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Spurs contre Indiana, mais surtout Victor Wembanyama. Six mois après la finale malheureuse des Jeux olympiques contre Team USA, l'intérieur français de San Antonio revient jeudi à Bercy en star absolue, assuré de capter tous les regards dans le match qui l'opposera aux Pacers. Le jeune basketteur répond aux questions de France Inter.

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Transcription
00:00Bonjour Victor Wembayama, soyez le bienvenu sur France Inter.
00:03Vous êtes un très fin joueur d'échecs, il n'y a pas très longtemps,
00:06on vous a même vu jouer...
00:08Pas de débutant, mais pas non plus intermédiaire.
00:12Alors d'accord, si à des auditeurs qui ne connaissent pas le basket,
00:16comment vous décririez votre jeu en utilisant les échecs ?
00:20Est-ce que vous vous jouez par exemple comme une tour, comme un cavalier,
00:23comme une reine, comme un fou ?
00:25J'imagine qu'on aimerait tous dire qu'on joue comme une reine.
00:30C'est plus compliqué que ça.
00:34Mais pas comme un roi en tout cas, c'est sûr.
00:38Comment vous avez commencé à jouer aux échecs ?
00:39Ce qui est marrant, c'est que j'étais chez mes parents dernièrement
00:42et j'ai retrouvé mon premier jeu d'échecs que j'ai eu quand j'avais à peu près 7 ans.
00:47Et je ne sais plus, c'est ma famille qui me l'a offert je pense.
00:51Alors vous êtes devenu un phénomène sportif, défiant toutes les statistiques.
00:56Il y a une question que beaucoup se posent, c'est est-ce que vous avez un point faible ?
01:00Un point faible ?
01:03Disons que si j'en ai, je bosse dessus pour les compenser et pour que ce ne soit plus des points faibles.
01:13Mais c'est compliqué.
01:15Et s'il y en a un ?
01:17Par exemple, quand on est dans la raquette, quand on est sous le panier
01:20et que toute la défense se resserre autour de vous, là c'est dur ?
01:25Oui bien sûr, mais si toute la défense se resserre, ça veut dire qu'il y a des coéquipiers à moi qui sont ouverts.
01:30Donc le bon choix, c'est de sortir le ballon et d'aller chercher.
01:34Mais est-ce que parfois vous vous dites que dans le monde entier,
01:36on est en train de concevoir des plans anti-OMB ?
01:40C'est-à-dire des plans pour vous contrer.
01:41C'est-à-dire toutes les équipes américaines de la NBA,
01:44mais aussi les équipes européennes que vous allez affronter dans l'Euro.
01:48Il y a ça ? Il y a des plans de défense anti-OMB ?
01:50Bien sûr, on doit faire avec.
01:53Mais justement, une des choses sur lesquelles il faut qu'on s'améliore,
01:59c'est de punir ces plans parce qu'on ne peut pas...
02:02Si on met deux défenseurs sur un joueur, c'est-à-dire qu'on en a un de moins derrière.
02:07Donc il faut apprendre à punir ces choix de la défense.
02:11La dernière fois que le grand public français vous a vu, c'est au JO.
02:14C'était dans cette salle, sur ce parquet.
02:17C'était cet été.
02:19C'est le coup de sifflet finale, la finale contre les Américains.
02:23Ici, on vous a vu pleurer, pleurer, pleurer toutes les larmes de votre corps.
02:27Nous, on pleurait avec vous derrière la télévision,
02:31surtout quand vous vous êtes précipité dans les bras de votre maman.
02:33C'était une séquence hyper émouvante.
02:36Et sur le parquet, il y a une immense légende parmi les Américains,
02:41c'est Kevin Durant.
02:42Et on voit un moment qui vous prend un part, que vous vous parlez l'un à l'autre.
02:47Vous prenez quelques minutes, il vous parle à l'oreille.
02:50Qu'est-ce qu'il vous dit ?
02:51Le classique, bien entendu.
02:54Bonne chance, continue ce que tu fais, etc.
02:56Mais ma volonté, c'est aussi de lui montrer du respect.
03:02Et aussi que j'aimerais bien apprendre certaines choses de lui.
03:08Ce genre de choses.
03:10Parce qu'il fait partie des joueurs très grands, très fins.
03:14Il a 36 ans aujourd'hui, mais ça fait partie de vos modèles.
03:16Bien sûr, un jeu unique et que personne n'a réussi à arrêter depuis qu'il est là.
03:23Et il n'y a pas un moment où vous vous êtes dit rendez-vous à Los Angeles en 2028.
03:28Lui, je pense qu'il ne jouera plus probablement.
03:31On ne sait pas.
03:31On ne savait pas. C'est le modèle LeBron James.
03:35C'est les increvables de la NBA.
03:37Un vrai passionné.
03:38C'est un vrai passionné.
03:39Et donc, vous vous dites que peut être vous pouvez aller gagner chez eux la prochaine fois?
03:43Bien sûr, c'est même si avant il y a des échéances, il faut se qualifier pour les JO.
03:49Mais oui, bien sûr, c'est en tant qu'équipe de France, on a ce standard.
03:53On rentre dans une compétition, on y rentre pour gagner.
03:56Alors là, j'ai une question plus personnelle.
03:59C'est que quand on est en dehors des normes depuis tout petit comme vous,
04:04c'est à dire quand vous aviez 11 ans, vous mesurez un mètre 91 et puis vous devenez précis.
04:1291. Je me trompe.
04:1491. Et puis, vous devenez très rapidement un des trois joueurs les plus regardés sur les réseaux sociaux.
04:20Vous n'êtes même pas encore arrivé en NBA.
04:23Et puis, vous défiez tellement les statistiques qu'on vous appelle l'alien, c'est à dire l'extraterrestre.
04:27Est ce que Victor Wembayama, vous sentez une sorte d'injonction à être extraordinaire?
04:33Oui, mais oui, depuis toujours, j'ai envie de dire.
04:37C'est quelque chose qui est vraiment inscrit profondément en moi.
04:43C'est cette volonté de faire les choses différemment, pas seulement pour être différent,
04:48mais pour éviter de faire les mêmes erreurs que la jeunesse, que les jeunes de mon âge,
04:54pour éviter de perdre mon temps et avoir mené une vie spéciale, vraiment exister.
04:59Donc, c'est une volonté. Ce n'est pas quelque chose qu'on vous, ce n'est pas une pression qu'on vous colle.
05:04Parce que la NBA mise sur vous, les sports mis sur vous, l'équipe de France mis sur vous,
05:10le basket français mis sur vous.
05:11Mais c'est plus facile de rentrer dans un moule. Ce n'est pas ce que je veux faire.
05:15Et quand on mesure 2 mètres 22, on peut rentrer dans un moule.
05:21Dans le milieu dans lequel on est, il y en a d'autres de ma taille.
05:25Oui, on peut rentrer dans un moule.
05:26Mais même aussi quelque chose qui a été notamment motivé par cette différence depuis toujours,
05:33c'est aussi le fait de vouloir justement faire la différence par autre chose que la taille.
05:40Et vous vous dites que vous pouvez changer le basket ?
05:42Oui, bien sûr que changer le basket.
05:46Après, tout dépend du sens qu'on y met.
05:51Alors, quel sens vous y mettez ?
05:52Le basket français, j'ose espérer, pas par moi-même,
05:57mais à l'aide de personnes influentes du basket et du sport français.
06:03Bien sûr, c'est une de mes volontés de développer le basket en France
06:07et de le rendre plus prépondérant dans la culture.
06:11Il y a aussi avec l'idée de venir, donc vous, vous poussez pour que la NBA vienne jouer en France.
06:19Vous poussez pour que vous, vous veniez jouer en France avec la NBA.
06:22En fait, vous voulez embarquer le public français dans votre aventure américaine ?
06:25Bien sûr, donc d'une part, il y a le public très fidèle à la NBA,
06:30qui attend toute sa vie, qui veut être fan de la NBA.
06:33Mais c'est de l'autre côté de l'Atlantique.
06:35C'est à trois heures du mat' les matchs, donc c'est compliqué.
06:37De ce côté là, il y a ses fans.
06:39Et d'un autre côté, il y a aussi ceux qui ne connaissent pas forcément,
06:42ceux qui connaissent seulement les grands noms et voilà, qu'on essaye de rameter.
06:47Vous, vous êtes arrivé en France.
06:49La première chose que vous avez faite, c'était d'aller inaugurer un terrain au Chenet,
06:53en banlieue parisienne, là où vous avez grandi.
06:56D'ailleurs, je crois qu'ils sont en partie ces deux nouveaux terrains financés par un prêt,
07:01accordé par votre club américain.
07:03Et donc, est-ce que c'était le genre de terrain dont vous rêviez quand vous étiez petit,
07:07avec votre petit frère, votre grande sœur ?
07:09Bien sûr, j'ai combien j'en ai des souvenirs d'avoir eu malheureusement à escalader des grilles
07:16pour rentrer dans un playground.
07:19Et pour au final avoir des paniers sans filet, avec des paniers à moitié détruits.
07:25Donc, avoir un terrain en libre accès, de qualité, c'est bien sûr que c'était un rêve.
07:31Et alors, maintenant que vous avez accès à tous les terrains du monde à peu près,
07:37donc vous avez une grande sœur qui s'appelle Eve, qui est basketeuse aussi,
07:40qui joue en club et qui agit en équipe de France.
07:42Vous avez un petit frère qui s'appelle Oscar, qui joue en club.
07:45Vous jouez encore tous les trois ?
07:47L'occasion se présente rarement, mais oui, bien sûr.
07:51Et ça donne quoi alors ? Ils ne vous font pas de cadeaux ?
07:54Non, bien sûr que non.
07:57Là, vous, vous n'avez pas voulu me dire vos points faibles, mais eux, ils les connaissent ?
08:01Je ne sais pas, eux, ils connaissent mes points faibles.
08:04Eux, ils savent comment me piquer.
08:07C'est ça, ils savent ce qui se passe là, dans la tête.
08:10OK, d'accord.
08:12Il y a une autre grande star dans l'équipe des Spurs, qui est même une légende.
08:17C'est votre coach historique, Greg Popovich.
08:22C'est une personnalité, alors lui aussi, c'est une personnalité assez hors normes.
08:26Pour le public français qui ne le connaît pas, vous pourriez faire un petit portrait de lui ?
08:30Greg Popovich, c'est une icône du basket, de l'NBA,
08:35un des coachs avec le plus de succès dans les dernières années de l'histoire
08:40et qui est à l'origine de cette dynastie qu'il y a eu chez les Spurs pendant des années.
08:46Parce que Tony Parker est passé avant vous.
08:50Et un coach réputé pour être très fort techniquement, bien entendu,
08:54mais sans pitié en termes d'honnêteté et d'intensité.
09:01C'est ça, il parle avec beaucoup de rudesse aux joueurs, il engueule.
09:07Oui, bien sûr, même si je pense que c'était encore pire à l'époque.
09:11Mais sa force principale, c'est d'être proche de ses joueurs et de les connaître.
09:15Parce que c'est facile de crier sur un joueur, mais d'être pertinent.
09:20Alors qu'est-ce qu'il vous a appris ?
09:21Pour moi, c'était la meilleure.
09:26Il m'a appris la bonne manière de rentrer dans sa carrière et de commencer les matchs.
09:32Et il m'a évité de faire certaines erreurs dans ma première NBA.
09:38Parce qu'en termes de technique, vraiment de jeu, quand vous avez quitté le Valois-Perret,
09:43vous étiez quasiment prêt en réalité ?
09:46C'est dur à dire parce que ça veut dire quoi après ?
09:49Parce que la majorité des joueurs ne gagnent jamais le lap de bague.
09:54Donc oui, est-ce que j'étais prêt à vivre une saison NBA ? Oui.
10:00Et à performer, oui.
10:02Mais la preuve en est qu'on n'était pas prêt à gagner, c'est sûr.
10:06Alors, qu'est-ce qui se passe en Amérique ?
10:08Qu'est-ce qui se passe dans le basket américain ?
10:10Victor Wenbaïama, depuis 2019, il n'y a pas un Américain qui a été sacré MVP,
10:16c'est-à-dire meilleur joueur de la saison.
10:19On assiste au triomphe d'un grand joueur serbe, au triomphe d'un grand joueur grec.
10:25D'ailleurs, qu'ils vont se battre cette année pour savoir
10:28qui est le meilleur, de Nicolas Jokic à Yanis Antetokounmpo.
10:33Qu'est-ce que le basket européen,
10:35qu'est-ce que les joueurs européens apportent au basket américain ?
10:38Qu'est-ce qu'ils apportent à l'Amérique ?
10:39Question très intéressante.
10:42Donc voilà, oui, avec beaucoup, j'ai un vrai avis sur cette question.
10:47Mais il y a beaucoup de paramètres techniques dans la formation des joueurs.
10:53Mais je pense que c'est, pour résumer,
10:55les joueurs européens ont la possibilité de jouer contre les meilleurs joueurs du monde hors NBA
11:01dans leur apprentissage.
11:03Luka Doncic, le meilleur joueur d'NBA,
11:06il jouait en EuroLeague, la deuxième meilleure ligue du monde.
11:10Il a été MVP des finales d'EuroLeague quelques semaines ou mois avant sa draft.
11:17Donc en clair, c'est le moment où il passe en NBA.
11:19C'est ça.
11:21Donc en clair, il était potentiellement le meilleur joueur du monde hors NBA
11:25avant d'entrer en NBA.
11:26Comparé à un joueur américain qui serait obligé de jouer contre des joueurs de son âge.
11:30Parce qu'il n'y a pas de ligue professionnelle hors NBA aux Etats-Unis.
11:33Il n'y a que des ligues jeunes versitaires.
11:34Donc en fait, un joueur américain, tant qu'il n'est pas en NBA,
11:38en fait, il joue avec des bons joueurs, mais pas des joueurs d'exception.
11:42Un joueur européen, il rencontre des joueurs d'exception.
11:45Et oui, il rencontre des joueurs d'exception et beaucoup de joueurs qui étaient en NBA
11:48qui sont maintenant en EuroLeague.
11:50Donc il joue contre les meilleurs joueurs du monde hors NBA.
11:53Alors j'ai une dernière question.
11:54Vous adorez faire des Legos, comme les petits, comme moi, quand j'étais petite.
11:57C'est quoi le truc le plus dingue que vous ayez construit et fabriqué avec des Legos ?
12:02Le AT-AT Walker de Star Wars, épisode 5.
12:05Un vaisseau ?
12:06C'est un...
12:08Ouais, un vaisseau. Un vaisseau terrestre.
12:10Non, non, non, expliquez, expliquez.
12:12Les fans de Star Wars en connaîtront dans la bière contre-attaque.
12:14C'est le véhicule à quatre pattes qui attaque la base sur Hoth.
12:17Ça, entièrement fabriqué en Lego, ça prend combien de temps ?
12:21Plus d'un an.
12:22Parce que je suis tout le temps en déplacement et voilà,
12:27je n'ai pas vraiment le temps de m'y mettre.
12:28Mais sinon, ça prend quelques jours, semaines.
12:31OK, merci Victor Wembayama.
12:35Merci d'être venu sur France Inter.
12:37Merci.

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