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00:00Bienvenue au Coeur du Crime, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:08Savez-vous que plus d'un tiers des crimes et délits commis en France sont traités par la gendarmerie nationale ?
00:18Je m'appelle Jan Kermadek, je suis commandant de gendarmerie.
00:27Je dirige une section de recherche dont la mission essentielle est une mission de police judiciaire.
00:42L'histoire que je vais vous raconter est une histoire vraie.
00:46Tous les faits sont réels et se sont déroulés en France.
00:50Seuls les noms des personnes et des lieux ont été changés.
00:57Depuis que je suis lieutenant de police, j'ai remarqué que le téléphone sonne toujours soit juste avant que je ne parte déjeuner, soit juste après.
01:07Tenez, comme aujourd'hui par exemple.
01:10À peine ai-je le temps de saisir la poignée de la porte que ce fichu oiseau de mauvaise augure se met à sonner.
01:16C'est mieux après le déjeuner, allez-vous dire.
01:19Pas sûr.
01:21Pas sûr.
01:23Je préfère toujours être sur les lieux d'un meurtre avant qu'après.
01:28Allô, lieutenant de police Pachinon, j'écoute.
01:32Entre deux sanglots, je reconnais la voix de madame Marple, la gouvernante du vieux George Devon.
01:40Allô, lieutenant, oh c'est affreux.
01:44Monsieur Devon est assis dans son bureau.
01:46Il a un couteau planté dans le dos.
01:49Bon sang.
01:51George.
01:53George Devon, un vieil ami.
01:56Quand cela s'est-il produit, madame Marple ?
01:59Oh, pas plus de quelques minutes, lieutenant.
02:03Malgré ma peine, je formule la question suivante avec le maximum de tact et d'attention.
02:10Madame Marple, savez-vous qui l'a tué ?
02:14Oh, lieutenant, je pense que ça doit être un des jumeaux.
02:19Un des jumeaux ? Vous en êtes sûre, madame Marple ?
02:23Je l'ai vu se sauver à travers la pelouse, lieutenant, juste avant de découvrir le pauvre monsieur Devon.
02:30Un des jumeaux ? Pourriez-vous dire lequel, madame Marple ?
02:34Oh, lieutenant, ils se ressemblent tellement.
02:39J'en attends pas davantage.
02:42Je m'appelle le sergent Rickles, le spécialiste des empreintes digitales,
02:46et ensemble nous filons à la propriété de George Devon.
02:50Le pauvre George est assis à sa table de travail, affalé.
02:55Un couteau de cuisine planté dans le dos.
02:59George et moi jouions souvent aux échecs.
03:02Nous avions même une partie en cours, une partie que nous ne finirons jamais.
03:09Madame Marple, qu'est-ce que c'est que cette histoire d'un des jumeaux qui quitte la maison en courant ?
03:17Au lieu d'obtenir une réponse de madame Marple, j'entends quelqu'un dans mon dos.
03:23Oui, qu'est-ce que c'est que cette histoire d'un des jumeaux qui quitte la maison en courant ?
03:29Cette question a été posée par l'un des jumeaux.
03:32En effet, ils nous observent tous deux de la porte-fenêtre qu'ils donnent sur le jardin.
03:38Mon Dieu, pour des jumeaux, c'est des jumeaux.
03:41Même vêtement, même voix, même attitude.
03:45Impossible, rigoureusement impossible de les distinguer.
03:50Tandis que je les observe, je vois leurs regards comme s'ils ne faisaient qu'un,
03:55se tourner vers le corps affalé de leur oncle.
03:59« Mais que se passe-t-il ? » demande l'un d'eux.
04:03« Votre oncle, monsieur Devon, vient d'être assassiné, monsieur. »
04:09Ils sont intelligents, les jumeaux.
04:12Ils savent que je les connais suffisamment pour ne pas tenter de simuler un chagrin quelconque.
04:18Oui, je vois, lieutenant.
04:20Et madame Marple a vu l'un de nous s'éloigner en courant de cette maison.
04:24Vous en déduisez tout naturellement que l'un de nous ne peut qu'être l'assassin.
04:28Doucement, doucement, monsieur.
04:30Je ne fais qu'arriver. Laissez-moi au moins le temps de prendre la déposition des témoins.
04:35Pendant ce temps, le sergent Rickles prendra les empreintes.
04:39Tenez, vous d'abord, madame Marple.
04:43Bien que peu aisé, le récit de la gouvernante est simple.
04:48Après un déjeuner pris seul, monsieur Devon s'est retiré dans son bureau pour écrire une lettre au gouverneur.
04:55De sa cuisine, madame Marple a entendu un cri.
04:58D'abord pensait qu'il provenait du jardin, aussi a-t-elle regardé dehors,
05:02juste à temps pour voir un des neveux s'enfuir en courant.
05:08Maintenant, vous pouvez comprendre votre position, n'est-ce pas ?
05:12Dis-je aux jumeaux.
05:14Un témoin visuel a situé l'un d'entre vous à proximité du lieu du crime,
05:19à l'heure où il a été commis.
05:21Qui plus est en train de fuir en courant.
05:24Attitude suspecte, s'il en est.
05:27Lieutenant, pour ce qui me concerne, j'ai un parfait alibi.
05:30Me dit l'un d'eux.
05:32Mais je vous écoute, monsieur.
05:34Mais d'abord, lequel êtes-vous ?
05:37Je suis Donald, lieutenant.
05:39Eh bien, je vous écoute, Donald.
05:42J'étais au Shaggy Burr, lieutenant.
05:44Le Shaggy Burr, l'auberge, monsieur ?
05:47Précisément, lieutenant.
05:48J'étais en compagnie de Sally Fender.
05:50Elle témoignera pour moi, si vous lui demandez.
05:52J'étais à l'ouverture, je l'ai quitté il y a dix minutes à peine.
05:56Oui ?
05:57Admettons, monsieur.
05:59Mais vous êtes arrivé ici avec votre frère.
06:02Où est-ce que vous l'avez rencontré ?
06:04J'ai rencontré David au garage Allen.
06:06On est en train de réviser la Jaguar.
06:08Nous pensions à ce propos avoir une conversation avec l'oncle George.
06:11C'est pour cela que nous sommes rentrés à la maison tous les deux.
06:15Une conversation, monsieur ?
06:17Oui, lieutenant.
06:19Nous avions l'intention de demander à oncle George de nous offrir une deuxième Jaguar.
06:23Partager tout le temps la même voiture n'est guère commode, vous comprenez ?
06:27Détestable blanc-bec.
06:30Oser dire ça en présence de la victime.
06:34Mon Dieu, si je ne me retenais pas.
06:37Eh bien, vous n'aurez plus ce problème, messieurs.
06:40Voici désormais les principaux bénéficiaires de sa fortune.
06:44Vous n'allez tout de même pas insinuer que nous l'aurions tué pour une question d'automobile, lieutenant.
06:49Automobile, peut-être pas, monsieur, mais...
06:52héritage, certainement.
06:54Vous n'avez pas le droit, lieutenant !
06:56C'est vrai, monsieur, j'ai pas le droit.
06:58Sans preuve, je n'ai pas le droit.
07:00Laissez-moi le temps d'en trouver.
07:02Et vous, David ?
07:04Le garagiste pourra-t-il témoigner de votre présence à son garage, à l'heure du meurtre ?
07:11Je crains fort que non, lieutenant.
07:13J'ai retrouvé Donald au garage, comme il vous l'a dit.
07:16Mais nous y sommes arrivés en même temps, aux environ deux heures.
07:20Le garage n'est qu'à cinq minutes d'ici.
07:23Oui.
07:25Je répète ma question, monsieur David.
07:28Où étiez-vous à 13h30 ?
07:31Là, je dois avouer que je ne suis pas du tout préparé à la réponse que je reçois.
07:36Mais alors là, pas du tout.
07:38Sans doute m'attendais-je à quelque chose de plus ou moins vraisemblable.
07:42En tous les cas, pas à ça.
07:44J'étais au Shaggy Beer, me dit David, tout sourire.
07:49Demandez à Sally Fender, je suis sûr qu'elle témoignera de ma présence.
07:54Confusion, confusion.
07:57Comment ? Vous voulez dire, messieurs, que vous étiez tous les deux au Shaggy Beer, avec mademoiselle Sally Fender ?
08:05Non, lieutenant, j'étais seul, dit David.
08:09Mais voyons, monsieur David, votre frère Donald vient de me dire…
08:14Je ne suis pas le gardien de mon frère, lieutenant.
08:16En outre, Donald a le droit de dire ce qu'il veut, n'est-ce pas ?
08:21Si je comprends bien, messieurs, vous revendiquez tous les deux le même alibi.
08:28Ça m'en a tout l'air, lieutenant, dit Donald.
08:32Par conséquent, messieurs, l'un d'entre vous ment.
08:37Pas moi, fait Donald.
08:40Pas moi, fait David.
08:45Je commence à comprendre, messieurs.
08:48Pour les raisons qu'on devine, vous assassinez votre oncle.
08:52Comme il est évident que vous serez suspect, vous brouillez les pistes en vous fondant sur votre ressemblance absolue pour revendiquer le même alibi.
09:00Aucun juré ne conclurait à la culpabilité avec une marge de cinquante pour cent d'erreur.
09:07Ça, c'est vous qui le dites, lieutenant.
09:09Si on avouait avoir tout manigancé, vous pourriez nous arrêter pour complicité de meurtre et nous faire prendre tous les deux.
09:16Exact, messieurs. Exact.
09:20Dis-je, admiratif, bien malgré moi.
09:25J'imagine, lieutenant, que ça vous ferait plaisir de nous épingler,
09:29murmure un des jumeaux.
09:34Et comment que ça me ferait plaisir.
09:37D'ailleurs, il me reste un atout, aussi mince soit-il.
09:42Je vais me rendre immédiatement au Chégibire, afin d'y rencontrer cette Sally Fender.
09:48Que va-t-elle me raconter ?
09:51C'est ce que vous saurez dans quelques instants.
10:02On est parfois, hélas, jamais si bien servi que par soi-même.
10:07Je suis lieutenant de police et mon vieil ami, George Devon, vient d'être assassiné dans son bureau.
10:13Te porte à croire que le meurtrier est l'un de ses neveux.
10:19L'ennui, c'est que ces deux neveux sont de parfaits jumeaux et qu'ils prétendent, tous deux, s'être trouvés au même endroit à l'heure du crime.
10:29Lequel, moi ? Lequel des deux était véritablement à l'auberge à l'heure du crime ?
10:36Mon seul espoir de pincer le criminel est Sally Fender, la barmette du Chégibire.
10:43Puisque Mme Marple, la gouvernante, affirme avoir vu un des jumeaux traverser la pelouse en courant à l'heure du meurtre,
10:50et qu'ils affirment, tous deux, se trouver seuls à l'auberge à ce moment-là,
10:54il ne reste que la barmette pour pouvoir, peut-être, m'aider.
10:58Je dis peut-être car Donald et David Devon sont des jumeaux plus que parfaits.
11:08Sally Fender est grande, épanouie et très belle.
11:14Elle porte un léger corsage qui découvre ses épaules qu'elle a ravissantes,
11:18une jupe ample et, sans doute pour souligner la minceur de sa taille, une large ceinture de cuir noir.
11:26En la voyant, je comprends immédiatement ce qui attirait ces deux monstres à l'auberge.
11:32« Mlle Fender, je suis le lieutenant Pacino de la brigade criminelle. »
11:38Elle hoche la tête en regardant les jumeaux qui se tiennent silencieux derrière moi.
11:44« Mademoiselle, j'enquête sur le meurtre de George Devon, l'oncle de ces messieurs.
11:51J'aimerais vous poser quelques petites questions.
11:54Auriez-vous la gentillesse de fermer l'auberge quelques minutes afin qu'on ne soit pas dérangé ? »
12:00L'annonce du meurtre semble la choquer. Elle acquiesce et ferme la porte en silence.
12:07Pendant ce temps, j'installe Donald et David aux extrémités de la salle,
12:12de sorte qu'ils ne puissent communiquer ni entendre ce que j'ai à dire à la jeune fille.
12:17Mais pour plus de sûreté, je pose mes questions à voix basse.
12:21« Voilà, mademoiselle. Est-ce qu'un de ces jeunes gens est venu en début d'après-midi ? »
12:27« Oui, lieutenant. »
12:29« Un seulement ou les deux, mademoiselle ? »
12:33« Un seulement, lieutenant. »
12:35« Lequel, mademoiselle ? »
12:38Salif Ender hésite.
12:41« Il... Il ne me l'a pas dit, lieutenant. »
12:45« Comment ? Mais que voulez-vous dire par là, mademoiselle ? »
12:48« Je ne parviens pas à les distinguer l'un de l'autre, lieutenant. »
12:52« Comment ? Vous ne leur demandez pas leur prénom ? »
12:54« Au début, oui, lieutenant, je le faisais. Mais j'ai vite compris qu'ils n'arrêtaient pas de blaguer en se faisant passer l'un pour l'autre. »
13:01« Oui, je vois, oui. Bien, voulez-vous me donner le récit complet de la visite de Donald ou David, quel qu'il soit, s'il vous plaît, mademoiselle ? »
13:13Elle plisse le front sous l'effort de la réflexion.
13:17Elle est vraiment très belle, vraiment très séduisante.
13:21Il émane d'elle une sorte de magnétisme animal.
13:27« Voilà, lieutenant. Joker m'attendait dehors quand j'ai ouvert à midi. »
13:31« Attendez, Joker ? »
13:33« Oui. Comme je ne sais jamais s'il s'agit de Donald ou de David, je les appelle Joker. Donc, Joker a bu deux bières et moi une. Nous étions seuls. »
13:45« Il a bu ses bières dans des verres ou à la bouteille, mademoiselle ? »
13:50« Dans des verres, lieutenant. »
13:52« Ah, et où sont-ils, ces verres, mademoiselle ? »
13:54« Eh bien, là-bas avec les autres, lieutenant. Je les ai lavés, voyez-vous. »
13:59« Oui. Autant pour les empreintes digitales. De toute façon, les empreintes digitales sur du verre… Qu'avez-vous fait de midi à deux heures, mademoiselle Fender ? »
14:14Avant de baisser les yeux, elle lance un regard furtif en direction des jumeaux au bout de la salle.
14:21« Tiens, tiens. Mademoiselle, je vous assure que ça restera entre nous. Je suis tenu au secret professionnel, comprenez-vous. »
14:30« Ben, c'est que… lieutenant, c'est-à-dire… »
14:35« Oui, mademoiselle. »
14:36« Il… il m'a embrassé, lieutenant. »
14:40« Ici ? Dans cette salle ? »
14:43« Nous étions seuls, lieutenant. D'ailleurs, il n'a rien fait d'incorrect. Il a simplement mis son bras autour de ma taille et il m'a embrassé, voilà tout. »
14:53« Ah, ah. Mademoiselle Fender, est-ce que les deux jumeaux ont l'habitude de vous embrasser ? »
15:02Elle hésite encore, mais quand elle parle, c'est sans la moindre gêne.
15:07« Oh, je ne laisse pas tout le monde m'embrasser, lieutenant. Les deux jokers me plaisent, alors eux, je les laisse faire. »
15:16Ne trouvant plus grand-chose à ajouter, je demande à Sally Fender de passer derrière le comptoir et je rejoins les jumeaux.
15:25« Vous êtes Donald ? »
15:27« Non, David, lieutenant. »
15:29« Sally a dit quelque chose d'intéressant ? »
15:32« Eh bien, elle m'a donné sa version de votre visite, monsieur, à moins, bien entendu, que ce ne soit celle de votre frère. Maintenant, j'aimerais avoir votre version. »
15:45David fait ce qu'on attend de lui. Oui, quand il est arrivé vers midi, il a bu quelques bières avec Sally, ils ont échangé quelques plaisanteries, oui, et quelques baisers également.
15:58Oui, oui, ils étaient seuls. Il a quitté l'établissement peu avant deux heures.
16:05Sachant que je n'en tirerais pas davantage et espérant un miracle, je téléphone à la résidence de George Devon au cas où le sergent Rickles aurait du neuf côté empreinte.
16:17Bien entendu, comme je m'y attendais, rien.
16:22Les jumeaux se sont accoudés nonchalamment au bar à côté de mademoiselle Fender.
16:29Le trio est silencieux, songeur. Ça se comprend.
16:36« Et alors, lieutenant ? »
16:39Hasard de l'un des deux. « Alors, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions, monsieur. Je me sens là. Là et vaincu.
16:53Il est certain que l'un des jumeaux a commis le meurtre et il est évident qu'ils l'ont préparé ensemble avec une intelligence diabolique.
17:03Pourriez-vous me faire un petit café, mademoiselle Fender ? »
17:07« On peut se joindre à vous, lieutenant ? »
17:10Demande David ou Donald ou le diable en personne.
17:16J'avance les épaules.
17:19Ils commandent l'un et l'autre un whisky à l'eau.
17:24Tout toujours pareil, identique.
17:29Deux êtres humains peuvent-ils être si radicalement identiques d'aspect, de voix, d'habitude, d'action,
17:36au point qu'une personne aussi intime avec eux qu'est Sally Fender ne puisse les différencier ?
17:44« Vous êtes très adroit, messieurs. Très adroit.
17:50Tout repose sur votre ressemblance absolue.
17:54Mais je me demande si une telle similitude est vraiment sans faille.
18:00Je n'ai pas encore trouvé, messieurs, mais je suis certain que cette faille, cette infime différence existe.
18:07La façon dont vous tenez un verre, par exemple, ou la façon dont vous...
18:12Soudain, une idée me frappe.
18:17Qu'avez-vous en tête, lieutenant ?
18:21Et là, c'est à mon tour de sourire. Et croyez-moi, je ne m'en prive pas.
18:28Oh ! Je repensais tout simplement à mes jeunes années, messieurs,
18:35quand j'embrassais les filles à tout bout de champ.
18:39Je crois me souvenir qu'elles n'embrassaient pas toutes de la même manière.
18:46Est-ce un froncement de sourcil inquiet que je vois furtivement sur le jumeau qui me fait face ?
18:54Messieurs, accepteriez-vous de vous prêter à une petite expérience ?
19:01Celui qui a froncé les sourcils se remet à sourire.
19:05Ah ! Je vois, lieutenant, embrasser tous les deux Sally pour voir si elle décèle une légère différence, c'est ça ?
19:13Toujours souriant, je hache la tête.
19:17C'est ça, messieurs. Est-ce que vous êtes d'accord, mademoiselle Fender ?
19:25En rougissant, elle acquiesce et contourne le bar pour nous rejoindre.
19:32Lequel êtes-vous, monsieur ?
19:34Donald, lieutenant.
19:35Eh bien, s'il vous plaît, allez-y, Donald.
19:40Pensez-vous que ce soit valable devant un jury, lieutenant ? Allez-y, monsieur, s'il vous plaît.
19:48Donald s'approche de Sally, tout à fait sûr de lui.
19:52Il pose les deux mains sur ses épaules et baisse les yeux sur son beau visage, puis il l'attire à lui et l'embrasse.
20:03Les mains du jeune homme quittent les épaules de la jeune fille et commencent à voyager d'un geste caressant du haut en bas de son dos.
20:14Arrêtez, monsieur !
20:17L'ordre est si soudain, si inattendu qu'ils se séparent instantanément.
20:23Ah ! mais j'ai été aveugle, stupide jusque-là, messieurs.
20:29Les empreintes, messieurs, les empreintes ! Même les vôtres sont différentes.
20:35Voyez-vous, j'avais espéré en trouver sur les verres de bière, malheureusement, mademoiselle Fender les avait lavées.
20:42Mais pendant que vous l'embrassiez, Donald, je me suis souvenu qu'elle m'avait dit « il a mis son bras autour de ma taille ».
20:51Messieurs, il y a les empreintes de l'un de vous sur la ceinture de cuir de mademoiselle Sally.
20:58Puis-je vous emprunter votre ceinture, mademoiselle ?
21:02Brusquement, les jumeaux font simultanément un geste en direction de la porte.
21:06Arrêtez, messieurs !
21:08dis-je en sortant mon revolver.
21:13La même expression se peint sur leur visage, oui, exactement la même expression de fureur, d'étonnement, de désarroi.
21:31Ils viennent enfin de comprendre, en même temps, qu'ils vont finir tous les deux sur la chaise électrique.