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Le 29 janvier, la commission de la culture du Sénat auditionnait Maxime Saada, président-directeur-général du groupe Canal+. Au cours de son audition, celui-ci a insisté sur les investissements de Canal+ dans le secteur du cinéma français. Avec 220 millions d’euros investis, le groupe se place à la première position des plus grands investisseurs du secteurs. Maxime Saada est également revenu sur les dernières opérations du groupe, notamment le rachat d’OCS et d’Orange Studio, finalisée fin janvier 2024, sur l'achat en cours du géant sud-africain de la télévision, MultiChoice, ou encore sur son entrée en bourse le 16 décembre 2024. Le PDG de Canal+ a également abordé la question des droits TV de la ligue 1, dont Canal+ a décidé de se détourner. Enfin, Maxime Saada est revenu sur la suppression de la chaîne C8 décidée par l’Arcom. Année de Production :

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00:00Bonjour à tous, bienvenue dans 100% Sénat. Aujourd'hui, la rédaction vous propose de suivre l'audition de Maxime Sahada, président du directoire de Canal+.
00:19Le groupe a amorcé un tournant cette année, entré à la Bourse de Londres, le retrait de ses chaînes sur la TNT.
00:26Et maintenant, Maxime Sahada menace de diminuer le financement du cinéma français.
00:31Canal+, adresse chaque année une enveloppe de plus de 220 millions d'euros.
00:36Mais le groupe remet en cause l'environnement fiscal et réglementaire français. Je vous propose de découvrir cette audition.
00:43Mes chers collègues, nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui M. Sahada, président du directoire du groupe Canal+.
00:53M. le Président, merci bien sûr de vous être rendu disponible et de participer à cette audition.
00:59À la tête du groupe Canal+, depuis près d'une décennie maintenant, vous pilotez l'évolution de l'entreprise qui a récemment célébré ses 40 ans dans un environnement en pleine mutation,
01:11dont bien sûr, nous aurons l'occasion de parler durant cette audition. Créée en 1984, Canal+, a révolutionné le paysage audiovisuel français
01:20avant de devenir au fil des années l'un des plus grands groupes de médias au niveau mondial, comptant aujourd'hui 27 millions d'abonnés, dont un tiers en France.
01:30L'année 2024 a marqué un tournant avec plusieurs décisions stratégiques majeures. Canal+, a fait son entrée à la Bourse de Londres en décembre dernier
01:41dans le cadre de la scission du groupe Vivendi. Le groupe a par ailleurs engagé la plus grosse acquisition de son histoire, celle de la société sud-africaine MultiChoice.
01:52En décembre dernier, vous avez annoncé le retrait de vos 4 chaînes payantes de la TNT à partir du mois de juin prochain.
01:59Ce retrait met un terme à la présence historique de Canal+, sur le canal 4, numéro 4 de la télévision française,
02:08et parachève sa transformation en plateforme numérique agrégatrice de contenu. Vous avez évoqué, pour justifier cette décision,
02:16les conséquences économiques du non-renouvellement de la chaîne C8 décidée par l'ARCOM en juillet dernier, une décision que vous contestez devant le Conseil d'État.
02:27Vous avez plus généralement mis en cause un environnement fiscal et réglementaire jugé de plus en plus contraignant,
02:33en particulier du fait de la possible hausse de 10 à 20 % du taux de TVA applicable à vos services.
02:40Nous nous interrogeons bien entendu sur les répercussions de ces transformations sur le secteur de la création en général et sur celui du Cinéma en particulier,
02:50auquel Canal+, lié depuis son origine. Le groupe investit en effet chaque année 220 millions d'euros dans son financement,
02:59conformément à ses engagements qui sont en cours de renégociation dans le cadre de la chronologie des médias.
03:06Le passage à un nouveau régime de diffusion intervient par ailleurs dans un contexte de concurrence exacerbée avec les grandes plateformes internationales.
03:16La montée en puissance des acteurs internationaux comme Disney, Netflix ou Amazon ont en effet bouleversé le secteur.
03:24Elle a aussi et surtout mis en évidence un certain nombre d'asymétries réglementaires qui font l'objet de la seconde partie de la proposition de loi sénatoriale,
03:31qui sera sans doute débattue à l'Assemblée nationale dans les semaines à venir. La fin de votre contrat de distribution avec Disney,
03:40les négociations en cours sur le financement du cinéma et la chronologie des médias et les ambitions croissantes des plateformes soulèvent bien entendu
03:49de multiples interrogations sur lesquelles, M. le Président, nous sommes évidemment très impatients de vous écouter.
03:56Car Canal+, n'est pas seulement un acteur économique clé. Le groupe joue aussi un rôle essentiel sur le plan culturel et retient bien évidemment à ce titre toute notre attention.
04:06Je vais à présent, M. le Président, vous laisser la parole pour un propos liminaire. Après, nous, bien sûr, nous échangerons à travers des questions-réponses.
04:12Mais avant cela, je dois vous rappeler que cette audition est diffusée en direct sur le site Internet du Sénat. M. le Président, je vous donne la parole.
04:22M. le Président, mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs, mesdames et messieurs, je vous remercie de votre invitation qui me permet de vous présenter,
04:29de revenir en cette rentrée 2025 sur l'actualité et les enjeux du groupe Canal+, que vous avez si bien introduit, M. le Président.
04:36Puisque nous sommes le 29 janvier, il me reste encore quelques heures pour vous adresser à toutes et à tous mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année.
04:46Je m'exprime aujourd'hui en tant que président du directoire du groupe Canal+, groupe que j'ai intégré il y a plus de 20 ans et dont j'ai pris la direction il y a plus de 10 ans
04:53et que je suis fier d'accompagner dans sa transformation aux côtés d'équipes passionnées et talentueuses. Sa transformation, vous l'avez dit, a franchi de grandes étapes en 2024.
05:02Au cours de l'année, nous avons fait l'acquisition du bouquet de chaînes payantes OCS et de sa filiale de coproduction de films et de séries Orange Studio.
05:10Puis, Canal+, a intégré Dailymotion, seule plateforme vidéo française entièrement soutenue par la publicité, au rayonnement mondial avec plus de 400 millions de visiteurs mensuels.
05:22Prochainement, ce sont les activités et les équipes de GVA, fournisseurs d'accès à la fibre optique en Afrique, qui rejoindront le groupe Canal+.
05:29En novembre de l'année dernière, le groupe a célébré en effet ses 40 ans, 40 ans dédiés à offrir le meilleur du sport et de la création.
05:36Et quelques semaines après avoir fêté son anniversaire, vous l'avez dit, Canal+, a ouvert un tout nouveau chapitre de son histoire avec son entrée en bourse à Londres le 16 décembre dernier.
05:46Cette étape sur laquelle nous pourrons revenir est l'aboutissement d'une stratégie de réinvention opérée en seulement quelques années et qui permet aujourd'hui au groupe d'être en ordre de marche
05:54pour asseoir son modèle unique face aux plus grands acteurs mondiaux de l'audiovisuel. Vous le savez, le marché de la télévision a profondément changé.
06:03Vous en êtes d'ailleurs les premiers témoins. Nous avons déjà pu en discuter ensemble, puisque j'ai eu l'honneur de venir m'exprimer à plusieurs reprises devant vous au cours des 11 années.
06:11Une décennie marquée par des obstacles et des bouleversements de plus en plus nombreux, dont certains semblent parfois annoncer la chute de Canal+.
06:20Ce nouveau monde se caractérise par des marchés globalisés et digitalisés qui ont vu se constituer de nouveaux opérateurs, essentiellement américains.
06:29Ces derniers sont venus se positionner sur nos segments et investir massivement dans des contenus avec l'avantage concurrentiel de pouvoir amortir leurs coûts sur une base d'abonnés,
06:37d'abord américaine, puis mondiale, qui n'a cessé de croître. Netflix d'abord, puis Amazon avec Prime Vidéo, Apple avec Apple TV+, bientôt suivi des studios hollywoodiens,
06:49Disney avec Disney+, Paramount avec Paramount+, Universal avec Peacock et Warner avec Max. Des mastodontes se sont créées en affichant pour certains des parcs de plusieurs centaines de millions d'abonnés.
07:01302 millions d'abonnés pour Netflix désormais présents dans 190 pays. Pour faire face à ces nouveaux géants systémiques, le groupe Canal+, n'a eu d'autre choix que de se repenser, car Canal+, allait très mal.
07:16Les résultats de l'exercice 2015 enregistraient une perte de plus de 260 millions d'euros et le budget de l'exercice 2016 était en déficit de 400 millions d'euros.
07:26Dans le même temps, Canal+, a pris de plein fouet les modifications profondes et accélérées des marchés et des filières, ainsi que des usages en matière de culture.
07:34Exposé à ces menaces, endogènes et exogènes majeures, la survie même du groupe a été mise en question. Face à cette situation menaçant l'existence même de Canal+,
07:45notre enjeu a été de trouver les clés non seulement pour survivre, mais pour pérenniser notre modèle avec un atout maître, le soutien, les ressources et la patience de notre société mère Vivendi
07:57et derrière Vivendi, d'un actionnaire de référence inscrit dans la durée, le groupe Bolloré. Comment avons-nous intégré à tous les niveaux cette notion de pérennité dans la stratégie de Canal+.
08:08Tout d'abord, nous avons dû nous redresser économiquement. Face aux pertes massives que je vous évoquais, nous avons analysé tous nos leviers d'économie sous le prisme d'une volonté de réduire les coûts de Canal+.
08:20Toutes les pistes d'économie ont été exploitées, à l'exception de nos investissements dans la création et les contenus. Et au prix d'efforts considérables de nos équipes, nous avons réalisé près d'un milliard d'euros d'économie.
08:31Et ces économies, nous les avons réinvesties pour retrouver de la croissance après des années de décroissance. Le retour à la croissance est tout d'abord passé par un plan ambitieux de transformation digitale de notre groupe.
08:43Le groupe a ainsi placé l'innovation et sa diversification technologique au centre de son projet. Créé en 2013, notre plateforme digitale propriétaire française porte aujourd'hui plus de 2000 chaînes linéaires et à la demande dans le monde.
08:59Elle a désormais rejoint les meilleurs standards du marché. Et nous l'avons déployée dans plus de 40 pays – j'y reviendrai – avec un milliard d'euros d'investissement annuel et plus de 1 000 ingénieurs, principalement basés en France.
09:11Le groupe Canal+, est devenu un acteur majeur de la technologie. La robustesse de notre outil technologique nous a permis d'adopter un positionnement unique au monde de premiers super-agrégateurs de plateformes et de contenus,
09:25en mesure d'offrir une offre culturelle premium répondant aux attentes des abonnés insatisfaits voire perdus face à la fragmentation des offres.
09:34Grâce à des partenariats stratégiques d'ampleur avec les plus grands acteurs mondiaux à l'instar de Netflix, Paramount, Dazone, Max, Apple, avec qui le groupe a un accord pluriannuel inédit au monde pour Apple TV+, que nous avons fraîchement enrichi d'Apple Music à la fin de l'année dernière,
09:49Canal+, est le seul acteur à proposer le meilleur du contenu des plateformes en complément de ses propres contenus. Cette transformation digitale a par ailleurs contribué à élargir la distribution de Canal+.
10:02Outre les accords avec nos partenaires historiques, que sont les opérateurs télécom, Canal+, est imposé sur tous les équipements, des téléconnectés aux consoles de jeu.
10:11Tout récemment, le groupe a signé des accords de distribution inédits avec le leader mondial LG pour la distribution de la plateforme Canal+, dans plus de 40 géographies, et avec un champion français de son secteur, Renault, pour l'accès à toute l'offre de Canal+, à bord de ses véhicules connectés.
10:28Parallèlement à cette diversification technologique, le groupe a entamé des chantiers de diversification pour se libérer de toute forme de dépendance et pour gagner en agilité.
10:39Je pense évidemment à l'internationalisation du groupe. En 2015, le groupe Canal+, rassemblait 11 millions d'abonnés. Aujourd'hui, vous l'avez dit, M. le Président, il en compte près de 27 dans 50 pays.
10:52Canal+, s'est libéré de sa dépendance géographique envers la France. Notre objectif est désormais d'atteindre à moyen terme, et je l'ai annoncé publiquement, un parc d'abonnés compris entre 50 et 100 millions pour rejoindre le top 5 mondial des groupes audiovisuels.
11:09Cette croissance sera notamment rendue possible par des prises de participation sur nos principales zones géographiques. Nous misons à la fois sur les marchés matures en Europe et sur d'autres territoires en forte croissance, en particulier l'Afrique et l'Afrique subsaharienne.
11:22La croissance économique moyenne y est de 4,5% par an, avec une démographie bien entendu très favorable. Nous avons également saisi une opportunité de croissance externe avec M7, qui a contribué à la croissance de notre parc avec plus de 2 millions d'abonnés en Europe de l'Est.
11:38Mais l'essentiel de notre croissance a été réalisé de manière organique sur tous les continents. Nous détenons aujourd'hui 37,2% de la plateforme de streaming VIEW, qui est implantée en Asie du Sud-Est.
11:50Nous disposons d'ailleurs d'une option pour en prendre le contrôle. Nous sommes également premiers actionnaires de la plateforme nordique VIAPLAY, avec 29,3% du capital. Elle est aujourd'hui en redressement et nous ne la consolidons pas.
12:02Enfin, vous l'avez dit également, le groupe a entamé l'acquisition la plus transformante et la plus ambitieuse de son histoire avec MultiChoice, leader de la télévision payante en Afrique anglophone et lusophone, dont nous détenons aujourd'hui 45,2% du capital.
12:17Cette acquisition permettrait au groupe Canal+, de franchir une taille critique de plus de 40 millions d'abonnés.
12:25A cette prise d'indépendance géographique s'est ajoutée la fin de notre dépendance à l'égard d'une génération d'abonnés. Le groupe a opéré une refonte complète de son positionnement commercial et de ses offres.
12:35Nous avons diversifié le profil de nos abonnés en attirant un public plus jeune, grâce au lancement d'offres sans engagement et en baissant significativement nos prix d'accès.
12:45Nous venons tout récemment d'annoncer la pérennisation de notre offre jeune, Ra+. Face à son succès auprès de ce nouveau public, nous avons ainsi levé notre dépendance générationnelle.
12:54Les jeunes étant de retour, ils sont plus de 500 000 à avoir individuellement souscrit à Canal+, et nous avoir rejoints dans les 18 mois.
13:03Enfin, dernier levier de notre diversification, la fin de la dépendance du groupe à quelque contenu que ce soit, dans le cadre d'une refonte profonde de notre stratégie éditoriale.
13:13Certains se souviennent sans doute des inquiétudes formulées quant à la pérennité de Canal+, à la suite de la perte des droits de la Ligue 1 en 2018.
13:19Comme vous l'imaginez, cette journée reste intacte dans ma mémoire, car elle a marqué un tournant.
13:24Depuis, le groupe s'est dégagé de toute forme de dépendance éditoriale, afin de ne plus jamais se retrouver dans cette situation.
13:30Nous avons élargi notre offre pour proposer le panel de contenu le plus large de notre histoire dans tous les domaines, sport, films, séries, documentaires, animations, et enfin émissions, programmes de flux entre guillemets cryptés.
13:43La capacité de Canal+, à produire ses propres contenus, constitue pour moi la dernière brique de notre indépendance sur les contenus.
13:50Studio Canal, qui possède aujourd'hui 19 sociétés de production à travers le monde, sera amené à devenir un actif encore plus essentiel du groupe à ce titre.
13:58Enfin, au-delà de la réduction de la dépendance à l'égard de certains contenus, notre volonté de pérenniser le modèle de Canal+, s'est traduite par une sécurisation de droits sur le long terme.
14:09En France, nous avons acquis les droits exclusifs de diffusion du Top 14 et de la Pro D2 auprès de la Ligue Nationale de Rugby jusqu'à la saison 2032,
14:16confirmant notre place de principal financeur et soutien du sport français.
14:20Au-delà de la France, nous proposons aujourd'hui les droits longs les plus attractifs, à l'instar de la Ligue des Champions, d'abord acquises pour la France, puis pour l'Autriche et l'Afrique francophone jusqu'en 2027.
14:312024 est venu confirmer le statut de premier partenaire pour Canal+, de la première ligue dans le monde, avec l'acquisition de l'exclusivité des droits de ce championnat en Pologne et au Myanmar jusqu'en 2028,
14:41portant à plus de 50 les territoires où Canal+, diffuse cette compétition d'exception.
14:46Nous sommes désormais également le premier diffuseur mondial de la Formule 1 et de la MotoGP, signé en France, en Suisse, en Afrique et en Asie jusqu'en 2029.
14:56C'est dans le même esprit que nous avons souhaité inscrire l'exception cinématographique française dans cette vision de long terme.
15:02Le groupe a proposé pendant plus de 2 ans aux organisations professionnelles du cinéma de renouveler notre accord sur une durée allongée de 5 ans pour un montant total supérieur au milliard d'euros,
15:14auquel nous avons proposé d'ajouter les obligations héritées de l'acquisition d'OCS. J'imagine que nous reviendrons sur ce sujet.
15:23Vous le voyez, le groupe Canal+, ne s'est pas seulement adapté, il a surtout érigé la pérennité comme valeur cardinale.
15:30Cette notion de pérennité de long terme, elle est également au cœur de notre positionnement auprès des acteurs de la culture, du cinéma et de l'audiovisuel, mais également du sport.
15:39Car chez Canal+, nous considérons que le sport fait partie intégrante de notre culture.
15:44Ainsi, l'une des particularités de Canal+, par rapport à l'ensemble de ses concurrents, est sa position de partenaire stratégique des filières sur le long terme.
15:53Parlons tout d'abord du cinéma français. Je profite de cette tribune pour rappeler son caractère absolument unique.
15:59Sa trajectoire de fréquentation en salle en hausse depuis 2022 pour atteindre en 2024 plus de 180 millions de visiteurs est aujourd'hui enviée par les cinémas du monde entier,
16:09qui ont tous subi une drastique diminution de leur fréquentation depuis le Covid. Mieux encore, 44% de cette fréquentation a été captée par des films français,
16:18dont bien sûr Le Comte de Monte-Cristo et un petit truc en plus, que Canal+, a financé. Un chiffre au plus haut depuis 2008, loin devant ses voisins européens.
16:28En réalité, le cinéma français est aujourd'hui le seul cinéma européen ayant survécu. Si la France est le premier pays européen, je l'ai dit en termes de part de marché des productions nationales,
16:37à titre de comparaison, en 2022, les 44% de la France, c'était 21% en Italie, 22% en Espagne, 27% en Allemagne et 30% au Royaume-Uni.
16:50Le cinéma français est aujourd'hui l'un des cinémas les plus récompensés. Vous le savez, la France est la nationalité la plus représentée dans les 10 festivals majeurs.
16:58Presque un quart de la totalité des titres sélectionnés dans les 10 plus grands festivals internationaux sont français. Sans parler évidemment du record battu il y a quelques jours
17:07par Emilia Perez et The Substance en termes de nomination aux Oscars. Pour le dire clairement, le succès du cinéma français est unique et il n'existerait pas sans le soutien de Canal+.
17:19Ce soutien se traduit d'abord par un volume d'investissement massif et pérenne dans les contenus. Pour être clair, le groupe contribue davantage que tous les autres acteurs réunis.
17:29Chaîne gratuite et plateforme internationale. En 2024, Canal+, a financé plus de 260 films français et européens. Chaque année, plusieurs dizaines de films ne pourraient tout simplement pas se faire sans l'apport des chaînes du groupe.
17:44En 2024, nous avons préacheté 121 films. 45 sur les 121 ont été exclusivement financés par les chaînes du groupe Canal+. L'histoire de Suleyman, La nuit du 12 ou encore Le procès Goldman n'auraient pas vu le jour sans le soutien de Canal+.
18:01Ce rôle de premier financeur de la création cinématographique en France est lié à un montant supérieur à nos obligations, fruit d'un accord historique avec les syndicats représentant les professions du cinéma.
18:12Ce montant se vend-il en préachat et en achat de films ? En 2024, la participation des chaînes du groupe Canal+, s'est élevée à plus de 220 millions d'euros.
18:22A ces obligations s'ajoutent nos taxes sectorielles qui financent le budget du CNC et qui s'élèvent à plus de 50 millions d'euros. De plus, Studio Canal a investi plus de 200 millions d'euros dans les films français et européens.
18:35Au total, Canal+, aura donc investi en 2024 près de 500 millions d'euros dans le cinéma français et européen. Un montant d'investissement également valable pour les années précédentes.
18:47Je souligne néanmoins que ce montant est lié au terme d'un accord interprofessionnel qui est échu depuis le 31 décembre 2024.
18:58Au-delà de son soutien financier massif envers le cinéma français, Canal+, est un partenaire de premier ordre et sans équivalent de la diversité.
19:06En France, les films dans lesquels nous investissons sont produits par près de 130 sociétés de production différentes et indépendantes de Canal+.
19:14Pas un seul autre acteur n'est partenaire d'autant de sociétés de production de cinéma indépendantes. Cette recherche de la diversité dans nos investissements participe évidemment à la vitalité du tissu industriel créatif français
19:25et contribue significativement aux emplois directs et indirects associés à la création. Un axe d'amélioration de la diversité sectorielle sur lequel je souhaiterais insister est la place des femmes dans la création.
19:39Nous nous félicitons de l'évolution positive de nos marqueurs, faisant suite à une attention particulière du groupe Canal+, dans ses préachats.
19:45En 2024, 27% des films que nous avons préachetés ont été réalisés par des femmes, alors que ce chiffre n'était que de 21% en 2021.
19:52Sur les premiers films que nous avons financés, 40% d'entre eux ont été réalisés par des femmes. C'est mieux, mais ce n'est pas assez.
20:01C'est pourquoi Studio Canal a créé un fonds dédié à la création portée par des femmes pour être acteur de ce changement.
20:09Ce fonds fait écho à la logique relationnelle à laquelle nous sommes très attachés. Au cœur de celle-ci est la conviction que nos partenaires et nous-mêmes avons besoin d'une visibilité sur le long terme.
20:18Au premier rang de nos partenaires figurent les talents de la création, les artistes. Nous sommes toujours attachés à favoriser leur émergence et à les accompagner dans leur développement, y compris dans les moments les plus difficiles.
20:28Nous avons ainsi accompagné et soutenu dans la durée des dizaines de cinéastes de renom, souvent depuis leur premier court-métrage.
20:35Pour n'en citer que certaines et certains, Justine Trier, Jeannery, Audrey Diouane, Julia Ducournau, Jacques Audiard, Cédric Lapiche, Lajli, Dominique Molle, Albert Dupontel, Michel Anavisius
20:47ou encore Mathieu Delaporte et Alexandre Delapatellière qui ont réalisé le fameux Montécristo.
20:55Nous sommes aujourd'hui attachés à étendre le rayonnement des talents en leur offrant tous les supports classiques et digitaux et toutes les scènes d'expression,
21:01du petit au grand écran jusqu'aux planches de l'Olympia qui a également rejoint le groupe Canal+.
21:08Plus globalement, cette conviction dans l'importance de la durabilité des relations se traduit par des partenariats de filière.
21:15Vous avez récemment travaillé, M. le Président et M. le rapporteur, sur le financement du football et vous avez souligné en creux le rôle des diffuseurs dans l'écosystème du sport en France.
21:24Vous le savez, les droits audiovisuels viennent soutenir les mécanismes de solidarité qui lient le financement du sport professionnel au sport amateur.
21:32C'est pourquoi nous considérons que notre vision de long terme auprès de nos partenaires tels que la Ligue nationale de rugby ou la Fédération française de football
21:39contribue à pérenniser le fonctionnement vertueux et solidaire basé sur les droits audiovisuels tout en continuant à offrir à nos abonnés le meilleur du sport et pour longtemps.
21:46Notre volonté de coopération partenariale est par ailleurs au cœur de notre démarche de maximisation de la valeur des filières à travers nos savoir-faire éditoriales.
21:54On en parle trop rarement.
21:56Nous accordons ainsi une grande importance à l'exposition des contenus, à leur visibilité, dont l'importance est souvent sous-estimée par les ayants droit.
22:04Pour le cinéma, par exemple, nous cherchons à maximiser la visibilité des œuvres pour maximiser leurs valeurs.
22:11Sur l'ensemble de son cycle de vie de 6 mois, un film en première diffusion réalise une audience moyenne globale de plus de 1,1 million de téléspectateurs sur Canal+.
22:21Nous proposons 8 émissions hebdomadaires de cinéma, soit 380 émissions chaque année représentant 120 heures annuelles d'émissions sans compter les documentaires consacrés au cinéma.
22:32Au regard de notre histoire, nous accordons une place particulière à la création française hexagonale et ultramarine.
22:38Là où Disney+, ou Netflix, affichent moins de 10% de titres français dans leur catalogue, Canal+, investit massivement dans les contenus français et les rend visibles et les fait voyager.
22:48Sur la création ultramarine, je citerai simplement un exemple, la série Wish, qui nous avons récemment produite et qui a mis en avant plus de 100 artistes ultramarins.
22:57Valorisée sur notre chaîne dédiée Canal+, cette production locale a connu un incroyable rayonnement local et dans l'hexagone.
23:03Par l'application du même principe de durabilité dont je vous parle depuis quelques instants, nous ne saurions consentir à de tels investissements sans penser à protéger les filières et leurs écosystèmes.
23:16Car pour véritablement créer de la valeur, il faut la protéger.
23:19C'est cette ambition qui nous pousse à prioriser partout où nous opérons la lutte contre le piratage.
23:25Protéger la valeur de nos investissements représente un enjeu vital qui concerne au-delà toutes les filières soutenues par les droits audiovisuels.
23:33Je rappelle les derniers chiffres de l'ARCOM.
23:35En 2023, le manque à gagner engendré par le piratage de contenus audiovisuels et de retransmissions d'événements sportifs est estimé à 1,5 milliard d'euros, dont 290 millions pour le secteur du sport.
23:45S'y ajoutent, c'est effrayant, 420 millions d'euros de recettes fiscales et sociales échappant à l'État.
23:54Face à ce fléau commun, nous devons aller plus loin.
23:58C'est le sens du combat mené par l'association HAPS pour protéger les droits sportifs.
24:02J'en profite d'ailleurs pour remercier votre commission, très mobilisée à travers en particulier les voix de M. le Président et M. Savin.
24:08Merci pour votre courage et votre soutien indéfectible sur ce dossier, car il en faut du courage, qui appelle aujourd'hui plus que jamais à une mobilisation générale face à l'explosion et à la bénéficiation des offres IPTV.
24:19Vous le voyez, Canal+, porte un projet réconciliant culture et industrie, misant sur ses axes de différenciation et s'appuyant sur une vision de long terme
24:28afin de créer de la valeur à la fois pour le groupe et pour les filières, tout en portant une ambition pour la création française et le marché national auquel nous restons attachés.
24:36Néanmoins, et j'en finirai là, le groupe Canal+, se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins en France.
24:44Quelle place continuera à prendre le marché français dans son projet ?
24:48L'application d'une vision industrielle pourtant nécessaire à la pérennité de tout écosystème économique fait cruellement défaut au secteur de la création française.
24:57C'est cette absence de vision qui a conduit la Ligue 1 dans sa situation dramatique actuelle et sur laquelle vous avez d'ailleurs souhaité travailler au sein de votre commission.
25:10C'est ce qui risque de conduire le cinéma français dans la même situation. Et c'est ce qui pèse aujourd'hui sur tous les acteurs français du secteur.
25:18Cette absence de vision de tout un système se traduit par des décisions de court terme et des comportements non coordonnés
25:25qui menacent de faire péricliter les entreprises françaises du secteur et, au-delà de la menace, les pénalisent déjà par rapport à leurs concurrents mondiaux.
25:33Cette absence de vision se traduit en outre par une réglementation qui est devenue un véritable cadavre exquis de normes communautaires et nationales,
25:40venant détruire le terrain sur lequel devrait s'exprimer tout le potentiel de notre industrie.
25:45En empêchant toute vision de long terme, cette réglementation freine l'expansion des acteurs français, bien plus régulés que leurs concurrents internationaux.
25:53La liste des réglementations qui s'imposent aux acteurs français et auxquelles les acteurs internationaux échappent est longue. Nous pourrons en reparler.
26:03C'est la même logique court-termiste qui a conduit à de récentes décisions réglementaires pouvant répondre à certaines logiques – je ne le nie pas –
26:10mais qui, mises bout à bout, menacent tout ce qui fait la force de Canal+, en France. Pas seulement pour l'entreprise, mais pour tout son environnement.
26:18Je pense en particulier à l'augmentation de sa taxe affectée versée au CNC, aux menaces continues sur son taux TVA pourtant liées à son statut de premier financeur du cinéma français,
26:28à la décision de non-renouvellement de C8 – j'en bafouille –, première chaîne de la TNT. J'en profite pour rendre hommage à toutes les collaboratrices et à tous les collaborateurs
26:40sur qui vient directement peser cette décision arbitraire de l'ARCOM, dont l'une des missions est pourtant d'accompagner les transformations du paysage audiovisuel et numérique,
26:47tant pour les publics que pour les professionnels. Encore tout récemment, l'autorité de la concurrence qui, je le rappelle, est déjà responsable de la disparition
26:55de la plateforme de SVO des CanalPlay, pour n'avoir pas su projeter la concurrence de Netflix, s'est auto-saisie pour enquêter sur le secteur de la télévision payante et du cinéma,
27:05venant ainsi contraindre toutes les discussions sectorielles du groupe Canal+, alors que s'ouvrent maintenant des échéances majeures, notamment pour l'avenir de notre modèle national de création.
27:14Grâce à la transformation de son modèle, Canal+, réussira à poursuivre son développement en dépit de cet environnement national hostile.
27:22Le groupe poursuivra sa stratégie de diversification et son développement à l'international. Mais en sera-t-il autant pour le tissu créatif français au sein duquel j'inclus le sport ?
27:33Je l'ai rappelé tout à l'heure, le cinéma français est certes unique au monde, mais il est aujourd'hui largement financé et accompagné grâce au modèle généraliste de Canal+.
27:41Vous comprendrez que notre ambition de défendre la sauvegarde de notre exception culturelle se trouve aujourd'hui contrariée par tous ces signaux négatifs sur le territoire national.
27:51Pourtant, nous avons encore les forces et l'opportunité de reconquérir notre souveraineté et notre indépendance créatives.
27:59Alors je vous le demande solennellement, qui pour contribuer à la vision industrielle et culturelle de long terme nécessaire pour le secteur, si ce n'est le Sénat ?
28:08Je vous remercie de votre écoute. Je me tiens à votre disposition pour répondre à vos questions.
28:12Votre conclusion, en tout cas la dernière fois, nous a plu. Merci, M. le Président.
28:17Première question du rapporteur Cédric Vial.
28:22Merci, M. le Président. Messieurs les présidents, vous avez déjà dit beaucoup de choses, donc je vais essayer de mettre un peu d'ordre aussi dans mes questions.
28:36Les questions de trois ordres. Vous l'avez rappelé, tout d'abord, on est très heureux de vous accueillir, M. le Président, et très heureux également et fier du rôle que Canal+,
28:46joue dans le secteur audiovisuel français et mondial. C'est ma première question. Vous l'avez dit, vous êtes en phase de réorganisation importante,
28:55réorganisation, redéfinition d'une politique stratégique en France et dans le monde qui passe par plusieurs solutions.
29:06D'abord, votre retraite à la TNT, j'y reviendrai tout à l'heure, qui apporte aussi un certain nombre de modifications.
29:13Le fait de sortir de la TNT, notamment au niveau du droit, vous permet aussi d'avoir une capitalisation étrangère au sein de vos conseils d'administration différentes.
29:21Est-ce que c'était un objectif de votre sortie ? Est-ce qu'il faut s'attendre à ce que Canal+, change de manière... son actionnariat dans les prochaines années ?
29:34Deuxièmement, vous l'avez dit, il y a un engagement très fort au niveau de l'Afrique. Par ailleurs, vous avez fait le choix de rentrer en bourse à la Bourse de Londres.
29:46Est-ce que dans votre développement, vous l'avez dit, et votre objectif de devenir un groupe international, quelle est la place que vous allez donner à la France ?
29:54Est-ce que Canal+, qui est aujourd'hui un groupe français international, va devenir un groupe international présent en France ?
30:00Quelle est vraiment votre stratégie, sachant qu'au niveau français, vous aviez un modèle un peu atypique, vous l'avez dit,
30:09qui était basé sur une offre premium avec une chronologie des médias avec, au bout de 6 mois, la France des films ?
30:17Aujourd'hui, on voit certains de vos concurrents, dont Disney+, qui lui a fait le choix...
30:23Alors je ne sais pas si vous le voyez comme une concurrence un peu forte ou pas, qui a fait le choix de sortir de MyCanal+,
30:30aujourd'hui d'être très actif sur la chronologie des médias pour passer de 18 mois à 9 mois ou à 6 mois même.
30:36Est-ce que ça change quelque chose, vous, dans vos stratégies ? Est-ce que vous voulez garder cette logique premium ?
30:41Ou alors, comme vous l'avez dit sur les jeunes, passer aussi à une méthode de plateformisation sans engagement,
30:48qui changerait un peu le modèle qu'avait Canal+, jusqu'à présent, en France ?
30:53Donc plus généralement sur votre positionnement en France.
30:57Et deuxièmement, sur la sortie de la TNT, j'avoue qu'à titre personnel, je n'ai pas été très convaincu par l'argumentation
31:06qui a été faite au moment de votre sortie par rapport à la situation de l'ARCOM, etc.
31:11Vous l'avez dit, d'ailleurs, il y a d'autres enjeux qui me semblent beaucoup plus importants que ceux-ci.
31:15Donc en revanche, est-ce que vous pouvez nous dire maintenant comment vous voyez l'avenir du groupe sur la TNT ?
31:24Il vous reste CNews, CSTAR. Est-ce que CSTAR sans C8 a encore un intérêt ? Est-ce que vous êtes vendeur ?
31:33Quel avenir vous voyez sur la présence des chaînes Canal+, au sein de la TNT ?
31:41Et enfin, parce que je ne veux pas préempter la discussion, sur la partie fiscale, vous l'avez dit,
31:50est-ce que vous pouvez revenir sur les enjeux, d'après vous, du taux différencié de TVA et notamment sur les enjeux,
31:59le fait que vous sortiez – je rappelle pour mes collègues qu'il y a un taux de TVA à 20% pour la télévision linéaire, c'est ça –
32:04et 10% pour les plateformes à la demande. Le fait de sortir de la TNT, est-ce que finalement, il ne va pas y avoir un impact
32:12pour vous en termes de fiscalité qui sera contraire à celui que vous souhaitiez ou appeliez de vos voeux ?
32:18Et même chose sur la taxe pour le CNC qui est aujourd'hui, avec l'arrivée de nouveaux acteurs, cette taxe augmente en volume.
32:29Est-ce que vous pensez qu'aujourd'hui, vous qui êtes un acteur important du cinéma, est-ce que vous pensez que cette taxe est au bon niveau aujourd'hui
32:36pour le financement du cinéma ou est-ce que le fait d'arriver de nouveaux acteurs, elle devient trop importante ?
32:43Et enfin, dernière question sur ce point-là. Justement, est-ce que votre participation au financement du cinéma de l'ordre de 220 millions d'euros,
32:51est-ce que vous allez maintenir ce montant de financement ?
32:57Je vais justement donner la parole à notre rapporteur budgétaire sur les crédits cinéma, Jérémy Bacchi.
33:03Merci, M. le Président. Merci, M. le Président Zada, pour votre propos léminaire.
33:08Je vais rebondir, y compris sur des questions relatives au cinéma que mon collègue Cédric Vial a ébauché.
33:16Vous l'évoquiez très justement dans votre propos léminaire, Canal+, investit massivement dans le cinéma, plus que ses obligations légales.
33:24J'ai une question, c'est qu'est-ce qui ferait que potentiellement Canal+, puisse réduire ses investissements dans le cinéma,
33:34quitte à avoir une position moins favorable dans la chronologie immédiate ?
33:38Vous l'évoquiez très justement tout à l'heure, il y a une renégociation en cours.
33:42Le précédent accord est tombé il y a quelques semaines, et ça fait le lien avec la question que je voulais poser concernant Disney+.
33:49On a vu un changement de stratégie de Disney, en tout cas avec la volonté d'investir massivement dans le cinéma, plus massivement dans le cinéma.
33:58Et donc, est-ce que vous voyez ça comme, j'allais dire, une attitude plutôt agressive à l'égard de Canal+,
34:09ou par rapport à ce que vous disiez tout à l'heure sur le phénomène de dépendance ?
34:13Vous parliez du foot très justement avec La Ligue 1.
34:18Est-ce que, comme pour le foot, comme pour le sport, Canal+, est prêt sur la question du cinéma à, j'allais dire,
34:26changer, tourner la page, changer de paradigme, mais être moins dépendant au cinéma que ce que Canal a été au cours des dernières années et des dernières décennies ?
34:37Est-ce que c'est une éventualité ou est-ce que ça relève du fantasme ? Voilà, je vous remercie.
34:42Puisque vous avez également abordé les questions de sport, je vais donner la parole à Michel Savin, président du groupe d'études sur le sport.
34:51Merci, merci, Président.
34:56Monsieur le Président, vous l'avez dit, le Sénat a conduit récemment une mission d'information sur la financiation du football professionnel, dont vous avez dû avoir écho.
35:12Après avoir cherché à obtenir 1 milliard d'euros pour la saison, la Ligue française de football professionnel a vu son appel d'offres échouer
35:21et a dû malheureusement céder les droits à autour de 400 millions d'euros en moyenne sur la période 2024-2025 à Dazone.
35:29Alors que les objectifs de 1,5 million d'abonnés de la chaîne semblent presque inatteignables,
35:37la clause de sortie de Dazone laisse planer une grande incertitude sur l'avenir du football français.
35:42De fait, il est aujourd'hui difficile de bâtir des perspectives d'évolution fiables concernant la valeur des droits audiovisuels.
35:49Le groupe Canal+, diffuseur historique de la Ligue 1, a fait le choix de ne pas répondre à l'appel d'offres pour la période 2024-2029.
35:59Mes premières questions vont sur ce point-là.
36:02Cette décision est-elle due à un changement de stratégie du groupe ?
36:06Est-elle due à un prix qui est espéré par la Ligue à plus d'un milliard d'euros qui, à vos yeux, est bien trop élevé par rapport à la valeur du championnat français ?
36:17Et peut-on un jour de nouveau suivre les rencontres du championnat français de football sur votre chaîne ?
36:25Est-ce que cette décision est définitive ou la porte reste entre-ouverte ?
36:30D'autre part, dans le cadre de nos travaux, notre mission a adressé une série de 35 recommandations.
36:36Certaines concernent un sujet important que beaucoup nous ont relevé, c'est la lutte contre le piratage,
36:44qui est un enjeu majeur pour protéger les ressources du football professionnel,
36:51mais aussi l'intérêt pour les diffuseurs de venir continuer à répondre aux appels d'offres.
36:59Mais aussi, au vu des relations historiques entre Canal et La Ligue 1, je souhaitais recueillir votre avis sur deux de nos recommandations, qui sont bien plus précises.
37:08L'une propose d'introduire une incompatibilité entre la fonction de membre de conseil d'administration d'une Ligue professionnelle ou de sa société commerciale
37:17et la détention d'intérêts ou l'exercice de fonction au sein d'une entreprise de diffusion audiovisuelle.
37:24Et la seconde propose de respecter la réglementation des appels d'offres en facilitant l'attribution des droits à un diffuseur unique
37:34afin de remettre l'intérêt du consommateur au premier plan.
37:38Quel regard portez-vous sur ces deux mesures ?
37:41Vous semble-t-elle apte à prévenir les conflits d'intérêts au sein de la Ligue ?
37:45Et la seconde, à protéger l'intérêt du consommateur dans l'attribution des droits audiovisuels.
37:51Merci. Je vais vous donner la parole pour répondre à cette première série de questions, sachant bien entendu qu'il y en aura d'autres après.
37:57Est-ce que l'objectif de la sortie de la TNT, c'était le changement d'actionnariat ?
38:06Je crois qu'il y avait une question autour de ça. La possibilité donnée, non.
38:11D'abord, nous avons contesté cette analyse pour le groupe Canal+,
38:15qui nous aurait contraint potentiellement, avec nos fréquences TNT, à avoir un souci, un obstacle à notre cotation.
38:24Ensuite, je crois que, comme souvent, on a en amont donné... Je suis très souvent très transparent sur la politique de Canal+.
38:35Le problème que j'ai, c'est qu'il arrive qu'on ne me croie pas.
38:38Et en dépit de nombreux exemples, TF1, quand on s'est fâché, quand on a dit qu'on allait couper TF1, personne ne nous a cru.
38:46On a coupé TF1. Ils sont revenus à la raison.
38:49On pourra revenir sur le cas de Disney. Mais on a eu un sujet avec Disney où Disney a dû penser que Canal ne pourrait pas se passer de Disney.
38:56En réalité, Canal se passera de Disney parce que les conditions économiques qui étaient proposées étaient hors de portée pour le groupe Canal+,
39:02pour le renouvellement d'un accord éventuel avec Disney.
39:05La Ligue 1, j'y reviendrai, mais c'est de même nature. On a dit, comme vous l'avez dit d'ailleurs, en amont de l'appel d'offre qu'on n'y participerait pas.
39:13Donc je veux dire que tout était clair.
39:15Et la TNT, quand on a été auditionné avec Laëtitia Ménassé, qui est ici, notre secrétaire générale, on a été très clair.
39:21On a dit qu'à partir du moment où C8 nous ait retirés, Canal+, on l'a dit à chaque audition.
39:27On en a fait 7. Moi, il y en a une que j'ai pas faite, que j'ai ratée. Peut-être pour ça qu'on l'a eue, d'ailleurs.
39:32Mais à chaque fois, on l'a dit. On a lié, on a expliqué pourquoi. L'écosystème de la TNT de Canal+,
39:38Canal+, sur la TNT, c'est quelques dizaines de milliers d'abonnés. Ça s'est fortement réduit.
39:43Il ne fonctionnait que parce qu'il y a des revenus publicitaires liés à l'exposition TNT,
39:47avec une régie qui devait à la fois travailler sur C8 et Canal.
39:52À partir du moment où on coupe, en fait, l'essentiel des revenus publicitaires du groupe Canal+, en France, avec C8,
39:57puisque c'était l'essentiel des revenus publicitaires, et qu'on ampute considérablement le potentiel de revenus publicitaires pour Canal+,
40:04il n'y a plus d'intérêt pour Canal à rester sur la TNT, d'autant qu'on y reviendra.
40:08Il y a tout un tas de contraintes liées à cette fréquence qui, en effet, disparaissent.
40:13Donc on a été honnêtement très clairs, francs, honnêtes. Et on a appliqué. On ne nous croyait pas, je pense.
40:20Ça a surpris. Je l'ai senti dans nos échanges avec l'ARCOM, après.
40:23Mais comme à chaque fois, on avait dit ce qu'il se passerait, ce qu'on ferait.
40:26Et on a tiré les conclusions de cette décision, je le répète, de mon point de vue arbitraire.
40:30J'ai vu qu'il y avait des sursauts dans la salle. Mais s'il y a des explications dans cette salle de pourquoi est-ce que C8 a été retiré,
40:35mais formelle, hein, de l'ARCOM, je suis preneur, parce que moi, jusqu'à présent, je ne les ai toujours pas.
40:43Il y a le sujet chronologie des médias. Il y a le sujet TVA, pardon.
40:48Alors est-ce que... C'est une chaîne rentable. Et donc on n'a pas vocation à la vendre. On est très contents de ces stars comme de ces news.
40:56Et donc voilà. Je pense que sur la TNT, cette décision de l'ARCOM... En fait, ce qui est très intéressant, c'est quand on regarde...
41:04Moi, comme je l'ai dit, ça fait 20 ans que j'observe ce secteur, un peu plus même, parce que même quand j'y étais pas, je l'observais.
41:09Et on a vu... La TNT était une révolution. D'ailleurs, moi, quand je suis arrivé dans le groupe Canal+, je me souviens très bien
41:14qu'à l'époque, le président, j'avais été devant en disant qu'il faut peut-être qu'on s'occupe de ce sujet quand même.
41:17Et il m'avait dit que ça n'arrivera pas, la TNT. Il y a 4 groupes audiovisuels en France qui dominent le secteur.
41:23Il y a Lagardère, il y a Canal+, il y a TF1, il y a M6. Aucun ne veut la TNT. Donc ça n'arrivera pas.
41:28Fascinant quand on voit le pouvoir du régulateur et, en l'occurrence, la volonté de Dominique Baudis à l'époque pour mettre en place cette révolution.
41:37Et à ce moment-là, on a dit, comme souvent, le satellite va disparaître, c'est la TNT qui va supplanter toutes les technologies.
41:44Aujourd'hui, ce qu'on constate, c'est que dans tous les pays du monde, la TNT est en recul, est en régression.
41:49En fait, la diffusion par satellite qui était censée disparaître a très bien résisté parce qu'elle permet de toucher tout le territoire
41:57à des coûts qui sont relativement faibles, même s'il y a une installation, il y a un certain nombre de sujets.
42:02Mais pour le groupe Canal+, on l'observe maintenant avec notre présence dans 52 pays, le satellite se porte bien.
42:08En revanche, la TNT est en train de disparaître progressivement. Donc je pense que c'est une question de temps.
42:12Et je pense que cette décision de l'ARCOM, elle accélère en fait ce qui va se produire pour la TNT, c'est-à-dire une décroissance inexorable.
42:22Et qu'on aime ou qu'on n'aime pas, c'est 8. C'est même pas le sujet pour moi. Le sujet, c'est qu'il n'y a pas un pays au monde, à part en France,
42:32où on prend la première chaîne de la télévision et on décide de la supprimer. Ça n'existe pas. Il n'y a pas d'autre marché.
42:38On se dit qu'on a un acteur qu'on aime ou qu'on n'aime pas, 4% d'audience, ça n'existe pas.
42:44Et par ailleurs, sans préjuger de la valeur de projets qui pourraient arriver qui n'existent pas aujourd'hui,
42:51le positionnement de ces projets me semble voué à des audiences confidentielles.
42:56Et donc on a un sujet global pour la télévision qui est déjà très attaqué par les TikTok et YouTube.
43:02Est-ce qu'on aura déjà des jeunes demain qui regardent la télévision ? En l'occurrence, encore une fois, on aime ou on n'aime pas Cyril Hanouna,
43:08mais les jeunes y regardent Cyril Hanouna. En tout cas, ils le regardaient et le regarderont demain ailleurs.
43:14Il y a un vrai sujet d'adhésion d'un jeune public à la télévision. Et quand on coupe une chaîne qui est très populaire,
43:19encore une fois, qu'on aime ou qu'on n'aime pas, c'est certain qu'on se coupe de certaines populations qui ne regardent plus la télévision.
43:24Donc je pense qu'ils ont accéléré ce mouvement. Est-ce que ça joue sur la TVA ? Je ne crois pas.
43:29On a effectivement un sujet avec Bercy, de discussion qui dure depuis quelques années, où les chaînes de télévision,
43:38je parle sous ton contrôle, Laetitia, évidemment, bénéficient d'un taux réduit. Je rappelle que le taux réduit de Canal+,
43:47il est consubstantiel au financement du cinéma français, dans le premier accord à la création de Canal. C'est la contrepartie.
43:54Il est écrit dans le premier accord au cinéma, et d'ailleurs dans le dernier aussi, que la contrepartie du financement du secteur par Canal+,
44:00c'est son taux de TVA réduit, qui à l'époque était de 5,5. Ensuite, il est passé à 7. Ensuite, il est passé à 10.
44:06Et aujourd'hui, un certain nombre de personnes dans l'administration fiscale prétendent que Canal+, devrait plutôt être soumis à un taux de 20%,
44:17qui est celui des plateformes, en indiquant que Canal+, est transformé en plateforme, et donc, à ce titre, devrait être soumis à un taux de 20%.
44:24Nous le contestons, parce qu'au-delà de la TNT, indépendamment de la TNT, j'ai envie de dire, Canal+, c'est d'abord, aujourd'hui,
44:31un ensemble de chaînes linéaires en live, en direct. Et d'ailleurs, il n'y a pas de chaîne équivalente en France, aujourd'hui,
44:35qui diffuse autant de live et de linéaires que Canal+. Évidemment, dans le domaine du sport, en 2025, on diffusera plus de 500 matchs de foot,
44:46jusque le foot. Ensuite, vous imaginez toutes les autres compétitions sportives, et puis toutes les diffusions de programmes.
44:52Je parlais des émissions cinéma, tout à l'heure, de programmes de flux. On a multiplié, d'ailleurs, les émissions, en 2024.
44:58Et puis, le cinéma a diffusé en linéaire. A 21h, tous les soirs, vous avez... Enfin, presque tous les soirs, vous avez un film sur Canal+.
45:06Etc., etc. Donc, l'essentiel de Canal+, aujourd'hui, c'est de la diffusion de chaînes linéaires.
45:12L'essentiel des investissements du groupe Canal+, aujourd'hui, sont dans des contenus linéaires. Évidemment, quand Canal+, propose des plateformes,
45:21parce que c'est le cas de Netflix, à Paramount ou autre, cette portion de chiffre d'affaires-là, elle est soumise au taux de 20%.
45:28Ça, il n'y a pas de débat, il n'y a pas d'enjeu. Une partie des offres de Canal+, correspondent bien à ces 20% de TVA.
45:34Mais la question, aujourd'hui, c'est combien, et certainement pas la totalité, de notre point de vue. Voilà. On l'a dit.
45:40La totalité appliquée à un taux de TVA de 20% à Canal+, c'est à peu près 200 millions d'euros de coûts supplémentaires pour Canal+.
45:47Un groupe qui perd de l'argent en France, en fait, qui est toujours déficitaire. On va mieux que les 250 et les 400 millions que j'évoquais tout à l'heure.
45:53Mais le groupe, en France, est toujours déficitaire. Ce qui nous conduit, d'ailleurs, à ne pas avoir le choix.
45:58Et que quand la décision de non-renommement de C8 tombe, on est obligé de licencier près de 200 personnes, plus de 200 personnes, même, dans le groupe Canal+.
46:09Et un total de 700 emplois directs, indirects, qui vont être touchés par cette décision et qui vont perdre leur emploi, quand je compte les prestataires et les intermittents.
46:16Voilà. On n'est pas en mesure d'absorber des chocs comme ça, ni aujourd'hui, ni dans un avenir proche.
46:23Le cinéma et Disney. Alors comme on l'a dit – je crois que j'ai essayé de l'expliciter pendant mon propos liminaire – la pérennité, le long terme...
46:37En fait, on est obligé aujourd'hui, pour survivre et se développer dans le monde des géants – donc je disais Netflix a 302 millions d'abonnés – d'avoir une vision de long terme.
46:45Et surtout quand on est Canal+, et qu'on a failli disparaître plusieurs fois dans son existence. C'est une obsession, le long terme.
46:51Et d'où la signature des droits jusqu'en 2029, 32 pour le rugby, la signature d'accords cinéma très longs avec les studios américains, la signature des droits le plus long terme possible.
47:01Canal est là, s'inscrit dans la durée, comme je l'ai dit, auprès des partenaires de la filière.
47:05On a aujourd'hui choisi le cinéma comme axe majeur de différenciation du groupe Canal+, français, européen et américain,
47:16puisqu'on avait l'année dernière des accords avec tous les studios hollywoodiens. C'était la première fois depuis 1996 que Canal+, avait une telle situation.
47:25En 2023, les 100 premiers films du box-office en salle, en France, ont été diffusés sur Canal+, en 2024.
47:32C'est les 100 premiers. De 1 à 100. C'est du jamais vu.
47:37Toutes les plateformes américaines ont choisi un régime audiovisuel. Vous savez que, contrairement à Canal+, les plateformes ont la possibilité de choisir un régime cinéma ou audiovisuel.
47:48Elles ont toutes choisi un régime audiovisuel, et donc avec des obligations plus importantes en audiovisuel, et en contrepartie une place dans la chronologie des médias moins favorable que celle de Canal+.
47:57Je vous explique quelque chose que vous savez déjà, mais je m'adresse à l'ensemble des gens ici, juste pour rappeler la situation.
48:02Quand nous n'avons pas renouvelé l'accord avec Disney, cet accord comportait trois composantes essentielles.
48:09Il y avait des chaînes Disney disponibles sur la plateforme Canal, qui ont disparu de la plateforme Canal.
48:14Il y avait des films de Disney qui étaient disponibles en exclusivité sur Canal+, et puis il y avait un accord de distribution de Disney+, que Canal+, était le principal distributeur de Disney+, en France.
48:24Disney a choisi de manière opportuniste et tout à fait logique et rationnelle de basculer en mode cinéma. Pourquoi ? Pour pouvoir diffuser ses films, puisqu'ils rejoignent sa plateforme, plus tôt dans la chronologie des médias.
48:39Vous avez dit investissement massif. Là, je suis un peu plus circonspect, parce qu'on parle de 35 millions d'euros par an. C'est important. Je ne le mets pas tout à fait dans la catégorie massif, encore pour l'heure.
48:50Et ça, nous, on est habitués à avoir des acteurs qui se positionnent, qui sont concurrents. Vous avez dit vous-même, est-ce que c'est un concurrent ? Est-ce que ce n'est pas un concurrent ?
48:59Et chez Canal+, on est exactement comme ça, dans ce même état d'esprit. Est-ce que c'est un concurrent ? C'est un partenaire ? C'est un concurrent ?
49:04Si on ne sait pas gérer l'ambiguïté chez Canal, on ne tient pas longtemps. Donc moi, un concurrent comme Disney qui s'introduit, qui finance du cinéma français, tant mieux. J'ai aucun souci avec ça.
49:17Là où je commence à avoir un souci, c'est quand les organisations viennent nous voir. On nous disait potentiellement que Disney sera à 6 mois dans la chronologie des médias pour un montant de 35 millions d'euros,
49:26quand Canal+, ça quitte de 220 millions d'euros. Là, j'ai un souci. Voilà. C'est pour ça qu'encore une fois, j'étais très explicite.
49:33À chaque opportunité que j'ai eue de parler, notamment au moment de l'introduction en bourse de Canal, je l'ai dit. D'abord, ça fait quand même 3 ans que je vais sur toutes les radios de France et en presse pour dire
49:43les 220 millions de Canal, je suis prêt à les reconduire pour 5 ans. Quand on a acheté OCS, on a pris les obligations d'OCS en plus. C'est vraiment 220 millions.
49:54Donc c'est plus d'un milliard, 1,1 milliard à peu près, qu'on était prêts à signer, qu'on était prêts. Pendant des mois, on a rencontré des organisations en disant
50:01« Mais signons ça ». Mais quand je disais « Il n'y a pas de vision de long terme ici », je parlais de l'ensemble de l'écosystème et dont celui des organisations du cinéma qui n'ont pas souhaité signer cet accord
50:11et qui sont ensuite revenus nous voir en nous disant « Disney a 6 mois potentiellement pour 35 millions d'euros ». Donc là, évidemment, on n'était pas contents. Voilà.
50:17Donc aujourd'hui, on en est où ? On attend de savoir. On comprend maintenant que Disney sera potentiellement à 9 mois. Mais on attend. On ne sait pas formellement.
50:27On ne sait pas où seront les autres. On ne sait pas où est Netflix. On ne sait pas où sont les autres plateformes. Évidemment, le montant alloué par Canal+,
50:35par Canal+, est dépendant de sa position dans la chronologie. Moi, je ne demande qu'une chose. C'est que les montants soient proportionnés à la place dans la chronologie.
50:43Et c'est là où on a un petit sujet, parce que si Disney est à 9 mois pour 35 millions d'euros, il y a un sujet pour Canal+, des 220 millions d'euros à 6 mois. Voilà.
50:51Cette offre n'est plus sur la table aujourd'hui. Donc de mon point de vue, elle baissera nécessairement. La question, c'est combien ? Les obligations de Canal+, l'assiette d'obligations de Canal+, aujourd'hui,
51:08conduit à une centaine de millions d'euros d'investissement d'obligations. Voilà. Donc on était à 220. L'obligation, elle est autour de 100. Et ça, c'est aujourd'hui,
51:18parce que comme je le disais tout à l'heure, le modèle généraliste de Canal+, favorise le financement de Canal au cinéma français,
51:25parce que dans Canal+, vous avez la Ligue des champions que je citais, pour lequel Canal+, acquitte d'un montant près de 500 millions d'euros par an,
51:35qui contribue largement au chiffre d'affaires de Canal+, et donc à son assiette de chiffre d'affaires, qui est soumise au pourcentage que j'évoquais tout à l'heure.
51:42Donc aujourd'hui, les obligations de 100 millions, elles sont calculées sur la totalité du chiffre d'affaires de Canal. Si demain... Et c'est pareil.
51:49On me dit que c'est une menace, tu le feras jamais, etc. Mais en fait, on est à l'étude. Si demain, Canal+, sépare le sport et le cinéma dans son modèle,
51:56l'obligation est divisée par deux. Donc les 100 millions deviennent mécaniquement 50. Voilà. Donc la question aujourd'hui pour les organisations du cinéma,
52:05elle se pose pour elle. Parce que nous, encore une fois, on s'adaptera. On est obligés de s'adapter. Donc on s'adaptera. Est-ce qu'elles préfèrent un modèle
52:13dans lequel Canal+, contribue largement et y a une forme de dépendance, il faut reconnaître, du cinéma français vis-à-vis de Canal ?
52:19Ou est-ce qu'elles veulent se libérer de cette dépendance, mais prendre le risque de perdre 150 ou 200 millions d'euros d'investissement du groupe Canal ? Voilà.
52:29La Ligue 1. Ça fait longtemps qu'on n'en avait pas parlé. Pourquoi est-ce qu'on a dit qu'on se positionnerait pas sur l'appel d'offres ?
52:41Parce que de notre point de vue, je rappelle qu'il y avait un préjudice que Canal+, a subi quand les droits... 80% des matchs ont été concédés à Amazon
52:49pour 250 millions d'euros par an, alors que Canal+, devait s'acquitter 332 millions d'euros par an pour 20% des matchs. Et pendant des années, 3 ans exactement,
52:57on a subi ce préjudice. Et on a toujours été là aussi clair en disant que s'il n'y avait pas compensation d'une manière ou d'une autre de ce préjudice,
53:04Canal+, ne se positionnerait plus sur les droits de Ligue 1. Donc tant qu'il n'y a pas eu compensation de ce préjudice, et d'ailleurs nous sommes en cassation,
53:14Voilà. Retour, pardon, tu as raison, au tribunal, à la cour d'appel, en ce moment. Donc l'affaire n'est pas complètement close.
53:22Canal+, ne reviendra pas sur la Ligue 1. Après, mon point de vue sur la situation actuelle, c'est qu'en effet, c'est très compliqué pour Dazone
53:36de retrouver une équation économique avec le montant investi aujourd'hui. Je crois qu'il faut déjà, à chaque fois, moi j'ai été dans cette situation,
53:47remercier Dazone d'être présent et d'avoir accepté et d'avoir consenti 400 millions d'euros ou 330 la première année pour la Ligue 1 et 100 millions de BeinSport.
53:57Parce que sinon, voilà. Mais je pense qu'on n'est pas au bout de l'histoire. Je pense hélas que la situation va continuer à se dégrader.
54:04Parce que si Dazone n'arrive pas à boucler économiquement, à un moment, la réalité économique s'impose à tous les acteurs, y compris Dazone.
54:12Donc je pense pas qu'on soit au bout de l'histoire. Il n'y a pas de décision définitive chez Canal. Il n'y a pas de décision définitive.
54:22Les décisions, elles dépendent des circonstances. Voilà. Donc pour répondre à votre question, est-ce que la porte est entre ouverte, je dirais non.
54:27Est-ce qu'elle peut s'ouvrir demain ? Ça dépendra des conditions. Mais il n'y a pas de décision définitive. On s'adapte, comme je le disais.
54:34Sur vos recommandations, incompatibilité entre le commercial et le diffuseur, je vois ce que vous visez. Honnêtement, je ne connais pas les détails.
54:46Il y a des choses un peu étonnantes, certes. Et d'ailleurs, j'ai loué le travail indépendamment des intérêts particuliers du groupe Canal+.
54:55Dans ce sujet, vraiment, je vous félicite. J'ai rarement vu un travail aussi rigoureux, juste et important pour le foot français, ce que vous avez fait.
55:06Donc au-delà des deux recommandations que vous évoquez, de mon point de vue, je soutiens la quasi-totalité de vos recommandations.
55:14Sur l'appel d'offres... Alors c'est cocasse, parce que j'étais... Fut un temps, j'étais devant le conseil de la concurrence. Ça s'appelait même pas l'autorité.
55:24Et on m'expliquait qu'en fait, Canal+, c'était une catastrophe, parce qu'on détenait 100% de la Léguin et qu'il fallait absolument... Voilà.
55:32Et moi, j'essayais de défendre qu'en fait, c'était le meilleur moyen de garantir le prix le plus bas. Bon. Le problème, c'est que si on fait sauter tous les verrous,
55:42on peut se retrouver avec un acteur demain chinois – on l'a vu, hein – avec Médiapro qui s'accapare 100% de la Léguin. Et là, on a un autre sujet.
55:50Donc je pense qu'il faut faire attention à ça. Nous, on avait milité pour qu'une part significative des droits... En fait, que l'ensemble ne puisse pas
55:59justement être accessible à un opérateur extra-européen et qu'une part significative des droits puisse être allouée à des acteurs... On faisait la différence
56:05entre extra-européens et intra-européens, au-delà de Canal+, du cas spécifique de Canal+. La plateformisation, c'est pas mon choix. S'orienter vers des contenus internationaux,
56:14c'est pas mon choix. Mon choix, je l'ai dit, ça aurait été de renouveler l'accord à 220 millions et de continuer ce pari sur le cinéma français et européen.
56:23Est-ce que dans ce nouvel environnement avec Disney à 9 mois, j'ai la possibilité, nous avons la possibilité de continuer à le faire ? Peut-être. Mais c'est mon souhait. Au départ, c'est ça.
56:34Enfin, je crois que dans mes propos, dans les noms des artistes que j'ai cités tout à l'heure, j'espère qu'on ressent la passion qu'on a tous chez Canal, que j'ai et qu'on a tous.
56:42C'est quasiment une condition d'embauche, soit pour le cinéma, soit pour le sport, et le plus souvent pour les deux. Donc on aime ces contenus. On est attachés au contenu français.
56:51Je l'ai dit, le cinéma français, il rayonne comme aucun autre. On le souligne pas assez. Et tout ce que vous avez fait ici sur le crédit d'impôt était nécessaire.
57:00Je ne suis pas en train d'attaquer le CNC. Quand je dis « simplement », on a un sujet d'assiette où l'assiette du CNC a été élargie, vous le savez.
57:08Et au-delà de ce qu'on contribuait, on nous a rajouté 30 millions d'euros, ce qu'on a trouvé un peu gonflé. Le prix de l'abonnement, on est très soucieux.
57:15Alors oui, ils ont introduit des offres avec pub. Mais enfin, grosso modo, toutes les plateformes en augmentent maintenant.
57:21Ça, c'est la classique américaine. C'est-à-dire qu'on prend de la part de marché, on perd de l'argent. Une fois qu'on a la part de marché, on augmente les prix.
57:26Et là, on va se retrouver... Vous verrez. La vision... Je crois qu'on commence à le voir. La vision de Netflix, qui est exceptionnelle. L'exécution, la vision est exceptionnelle.
57:34C'est de se substituer à la télévision. C'est pas de se substituer à Canal+, à TF1, au machin. C'est de se... Et donc, quand vous regardez ce qui est dépensé par les foyers français en télévision,
57:42c'est ça qui est visé par Netflix. Et vous le voyez avec des augmentations très régulières d'un euro ou deux euros par an de toutes les plateformes.
57:49Donc je pense que ces plateformes, elles vont très rapidement rejoindre les prix de Canal. Canal, dans le même temps, a baissé ses prix. Je le disais tout à l'heure.
57:57Les économies qu'on a réalisées à l'époque, on les a réinvesties dans une baisse de prix d'accès de Canal. Moi, je l'ai vécue. J'étais directeur du marketing.
58:03Le premier prix d'accès de Canal, c'était autour de 30 euros. Aujourd'hui... Et on a renouvelé les offres. Le premier prix d'accès de Canal, c'est 19,90.
58:11Et pour les jeunes, c'est presque la moitié de ça. Donc on est très soucieux du prix et de l'accès à la culture. Madame a souligné, Madame la sénatrice a souligné à la fondation Canal+.
58:21C'est effectivement exactement la mission de la fondation. C'est cet accès à la culture, d'élargir l'accès à la culture. On a un projet absolument formidable qui est le premier projet de la fondation,
58:29qui est un camion qui va se balader partout en France et dans lequel on va projeter des films pour des villages qui n'ont pas accès à des cinémas très proches. Voilà.
58:40Merci de nous avoir suivis. Vous pouvez retrouver cette audition sur notre site internet publicsenat.fr. Restez bien sur notre antenne.

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