant plus quand on porte le coq de l'équipe de France,
08:15on a une responsabilité et donc la sanction.
08:18Au passage, il faut laisser Melvine un peu tranquille maintenant
08:21parce qu'il a assumé la sanction, il a reconnu la sanction,
08:24il est en train de faire des travaux d'intérêt généraux.
08:26Bravo à lui de s'engager comme ça.
08:28– Alors, on peut parler aussi de cet autre aspect, il est important.
08:31C'est la question que je posais quand on annonçait votre venue.
08:34D'ailleurs, Antoine Dupont en a parlé.
08:36Cette équipe a 80% de victoire, c'est quasiment un record.
08:39Antoine Dupont a dit 80% de victoire.
08:41Quand on ne gagne pas beaucoup de titres, ça ne veut pas dire grand-chose.
08:44Franchement, quand vous voyez ce que vous avez vu hier
08:46ou que vous entendez sur Sud Radio,
08:48sacre obligatoire cette année pour ce 15 de France,
08:50même si c'est plus difficile avec davantage de déplacements.
08:53– Oui, on a tous envie.
08:55Demandez à Antoine, demandez à Fabien, demandez à Raphaël,
08:58demandez à tous les joueurs de l'équipe de France.
09:00Il n'y en a pas un qui n'a pas envie de gagner.
09:02On a envie de gagner, voilà.
09:04Sacre obligatoire, je ne sais pas.
09:06– Si on ne gagne pas ce tournoi, ce sera quand même un échec.
09:08– Oui, ce sera une déception.
09:10Ce sera une déception évidente.
09:12Mais écoutez, on fait tout pour.
09:14Il y a Jean-Marc Lhermé à mes côtés,
09:16qui est le vice-président en charge du haut niveau.
09:18On a une cellule haute performance avec la Direction Technique Nationale.
09:21On partage entre les 14 équipes de France qui ne se faisaient pas avant.
09:24On bosse, ça bosse énormément.
09:26Moi, je crois à la résilience et au travail.
09:28Après, ce ne sont pas les objectifs qui font qu'on gagne.
09:30Les résultats sont la conséquence du travail et de la résilience.
09:33– Mais écoutez, merci en tout cas d'être venu parler de ces résultats,
09:36qu'on espère toujours.
09:37Florian Grille, président de la Fédération Française de Rugby.
09:40À bientôt sur Sud Radio.
09:41– Merci.
09:42– Pour venir pour le Grand Chlem ?
09:43– Ah bah volontiers.
09:44– Allez, le rendez-vous est pris dans le Grand Matin Week-end
09:46ou alors dans le Grand Matin Sud Radio de Jean-Jacques Bourdin
09:48ou chez Patrick Roger dans La Vérité en face.
09:50Merci à Jules Boscherini.